Catherine Courage - 1992 - Episode 03

  • il y a 6 mois
DB - 29-03-2024
Transcript
00:00 "Pour la première fois, le gouvernement a décidé de faire un accord avec le gouvernement."
00:10 Parce que ce jour-là, 1er mai 1891, toute la population de Fourmies, petite ville du nord de la France, manifestait pour une vie meilleure.
00:20 Parce que ce jour-là, Catherine était de service à la Poste.
00:27 "Il nous faut absolument disperser cette foule."
00:30 "Non mais vous êtes fous, vous allez pas tirer sur des femmes et des enfants, non ! Non ! Attendez !"
00:35 Parce que ce jour-là, ce fut un carnage.
00:42 "Un médecin ! Vite ! Un médecin !"
00:45 Parce que ce jour-là, un enfant allait mourir dans ses bras, le destin de Catherine basculait.
00:50 "Il est mort ! Je serai médecin, vous entendez ? Médecin ! Médecin ! Médecin !"
00:59 "Je vais être médecin."
01:00 "Médecin ?"
01:01 "Docteur, et si tu préfères tuer Folle ?"
01:03 "Tu es folle, ma pauvre petite ?"
01:04 "Cui, ce n'est pas un métier de femme."
01:06 "Bonjour, Paul Grandjean, du Nouvel Éclair."
01:11 "Je vais être médecin, c'est tout. Je vais gagner. Je vais gagner, je veux gagner !"
01:18 "Hier, j'ai été reçue au baccalauréat. Je dois être demain matin à Paris pour m'inscrire à la faculté de médecine."
01:25 Elle ne savait pas ce qui l'attendait, une femme médecin, en 1891.
01:32 Mais Catherine était la fille de Maria Vandamme. C'est dire que rien n'allait l'arrêter.
01:44 "Je suis fille d'ouvrier. Alors, la misère, la maladie, vous savez."
01:49 "C'est pour ça que vous voulez faire votre médecine ?"
01:51 "Oui, peut-être."
01:53 "Où est-ce que vous allez comme ça avec votre baluchon ?"
01:55 "Bah, je ne sais pas. Je cherche un logement."
01:57 "Parce que si vous voulez, moi j'ai un petit boulot pour vous."
02:00 "C'est une espèce de taule. Les filles de la haute viennent mettre bas en douce quand elles ont faute."
02:05 "Si mon bébé est ici, ils vont me le prendre. Je ne le verrai plus jamais. Je ne saurais même pas où il est."
02:12 "Allez, allez."
02:13 "Il n'y a personne."
02:18 "Ici. Il faut y asser là-bas, de l'autre côté de la place."
02:20 "Allez, allez."
02:22 "Il n'y a personne."
02:23 "Ici. Il faut y asser là-bas, de l'autre côté de la place."
02:25 "Allez, allez."
02:27 "Allez, allez."
02:29 "Musique de l'Opéra de la Marseillaise"
02:33 "Musique de l'Opéra de la Marseillaise"
02:36 "Musique de l'Opéra de la Marseillaise"
02:40 "Musique de l'Opéra de la Marseillaise"
02:43 "Musique de l'Opéra de la Marseillaise"
02:59 "Musique de l'Opéra de la Marseillaise"
03:02 "Musique de l'Opéra de la Marseillaise"
03:10 "Musique de l'Opéra de la Marseillaise"
03:19 "Musique de l'Opéra de la Marseillaise"
03:27 "Musique de l'Opéra de la Marseillaise"
03:30 "Allez, le château."
03:38 "Allez, allez."
03:40 "Voilà, c'est là-bas au fond avant."
03:47 "Et voilà."
03:50 "C'est grand, hein ?"
03:53 "On ne voit pas grand-chose."
03:54 "C'est déjà occupé."
03:57 "Oh, la vieille !"
03:59 "Oh, la duchesse !"
04:02 "Tu t'es trompée de piot, là."
04:04 "On a payé, nous."
04:06 "Je pensais que c'était libre, ici."
04:09 "Eh ben, t'as mal pensé, ma poule."
04:12 "Allez, allez, du balai."
04:13 "Pardon, je savais pas."
04:15 "Allez, allez."
04:16 "Je savais pas, moi."
04:18 "Vous n'avez pas miens ?"
04:20 "Mieux que quoi ?"
04:23 "La chambre, c'est vraiment moche."
04:26 "Vraiment, si, comme ça, du jour au lendemain..."
04:29 "C'est combien ?"
04:31 "Ce sera 30 sous par semaine."
04:35 "C'est pas cher, pour ce que c'est."
04:37 "La foi."
04:39 "Et puis, il y a aussi l'essentiel qu'on avait dit avec Magenta, pour notre commission."
04:44 "Parce qu'on n'aura pas beaucoup turbiné, nous, cette nuit."
04:47 "Et c'est quoi, votre turbin ?"
04:49 "Ben, on est six feniers."
04:52 "Oui, on fait les ordures."
04:53 "Alors, ça fait six francis, alors."
04:55 "Oui."
04:57 "Merci."
04:59 "Fais voir."
05:00 "Bon, eh ben, à la revue, hein."
05:03 "Au revoir."
05:05 "Au revoir."
05:06 "Mlle Catherine."
05:08 "Bon, ben, au revoir, merci, quand même."
05:10 "Non, je ne peux pas vous laisser ici, toute seule, c'est trop sereine du petit."
05:16 "Je ne fais rien, Catherine."
05:18 "C'est déjà énorme, ce que vous avez fait pour moi."
05:22 "Non, regardez."
05:23 "Eh, eh, eh."
05:25 "Non, ce n'est pas possible."
05:27 "Ce n'est pas possible, moi, je ne peux pas vous laisser là, Mathilde."
05:30 "Je ne peux pas."
05:32 "Je vais prendre mes affaires et je reviens."
05:34 "Mais Catherine, vous ne pouvez pas faire ça, votre travail."
05:36 "De toute façon, je l'aurai quitté, alors."
05:39 "Combien, vous a-t-elle promis?"
05:40 "Qui, elle?"
05:42 "Ce n'est pas l'innocente."
05:44 "C'est elle, elle."
05:46 "C'est elle, elle."
05:48 "C'est elle, elle."
05:50 "C'est elle, elle."
05:52 "C'est elle, elle."
05:54 "C'est elle, elle."
05:56 "C'est elle, elle."
05:58 "C'est elle, elle."
06:00 "C'est elle, elle."
06:02 "C'est elle, elle."
06:04 "C'est elle, elle."
06:07 "C'est elle, elle."
06:08 "C'est elle, elle."
06:10 "C'est elle, elle."
06:12 "C'est elle, elle."
06:14 "C'est elle, elle."
06:16 "C'est elle, elle."
06:18 "C'est elle, elle."
06:20 "C'est elle, elle."
06:22 "C'est elle, elle."
06:24 "C'est elle, elle."
06:26 "C'est elle, elle."
06:28 "C'est elle, elle."
06:30 "C'est elle, elle."
06:32 "C'est elle, elle."
06:34 "C'est elle, elle."
