• il y a 8 mois

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00:00 - France Blanc-Montréal, 8h17, ce mardi, les enseignants sont à nouveau appelés à la grève pour leur salaire,
00:04 mais aussi contre le choc des savoirs, c'est-à-dire la mise en place de groupes de niveau en maths et en français au collège.
00:09 Qu'en pensez-vous ? Est-ce bien de séparer les élèves selon leur niveau ou est-ce que cela va accroître les inégalités ?
00:14 Dites-le-nous au 02 99 67 35 35.
00:17 Pour évoquer la mobilisation des enseignants, on reçoit le secrétaire du syndicat SNESF et Sud-Bretagne.
00:22 - Bonjour Mathieu Maého. - Bonjour.
00:24 - Alors avant d'évoquer les raisons de ce nouvel appel à la grève,
00:29 un mot de ce rapport parlementaire sur le financement de l'enseignement privé en France,
00:33 rapport qui dénonce l'opacité, le manque de contrôle aussi de ce financement,
00:37 qui serait d'au moins 10 milliards par an. Qu'en pensez-vous Mathieu Maého ?
00:41 - Eh bien écoutez, ce sont des choses que nous on dénonce depuis des années,
00:44 particulièrement en Bretagne où l'enseignement privé représente 40% des élèves,
00:49 l'absence de contrôle, le fait qu'il n'applique pas naturellement la laïcité, une partie des programmes,
00:55 mais surtout les conséquences que l'existence du réseau privé catholique a sur la mixité sociale,
01:01 y compris dans les établissements publics.
01:03 - Et par rapport à ce choc des savoirs, cette réforme de la rentrée prochaine contre laquelle vous manifestez aujourd'hui,
01:10 l'enseignement privé a déjà plus ou moins dit qu'il ne l'appliquerait pas.
01:13 - Oui tout à fait, effectivement. Ils ont annoncé qu'ils n'avaient pas les moyens pour l'appliquer,
01:17 et une fois de plus c'est une forme de distorsion de concurrence avec des établissements publics qui accueillent tous les élèves.
01:24 Ce sont les seuls établissements à accueillir tous les élèves, et le privé qui choisit ses élèves et qui choisit ses réformes.
01:30 - Alors Mathieu Maého, nouvelle journée de mobilisation, ce n'est pas la première contre ce choc de savoirs,
01:35 pourtant ça y est, le texte est publié au journal officiel il y a une quinzaine de jours maintenant,
01:39 est-ce qu'on peut encore revenir en arrière selon vous ?
01:42 - Ah oui, ce que l'on souhaite de toute façon c'est que ce texte-là ne s'applique pas.
01:45 Ce n'est pas la première fois qu'une réforme est imposée d'en haut par le président de la République et le Premier ministre.
01:50 On se souvient de la réforme du lycée avec les épreuves de spécialité au mois de mars,
01:56 une aberration qu'on a dénoncée dès le départ.
01:57 - Qui sont au mois de juin cette année.
01:59 - Voilà, on a fini par obtenir le retour de ces épreuves au mois de juin.
02:03 Là, pour cette réforme du choc des savoirs, de nouveau elle est dénoncée par l'ensemble du système éducatif,
02:09 les enseignants, les parents d'élèves, les chefs d'établissement, les inspecteurs.
02:13 Cette réforme-là est une aberration, on va amener les élèves à être triés.
02:19 Les enseignants refusent de trier leurs élèves, on souhaite que cette réforme ne s'applique pas
02:25 et on fera tout pour éviter de trier ces élèves.
02:29 Surtout que ça a des conséquences sur l'ensemble du système éducatif derrière.
02:32 - Alors on va rappeler, l'idée de cette réforme, ce sont des groupes, alors on ne dit plus de niveau désormais,
02:36 en maths, en français pour les 6e puis pour les 5e, normalement l'année prochaine encore.
02:41 Qu'est-ce qui ne va pas selon vous ?
02:43 Pourquoi ce n'est pas bien de faire travailler les élèves selon leur niveau, même si on parle plus de niveau ?
