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Style de vieTranscription
00:00 [Musique]
00:13 Je pense que le thème est assez parlant pour chacune d'entre nous,
00:21 parce que je pense qu'on a toutes vécu et eu des épreuves,
00:25 certaines des épreuves beaucoup plus difficiles,
00:28 des épreuves moins difficiles,
00:30 mais grâce à ça, et grâce à toutes ces épreuves,
00:33 on a eu des leçons et on a toujours pu se relever.
00:35 Donc je vais commencer par vous, Juliette.
00:38 Bonjour, moi je m'appelle Juliette,
00:42 pour celles qui ne me connaissent pas.
00:45 Je vais avoir 47 ans cette année,
00:48 et il y a 10 ans de ça, j'ai rêvé d'un projet
00:52 pour sensibiliser par rapport à compter différemment
00:55 et soutenir des petits artisans.
00:58 Dans mon parcours, malheureusement, le cancer s'est pointé
01:01 et ça a chamboulé toute ma vie.
01:03 Du jour au lendemain, j'ai dû vraiment tout recommencer à zéro.
01:06 L'année cancer, c'était l'année où on a emménagé dans ce local,
01:09 à la place Saint-Géry.
01:11 Et pour moi, c'était super important de pouvoir reprendre une vie après cancer,
01:15 sans savoir que Covid allait arriver,
01:17 en étant jeune maman, ayant un commerce non essentiel,
01:21 ça a été deux fois plus challengeant,
01:24 parce que je dépends indirectement de l'horeca et de la culture,
01:28 étant donné qu'on est sur une place où il y a énormément de choses qui se passent,
01:32 autant dans les arts Saint-Géry que dans les théâtres et les musées
01:35 et les cinémas aux alentours.
01:37 Pendant six mois, ça a été...
01:39 Moi je sortais d'une année de quarantaine,
01:43 et là, Covid m'a replongée en quarantaine.
01:47 Et le challenge a été vraiment de continuer, de garder espoir,
01:51 et de se projeter malgré tout.
01:53 Malgré la maladie.
01:54 La résilience au féminin,
01:56 comment retrouver sa place dans la société après une épreuve.
02:00 Ça a été pour moi un réel plaisir de recevoir ces diverses femmes
02:04 avec des histoires très touchantes.
02:06 À la base, on avait pour but de faire une conférence
02:09 avec une certaine distance et une certaine pudeur,
02:12 tout en restant respectueuse de chacune d'entre elles.
02:16 Il s'est avéré que chaque femme avait une histoire tellement touchante
02:20 que la conférence est devenue un moment intime
02:23 avec chacune d'entre elles.
02:25 Et ce qui était pour moi une conférence simple
02:29 est devenu une leçon de vie.
02:31 J'ai compris que la vie, c'est pas rien.
02:33 Il faut se battre, il faut se battre,
02:35 que ce soit au niveau du travail, de la santé,
02:38 de la vie de tous les jours.
02:40 Ça a été pour moi une leçon de vie,
02:43 d'écouter chacune d'entre elles,
02:45 que ce soit Juliette qui a parlé de son cancer,
02:48 ou Alexandra qui a parlé de son problème de santé,
02:51 ou encore Davina qui a parlé de sa vie en général
02:54 depuis qu'elle est toute petite.
02:56 Pour moi, ça n'a pas été évident.
02:59 J'avais des questions, et au final,
03:01 ce n'est pas ces questions-là que j'ai posées.
03:04 J'ai posé des questions qui me sont venues
03:07 vraiment sur le moment même.
03:10 Et je pense que ça a été une leçon d'humilité
03:13 aussi pour ma propre personne.
03:15 Tu avais eu le cancer ? Quel type de cancer ?
03:18 Le cancer du sein.
03:20 C'était à quel moment ?
03:22 Je venais juste d'avoir ma fille,
03:24 elle avait juste 15 mois.
03:26 C'est un cancer hormonodépendant.