06:36 "Dites-moi seulement combien de vous a promis, nous pourrons peut-être nous entendre."
06:39 "Mais qui a déjà pris, voyons."
06:42 "Quatre cents ? Cinq cents ?"
06:44 "Nul ! Pour qui me prenez-vous ?"
06:47 "Catherine."
06:49 "Je sais que vous avez du cœur."
06:51 "Si ça s'ébrite, je devrais fermer cette maison."
06:54 "Pensez aussi à sa famille, sans nouvelles d'elle."
06:58 "Simone, il n'est pas question de la supplier."
07:00 "C'est très simple, nous allons porter plainte."
07:03 "Non, vous ne pouvez pas, Mathilde est majeure."
07:05 "Très bien, nous irons trouver le doyen de la faculté et nous lui expliquerons quelle singulière étudiante vous êtes."
07:10 "Nous savons des choses, sors-vous ma petite."
07:12 "Nous les enlégeons, nous."
07:14 "Mlle Catherine, courage."
07:16 "Moi j'ai des amis journalistes."
07:18 "Je leur dirai quelle singulière maison vous dirigez."
07:21 "Petite garche."
07:23 "Et je leur parlerai du sort des enfants abandonnés."
07:25 "Garche, garche, garche."
07:27 "Lâchez-moi !"
07:29 "Lâchez-moi !"
07:31 "Lâchez-moi !"
07:34 "Lâchez-moi !"
07:35 "Arrêtez, arrêtez !"
07:37 "Arrêtez, vous."
07:39 "Vous n'avez rien, ça va ?"
07:45 "Non, ça va."
07:47 "Dites-moi, ma gentille."
07:49 "Pour sortir, cette fille vous a demandé de lui ouvrir, n'est-ce pas ?"
07:52 "Oui, madame."
07:54 "Et vous saviez ce qu'elle allait faire ?"
07:56 "Non, il ne savait pas, je lui ai dit d'aller chercher la sage-femme."
07:58 "Si, madame, je le savais."
08:02 "Et vous prendrez la porte en même temps qu'elle."
08:04 "Immédiatement."
08:06 "Immédiatement, madame ?"
08:08 "Et sans regret."
08:10 "Pas vrai, Catherine ?"
08:13 "Oui, sans regret."
08:15 "Non, non."
08:25 "Une place de groupe à l'Hôtel de France."
08:27 "Tu ne peux pas, crétin, c'est plus de ton âge."
08:29 "Ah, ça, c'est con."
08:31 "C'est pas pour toi, ça, non plus."
08:32 "Il faut savoir essayer."
08:34 "Ah, le théâtre Saint-Martin, cher, ce qu'il dit."
08:36 "Ah, oui, oui, ça, c'est pour moi."
08:38 "C'est pour les bohémiens de Paris, mais ils veulent un beau sujet."
08:40 "Ah, mais je pourrais peut-être tenter le coup, tiens, regardez."
08:42 "Ouh, ouh, ouh, ouh !"
08:44 "Hahaha !"
08:46 "Allez, au suivant, au suivant."
08:48 "Bonjour, monsieur."
08:52 "Voilà, je cherche une place du travail."
08:54 "Oui, ben, je m'en doutais, figurez-vous."
08:56 "J'ai une place de vendeuse chez un fripier."
08:58 "Mais il faut savoir compter, ça vous intéresse ?"
09:00 "Hum, hum."
09:01 "Et les horaires ? Il les indique, les horaires ?"
09:03 "Hum, hum."
09:05 "De 7h du matin à 7h du soir."
09:07 "C'est-à-dire que je poursuis des études."
09:09 "Pendant ces horaires, ça va pas."
09:11 "Écoutez, ma petite dame, faudrait savoir ce que vous voulez."
09:13 "Vous voulez trouver un travail ou continuer vos études, hein ?"
09:15 "Et un travail d'écriture, peut-être ? J'ai mon baccalauréat."
09:17 "Non, de toute façon, il n'y a rien d'autre."
09:19 "Seulement la place de vendeuse que je vous ai dit."
09:21 "Et un travail d'écriture, peut-être ?"
09:23 "J'ai mon baccalauréat."
09:26 "De toute façon, il n'y a rien d'autre."
09:27 "Seulement la place de vendeuse que je vous ai dit."
09:29 "Et un travail de nuit, vous avez rien ?"
09:31 "Non. Allez, au suivant."
09:33 "Vous avez entendu ? Elle cherche un travail la nuit."
09:36 "Ah, ça doit pas être bien compliqué, là, pour les belles petites poulettes que vous."
09:41 (Rires)
09:54 (Chant)
10:16 (Rires)
10:23 "Ah oui, c'est le grand jour, hein."
10:25 (Rires)
10:27 "T'as déjà vu des cadavres, toi ?"
10:29 "Ah ben oui, mon grand-père, ma grand-mère, pas tout le monde, quoi."
10:32 "Non, je veux dire, des cadavres à poils, entièrement à poils."
10:35 "J'ai un ami en deuxième année, il m'a raconté que les nouveaux, on les faisait commencer par les tripes, les boyaux, enfin, toute la pourriture, quoi."
10:42 "Oui, mais les prospecteurs de salles de dissection, c'est tous des pervers."
10:45 "Et quand je dis les nouveaux, je pense surtout aux nouvelles."
10:48 "Par ici, mademoiselle Cassegurette, le spectacle va commencer."
10:51 "Bonjour, messieurs, entrez."
10:54 "Approchez, messieurs, ne craignez rien, ils ne vont pas vous mordre."
11:04 "Allez, avancez, avancez."
11:06 "S'il vous plaît, messieurs, vous allez vous mettre par groupe de quatre, autour de chaque table."
11:13 "Choisissez votre cadavre."
11:15 "Nous allons commencer cette première séance par l'étude du poignet."
11:29 "Bien entendu, vous connaissez tous cet instrument, c'est un scalpel, et croyez-moi, ça coupe."
11:36 "Alors, si jamais vous vous blessez avec ça, nettoyez vite votre plaie à l'alcool et..."
11:42 "Jeune homme, j'aime qu'on m'écoute quand j'explique quelque chose."
11:45 "Oui, monsieur, oui."
11:47 "Bien, si nous assisons à ce niveau, qu'allons-nous découvrir?"
11:54 "D'abord, la graisse sous-cutanée, bien sûr."
11:58 "Et puis là, tout de suite, vous le voyez, une série de nerfs et de tendons."
12:04 "Arthrère radial."
12:07 "Muscles grands palmaires."
12:11 "Tendons."
12:12 "Musculus flexor radialis."
12:16 "Arthrère facial."
12:20 "Tendons, musculus palmaris longus."
12:26 "Après avoir enlevé la peau, nous pouvons séparer le plan profond de l'arthrère radial."
12:38 "Arthrère radial."
12:40 "Ah, désolé. Je ne pensais pas que c'était comme ça."
12:55 "Vous pouvez vous y faire, vous."
13:01 "Je sais pas, je sais plus."
13:03 "Je sais pas, je sais plus."
13:07 "Ça va, Catherine?"
