Le 11 novembre 1942, 80 000 soldats italiens envahissent la Corse. Le général Giraud, commandant en chef des forces françaises d'Afrique du Nord, projette aussitôt sa libération. Dès le 14 décembre, grâce au légendaire sous-marin Casabianca, la mission " Pearl Harbor " est sur place pour renseigner Alger sur le dispositif ennemi et armer les patriotes, puis pour les rassembler au sein d'une seule et même armée secrète. Ce sera l’œuvre du commandant Paul Colonna d'Istria.
L'annonce surprise de l'armistice italien ayant provoqué le soulèvement de la population, tout est à craindre d'une riposte foudroyante de la Sturmbrigade Reichsführer SS renforcée par la 90e Panzer en voie de débarquement. Il y a urgence. La Corse demande l'aide de l'armée.
À plus de 700 kilomètres de l'Afrique du Nord française et à la merci de l'aviation allemande basée en Sardaigne, l'opération "Vésuve" est un défi aussi gigantesque que risqué. Giraud décide de le relever. Contre l'avis des Alliés et du général De Gaulle, et malgré les plus sombres pronostics. En moins de trois semaines, ce qu'il reste de la marine française réussit l'impossible : transporter 8 000 combattants. Bastia est prise le 4 octobre. La Corse est libérée par les seules forces françaises.
Henri-Christian Giraud, petit-fils du général Giraud et auteur de "Opération "Vésuve" - L'Histoire très secrète de la libération de la Corse" (éditions du Cerf), nous fait le récit de ce coup d'audace et de cette réussite spectaculaire.
L'annonce surprise de l'armistice italien ayant provoqué le soulèvement de la population, tout est à craindre d'une riposte foudroyante de la Sturmbrigade Reichsführer SS renforcée par la 90e Panzer en voie de débarquement. Il y a urgence. La Corse demande l'aide de l'armée.
À plus de 700 kilomètres de l'Afrique du Nord française et à la merci de l'aviation allemande basée en Sardaigne, l'opération "Vésuve" est un défi aussi gigantesque que risqué. Giraud décide de le relever. Contre l'avis des Alliés et du général De Gaulle, et malgré les plus sombres pronostics. En moins de trois semaines, ce qu'il reste de la marine française réussit l'impossible : transporter 8 000 combattants. Bastia est prise le 4 octobre. La Corse est libérée par les seules forces françaises.
Henri-Christian Giraud, petit-fils du général Giraud et auteur de "Opération "Vésuve" - L'Histoire très secrète de la libération de la Corse" (éditions du Cerf), nous fait le récit de ce coup d'audace et de cette réussite spectaculaire.
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00:00 *Musique épique*
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00:06 *Musique épique*
00:35 Chers amis, téléspectateurs de TVL, bonjour et bienvenue dans "Passer présent",
00:39 votre émission historique présentée en partenariat avec la revue d'Histoire Européenne.
00:45 Il y a 80 ans, jour pour jour, dans la deuxième semaine de septembre 1943,
00:51 la Corse était en pleine insurrection contre l'occupant allemand.
00:55 Par un de ces revirements, dont l'histoire est friande, les insurgés se battent,
01:00 non pas coup d'à-coup, l'expression serait un peu exagérée,
01:03 mais aux côtés des soldats italiens, anciens occupants de l'île,
01:06 qui se sont retournés face aux troupes germaniques.
01:09 Parallèlement, en une dizaine de jours, les quelques navires dont la marine française dispose
01:13 vont en exécuter une noria colossale et parvenir à transporter quelques 10 000 combattants.
01:20 Le 4 octobre, avec la libération de Bastia, c'est toute la Corse qui est libérée.
01:24 C'est le premier département français libéré, et par la France seule.
01:28 Et c'est cette histoire, ce succès militaire, plutôt méconnu qu'inculté,
01:32 nous allons voir pourquoi par les gaullistes, que va nous raconter notre invité.
01:36 Henri-Christian Giraud, bonjour.
01:38 Bonjour.
01:39 Vous êtes journaliste, vous avez été rédacteur en chef du Figaro magazine, essayiste,
01:44 vous êtes l'auteur de plusieurs ouvrages historiques,
01:46 dont un particulièrement remarqué, "De Gaulle et les communistes",
01:50 datant de 1988, mais constamment réédité.
01:53 La dernière fois, c'était chez Perrin, en 2020.
01:55 Tout à fait.
01:56 Toujours chez Perrin, en 2022, vous avez publié "Algérie, le piège gaulliste,
02:01 histoire secrète de l'indépendance".
02:03 Il faut dire que De Gaulle est une vieille connaissance de la famille,
02:08 puisque vous êtes, je le souligne, le petit-fils du général Giraud.
02:12 Et d'ailleurs, dans votre dernier ouvrage, celui qui nous intéresse aujourd'hui,
02:16 "Opération Vésuve, l'histoire très secrète de la libération de la Corse",
02:20 vous vous étendez très largement, et nous allons en parler,
02:23 sur les rapports entre les deux généraux,
02:25 et les manœuvres politiciennes du chef de la France libre.
02:28 Car l'affaire de la libération de la Corse, ce fut l'occasion
02:31 d'un véritable face-à-face entre Giraud et De Gaulle.
02:34 Mais avant d'y venir, remontons à 1942.
02:38 La Corse est en zone libre, mais le 11 novembre, tout change.
02:41 Suite au débarquement anglo-américain en Afrique française du Nord,
02:45 les Allemands envahissent la zone libre,
02:47 et de leur côté, leurs alliés italiens,
02:50 eux, forts de 80 000 hommes, occupent la Corse.
02:53 En effet, 80 000 hommes, ce qui fait que pour une population
02:56 de près de 250 000 Corses, si on enlève les femmes,
03:02 les enfants et les vieillards, il y a pratiquement un occupant
03:06 pour un homme, pour un Corse en âge de porter des armes.
03:09 C'est énorme. Il y a une unité italienne
03:13 dans pratiquement chaque village Corse.
03:15 Bref, ils inondent la Corse de leur...
03:20 Mussolini inonde la Corse de ses hommes,
03:23 avec quand même une police politique, l'Ovra,
03:26 un service d'information militaire, le fameux CIM,
03:30 très spécialiste, qui peut rivaliser d'ailleurs
03:37 avec la Gestapo sur bien des points.
03:39 Et puis, cette occupation se fait de plus en plus pesante,
03:45 il y a de plus en plus d'arrestations.
03:49 Les Corses sont envoyés soit à l'île d'Elbe,
03:52 soit pour certains en Autriche d'ailleurs.
03:54 – Oui, il y a des mouvements résistants.
03:56 – C'est des mouvements de résistance bien sûr,
03:58 mais c'est une véritable occupation
04:00 et qui s'apesantit chaque jour.
04:04 Voilà, c'est brutal même quelquefois.
04:08 Donc la résistance naît spontanément
04:12 et puis elle va être évidemment aidée par mon grand-père,
04:17 le général Giraud.
04:18 – Donc il lui, dès la fin 1942, envisage la libération de la Corse
04:22 et fait préparer des plans.
04:23 – Exactement, alors ça, dès le 14 novembre,
04:29 il convoque ses spécialistes des services spéciaux,
04:33 qui sont le général Ronin et le général Rivet,
04:35 et il leur enjoint de préparer la libération de la Corse.
04:40 Et les deux hommes mettent au point la fameuse mission Perle à Arbour.