03:28 Ça a été un choc,
03:30 parce que j'avais déjà eu des cas de cancer
03:33 dans ma famille, mais je n'étais pas consciente
03:36 parce qu'à l'époque, on n'en parle pas aux enfants,
03:39 puisque ça reste toujours un sujet tabou dans la communauté.
03:42 Du coup, je ne m'y attendais pas du tout,
03:45 alors que j'ai eu plein de soucis de santé
03:47 depuis que je suis petite.
03:49 J'étais en mode "c'est bon, je peux gérer".
03:51 Mais là, c'était vraiment la bombe atomique,
03:54 dans tous les sens du terme.
03:56 Et ça a été un trauma, parce que je n'étais pas prête,
03:59 et je pense qu'on n'est jamais prêt de feu
04:01 face à la maladie.
04:03 Et beaucoup d'inconnus, et surtout de non-dits,
04:06 et aussi, soit par rapport à la maladie,
04:09 parce qu'on pense connaître,
04:11 on pense être éduquée,
04:13 on pense avoir un niveau social,
04:15 et en fait, face à la maladie, on n'est rien.
04:18 Non, je comprends parfaitement.
04:20 Et j'entends que vous venez d'accoucher de votre fille,
04:25 donc votre situation familiale,
04:28 vous aviez des enfants, c'est ça ?
04:30 C'était ma première fille.
04:32 J'ai eu super tard ma fille, à 40 passées.
04:34 Et malgré tout, est-ce que vous pouvez me dire
04:36 quels sont les impacts que ça a eu
04:39 d'apprendre que vous avez le cancer ?
04:41 C'est une injustice, tu le vis vraiment comme une injustice.
04:44 Tu le vis vraiment comme un...
04:47 Oui, c'est un fardeau, tu te dis,
04:49 "Mais pourquoi toi, pourquoi maintenant,
04:51 alors que tu as tout pour être heureux ?
04:53 Tu as un projet, tu as..."
04:55 À ce moment-là, je travaillais, j'avais un bon boulot,
04:57 j'avais tout, j'avais toujours un compagnon qui...
05:00 Finalement, j'ai eu ma fille,
05:03 parce que c'était un projet de longue haleine aussi,
05:05 pour avoir un enfant.
05:07 Et là, du jour au lendemain,
05:09 tout s'effondre et tu te rends compte que ça ne tient à rien la vie.
05:12 Ça ne tient à rien.
05:14 En fait, il n'y a que toi qui es face à la maladie.
05:17 Les gens autour de toi sont là, mais c'est toi qui le vis.
05:19 Donc c'est un combat interne.
05:21 David contre Goliath.
05:23 C'est ça, exactement.
05:25 Il faut vraiment beaucoup d'amour,
05:27 beaucoup de patience, beaucoup de résilience,
05:29 beaucoup de...
05:31 Oui, beaucoup d'amour pour soi.
05:33 Et comment avez-vous appris
05:35 que vous étiez atteinte du cancer?
05:37 Quels ont été les symptômes?
05:39 Est-ce qu'il y a eu des symptômes?
05:41 Il y a eu des symptômes, oui.
05:43 J'avais déjà eu des symptômes quelques années avant.
05:45 J'avais déjà fait des mammos.
05:47 Des boules au niveau du sein,
05:49 des essais, c'était lié au stress.
05:52 Les ganglions, les ganglions lymphatiques,
05:55 que ce soit au niveau de la thyroïde
05:57 ou au niveau des essais,
05:59 c'est les premiers, quand il y a quelque chose
06:01 qui ne va pas dans le corps,
06:03 c'est les premiers alarmes.
06:05 Et souvent, on le néglige et on se dit,
06:07 "C'est rien, ça va passer, anti-inflammatoire, anti-douleur."
06:09 Bonjour, je m'appelle Juliette Berguet.
06:11 Je suis la fondatrice de ce projet
06:13 qui est 18 Saint-Géry.
06:15 C'est un espace multiculturel,
06:17 multidisciplinaire.
06:19 Et donc aujourd'hui, on était là
06:21 dans le cadre d'un talk show
06:23 sur la résilience aux féminins.