13:09 "Miss, c'est vous, Quashbur, Catherine?"
13:20 "Oui, pourquoi?"
13:21 "On avait posé ça pour vous."
13:23 "Qu'est-ce que c'est?"
13:24 "On ne sait pas, ça vient du palais de justice."
13:26 "Palais de justice, juste histoire de justice."
13:30 "Vous vérifiez tout le monde."
13:33 "Vous avez vu tout le monde."
13:35 "Vous avez vu tout le monde."
13:37 "Vous avez vu tout le monde."
13:39 "Vous avez vu tout le monde."
13:41 "Vous avez vu tout le monde."
13:43 "Vous avez vu tout le monde."
13:45 "Vous avez vu tout le monde."
13:47 "Vous avez vu tout le monde."
13:49 "Vous avez vu tout le monde."
13:51 "Vous avez vu tout le monde."
13:53 "Vous avez vu tout le monde."
13:55 "Vous avez vu tout le monde."
13:57 "Vous avez vu tout le monde."
13:59 "Vous avez vu tout le monde."
14:02 "Vous avez vu tout le monde."
14:04 "Vous avez vu tout le monde."
14:06 "Vous avez vu tout le monde."
14:08 "Vous avez vu tout le monde."
14:10 "Vous avez vu tout le monde."
14:12 "Vous avez vu tout le monde."
14:14 "Vous avez vu tout le monde."
14:16 "Vous avez vu tout le monde."
14:18 "Vous avez vu tout le monde."
14:20 "Vous avez vu tout le monde."
14:22 "Vous avez vu tout le monde."
14:24 "Vous avez vu tout le monde."
14:26 "Vous avez vu tout le monde."
14:28 "Vous avez vu tout le monde."
14:30 "Vous avez vu tout le monde."
14:32 Je suis convoquée chez le juge.
14:42 C'est là-haut, à droite.
14:44 Je vous ai convoquée, mademoiselle, à propos de...
14:57 A propos de ceci, vous reconnaissez cette personne ?
15:01 Oui, bien sûr, c'est moi.
15:03 Eh bien, voilà qui est clair.
15:05 Mais j'ai pas fait ça.
15:07 Vous étiez bien face à ce soldat le 1er mai.
15:11 Oui, mais je vous répète que j'ai pas fait ça.
15:13 Vous n'avez pas saisi le fusil Lebel par le canon ?
15:15 Si !
15:16 Eh bien, tout est parfaitement clair. Vous reconnaissez les faits.
15:18 Je ne reconnais rien du tout !
15:20 Je ne voulais pas arracher l'arme.
15:25 Je voulais seulement repousser ce fusil pour passer.
15:28 Je courais après un petit garçon qui...
15:31 Un petit garçon qui a été tué.
15:34 Vous comprenez ?
15:36 Je voulais l'empêcher de...
15:38 Vous vouliez l'empêcher de tirer. C'est bien ce qu'on vous reproche.
15:41 Mais ne vous inquiétez pas, vous bénéficierez sans doute de circonstances atténuantes.
15:44 Cette histoire de petit garçon t'aidera en votre faveur.
15:46 Créfiez, écrivez.
15:48 Alors, dites-moi exactement...
15:52 exactement ce qui s'est passé ce jour-là.
15:55 Monsieur le juge,
15:57 ce qui s'est passé ce jour-là, je l'ai revu cent fois dans ma tête.
16:01 Tous ces corps, ces cris, ce sang...
16:05 Ce dessin, c'est de l'invention pure et simple !
16:07 Non, mademoiselle, ce dessin a été exécuté d'après photographie.
16:11 Ce qui prouve que vous avez été photographiée.
16:13 Oui, j'ai été photographiée.
16:15 Donc, vous avouez !
16:17 Je me vois dans la triste obligation de vous inculper.
16:21 Vous allez me mettre en prison ?
16:23 Non, vous irez en prison seulement si vous êtes condamné.
16:26 Condamné ?
16:28 Mais alors, mes études de médecine...
16:29 Je crains malheureusement qu'elles ne soient fortement compromises.
16:32 Je vous en supplie, monsieur le juge.
16:34 Vous n'avez pas le droit de me faire ça.
16:36 C'est impossible.
16:37 Ça ne dépend plus de moi, mademoiselle.
16:39 Mais, du coup...
16:40 Monsieur le juge !
16:41 Qu'est-ce que c'est ?
16:42 Il y a là un monsieur, un journaliste, il dit que son témoignage est capital.
16:45 Excusez-moi, monsieur le juge, mais ce monsieur détient un document qui pourrait vous intéresser.
16:51 Monsieur Palanchin est photographe.
16:53 Il opérait le 1er mai à Fourmy.
16:55 Voilà la photographie d'après laquelle ils ont fait le dessin du journal, monsieur le juge.
16:59 Regardez, monsieur le juge.
17:01 Vous voyez, la photo et le dessin n'ont strictement rien à voir.
17:10 C'est bien mademoiselle, non ?
17:12 Oui, bien sûr, mais comparez avec le dessin.
17:15 Sur la photo, elle repousse simplement le fusil, comme pour passer.
17:18 Mais, sur le dessin, on a beaucoup exagéré.
17:21 On a l'impression qu'elle veut le prendre.
17:23 C'est vrai, je voulais seulement passer pour attraper Lucien.
17:27 Les choses semblent claires.
17:28 Mademoiselle, à juste...
17:29 Taisez-vous !
17:30 C'est moi qui décide, monsieur le journaliste.
17:33 Eh bien, mademoiselle, je vais devoir conclure cette délicate affaire par un non-lieu.
17:41 Un non-lieu ?
17:43 Je vais interrompre les poursuites.
17:47 Merci.
17:48 Merci beaucoup.
17:49 Merci beaucoup, monsieur le juge.
17:52 Merci beaucoup.
17:53 Alors, tu vois que ça peut servir d'être journaliste.
17:58 Merci, Paul, merci.
17:59 Ça va mieux ?
18:01 Ah oui, j'ai tellement eu peur.
18:03 Il m'a arrêté, les études, c'était foutu.
18:06 Ça aurait peut-être mieux valu.
18:08 Oh, Paul !
18:09 J'ai une surprise pour toi.
18:11 Pour fêter ça,
18:14 tu viens avec moi à Lyon.
18:16 À Lyon ? Pour quoi faire ?
18:18 Pour quoi faire ?
18:20 Chut.
18:46 C'est incroyable !
18:47 C'est tout simplement prodigieux !
18:50 Magnifique !
18:52 Incroyable !
18:53 On dirait vraiment que c'est du vrai.
19:00 Ceux qu'on aime, ils ne disparaîtront plus jamais avec cette invention.
19:03 Elle va tuer la mort.
19:06 Oh, quelle jolie pensée.
19:09 C'est la chose la plus belle qu'on nous ait dite sur notre invention.
19:14 Mademoiselle ?
19:15 Je me suis permis d'amener mademoiselle Quashbor.
19:18 C'est...
19:19 C'est mon assistante.
19:21 Monsieur ?
19:22 Paul Grandjean, du Nouvel Éclair de Paris.
