Comment TotalEnergies, dont 53 % de la production d'énergie provenait du pétrole en 2023, compte-t-il négocier le virage de l'électrique et atteindre ses objectifs en termes d'énergies renouvelables ? La directrice France du groupe, Isabelle Patrier, répond aux questions de France Bleu Nord.
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00:00Bonjour Isabelle Patrier. Bonjour. Il y a quelques jours lors d'un congrès, votre PDG Patrick Pouyanné a vivement critiqué la réglementation
00:06française concernant les énergies renouvelables. Il estime en substance qu'il y a trop de normes, trop de réglementations
00:11et qu'il vaut mieux finalement investir aux Etats-Unis ou en Allemagne qu'en France.
00:15Vous avez rencontré vous-même des entrepreneurs hier à l'Institut Pasteur de Lille.
00:19C'est le même discours que vous entendez auprès de ces entrepreneurs, qu'il y a trop de normes quand on veut investir justement dans les énergies renouvelables.
00:25Écoutez, bonjour à tous d'abord.
00:27Bonjour.
00:29Je
00:31reprends ses propos. Aujourd'hui
00:33vous avez une loi d'accélération qui a été votée pour essayer justement d'aller beaucoup plus vite et de s'attaquer à la simplification et aux mille feuilles
00:42donc
00:43administratives français. Force est de constater que depuis cette loi d'accélération
00:47globalement on a décéléré, on a bien ralenti le rythme, on arrivait à
00:54produire
00:55des mégawattheures en produisant et en investissant dans des fermes solaires ou des fermes éoliennes ou de l'hydroélectricité sur le pays.
01:04Aujourd'hui on a divisé par deux depuis cette loi d'accélération, donc oui on a tous la même impression de ralentir.
01:10Les permis mettent trop longtemps à arriver, les autorisations c'est de ça dont il s'agit ? C'est ça, une ferme solaire je vais vous dire en France c'est 14 permis déjà.
01:17Donc 14 permis pour
01:20accélérer forcément ça semble contradictoire et
01:24si on veut atteindre nos objectifs et je sais que dans les Hauts-de-France la région a des objectifs
01:29importants de multiplication de la production d'électricité renouvelable parce que pour baisser les émissions de carbone il faut entre autres
01:37basculer sur des usages plus électrifiés
01:39ou des bio-molécules.
01:42Donc l'électricité fait partie et la production d'électricité fait partie de cet enjeu là, il va falloir
01:49simplifier pour pouvoir accélérer. Et si jamais ce n'est pas fait, est-ce que ça veut dire que vous allez stopper aux
01:53investissements en France, investir ailleurs ? Écoutez, vous vous posez la question aujourd'hui de
01:58combien vous mettez
01:59de collaborateurs, combien de moyens vous pouvez mettre sur le pays France pour pouvoir développer cette électricité renouvelable
02:08et effectivement quand vous vous comparez aux autres vous vous dites que pour
02:11des moyens
02:13comparables vous avancez trois fois, deux fois moins vite que les autres. On parlait de vos objectifs,
02:18Total énergie, votre production d'énergie se répartissait comme ceci en 2023, l'an dernier, 53% pour le pétrole,
02:2442% pour le gaz naturel et 6% d'électricité.
02:28Vous prévoyez en 2030 d'arriver à 20% d'électricité dans votre production, 50% en 2050. Vous allez y arriver ?
02:35Oui on va y arriver, pour une raison
02:38très claire, c'est qu'on a des objectifs et que chaque année on les atteint.
02:42On a déjà
02:44l'équivalent de la moitié du parc nucléaire français en puissance renouvelable installée, 25 gigawatts.
02:50Evidemment, deux sur le territoire français, c'est à dire deux tranches nucléaires, donc on y arrive,
02:55quand même on arrive à se développer
02:57et effectivement il y a des pays dans lesquels on arrive à le faire beaucoup plus vite. Et ce développement se le fait via des
03:03investissements, vous avez investi l'an dernier dans les énergies bas carbone, un peu moins de 6 milliards de dollars, cela fait un tiers de vos
03:10investissements. Ces niveaux vont se maintenir ?
03:13Oui ces niveaux sont prévus, alors pour 2025
03:16nous avons les mêmes niveaux d'investissement, c'est à dire qu'un tiers de nos investissements sont dans les énergies bas carbone,
03:234 milliards à peu près dans l'électricité,
03:25puisqu'on veut être à moitié
03:28dans notre mix électrique,
03:31la moitié c'est l'électricité et puis une partie dans les biocarburants, puisqu'on est leader en Europe des biocarburants ou des biomolécules, le biogaz, la
03:39biométhanisation, pour décarboner le gaz fait partie aussi de notre enjeu.
03:42France Bleu Nord, il est 7h48, nous sommes en direct avec Isabelle Patrier, la directrice France de Total Énergie.