06:25 C'était un moment très émouvant,
06:27 très touchant et très inspirant.
06:29 En gros, 18 Saint-Géry,
06:31 c'est un espace où on peut venir y exposer.
06:33 Comme vous pouvez voir, j'ai des œuvres d'art de Zola.
06:35 Mbengue,
06:37 si je prononce bien.
06:39 C'est aussi un espace où on peut organiser
06:41 des networking ou organiser
06:43 des workshops. Donc libre à vous
06:45 de venir et faire vivre votre créativité.
06:47 C'est bon ?
06:51 Pour l'événement d'aujourd'hui.
06:53 Pour l'événement d'aujourd'hui ?
06:55 OK. Donc,
06:57 aujourd'hui, on était dans le cadre
06:59 d'une rencontre inspirante de BAM.
07:01 C'est ça ?
07:03 Oui, c'était dans le cadre
07:05 d'une rencontre inspirante.
07:07 La résilience aux féminins. Comment reprendre
07:09 sa place après avoir survécu
07:11 un traumatisme.
07:13 C'était vraiment inspirant
07:15 parce que chaque personne a vraiment pu
07:17 parler librement, dire ce qu'elle
07:19 ressentait, ce qu'elle avait sur le cœur.
07:21 Et dans le but vraiment d'inspirer d'autres
07:23 et pour passer ce message que
07:25 malgré tout, il y a toujours une lueur d'espoir.
07:27 Il faut être encadré, il faut avoir les bonnes personnes
07:29 et il y a toujours une place.
07:31 Chacun a sa place, peu importe ce qu'on a traversé.
07:33 On a tous notre place et on a tous
07:35 quelque chose à apporter à son prochain.
07:37 Et même quand on est censé faire un check-up,
07:39 on le repousse parce que si le médecin
07:41 n'est pas conventionné, et c'est ça
07:43 qu'est dingue, tu te dis "mais en fait ton corps, c'est ta vie, c'est ta santé".
07:45 C'est ça, oui.
07:47 C'est ton sanctuaire, prends-en soin.
07:49 Et une fois
07:51 que le diagnostic tombe,
07:53 est-ce que vous avez eu facile
07:55 à en parler à votre famille ou pas du tout ?
07:57 Directement. Je voulais pas me battre seule.
07:59 Moi je me suis dit "non, non, ce truc-là,
08:01 non, non, non, là,
08:03 à terrain inconnu,
08:05 j'y vais pas seule". Et instinctivement,
08:07 j'ai informé tout le monde.
08:09 J'espère que ça pourra permettre et
08:11 faire prendre conscience à beaucoup de femmes
08:13 autour de nous qu'il faut régulièrement
08:15 aller voir son gynécologue,
08:17 passer
08:19 des mammographies.
08:21 De ce que je sais,
08:23 il y a 8 femmes sur 10
08:25 qui sont atteintes du cancer
08:27 et qui ne le savent pas.
08:29 Donc prenez le temps d'aller
08:31 voir un spécialiste et
08:33 de vous renseigner sur
08:35 le cancer du sein.
08:37 La résilience pour moi se base sur
08:39 une enfance où il y a eu vraiment
08:41 un terreau fertile de créativité.
08:43 Où l'enfant a pu
08:45 développer des compétences à travers
08:47 les épreuves de l'enfance, toutes simples,
08:49 et a développé une palette de
08:51 créativité qui fait que déjà, en amont,
08:53 il y avait ce magnifique magasin
08:55 et beaucoup de créativité.
08:57 Pour moi, la créativité,
08:59 je le dis simplement, c'est qu'on pense
09:01 être artiste, mais ce n'est pas simplement ça.
09:03 Qu'est-ce que je fais quand je suis devant
09:05 un problème ? Est-ce que j'ai une solution, deux solutions
09:07 ou 150 solutions ?
09:09 Et l'enfant créatif, il a
09:11 150 solutions.
09:13 J'étais très heureuse d'être là aujourd'hui,
09:15 très touchée par les témoignages.
