• il y a 8 mois

Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:00 *Générique*
00:04 Europe 1/13h
00:05 Europe 1/13h, la suite sur Europe 1 de 13h à 14h, vos réactions auditeurs d'Europe 1 au 01.80.20.39.21
00:11 et décryptage de l'actualité aujourd'hui Céline avec Jean-Claude Dacy, le chroniqueur politique et l'ancien juge d'instruction Georges Fenech.
00:18 Et en ce 2 avril, il y a en fait aujourd'hui le 50e anniversaire de la mort de Georges Pompidou, c'était donc le 2 avril 74.
00:25 Le président de la République mourrait dans l'exercice de ses fonctions, terrassé par la maladie.
00:30 Premier ministre puis chef de l'Etat, il a laissé une empreinte très positive finalement sur la France,
00:35 mais injustement sous-estimée car écourtée par la maladie.
00:38 Jean-Claude Dacy, vous étiez à l'antenne le jour où Georges Pompidou est décédé.
00:44 - Oui, je crois que le journal des médias, ça existe ça sur Europe 1. - C'est ça.
00:48 - A été recherché, les extraits. - Racontez-nous.
00:52 - C'est un souvenir professionnel, on avait une grande soirée Europe, mais j'avais oublié le motif et la raison, on fêtait quelque chose.
01:00 Et puis à 9h, 9h30, je crois que je ne sais plus qui est venu me chercher, le rédacteur en chef ou le directeur, je ne sais plus,
01:06 par la manche en disant "Zut, à l'antenne, Pompidou vient de mourir".
01:11 On y a amené Jean-Pierre Joulin, je crois que Levaille est venu aussi,
01:14 et tous les trois, pendant que les autres continuaient de boire du champagne, on est allés saluer le président Pompidou qui venait de mourir.
01:24 Je dois confesser qu'à l'époque, j'étais moins sensible à ces talents d'homme d'État que je ne le suis aujourd'hui, recul.
01:33 - Pourquoi ? - Oui, parce que je suis... quand on est jeune, on est parfois un peu bête, je ne sais pas, j'étais sans doute trop exigeant, trop...
01:41 Et aujourd'hui, quand on revoit les chiffres, quand on les compare à ceux qui nous nourrissent au quotidien,
01:49 on se rend compte que la France à l'époque était gouvernée par un type bien, honnête, professionnel,
01:55 on venait du gaullisme quand même, qui n'était pas rien non plus.
01:58 - Est-ce que pour vous il incarnait une société française un peu à l'ancienne, à l'époque ?
02:02 - À l'ancienne ou non, enfin à l'époque ça ne nous paraissait pas comme étant à l'ancienne,
02:06 on était à 5% de croissance, on avait un budget positif, on n'avait pas beaucoup de dettes,
02:13 et l'économie... alors c'est vrai que la période était différente d'aujourd'hui,
02:16 mais que l'économie a pété le feu, on avait réindustrialisé Roissy, l'autoroute, le périphérique, que sais-je,
02:23 le nucléaire, je crois que c'est lui qui l'a lancé, bref, c'était un grand président qui venait de mourir,
02:28 on ne peut avoir qu'un regret qui aurait beaucoup changé, je le pense, mais bon, tout ça est un peu gratuit,
02:34 s'il avait vécu, s'il avait été réélu, je pense que la France ne serait pas dans la situation où elle est aujourd'hui.
02:40 - Alors on va vous faire réagir aussi évidemment, Georges Fenech, mais avant on va écouter une petite archive,
02:45 une petite pépite de nos archives européens, en 72, il a été président, je le rappelle, de 69 à 74,
02:52 et bien en 72, Georges Pompidou s'exprime sur la fonction de président de la République.
02:56 - Président de la République, on est un homme comme les autres, forcément,
03:00 on a donc les mêmes préoccupations et les mêmes petits ennuis, ou les mêmes petites joies que tout le monde,
03:06 et en même temps, on est toujours chef de l'État.
03:09 Alors vous me montrez en habit, dans des réceptions solennelles, ou dans des circonstances officielles,
03:17 mais si à ce moment-là j'ai un souci de famille, ou même simplement si j'ai un soulier qui me fait mal,
03:22 vous savez, cela me rappelle très bien que je suis un homme.