04:44 Perle à Arbour qui est sur la base de quatre personnages assez ours en couleur,
04:51 le commandant de Saules, qui est un magistrat belge
04:55 de son vrai nom, Schrevel, mais spécialiste de la résistance,
05:00 et il en a fait en France d'ailleurs,
05:02 et trois Corses, un Toussaint Griffy, qui est un adjudant-chef,
05:10 un Laurent Preciosi, qui est un ancien journaliste d'ailleurs,
05:16 plutôt marqué à gauche, parce qu'il vient du journal républicain d'Algérie,
05:22 et puis surtout Pierre Griffy, qui est l'opérateur radio,
05:26 et qui va réussir la première mission…
05:30 – Alors il appelle la première mission de la mission Perle à Arbour.
05:33 – La première mission s'appelle la mission Perle à Arbour.
05:35 Elle atterrit, si je dois dire, elle débarque dans la nuit du 13 au 14
05:40 sur la plage de Topiti, en deux fois, en deux nuits.
05:44 La première nuit se passe bien, la deuxième nuit se passe un peu plus mal,
05:47 mais finalement, bon, ils vont s'intégrer à la population,
05:51 après des péripéties que je raconte,
05:54 et dès le 20 décembre, Pierre Griffy va envoyer son premier message.
06:01 – Alors précisons ce qu'est la mission Perle à Arbour.
06:03 – C'est une mission de renseignement,
06:05 c'est une mission de renseignement et qui se tient à l'écart
06:09 de tous les mouvements de résistance,
06:11 pour précisément faire son travail de renseignement le plus rigoureusement possible,
06:18 et ce n'est qu'à partir, un peu plus tard,
06:21 ce n'est qu'à partir de la mission de Paul Colonna d'Istria
06:25 qu'il y aura une coordination, que Colonna d'Istria recevra de Girod,
06:31 c'est une mission de coordonner l'action de tous les mouvements de résistance,
06:36 dont le fameux Front National d'Obédience Communiste d'ailleurs.
06:40 – Parce qu'à l'époque, ce sont les plus puissants sur le terrain ?
06:43 – Ce sont les mieux structurés, mais c'est un petit réseau,
06:47 composé de 300 membres seulement,
06:52 mais je dirais habitués à la clandestinité, ils sont communistes,
06:57 et à l'époque les communistes étaient préparés à la clandestinité, on le sait,
07:01 et progressivement, Colonna d'Istria va infiltrer ce Front National,
07:08 et qui atteindra bientôt, grâce aux militaires,
07:12 parce qu'il y a beaucoup de retraités militaires en Corse à cette époque-là,
07:15 qui atteindra bientôt le chiffre de 13 000 à 14 000 résistants.
07:19 – Alors, dans l'esprit de Girod, il y a une vision plus large,
07:23 outre la libération de la Corse, c'est ce que vous appelez,
07:26 enfin, c'est ce qu'on appelle l'offensive danubienne.
07:29 Est-ce que vous pouvez nous faire écrire ce que c'est ?
07:32 – Oui, dans la perspective de Girod, enfin, la libération de la Corse
07:38 s'inscrit pour Girod dans une perspective beaucoup plus vaste.
07:42 D'ailleurs, il l'explique, et je vais vous citer ce qu'il dit à Churchill,
07:48 à Anfa, lors de la conférence d'Anfa…
07:50 – Il faudrait, pour nos téléspectateurs, préciser,
07:52 donc Girod est le commandant en chef de toutes les forces françaises.
07:55 – En chef des forces françaises, à l'époque.
07:57 Et jusqu'à la mort de Darlan, à partir de la mort de Darlan,
08:00 il devient aussi haut-commissaire, il va accumuler les deux fonctions civiles…
08:04 – Et il est vice-président du comité français de libération nationale.
08:06 – Alors, ça, après, avec de Gaulle, c'est une histoire à répétition, bien sûr.
08:12 Mais Churchill, lors de la conférence d'Anfa,
08:15 tout le monde connaît la conférence d'Anfa,
08:17 la fameuse photo notamment de la poignée de main Girod-De Gaulle
08:20 face à Roosevelt et à Churchill.
08:22 Là, Churchill demande à Girod quelle est sa perspective stratégique.
08:27 Et Girod répond, je le cite parce que c'est important,
08:31 pourquoi ? "Primo, libérer l'Afrique, c'est en bonne voie.
08:34 Ensuite, sans perdre une seconde, occupez les trois grandes îles,
08:38 Sicile, Sardaigne et Corse.
08:41 Préparez là une base sérieuse, aérienne surtout, pour l'attaque de l'Europe.
08:46 Dès qu'on sera prêt, débarquez sur la côte italienne,
08:49 entre Livourne et Gênes.
08:51 S'emparer de la vallée du Pau, nettoyer le reste de la péninsule italienne
08:56 et préparer le débouché en Europe sur l'axe Udine-Vienne
09:01 par le fameux col de Ljubljana."
09:03 Donc, évidemment, cette perspective stratégique ravit Churchill,
09:07 dont on sait qu'il est lui un partisan du débarquement dans les Balkans,
09:12 de l'ouverture du second front que réclame Staline incessamment.
09:17 Churchill, lui, alors que Staline le veut le plus à l'ouest possible, bien entendu,
09:23 et il le dit dès juillet 1941, il envoie la mission Golikov
09:27 dès juillet 1941 à Londres et à Washington
09:30 pour demander l'ouverture du second front en Normandie,
09:33 dans le nord de la France, c'est très clair.
09:36 Donc, Staline, en juillet 1941, doit faire face à la Wehrmacht
09:42 qui s'approche de Moscou, mais déjà il pense à la suite.
09:45 - Il pense à la suite. - Il pense à la suite,
09:47 parce qu'il veut, évidemment, il envisage de mettre la main
09:50 sur une partie de l'Europe orientale et centrale.
09:52 - Alors qu'une offensive d'Annubienne permettrait d'éviter ça.
09:55 - Alors que l'offensive d'Annubienne permettrait, évidemment, d'empêcher Staline
09:58 de mettre la main sur l'Europe centrale et orientale,
10:01 et notamment sur la Pologne, et sur la Hongrie, et sur la Yougoslavie,
10:08 d'où le succès de cette offensive d'Annubienne,
10:11 le succès de ce principe auprès de Mijajlovic, le serbe,
10:15 et de Sikorski, le polonais.
10:17 - Alors, De Gaulle, lui, est opposé à cette offensive ?
10:20 - De Gaulle est opposé, parce que Staline, il est opposé.
10:23 - Vous développez ça, largement ?
10:25 - Je développe ça, et De Gaulle est lié par son alliance,
10:29 l'alliance qu'il a offerte à Staline le 25 juillet 1941 à Ankara,
10:33 et Staline a posé ses conditions,
10:36 pour défendre, réintégrer le parti communiste,
10:39 dissous par Daladier, etc., au sein de la communauté nationale.
10:45 Donc, ça passe par la résistance,
10:47 d'où la création du CNR par Jean Boulin,
10:50 pour réintégrer le parti communiste.
10:52 Donc, c'est la première condition qu'oppose Staline,
10:55 et la seconde condition, c'est évidemment,
10:58 la défense du lieu d'ouverture du second front,
11:02 le plus à l'ouest possible.
11:04 Donc, De Gaulle va progressivement évincer Giroud,
11:08 ce sera la véritable...
11:10 - Mais quand Giroud propose son plan,
11:12 quand Giroud élabore la mission Père Lambert,
11:14 que dit De Gaulle ?
11:15 - Non, mais De Gaulle ne fait rien, parce que De Gaulle est à Londres.
11:18 - D'accord. Alors, Giroud, lui, est à Alger.
11:20 - Il est à Alger. Il peut agir. Voilà.
11:23 - Le 25, donc là, novembre 1942, 25 juillet 1943,
11:28 il y a un nouvel événement qui, lui, se déroule à Rome.
11:31 Mussolini est destitué.
11:32 Et là, les troupes italiennes sont, moins qu'on puisse dire,
11:35 complètement... - Hésitantes.
