"Enfin !" s'est réjoui sur RTL Olivier Falorni, député libertés et territoires. Enfin un texte de loi pour autoriser l'aide à mourir en France présenté en Conseil des ministres le mois prochain. Emmanuel Macron l'annonce dans les journaux Libération et La Croix : une aide à mourir sous conditions strictes. Pour en parler, RTL donne la parole à Jonathan Denis, président de l'association du droit de mourir dans la dignité.
Regardez L'invité de RTL Midi du 11 mars 2024 avec Agnès Bonfillon et Eric Brunet.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL midi. Agnès Bonfillon, Éric Brunet.
00:07 Enfin, le texte qui nous est annoncé marque des avancées extrêmement importantes.
00:13 Évidemment, c'est une liberté qui n'en retire aucune aux autres.
00:17 Enfin, enfin, disait ce matin sur notre antenne Olivier Falorni, député Libertés et Territoires.
00:24 Enfin, un texte de loi pour autoriser l'aide à mourir en France, présenté en Conseil des ministres le mois prochain.
00:31 Emmanuel Macron l'annonce ce matin dans les journaux Libération et La Croix.
00:35 Une aide à mourir sous conditions strictes.
00:38 Cela s'adressera uniquement aux adultes atteints d'une maladie incurable qui pourront exprimer clairement leurs souhaits.
00:44 Personnes dont le pronostic vital est engagé à court ou moyen terme et dont il n'est pas possible de soulager les souffrances.
00:51 Pour en parler avec nous, Jonathan, Denis, bonjour.
00:53 Bonjour.
00:54 Vous êtes président de l'association du droit à mourir dans la dignité.
00:57 On se dit que forcément, vous aussi, vous dites "enfin, c'est une avancée".
01:02 Je dis "enfin" déjà parce qu'on a un calendrier et on vient de loin.
01:05 Et je dis "enfin" parce que Emmanuel Macron a fait des reports, il y a eu des interrogations.
01:10 Maintenant, on sait ce qu'il y aura dans ce projet de loi.
01:14 Ensuite, il y a un grand travail qui est à faire, vous l'avez dit.
01:16 Il y a des conditions strictes qu'ont définies les parlementaires qui ont pu travailler,
01:20 mais surtout le président de la République dans ce projet de loi.
01:23 Il y en a plusieurs sur lesquelles je pense que les députés vont devoir revenir pour clarifier les choses.
01:28 Parce que le pire qui pourrait arriver, c'est qu'on vote une loi qui condamne encore des Français à partir à l'étranger,
01:33 en Belgique ou en Suisse, parce qu'on ne serait pas capable de les accompagner comme ils le souhaitent chez nous.
01:39 J'espère qu'on n'aura pas attendu autant de temps, et ce temps les Français ne l'ont pas eu,
01:43 et les Français ne l'ont plus, pour finalement faire un texte à minima.
01:46 - Alors là, on va installer une rhétorique dans le débat qui s'annonce.
01:50 De quoi a-t-on parlé ? Vous êtes le président de l'association pour le droit de mourir dans la dignité.
01:54 De quoi parle-t-on ? D'euthanasie ? De suicide assisté ?
01:58 - Le problème, c'est que le président de la République n'aime pas les mots.
02:01 Donc il ne les assume pas. Moi, je les assume.
02:03 Dans ce projet de loi, on serait sur un modèle dit de l'Oregon, c'est-à-dire le suicide assisté,
02:07 la personne aurait une maladie incurable, un pronostic vital engagé à court ou moyen terme,
02:11 sans qu'on sache véritablement ce que ça veut dire.
02:14 Il y aurait une décision médicale finale.
02:16 Est-ce qu'on serait sur une sorte de tribunal des médecins qui vous dirait si oui ou non,
02:20 même si vous êtes éligible, ils acceptent.
02:23 Et donc, vous iriez chercher avec votre prescription médicale un médicament,
02:26 vous rentrez chez vous et vous le prenez tout seul.
02:28 - Ça, c'est l'état de l'Oregon aux Etats-Unis qui est un dispositif analogue.
02:31 - C'est exactement en 1997 ce que fait l'Oregon.
02:34 On n'est pas dans l'esprit de la fraternité défendue par Emmanuel Macron.
02:37 Il pourrait y avoir une exception d'euthanasie, même si le mot n'est pas dit,
02:40 pour les personnes qui seraient incapables physiquement de faire le geste.
