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Elisabeth Philippe revient sur la carrière de Marlon Brandon, dont c'est le centenaire de la naissance.
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Transcription
00:00 L'édito culture Elisabeth Philippe, ce matin vous nous parlez d'un acteur,
00:04 qu'est-ce que vous me faites dire, champion toute catégorie du concours de t-shirt mouillé !
00:08 *musique*
00:23 Nul besoin de parler anglais pour sentir la température monter d'un cran,
00:27 C'est la scène clé et culte d'un tramway nommé désir d'Elia Kazan,
00:31 la rencontre en noir et blanc de Blanche Dubois et de Stanley Kowalski.
00:35 Elle, poupée fragile, troublée et légèrement vieillie, lui, décharge de sensualité animale.
00:41 Un visage d'ange sur un corps de brut, des lèvres charnues qui mâchonnent son chewing-gum aussi bien que ses répliques.
00:47 Stanley fait sauter les boutons de son blouson pour dévoiler son torse de Kouros, de dieu grec même,
00:52 moulé dans un tricot de corps trempé de sueur.
00:55 L'histoire se déroule à la Nouvelle-Orléans, mais l'atmosphère serait tout aussi moite et torride si ça se passait à Vesoules.
01:00 On est en 1951, c'est la deuxième apparition de Marlon Brando sur grand écran,
01:05 et c'est elle qui va faire entrer l'acteur dans la légende et l'Amérique dans une nouvelle ère.
01:09 Cette année, on commémore le centenaire de la naissance de Brando, colosse de Hollywood,
01:13 qui a vu le jour le 3 avril 1924 dans le Nebraska et qui est mort il y a tout juste 20 ans.
01:17 *Et qu'en reste-t-il aujourd'hui ?*
01:19 Des rôles mythiques et une longue fin de carrière pathétique.
01:22 Brando, c'est le motard en T-shirt et perfecto de l'équipé sauvage,
01:26 le docker en T-shirt et surchemise à carreaux de sur les quais,
01:29 Marc-Antoine en jupette face à Jules César, le colonel Kurtz dans Apocalypse Now,
01:34 et bien sûr...
01:35 *Musique*
01:41 Bien sûr, Don Corleone dans le parrain de Coppola qui lui vaut son second Oscar en 1973.
01:47 Oscar d'ailleurs qu'il n'ira pas chercher.
01:49 Comédien instinctif, magnétique, Marlon Brando attire la lumière autant qu'il la fuit.
01:53 Parfois, il déserte carrément les plateaux quand il ne se comporte pas en tirant sur les tournages.
01:58 Il se réfugie aussi en Polynésie, tendit à retrouver la paix.
02:01 Et puis vient le déclin.
02:02 Sa vie se transforme en mauvais feuilleton, son gendre est assassiné par son fils Camé,
02:06 sa fille Cheyenne se suicide,
02:08 il y a des apparitions de plus en plus lunaires au cinéma pour des cachets faramineux.
02:12 On le voit notamment grimé en une sorte de geisha obèse dans l'île du docteur Moreau.
02:16 Ce soir, Arte consacre une soirée spéciale à Marlon Brando au programme de film
02:21 « Misery Breaks » et « Sayonara ».
02:22 On peut aussi voir sur le site de la chaîne Brando, un acteur nommé Désir,
02:26 le documentaire de Philippe Colly qui retrace l'itinéraire de la star.
02:30 Son enfance abîmée entre une mère alcoolique et un père violent,
02:33 sa bisexualité, son engagement pour les droits civiques et sa compulsion sexuelle.
02:37 Ce documentaire date de 2013.
02:39 Évidemment, il y a les questions du film qui marque une rupture dans le parcours de Brando.
02:43 Le dernier tango à Paris de Bertolucci sorti en 1972,
02:47 mais aucune allusion à ce que l'acteur et le réalisateur ont fait subir à l'actrice Maria Schneider sur le tournage,
02:52 la scène de viol qui lui ont imposé sans l'avoir prévenue.
02:56 Aujourd'hui, cette histoire sordide, bientôt portée au cinéma dans le film Maria,
02:59 obscurcit un peu plus la légende de Brando.
03:02 Dans son poème, à Marlon Brando en enfer, l'écrivaine américaine Joyce Earle Oates,
03:07 qui dans Blonde, notamment, son livre sur Marilyn Monroe, avait fait de Brando un portrait très touchant.
03:13 Dans ce poème, Joyce Earle Oates dit très justement l'amour ambivalent que Marlon Brando suscite désormais.
03:18 Je vous en lis les derniers vers, traduit par Claude Seban.
03:21 "Parce que quand tu es mort, nous avons compris que tu étais mort depuis longtemps.
03:25 Parce que nous ne pouvions te pardonner d'avoir jeté la grandeur aux orties.
03:28 Parce que tu nous as quittés et nous nous sentons seuls.
03:31 Et nous te ronjouadrions en enfer si tu voulais de nous."
03:34 Elisabeth Philippe, l'édito Culture et Joyce Earle Oates. Merci beaucoup.

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