• il y a 8 mois

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00:00 On parle ce matin Alice de cette mission inondation menée aux Pays-Bas.
00:04 Oui, pour regarder comment le pays s'en sort et s'en inspire chez nous.
00:08 Après des mois de discussions, de recherches, un accord de collaboration
00:12 vient d'être signé hier entre les Hauts-de-France et les Pays-Bas
00:15 et un rapport va être remis dans quelques jours au gouvernement.
00:18 C'est le fruit du travail mené par le maire de Saint-Omer qui est avec nous ce matin.
00:22 Bonjour François de Costa.
00:23 Bonjour.
00:24 Vous êtes allé vous-même aux Pays-Bas et en Belgique pour voir comment ils gèrent les inondations.
00:29 C'est quoi le constat ? On a 50 ans de retard ?
00:31 Le constat c'est qu'on est sur des géographies qui se ressemblent
00:36 mais on est sur des histoires qui sont un peu différentes.
00:39 L'histoire en fait, elle se retrouve dans un adage qui est connu aux Pays-Bas
00:44 qui dit tout simplement "si Dieu a créé la terre, ce sont les néerlandais qui ont créé les Pays-Bas".
00:50 Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:51 Ça veut dire simplement que les Pays-Bas ont maîtrisé, cherchent à maîtriser leur géographie depuis des siècles
00:56 que plus d'un quart du territoire des Pays-Bas situe en dessous du niveau de la mer
01:02 et que malgré tout ils ont connu des grandes catastrophes.
01:05 Il n'y a pas si longtemps que ça, en 1953 par exemple,
01:08 une grande catastrophe de submersion marine avec 1850 morts.
01:12 Et donc une prise de conscience qu'il fallait mener des grands travaux
01:17 et on est quand on va aux Pays-Bas toujours marqué par ces grandes digues,
01:21 ces grands barrages qui sont là pour protéger.
01:24 Et malgré tout, ce qui m'a marqué aux Pays-Bas, c'est l'évolution ces dernières décennies
01:29 pour passer d'une politique de protection à une politique de prévention.
01:33 La prévention ça veut dire simplement que quelque part, ces phénomènes-là, il faut vivre avec.
01:39 Vivre avec, c'est par exemple un programme qui a été lancé dans les années 90
01:45 qui s'appelle tout simplement "de l'espace pour la rivière".
01:48 De l'espace pour la rivière pour savoir qu'on va avoir des inondations,
01:52 on va avoir des phénomènes de crues et il faut penser finalement
01:56 la manière dont cette eau va pouvoir aller vers la mer.
02:01 - Ça va recommencer de toute façon, donc il faut prendre des mesures.
02:03 Alors est-ce que vous revenez de tout ça avec du concret,
02:06 des choses qu'on peut faire chez nous, par exemple, accrondir la rivière, c'est une solution ça ?
02:09 - C'est une solution en tout cas de changer ce paradigme,
02:13 de pouvoir se dire qu'on est entré dans une nouvelle époque
02:16 et les Pays-Bas ont anticipé il y a quelques années ce changement d'époque.
02:21 C'est le dérèglement climatique.
02:23 J'étais marqué par une phrase qui disait tout simplement
02:26 "il faut se préparer à l'imprévisible".
02:28 L'imprévisible c'est aussi ce à quoi les Wallons, plus proches de nous encore,
02:33 ont été confrontés avec en juillet 2021, ce qu'ils ont appelé la "water bomb".
02:38 C'est un peu ce qui s'est passé sur nos territoires.
02:41 - Mais maintenant qu'on a fait ce constat, qu'on voit que nos voisins
02:44 ont été confrontés à des catastrophes, qu'ils se sont adaptés, alors nous, qu'est-ce qu'on peut faire ?
02:49 - On va avoir une vraie réflexion, y compris dès demain,
02:52 dans un comité de suivi ministériel autour de l'autre mission menée par le préfet Filizo.
02:57 On a beaucoup échangé entre les deux missions.
02:59 Sur la question de la gouvernance, comment on fait pour assurer
03:02 qu'on prenne les décisions au bon niveau, dans le bon périmètre ?
03:07 - Parce que chez nous c'est très compliqué, on le sait.
03:09 Il y a les collectivités, il y a le syndicat des Wattering,
03:12 il y a tout un tas de niveaux qu'il a fallu mettre en cohérence très rapidement, dans l'urgence.
03:16 - Exactement, et c'est un travail que les Pays-Bas ont réalisé,
03:19 alors pas en 15 jours, ça a pris plusieurs décennies, mais deux chiffres.
03:24 Ils étaient organisés avec ce périmètre de Wattering, que nous on connaît bien,
03:30 c'est un nom qui est commun entre les Pays-Bas, la Flandre et nous.