02:48 - Tout à fait, ça fait 30 ans, 40 ans, 50 ans pratiquement qu'on ne trie plus les élèves,
02:55 qu'on ne fait plus de classe de niveau parce qu'on sait que ce n'est pas efficace.
02:58 Ça ne permet pas aux élèves les plus fragiles de progresser
03:02 et le fait d'être dans des groupes hétérogènes permet même aux élèves les plus à l'aise
03:07 de développer d'autres compétences.
03:08 Donc on sait, tout le monde sait que ça ne fonctionne pas,
03:11 c'est un choix purement idéologique de la part du Premier ministre.
03:14 - C'est-à-dire idéologique ? Qu'est-ce que vous entendez derrière ?
03:17 - L'idée c'est vraiment de trier des élèves, de dire qu'il y a une partie des élèves
03:21 qui n'ont pas vocation à aller au lycée,
03:23 puisqu'il y a la mesure sur les groupes de niveau mais il y a aussi le DNB coup près.
03:28 - Le brevet, il faut avoir réussi son brevet pour aller au lycée.
03:31 - Il faut avoir le brevet pour aller au lycée mais que deviennent les autres élèves ?
03:34 On voit bien que c'est un choix de les emmener vers l'apprentissage,
03:37 vers une insertion précoce sur le marché du travail, c'est ça qu'on dénonce.
03:41 - Mathieu Maillot, vous êtes secrétaire académique du SNES-FSU Bretagne.
03:44 L'idée aussi c'est de dire qu'il y a d'autres priorités pour vous dans l'éducation nationale avant ces groupes ?
03:49 - Pour mettre en place ces groupes de niveau, on prend sur ce qui fonctionne par ailleurs,
03:55 sur des dispositifs de soutien, sur des dédoublements.
03:58 L'Académie de Rennes perd des emplois à la rentrée,
04:02 donc cette mesure des groupes de niveau a des conséquences sur l'ensemble des enseignements au collège,
04:07 sur les groupes, sur les langues, et a des conséquences aussi sur les lycées,
04:12 puisqu'on a pris des emplois sur les lycées pour les reverser sur les collèges.
04:18 On casse des dispositifs qui fonctionnaient pour en mettre un qui va trier les élèves s'il se met en place.
04:22 - Vous parlez du manque d'enseignants, vous avez déjà un chiffre pour la rentrée prochaine en Bretagne ?
04:27 - Alors c'est difficile de savoir puisqu'on n'a pas encore eu les concours.
04:30 Ce que l'on sait c'est qu'on a de plus en plus de mal à recruter en Bretagne des enseignants.
04:35 - Notamment en maths ?
04:36 - En mathématiques et aussi en français.
04:37 De plus en plus en français, on a besoin d'emplois supplémentaires sur ces disciplines-là.
04:44 Le choix que fait le gouvernement, alors pas pour la rentrée prochaine mais pour la suivante,
04:48 c'est de modifier les concours pour diminuer le niveau, passer le recrutement plus tôt.
04:54 Voilà, une forme de déqualification professionnelle qu'on dénonce aussi.
04:57 - Et rapidement, vous vous mobilisez aussi pour vos salaires, le point d'indice n'augmente pas ?
05:02 - De toute façon, ce qui déclenche la colère des collègues aujourd'hui,
05:07 c'est avant tout les mesures du choc des savoirs.
05:09 On se bat contre le choc des savoirs pour un choc des moyens.
05:12 Après, les mesures salariales, c'est aussi un élément pour l'attractivité professionnelle.
05:16 - Merci beaucoup Mathieu Maého d'avoir été l'invité de France Blanc-Armoré ce matin,
05:19 secrétaire académique du SNES-FSU de Bretagne.
05:21 Plusieurs mobilisations aujourd'hui en Bretagne à l'appel de l'intersyndicale,
05:26 notamment à 11h30 devant l'INSPE, l'ancienne UFM à Rennes,
05:31 également des rassemblements à Saint-Brieuc ou à Vannes prévus aujourd'hui.

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