Catherine Courage - 1992 - Episode 02

  • il y a 6 mois
DB - 29-03-2024
Transcript
00:00 "Ce jour-là, le 1er mai 1891, toute la population de Fourmis, petite ville du nord de la France,
00:20 manifestait pour une vie meilleure."
00:22 "Huit heures de loisirs ! Et huit heures de sommeil !"
00:28 "Parce que ce jour-là, Catherine était de service à la poste."
00:31 "Il nous faut absolument disperser cette foule."
00:38 "Non mais vous êtes fous ! Vous n'allez pas tirer sur des femmes et des enfants, non ?"
00:44 "Parce que ce jour-là, ce fut un carnage."
00:57 "Parce que ce jour-là, un enfant allait mourir dans ses bras, le destin de Catherine basculait."
01:02 "Il est mort ! Je serai médecin, vous entendez ? Médecin ! Médecin ! Médecin !"
01:10 "Je vais être médecin."
01:12 "Médecin ?"
01:13 "Docteur S, si tu préfères."
01:14 "Tu es folle, ma pauvre petite."
01:15 "C'est que ce n'est pas un métier de femme."
01:17 "Bonjour, Paul Grandjean, du Nouvel Éclair. Je suis surtout venu pour vous voir."
01:26 "Vous voulez toujours faire votre médecin ?"
01:28 "Oui, bien sûr."
01:29 "Alors venez à Paris."
01:31 "Mais je serai à vous le jour où je l'aurai décidé."
01:34 "Et ce ne sera pas pour vous remercier."
01:38 "Ce sera parce que je l'aurai voulu."
01:42 "Sont admis par ordre de mérite, Boulay-François."
01:54 "Quashebeur Catherine."
01:56 "Bravo !"
01:57 "Je vais être médecin, c'est tout."
02:00 "Je vais gagner."
02:02 "Je vais gagner, je peux gagner !"
02:04 "J'ai cru être prête."
02:05 "Mais je ne le suis pas du tout, non."
02:07 "Je ne suis pas prête du tout, Paul."
02:09 "Je ne suis pas prête du tout."
02:12 "C'est parti."
02:15 "C'est parti."
02:18 "C'est parti."
02:21 "C'est parti."
02:24 "C'est parti."
02:27 "C'est parti."
02:29 "C'est parti."
02:42 "C'est parti."
02:45 "C'est parti."
02:48 "C'est parti."
02:50 "C'est parti."
02:52 "C'est parti."
02:54 "C'est parti."
02:56 "C'est parti."
02:58 "C'est parti."
03:00 "C'est parti."
03:02 "C'est parti."
03:04 "C'est parti."
03:06 "C'est parti."
03:08 "Les voyageurs pour Orsy, Saint-Amand, Valenciennes, Lequenois, Aulnoy, Fourmis, en voiture."
03:15 "Attention au départ."
03:20 "Les voyageurs pour Orsy, Saint-Amand, Valenciennes, Lequenois, Aulnoy, Fourmis, en voiture."
03:27 "Attention au départ."
03:31 "Au revoir."
03:34 "Au revoir."
03:37 "Au revoir."
04:03 - C'est le coachbeur. - Oui, monsieur.
04:06 J'ai de mauvaises nouvelles pour vous, si vous voulez bien venir une seconde.
04:10 Malheureusement, il s'agit de deux mauvaises nouvelles.
04:18 Voici une dépêche que j'ai reçue ce matin de la direction départementale.
04:22 Le maire s'est plaint de votre attitude au téléphone le jour du 1er mai.
04:26 - Ça, je le savais déjà. - Mais saviez-vous aussi que vous faites l'objet d'une enquête à la gendarmerie ?
04:31 Il paraît que vous vous étiez joint aux émeutiers.
04:34 Vous comprendrez que la direction vous mette en disponibilité.
04:37 Je suis vraiment désolé, mademoiselle coachbeur.
04:40 Faut pas, monsieur le receveur. Faut pas.
04:43 - Justement, ça tombe très bien. - Qu'est-ce que c'est ?
04:48 Ma lettre de démission. Hier, j'ai été reçue au baccalauréat.
04:52 Je dois être demain matin à Paris pour m'inscrire à la faculté de médecine.
04:57 Ah !
04:59 Vous n'êtes pas forcée de me croire, mais je suis bien content pour vous.
05:28 Paris, Gare du Nord, terminus.
05:31 Tous les voyageurs descendent de voiture.
05:34 - Monsieur, monsieur, un petit coup de main, s'il vous plaît. - Certainement, mademoiselle.
05:46 - Merci bien. - Non, plus.
05:52 Pardon.
05:55 Paris !
06:20 - C'est là que vous aurez faim, l'allée où ? - Oh là là, loin, loin là-bas.
06:24 Pardon, madame. L'école de médecine, c'est bien ici ?
06:48 - Oui, mademoiselle, c'est ici. - Oh, merci beaucoup.
06:51 De vos impôts.
06:53 - Pardon, monsieur, vous pouvez m'aider ? - Bien sûr.
06:59 - Merci bien. - De pas de quoi.
07:15 Je ne sais pas rien, moi, c'est comme ça.
07:18 Monsieur le doyen m'a toujours dit, n'inscrivez jamais une femme sans ma permission.
07:21 Envoyez-la moi d'abord.
07:23 Mais pourquoi seulement les femmes ? Ma foi ! Vous lui demanderez ?
07:26 Asseyez-vous, mademoiselle.
07:29 Vous appartenez à notre grande famille, j'imagine.
07:33 - Pardon ? - Je veux dire, celle d'Hippocrate.
07:36 - Votre père est médecin, n'est-ce pas ? - Non, monsieur, mon père était ouvrier.
07:42 Je ne suis pas certain que vous soyez bien informée.
07:45 Ces études de médecine coûtent beaucoup d'argent.
07:48 - Il y a les droits d'inscription. - Mais rassurez-vous, monsieur.
07:51 - J'ai la somme. - Ce n'est pas tout.
07:54 Il y a aussi certains cours privés, la location des locaux,
07:57 l'acquisition des livres, ainsi que de quelques cadavres.
08:01 - Cadavres ? - Eh oui, pour la dissection.
08:05 Nous n'en avons jamais suffisamment à l'hôpital,
08:07 alors les étudiants doivent en acheter à la morgue.
08:10 Et tout ceci coûte de l'argent.
08:13 Je sais que ce sera difficile, monsieur le doyen,
08:16 mais j'ai fait des économies. Et puis ma mère va m'aider.
08:19 Mais ce n'est pas la principale difficulté.
08:22 La principale difficulté, c'est votre sexe.
