Terrorisme en France : Quels moyens pour lutter contre la menace terroriste à l’approche des JO ?

  • il y a 6 mois

Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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00:00 - Avec Céline Giraud sur Europe 1 de 13h à 14h, vos réactions aussi au 0 à 90, 29, 21, décryptage de l'actualité de ce lundi 11 mars Céline,
00:10 avec vos deux chroniqueurs du jour, Olivier Dartigolle, chroniqueur politique et Georges Fenech, ancien juge d'instruction.
00:16 - Bonjour, comment allez-vous ? - Très bien Céline.
00:19 - Bienvenue à bord. - Comment ça va ?
00:21 - Deuxième semaine avec vous, je suis ravi. On va évidemment décortiquer l'actualité comme on le fait à chaque fois.
00:26 On est à 137 jours des Jeux Olympiques et dans les colonnes du journal du dimanche, hier, le ministre dans l'intérieur, Gérald Darmanin,
00:33 s'est confié à Charlotte Dornelas. Il y détaille notamment sa détermination face à la menace islamiste et la mobilisation considérable de son ministère
00:41 pour lutter contre cette menace terroriste. Mais avant, on va écouter Arthur Desnouveaux. Il est rescapé, je le rappelle, des attentats du 13 novembre 2015
00:49 et il est président de Life for Paris, l'association de victimes des attentats du 13 novembre 2015. Il était l'invité ce matin de Dimitri Pavlenko à 7h10.
00:59 Écoutez-le, il regrette que le terrorisme ne fasse plus partie des discours.
01:05 - On ne se nourrit pas beaucoup de tout ce qui s'est passé dans les cours d'assises ces dernières années.
01:08 Si vous regardez, quand on vous parle de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, on vous dit encore que le seul risque d'annulation, en fait, c'est le terrorisme.
01:15 C'est bien la preuve que cette menace-là, elle ne décroît pas et on n'en voit pas le bout.
01:21 On a toutes les semaines des gens qui sont arrêtés parce qu'ils sont en train de préparer de manière imminente un attentat.
01:27 Donc ça, on n'y arrive pas. Et de la même manière, on a beaucoup de mal à mesurer si les gens qu'on remet dans le système après leur peine de prison
01:34 ont perdu de leur dangerosité. Ça ne veut pas dire que personne ne travaille dessus, mais ça veut dire qu'on ne met pas les moyens.
01:39 Et surtout, il n'y a pas de volonté politique d'en parler. Ça ne fait plus partie des discours.
01:44 Ça ne fait plus partie des discours, Arthur Desnouveaux, ce matin sur Europe 1.
01:48 La posture d'Emmanuel Macron, Olivier Dardigolle interpelle aussi.
01:53 Il s'est emparé de sujets sociétaux comme l'IVG, la fin de vie, mais il laisse à Gabriel Attal désormais les cérémonies d'hommage aux victimes du terrorisme.
02:00 Que cela ne fasse plus partie du verbe macronien, on le constate.
02:04 Le ministre de l'Intérieur porte, j'ai envie de dire, aujourd'hui cette expression et ce combat, cette vigilance de l'État.
02:12 Depuis la création du parquet national antiterroriste en 2019, il y a eu près d'une vingtaine de projets d'attentats très engagés
02:20 qui, grâce au travail exceptionnel des services, ont été donc stoppés.
02:25 On va vers les JO avec un défi sécuritaire hors normes, inédit, notamment sur la cérémonie d'ouverture, mais pas uniquement.
02:34 La question qu'on peut se poser, c'est en ces temps d'annonce de restrictions budgétaires,
02:38 j'ai envie de dire, avec ce qu'on a pu lire, notamment dans le JDD, si les moyens seront donnés pour permettre cette sécurité maximum.
02:49 - Georges Fenech ?
02:51 - Moi je trouve que c'est un peu sévère.
02:53 - Le discours d'Arthur Denouveau ?