19:24 C'est vous, le journaliste parisien, qui fait défait les réputations.
19:29 Merci d'être venu jusqu'à Lyon pour assister à notre modeste projection.
19:34 Une invention comme celle-là le méritait, M. Lumière.
19:38 Je m'intéresse surtout à la photographie en couleur.
19:42 Le cinématographe, c'est un peu ma danseuse.
19:44 Un métier de forain.
19:46 Je vois déjà votre article.
19:51 En première page, sur deux colonnes.
19:53 Peut-être même sur trois.
19:54 Non, pas plus d'un autre filet.
19:56 Mais...
19:57 Tu as entendu ce qu'il a dit, non ?
19:58 Il le dit lui-même.
20:00 C'est un truc sans avenir.
20:01 En tout cas, moi, je ne la trouvais pas tant, cette invention.
20:04 Il n'a rien inventé du tout, tu sais.
20:06 Ça fait 20 ans que c'est dans l'air.
20:09 Le fusil de marée, le kinétoscope d'Edison, ça ne te dit rien ?
20:12 Non, moi, ça ne me dit rien du tout.
20:14 Vous vous rendez compte si vous aviez eu la boîte de M. Lumière à Fourmis le 1er mai ?
20:20 Oui, alors ?
20:22 Et alors, on aurait pu photographier tout ce qui s'est passé.
20:25 Et après, vous auriez pu le faire voir dans toute la France.
20:28 Au lieu d'écrire un article, on montrerait des images.
20:32 Pas bête, ton idée.
20:34 Vous vous rasez pour le dîner ? Quel honneur.
20:38 N'est-ce pas ?
20:39 Alors, je vais me faire belle, moi aussi.
20:41 Regardez comme elle est jolie.
20:44 C'est Mathilde qui me l'a prêtée.
20:46 Tu sais que la propriété de mes parents n'est pas loin d'ici ?
20:49 Oui, bien sûr.
20:50 Alors, ce soir, j'aurais promis d'aller les voir.
20:53 Ah, je comprends tout maintenant.
20:55 Quoi donc ?
20:56 Le voyage à Lyon.
20:58 C'était pour me présenter à vos parents.
21:00 Ça me fait très plaisir, Paul.
21:01 Ça me touche beaucoup.
21:05 Catherine, je suis désolé. J'aimerais tendre, mais...
21:08 Mon père est malade. Il est très fatigué.
21:12 Et ma mère, elle est plutôt du genre vieux jeu. Elle ne comprendrait pas.
21:17 Elle ne comprendrait pas quoi ?
21:19 Pourquoi, nous sommes ensemble. Notre liaison.
21:22 Tu sais ce que c'est, en province, ils sont très à cheval sur les principes.
21:31 Tu comprends ?
21:33 Oui, je comprends très bien.
21:34 Partez, vous allez tard.
21:37 Ah, je serai de retour vers 11 heures.
21:45 Boulevard de la République, s'il vous plaît.
21:58 Monsieur ?
22:00 Allez, hue !
22:02 Monsieur ?
22:03 Allez, hue !
22:06 [Bruit de pas]
22:07 [Bruit de pas]
22:35 Monsieur, monsieur, votre clé, monsieur.
22:37 Ma clé ?
22:39 La dame qui fait avec moi, elle n'est pas encore rentrée ?
22:42 Elle est partie, monsieur.
22:43 Elle est partie ? Comment ça ?
22:46 Elle m'a demandé à quelle heure il y avait un train pour Paris.
22:48 Et à quelle heure il y en a un ?
22:49 Minuit 14, monsieur. Même qu'il a fallu que je demande à Gustave de l'emmener avec sa voiture,
22:54 elle n'arrêtait pas de répéter que c'était très urgent.
22:56 Très bien, appelez-moi à 5 heures.
22:58 Vous en trouverez facilement devant l'hôtel, monsieur.
23:00 [Bruit de pas]
23:01 [Bruit de moteur]
23:07 Attention au départ !
23:10 [Bruit de moteur]
23:12 [Bruit de moteur]
23:22 [Bruit de moteur]
23:23 [Bruit de moteur]
23:32 [Bruit de moteur]
23:34 [Bruit de moteur]
23:36 [Bruit de moteur]
23:38 [Bruit de moteur]
23:40 [Bruit de moteur]
23:42 [Bruit de moteur]
23:44 [Bruit de moteur]
23:46 [Bruit de moteur]
23:48 [Bruit de moteur]
23:51 [Bruit de moteur]
23:52 [Bruit de moteur]
23:54 [Bruit de moteur]
23:56 [Cri de la voiture]
23:58 [Bruit de moteur]
24:00 [Bruit de moteur]
24:02 [Bruit de moteur]
24:04 [Bruit de moteur]
24:06 [Bruit de moteur]
24:08 [Bruit de moteur]
24:10 [Bruit de moteur]
24:12 [Bruit de moteur]
24:14 [Bruit de moteur]
24:16 [Bruit de moteur]
24:18 Je ne voulais pas te faire de mal.
24:21 Je te demande pardon.
24:22 Catherine, réponds-moi.
24:25 Tu me pardonnes ?
24:28 Je t'en prie.
24:30 J'avais peur.
24:34 Peur qu'ils t'accueillent mal. C'est tout.
24:37 Je ne suis pas présentable, c'est ça ?
24:40 Je vous fais honte ?
24:42 Tu as raison.
24:44 Je me suis conduit comme...
24:48 [Bruit de moteur]
24:49 Comme un petit bourgeois de province.
24:54 Mais vous êtes un petit bourgeois de province.
24:57 Je ne crois pas.
24:59 J'aime mes parents, Catherine.
25:01 J'essaie de les épargner.
25:03 Je vous remercie du compliment.
25:05 Mais tu ne comprends donc pas ?
25:07 Ils représentent la fin d'une époque, un monde qui va disparaître.
25:10 Toi, Catherine, tu es déjà le monde de demain.
25:13 Tu as l'enthousiasme, la jeunesse, la passion, la foi.
25:17 Et tu sais trouver les mots qu'il faut.
25:19 Tu l'as prouvé cet après-midi chez les Frères Lumière.
25:22 Je vous en prie, n'en faites pas trop.
25:25 Catherine, il faut me croire.
25:27 Si tu voulais, tu pourrais faire une journaliste formidable.
25:30 Elle est là, ta chance.
25:32 C'est toi qui as raison.
25:35 L'article sur le cinématographe doit faire la une.
25:38 C'est toi.
25:40 C'est toi qui vas l'écrire.
25:43 C'est drôle.
25:46 Je ne sais jamais quand vous êtes vraiment sincère.
25:48 Mais je suis sincère.
25:50 Si tu veux, je t'aiderai.
25:52 Nous travaillerons ensemble.
25:54 Réponds-moi, Catherine.
25:59 Dis quelque chose.
26:01 J'en peux plus, Paul.
26:03 Ça ne va pas.
26:05 Ça ne va même pas du tout.
26:07 J'en ai marre.
26:09 Marre !
26:11 J'ai trop de misère.