11:36 - Déstabilisées. - Ils sont hésitantes, oui.
11:38 - Alors, qu'est-ce qui se passe ?
11:39 Sur le terrain, on a quoi ? On a quelques hommes de Giroud,
11:42 les résistants... - Les résistants corse.
11:44 - Les corse, mais qui ne bougent pas trop pour le moment.
11:47 - Et puis, qui sont en état, je dirais, d'oppression,
11:50 donc, et qui font ce qu'ils peuvent, les malheureux.
11:53 Les réseaux, la mission Père Lambert,
11:57 je dirais, s'amplifie de mois en mois,
12:01 sinon, de semaine en semaine.
12:03 Et là, Hitler délègue le général von Senger-Undeterlin,
12:10 c'est son nom, le général allemand.
12:12 - Friedel, un de son prénom.
12:13 - Friedel, un de son prénom, ça ne s'amende pas,
12:16 pour commander une unité allemande
12:20 qui s'appelle la Sturmbrigade Reichsführer SS,
12:24 qui est composée d'à peu près 7 à 8 000 hommes,
12:29 avec quand même une centaine de chars-tigres,
12:31 et d'autres chars, d'ailleurs, c'est un mélange,
12:34 et des annexes qui tiennent les aéroports et les ports.
12:40 - Donc, ça, c'est une unité allemande qui vient d'où ?
12:43 - Qui vient d'Italie.
12:45 - Qui vient d'Italie, d'accord.
12:47 - Et qui a pour mission de veiller sur la défaillance...
12:52 - Donc, qui s'installe dans la partie nord-est de la Corse.
12:55 - Ils sont un peu... Oui, nord-est, mais nord-est et sud aussi,
13:00 ils sont un peu partout, la Sturmbrigade est un peu partout,
13:03 mais surtout, oui, aux alentours de Corté aussi, voilà, bien sûr.
13:09 - Et alors, les troupes italiennes, elles,
13:11 ont, si je ne vous parlais des expressions,
13:13 ont le cul entre deux chaises ?
13:14 - Exactement, et ce n'est pas une situation facile,
13:16 surtout que le général Magli, commandant les forces italiennes,
13:21 est un ami de Kesselring, et Kesselring envoie précisément
13:26 von Sanger und Terlin pour, je dirais, pour conforter Magli.
13:33 Mais Magli, on verra peut-être ça par la suite,
13:38 mais jouera le jeu avec les Français jusqu'au bout.
13:41 - Donc, pendant ce temps-là, est-ce que les résistants du Front National,
13:46 ou tous les résistants fédérés par Colonel Estria,
13:49 se soulèvent, est-ce qu'on commence à faire des couronnements ?
13:51 - Non, non, non, ils commencent, c'est à partir de l'armistice.
13:54 - L'armistice qui est le 8 septembre ?
13:56 - Le 8 septembre.
13:57 - Les choses, effectivement, deviennent plus claires,
13:59 parce que l'Italie de Bario signe un armistice avec les Alliés,
14:03 et là, les troupes italiennes sont censées se battre contre les Allemands.
14:09 - Contre les Allemands, ils reçoivent l'ordre de Roatta,
14:11 qui est le nouveau ministre de la Défense italien,
14:13 c'est un ordre secret, bien évidemment,
14:16 mais toutes les unités italiennes ne vont pas suivre cet ordre et obéir, évidemment.
14:21 - Parce que les unités italiennes sont composées de quoi ?
14:24 - Alors, les unités italiennes, c'est un mélange de fantasmes,
14:28 de toutes les unités, mais il y a parmi elles les fameuses chemises noires,
14:32 qui sont, elles, cataloguées fascistes,
14:35 mais parmi ces chemises noires, il y a une unité que dirige le Colonel Cagnoni,
14:43 si je me souviens bien de son nom, qui habite Bastia, qui est à Bastia,
14:47 et qui lui va prendre le parti de résister.
14:51 - Ce que vous expliquez, c'est qu'il a un ressentiment, je crois, aussi,
14:53 - Il a un ressentiment, il avait un père sénateur qui a été plus ou moins bastillé par Mussolini,
14:58 et il en veut fortement, et donc, il va proposer à la Résistance de l'aider secrètement,
15:05 et il va même proposer de mettre son fils en otage, auprès de la Résistance.
15:10 - Donc, il y a vraiment des contacts qui s'établissent, d'une manière, entre gentlemen.
15:15 - Entre gentlemen, et lors du soulèvement de la population, le 8 et le 9 septembre,
15:23 le délégué de Girod, le Jean Moulin-Corse, c'est un cycle que je le vois,
15:30 à Paul Colonat d'Istria, je dis le Jean Moulin, parce qu'il dispose à la fois
15:34 des liaisons radio, de l'argent, des armes, etc.
15:39 Donc, il joue, évidemment, le rôle de patron de la Résistance au moment où il le faut,
15:46 et d'ailleurs reconnu partout, y compris par les communistes, bien sûr.
15:50 C'est le chef de la Résistance.
15:52 Il demande, dès qu'il demande à Magli, dans la nuit du 8 au 9, il pose ultimatum avec nous ou contre nous.
16:01 Et Magli, le général italien, dit "avec vous".
16:05 Mais il est évident que là, tous ses commandants ne sont pas d'accord,
16:12 et donc il n'est pas sûr de ses troupes.
16:15 Mais quand même, la majorité de ses troupes, et notamment tout ce qui est de l'artillerie,
16:23 jouera parfaitement le jeu et aidera à la prise de Bastia.
16:27 - Nous allons y revenir.
16:29 Donc, Giroud, en Algérie, qu'est-ce qui se passe ce soir-là ?
16:32 On continue de préparer un éventuel débarquement en Corse.
16:37 - On prépare le débarquement en Corse.
16:39 - Avec quels moyens ?
16:41 - Alors là, avec des troupes de montagne, essentiellement,
16:44 c'est le général Henri Martin que Giroud choisit,
16:47 parce que c'est un spécialiste de la montagne,
16:49 et si Giroud le choisit précisément, c'est parce qu'il y a ce débouché sur les Balkans.
16:54 Il faut être un spécialiste de la guerre en montagne, bien sûr.
16:58 Je dirais que tout est préparé dans ce sens-ci.
17:01 - Pour ceux qui connaissent la Corse, c'est quand même un relief un peu difficile.
17:03 - C'est assez montagneux.
17:04 Et puis Giroud crée le fameux bataillon de choc, au sort du commandant Gambiez.
17:09 Alors le bataillon de choc est une unité totalement nouvelle dans l'armée française.
17:13 C'est une unité de commando, comme on l'a connue après,
17:19 mais qui n'existait pas à l'époque, avec entraînement à l'anglaise,
17:23 coups de main, au poignard et de nuit.
17:27 - Alors justement, c'est révélateur, et là il faudrait qu'on en parle un petit peu,
17:31 c'est révélateur finalement de la personnalité du général Giroud,
17:34 parce qu'on voit donc le coup de main, enfin,
17:37 il renonce à une offensive d'envergure qui n'est pas possible au but des moyens.
17:41 - Non, c'est plus possible.
17:42 - Et donc lui, il va donc privilégier le coup de main.
17:45 Est-ce que c'est dans le caractère du général Giroud ?
17:48 - Oui, d'après ce que dit son entourage, c'est dans son caractère.
17:51 Il est à la fois stratège et il est un spécialiste, comme disait Gambiez d'ailleurs,
17:56 de la stratégie indirecte.
17:58 C'est un homme qui utilise tout, qui s'adapte aux circonstances,
18:03 pour lui rien n'est à arrêter définitivement, c'est le terrain qui commande,
18:07 c'est la situation, c'est le moment qui commande.