08:25 Aucune règle n'interdit aux femmes de faire leur médecine.
08:28 Vous voyez ce buste-là, derrière ?
08:31 Apportez-le-moi. Faites ce que je vous dis, mademoiselle.
08:37 Allez.
08:40 Allez.
08:44 Oh non, je ne peux pas, c'est trop lourd.
08:57 Alors, vous vous voyez réduire une luxation de la hanche ?
09:00 Je ne sais pas. Mais la force, c'est quand même pas tout.
09:03 Ah, c'est vrai ?
09:06 Je suis tout à fait d'accord avec vous. Il y a d'autres facteurs.
09:09 Mais excusez-moi de vous le dire,
09:11 les femmes ne possèdent pas les qualités de raisonnement
09:14 qu'exige notre profession.
09:16 Permettez-moi d'essayer quand même, monsieur.
09:19 Je n'ai pas le droit de vous dire non.
09:22 Mais vous n'imaginez pas ce qui vous attend, mademoiselle.
09:27 En tout cas, je vous aurai mise en garde.
09:32 Oh, merci.
09:33 Repassez vos secrets, Taralia.
09:35 Oui, merci beaucoup.
09:38 Merci infiniment. Merci.
09:41 Bonne chance, mademoiselle. Vous en aurez besoin.
09:44 Oui, je sais.
09:47 Monsieur le doyen.
09:51 Alors, il vous a fait le coup du buste ?
09:59 Oui, mais il a signé. Vous pouvez m'inscrire.
10:02 Non.
10:03 Comment non ?
10:04 C'est trop tard. C'est fermé maintenant.
10:07 Faudra repasser demain.
10:09 Mais demain, ça sera encore possible ?
10:11 Oui, mais c'est le dernier jour.
10:14 Alors, si vous n'avez pas tous les papiers et l'argent,
10:18 tant pis pour vous.
10:20 Soyez sans crainte, je l'ai, l'argent.
10:31 C'est quoi ce truc ?
10:34 Arrêtez !
10:39 Arrêtez de frapper le cheval !
10:42 Arrêtez, je vous dis !
10:43 Je t'ai demandé de le retirer, pas ?
10:46 Arrêtez !
10:49 Arrêtez !
10:51 Tu vas me foutre la paix, mon dieu !
10:54 Pourquoi tu fais cette merde ?
10:56 Arrêtez, je vous dis !
10:58 Arrêtez !
11:01 Retirez-le !
11:03 C'est le roi de la maison posé, non ?
11:05 Retirez-le, je te dis !
11:06 Sale brute !
11:07 Tu vas me ficher le camp, gâteau !
11:10 Allez, avance !
11:13 Sale ordu !
11:14 Sale gâteau !
11:17 Sale bruit !
11:20 Regarde ça !
11:23 Attends, mais vous...
11:26 Poussez-vous !
11:29 Arrêtez, maintenant !
11:30 Ça, tu vas me le payer, salope !
11:31 Regarde ce que t'as fait à mon cheval !
11:33 Lâche-toi, mademoiselle fumier !
11:35 Et tu t'occupes de ton canasson !
11:38 C'est que...
11:44 C'est que rien du tout !
11:45 Tu la boucles et tu t'en vas !
11:47 Sinon, je te fais bouffer ton fouet !
11:49 Sale ouah !
11:52 Allez, venez, mademoiselle !
11:53 Venez !
11:54 Celui-là est plein comme une autre !
11:56 C'est qu'on ne peut pas laisser ce cheval comme ça !
11:58 Mais non, mais non, attendez !
12:00 On ne va pas le laisser comme ça, on va le remettre debout, le pauvre bourrin !
12:03 Allez, allez, venez, vous autres !
12:05 Elle va me le payer !
12:06 Allez, allez !
12:07 Sale salope !
12:08 Et tu vas peut-être venir nous aider, toi !
12:10 Ver de vase !
12:14 Allez, va, toi !
12:15 Allez, debout, vieille carne !
12:17 Lâche-moi !
12:18 Pas ça !
12:19 Je ne peux pas, mademoiselle !
12:22 Allez, debout, mon beau !
12:24 Allez, on s'y met tous, là !
12:26 Tous !
12:27 Un, deux, trois !
12:30 Ah, ben voilà !
12:33 Et maintenant, tu vas doucement, hein !
12:35 Pour faire plaisir à la demoiselle !
12:37 Et tu remontes pas sur la charrette, groulard !
12:40 Il faut qu'il y ait un tal de moi à traîner !
12:44 Allez, fous le camp, je ne veux plus te voir !
12:48 Allez, avance !
12:49 Allez, hulle !
12:55 Espèce de cul de blanc !
13:01 Je ne sais pas comment vous remercier !
13:03 Peut-être que vous acceptez...
13:04 Non, non, non, non, je ne veux rien, moi, mademoiselle, je ne veux rien !
13:07 Moi, je suis comme vous, j'aime bien les secours !
13:11 Mon argent !
13:12 Quoi ?
13:13 J'avais mis mon argent, là !
13:15 Il n'y est plus !
13:16 Comment ça, il n'y est plus ?
13:17 Vous êtes sûre ? Mais regardez bien !
13:18 Mais oui, je suis sûre ! Je les avais mis avec tous mes papiers, là !
13:22 Mais il y avait beaucoup !
13:23 Moi, je comprends qu'il y avait beaucoup !
13:25 Il y avait toutes les économies, quinze cents francs !
13:28 Oh, merde !
13:29 Eh, fouillasse, tu n'as rien vu ?
13:30 Non !
13:31 Plus cher non plus !
13:32 Ah, si, il y avait bien quelqu'un !
13:34 Un type qu'on ne connaît pas, qui n'est pas de chez nous !
13:36 Ah, donc, tu veux dire un... un petit... mégriot, là ?
13:39 Il a filé par les escaliers ?
13:41 Eh bien, alors, qu'est-ce que vous attendez, mon Dieu ?
13:43 Allez, maillez-vous le cul, bon sang !
13:46 Je vais prévenir la police !
13:48 Ah, non, non ! Non, non !
13:50 Non, croyez-moi, ceux-là, moi, on les voit mieux en sport !
13:53 Mais, ça vaut !
13:54 Non, non, non, non, non !
13:56 Ne vous inquiétez pas !
13:57 Si mes petits gars ne trouvent pas votre valeur, la police ne les fera pas mieux !
14:01 Allez, venez !
14:02 Venez, tiens, je prends votre bagage !
14:04 On va aller les attendre, là-bas !
14:06 Venez ! On va aller au trottier !
14:08 Hein ?
14:09 Voilà !
14:10 [Musique]
14:25 Salut, patron !