26:15 De travail, de logement, rien.
26:17 Et puis...
26:19 Et puis j'ai horreur des cadavres.
26:23 Mais justement, laisse tomber tout ça et viens travailler au journal.
26:28 Alors ?
26:32 C'est oui ?
26:34 Je ne sais pas.
26:36 Je ne sais plus où j'en suis.
26:38 Je t'en supplie, dis-moi que tu renonces à la médecine.
26:41 Laissez-moi encore réfléchir.
26:44 Demain, notre arrivée à Paris, je vous donnerai ma réponse.
26:47 Je vous le promets.
26:49 Je vous le promets.
27:13 Bienvenue en service.
27:15 Vous me voyez dans la salle de retour.
27:18 Et en plus, si tu rentres, l'eau va l'éclair. Fini les soucis.
27:23 Allez, dors.
27:25 Tu n'auras plus de problème d'argent.
27:30 Tu pourrais même aider ton ami Mathilde.
27:32 Tu sais, Catherine, pas moi.
27:35 La plume, souvent, c'est plus efficace que le bistouri.
27:38 Tu m'as promis une réponse.
27:42 Allez, décide-toi.
27:43 Tout de suite. Je la veux, cette réponse.
27:46 D'accord, Paul.
27:54 Et oui, j'abandonne la médecine.
27:57 Je serai journaliste.
28:00 Je ne peux pas.
28:01 Je ne peux pas.
28:02 Je ne peux pas.
28:03 Je ne peux pas.
28:04 Je ne peux pas.
28:33 J'abandonne la médecine.
28:34 J'ai trouvé un travail. On va déménager.
28:37 Et bien, Mathilde, c'est déjà un bébé ?
28:40 Je crois. J'ai mal.
28:42 Rien, ne vous affolez pas.
28:44 Pourquoi vous n'avez pas appelé la sage-femme ?
28:49 Je l'ai appelée.
28:51 J'ai même donné de l'argent fouillasse pour qu'il y aille.
28:54 J'ai des contractions.
28:58 Je crois que je suis arrivée à temps.
29:02 Frère, Jérôme.
29:03 Bonjour, mademoiselle.
29:05 Je peux peut-être aller chercher une autre sage-femme ?
29:07 Attendez, on va voir ça.
29:09 Écartez les jambes, Mathilde.
29:11 Trop tard. Elle a déjà perdu les os.
29:15 Vous ne restez pas planté là. Rien à faire.
29:20 Prenez la bassine. Remplissez la dos.
29:22 Vous trouverez un robinet au fond du couloir.
29:24 Ensuite, vous la ferez bouillir.
29:26 - Celle-là ? - Oui, celle-là.
29:28 Il en faut beaucoup.
29:31 Oui.
29:32 Et les contractions, elles reviennent souvent ?
29:35 De plus en plus.
29:37 J'ai peur pour le bébé, Catherine.
29:39 Il a quatre semaines d'avance.
29:41 Vous vous souvenez de la petite brune du deuxième étage ?
29:43 Cinq semaines d'avance qu'elle avait.
29:46 Vous auriez vu ce bébé.
29:48 Superbe qu'il était.
29:50 Magnifique.
29:54 Ne vous inquiétez pas, j'ai l'habitude maintenant.
29:57 Ce ne sera pas le premier.
30:00 Je vais le faire.
30:01 Ça s'élargit encore.
30:09 Très bien.
30:11 - Je mets l'eau à bouillir ? - Oui.
30:15 Préparez-moi une cuvette d'eau pour me laver les mains.
30:17 Bon. Levez les jambes.
30:23 Appuyez-les contre mes épaules.
30:25 Appuyez de toutes vos forces.
30:28 Allez.
30:29 Poussez.
30:32 Poussez maintenant.
30:34 Allez, poussez.
30:36 C'est bien.
30:38 Voilà.
30:40 Reposez-vous un peu.
30:43 Dépêchez-vous avec votre eau.
30:45 Bon.
30:52 Maintenant, on va faire autrement.
30:54 À la fin, il ne faut pas pousser trop fort.
30:57 Il faut laisser le bébé sortir tout seul.
30:59 Vous allez appuyer vos pieds sur le matelas.
31:04 Là, comme ça.
31:06 Comme ça.
31:08 Allez.
31:10 On va y aller.
31:12 Allez-y.
31:15 Allez-y.
31:17 Oui.
31:19 Ça y est, presque.
31:21 Je vois la tête.
31:23 La tête est tordue.
31:26 Oui.
31:27 Un garçon, Mathilde.
31:29 Vous avez un garçon.
31:32 Un garçon.
31:35 C'est bien.
31:37 Un garçon.
31:38 Bon, vous là, donnez-moi un couteau et de la ficelle.
31:43 Un couteau ?
31:45 Oui, un couteau de cuisine, pour couper le cordon.
31:48 Vite, vite.
31:50 Vite, vite, vite.
31:55 Il pleure.
31:56 Il pleure.
31:58 Il pleure.
32:00 Il pleure.
32:02 Il pleure.
32:04 Il pleure.
32:06 Il pleure.
32:08 Il pleure.
32:10 Il pleure.
32:12 Il pleure.
32:14 Il pleure.
32:16 Il pleure.
32:18 Il pleure.
32:20 Il pleure.
32:23 Il pleure.
32:24 Il respire.
32:26 Il respire.
32:29 Il respire, Mathilde.
32:31 Oui.
32:33 Merci, Catherine.
32:35 Merci.
32:37 Il est vraiment mignon.
32:41 Comment c'est votre prénom, déjà ?
32:43 Jérôme.
32:45 Jérôme, vous allez descendre à la pharmacie et vous me prendrez de la teinture de jaute et deux grosses bandes de pansements.
32:50 Bien.
32:53 Pardon.
32:54 Oh, le beau bébé.
32:58 À vous, voilà vous.
33:00 Il est à vous, Mme Catherine.
33:03 Dis donc, espèce de pochard, vous deviez aller chercher la sage-femme. Où est-elle ?
33:07 Où est-elle ? Où est-elle ?
33:09 Elle n'est pas là.
33:13 Non, mais elle va venir dès que le bébé va naître.
33:16 Il est né, imbécile heureux. Vous voyez bien, non ?
33:20 Ça fait deux bébés.
33:22 Ça s'arrose, Mme Catherine.
33:28 Dis donc, fouillasse, tu veux que je te dise ce que t'es ?
33:33 T'es qu'un misérable, un petit boucardier, un mitouillard, un panadeux, un trainade faridonneux.
33:42 Voilà ce que t'es, fouillasse.
33:44 Espèce de sac à vin, va t'empoivrer ailleurs.
33:49 Je vais chercher la sage-femme.
33:51 C'est ça, va la chercher, la sage-femme. Allez, vas-y.
33:55 Ça faisait longtemps que vous étiez là ?
34:06 Non, ça fait moins d'une heure.
34:08 Et qui vous a donné l'adresse ?
34:10 J'ai trouvé une lettre de Mathilde en rentrant à Bordeaux.
