• il y a 9 mois
Encore car malheureusement les deepfake sont devenus un vrai sujet de société...

Retrouvez la chronique "Veille Sanitaire" de Manon Mariani sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/veille-sanitaire

Category

😹
Amusant
Transcription
00:00 Mais d'abord Manon, zoomons sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, dans votre veille sanitaire célèbre jusqu'à Winnipeg,
00:05 encore une histoire de deepfake !
00:08 Encore ! Car malheureusement, les deepfakes sont devenus un vrai sujet de société.
00:12 Et c'est bien normal, car c'est une technologie extrêmement dangereuse qui envahit de plus en plus les réseaux sociaux.
00:18 Je rappelle qu'un deepfake est une image modifiée par l'intelligence artificielle
00:21 où le visage d'une personne réelle est modifié à son insu pour lui faire faire tout et n'importe quoi.
00:27 Il y a évidemment les deepfakes pornographiques dont j'ai beaucoup parlé dans cette chronique,
00:31 où les femmes se retrouvent nues sur internet avec des corps qui ne sont pas les leurs, Taylor Swift en a été victime.
00:36 Mais il y a aussi les deepfakes sonores où l'IA reprend la voix d'une personne et lui fait dire ce qu'elle veut.
00:40 Bref, elles sont partout et ça devient un vrai problème, surtout pour les personnalités publiques qui s'affichent sur les réseaux
00:46 et dont l'image devient très facilement réutilisable.
00:49 Et dernièrement, ça a été le cas de plusieurs influenceuses du monde entier qui ont retrouvé des deepfakes d'elles en Chine.
00:55 Racontez-nous Manon !
00:56 Identities are deeply rooted in people's upbringing and culture.
01:05 Je vous présente Olga Loïc, 20 ans, jolie blonde, étudiante à Munich, d'origine ukrainienne.
01:11 Olga a ouvert récemment une chaîne YouTube où elle parle de sa vie face caméra.
01:15 Elle compte 15 000 followers, c'est ce qu'on appelle une micro-influenceuse.
01:19 Sauf qu'Olga a découvert son clone.
01:21 "Quand le monde est en train de lire des poèmes pour l'Europe, il n'y a que vous, les frères et les soeurs, qui ne nous ont pas abandonnés."
01:26 Je vous présente Natacha, une copie conforme d'Olga, qui parle cette fois-ci chinois, dans des dizaines de vidéos postées sur le réseau social.
01:34 Je vais essayer de le dire, "Xiao Hongshu", une sorte de TikTok chinois.
01:38 Et dans ces vidéos, Natacha se présente comme une jeune Russe qui adore son pays et qui fait la promotion de la politique de Vladimir Poutine
01:45 en applaudissant notamment ses rapports avec la Chine, des vidéos qui comptabilisent des milliers de likes.
01:50 Sauf que vous l'avez compris, Natacha n'existe pas.
01:53 Ses vidéos sont des deepfakes de la vraie Olga qui reprennent son visage, sa manière de parler et même sa voix, on l'a entendu.
02:00 Évidemment, elle n'a pas donné son accord et elle n'a absolument aucun rapport avec ses contenus.
02:04 Pire pour elle, on la fait passer pour une militante pro-russe Poutine alors qu'elle est ukrainienne.
02:10 La jeune femme raconte aussi Business Insider avoir découvert ses vidéos grâce à l'un de ses followers sur Instagram.
02:15 Elle dit qu'au départ, elle pensait que c'était juste une mauvaise blague, mais qu'après visionnage des contenus,
02:20 elle s'était sentie violée. Elle a mené son enquête et elle a quand même découvert plus de 30 comptes qui utilisaient son image.
02:26 Du coup, elle a demandé à ses followers de l'aider à les signaler pour qu'ils soient fermés, ce qui a été le cas.
02:30 Et vous nous disiez que ce n'était pas la seule ?
02:32 Non, c'est aussi le cas de Lana Baekely, une influenceuse suédoise, ou encore de Elisabeth Phillips, une influenceuse anglaise.
02:38 Les deux ont plus d'un million d'abonnés sur leurs comptes YouTube respectifs.
02:41 Leurs deepfakes ont été faits sur le même modèle que ce d'Olga, toujours très réaliste,
02:45 avec les mêmes messages de propagande pro-russes et pro-chine.
02:49 Et selon l'enquête de Business Insider, elles pourraient être des dizaines d'autres influenceuses à subir le même sort.
02:54 Le problème est que c'est compliqué de les détecter. Déjà, car ces deepfakes ne sont évidemment pas présentés comme tels sur le réseau chinois.
03:00 Et surtout parce que personne ne consulte ce réseau à part les Chinois.
03:04 On le sait, là-bas, ils ont leurs propres médias sociaux, pas d'Instagram, de TikTok, de WhatsApp, de Facebook.
03:09 Ils ont des versions chinoises à chaque fois, donc difficile pour les autres pays de savoir ce qu'il s'y passe.
03:14 Et donc ils en profitent ?
03:15 Évidemment ! Ceux derrière ces comptes de deepfakes se disent qu'ils ne vont jamais être grillés.
03:19 On ne sait pas d'ailleurs s'il s'agit de comptes instrumentalisés par le gouvernement chinois,
03:23 s'il s'agit de militants pro-russes ou tout simplement d'agences de communication.
03:27 Ce qui est sûr, c'est que les profils de ces influenceuses n'ont pas été choisis par hasard.
03:31 Les personnes derrière ces deepfakes savent pertinemment qu'utiliser des jeunes femmes jolies et caucasiennes,
03:36 ça va forcément les démarquer des autres vidéos et qu'elles vont avoir plus d'impact et de vues.
03:42 Ça montre une fois plus la dangerosité de cette technologie qui peut être employée à des fins politiques pour manipuler l'opinion.
03:48 L'IFOP a publié une étude avant-hier à ce sujet.
03:51 Elle montre bien l'inquiétude qui commence à s'amplifier face à ces deepfakes.
03:54 En France, 57% des Français craignent d'en être eux-mêmes victimes.
03:59 Et 62% disent que les deepfakes vont perturber les prochaines élections présidentielles.
04:04 Ça promet pour la suite.
04:05 Merci Manon.
04:06 Et puis c'est l'occasion de préciser à nos auditeurs que tous ces clichés honteux qui circulent sur le net,
04:11 où l'on vous voit très distinctement Manon vapoter sous l'affiche Radio France,
04:14 qui rappelle qu'il est interdit de vapoter dans les couloirs de Radio France,
04:17 est évidemment un deepfake.
04:18 Un de plus après ces deepfake audio où l'on vous entendait hurler « All night long », restez avec nous !

Recommandations