14:27 Bonjour, Monsieur Magenta !
14:28 Elle est là, la Bernadette ?
14:30 À la table du fond, Monsieur Magenta, elle trisse et crotte !
14:33 Ah, ah, ah !
14:34 Elle crotte ?
14:35 Elle ramasse des crottes de chien pour les vendre au grandier.
14:38 Ça leur sert à blanchir la peau des gants !
14:41 Comme ça, ces messieurs les aristos, quand ils baissent les petites menottes de leur dulcinée,
14:46 ils embrassent de la merde !
14:48 Merde !
14:50 Oh, c'est le cas de dire, hein !
14:52 Attends, je vais t'aider !
14:54 Venez ! Allez, venez, Madame !
14:56 Ah, ah, ah !
14:58 C'est Bernadette !
14:59 Comme celle de l'ourde !
15:01 Sauf que moi, j'ai peu eu envie de faire bonne soeur !
15:05 Ah, ah, ah !
15:07 Alors, mon petit père, on s'attaque à la chair fraîche, maintenant ?
15:11 Je vais être jalouse !
15:13 Oh, oh, oh !
15:14 Parce que c'est mon Magenta !
15:16 Vous comprenez ?
15:18 Oui, venez vous asseoir, mademoiselle.
15:20 Ça, il n'y a pas à dire, c'est du premier choix !
15:26 Il y en a d'ures,
15:28 il y en a aussi du mou,
15:31 il y en a pour tous les goûts !
15:34 Ah, ah, ah !
15:36 Tiens !
15:37 Qu'il y a de nouveau ?
15:39 On l'a chopé jusqu'à quand il allait prendre le petit bus de la Vasseuse.
15:43 Voilà, mademoiselle.
15:45 Et vérifiez quand même que le côtier, hein !
15:48 Oh, merci !
15:49 Merci beaucoup !
15:50 Et il n'y a pas de quoi, mademoiselle ?
15:52 Qu'est-ce qu'on pèse, ça, dix jeunes, chef ?
15:53 Une bonne raclée ?
15:55 Oh, non !
15:56 Ben, quoi, non ?
15:57 Pas une raclée, puisque j'ai retrouvé mon argent.
16:00 Vous pouvez le laisser partir ?
16:02 S'il vous plaît, monsieur !
16:05 Bon, lâche-le !
16:06 Mais tu peux dire merci à la demoiselle, toi !
16:09 Parce que si c'était que moi...
16:11 Merci, mademoiselle.
16:12 Je recommencerai pas, je vous jure.
16:14 Il ne manquerait plus que ça !
16:15 Allez, vire-le !
16:16 Je ne veux plus le voir.
16:18 Amène-toi, n'y pense pas !
16:20 Allez, allez, allez !
16:22 Bon, ben, ce n'est pas le tout, hein !
16:28 Il va falloir que j'y aille, moi aussi.
16:30 Merci !
16:34 Merci beaucoup !
16:36 Hé, petite !
16:38 Je ne vais pas être indiscret, mais...
16:41 Vous allez où, comme ça, avec votre paluche ?
16:43 Je ne sais pas. Je cherche un logement, voilà.
16:45 Ah !
16:46 Parce que, si vous voulez, moi, j'ai un petit boulot pour vous.
16:49 Une horrie logique, il ne vous prendrait que la nuit.
16:51 La nuit ?
16:52 Non, non, c'est très gentil de votre part, mais...
16:54 Je vais m'arranger, hein !
16:56 Oh, c'est pas ce que vous croyez, mademoiselle !
16:58 Vache, un thé, il ne fait pas dans le tapeur !
17:00 C'est pour être surveillante, la nuit.
17:02 Dans une maison d'accouchement.
17:04 C'est une sorte de taule,
17:06 où les filles de la haute viennent mettre barre douce, quand elles ont fauté.
17:09 C'est là que vous travaillez ?
17:10 Oui, je suis portier, mais je ne fais pas que ça, je fais aussi un peu bifin.
17:13 C'est quoi, bifin ?
17:14 Un chiffonnier, si vous voulez.
17:16 Et vous avez le temps de faire les deux ?
17:17 Ah non, moi, je ne fais pas le boulot, hein !
17:19 Non, non, je suis chef.
17:21 J'ai des hommes qui travaillent pour moi.
17:23 Ah, voilà ! Elle est arrivée.
17:25 Vous n'avez pas menti, hein !
17:29 La maison, elle est close, mais...
17:31 C'est pourtant pas un bordel !
17:33 Eh ben alors, Emiliette, tu te dépêches, oui ?
17:37 Allez, je passe, je passe.
17:39 Bonjour, M. Magenta.
17:40 Bonjour, Emiliette.
17:41 Madame la directrice va vous recevoir tout de suite.
17:57 Je lui ai dit que vous étiez la fille de ma soeur qui était partie dans les flancs.
18:04 Ah, il est né la nuit passée, celui-là.
18:09 Ne vous inquiétez pas, ça va très bien se passer.
18:14 Madame la directrice ?
18:23 Je ne suis pas madame, t'aurais dû me dire.
18:25 Je suis son assistante, mademoiselle de Grand Cours.
18:28 Suivez-moi, madame vous attend.
18:30 Je préfère vous le dire tout de suite, mademoiselle, votre histoire me paraît suspecte.
18:42 Agaton n'avait jamais dit qu'il avait une nièce.
18:45 Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas vu mon oncle.
18:48 Donc, vous cherchez un emploi qui vous laisse libre le jour,
18:52 pour ses soi-disant études.
18:55 Pas soi-disant, madame, c'est vrai.
18:57 Bon, je viens de croire, mais à la moindre incartade,
19:02 la porte.
19:04 La réputation des étudiants en médecine n'est plus à faire,
19:06 et moi je ne veux pas avoir un seuil ici.
19:08 Et il n'y a aucun homme qui ait le droit de pénétrer dans cette maison.
19:11 Et il n'y en a aucun.
19:13 Mais, mon oncle...
19:15 Agaton !
19:20 Oh, oh, oh, oh !
19:22 Vous ne savez pas ?
19:24 Il n'a rien dit à votre mère.
19:27 Il n'a plus rien entre les jambes.
19:29 Une belle Autrichienne lui a tout enlevé.
19:31 À la bataille de Najata, justement.
19:34 Vous avez quand même remarqué comment il marche.
19:37 Ce sont eux les seuls mâles de notre maison, mais, vous savez,
19:43 il n'en reste jamais très longtemps.
19:45 Justement, je pourrais savoir en quoi consiste mon travail.
19:48 La Mademoiselle de Grand Corus expliquera.
19:51 Isabelle, montrez-lui sa chambre.