34:16 J'étais depuis six mois en Algérie pour les affaires de mon père. Je ne savais rien de toute cette histoire.
34:20 Alors j'ai pris le premier train pour Paris.
34:23 Vous en voulez encore un peu ?
34:25 Moi, ça m'a donné la fringale. Je boufferais un évêque et sa mûtre.
34:29 J'ai beaucoup dormi.
34:37 Si ça avait été une fille, je l'aurais appelée Catherine.
34:43 Vous savez ?
34:44 Jérôme.
34:46 Et à Bordeaux, les parents, qu'est-ce qu'ils disent ?
34:50 Oh, père est furieux.
34:52 Maman est inquiète.
34:55 Ils parlent même d'engager un détective privé pour te retrouver, alors.
34:59 Et toi, Jérôme, tu m'en veux ?
35:02 Pas de bêtise.
35:04 Je m'en ai déjà fait une assez grosse comme ça.
35:08 C'est qui, le père ?
35:11 C'est qui, le père ?
35:12 Réponds-moi, enfin.
35:16 Fais chez lui la paix avec ça.
35:18 J'estime que ça me regarde.
35:20 J'irai voir cet homme et il faut qu'il répare, c'est tout.
35:23 Vous n'allez quand même pas obliger Mathilde à l'épouser, non ?
35:25 Pourquoi pas ?
35:27 Mais parce que c'est une ordure.
35:29 Mlle, mêlez-vous de vos affaires, s'il vous plaît.
35:31 Vous allez vous taire tous les deux ?
35:33 Excuse-moi, Mathilde.
35:35 Je sais très bien que tu peux compter sur moi.
35:40 Je suis là pour toi.
35:41 Je suis sordide ici, tu peux pas rester là.
35:46 Écoute,
35:48 la mère d'un ami loue des appartements meublés au lieu de l'université.
35:52 Je suis sûr qu'elle t'acceptera sans poser aucune question.
35:55 D'accord ?
35:57 Vous, pouvez vous occuper de ses bagages ?
36:01 Je vais chercher un fiacre.
36:03 Vous êtes inconscient ou quoi ?
36:06 Vous vous rendez compte qu'elle vient d'accoucher ?
36:09 Excusez-moi, heureusement que vous êtes là.
36:11 Ça, vous l'avez déjà dit.
36:14 Allez, rentrez chez vous.
36:18 Et revenez la chercher demain matin.
36:21 Mais pas après 8 heures, puisque je dois être à l'hôpital.
36:24 Pourquoi, vous êtes malade ?
36:26 Non, non, rassurez-vous.
36:28 Je crois que j'ai deviné que vous êtes infirmière.
36:30 C'est ça, vous avez trouvé. Allez, bonne nuit.
36:32 Au revoir, Mathilde.
36:34 Au revoir.
36:38 Merci, Catherine.
36:39 Sans vous, le bébé serait peut-être mort.
36:42 Merci, Mathilde.
36:44 Sans vous, j'allais faire la plus grosse bêtise de ma vie.
36:47 J'allais abandonner la médecine.
36:50 Et maintenant, tu ne veux plus ?
36:52 Non.
36:54 Mais enfin, nom de Dieu, qu'est-ce qui te prend ?
36:56 Réponds-moi !
37:01 Mathilde vient d'accoucher.
37:03 Et alors ? Je ne vois pas le rapport.
37:06 Les médecins, Miss Ashman, j'ai tout fait toute seule.
37:10 J'ai été heureuse, Paul.
37:13 Heureuse, tu ne peux pas savoir.
37:16 Je n'avais jamais ressenti ça.
37:20 C'est ça que j'aime.
37:23 C'est ça, mon vrai métier.
37:25 La médecine.
37:27 Mais ça n'a rien à voir avec la médecine, ma pauvre fille.
37:29 Tu sais, tu n'aurais pas été là, ça n'aurait pas empêché ta copine d'accoucher.
37:33 Ce n'est pas vrai.
37:35 Si je n'avais pas été là, le bébé serait peut-être mort.
37:37 Non, mais...
37:39 Vraiment, pour qui tu prends ?
37:41 Pas pour une journaliste, en tout cas.
37:43 Ça, c'est bien vrai.
37:45 Tu n'es pas plus journaliste que médecin.
37:48 Tu n'es absolument rien !
37:50 Rien du tout, toi !
37:52 Et vous ?
37:54 Vous êtes quoi ?
37:56 Vous êtes qu'un sale type !
37:58 Un journal pretentieux !
38:00 Un fils en papa !
38:02 Un fils en papa !
38:03 Catherine !
38:06 Pardon !
38:08 Lâche-moi !
38:10 Je suis désolé.
38:12 Pourquoi n'as-tu pas confiance en moi ?
38:14 Je ne veux que ton bonheur, moi.
38:16 Alors, laissez-moi faire ce que je veux.
38:18 Mais tu es sûre de ce que tu veux ?
38:21 Tu es sûre de toi ?
38:24 Oui.
38:26 Quand vas-tu cesser de refaire le monde ?
38:31 Quand tu seras refait.
38:32 Non, Paul.
38:42 Non !
38:44 Prends-moi !
39:01 Prends-moi, Paul !
39:02 Où vas-tu ?
39:04 Prends-moi !
39:06 Prends-moi, Paul !
39:17 Prends-moi !
39:18 Qui est là ?
39:39 Mais, qu'est-ce que c'est ?
39:41 Jérôme Janson !
39:45 Il est arrivé quelque chose à Mathilde ?
39:46 Non, au contraire, c'est elle qui m'envoie.
39:48 Alors, c'est le bébé, ça ne va pas ?
39:50 Si, si, tout va bien.
39:52 Où est-ce que vous êtes, moi, rentré ?
39:54 Je ne peux pas rester très longtemps, j'ai mon train pour Bordeaux dans moins d'une heure.
39:56 Qu'est-ce qui vous arrive ?
39:58 Ben, voilà !
40:00 Ma sœur m'a tout raconté, tout ce que vous avez fait pour elle.
40:02 Vous avez perdu votre travail, votre logement.
40:04 Alors, Mathilde a une idée.
40:06 Elle m'a demandé d'aller voir...
40:08 Non, que vous, vous alliez voir...
40:10 Attendez, une petite seconde.
40:12 Je l'ai mis...
40:13 Je l'ai fourré !
40:15 Quoi donc ?
40:17 Mais, l'adresse !
40:19 De votre sœur ?
40:21 Non, l'adresse de ma sœur, je la connais.
40:23 Ah, ben, il faudra me la donner, hein !
40:25 Quoi donc ?
40:27 Ben, l'adresse de votre sœur !
40:29 Oui, oui, bien sûr ! D'ailleurs, elle vous attend.
40:31 Alors, vous allez tout de suite chez cette madame Perlaigneaubou.
40:33 Non, il y a écrit Perlaugnaubé.
40:35 Oui, Perlaugnaubé.
40:37 Alors, je suis allé la voir hier soir.
40:39 Votre sœur ?
40:42 Non, madame Perlaugnaubé.
40:43 Alors, j'ai inventé toute une histoire.