18:09 Donc il a quand même vu, sur le plan géostratégique,
18:15 cette perspective de l'offensive danubienne,
18:19 et sur le plan concret, pour aider la résistance locale,
18:25 il a très bien vu que seule une unité de commando pouvait faire l'affaire.
18:29 Et d'ailleurs, elle fera formidablement l'affaire.
18:31 - Et son bataillon de choc, c'est combien ?
18:33 - Ils étaient 600 à peu près.
18:35 600 répartis en 3 compagnies, et puis autant de petits groupes
18:40 qui se sont mêlés aux résistants et qui vont notamment à Lévis,
18:43 à Lévis, assurer un peu...
18:45 - Donc ces petits groupes, eux, sont en revanche amenés en Corse ?
18:49 A partir de quelle date à peu près ?
18:50 - Ils vont être amenés en Corse à partir du 13 septembre.
18:55 Gambiès débarque le 13 septembre.
18:58 - Alors que l'insurrection, elle a été déclenchée le 8.
19:00 - Elle a été le 8, mais enfin l'insurrection a commencé,
19:03 elle se fait dans la nuit du 8 au 9 à Bastia,
19:06 parce que les Allemands vont vouloir mettre la main totale sur le port de Bastia,
19:10 parce qu'ils veulent réembarquer un certain nombre de leurs troupes
19:13 qui viennent de Sardaigne.
19:14 - Oui, donc ils font en parler, donc la K-29 Panzer qui débarque de Sardaigne,
19:17 qui traverse toute la Corse.
19:18 - Qui traverse toute la Corse, et c'est pour ça que Paul-Colonel d'Istria
19:23 lance un appel le 9 au soir à Giraud en disant
19:27 "la Corse demande l'aide de l'armée".
19:30 Et il était prévu à l'origine un débarquement appuyé par un soulèvement.
19:35 A partir du moment où les choses sont inversées, il y a soulèvement,
19:39 et donc le débarquement vient au secours des insurrections.
19:43 - On se retrouve un peu finalement dans la même situation que la libération de Paris.
19:46 - Exactement, tout à fait.
19:47 - Alors, il y a un personnage, un acteur important de ce soulèvement,
19:55 c'est un sous-marin, c'est le Casabianca qui joue un rôle...
20:01 - C'est un sous-marin légendaire.
20:02 Les allemands l'appelleront le bateau fantôme d'ailleurs, qui va...
20:07 - Oui, parce que dès le début de la mission Père Larbaud...
20:10 - Oui, parce qu'il réussit à s'évader de la souricière de Toulon
20:15 au moment, malheureusement, du sabordage de la flotte.
20:18 - Commandé par le commandant Lerminier.
20:19 - Il est commandé par le légendaire commandant Lerminier,
20:22 qui va le commander jusqu'au bout et malgré ces maladies,
20:27 il sera d'ailleurs amputé des deux jambes tout de suite après la libération de la Corse, le malheureux.
20:33 Il continuera de vivre, mais enfin il sera quand même là très très handicapé.
20:37 Et ce n'est plus lui qui ne commandera le sous-marin.
20:40 Mais le sous-marin...
20:41 - Alors, racontez-nous l'épopée du Casabianca.
20:43 - C'est une épopée extraordinaire, parce que dès le 13 et 14,
20:47 il débarque la première mission Père Larbaud,
20:53 avec armes, munitions, etc., argent, etc. pour la Corse.
20:58 Et alors, il va répéter l'affaire au moins une bonne demi-douzaine de fois,
21:03 jusqu'en 1943, où là il va passer à l'étape supérieure,
21:09 c'est-à-dire qu'il va embarquer...
21:11 - Pratiquement une centaine d'hommes.
21:12 - Une centaine d'hommes, je crois 107 commandos.
21:16 - Il diminue l'équipage d'un tiers.
21:19 - D'un tiers, pour pouvoir embarquer.
21:21 Et il le fait contre évidemment tous les avis des sous-mariniers alliés
21:26 qui sont là et qui trouvent la chose ahurissante.
21:28 - Alors il débarque comment, avec des yoyous ?
21:30 - Non, non, non, il débarque, il arrive jusqu'à quai.
21:33 - Ah oui, d'accord, mais sinon, avant la direction, donc.
21:37 - Non, c'est extraordinaire, parce qu'il arrive pratiquement sur la plage.
21:41 Et les marins corse sont ahuris, parce qu'ils pensent que c'est un rocher.
21:46 Et puis ils s'aperçoivent que c'est le sous-marin.
21:49 Et vraiment, comme dit Lhermier, nous avons raclé les fonds corse.
21:53 Et ça, il a fait mieux, plus que raclé, car à l'époque, je le rappelle, il n'y a pas de radar.
21:58 Il y a un peu de sonar, mais tout se fait, je dirais, manuellement.
22:02 - Il a vu, il a vu.
22:04 - C'est un exploit extraordinaire, et je vous dis,
22:08 qui provoque l'admiration des alliés, qui sont très sceptiques, évidemment,
22:12 sur la réussite de cette opération corse, qui est folle,
22:16 parce qu'ils sont engagés, eux, les alliés, sont engagés sur l'affaire de Salernes,
22:21 qui tourne mal d'ailleurs, puisque le général Clark envisage même de rembarquer ses troupes,
22:26 et qu'on garde la marine dans le port de Salernes, pratiquement dans la baie de Salernes,
22:30 pour rapatrier et tout, parce que les hommes de Kesselring réagissent durement et fortement.
22:37 Donc les gyros se demandent à Eisenhower, qui lui avait promis des bateaux,
22:42 mais là, qui ne peut distraire aucun bateau.
22:44 Donc les Français vont faire ça avec les moyens du bord, c'est le cas de le dire,
22:48 et le bord n'est pas large et pas nombreux.
22:50 C'est une demi-douzaine de bateaux qu'on a sauvés.
22:53 - Donc là, c'est le déclenchement, ce qu'on appelle véritablement le déclenchement des opérations.
22:57 - Le déclenchement des opérations à partir, les militaires, véritablement, à partir du 13 septembre.
23:03 - Alors, ça consiste en quoi ? Concrètement parlant, on a...
23:06 - Il y a combien d'hommes ? Quels sont les forces, les moyens ?
23:09 - Alors, concrètement, en 5-6 jours, la marine française,
23:13 enfin, ce qu'il nous reste de la marine française, va débarquer environ 7000 hommes.
23:19 Voilà, 7000 fantassins, dont les fameux goumiers que je mis pratiquement en couverture de mon livre,
23:25 parce que c'est eux qui vont donner l'assaut au col de Tegim,
23:28 qui sera fortement renforcé par les Allemands.
23:32 - Le col Telling, qui est au sud de Bastia.
23:34 - Le col Telling, qui est au sud et qui surplombe Bastia,
23:37 et qui descendront sur Bastia le 4 au matin.
23:41 - Alors, donc, la situation est tendue militairement,
23:45 parce que j'imagine que pour les insurgés, c'est pas facile en attendant les renforts.
23:49 - Non, non, ça c'est pas facile.
23:50 Mais heureusement, il y a les chocs qui sont là, il y a les chocs qui se dissimulent rapidement.
23:54 - Qui les attaquent. - Heureusement.
23:55 - Et là, on insiste à une nouvelle manœuvre politique de De Gaulle.
23:59 C'est ça qui est intéressant dans votre livre, parce qu'on a toute l'histoire militaire qui sous-tend l'action,
24:05 et puis au-delà, on a toutes les manœuvres politiciennes du Parti gaulliste, finalement.
24:09 - C'est vrai, c'est vrai.
24:11 - Donc, la nouvelle manœuvre politique de De Gaulle, avec l'instauration d'un commissariat à la défense.