19:54 Toutes nos pensionnaires sont des jeunes femmes qui sont prêtes à accoucher.
20:02 Demoiselles du meilleur monde que des hommes sans scrupules ont abusées.
20:06 Et mon travail ?
20:07 Il est très facile.
20:09 Sept nuits sur sept, vous devez répondre aux appels.
20:11 Vous intervenez si les bébés se mettent à pleurer.
20:13 Vous allez chercher la sage-femme.
20:15 Il ne doit jamais y avoir de docteur ici, Madame Itien.
20:17 Oui, bien sûr.
20:19 Les docteurs sont forcément des hommes, hein ?
20:21 Vous avez tout compris.
20:24 Voici votre chambre.
20:26 On voit la tour Eiffel d'ici.
20:36 Pas d'ici, de l'autre côté.
20:38 Ah oui, encore un conseil.
20:40 Les pensionnaires sont ici sous un nom d'emprunt,
20:42 alors ne cherchez surtout pas à découvrir leur véritable identité.
20:45 Je comprends, Mademoiselle.
20:46 Je n'y avais jamais songé avant.
20:48 Mais une femme médecin serait une très bonne chose pour notre établissement.
20:53 [Il pleure.]
20:56 [Il pleure.]
20:59 [Il pleure.]
21:02 [Il pleure.]
21:05 [Il pleure.]
21:07 [Il pleure.]
21:10 [Il pleure.]
21:12 [Il pleure.]
21:14 [Il pleure.]
21:16 [Il pleure.]
21:18 [Il pleure.]
21:20 [Il pleure.]
21:47 Non, non, ne faites pas ça !
21:49 Ne faites pas quoi ?
21:51 Excusez-moi, je croyais...
21:53 Vous pensiez que j'allais me jeter par la fenêtre ?
21:55 Ben oui.
21:57 Vous en avez drôle d'idée.
21:59 C'est parce qu'un jour j'y avais pensé pour moi.
22:01 J'en pouvais plus, vous comprenez ?
22:03 Si je ne l'ai pas fait, c'est à cause de lui.
22:07 Vous, ça ne se voit pas encore, vos parents auraient pu vous garder quelques semaines de plus.
22:11 Mais moi, je ne suis pas enceinte.
22:13 Je suis la nouvelle surveillante de nuit.
22:15 Je m'appelle Catherine. Catherine Quashberg.
22:17 Quashberg, Quashberg, c'est un monde innard, ça.
22:19 Oui.
22:20 Je connais mes parents en vente d'ivain, là-bas.
22:22 De Sables-de-Bordeaux.
22:24 Famille de négociants, alors le scandale, vous pensez.
22:27 S'est débarrassée de moi comme si j'avais la peste.
22:30 Mais quand votre bébé sera né...
22:34 Vos parents seront bien une raison.
22:37 Parce qu'on ne vous a pas dit ?
22:39 Ici, quand un enfant vient au monde, il est confié à une nourrice.
22:42 Mais il en finance.
22:44 Sa mère n'entend plus jamais parler, lui.
22:46 On n'avorte pas parce qu'on a des principes.
22:49 Il se les garde mieux.
22:50 Mademoiselle Mathilde, Mademoiselle Mathilde.
22:53 Je vous dispense de vos confidences.
22:55 Regagnez votre chambre, je vous prie.
22:59 Ne les écoutez pas, Mademoiselle. Ces filles mentent comme elles respirent, je vous assure.
23:11 Mais vous ne m'aviez pas tout dit.
23:13 Vous m'aviez caché qu'on arrachait les bébés à leur mère.
23:15 N'ayez crainte, si nous le faisons, c'est qu'elles ne demandent que ça.
23:18 Mais pas toutes, quand même.
23:19 Ce sont les hommes qui les intéressent, rien que les hommes.
23:22 Si nous n'y prenions pas garde, elles auraient vite transformé cette maison en Lupana.
23:26 Vous exagérez un peu, non ?
23:27 Si la place ne vous convient pas, vous n'avez qu'à partir.
23:30 Non, j'en reste.
23:31 Et je ferai de mon mieux pour me rendre utile.
23:35 Vous m'en voyez ravie.
23:38 [Musique]
23:57 Regardez, vous êtes une femelle.
24:01 [Bruit de bouteille de verre]
24:14 Non ! Non ! Non ! Non ! Non ! Non ! Non !
24:37 [Musique]
24:47 Bougez !
24:48 Arrêtez !
24:50 [Musique]
25:10 Attention, elle est tombée.
25:19 Ne me touche pas à toi !
25:20 Mademoiselle, venez vous asseoir à côté de moi, il n'y a personne.
25:41 Vous pouvez y aller, il ne va pas vous mordre.
25:43 Asseyez-vous, je ne vais pas vous manger.
25:45 Merci.
25:46 Vraiment, j'ai un peu...
25:49 Monsieur le professeur Artois.
25:53 Bonjour messieurs, soyez les bienvenus dans cette auguste maison.
26:05 Oh, mais je vois que nous avons une demoiselle parmi nous.
26:08 Mademoiselle, je vous en prie, ne vous inquiétez pas.
26:11 Oh, mais je vois que nous avons une demoiselle parmi nous.
26:14 Mademoiselle, je vous souhaite bien du courage.
26:17 Vous allez en avoir besoin.
26:19 Veuillez vous asseoir.
26:20 Je vais donc essayer, au cours de cette année,
26:26 de vous inculquer quelques connaissances fondamentales de chimie.
26:29 La chimie est en effet à la base de toutes les sciences dites physiques ou naturelles.
26:33 C'est pourquoi, juste souhaité, juste souhaité pour ma part,
26:37 l'érection de statues aux salons.
26:40 L'érection d'une statue à Berthelès, ce grand homme,
26:43 mais aussi l'érection d'une statue au Grand Chapel,
26:45 sans oublier l'érection de Grédu-Saxe, cet homme admirable.
26:48 L'érection de Lavoisier, d'autant que celui-là, on lui a coupé la tête.
26:54 Ne traite de regret, jeunes gens, puisque ces érections n'ont pas encore eu lieu.
27:00 J'en suis désolé pour vous, mesdames et messieurs.
27:04 À présent, au travail.
27:09 Nous allons commencer ce cours, messieurs,
27:12 par un bref rappel des notions fondamentales.
27:15 La chimie, il faut le savoir, a été un empirisme avant d'être une science.
27:23 L'homme...
27:24 Oh, je croyais que vous n'alliez pas jouer votre milieu.
27:26 ...a longtemps vécu de la chimie sans le savoir.
27:29 Il se nait qu'au 17ème...
27:31 Qui a-t-il ?