40:46 J'ai raconté que la sœur d'un de mes camarades de régiment
40:49 cherchait du travail afin de poursuivre ses études de médecine.
40:52 C'est bien votre cas ?
40:54 Oui, enfin, si on veut.
40:56 En tout cas, ça tombe à pic.
40:58 Elle cherche pour sa fille une sorte de préceptrice, répétitrice.
41:01 Enfin, bref, elle vous attend avant midi.
41:03 D'accord.
41:05 Ouh là là ! Bon, je suis obligé de vous laisser, j'ai mon train.
41:07 Oh non, vous prendrez bien un petit café, il est encore tout chaud.
41:10 Je suis désolé, je n'ai vraiment pas le temps.
41:11 Bon.
41:13 Excusez-moi Catherine, je voulais vous dire, d'habitude je ne suis pas comme ça.
41:16 Parce que là, je suis dans mon très très hors-tard.
41:18 D'accord.
41:20 Bon, n'oubliez pas le rendez-vous avant midi chez madame…
41:28 Perlaugnaubé.
41:30 Merci Jérôme.
41:32 Vous savez, ce n'est pas moi qu'il faut remercier, c'est Mathilde.
41:34 Elle vous adore.
41:36 Je la comprends d'ailleurs.
41:39 Merci.
41:40 Perlaugnaubé.
41:52 Bon, essayons celle-là s'il vous plaît.
42:07 J'espère que petit Jérôme m'a conté votre histoire.
42:09 Merveilleuse !
42:11 Merveilleuse !
42:14 Votre histoire est merveilleuse.
42:17 Un vrai conte de fées.
42:19 Donc je pourrais être la fée, non ?
42:21 J'ai tort.
42:25 Mon confesseur me reproche toujours mon absence de modestie.
42:27 Vous le connaissez ?
42:29 Le chanoine gradier de la paroisse Saint-Augustin.
42:31 Il est tellement spirituel.
42:33 Dans tous les sens du terme d'ailleurs.
42:36 Étonnante.
42:37 Vous êtes étonnante, cette idée de faire la médecine.
42:40 Ce sera très excitant d'avoir ici une future...
42:43 Comment dire ?
42:45 Médecine ?
42:47 Oh non, ce mot est trop laid.
42:49 N'est-ce pas que c'est trop laid ?
42:53 Qu'est-ce que ça me déguénisse ?
42:55 Vous ne trouvez pas ?
42:57 Oui, madame.
42:59 Non, madame.
43:01 D'ailleurs, le chanoine gradier dit toujours que la littérature aujourd'hui...
43:03 Vous savez qu'il connaît presque tout le monde littéraire ?
43:05 Même M. Zola.
43:06 Vous vous rendez compte, un prêtre qui connaît M. Zola.
43:08 Vous avez lu les livres de M. Zola ?
43:10 Oui, j'ai lu Germinal.
43:12 Germinal ?
43:14 Ah oui, vous êtes du Nord.
43:16 Vous m'expliquerez un jour.
43:18 Mais en tout cas, défense de faire lire ça à Amélie.
43:20 Amélie, c'est votre fille ?
43:22 Bien sûr. Mais je ne vous l'avais pas dit ?
43:24 Où avais-je la tête ?
43:26 C'est la foirée de la duchesse de Pleinebourg qui me donne des soucis, vous savez.
43:30 Madame a appelé ?
43:34 Ah oui, Edouard.
43:35 Veuillez demander mademoiselle Amélie de nous rejoindre.
43:37 Et voici la demoiselle de compagnie d'Amélie, justement.
43:40 Mademoiselle quoi ?
43:42 Cette prénom est imprononçable, ma chère.
43:44 Je vous appellerai mademoiselle Catherine ou...
43:46 ou Catherine, tout simplement.
43:48 Madame Germinal, j'ai choisi celle-là.
43:51 Et elle me va très bien, n'est-ce pas ?
43:54 Oui, c'est très joli, madame.
43:56 Bon.
43:58 Voyons les chapeaux, maintenant.
44:01 Celui-là, ce n'est pas du tout mon genre.
44:03 Un autre.
44:05 Les plumes, c'est le déjà vu.
44:09 Si vous permettez, madame, j'aimerais connaître les conditions,
44:18 enfin, mon travail exact.
44:20 C'est très facile, vous verrez.
44:22 Vous surveillez les études de ma fille.
44:24 Non, celui-là, ça ne va pas du tout.
44:26 Un autre.
44:29 Vous assisterez à ses leçons de français, la jeune professeure,
44:31 et j'en ai fait un peu.
44:33 Celui-là, il me plaît beaucoup mieux.
44:35 Et puis, il faudra la surveiller le soir où je sors.
44:38 Et je sors beaucoup.
44:40 Vous comprenez, j'ai décloîtré pendant les deux années de veuvage
44:42 après la mort de mon mari.
44:44 Finalement, il ne me plaît pas du tout.
44:47 Vous m'avez demandé, madame ?
44:49 Ah, vous voilà.
44:51 Eh bien, c'est mademoiselle quoi ?
44:53 Enfin, Catherine qui vous tiendra compagnie, désormais.
44:56 Bonjour, j'espère que nous serons à vos côtés.
44:58 Bonjour, j'espère que nous serons très bonnes amies.
45:00 Pardon ?
45:02 Vous avez été engagée comme gouvernante, il me semble ?
45:04 Non, Amélie, comme préceptrice.
45:06 Ne vous formalisez pas, elle est comme cela, Amélie.
45:09 Tout comme au défunt mari, Dieu est son âme.
45:12 Elle part sans réfléchir, madame, coeur d'or.
45:14 J'en suis certaine.
45:16 Donc, nourrie, logée et blanchie, et 63 par mois.
45:20 Quand pouvez-vous commencer ?
45:22 Quand vous voudrez.
45:24 Eh bien, disons l'année prochaine.
45:26 Merci.
45:27 Messieurs, nous allons procéder aujourd'hui à la dissection d'un pied.
45:47 Je vous en prie.
45:49 Eh, mademoiselle, dites-moi, lorsque vous décidez de remuer,
45:55 vos jolis petits orteils, que faites-vous fonctionner ?
45:57 Le muscle long extenseur.
46:00 Oui, mais encore ?
46:02 Les tendons du muscle.
46:04 C'est évident, mais encore ?
46:06 Les nerfs, bien sûr.
46:08 Le nerf safen externe et interne.
46:11 Mademoiselle, vous allez nous faire le plaisir de nous montrer tout ceci.
46:17 Et tâchez de ne pas tailler à tort et à travers, je reviendrai voir dans quelques instants.
46:22 Merci.
46:51 Eh, Gaspurette, jette un oeil, là.
46:54 T'as vu, s'il est mignon.
46:56 Tu veux que je te fasse le même ce soir ?
46:58 Mon Dieu, est-ce que vous êtes délicat ?
47:01 C'est vrai, à la fin, écoute, arrête un peu tes arneries.
47:05 T'étais un petit peu moins faro au début, hein ?
47:07 Alors, ta gueule.
47:09 On dîne ensemble ce soir ?