03:25 Et inversement, quand je suis à la campagne, et même si j'ai l'air de prendre le soleil dans une chaise longue,
03:33 et si je le prends d'ailleurs, et avec grand plaisir, je ne peux pas ne pas me rappeler que je suis chef de l'État,
03:39 et qu'à ce titre, j'ai des responsabilités que je ne peux déléguer à personne, et qui pèsent sur moi en permanence.
03:45 - Georges Pompidou, en 72, sur la fonction de président, il avait son franc-parler, son style,
03:52 Georges Fenech, très institutionnel, mais en même temps très libre, très moderne.
03:57 - Il y aurait tellement de choses à dire. J'avais 20 ans au moment où il est décédé, donc j'ai bien connu cette période.
04:04 Je me souviens de ce vent de liberté qu'on ne retrouve plus aujourd'hui.
04:08 On citait la période des Trente Glorieuses, c'était vraiment le début de l'industrie,
04:13 enfin tout ce qui était le TGV, le nucléaire, etc.
04:17 Mais, vous disiez 500 000 chômeurs à l'époque, c'est-à-dire un chômage résiduel,
04:23 et moi j'ajoute 500 000 crime et délit à l'époque. Aujourd'hui on en est à 4 millions.
04:28 Donc c'était une France qui était plus en sécurité, on gérait mieux les choses.
04:33 Pour moi Pompidou c'est d'abord un style, c'est la France, il incarnait la France merveilleusement.
04:39 Petit fils de paysan, fils d'instituteur, du Cantal, la cigarette au bec,
04:44 se promenant dans des tenues élégantes à Saint-Tropez.
04:49 De Gaulle lui avait reproché d'ailleurs, Saint-Tropez c'est pas pour...
04:53 C'était d'abord ça, et puis moi je resterai toujours marqué par cette conférence de presse qu'il avait donnée,
05:01 et quand on lui a posé la question sur l'affaire Gabriel Russier.
05:05 Vous vous souvenez où il va citer ?
05:07 - Eh bien on va l'écouter, Jean-Jean Hennec, figurez-vous qu'on avait prévu de vous la faire écouter à nos lancements.
05:11 Alors c'est effectivement lors d'une conférence de presse à l'Elysée en septembre 69, quelques mois après son élection,
05:16 et le journaliste Jean-Michel Royer pose à Georges Pompidou une question sur le suicide de Gabriel Russier.
05:22 C'est une professeure accusée de détournement d'un de ses élèves mineurs, écoutez.
05:26 - À Marseille, une femme, un professeur, 32 ans, est condamnée pour détournement de mineurs, elle se suicide.
05:34 Vous-même, qu'avez-vous pensé de ce fait divers qui pose je crois des problèmes de fond ?
05:39 - Je vous dirai pas tout ce que j'ai pensé d'ailleurs sur cette affaire, ni même ce que j'ai fait.
05:50 Quant à ce que j'ai ressenti, comme beaucoup, eh bien, comprennent qui voudra,
05:58 moi, mon remord, ce fut la victime raisonnable au regard d'enfants perdus,
06:05 celles qui ressemblent aux morts, qui sont mortes pour être aimées. C'est de l'éluard.
06:10 Merci mesdames et messieurs.
06:12 - Ah oui, il est très émouvant. - Un des rares présidents à être capable de répondre cela.
06:16 - C'est un fait éluard. - Un fait de société tragique.
06:19 - Il avait écrit un livre qui était une anthologie sur la poésie. - Une anthologie de la poésie française.
06:23 - Il a fait "Normal Sub", etc. - Ça aussi, c'est caractérisé.
06:27 - Alors moi je voudrais quand même ajouter un petit quelque chose, parce que ça me tient, chacun le sait, un peu à cœur.
06:32 C'est qu'il a dit, je vais rassembler, faire une synthèse malheureuse, mais en gros il a dit
06:39 "Si un pays n'est pas économiquement fort, personne ne fait vraiment attention à ce qu'il dit,
06:44 et les paroles passent comme des nuages", voilà ce dont je me souviens.
06:48 Ça devrait retentir aujourd'hui aux oreilles d'un certain nombre de gens.