24:17 - Voilà, bon, les deux généraux fondent le CFLN, le Comité français de la libération nationale,
24:23 le 3 juin 1943, ensemble, ils sont tous les deux co-présidents.
24:27 Mais, De Gaulle, lors du soulèvement de la Corse, Giraud prévient De Gaulle et lui dit "il faut y aller".
24:36 Mais De Gaulle dit qu'il n'a pas été prévenu, c'est faux, il a été prévenu, évidemment, aux Aurores,
24:41 et il est prévenu depuis longtemps de la mission Pearl Harbor, et de la mission...
24:45 Car il a eu, lui aussi, un envoyé du BCRA, le fameux Scamaroni, qui, le malheureux, a été fait prisonnier.
24:54 - Il a envoyé des services de renseignement gaullistes.
24:57 - Des services du BCRA, des services de renseignement gaullistes, au cours de l'année 1943.
25:00 - C'est un agent qui est envoyé en Corse ?
25:02 - C'est un agent qui est envoyé en Corse, qui a fondé le réseau R2 Corse, si je me souviens bien, Action R2 Corse.
25:10 Et malheureusement, il y a eu une trahison dans le réseau, et il a été arrêté, et il s'est suicidé pour ne pas parler.
25:20 Mais son réseau a été, évidemment, totalement dispersé, et s'est rallié au réseau géodiste, et donc au Front National.
25:30 Tout s'est harmonieusement, d'ailleurs, après ce drame atroce du suicide de Scamaroni,
25:36 s'est marié harmonieusement pour la libération.
25:40 Et c'est peut-être une des seules fois où on a vu civils et militaires œuvrer ensemble à la libération.
25:47 Et il n'y a que des Français.
25:50 - On y reviendra.
25:53 - Mais c'est vrai que le général de Gaulle, là, évidemment...
25:55 - Donc, alors, je voudrais revenir à la séduction du commissariat à la défense. Qu'est-ce que ça signifie pour Jean ?
26:00 - Alors, là, c'est une manœuvre de de Gaulle, parce que, comme de Gaulle voit très bien que la libération de la Corse,
26:08 c'est le début, l'étape, la première étape de cette offensive danubienne, et que Staline n'en veut pas,
26:14 et que de Gaulle a promis qu'il ferait tout pour empêcher cette offensive danubienne.
26:19 De Gaulle s'élève assez violemment contre, je dirais, cet effondre militaire sur la Corse,
26:29 quoi qu'il dise dans ses mémoires, bien entendu.
26:32 Et il accuse Giraud, il dit "ça va être un bain de sang, vous porterez la responsabilité devant l'histoire".
26:37 Giraud dit "j'assume, évidemment, il ne peut pas faire autrement".
26:40 Il dit "si nous n'intervenons pas, la 90e Panzer débarque de Sardaigne, alors là, ça va être le massacre absolu".
26:47 Donc, de Gaulle va jusqu'à, alors évidemment, le tourment entre les généraux,
26:53 et de Gaulle se lève et claque la porte, il le fait, c'est la troisième fois qu'il le fait.
26:58 Bon, le comédien qu'il est, le remarquable comédien qu'il est, use de toutes les astuces.
27:06 D'ailleurs, il dit "à force de claquer les portes en flottant, je n'en trouverai plus en rentrant".
27:11 Bon, ça c'est son humour.
27:13 Donc, il y a cette opposition, et à ce moment-là, le 27 septembre,
27:17 donc nous sommes en pleine bagarre, juste avant la prise du col de Teguim,
27:21 le Kremlin fait savoir à de Gaulle qu'il ne verrait pas volontiers, c'est le télégramme que je cite dans mon livre,
27:28 il ne verrait pas volontiers que l'effort des armées anglo-saxonnes se dirige vers les Balkans.
27:34 Et le même jour, le même jour exactement, ce même 27 septembre,
27:38 de Gaulle fait répondre à Avalov, le colonel Avalov, qui est colonel du NKVD,
27:43 qui est en poste à Alger, qui dirige la mission militaire de rapatriement des ressortissants soviétiques,
27:51 mais qui est en réalité colonel du NKVD, que de Gaulle connaît bien,
27:55 et qu'il reçoit d'ailleurs, qu'il voit assez souvent.
27:58 Il lui dit qu'il va coiffer Giraud d'un ministre de la Défense,
28:05 donc pour le neutraliser, grosso modo, et qu'il envisage bientôt dévincer Giraud du CFLN,
28:13 c'est-à-dire du Comité français de la Libération nationale, dont Giraud est président.
28:17 Cette éviction politique permettra évidemment l'éviction militaire un peu plus tard, en avril 1944.
28:26 – Bien, alors, revenons sur le terrain.
28:30 Les hommes de l'opération Vésuve débarquent au fur et à mesure,
28:34 et le gros point chaud, si je puis dire, c'est Sebastien.
28:38 – Sebastien, Sebastien.
28:39 – Sebastien, parce que c'est le port qui permet l'évacuation des Allemands.
28:43 – C'est le port qui permettra aux Allemands de réembarquer,
28:45 et de s'embarquer vers l'Italie, vers Salerne,
28:49 parce qu'il y a la campagne d'Italie qui a commencé avec la prise de la botte,
28:53 par le bas de la botte, par la 8e armée de Montgomery,
28:57 et puis de Salerne par la 5e armée de Clark.
29:01 Donc oui, c'est…
29:05 – C'est un point stratégique.
29:08 – C'est un point stratégique, Bastien, évidemment.
29:10 C'est une ville qui va être durement, durement touchée.
29:16 Elle l'a été déjà pendant toute la guerre,
29:18 parce que les Italiens qui occupaient Bastia,
29:25 dans la nuit du 8 au 9,
29:27 vont empêcher les Allemands de s'emparer véritablement du port,
29:31 et vont y réussir, donc ils vont faire prisonnier…
29:33 – Il y a une vraie résistance italienne.
29:35 – Il y a une vraie, et c'est le fameux colonel Cagnoni, là, qui va œuvrer.
29:39 Ils vont chasser les Allemands,
29:41 qui vont évidemment essayer de reconquérir Bastia,
29:43 et qui vont réussir à reconquérir Bastia, le 13,
29:47 et qui vont réussir à subir et à résister à tous les assauts.
29:51 – Donc là, violent combat entre les Italiens et les Allemands.
29:54 – Et les Allemands, et ensuite avec les Français et des Italiens,
29:59 contre les Allemands, et c'est là que les ghouls vont se faire remarquer.
30:03 – Pour nos téléspectateurs, Bastia, il y a le col de Teguim.
30:07 – De Teguim, et Bastia est en dessous.
30:10 Et donc il suffit de descendre.
30:12 Enfin, il faut d'abord prendre le col.
30:14 – D'accord, et donc là, les combats vont durer de combien de temps ?
30:16 – Les combats vont être durs, ça va durer à peu près 4-5 jours,
30:20 à peu près d'une semaine, parce que ça commence le 30,
30:23 sous un cielité, sous un orage terrible, etc.
30:26 Mais les ghouliers vont exceller,
30:29 puisqu'ils sont des guerriers de la montagne,
30:32 vont exceller et vont réussir à déborder les troupes allemandes,
30:36 pourtant particulièrement bien retranchées,
30:39 et particulièrement bien appuyées par les chars-tigres.
30:43 Et une aviation allemande encore très opérationnelle,
30:47 alors que l'aviation anglaise, anglo-saxonne, là, est absente.
30:51 – Elle viendra plus tard, dans d'autres circonstances.
30:55 – Oui, heureusement.