09:17 Le thème de la résilience fait partie
09:19 bien sûr de mon
09:21 observation de vie, puisque
09:23 que ce soit d'un point de vue personnel
09:25 ou d'un point de vue professionnel,
09:27 c'est un très grand mystère
09:29 de savoir comment
09:31 provoquer ce mouvement de résilience
09:33 chez la personne qui est en difficulté.
09:35 C'est mon médecin traitant
09:37 qui va à la même
09:39 église que moi. Donc un dimanche,
09:41 je la vois, je dis
09:43 bonjour à la fin de la messe, et puis
09:45 elle me dit
09:47 "Vera, il faut que tu viennes
09:49 à mon cabinet."
09:51 "Bah non." "Mais si, si, j'ai l'impression
09:53 que tu ne vas pas bien." "Si,
09:55 si, je vais bien."
09:57 "Non, non, passe quand même."
09:59 Alors pour lui faire plaisir, j'étais OK.
10:01 Je ne sais pas ce que j'ai fait.
10:03 Et puis le lundi, donc le lendemain,
10:05 je me dis, en moi-même,
10:07 je me dis non, je ne vais pas passer.
10:09 Je perds du temps, parce que là je faisais mes tournées
10:11 à domicile. Oui, donc vous aviez un
10:13 rendement dans votre... Oui, c'est ça.
10:15 Il fallait produire.
10:17 Et puis j'avais des gens qui m'attendaient,
10:19 qui comptaient sur moi, donc je me dis
10:21 si je dois passer dans son cabinet, je perds du temps.
10:23 Viens, elle me met sur la table
10:25 de consultation, et là elle me demande de faire
10:27 des mouvements. Je rappelle que
10:29 l'ami de Vera était médecin.
10:31 Oui, c'est mon généraliste.
10:33 Et elle me demande de faire des mouvements,
10:35 et là je me rends compte que
10:37 je ne sais pas faire les mouvements.
10:39 Donc elle me demande, donc je t'assise comme ça,
10:41 lève la jambe,
10:43 et puis
10:45 alors elle est occupée à
10:47 ouvrir son matériel,
10:49 et puis elle me dit, mais Vera, lève la jambe.
10:51 Et puis je lui dis, mais...
10:53 Non, et là je commence à pleurer.
10:55 Et je pleurais, je répondais pas.
10:57 Puis elle me dit, qu'est-ce qui se passe?
10:59 Et je lui dis, tu sais,
11:01 Andrea, j'essaye.
11:03 Mais ça n'allait pas.
11:05 Je n'arrivais pas.
11:07 Et puis elle me dit, écoute, descends.
11:09 Puis elle me dit, ça dure combien,
11:11 ça fait combien de temps que t'es comme ça?
11:13 Je dis, je sais pas.
11:15 Parce que justement, quand on est dans la course
11:17 du quotidien, on ne regarde pas
11:19 est-ce que mon orteil va bien?
11:21 Non,
11:23 ça roule, ça roule.
11:25 J'ai une question. Donc j'entends ce que vous dites,
11:27 mais avant que votre
11:29 ami médecin vous appelle,
11:31 vous leviez déjà comme ça?
11:33 Et vous n'aviez pas fait le lien?
11:35 Non, c'était parce que j'ai mal.
11:37 Et à ce moment-là aussi,
11:39 j'avais deux patients
11:41 qui étaient très lourds.
11:43 Comment je veux dire?
11:45 Je me laissais tomber du lit, vraiment.
11:47 Oui, et alors après je pouvais
11:49 m'appuyer sur le lit et m'en relever.
11:51 Mais pour moi, ça allait.
11:53 Je m'appelle Véra,
11:55 je suis aujourd'hui
11:57 coach en développement personnel
11:59 et infirmière non pratiquante.
12:01 Je suis ici
12:03 pour parler de la résilience
12:05 au féminin.
12:07 C'est un événement
12:09 que j'ai beaucoup aimé parce que c'est vraiment
12:11 libérateur.