03:48Isabelle Patrier, nous avons entendu à 7h00 tout à l'heure un rapportage à la Madeleine, dans la métropole lilloise, dans une station totale avec un
03:54pompiste, pourquoi remettre
03:55des pompistes, un métier qu'on croyait disparu par chez nous dans les stations-service ?
03:59Écoutez, on a remis des pompistes parce que ce lien social et avoir quelqu'un avec lequel vous avez un contact nous semblait
04:06intéressant, on a fait revenir nos pompistes dans nos stations-service, je crois que nos clients l'apprécient, d'ailleurs il y a des surprises
04:14pour ceux qui découvrent que tout d'un coup on a remis ces pompistes sur nos stations-service.
04:18Et est-ce que ces pompistes sont amenés à devenir un jour des bornistes,
04:22sachant que vous parliez d'objectifs, tout à l'heure l'un des objectifs c'est d'arrêter la production de moteurs à combustion
04:27essence, est-ce que tous ces pompistes aujourd'hui
04:31vont aider les clients à recharger leur véhicule électrique, c'est une stratégie que vous avez ?
04:35Oui c'est une stratégie, d'abord la stratégie c'est de décarboner donc d'électrifier, donc on électrifie aussi nos stations-service,
04:42aujourd'hui on a une cinquantaine de stations-service
04:45qui ont des bornes de recharge sur le territoire de la région des Hauts-de-France.
04:50On a
04:52un objectif c'est évidemment d'accompagner les nouvelles mobilités
04:57électriques et sur les grands axes on a remis des bornistes et
05:02donc on a des pompistes sur nos stations
05:04traditionnelles et on a remis des bornistes qui sont
05:07dans les stations, sur les grands axes, les corridors de départ en vacances pendant les vacances scolaires pour accompagner nos clients, parce que c'est pas
05:14non plus si évident que ça, les nouvelles mobilités et de recharger sa voiture avec la bonne borne, la bonne puissance,
05:21c'est pour ça qu'on a aussi des bornistes sur nos stations. Total Énergie, on l'a souligné, est engagé dans une démarche qui vise à
05:27électrifier sa production d'énergie mais vous continuez à investir, à produire également
05:31des carburants, du pétrole. Est-ce que vous avez déjà une vision sur les prix des carburants l'an prochain ? Je regardais chez Total aujourd'hui
05:37sur la voie rapide à Mont-Saint-Barreul, le gasoil c'est à 1,615, 1,675 pour le sans-plomb
05:4495. Est-ce que ça va monter ? Je m'étonne que vous n'avez pas de boule de cristal mais c'est quoi la tendance pour l'année prochaine ?
05:48On n'a pas de boule de cristal, je serais bien normal de vous dire quel sera le prix du baril de pétrole l'an prochain.
05:54La seule chose que nous savons c'est que chez Total Énergie, vous l'avez vu, depuis deux ans on a plafonné les prix
06:01des carburants à 1,99 et depuis le mois d'août dernier, on a baissé ce plafond à 1,94
06:07pour tous nos clients qui ont des contrats d'électricité et de gaz chez Total Énergie
06:12pour leur permettre d'avoir cet avantage-là. Donc je dirais que la protection existe toujours et existera en 2025 pour
06:19nos clients dans nos stations. Concernant le gaz justement, on a beaucoup parlé dans les récents débats budgétaires du prix de l'électricité
06:26avec est-ce qu'il fallait ou non maintenir un bouclier tarifaire, on a un peu moins parlé du gaz, les prix vont baisser là aussi en
06:322025 ? Le gaz c'est comme le pétrole, vous avez des cours mondiaux donc je n'ai aucune
06:38boule de cristal, moi non plus. En revanche, effectivement, vous avez sur le territoire français encore 12 millions de gens qui ont des chaudières
06:47au gaz et ça fait partie des enjeux, c'est pour ça aussi qu'on a
06:53multiplié la diversification de nos sources d'approvisionnement pour pouvoir maintenir un volume de gaz
06:58suite aux enjeux de la guerre en Ukraine, pour pouvoir sécuriser un approvisionnement sur le territoire français
07:06et diversifier nos sources pour pouvoir permettre justement d'avoir ces volumes et
07:11le volume et la demande, quand il s'ajuste, c'est le prix qui s'ajuste
07:15et pour permettre de le conserver à ces niveaux-là. Est-ce que malgré effectivement l'électrification, vous continuez là aussi d'investir
07:22pour produire du gaz, donc une triple stratégie de totale énergie ? Pour répondre à une demande, c'est ce que je disais, vous avez 12 millions de
07:29foyers français qui sont encore chauffés au gaz, vous avez encore 37 millions de véhicules qui roulent au carburant, donc
07:37on continue aussi à pouvoir répondre à cette demande des français
07:41qui sont sur ce territoire en demande de ces énergies-là. C'est la stratégie de votre groupe
07:46Total Énergie, dont vous êtes la directrice France. Merci beaucoup, Isabelle Patry, d'avoir accepté l'invitation de France Bleu Nord ce matin. Bonne journée.