27:34 Rien, monsieur, absolument rien.
27:37 C'est donc seulement au 17ème siècle que furent accomplis
27:42 des progrès décisifs par rapport à la pensée d'Aristote.
27:45 Paul !
27:53 Attendez, j'arrive !
28:00 Paul !
28:01 Paul !
28:02 Je suis contente !
28:04 Je suis contente !
28:06 Comment m'avez-vous retrouvée ?
28:09 Je suis journaliste, non ?
28:11 Une femme en médecine à Paris, il n'y a rien de plus facile, il n'y en a qu'une.
28:15 Comment s'est passée cette première journée ?
28:17 Ça ne pouvait pas être pire.
28:19 Enfin, pourquoi ne m'avez-vous pas fait appeler ?
28:21 Et qu'est-ce que ça aurait changé ?
28:23 Je ne sais pas.
28:24 Je ne sais pas.
28:25 Je ne sais pas.
28:26 Enfin, pourquoi ne m'avez-vous pas fait appeler ?
28:28 Et qu'est-ce que ça aurait changé ?
28:30 Vous m'auriez accompagnée dans la fosse aux lions ?
28:32 Alors, où est-ce qu'on va ?
28:36 Paul ?
28:38 Je...
28:40 Je voudrais aller chez vous.
28:43 Oui, mais vous me promettez de ne pas m'enfermer.
28:47 C'est vrai.
28:48 Vous avez dû me prendre pour une folle l'autre fois à l'hôtel.
28:51 J'adore les folles, tu sais.
28:53 C'est vrai.
28:55 J'adore quand on me tutoyait.
28:56 Et toi ? Tu ne veux pas me dire "tu" ?
28:58 Non, moi, je ne peux pas.
29:00 Enfin, pas encore.
29:03 C'est beau chez vous, Paul.
29:11 Tu trouves ?
29:12 Je n'ai aucun mérite.
29:14 J'en prie.
29:16 Ici, c'est ma mère qui a tout fait.
29:19 C'est la copie conforme du domicile familial.
29:24 Excusez-moi, monsieur, mais je ne savais pas que vous rentreriez si tôt.
29:28 Moi non plus, Hurtens.
29:30 Vous pouvez disposer, je n'ai plus besoin de vous. Merci.
29:32 Comme monsieur voudra.
29:34 En tout cas, elle a vraiment bon goût, votre mère.
29:46 C'est vrai, Paul.
29:48 Vous n'avez jamais parlé de vos parents.
29:51 Que dire ? Ce sont des soyeux de lion.
29:53 Ce sont des gens qui ont des principes.
29:55 Si tu vois ce que je veux dire.
29:57 Non, je ne vois pas.
29:59 Pourquoi ? Vous ne les aimez pas ?
30:00 Si.
30:01 Oui, mes parents, je les adore.
30:04 Tu es belle.
30:05 Tu es belle.
30:07 Ma belle petite fourmi.
30:09 Ne me dites pas trop parce que je vais commencer par le croire.
30:13 Tu es belle.
30:17 [Musique]
30:39 Bye, bye, bye, bye, bye.
30:41 [Musique]
30:55 Oh, mais où vous étiez passée ?
30:58 Les patronnes vous réclament à Coria Gris.
31:01 La merguette au trou vous attend.
31:04 La merguette au trou ?
31:05 Allez, allez, allez.
31:06 Allez, dépêchez-vous.
31:10 Ah, vous voilà enfin. Ce n'est pas trop tôt.
31:12 Excusez-moi.
31:13 Rejoignez immédiatement la sage-femme chambre 7, sinon elle va meuter tout le quartier.
31:17 C'est vous la nouvelle ?
31:26 Oui, madame.
31:27 Ah, ben, ce n'est pas dommage.
31:28 Oh, vous me l'êtes toute seule ici.
31:30 C'est un grand con qui fait sa mijerée.
31:32 Non, écoute-moi, je ne veux vraiment pas. C'est trop sale.
31:34 Ne me laissez pas planter là. Mettez-vous derrière.
31:36 Et tenez-là.
31:38 Tout à l'heure, vous tenez.
31:40 Poussez, nom de Dieu.
31:41 Appuyez les jambes. Là.
31:43 Voilà. Voilà.
31:45 Le trou est déjà grand de paume.
31:47 Ne me laissez pas.
31:48 Je mets mes doigts là-dedans.
31:49 Vous regardez où est le cordon.
31:51 Bon, alors vous, la nouvelle, vous la tenez bien, hein ?
31:54 Parce qu'elle va pousser maintenant.
31:56 Ne me laissez rien, vous.
31:57 Vous comprenez ?
31:58 Poussez.
32:00 Allez-y, mais poussez.
32:02 Poussez, nom de Dieu.
32:03 Poussez, nom de Dieu.
32:04 Poussez, nom de Dieu.
32:05 Poussez, nom de Dieu.
32:07 Le voilà.
32:10 Ce n'est pas plus difficile que ça.
32:17 Maintenant, on va se coucher le corneau.
32:21 J'ai mal comme si j'étais coupé en deux.
32:24 Vous avez cher en sortant.
32:27 C'est normal.
32:28 Ils se mangent.
32:29 Tout se paie dans la vie.
32:31 Il ne fallait pas y aller au loup, ma fille.
32:35 Et vous, vous me débarrassez de ça.
32:37 Vous me le nettoyez, vous me l'emmaillotez
32:39 et vous allez le porter à la nourriture.
32:41 Le voilà.
32:42 Les dents, ça va pas traîner, hein ?
32:59 Ça va.
33:01 Ça va.
33:02 Les dents, ça va pas traîner, hein ?
33:04 Donnez-moi ça.
33:05 Tenez, c'est un gros garçon.
33:08 Vous allez bien le soigner, hein ?
33:11 Quand même, il y a des enfants, on se dit,
33:15 qu'ils auraient mieux fait de ne jamais venir au monde.
33:17 Il y a des chances, oui.
33:18 Allez, viens, mon gros père.
33:20 On va aller voir dehors, si c'est mieux.
33:22 Attends, attends, attends.
33:23 C'est pas difficile.
33:24 Au revoir, mon bébé, au revoir.
33:29 Mais il faut pas être sensible comme ça, ma musée.
33:31 Vous en méritez autre.
33:33 Surtout si vous voulez être docteur.
33:35 On voit bien que vous avez pas eu d'enfants, vous.
33:39 Comment ça, j'ai jamais eu d'enfants ?
33:42 J'en ai eu quatre, moi.
33:44 Ben oui.
33:45 Trois garçons et une fille.
33:47 Pourtant, elle m'a dit que...
33:51 C'est ça.