06:53 - Et pourtant, 50 ans plus tard, on parle de gaullistes, de mitterrandistes, de chirakiens, mais pas de pompidoliens.
06:58 - Oui, c'est une forme d'injustice.
07:02 Parce que Pompidou, politiquement, je pense que l'importance de ce qu'il a pu faire,
07:09 c'est d'assurer la succession du général de Gaulle le jour où il part à Rome, après les événements de 68,
07:17 la suite à Baden-Baden, je me souviens, du général de Gaulle, la France est en danger à ce moment-là.
07:23 Et puis il part à Rome en disant "Bien entendu, chacun sait que si ça se présentait, je serais candidat".
07:32 Et à partir du moment où il prend l'engagement d'assurer cette succession, en 1969, de Gaulle peut se retirer.
07:40 On sait que la succession est assurée par Pompidou, qui a été, je le rappelle, le chef de cabinet pendant des années du général de Gaulle,
07:48 et qui était profondément gaulliste, mais avec sa touche personnelle et l'ouverture d'une société plus moderne.
07:54 - On va écouter Émilie, qui nous appelle, une auditrice qui nous écoute à Paris, qui souhaitait intervenir.
08:00 Vos souvenirs de Georges Pompidou. Bonjour Émilie.
08:03 - Bonjour Émilie, déjà merci à l'ensemble de l'équipe.
08:05 Alors moi j'avais 12 ans, et je me souviens le matin quand notre mère est venue nous annoncer la mort de Georges Pompidou.
08:13 Et je me crois même que la veille il y avait les dossiers de l'écran et que ça avait été interrompu pour annoncer son décès.
08:19 Pour moi il représente ce qu'est un homme d'État, c'était un visionnaire, et puis bien sûr, vous l'avez évoqué, je voulais en parler de sa culture,
08:30 petit-fils de paysans et d'instituteurs, de cette France qui par l'école justement publique et par le bon enseignement pouvait monter.
08:39 Et puis il avait réussi, je crois par l'intermédiaire de Chirac, de négocier en 68 quand il y avait eu les grèves.
08:49 Et puis cette originalité, il était passionné, on le sait, d'art contemporain, puisqu'il est à l'initiative de M. Georges Pompidou.
08:58 Et moi je me souviens, j'avais 7 ans quand il y avait l'élection, Poer face à Pompidou, et je me revois à quatre pattes ramassant les bulletins de vote.
09:08 Et après il y a eu 74 avec Giscard, qui était aussi un homme d'État.
09:14 Donc vous êtes nostalgique finalement, Émilie, de ce style d'homme d'État ?
09:19 D'une certaine hauteur, et c'était un littéraire, ce n'était pas un techno.
09:26 Merci beaucoup Émilie pour ce témoignage. Un mot pour conclure, Georges Fenech, rapidement.
09:33 Je ne reprocherai pas aux hommes d'État aujourd'hui d'être techno, on les forme pour ça.
09:39 Néanmoins, ça ne devrait pas leur faire oublier la politique et l'économie de la parole.
09:44 Georges Fenech ?
09:45 En un mot, Georges Pompidou fut un très très grand président, et qui nous a légué une France aujourd'hui,
09:51 qu'il faut quand même qu'à notre tour, nous conservions, que nous préservions, et que nous remettions sur les rails, comme il l'avait fait.
09:58 Merci beaucoup à vous deux, Jean-Claude Dacy et Georges Fenech, et on se retrouve demain pour de nouvelles aventures.
10:03 C'était Céline Giraud, qui vous retrouve demain de 13h à 14h sur Europe 1.
10:07 Et ne manquez pas aussi demain matin, le Zapping Politique, votre rendez-vous, Europe 1, du lundi au vendredi à 9h - 5h dans Europe 1 Matin,
10:15 où les grandes signatures de la rédaction d'Europe 1 zappent la radio, la télé et les réseaux sociaux.
10:19 Et avant de retrouver le Zapping Politique de Dimitri Vernet demain matin, vous pouvez le réécouter bien sûr sur Europe 1.fr et l'application Europe 1.
10:27 Très bon après-midi avec la suite de vos programmes.
10:29 Christophe Ondelat de 14h à 15h, c'est Ondelat raconte sur Europe 1.

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