• il y a 9 mois
En mars 2023, l’État a créé dix « sas régionaux » visant à accueillir chacun une cinquantaine de sans-abri venus d’Île-de-France, pour une durée de trois semaines. Pour les associations, il s’agit d’un « nettoyage social » à l’approche des Jeux olympiques.

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Transcription
00:00 - Allô ? Bonjour ?
00:02 - Il y a quelqu'un ?
00:04 Des sans-abri évacués de Paris, mis dans des bus et déplacés...
00:07 - En dehors de l'île de France, à tout prix en dehors de l'île de France.
00:10 ... juste avant les Jeux Olympiques.
00:11 C'est ce qu'affirme le maire d'Orléans.
00:13 Selon lui, un bus arrive toutes les trois semaines en 4i-mini dans sa ville
00:16 pour y déposer 20 à 50 sans-abri.
00:18 Alors nous, on s'est rendus sur place et ce matin, justement, peu avant notre arrivée,
00:22 il y a un bus qui a déposé une vingtaine de personnes là, dans cet hôtel.
00:27 - Ce matin, nous avons un bus qui est effectivement arrivé de la région parisienne.
00:32 Donc on a un bus qui arrive toutes les trois semaines.
00:56 Cet hôtel, il n'est pas dans Orléans. Il est à 15 minutes environ, dans une zone industrielle.
01:00 Il n'est pas forcément facile d'accès si l'on est sans voiture.
01:22 Les opérations pour reloger les sans-abri d'île de France,
01:24 elles se déroulent en fait depuis plusieurs mois.
01:26 En mars 2023, l'État a créé 10 sas régionaux sur le territoire, hors de l'île de France.
01:31 Lui, c'est Paul Halosi de l'ONG Médecins du Monde.
01:50 Il est aussi porte-parole du collectif Le Revers de la Médaille,
01:53 qui dénonce un nettoyage social des rues de Paris pour les Jeux olympiques.
01:56 Ce système a été créé juste avant les Jeux.
01:58 Ils disent que ce système est voué à s'arrêter fin 2024.
02:02 Grand maximum, il serait prolongé jusqu'en 2025.
02:05 Donc pourquoi créer quelque chose de nouveau pile avant, pendant et après les Jeux,
02:09 et ensuite l'arrêter ?
02:10 On cible quand même beaucoup plus les bords de Seine,
02:13 tous les lieux qui sont proches des sites olympiques.
02:15 Et enfin, il y a le côté que, avant, quand il y avait ces opérations-là,
02:18 on continuait à donner des places en île de France.
02:20 Maintenant, moi, pour y être à ces opérations,
02:22 et pour suivre des patients qui participent à ces opérations,
02:25 il n'y a plus aucune place possible en île de France.
02:27 À l'approche des Jeux, on nous en voit ailleurs.
02:29 En vue de répondre à l'ampleur des besoins d'hébergement d'urgence en île de France,
02:33 dix SASS d'accueil temporaire régionaux ont été mis en place par l'État à l'échelle nationale.
02:38 Ce dispositif est copiloté par le ministère de l'Intérieur et des Outre-mer
02:42 et par le ministère chargé du Logement.
02:44 Il est sans lien avec l'organisation des Jeux olympiques,
02:47 comme cela a déjà été expliqué en mai 2023.
02:50 Pour résumer, voici comment ces SASS fonctionnent.
02:52 C'est lors d'opérations de mise à l'abri qu'on propose aux migrants de monter dans des bus
02:56 pour les déplacer en région.
02:58 C'est comme ça que toutes les trois semaines, entre 20 et 50 personnes arrivent par exemple à Orléans.
03:02 Ces SASS régionaux sont situés en périphérie des grosses villes
03:11 et sont parfois assez isolés en bord d'autoroutes.
03:14 Pendant ce temps, on étudie leur situation administrative
03:21 pour ensuite les orienter au cas par cas vers d'autres types d'hébergement.
03:24 Sauf qu'à la fin de ces trois semaines, le bilan n'est pas terrible.
03:27 Un tiers arrive effectivement à avoir une solution d'hébergement relativement pérenne,
03:31 mais les deux tiers se voient en fait proposer des solutions d'hébergement d'urgence,
03:34 comme le 115, qui est déjà saturé partout en France.
03:37 La plupart retournent donc à la rue.
03:39 Qu'est-ce que vous préférez ? Agneau ? Chili ?
03:42 Comme nous avons pu le voir pendant cette distribution alimentaire,
03:45 cette association a déjà beaucoup de peine à trouver une solution
03:47 pour les sans-abri déjà présents à Orléans.
03:49 On a notamment une femme qui vient de perdre son travail,
03:52 qui arrive avec ses valises, qui n'a pas de solution d'hébergement.
03:56 Le 115, ou l'hébergement, nous les renvoie aux associations,
04:01 que ce soit la préfecture ou… voilà, en faisant croire
04:05 qu'on va nous-mêmes trouver des solutions d'hébergement.
04:07 Il n'y a pas de place à un hébergement d'urgence.
04:10 On dort dehors, ou on peut sous abri.
04:14 D'ailleurs, on ne dort même pas.
04:16 On dort même pas, on survit toute la nuit.
04:20 Si l'île de France se confirme avec les JO,
04:23 je pense qu'on a à s'inquiéter sur les conditions d'accueil,
04:27 sur les hébergements d'urgence qui sont déjà saturés
04:30 et sur la condition humaine de ces accueils.
04:34 Selon le maire d'Orléans, les collectivités locales
04:36 n'ont pas été prévenues et associées à la création de ces sas.
04:39 D'ailleurs, sur place, les associations découvrent
04:41 avec surprise ce dispositif.
04:43 Pour nous, c'était une légende au départ, quand on l'a entendu.
04:45 On s'est rendu compte d'un mardi sur l'autre,
04:47 qu'on avait de nouveaux bénéficiaires,
04:50 mais sans grandes incidences sur notre dispositif.
04:55 Pour quelques migrants, ces sas se transforment en piège
04:57 et certains finissent en centre de rétention
04:59 avec une obligation à quitter le territoire.
05:01 Un centre de rétention a d'ailleurs ouvert il y a quelques mois,
05:03 à moins de 2 km du sas d'Orléans.
05:05 D'autres finissent finalement par regagner Paris,
05:07 comme Abdallah, qui était lui dans un sas près de Bordeaux.
05:09 Il y a des gens devant moi, ils se sont dit
05:11 qu'il n'y avait pas de travail.
05:13 Une petite commune, il n'y a pas de travail.
05:15 Et moi, je cherche le travail.
05:18 C'est pour cela que je suis sorti.
05:22 Je me suis dit, "Merci, désolé, je ne peux pas rester ici."
05:26 On pense vraiment que la répartition sur notre territoire,
05:28 sur l'entièreté du territoire, c'est une bonne idée,
05:30 mais il faut que ce soit fait, je le dis en pleine conscience,
05:33 des personnes, il faut qu'eux soient bien informés,
05:35 et pour aussi que les collectivités soient bien informées.
05:37 Nous, ce qu'on demande, c'est qu'on fasse comme dans tous nos pays voisins à la France,
05:41 c'est qu'il y ait une base du même terre,
05:43 elle pourrait servir pendant les Jeux.
05:45 On fait un lieu où toutes les personnes qui arrivent sur le territoire
05:47 se rendent dans cette base, comme ça, l'État peut traiter leur situation,
05:50 et nous, les assos, on peut y intervenir,
05:52 et on peut s'assurer que tout ça se passe avec leur consentement éclairé.

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