33:55 La mère t'en a eu du mot, elle vous a raconté.
33:57 Elle répond...
33:58 Pourtant, elle m'a dit...
34:04 Il fallait que je raconte quelque chose,
34:07 sans quoi j'aurais jamais pu me plaindre aussi.
34:10 Bon, moi, je vais me coucher, parce qu'il est tard.
34:15 Oui, c'est sa bonne nuit.
34:25 Mademoiselle, quoi ? Je meurs ?
34:27 Alors, comment ça s'est passé ?
34:29 Le... l'accouchement ?
34:32 Bien.
34:33 Enfin, je crois.
34:35 Vous savez qu'Isabelle n'a jamais pu supporter ce spectacle.
34:38 Allez, venez prendre un petit quelque chose.
34:41 Ça vous remontera.
34:42 C'est que j'ai mon service de garde, maintenant.
34:44 Si quelqu'un a vraiment besoin de vous, ça s'entendra.
34:47 Croyez-moi. Allez, venez.
34:49 Entrez, entrez, voyons.
34:53 Mettez-vous à votre aise et asseyez-vous.
34:55 Non, non, pas là, pas là.
34:57 Mettez-vous sur le saut, c'est tellement mieux.
34:59 Détendez-vous.
35:01 Vous aimez le têti ?
35:04 Ah, c'est du kim, non ?
35:06 Le seul que je puisse supporter.
35:09 Isabelle l'aime beaucoup, aussi.
35:11 N'est-ce pas, Isabelle ?
35:13 Attendez, j'ai quelque chose d'un peu spécial.
35:18 Vous fumez ?
35:20 Ce sont des orientales.
35:22 Oh, elles contiennent même du thym, de l'opium, un peu d'opium.
35:27 Ça aide à rêver.
35:29 Vous savez qu'Isabelle et moi,
35:32 nous participons à des séances de rencontre des esprits.
35:36 C'est très vogue.
35:38 C'est du spiritisme.
35:39 Oui, comme on dit.
35:41 Et vous, Catherine,
35:43 vous permettez que je vous appelle Catherine.
35:45 Vous y croyez, vous, aux esprits ?
35:48 Vous savez, moi, je n'y connais pas grand-chose.
35:51 Voyons, vous n'allez pas me dire que vous ne croyez pas aux médiums.
35:54 Le grand professeur Charcot lui-même à la salle pétrière.
35:57 Ce n'est pas tout à fait la même chose.
35:59 Lui, il hypnotise les hystériques, les fous, les malades,
36:04 pour essayer de les guérir. Comprenez ?
36:06 C'est passionnant, aussi.
36:09 Si vous assistez à une de ces leçons, vous m'emmènerez, n'est-ce pas ?
36:13 Vous savez que je suis très heureuse
36:17 et très fière de vous avoir ici,
36:20 de pouvoir vous aider.
36:22 Futur doctoresse.
36:24 Qu'est-ce que vous avez là qui dépasse ?
36:26 C'est une chaînette.
36:28 Laissez-moi voir ça.
36:30 C'est joli, ça. Je ne vous connaissais pas, cependant.
36:33 C'est bien. Pourtant, je la porte depuis très longtemps.
36:35 Alors, petite cachetière.
36:37 Oh, c'est si chaud.
36:40 Vous devriez vous dégraffer un peu. Vous ne pensez pas ?
36:42 Avec ce col, là.
36:44 Non, mais excusez-moi.
36:46 Je dois vous quitter.
36:48 J'ai un cours à recopier.
36:50 Mais, Catherine, ce n'est pas si urgent.
36:52 Si, si.
36:53 Mon emploi du temps est de plus en plus chargé.
36:55 En plus, je commence mon stage demain matin à l'hôpital.
36:58 Allons, Simone. Il faut comprendre, mademoiselle.
37:01 Elle n'a pas que ça à faire.
37:03 Mais, il n'est pas si tard. Elle a tout son temps.
37:05 Hélas, non.
37:07 Je dois encore m'occuper de mon accouché.
37:10 Bon, je vous remercie pour votre thé.
37:14 Il était délicieux. Vraiment exquis.
37:17 Je vais vous souhaiter une bonne nuit.
37:19 Et merci encore.
37:21 À demain.
37:23 Au revoir.
37:25 Isabelle, il y a des jours où je vous hais.
37:33 [Musique]
37:51 C'est vous les nouveaux stagiaires ?
37:53 Il y a un monsieur Jules Lampin ?
37:55 Oui, c'est moi.
37:56 Marc Rémusard ?
37:58 C'est moi.
37:59 Frédéric Bosset ?
38:01 C'est moi.
38:02 Et vous, bien entendu, c'est Catherine K...
38:05 Quashbur.
38:06 Enfin, bref. Moi, je m'appelle Sir Gérard. Suivez-moi.
38:11 Vous savez, vous n'êtes pas ma première étudiante.
38:16 J'en ai reçue il y a trois ans. Elle a tenu une semaine.
38:19 Moi, je n'abandonnerai pas.
38:21 Ne soyez pas trop sûre de vous, mademoiselle. C'est par là.
38:27 C'est ici que vous allez faire votre stage de médecine générale.
38:31 Vous trouverez là à peu près tous les cas.
38:33 C'est à la fois l'hospice et l'hôpital.
38:36 Vous devez être ici tous les matins à 7 heures.
38:40 Et pas de retardataires, s'il vous plaît.
38:42 Mais vous dire, monsieur.
38:43 Vous voyez Marc, bonne femme, ici. Ce n'est pas un lieu naissant pour elle.
38:46 Allons-y, coudon !
38:47 Et moi, je ne suis pas une femme.
38:49 C'est bon.
38:50 Oui, vous, vous n'êtes pas une femme. Vous êtes une bonne soeur, sur votre respect.
38:53 Ça suffit. Retournez tous dans vos lits.
38:55 Allez, dans vos lits, dans vos lits, tout de suite.
38:58 C'est la provocation, cette femelle.
39:00 Vous, maintenant, venez.
39:03 Cette salle peut accueillir une centaine de malades.
39:08 Ça ne va pas ?
39:10 C'est l'odeur, ça sent.
39:13 Bien sûr, ça ne sent pas la rose.
39:15 C'est insupportable.
39:16 Si vous ne le supportez pas, changez de métier, jeune homme.
39:20 Quant à cette demoiselle, elle ferait mieux de se marier et d'élever ses enfants.
39:24 Et vous, vous les élevez, vos enfants ?
39:26 Mais je ne fais que ça, mademoiselle.
39:28 En attendant, prenez contact avec les malades.
39:30 Vous suivez chacun une rangée.