47:12 Désolée, ce soir je suis prise.
47:14 Un jeune et beau garçon ?
47:17 Bien sûr, qui s'appelle Amélie.
47:20 Amélie, pardon.
47:21 Écoutez, il est commencé à arriver.
47:25 La Duchesse de Montrond,
47:28 M. Elvie,
47:30 le Général Delcas.
47:33 Moi, je n'aurais même pas le droit de les rencontrer.
47:38 C'est normal, vous êtes encore trop jeune.
47:40 Non, c'est tout le contraire, je suis trop âgée.
47:42 Trop âgée ?
47:44 Oui, et trop grande pour mon âge, en plus.
47:45 Alors, ma mère n'aime pas me montrer.
47:48 Je la fais vieillir, parait-il.
47:50 Venez voir, venez.
47:55 Vous voilà.
47:57 C'est Guillaume, voyons.
47:59 Je ne vous en ai pas déjà parlé ?
48:01 Si.
48:03 Alors, c'est lui, ce fameux Guillaume.
48:05 Il est beau, hein ?
48:07 Maman ne veut pas que je le voie.
48:12 À chaque fois, c'est pareil.
48:17 Alors, cette leçon, tout va bien ?
48:19 Mais tu pleures, Amélie.
48:22 Qu'est-ce que vous lui avez fait ?
48:24 Non, mais ce n'est pas ça, ce n'est pas elle.
48:26 Je l'ai grondée.
48:28 Mlle Amélie ne connaît pas son seul fèche.
48:30 Ce n'est pas sérieux, ça, hein ?
48:32 Mais tu prends tout trop à cœur, ma chérie.
48:36 Elle est très sensible, vous savez.
48:38 C'est encore un bébé.
48:41 Je vous laisse, mes amis t'arrivent.
48:44 Ne soyez pas trop sévères, quand même.
48:46 Merci, mademoiselle.
48:52 Ce n'est rien.
48:54 Mais la prochaine fois, vous apprendrez votre seul fèche, hein.
48:56 Promis.
48:58 Qu'est-ce que c'est beau chez vous, Mathieu.
49:07 Et là, ce n'est pas chez moi.
49:09 Ah, pas de chambre de la cité, je vois.
49:13 Pas de chambre de la cité, je d'arc.
49:14 Venez.
49:16 Pourquoi n'étiez-vous pas de nouveau, plutôt ?
49:18 J'avais peur de vous déranger.
49:20 Et moi, j'avais peur que vous l'ayez oublié.
49:22 Vous êtes mignons.
49:26 Attention.
49:30 Coucou, Gérôme.
49:32 Dieu, qu'il va y avoir six mois.
49:36 Oui, sans vous, il ne serait pas là.
49:38 C'est l'heure du vivant, madame.
49:42 Allez, il est beau.
49:43 Il ressemblerait un petit peu à votre frère, non ?
49:46 À propos de Gérôme,
49:49 vous ne savez pas la nouvelle ?
49:51 Il s'installe à Paris.
49:53 Ah, mais vous devez être contente, alors.
49:55 Ravi.
49:57 Entre nous, je crois que vous lui avez fait une très forte impression.
49:59 Ah bon ?
50:01 C'est vrai que votre cœur est ailleurs.
50:03 Vous savez, je ne sais pas très bien où il en est.
50:06 Quelque chose qui ne va pas ?
50:08 Comment dire, il a...
50:11 Il a une certaine idée des femmes et il voudrait tout décider pour moi.
50:12 C'est sa façon de vous aimer.
50:14 Mais on peut très bien être aimé d'un homme et rester soi-même, non ?
50:16 Je ne suis pas sûre.
50:19 Je crois que les hommes aiment bien les femmes qu'ils peuvent modeler à leur image.
50:24 C'est moi.
50:27 Tiens.
50:29 Oh, vous êtes là.
50:31 Ça me fait plaisir de vous voir.
50:33 Ça va ?
50:35 Très bien.
50:36 Alors, racontez-moi, comment ça se passe avec cette madame ?
50:38 C'est Alain Niobé.
50:40 Ça se passe plutôt bien.
50:41 Et vos études ?
50:43 Ça va. Je m'habitue même aux séances de dissection.
50:45 Je ne sais pas comment vous faites.
50:47 Tous ces cadavres en morceaux, quelle horreur !
50:49 Quel courage, tu veux dire.
50:51 Elle a de quittes mères.
50:53 On sait que sa mère est une femme extraordinaire.
50:55 Bah, tenez, justement, je viens d'avoir de ses nouvelles.
50:57 Garez-vous que dimanche, on va lui remettre la médaille de la reconnaissance française.
51:01 C'est très rare pour une femme, ça.
51:03 En tout cas, c'est mérité.
51:05 Elle a tellement fait pour aider les familles des mineurs disparus.
51:09 Et alors, vous y allez pour la médaille ?
51:10 À Arras. J'aimerais bien me laisser trop loin.
51:12 Pas en automobile.
51:14 Ça y est, tu l'as.
51:16 Depuis hier.
51:18 Une voiture fabriquée par M. Panhard et le Vassor.
51:21 Tu ne vas pas la prendre pour aller à Bruxelles, j'espère ?
51:24 Bien sûr que si.
51:26 Comme il y a deux places et qu'Arras est sur le chemin de la Belgique
51:29 et que pour ma compagnie, il faut quelqu'un de très, très courageux.
51:32 Si ça vous tente.
51:35 Si ça vous tente.
51:36 Oh, ça fumait !
51:42 Oh, c'est pas grave !
51:46 Vous croyez ?
51:47 Oh là là, ça fume pas plus tant plus !
51:51 Allez, on perd 10 kilomètres.
51:54 Allez, on y va.
51:57 Oh, mon chien !
52:03 Oh, c'est trop bête, on était presque arrivés.
52:05 Bon, on va voir ce que c'est.
52:09 Attention, Jérôme.
52:15 Aïe !
52:17 Vous, vous connaissez en moteur ?
52:18 Je prends des aéroplanes, oui.
52:20 Vous êtes déjà monté en l'air ?
52:21 Je ne saurais pas, mais ma chère, prenez ma place.
52:24 Bon, j'essaye de démarrer.
52:29 Si jamais ça démarre, vous mettez les gaz avec ces petites manettes en cuivre.
52:32 Taxi ?
52:33 Oui.
52:34 Prête ?
52:35 On recommence.
52:42 Prête ?
52:44 Je n'y arrive pas.
52:53 Vous voulez que j'aille chercher de l'aide ?
52:54 Au moins que...
52:56 Peut-être qu'en la poussant, non ?
52:57 Attendez, attendez, attendez.
53:01 C'est peut-être un problème d'huile.
53:03 Vous voulez un chiffon ?
53:05 Ça doit être ça. C'est la pompe à huile.
53:07 C'est bien, on ne l'aime plus, non ?
53:14 Oui.
53:15 Oh non !
53:19 Vous êtes tout noir.
53:25 Vous aussi.
53:26 Ah !
53:27 Oh non !
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55:13 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
55:16 Sous-titrage Société Radio-Canada

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