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00:00 Il y a un général russe devant le Parlement russe qui vient à l'instant de se féliciter du rapport de force dans l'Est de l'Ukraine.
00:06 Nos troupes sont 7 à 10 fois plus nombreuses que les Ukrainiens.
00:10 Alors on est évidemment dans les faits d'annonce et dans l'affichage, mais il y a quand même un grignotage qui s'opère.
00:14 Ça, ça nous est confirmé depuis quelques jours.
00:16 505 km² qui ont été grignotés sur le front Est ces dernières semaines.
00:21 Je vais vous poser de regarder justement une carte pour qu'on voit l'état de ce front qui est très important.
00:27 C'est un front de 2000 km.
00:29 C'est un scénario cauchemardesque à la fois pour les Ukrainiens, puisqu'il y a des pertes énormes, mais aussi, il faut le dire et surtout pour l'état-major russe.
00:37 Je le rappelle que l'invasion, l'opération spéciale militaire qui a été lancée en février 2022 devait durer trois jours.
00:43 On rentre dans la troisième année avec ce front.
00:45 Alors, c'est un enlisement depuis des mois.
00:47 On le sait, on l'a beaucoup rappelé, qu'il y ait aussi à l'approvisionnement de munitions et d'armes.
00:52 C'est bloqué, évidemment, à Washington.
00:54 60 milliards, ce n'est pas rien.
00:55 Il y a des conséquences directes sur le terrain.
00:58 Donc, effectivement, vous l'avez très justement dit, il y a un grignotage russe, mais pas nécessairement de grandes victoires.
01:03 Et en fait, on va rentrer dans un temps long.
01:05 Et ce que les Ukrainiens et ce que le président Macron et ce que certains pays européens, au premier chef desquels ceux qui sont concernés,
01:12 donc les pays frontaliers, les pays baltes notamment ou d'Europe du Nord, essaient de dire, c'est que le temps long ne doit pas nécessairement profiter aux Russes.
01:20 Il s'agit d'un temps long où c'est la manière dans laquelle l'armée va la mieux résister.
01:25 Pour autant, Volodymyr Zelensky, et je vais vous proposer d'écouter un extrait de ses dernières allocutions.
01:30 On le sait qu'il a pris son bâton de diplomate.
01:33 Il sillonne la terre entière pour rallier à la cause ukrainienne l'Occident, mais pas que.
01:38 Eh bien, il a poussé un cri d'alarme parce qu'il est effectivement dans une position difficile.
01:42 On va l'écouter. C'était il y a quelques jours.
01:44 Le président Volodymyr Zelensky.
01:45 Si le Congrès n'aide pas l'Ukraine, celle-ci perdra la guerre.
01:52 Et il faut trouver une manière de le formuler au public.
01:55 Si l'Ukraine perd la guerre, d'autres États seront attaqués.
02:00 Voilà évidemment la question à laquelle on aimerait répondre aujourd'hui.
02:03 Quel scénario à l'horizon 2025 ?
02:05 Sans doute le vrai test pour la défense européenne au-delà même de l'Ukraine.
02:09 Est-ce que c'est ça qu'a compris le président Emmanuel Macron en projetant,
02:12 en se projetant dans une version dystopique des échanges internationaux, de la géopolitique ?
02:17 Dystopique, je n'ai pas peur d'utiliser le mot.
02:20 Parce qu'en fait, si dans l'effet domino de ce qui peut se passer dans les prochains mois,
02:25 à l'aube notamment des élections américaines,
02:27 si la fameuse PACS Americana, qui était quand même un des fondements du parti républicain américain,
02:34 si tout cela est totalement évacué par le président Trump,
02:38 s'il est élu en novembre prochain, ce qui est un peu ce qu'il a laissé entendre,
02:41 on va s'occuper que de l'Amérique, débrouillez-vous le reste du monde,
02:44 on ne sera plus le gendarme du monde,
02:45 eh bien l'Europe, au-delà même de l'Ukraine, va se retrouver bien seule.
02:48 Donc c'est un peu compliqué.
02:49 Je vous propose d'écouter un chercheur très intéressant,
02:53 qui était sur l'antenne de France 24 justement ce matin,
02:55 il s'agit de Thierry Gomart, qui est le directeur de l'Ifri,
02:58 de Thomas Gomart, pardon, directeur de l'Ifri,
03:01 qui était ce matin sur nos antennes.
03:03 Il donne un peu sa vision assez terrible de ce qui pourrait se passer dans les mois à venir.
03:07 Je vous propose de l'écouter.
03:09 La particularité des États-Unis, si vous voulez,
03:11 c'est que ça reste la seule puissance globale à l'échelle mondiale.
03:14 Les États-Unis, il faut toujours le rappeler, ont deux façades océaniques.
03:16 Ils ont encore une position hégémonique ?
03:18 Ils ont une position centrale.
03:19 Ils ont une position centrale et quand vous regardez leur part dans le PIB mondial,
03:23 il y a à peu près 25% et c'est assez constant sur plusieurs décennies en réalité.
03:28 On est dans une sorte d'Occident à plusieurs vitesses,
03:31 avec des États-Unis qui évidemment sont très polarisés politiquement,
03:34 mais qui en matière économique et en matière technologique
03:36 sont en train de surclasser les Européens.
03:40 Donc oui, c'est une catastrophe avec encore cette position prédominante des États-Unis,
03:44 mais qui pourrait se retirer.
03:46 Et puis l'Europe, l'Ukraine, face à un phénomène nouveau
03:49 de ce qu'on appelle un peu dans les médias diplomatiques de démondialisation.
03:52 Ça veut dire qu'on reviendrait à une forme de guerre froide,
03:55 mais alors cette fois multipolaire.
03:56 Parce que la grande crainte en fait à l'Élysée,
03:58 et pas que à l'État-major français aussi,
04:01 et dans beaucoup d'États-majors occidentaux,
04:02 c'est qu'en fait il y a finalement un guide par la voie poutinienne.
04:08 C'est-à-dire qu'en fait on peut envahir les pays voisins.
04:12 On peut mener ses propres guerres, ses propres croisades
04:15 sans avoir finalement de rappel à l'ordre.
04:16 On le voit dans d'autres conflits.
04:18 On voit que les instances internationales, l'ONU par exemple,
04:20 ou une grande partie de la communauté internationale
04:22 n'ont pas tellement de poids finalement,
04:24 n'ont plus les leviers qu'ils pouvaient y avoir.
04:26 Donc c'est un grand sujet de préoccupation.
04:29 Et ça explique un peu certainement cette bascule sémantique
04:33 et ce nouveau élément de langage que propage,
04:35 que diffuse beaucoup le président français,
04:36 c'est-à-dire lancer l'Europe dans cette fameuse économie de guerre.
04:39 – Merci beaucoup Cyril Paillat.