39:32 Tous les matins, en arrivant, vous verrez où en sont les malades,
39:43 comment ils ont passé la nuit.
39:45 Vous les vous sculpterez. On vous apprendra.
39:48 Bonjour, monsieur.
39:53 Monsieur ?
39:54 Vous m'entendez ?
39:56 Vous prendrez le coup des plus fiévreux.
40:01 On vous l'apprendra aussi.
40:03 Bonjour, monsieur.
40:07 Bonjour.
40:10 Pourquoi vous êtes ici ?
40:12 Je ne vous regarde pas. Laissez-moi.
40:16 Ici, il faut me le dire. Je suis là pour vous aider.
40:19 J'en ai déjà parlé au vrai médecin.
40:23 Il est à peu près soigné par une bonne femme. Fichez-moi la paix.
40:26 Mademoiselle !
40:28 Qu'est-ce qu'il y a ?
40:30 Vite, mademoiselle !
40:31 Vous pouvez voir.
40:34 Le pauvre vieux, il vient de tourner de l'œil.
40:37 Mais je sais ce qu'il a.
40:38 Je sais ce qu'il a attrapé.
40:39 Il s'est allé au prix de 10 bus.
40:41 Il n'y a pas de doute. J'ai vu sa viande de trimer.
40:43 Et c'est pas beau.
40:44 Mais qu'est-ce qui se passe ici ?
40:47 Vous retournez dans votre lit.
40:50 Il va nous faire crever, ce saloperie de typhus.
40:52 Il se tardait de tout meurtre. Il était brûlant de fièvre.
40:54 Et maintenant, il a des boutons partout.
40:55 Il faut nous l'enlever. Vous avez entendu ?
40:56 Il faut nous l'enlever.
40:57 Il a raison. Portez-le.
40:58 Il ne faut pas qu'il reste devant le sable.
40:59 Je sens ça. On va tous crever comme des chiens.
41:01 Mais il n'y a pas que le typhus qui donne la fièvre et les boutons.
41:04 Qu'est-ce qu'il lui a dit ?
41:06 Qu'est-ce que vous en faites, les fous ?
41:08 Avec tous ceux qui traînent ici, on va l'attraper, le typhus.
41:11 C'est moi qui vous le dis.
41:13 Si les fous donnaient le typhus, vous seriez tous morts depuis longtemps.
41:15 Je vous ai dit de vous recoucher.
41:16 Ça va mieux.
41:21 Il y a quelqu'un pour m'aider ?
41:23 Moi.
41:24 Bon.
41:26 Prenez-le sous les bras.
41:28 Voilà.
41:30 À nous deux, on devrait y arriver.
41:32 Elle est où ?
41:34 Bon, on va d'abord l'isoler.
41:35 Et puis l'interne verra ce qu'il veut faire demain.
41:37 Voulez-vous que je vous aide ?
41:38 Ça ira maintenant. Retournez à votre rangée.
41:40 Je vous ai dit de vous coucher.
41:41 Ça ira maintenant. Retournez à votre rangée.
41:43 Il a le typhus ! Il a le typhus !
41:46 Dites-moi, vous m'avez l'air plus solide que ces trois messieurs.
41:49 Je suis fille d'ouvrier, alors vous savez, la misère, la maladie...
41:52 C'est pour ça que vous voulez faire votre médecine ?
41:55 Oui, peut-être.
41:56 Vous allez bien ?
41:57 Oui, peut-être.
41:58 Monsieur Catherine !
42:24 Oui, qu'est-ce qu'il y a ?
42:25 J'ai quelque chose à vous dire.
42:27 Je peux vous parler une minute ?
42:29 Bon, ben, je vous écoute.
42:37 Il faut que vous m'aidiez, Catherine.
42:39 Je veux bien, mais à quoi faire ?
42:41 À sortir d'ici.
42:42 Je ne peux plus.
42:44 J'ai le pansement 16.
42:47 Je veux sortir, Catherine.
42:50 Je veux partir d'ici. Il faut que vous m'aidiez.
42:52 Je vous en prie.
42:54 Vous allez me raconter, c'est bien, tranquille.
42:56 Allez, asseyez-vous.
42:57 Si mon bébé naît ici, ils vont me le prendre.
43:02 Je ne le verrai plus jamais, je ne saurais même pas où il est.
43:06 Et alors ?
43:07 Alors, je vais me sauver d'ici.
43:11 Je m'évade, Catherine.
43:13 Et pour aller où ?
43:14 Dans votre état, vous vous rendez compte ?
43:17 Je retrouverai le père de mon enfant, il habite Paris, il m'aidera.
43:19 Vous avez de ses nouvelles ?
43:21 Ici, vous savez bien que toutes les lettres sont ouvertes.
43:24 Mais j'ai pu lui faire parvenir un message.
43:26 Et si ce monsieur refusait de vous aider ?
43:30 Lui ? C'est impossible, on voit bien que vous ne le connaissez pas.
43:33 Et s'il était absent de Paris ?
43:35 Je partirai quand même.
43:37 J'ai un peu d'argent que j'avais caché dans un jupon.
43:39 Cela me permettra d'attendre son retour.
43:41 Il bouge.
43:45 Vous sentez son pied ?
43:52 La nuit, je le raconte.
43:54 Je le sens remuer doucement,
43:57 comme s'il me caressait.
43:59 Vous êtes la première vraie femme que je rencontre dans cette maison.
44:07 Alors, vous irez le voir ?
44:09 Le père de votre enfant ?
44:11 Oui, pour le prévenir, pour qu'il s'organise.
44:13 Il est avocat.
44:16 Prusse intonorée, un grand avocat.
44:18 Répondez-moi, Catherine, vous irez le voir ?
44:21 Quand bien même il ne pourra pas vous sortir d'ici.
44:23 La nuit, tout est bouclé, le jour, tout est surveillé, vous le savez bien.
44:27 Peut-être qu'il aurait une idée.
44:29 Demandez à le voir de ma part.
44:31 De la part de Mathilde Jameson.
44:34 Jameson.
44:35 C'est mon vrai nom.
44:38 Jameson.
44:40 Vous avez dit Mathilde Jameson ?
44:45 Non, vraiment, je ne vois pas.
44:49 Il s'agit sûrement d'un malentendu.
44:51 Excusez-moi, mais j'ai quelques rendez-vous très urgents maintenant.
44:55 Mais enfin, Jameson.
44:57 Les négociants en vin de Bordeaux.
44:59 Vous ne pouvez pas ignorer ce nom, c'est écrit sur des milliers de bouteilles.
45:02 Désolé, mais je ne vois jamais de vin.
45:04 Je me demande comment Mathilde a pu aimer un homme comme vous.