12:13 J'ai beaucoup apprécié
12:15 d'entendre d'autres femmes
12:17 qui ont vécu des épreuves
12:19 tout à fait différentes de la mienne,
12:21 mais qui sont enrichissantes
12:23 et surtout, quelle belle découverte!
12:25 Alors,
12:27 aujourd'hui, je voudrais
12:29 dire merci à toutes ces femmes
12:31 qui osent parler. Merci à moi-même
12:33 d'oser venir
12:35 aujourd'hui et de pouvoir en parler
12:37 devant vous. J'ai connu cet événement
12:39 par hasard ce matin, juste en scrollant
12:41 sur Instagram, et je suis vraiment
12:43 très reconnaissante
12:45 que le hasard fait bien les choses
12:47 car j'ai pu écouter des témoignages
12:49 vraiment très inspirants
12:51 et qui,
12:53 franchement, travaillent...
12:55 Je suis remplie d'émotions, donc les mots me manquent.
12:57 Depuis toute petite,
12:59 si je peux commencer par là,
13:01 comme je vous ai dit, je suis née à Kinshasa.
13:03 Mes parents sont venus en Europe
13:05 en 2002 et nous ont laissés
13:07 avec mes grands-parents, donc j'ai
13:09 grandi avec mes grands-parents.
13:11 J'ai été séparée de mes parents pendant 8 ans.
13:13 Donc je vécu chez les dantes,
13:15 les grands-parents, les oncles...
13:17 Et...
13:19 Voir
13:21 d'autres copains, avoir leurs
13:23 parents, voir que
13:25 d'autres jeunes à mon âge
13:27 qui bénéficiaient, par exemple, de cadeaux
13:29 pour les fêtes de Noël et que moi,
13:31 je n'avais pas cette occasion-là.
13:33 J'avais besoin d'en parler,
13:35 mais il n'y avait personne pour m'écouter,
13:37 en fait.
13:39 Et même en grandissant,
13:41 j'avais... J'y vivais des choses
13:43 et quand j'ai essayé d'expliquer
13:45 ça autour de moi,
13:47 j'avais l'impression que personne ne comprenait,
13:49 en fait. Et ça a
13:51 créé... - Pour envoyer les autres avec...
13:53 Enfin, on sait que, en général,
13:55 enfin, pas en général, mais dans notre
13:57 communauté, il y a beaucoup de personnes qui
13:59 grandissent dans un
14:01 foyer monoparental ou
14:03 dans un foyer où, comme vous,
14:05 ils sont éduqués par des grands-parents
14:07 ou une tante ou un oncle
14:09 et ils se baladent venant du fait que
14:11 vous voyez les autres ou des proches à vous
14:13 avoir des parents, un papa et un maman.
14:15 - Oui. En fait, ici, ce que
14:17 je voulais dire, c'est que
14:19 le fait de te dire que toi,
14:21 tu n'as pas eu cette occasion de
14:23 vouloir t'exprimer ou que les gens
14:25 puissent t'écouter, ben, automatiquement,
14:27 ça a créé en moi cette envie, justement,
14:29 de pouvoir écouter les autres
14:31 parce que je me dis que c'était important.
14:33 On a besoin de parler, on a parfois
14:35 besoin de se défouler
14:37 et il faut avoir des bonnes personnes
14:39 pour le faire. Et je pense
14:41 que le fait de pouvoir
14:43 ressortir
14:45 tout ce qu'on garde en nous,
14:47 ça nous permet, en fait, de pouvoir
14:49 se sentir libres.
14:51 - J'ai eu la même situation.
14:53 Cinq enfants que j'ai laissés
14:55 au Cambon pendant dix ans.
14:57 Et ça n'a pas été facile.
14:59 Ils sont arrivés, ils sont
15:01 chacun dispersé, hein.
15:03 Certains ne me parlent même pas.
15:05 Donc, c'est pas facile.
15:07 Donc, je comprends ce problème.
15:09 Résumons, là, j'ai posé la question
15:11 quelles sont les relations que tu as
15:13 maintenant avec ta maman? Parce que
15:15 avec le temps, comme a dit aussi Lula,
15:17 pour comprendre, parce que
15:19 quand on vit ici, la vie
15:21 en Afrique et la vie en Europe,
15:23 c'est deux choses différentes.