30:56 – Un petit mot, justement, sur von Stringer und…
30:59 – C'est un vétéran de la Russie, puisqu'il commandait, si je me souviens bien,
31:05 la 17ème brigade, qui avait trinqué fortement en Russie,
31:11 et qui est un familier de Kesselring,
31:14 et qui est vraiment un bon général sur place,
31:19 qui voit très bien et très vite que la situation est difficile,
31:24 et qu'ils ne pourront pas tenir la Corse.
31:27 Mais Kesselring, qui va débarquer en Corse,
31:30 Kesselring va débarquer en Corse, si je me souviens bien, le 19 septembre,
31:34 pour obliger von Stringer und Netterlin à reconquérir la Corse.
31:39 Puis il va s'apercevoir, quand même, sur le terrain,
31:44 que son subordonné a raison et que la reconquête de la Corse est difficile.
31:49 Donc il faut organiser le départ.
31:53 – L'éducation.
31:55 – Et puis l'Italie, la campagne d'Italie, sont pleines,
32:00 et ils ont besoin de troupes, et le 90ème Panzer.
32:05 – Donc finalement, il décide de sacrifier…
32:07 – Donc il décide pratiquement de sacrifier la Sturmbrigade,
32:10 oui ça c'est sûr, parce qu'elle va y rester, si on peut se dire.
32:15 – Et donc ce général allemand, il est confronté aussi à un autre problème,
32:19 on lui demande de fusiller…
32:21 – Oui, évidemment, devant la défection des Italiens, Hitler dit non,
32:25 enfin c'est von Stringer qui le raconte,
32:28 dit qu'il faut fusiller tous les officiers italiens.
32:31 Bon, von Stringer évidemment refuse, mais refuse,
32:35 et je dois dire que Kesselring le couvre, voilà.
32:38 Donc manifestement il a un acte de courage,
32:41 il se fera d'ailleurs féliciter par Hitler pour avoir réussi
32:45 le réembarquement d'une partie de la 90ème Panzer
32:49 sans perdre trop de matériel et d'hommes,
32:52 mais ils vont quand même perdre pas mal,
32:55 puisque au final c'est près de 1500 soldats allemands
33:00 qui vont y laisser leur vie,
33:02 alors que les français ne perdront pratiquement que 300, 300, 300, 300…
33:07 – Et les italiens aussi pas mal, 600, 600, 700.
33:09 – Les italiens près d'un millier, oui.
33:11 – D'ailleurs Stringer von Kesselring, lui aussi,
33:14 on n'est plus dans la Faircourt mais il se distingue au Monte Cassino, je crois.
33:18 – Ah, je le sais aussi.
33:20 – Non, je me suis renseigné sur le personnage, il est catholique.
33:23 – Oui, c'est un polichien.
33:25 – Je ne sais pas s'il est polichien, mais il est catholique,
33:28 et c'est lui qui négocie un cessez-le-feu
33:30 avec la question des moines bénédictins.
33:32 – Ah, bon ben généreux ça, généreux ça.
33:34 – Donc, bataille de Bastia, finalement les allemands réembarquent tous.
33:39 – Les allemands réembarquent tous, enfin tous,
33:42 en laissant quand même un certain nombre de prisonniers.
33:46 – Leur général lui aussi réussit à…
33:48 – Mais le général Langerhausen qui commandait la 90e Panzer
33:52 réussit quand même à sauver, je dirais, les trois quarts de la 90e Panzer.
33:57 – Donc ils rembarquent leur char.
33:58 – Alors, ça se passe mal pour Bastia, évidemment,
34:04 parce que c'est Bastia qui trinque, la population est obligée en partie de fuir,
34:09 la majorité de la population est partie de fuir,
34:11 et elle revient le 4 au matin avec la libération de Bastia.
34:16 – Et là, il y a un nouveau drame.
34:18 – Il y a un nouveau drame, alors que la Corse est libérée,
34:22 Bastia est libérée, le bombardement stratégique américain qui ignore,
34:34 et qui peut l'ignorer d'ailleurs parce que ça se joue à l'heure près,
34:38 je crois que le bombardement a lieu à 10h du matin
34:41 et la ville est libérée quelques heures avant, simplement.
34:45 Donc évidemment, les ordres ont été donnés de bombarder Bastia
34:49 pour empêcher précisément la...
34:51 Donc ils ignorent que Bastia est libérée.
34:54 – Et là, ils font la chose à l'américaine.
34:56 – À l'américaine, c'est-à-dire qu'ils bombardent de très haut,
34:58 et on connaît les américains,
35:01 et on a vu ce qu'ils avaient fait en Normandie et ailleurs,
35:04 et là, on compte 300 à 400 morts parmi la population civile.
35:09 – Donc le gros des morts de la population civile est dû au bombardement.
35:13 – Au bombardement américain et après la libération.
35:16 C'est quand même extraordinaire.
35:18 – Donc avec Bastia, la Corse est libérée.
35:22 – La Corse est libérée, libérée par les seuls Français,
35:25 d'ailleurs l'écrivain, il y a Ehrenburg, dira que la Libération de la Corse,
35:33 c'est la France qui libère la France.
35:35 Mais ça a été, comme dit Giraud, quand même une libération à la française,
35:39 c'est-à-dire avec des bouts de chandelles,
35:41 à la française véritablement sans moyens, mais grâce au courage.
35:45 – Parce qu'il y a dix bateaux à peu près qui sont des rescapés de la flotte française.
35:49 – Dix bateaux rescapés de la flotte française,
35:51 et à part le fantasque et le terrible qui sont des stroyers de très grande valeur,
35:57 puisque ils sont les plus modernes de l'époque.
35:59 – J'ai lu, ils font la Noria, les alertons à 38 nœuds.
36:05 – À 38 nœuds.
36:06 – C'est-à-dire qu'on est quasiment à 50-60 km/h.
36:09 – C'est ailleurs ici, bien sûr, mais tout le monde est sur le pont,
36:12 et donc tout le monde est à la merci de la Luftwaffe qui est basée sur la Sardaigne.
36:17 Donc c'est un pari gigantesque, évidemment les alliés s'y opposent,
36:22 ils disent non seulement qu'ils n'offrent pas de bateaux,
36:26 mais ils disent que c'est pire que le ravitaillement de Tobrouk, bien sûr.
36:30 Mais Giraud le fait, il ne peut pas ne pas le faire,
36:35 il le dit, ça sera le massacre si l'armée n'intervient pas.
36:39 – Et donc après la libération, voici de nouveau de Gaulle qui finalement, lui, récupère l'affaire.
36:46 – Parce qu'à partir du 21 septembre, les alliés s'entendent quand même
36:50 que l'affaire tourne à l'avant, page des Français,
36:54 annonce par la voix de Churchill aux communes,
36:57 l'intégration du CFLN, du Comité Français dans la Commission Européenne.
37:04 Donc c'est la première fois que le Comité Français de la Libération Nationale
37:08 va intégrer une des structures…
37:11 – C'est le retour de la France sur la scène internationale.
37:13 – C'est le retour de la France et c'est dû à Giraud.
37:15 Et donc évidemment à ce moment-là,
37:17 de Gaulle décide de reprendre la main et prépare son voyage en Corse.
37:21 – Et alors comment ça se passe ?
37:23 – Et il arrive le 5, mais curieusement d'ailleurs, il se trompe dans ses mémoires,
37:26 il se trompe de date, il dit qu'il arrive le 8, non, il arrive le 5, tout de suite après,
37:32 et il fait ses grands discours à Injaccio et à Bastia.
37:35 – Il fait la tournée des Grandes Villes.
37:37 – C'est une tournée triomphale bien sûr,
37:39 parce qu'on connaît l'orateur et il sait parler et voilà.
37:44 Donc il récupère l'affaire et alors ce qui est extraordinaire,
37:48 c'est que progressivement, la Libération et le libérateur de la Corse sera de Gaulle et pas Giraud.
