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Co-rapporteur de la loi ALUR en 2014, la sénatrice socialiste Audrey Linkenheld, adjointe à la mairie de Lille, était l'invitée ce matin du 6-9 de France Bleu Nord.

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Transcription
00:00 Bonjour Audrey Lincolneld.
00:01 Bonjour.
00:01 Sénatrice du Nord mais donc auparavant députée du Nord, vous étiez aussi jusqu'à l'automne dernier première adjointe à la mairie de Lille.
00:07 Cette loi allure. On détaillait tout à l'heure les différentes mesures qu'elle a introduites.
00:11 Plafonnement des loyers préavis d'un mois en zone tendue, de nouvelles règles également pour les copropriétés avec fonds de travaux obligatoires.
00:18 Vous si vous deviez retenir une disposition de ce texte, celle que vous retenez aujourd'hui qui a particulièrement fonctionné, ce serait quoi ?
00:24 C'est une question très difficile parce que comme vous l'avez dit c'était une grande loi du logement qui a embrassé plusieurs sujets.
00:31 L'habitat social, le logement libre, les locataires, les copropriétaires.
00:36 Ce que je retiendrai c'est l'idée générale, c'est-à-dire de faire en sorte que par la régulation et par l'innovation,
00:42 on fasse en sorte que les logements qu'on produit ou qu'on rénove répondent vraiment aux besoins des habitants.
00:48 Et celle qui me tient le plus à cœur parce que c'était la plus inattendue, c'est l'accession durablement abordable à la propriété
00:56 que nous avons réussi à faire en imaginant, en inventant de dispositifs à la fois les organismes de foncier solidaire qui ont la propriété du sol
01:06 et puis le bail réel solidaire qui permet de louer le bâti qui est sur ce sol.
01:11 Ça fait aujourd'hui 140 organismes qui existent pour quelque chose qu'on a vraiment inventé de rien.
01:19 140 organismes partout en France, y compris évidemment à Lille et plus de 16 000 logements en préparation
01:27 pour que les familles puissent rester dans les villes ou sur d'autres territoires et être propriétaires sans avoir des ressources qui soient forcément immenses.
01:36 Et pourtant, 10 ans après cette loi à l'ure, Audrey Lincoln-Henn, nous sommes aujourd'hui dans une situation où les ventes immobilières sont en chute libre,
01:42 dans une situation où plus de 4 millions de personnes sont mal logées, ce sont les chiffres de la Fondation Abbé Pierre,
01:47 situation aussi où les bailleurs sociaux réclament un plan de relance parce qu'ils doivent rénover énormément de logements.
01:52 Cette loi finalement n'a pas répondu à toutes les problématiques. Où alors est-ce que les choses ont été évoluées ?
01:56 D'abord, on ne répond jamais à toutes les problématiques par une seule loi.
02:01 Je pense qu'elle a posé les bases de choses qui existent encore aujourd'hui.
02:06 Je pense à l'encadrement des loyers privés, ça touche un logement sur deux à Lille.
02:11 Elle a posé les bases de la régulation simplement en disant ce qui nous a manqué depuis, c'est une autre grande loi du logement.
02:18 Nous étions déjà à l'époque dans une situation de crise où il fallait produire davantage, rénover davantage.
02:24 Il eût fallu que le pouvoir en place continue de le faire, or aujourd'hui, force est de constater qu'il n'y a pas de confiance
02:31 entre les pouvoirs publics, les professionnels et les particuliers. Et donc la crise malheureusement ne fait que s'aggraver.
02:37 - 7h47, vous êtes sur France Bleu Nord et nous recevons aujourd'hui la sénatrice socialiste Audrey Lincolnel.
02:42 L'enjeu aujourd'hui Audrey Lincolnel pour répondre à cette pénurie de logements c'est plutôt quoi ?
02:46 C'est plutôt construire ou rénover ? La transition, la rénovation énergétique plutôt serait, il faut mieux agir sur quel biais ?
02:53 - Il faut justement agir sur les deux. Il ne faut pas penser qu'en ne rénovant que les logements, on aura suffisamment de logements pour loger tout le monde.
03:02 Il faut aussi produire des logements neufs, des logements neufs dont les prix et les loyers correspondent aux capacités réelles des ménages,
03:10 donc du logement abordable pour les classes moyennes, pour les classes populaires.
03:13 - D'avantage de logements sociaux également ?
03:14 - Évidemment davantage de logements sociaux parce qu'on est aujourd'hui dans une situation économique difficile.
03:20 Donc il faut pouvoir loger plus de monde dans le logement social et il faut comme vous l'avez dit, rénover,
03:26 ça vaut pour le logement social et pour les propriétaires qui doivent faire face à des prix de l'énergie toujours plus importants et ceux-là aussi il faut les accompagner.
03:33 - Est-ce qu'il faut revenir sur les diagnostics de performances énergétiques et l'interdiction de location notamment de certaines passoires thermiques ?