45:06 Écoutez, je vous le répète, je ne connais pas cette personne.
45:09 Vous mentez mal.
45:11 Vous étiez à Bordeaux au début de l'année pour plaider dans l'affaire Chauvel.
45:14 Vous avez été reçu à dîner chez les Jamesons.
45:16 Vingt personnes vous ont vu et pourraient en témoigner.
45:18 Vous êtes, ça suffit comme ça.
45:20 Et si la personne qui vous envoie vous insiste, je la fais poursuivre pour chantage.
45:23 Et vous avec, comme complice.
45:25 Vous êtes ignoble.
45:26 Croyez-moi, je n'ai pas l'habitude de perdre mes procès.
45:28 Maintenant, je vous demande de sortir.
45:30 Ne craignez rien. Je ne vais pas m'attarder ici.
45:32 C'est trop malsain.
45:34 Je souhaite seulement que l'enfant de Mathilde ne vous ressemble pas.
45:39 En rien.
45:43 Tant pis.
45:45 Tant pis.
45:47 Tant pis, j'abandonne.
45:51 Ils feront ce qu'ils voudront.
45:54 Mais je t'ai fait foutre, Grague.
45:56 Laissez-moi seule.
45:58 - Voyons, Mathilde. - Partez, partez.
46:00 Ah non.
46:01 Vous allez m'écouter.
46:03 Parce que j'ai quelque chose à vous dire, moi.
46:05 Et vous savez quoi ?
46:07 C'est une phrase de ma mère.
46:09 Elle m'a dit que je devais me séparer de lui.
46:11 C'est une phrase de ma mère.
46:13 On peut toujours être heureuse.
46:15 Voilà ce qu'elle dit, maman.
46:17 On peut toujours être heureuse, Mathilde.
46:19 Si lui arrivait ce qui m'arrive, je ne sais pas ce qu'elle dirait votre mère.
46:23 Vous savez, elle n'a pas été épargnée.
46:27 C'est une enfant de l'assistance.
46:30 Une enfant abandonnée.
46:32 Elle avait été placée chez des paysans.
46:34 Ce qui vous a menti.
46:36 Elle a tout connu.
46:39 Le travail le plus dur.
46:41 La maison close, on a voulu l'enfermer.
46:43 Elle a dû mettre le feu pour s'enfuir.
46:45 Le mépris.
46:48 L'exil, les insultes.
46:50 La mort des hommes qu'elle aimait.
46:52 Tout. Tout connu, maman.
46:54 Et pourtant, elle a toujours répété ça.
46:57 On peut toujours être heureuse.
47:00 Elle était forte, votre mère.
47:02 Moi, je ne le suis pas.
47:08 Je vais vous sortir d'ici, Mathilde.
47:10 Je vous le promets.
47:12 Comment allez-vous faire ?
47:14 Je ne sais pas. Je vais demander à Magenta.
47:16 Magenta ?
47:18 - Magenta, êtes-vous sûre de lui au moins ? - Oui, sûre.
47:21 Si...
47:24 Si elle s'en aperçoit, elle vous mettra à la porte.
47:27 On verra bien.
47:29 Et si elle me jette dehors, je ne ferai pas une maladie.
47:32 Vous avez entendu ?
47:35 Vite.
47:37 Demain, vous serez sortie d'ici.
47:56 Je vous le promets.
47:58 Qu'est-ce qu'elle fout, nom de Dieu ?
48:02 Qu'est-ce qu'elle fout ?
48:04 Je vais vous parler.
48:06 Vous êtes prête ?
48:33 C'est son maman. C'est là, à droite.
48:35 Je reviens.
48:38 - Qu'est-ce qui vous arrive ? - J'ai trop mal.
48:42 Appelez la sèche-femme.
48:44 S'il vous plaît, appelez-la.
48:46 Ce n'est pas possible. Il vous reste encore moins de mois.
48:49 Examinez-la. On ne sait jamais.
48:51 C'est peut-être un prématuré.
48:54 Chut.
48:56 Ça va très bien.
49:07 C'est votre petit qui a dû gigoter un bon coup.
49:11 - Vous croyez ? - Mais oui.
49:13 Il devait chercher la sortie.
49:15 Maintenant, vous allez vous reposer un peu.
49:18 Je vais lui donner un petit calme.
49:21 Voyez, voyez, mademoiselle.
49:23 Vous n'avez rien à faire dans ce couloir.
49:25 Il n'y a rien à voir. C'était une fausse allure.
49:27 Au lit.
49:29 Tenez, Catherine. Nous allons faire le tour des champs.
49:33 Je suis persuadée que cette idiote a du fiche la pagagne.
49:35 Allez.
49:37 En voilà au moins une qui n'est pas hystérique.
49:46 Et si cette folle recommençait, vous n'hésitez pas à doubler la dose.
49:49 Comptez sur moi, mademoiselle.
49:51 Il est descendu.
49:58 Dépêchez-vous vite.
50:00 Votre câble.
50:02 Je l'avais mis sur moi. J'étais encore plus grosse.
50:05 - Vous avez vu ? - C'est pas possible.
50:09 C'est pas possible.
50:11 C'est pas possible.
50:13 Je suis encore plus grosse.
50:15 La balise est là.
50:18 Prêt ?
50:22 Je vous ai donné la clé pour aller chercher la sage-femme.
50:26 Le reste, je ne vais pas le savoir.
50:28 Allez, va-y.
50:33 - Où ils sont ? - Il n'y a personne.
50:39 Il faut y assez. L'autre est à la place.
50:41 Allez, filez maintenant. Dépêchez-vous.
50:43 Allez, filez.
50:50 Enfin, on serait capable de commencer à se faire du bonheur.
50:57 Allez, montez là-dedans, ma jolie. Comme ça, vous vous fatigerez moins.
51:01 Non.
51:03 J'ai des bonheurs dans la rêve. On ne peut pas savoir ce que c'est bon.
51:06 Je vous ai trouvé une piôle, mais c'est pas la porte d'à côté.
51:08 Mais c'est loin.
51:10 Une bonne heure, c'est près de la barrière de l'ivier.
51:13 Allez, en route.
51:16 Allez.
51:18 Allez.
51:21 Allez.
51:23 Allez.
51:26 Allez.
51:29 Allez.
51:32 Allez.
51:34 Allez.
51:37 Allez.
51:40 Allez.
51:43 Allez.
51:46 Allez.
51:49 Allez.
51:52 Allez.
51:55 Allez.
51:58 Allez.
52:00 Allez.
52:02 Allez.
52:05 Allez.
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52:11 Allez.
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52:17 Allez.
52:20 Allez.
52:23 Allez.
52:25 (Musique)
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