37:55 – Mais Giraud lui, il vient en Corse quand même ?
37:57 – Oui bien sûr, il revient, mais il va s'occuper essentiellement des unités,
38:02 parce qu'il va réarmer la Corse, évidemment il va réarmer la Corse.
38:06 Et surtout les alliés vont construire 17 aéroports.
38:10 – Voilà donc ça devient un véritable, enfin un porte-avions.
38:13 – Ça devient un porte-avions et d'ailleurs les américains l'appelleront la Corse,
38:17 USS Corsica, c'est un nom.
38:19 – On est à quoi, on est à 150 km de l'État français ?
38:21 – 150 près de Provence mais à 80 km des côtes italiennes.
38:25 Et du débarquement entre Niveau-René-Gênes si on avait suivi la stratégie giraudiste.
38:33 – Donc De Gaulle, enfin De Gaulle récupère l'affaire,
38:36 vous citez l'exemple d'une place, la place Bastia qui s'appelle la place Giraud.
38:41 – Oui parce que la place est devenue évidemment la place générale de Giraud,
38:43 c'était le libérateur quand même, la Corse le savait.
38:46 Mais après l'éviction de Giraud du CFLN et surtout son éviction militaire en avril 1944,
38:51 François Coullée, l'homme-liche de De Gaulle qui est sur place
38:54 et qui suit les affaires politiques, va faire en sorte que ça devienne la place générale de Giraud.
38:58 C'est toujours la place du général De Gaulle.
39:00 – Il y a des places ou des rues Giraud en Corse ?
39:03 – Oui en Corse, à Porto Vecchio, une très belle place, à Bastia, un collège Giraud.
39:08 Mais curieusement à Ajaccio, c'est-à-dire la capitale de la Corse, il n'y a toujours rien.
39:13 – Et à Bastia non plus.
39:14 – A Bastia si, il y a toujours eu à Bastia.
39:18 Mais rien à Ajaccio.
39:20 Donc le seul à ne pas avoir une rue parmi les généraux français de la dernière guerre,
39:26 le seul à ne pas avoir de place ou de rue à son nom,
39:31 à Ajaccio dans la capitale de la Corse, c'est le libérateur de la Corse.
39:35 – Alors donc son nom a été occulté à tel point que même vous citez Mitterrand en 83.
39:40 – Oui, pour le 40ème anniversaire, le nom de Giraud n'a même pas été prononcé une fois par le président.
39:46 C'est comme ça, on efface.
39:48 Alors Staline effaçait les images, les photos, les portraits sur les photos,
39:54 nous on efface les noms.
39:56 – Bon, on va voir ce que ça donne la semaine prochaine, cette semaine,
40:00 comment dire, avec les commémorations du 80ème anniversaire.
40:04 – Oui, avec les commémorations, tout à fait.
40:05 – Vous y serez ?
40:06 – Oui, j'y serai à Porto Vecchio en tout cas, j'y serai le 8, le 9 et le 10
40:10 et puis peut-être à Bastia un peu plus tard,
40:12 parce que Bastia est évidemment libéré seulement le 4 octobre.
40:16 – Alors, j'invite nos téléspectateurs donc à se référer
40:20 pour voir tous les détails de cette opération absolument incroyable.
40:23 Donc vous sous-titrez l'histoire très secrète de la libération de l'accord
40:26 parce que, on vient de le voir, ça a été largement occulté par la suite.
40:31 Donc Henri-Christian Giraud, "Opération Vésuve" aux éditions du CERN.
40:38 Henri-Christian Giraud, merci infiniment.
40:41 – Merci à vous.
40:42 – Et une prochaine fois, d'autres histoires sur De Gaulle, De Gaulle d'Algérie,
40:46 on pourrait en reparler bientôt.
40:48 – Pourquoi pas.
40:49 – Merci infiniment.
40:51 Vous allez maintenant retrouver la petite histoire de Christopher Lanne,
40:56 mais en attendant, n'oubliez pas de cliquer sur le pouce levé sous la vidéo
40:59 et de vous abonner à notre chaîne YouTube.
41:01 Merci et à bientôt.
41:03 [Générique]
41:18 Qu'est-ce que La Gaulle ?
41:19 Eh bien, La Gaulle, c'est tout d'abord un territoire qui s'étend au nord de la Manche,
41:24 jusqu'au sud, les Pyrénées, à l'est, les Alpes et le Rhin,
41:28 et à l'ouest, bien entendu, la façade atlantique.
41:30 Mais sur ce territoire vivaient un peuple, ou plutôt des peuples.
41:34 Ces peuples étaient tous bien distincts
41:36 et n'avaient pas du tout le sentiment d'appartenir à un même peuple,
41:39 encore moins à une nation.
41:41 Malgré tout, ces peuples avaient tout de même des choses en commun,
41:43 les deux principales étant la langue indo-européenne et la religion.
41:48 En langue indo-européenne, je veux bien sûr parler du celte, évidemment.
41:51 En outre, les chefs de ces peuples se réunissaient parfois en concile,
41:56 le concilium galliarum,
41:58 pour délibérer sur tel ou tel problème.
42:01 À partir de là, il est difficile de dire que La Gaulle n'existait pas.
42:04 Il y avait des peuples différents, certes,
42:06 mais La Gaulle, elle, était bien reconnaissable, bien distincte.
42:09 Une idée reçue qui circule largement sur les Gaulois,
42:12 c'est que c'était des sauvages, des sortes de barbus poilus
42:15 qui couraient tout nus à une lance à la main,
42:18 et qu'ils vivaient en tribu.
42:19 Eh bien, pas du tout, les Gaulois étaient très civilisés,
42:22 ils vivaient en cité, sur le modèle grec,
42:25 et avaient même des lois qui étaient issues du monde méditerranéen, romain et grec.
42:29 Il y avait une assemblée du peuple, un sénat, et même des magistrats.
42:33 On voit bien ici l'influence romano-grecque.
42:35 Et si je parle d'influence, c'est bien sûr parce qu'ils n'étaient pas isolés du reste du monde.
42:39 Ils avaient des contacts commerciaux très étroits avec Rome,
42:43 notamment ils importaient du vin de Rome,
42:45 mais aussi les cités grecques de la côte méditerranéenne,
42:48 comme Marseille par exemple.
42:50 Oui, Marseille n'était pas une ville gauloise,
42:52 de même qu'aujourd'hui, quand on y va, c'est à se demander si elle est aujourd'hui une ville française.
42:56 Bon, ça c'est un autre sujet, on va pas rentrer dans les détails, laisse tomber.
43:00 Enfin, les Gaulois ont connu depuis longtemps la Macédoine,
43:03 à qui ils fournissaient des mercenaires.
43:05 Par ailleurs, ils savaient construire des villes, des belles villes,
43:08 et bien protégées en plus.
43:10 Le fameux Murus Gallicus a fait l'admiration de César.
43:13 Vous pouvez d'ailleurs en trouver une reproduction aujourd'hui à Bibracte, dans le Morvan.
43:18 Alors les Gaulois n'ont pas laissé de littérature,
43:20 pour la simple et bonne raison qu'ils n'écrivaient pas,
43:23 et que tout se transmettait à l'oral par l'intermédiaire des prêtres, les fameux druides.
43:27 Concernant la population, elle était divisée en deux parties,
43:30 en deux classes sociales, dirait-on aujourd'hui.
43:32 Les nobles, qui possédaient les terres,
43:34 avaient le monopole du commerce et pouvaient battre monnaie.
43:37 Par ailleurs, les prêtres étaient recrutés parmi le milieu des nobles.
43:40 Et les hommes libres, ce qu'on appelait les hommes libres en tout cas,
43:43 puisque leur statut était proche de l'esclavage.