03:39 Certains au gouvernement comme Bruno Le Maire les trouvent soit trop stricts, soit trop flous,
03:43 en tout cas cela fait sortir un certain nombre de logements du parc locatif ou même des logements à la vente.
03:49 Est-ce qu'aujourd'hui ces DPE dont il était question également dans la loi Allure, est-ce qu'il faut les revoir ?
03:53 - Je crois que c'est un faux débat. Aujourd'hui certains s'attaquent aux diagnostics de performances énergétiques
03:59 parce que fondamentalement ils sont contre la régulation du marché immobilier qui n'est pas un marché comme un autre,
04:05 c'est un bien de première nécessité le logement.
04:08 Moi je crois qu'il faut garder ces objectifs de performances énergétiques parce que c'est important pour la planète et pour les occupants.
04:14 Ce qu'il faut c'est aider les gens à faire face à ces diagnostics, donc les propriétaires à faire des travaux
04:20 et les locataires à signaler les difficultés.
04:22 Mais il faut garder cet objectif qui est absolument fondamental pour nous tous.
04:26 - Vous avez dit tout à l'heure ce qu'il faudrait ce serait une autre grande loi logement.
04:29 Gabriel Attal, le Premier ministre, a promis d'ici cet été un projet de loi pour le logement des classes moyennes.
04:34 Il serait question sans plus de précision de réformer la loi SRU qui impose notamment des quotas de logements sociaux dans les communes.
04:42 Qu'est-ce que vous en pensez ? S'il faut revenir sur cette loi ou pas ?
04:44 - Certainement pas. Je pense que la loi SRU aujourd'hui, elle est acceptée dans les territoires, y compris de tous bords politiques.
04:54 Je rappelle qu'elle a juste précédé la loi Allure puisque nous avions remonté le taux obligatoire de logements sociaux juste avant à 25%
05:01 et la loi Allure venait accompagner cette loi, notamment dans la transparence sur les attributions de logements sociaux.
05:07 Il ne faut surtout pas toucher à cette loi.
05:09 Quand on dit qu'on manque de logements sociaux, on ne peut pas en même temps dire que l'obligation d'en construire est allégée.
05:16 C'est tout le contraire.
05:17 - Mais en même temps, il y a aussi des communes qui ne respectent pas les quotas et qui ne s'en cachent pas, a priori.
05:20 Donc est-ce que cette loi sert à quelque chose ?
05:22 - Oui, elle sert à quelque chose parce que plus ça va, plus elle est respectée dans beaucoup plus de territoires.
05:28 Aujourd'hui, ne jamais oublier que même s'il y a des communes qui ne respectent pas la loi, elles payent des pénalités.
05:34 Et ces pénalités, elles servent à financer du logement social.
05:37 Donc c'est de l'argent qui de toute façon va vers le logement social.
05:41 Donc c'est une bonne chose.
05:42 Il faut continuer à faire en sorte d'accompagner ces communes pour qu'elles aussi fassent du logement social.
05:46 - Audrey Lincolnel, depuis que vous êtes sénatrice, vous n'êtes plus première adjointe à la mairie de Lille.
05:50 Est-ce que vous avez tout de même réfléchi pour les élections municipales ?
05:53 Que verriez-vous pour succéder à Martine Aubry ?
05:55 Je vous pose la question ce matin puisque la députée Renaissance, Violette Spilbut, a annoncé il y a dix jours qu'elle était candidate.
06:00 Est-ce que vous savez si à la mairie de Lille, il y a un débat en ce moment, au côté socialiste,
06:04 qui pourrait prendre la suite de Martine Aubry, qui serait candidate en tout cas ?
06:07 - Alors ce que je sais, c'est que je suis toujours élue à la ville de Lille,
06:10 que je co-préside d'ailleurs le groupe des élus majoritaires qui accompagne Martine Aubry,
06:15 et que nous, notre objectif pour l'instant, c'est de finir le mandat pour lequel les Lillois nous ont élus.
06:20 Il nous reste deux ans.
06:22 Deux ans pour faire la transition écologique,
06:24 deux ans pour accompagner les Lillois dans leur vie au quotidien,
06:27 pour accompagner y compris ceux qui sont les plus en difficulté.
06:30 Notre seule discussion aujourd'hui, c'est celle-là,
06:33 c'est comment continuer à tenir les engagements qu'on a pris devant les Lillois en 2020,
06:37 et j'y prends toute ma part.
06:38 - Donc pas de candidate de votre côté en tout cas pour le moment ?
06:41 On va attendre deux ans a priori ?
06:43 - Écoutez, c'est en 2026, mais comptez sur nous pour être présents en 2026.
06:46 - Merci beaucoup Audrey Lincolnel, sénatrice socialiste du Nord,
06:51 toujours bien évidemment adjointe à la mairie de Lille,
06:53 mais vous étiez première adjointe jusqu'à l'automne dernier,
06:56 et ancienne députée co-rapporteur à l'époque de la loi Allure.
06:58 Merci beaucoup, bonne journée.

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