15:25 - La vie n'est pas facile.
15:27 Je me suis créé une identité qui n'était pas
15:29 la mienne, en fait.
15:31 Justement,
15:33 pour se faire accepter, pour dire que voilà,
15:35 tu es une fille cool, tu es une fille belle,
15:37 tu es une fille ceci.
15:39 Et ça, ça a créé vraiment
15:41 une grosse dépendance affective
15:43 en ma personne.
15:45 Et j'ai grandi
15:47 comme ça. C'est ce qui a fait que je suis allée
15:49 des hommes aux hommes aux hommes. Parce que
15:51 je recherchais vraiment
15:53 cet amour, mais je ne l'avais pas aussi
15:55 auprès d'eux, en fait. Parce qu'eux-mêmes,
15:57 ils ne pouvaient pas m'aimer tant que moi-même
15:59 je ne m'aimais pas, en fait.
16:01 Parce qu'on ne donne que ce qu'on a.
16:03 Et tant que moi-même,
16:05 je n'avais pas confiance en moi, tant que moi-même
16:07 je me dénigrais, tant que moi-même
16:09 je ne connaissais pas ma valeur,
16:11 eux aussi ne pouvaient pas,
16:13 voilà, reconnaître cette valeur en moi.
16:15 Et ma relation avec ma mère,
16:17 c'était... - Elle s'est dégradée.
16:19 - De plus en plus,
16:21 c'était vraiment, pour moi,
16:23 c'était limite mon ennemi,
16:25 en fait. Je ne supportais pas
16:27 même passer une minute
16:29 en présence de ma mère, pourtant c'est ma mère,
16:31 je voyais ma soeur
16:33 était proche, mes autres frères et soeurs
16:35 étaient proches, mais moi,
16:37 je ne supportais pas être
16:39 en sa présence, en fait.
16:41 Et puis un jour,
16:43 j'étais fatiguée,
16:45 de cette vie, j'étais fatiguée
16:47 de toujours vouloir
16:49 chercher de l'amour, de toujours vouloir
16:51 être dépendante
16:53 affective, j'étais fatiguée
16:55 et puis un jour j'ai décidé justement
16:57 de mettre fin à ma vie.
16:59 Et
17:01 j'aime pas vous en parler, c'est ça, mais
17:03 voilà, on est là pour ça
17:05 et si ça peut aider quelqu'un,
17:07 c'est toujours bien.
17:09 - Bonjour à tout le monde, je suis Davina
17:11 Boketchou, conseillère
17:13 financière
17:15 profession, je suis également
17:17 présidente de l'ASBL
17:19 Peuple Mokondi, qui milite
17:21 pour le droit des
17:23 plus diminués en Afrique, au Congo.
17:25 Aujourd'hui, j'ai été
17:27 très honorée d'être invitée
17:29 à cette conférence sur la résilience
17:31 par rapport aux femmes
17:33 et ça s'est très très bien passé,
17:35 chaque femme qui a eu
17:37 à intervenir a été très très
17:39 inspirante et
17:41 je suis sortie d'ici en fait avec
17:43 beaucoup de bagages et je remercie également
17:45 à toutes les personnes
17:47 qui ont pu organiser
17:49 cet événement, chapeau,
17:51 et je pense que c'est pas la dernière fois,
17:53 il faut en faire plusieurs
17:55 événements pour justement aider
17:57 les femmes et les hommes
17:59 justement à s'en sortir
18:01 dans la vie, donc voilà. - Je remercie
18:03 ces jeunes femmes pour le courage
18:05 qu'elles ont eu de venir nous raconter
18:07 leur histoire. Merci à vous,
18:09 merci Juliette, merci Véra,
18:11 merci Davina.
18:13 - Elle m'a motivée, moi je pensais
18:15 que je t'ai motivée, mais elle m'a motivée.
18:17 (musique)
18:19 [Musique]