02:55 - Oui, je trouve que c'est un peu sévère, j'entends bien la douleur qui est la sienne aussi.
03:01 J'ai présidé, comme vous le savez, la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de Paris.
03:06 Je peux vous dire que, franchement, j'observe toujours ce phénomène, bien sûr,
03:11 on a fait énormément de progrès, et d'ailleurs la preuve, dans sa bouche, il dit lui-même, il ne se passe pas une semaine sans qu'on ne déjoue pas un attentat.
03:17 C'est précisément parce qu'on les déjoue qu'on garantit mieux aujourd'hui notre sécurité.
03:23 Je pense qu'on a vraiment fait un rétexte, comme on dit dans leur jargon, retour d'expérience,
03:30 et qu'on a franchement amélioré tous nos services, à commencer par les services de renseignement,
03:35 qui sont beaucoup mieux coordonnés avec la DGSI qui pilote, comme vous le savez.
03:40 Alors le risque zéro n'existe pas, et nous avons évidemment une idéologie qui n'a pas disparu
03:46 par le simple fait qu'on a territorialement défait l'État islamique dans la zone irakou-syrienne.
03:51 L'idéologie est toujours là, et d'ailleurs ils sont en train de se reconstituer dans ces zones,
03:55 aussi en Afghanistan, il faut le savoir, et au Mali, là où on s'est retiré, effectivement,
04:00 et ces gens-là sont en capacité, il faut le savoir, de projeter même aujourd'hui un attentat.
04:06 Donc on n'est pas à l'abri, mais pour autant, je crois que toutes les mesures,
04:10 j'ai lu effectivement l'article sous la signature de Charlotte Dornelas,
04:13 notamment dans le JDD, sur les mesures qui sont prises,
04:16 ça me paraît vraiment des mesures maximales, 45 000 forces de police, les réservistes,
04:22 toute la nouvelle technologie avec les drones, avec ceux-ci qui vont être mis en place,
04:27 je pense qu'on peut difficilement faire mieux.
04:30 - Et ce qui interpelle justement dans ces confidences de Gérald Darmanin à Charlotte Dornelas,
04:34 c'est le rajeunissement des personnes susceptibles de passer à l'acte avec des personnes de 11, 12 et 13 ans.
04:41 C'est une nouveauté.
04:42 - Oui, c'est un phénomène qui a été repéré, je fais écho à ce que vient de dire Georges sur le fait que l'idéologie
04:49 djihadiste islamiste, le terrorisme islamiste n'a pas été éradiqué,
04:54 quand bien même des coups durs ont été portés à un certain nombre d'organisations.
04:59 Et il y a ce phénomène de très jeunes qui sont idéologisés,
05:04 ou en tout cas qui rentrent dans une violence extrême à des âges dont on pourrait toujours se dire qu'il est celui de l'innocence.
05:12 - Oui, et c'est un sujet qui vous fait beaucoup réagir.
05:14 On va prendre Franck, tiens, qui nous appelle.
05:16 Bonjour Franck.
05:17 - Bonjour.
05:18 - Merci d'être avec nous.
05:19 Vous nous écoutez en Ile-de-France, vous êtes un ancien policier, vous souhaitiez réagir.
05:24 - Oui, effectivement, je suis un ancien policier, donc j'ai quitté la police juste après les attentats qui ont frappé la France.
05:31 Et du coup, c'est vrai qu'on voit notamment toute cette jeunesse qui part totalement en vrille.
05:38 Pour ma part, ça ne m'engage que moi, mais je pense que beaucoup de personnes seront d'accord avec moi que le premier responsable dans tout ça, c'est la justice.
05:46 La justice, pourquoi ? Parce que la justice ne suit pas, la justice ne donne pas des peines suffisamment sévères.
05:52 Quand on voit que les prisons ressemblent plus à des clubs med qu'à des prisons,
05:57 pardonnez-moi, mais comment voulez-vous que les délinquants, que les terroristes, qui que ce soit, aient peur de la prison ?
