Après l’annonce par l’Insee d’un déficit public plus important que prévu, la droite a critiqué la mauvaise gestion des finances publiques par le gouvernement, allant jusqu’à comparer la France à la Grèce.
C’est peu dire que les oppositions ont critiqué le gouvernement après l’annonce par l’Insee de la hausse du déficit public à 5,5 % du PIB. Mais une critique est revenue plus particulièrement à droite. Les chefs de file des Républicains à l’Assemblée et au Sénat ont affirmé que la France est désormais « le cancre de l’Union européenne ».
Mais qu’en est-il vraiment ? On a posé la question à Jérôme Creel, directeur du département des études de l’Observatoire français des conjonctures économiques de Sciences Po et professeur à l’ESCP Business School.
C’est peu dire que les oppositions ont critiqué le gouvernement après l’annonce par l’Insee de la hausse du déficit public à 5,5 % du PIB. Mais une critique est revenue plus particulièrement à droite. Les chefs de file des Républicains à l’Assemblée et au Sénat ont affirmé que la France est désormais « le cancre de l’Union européenne ».
Mais qu’en est-il vraiment ? On a posé la question à Jérôme Creel, directeur du département des études de l’Observatoire français des conjonctures économiques de Sciences Po et professeur à l’ESCP Business School.
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00:00 L'annonce par l'INSEE de la hausse du déficit public à 5,5% du PIB
00:04 a été très légèrement critiquée par les oppositions.
00:07 Les Mozart de la finance sont devenus les tocards de la finance.
00:11 C'est catastrophique.
00:12 Mesdames et messieurs, les spécialistes de la gestion financière des gens n'est pas déçus.
00:16 Mais une critique revient plus particulièrement à droite.
00:18 On est désormais le cancre de l'Europe.
00:20 Vous êtes les cancres de l'Union européenne,
00:22 les seuls à connaître cette déroute financière.
00:24 Mais qu'en est-il vraiment ?
00:26 La France est-elle le cancre de l'Union européenne ?
00:29 On a posé la question à Jérôme Kril, économiste spécialiste de l'Europe à Sciences Po.
00:34 Moi je n'utiliserais pas le terme de cancre qui est un peu normatif,
00:38 qui laisserait entendre qu'il y a donc des bons et des mauvais élèves.
00:43 Ça n'est pas parce qu'on a un déficit public élevé qu'on est un cancre
00:49 ou qu'on est un pays qui gère mal son économie.
00:53 Mais si la question est, est-ce que la France est le pays avec le déficit public le plus élevé ?
00:58 La réponse est plutôt oui.
00:59 On a un très fort déficit public en proportion de ce qu'on est capable de créer
01:05 comme richesse chaque année, le fameux produit intérieur brut.
01:09 Et surtout, il a été réévalué à la hausse.
01:13 C'est notamment cette mauvaise prédiction que taclent les oppositions.
01:16 Le gouvernement prévoyait 4,9% de déficit,
01:19 c'est 0,6 point de moins que ce qu'a annoncé l'INSEE.
01:23 Désormais, effectivement, on s'écarte des autres pays
01:27 en ayant plutôt un déficit plus élevé que les autres.
01:31 Mais la question après, c'est celle de savoir pourquoi.
01:35 Parce qu'il y a des bonnes et des mauvaises raisons d'avoir des déficits publics.
01:39 Sauf que pour les Républicains, ce déficit est dû à une mauvaise gestion des dépenses.
01:44 Éric Ciotti va jusqu'à faire une comparaison entre la France et la Grèce.
01:47 Elle ne fait évidemment aucun sens.
01:50 Je rappelle qu'on parle pour la France de 5,5.
01:52 Je ne dis pas que c'est bien ou que ce n'est pas bien, non.
01:54 On parle de 5,5 pour la France.
01:56 On parlait de 10% chaque année pendant presque 10 ans en Grèce.
02:01 Parce que quand on parle de la Grèce, on pense à ça.
02:03 Début de la crise en Europe.
02:05 La Grèce, accablée par ses dettes, risque le défaut de paiement.
02:08 À partir de 2009, la Grèce connaît une grave crise financière.
02:12 Les sommets de crise s'enchaînent et le pays s'embourbe.
02:14 La crise devient aussi économique et sociale.
02:17 Pour Jérôme Kril, c'est une comparaison qui ne fonctionne pas depuis un bon nombre d'années.
02:21 On mobilise cet exemple pour dire "Ah, vous voyez, on se comporte comme les Grecs,
02:26 on surdépense, etc."
02:28 Mais c'est d'oublier que ce qui s'est produit juste après,
02:33 c'est une cure d'austérité, d'une violence inouïe.
02:37 Est-ce que c'est vraiment cela vers lequel les oppositions ont envie de tendre ?
02:43 Donc nous comparer à la Grèce, c'est anachronique.
02:47 Par rapport à ce qu'est la Grèce aujourd'hui,
02:49 nous comparer à la Grèce, c'est prendre le risque de potentiellement justifier
02:54 une cure d'austérité budgétaire.
02:56 Or, je crois qu'on est tous maintenant à peu près d'accord parmi les économistes
03:02 à considérer qu'une austérité budgétaire, c'est coûteux pour l'économie.
03:07 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
03:10 "La vie est une expérience"
03:13 [SILENCE]