03:34 2500 structures en 1953, au moment de cette grande catastrophe de submersion marine,
03:40 et aujourd'hui 21 autorités régionales qui couvrent l'ensemble du territoire des Pays-Bas.
03:46 Tout simplement, ça fait des autorités régionales qui ont des moyens,
03:50 qui ont des compétences et qui surtout ont une cohérence du périmètre d'action.
03:54 Et elles gèrent à la fois la qualité de l'eau, la quantité de l'eau,
03:58 cette question de la robustesse...
04:01 - C'est plus efficace si on prend les décisions de façon centralisée, de toute façon.
04:05 - Centralisée, mais avec un bon niveau qui correspond à la réalité hydraulique,
04:09 et ça c'est une des conclusions bien sûr de la mission aux Pays-Bas.
04:13 - 7h49, vous êtes sur France Bleu Nord, notre invitée ce matin est François Le Costaire,
04:17 vice-président en charge de la culture et des relations internationales à la région,
04:20 et maire de Saint-Omer.
04:22 - Vous allez remettre dans quelques jours votre rapport au gouvernement,
04:26 est-ce qu'on est sûr que ça ne va pas rester dans un coin,
04:28 que des travaux vont vraiment être menés là très vite ?
04:30 - Alors vous savez, il n'est pas si fréquent que ça que le gouvernement demande à un élu,
04:35 qui a été confronté à une crise.
04:37 On a vécu avec les Odomaroises et les Odomarois,
04:40 comme dans beaucoup de territoires de notre région de France,
04:44 dans une situation extrêmement éprouvante de longs mois.
04:47 Ça a marqué évidemment mon mandat de maire de Saint-Omer,
04:50 ça marque des centaines et des centaines de familles.
04:54 Et le fait qu'on ait confié aussi à un élu, c'est quelque part aussi inscrire cela dans le temps.
04:59 - Vous avez confiance que ça va se faire ?
05:00 Il y aura des travaux là dans les prochains mois, dans les prochaines semaines ?
05:03 - Vous savez, tous les jours, je parle encore des inondations,
05:07 parce que tous les jours, les familles de Saint-Omer,
05:09 comme dans plein de communes, sont confrontées aux conséquences de ces inondations.
05:13 C'est les assurances qui mettent parfois du temps à répondre,
05:17 c'est les travaux qui sont compliqués.
05:19 Donc moi je vais vivre avec ces inondations très très longtemps.
05:23 Ce n'est pas une mission finalement d'un haut fonctionnaire,
05:26 il faut des hauts fonctionnaires qui travaillent sur le sujet,
05:28 bien sûr ils m'ont accompagné dans cette mission là,
05:30 mais tous les jours, moi je suis encore dans les inondations.
05:33 - François de Koster, ces inondations, effectivement, elles marquent dans tout le Pas-de-Calais,
05:37 elles marquent aussi dans le reste de la France,
05:38 qui est touchée en ce moment par une autre vague d'inondations,
05:40 en Bourgogne par exemple.
05:42 Là c'est urgent que toute la France s'adapte.
05:44 - Ce qu'on fait ici, avec les deux missions,
05:48 c'est évidemment important pour notre région,
05:50 et c'est important pour tout le pays.
05:52 Il y a une autre institution qui a été très marquante aux Pays-Bas,
05:57 une création plus récente, ce qu'on appelle le commissaire du Delta,
06:00 je l'ai rencontré,
06:02 c'est de dire tout simplement que ces phénomènes là,
06:05 malheureusement on va les connaître du fait du dérèglement climatique
06:08 de manière beaucoup plus fréquente,
06:10 et ils seront plus violents encore.
06:12 Et on ne sait pas les prévenir, on ne sait pas les prévoir,
06:15 et donc il faut qu'on investisse dans le temps,
06:18 il faut garder un cap politique.
06:20 Cette institution là, elle a été créée il y a une dizaine d'années,
06:22 dans un pays où la conscience du risque d'inondation,
06:26 elle est intrinsèque, elle fait partie de l'histoire.
06:28 - Mais vraiment l'accent sur la prévention, une institution qui mérite...
06:31 - Sur la prévention et sur le fait que toujours, tous les ans,
06:34 même si on n'a pas d'inondation une année,
06:36 il faut continuer à travailler.
06:38 - Financièrement notamment, débloquer des fonds au cas où.
06:40 Merci beaucoup François de Costaire d'avoir été notre invité ce matin,
06:43 maire de Saint-Omer et vice-président à la région.
06:45 Merci, bonne journée.
06:47 - Merci, une interview retrouvée dès maintenant sur francebleu.fr
06:51 et bien sûr on adresse toutes nos pensées à Béatrice Sinistré du Pas-de-Calais,

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