06:01 On va remonter un peu le temps, il y a 20 ans, 30 ans, 40 ans, les gens avaient peur de la police, avaient peur de la gendarmerie, avaient peur de la prison, avaient peur de la justice.
06:12 Parce que la justice, c'était quelqu'un qui était frappé et frappé fort.
06:16 Aujourd'hui, quand on voit dans d'autres pays, je vous mets au défi d'aller voler quoi que ce soit aux États-Unis,
06:20 vous allez voir la peine de prison selon l'état où vous vous trouvez que vous allez prendre.
06:24 Maintenant, je vais aller de l'autre côté du globe, je vous invite à aller dans un pays du Proche ou du Moyen-Orient, allez voler une banane.
06:30 Vous allez voir comment votre main va être coupée. Donc là, on est dans l'extrême.
06:35 Mais c'est vrai que la justice en France ne donne pas suffisamment les bonnes punitions.
06:42 Comment voulez-vous qu'un délinquant qui fasse une bêtise, peu importe le délit, se dise "je recommence plus puisque la peine j'ai pris 18 mois avec sursis".
06:52 Qu'est-ce que 18 mois avec sursis ? C'est comme si je prenais une règle et que je vous tapais sur les mains. Et encore.
06:58 Malheureusement, comment voulez-vous que les terroristes, ceux qui veulent frapper la France au plein cœur, et qu'on arrive à attraper,
07:06 parce qu'en France on a un excellent service de renseignement, comment voulez-vous que lorsqu'on les attrape vivants,
07:14 regardez Abdesselam, regardez Abdesselam, il est à la prison de Fleury-Mérogis, il a un étage complet, rien qu'à lui.
07:21 Donc avec ça, il n'a pas dit un mot, et avec ça, il a un prof de sport, il a...
07:25 Vous voyez ce que je veux dire ? La justice, pour moi, c'est la première coupable.
07:31 Georges Fedec, une réaction par rapport à ce que vient de dire Franck ?
07:33 Écoutez, je sais si je suis souvent amené à critiquer cette forme de laxisme, d'idéologie judiciaire, mais là,
07:40 franchement, en matière de sanctions d'organisation judiciaire, d'abord, contre le terrorisme, le procès, précisément des attentats du 13 novembre,
07:49 qui a duré 9 mois, je le rappelle, a montré que cette cour d'assises spécialisée composée uniquement de magistrats,
07:56 avait pris la mesure des faits, avait fait une réponse aux victimes et à la société en général, et que les peines sont tombées.
08:04 Il y a des peines maximales, notamment contre Salah Abdesselam, je l'ai visité, moi, dans sa cellule,
08:09 Salah Abdesselam, quand je faisais la commission d'enquête, effectivement, il a une cellule et deux autres aussi, elles sont occupées,
08:15 passées déguisées en sécurité, il faut vraiment éviter. Alors, après, le parquet aussi a changé sa jurisprudence,
08:22 puisque aujourd'hui, rien que l'association de malfaiteurs terroristes, aujourd'hui, c'est 20 ans, à l'époque c'était 10 ans,
08:28 souvenez-vous, le frère de Mohamed Merab, Delcadère, a été condamné, c'était Éric Dupont-Moretti qui le défendait, à 20 ans d'emprisonnement.
08:36 - On va en reparler dans quelques instants, évidemment, de cette interview et justement des sanctions et de ce criblage aussi,
08:41 beaucoup, beaucoup, 900 000 personnes encore à examiner, à cribler pour le ministère de l'Intérieur.
08:45 On reste ensemble avec vous, Olivier Dardigolle, avec vous, Georges Fenech, et vous, chers auditeurs d'Europe 1, à tout de suite.
08:49 Vous y allez, vous réagissez aux 01.80.20.39.21, vous écoutez Céline Giraud, de 13h à 14h, sur Europe.

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