43:46 Et d'ailleurs, ça a fait de la peine à César.
43:49 C'est pour dire, pour faire de la peine à César,
43:51 franchement, fallait vraiment être dans la merde.
43:53 Cette société était très violente,
43:55 la violence était très présente dans les guerres entre peuples.
43:58 On a retrouvé encore récemment un immense charnier avec des corps sans tête, c'est pour vous dire.
44:04 Par ailleurs, il en émanait un certain raffinement,
44:07 comme peuvent en témoigner tous les objets d'art qui ont été retrouvés
44:10 et qui suscitaient l'intérêt des Romains.
44:12 Concernant le rôle des femmes, dans les sociétés celtes,
44:15 les femmes étaient bien plus libres que leurs cousines du monde méditerranéen.
44:19 Elles pouvaient devenir reines et même chefs de guerre,
44:22 comme par exemple sur l'île de Bretagne.
44:24 [Musique]
44:51 Parlons maintenant de la conquête de la Gaule.
44:53 De quoi est-elle partie ?
44:54 Et bien tout simplement de l'ambition d'un homme, Jules César,
44:57 à qui il fallait une grande guerre, une grande conquête,
45:00 pour pouvoir s'enrichir et gagner en notoriété afin de devenir un grand général,
45:05 puis de rejoindre Rome pour éventuellement y prendre le pouvoir.
45:09 Alors déjà dans les années qui ont précédé la conquête de la Gaule, en -52 av. J.-C.,
45:13 ce qu'il faut savoir c'est que César avait déjà essayé de déclencher la guerre sans succès.
45:18 Par exemple en 58, il a provoqué un conflit avec les Helvètes,
45:22 qui voulaient quitter leur montagne pour se rendre en Saint-Onge.
45:25 Ensuite il a attaqué Arioviste, le roi des Suèves,
45:28 qui ne demandait rien à personne et qui n'a pas compris ce qui lui arrivait.
45:31 Mais tout ça, bien que ça ait été des deux victoires pour César,
45:34 n'a pas suffi à provoquer le grand conflit qu'il espérait.
45:37 Il va alors passer à la vitesse supérieure en 57,
45:40 57 av. J.-C., en attaquant les Belges.
45:43 Vous voyez quand on veut se refaire une petite santé, il faut toujours attaquer les Belges.
45:46 "Ah mais ça va, c'est pour rire !"
45:47 Ensuite en 56, il va attaquer les peuples de l'Ouest,
45:50 les jugés moins menaçants, moins costauds,
45:52 mais il n'aura à réprimer que quelques révoltes durant trois ans.
45:56 Une fois de plus, son plan a échoué.
45:58 En 52 av. J.-C., César va enfin obtenir ce qu'il souhaitait,
46:02 une révolte générale.
46:04 La révolte n'est pas totalement générale,
46:06 mais c'est quand même une grosse révolte qui a été menée par un homme,
46:09 un grand guerrier que vous connaissez,
46:11 Vercingétorix.
46:13 Vercingétorix va tout d'abord pratiquer la stratégie de la terre brûlée
46:16 et va parvenir à chasser totalement César de la Gaule septentrionale.
46:20 Il va l'obliger à se replier par le sud,
46:22 mais malheureusement il va ensuite changer de stratégie
46:25 pour opter pour la stratégie du marteau et de l'enclume.
46:28 Le but est simple, se réfugier dans une grosse cité comme Alésia,
46:32 une cité bien fortifiée, y attirer les Romains pour qu'ils y mettent le siège,
46:36 puis faire venir des renforts de l'extérieur pour attaquer les Romains de dos.
46:41 Alésia, la cité assiégée, c'est le marteau, les renforts, c'est l'enclume.
46:46 Cette stratégie, alors que César avait perdu la guerre
46:49 et était en train de battre en retraite vers le sud,
46:51 va mener Vercingétorix à sa perte.
46:53 Certes les renforts sont bien arrivés,
46:55 mais ils ont été littéralement taillés en pièces ou mis en PLS, au choix.
47:00 On connaît la suite, Vercingétorix va être fait prisonnier, etc.
47:04 Puis César va rentrer en Italie,
47:07 et là on va pas rentrer dans le détail,
47:09 le passage du Rubicon, la prise du pouvoir,
47:12 parce que ce n'est pas notre sujet et ça mériterait une vidéo entière.
47:15 Vous attendrez.
47:16 Après avoir encaissé cette défaite,
47:18 la Gaule a dû payer un énorme tribut à Rome.
47:21 Un tribut pécunier bien sûr, mais aussi en termes d'hommes.
47:24 Les Gaulois ont perdu des dizaines, des centaines de milliers d'hommes
47:27 au combat, mais aussi réduits en esclavage.
47:30 Enfin bref, ça a été une catastrophe,
47:32 et ensuite pendant 20 ans, le pouvoir romain va très peu s'occuper de la Gaule,
47:36 à l'exception de quelques gouverneurs.
47:38 Mais pendant ce temps, la Gaule a été réorganisée,
47:41 tout d'abord territorialement, je vais pas rentrer dans le détail,
47:44 mais aussi au niveau de la division entre les hommes libres.
47:46 Désormais, la population des hommes libres est divisée en deux parties.
47:49 Premièrement, les pérégrins, c'est-à-dire les hommes qui souhaitent conserver
47:53 leur identité nationale, c'est-à-dire la langue celte,
47:57 et leur panthéon celtique.
47:58 En gros, ceux qui veulent rester des Gaulois.
48:00 Et la deuxième catégorie, c'est les gens qui vont demander
48:03 à avoir la nationalité romaine.
48:05 Alors c'était quelque chose qui offrait plusieurs avantages,
48:08 juridiques, militaires et financiers, mais aussi un certain prestige social.
48:12 C'est pour ça que tous les nobles gaulois quasiment se sont très vite romanisés.
48:16 Mais pour obtenir le statut de citoyen romain, il fallait le mériter,
48:20 il fallait faire une demande, puis prouver qu'on parlait latin
48:23 et qu'on était fidèle à Rome.
48:25 Par ailleurs, il fallait se comporter, se conduire, s'habiller,
48:28 comme un Romain, à Rome, fait comme les Romains.
48:31 D'ailleurs, on devrait s'inspirer de cette méthode d'acquisition
48:34 de la nationalité aujourd'hui, parce que...
48:36 Pas sûr que les gens qui ont la distribue comme ça,
48:39 la volée aujourd'hui, se comportent comme des Romains,
48:41 et encore moins comme des Français.
48:43 C'est un autre sujet !
48:44 Quoi, non, j'ai pas peur de les nommer ces gens.
48:46 Les Suédois.
48:47 Tout le monde sait de qui je parle.
48:50 [Musique]
49:18 Pour revenir à notre sujet, par la suite, les années ont passé,
49:22 et la fusion entre Gaulois et Romains s'est faite progressivement,
49:26 ce qui a donné les Gallo-Romains.
49:28 Pendant 5 siècles, cet état d'effet a perduré,
49:31 et ensuite, 500 ans après, il y a eu les premières invasions des Germains,
49:35 puis ensuite les Frances, qui a fait ce que nous sommes aujourd'hui,
49:38 des Français.
49:39 Merci à tous d'avoir suivi ce nouvel épisode de La Petite Histoire,
49:42 en extérieur, j'espère que ça a été agréable pour vous de regarder.
49:46 Je sais que les vidéos en extérieur se regardent plus facilement,
49:49 et sont plus agréables à regarder.
49:50 En plus, il fait beau, donc on en profite, on va pas s'enfermer dans son bureau.
49:54 Je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures,
49:57 toujours sur TV Liberté et en audio sur Radio Liberté.
50:01 [Musique]
50:20 [Générique]