02:43 Ainsi, un tiers ou un soignant pourrait les accompagner.
02:47 - En quoi le collège de médecins peut-il poser problème ?
02:50 - Ça dépend ce qu'on entend derrière collège de médecins.
02:52 Aujourd'hui, le projet de loi, on ne l'a pas eu.
02:54 Moi, j'espère le voir bientôt.
02:57 Si c'est un collège de médecins entendu par un médecin qui va voir,
03:01 par exemple, un spécialiste de la pathologie pour avoir un deuxième avis,
03:04 ça s'appelle le modèle belge.
03:06 Si c'est un collège de médecins qui doit se réunir,
03:09 même si vous êtes "éligible" aux critères définis
03:12 pour finalement savoir si oui ou non, vous aurez quand même le droit à cette aide à mourir,
03:16 là, on marche sur la tête, on est sur un contrôle a priori
03:19 et on va finalement se retrouver un peu comme en Espagne.
03:22 C'est le modèle qui est mis avec des personnes qui ne sont plus accompagnées
03:26 ou n'ont plus le temps d'être accompagnées
03:28 et meurent dans des souffrances qu'elles ne souhaitent pas endurer.
03:31 - Est-ce que vous ne redoutez pas que certains soignants,
03:33 certains médecins finalement, refusent cet accompagnement,
03:37 ce geste, en faisant jouer une sorte de clause de conscience ?
03:41 On n'a pas fait le serment d'Hippocrate pour tuer des patients,
03:45 j'utilise des termes un peu excessifs, mais vous comprendrez.
03:48 - Vous savez, je respecte toutes les convictions.
03:50 Moi, je n'ai pas de certitude, je suis comme des millions de Français
03:53 avec une incertitude face à la fin de vie.
03:55 90% des Français ne demandent pas à bénéficier d'une euthanasie,
03:58 ils demandent à ce qu'on ouvre le champ des possibles.
04:00 Donc, il faut respecter aussi les soignants
04:02 qui peuvent être opposés pour des raisons philosophiques, religieuses, éthiques,
04:06 peu importe, il faut qu'il y ait une clause de conscience spécifique de ces soignants.
04:10 Pour autant, il ne faut pas qu'ils viennent à bloquer les situations.
04:13 Et quand on parle par exemple d'un collège médical,
04:15 si vous tombez sur des soignants qui sont opposés et qui font traîner les choses,
04:18 on voit bien ce qui va se passer.
04:19 On aura une loi qui ne sera pas réellement applicable,
04:22 et une nouvelle fois, le pire qui puisse arriver,
04:24 c'est finalement qu'on regarde ces Français qui partent
04:26 tels des parias à l'étranger parce qu'on sera incapables de les accompagner.
04:29 - Puisque vous parlez religion, l'Église, elle, se dit indignée,
04:32 l'Église catholique, je vous propose d'écouter
04:34 Vincent Jordi, vice-président de la Conférence des évêques de France,
04:37 archevêque de Tours, Mathilde Piquet vient de le joindre.
04:40 - Cette loi, c'est la boîte de Pandore qu'on ouvre quand même.
04:43 On nous dit toujours, on va mettre des sécurités, des lignes rouges.
04:46 Une fois qu'on a franchi certaines ligues, toutes les limites sautent.
04:49 Il y a vraiment quelque chose là, un basculement dans une autre manière
04:52 de concevoir le lien au plus fragile, ce qui est proposé,
04:55 ouvre finalement toutes les portes, l'euthanasie et le suicide assisté.
04:59 - Il y aura quand même des critères restrictifs qui encadreront la pratique.
05:02 - Ces critères sont quand même extrêmement subjectifs.
05:05 Accompagner la mort, comme c'est le cas en particulier dans les soins palliatifs,
05:08 et faire mourir par une injection une substance totale,
05:11 ce n'est pas la même chose et ça ne pourra jamais être qualifié de soin.
05:14 - On a souvent l'impression qu'on oppose le soin palliatif et aide à mourir
05:18 comme si l'un empêchait l'autre. Ce n'est pas le cas ?
05:22 - Je ne comprends pas pourquoi on les oppose.
05:24 Je pense qu'ils sont parfaitement complémentaires.
05:26 Ils le sont dans tous les pays qui ont avancé sur l'aide à mourir.
05:28 Il faut quand même rappeler que, par exemple, la Belgique,
05:30 qui a légalisé cela il y a 20 ans, a fait un accès universel aux soins palliatifs.
05:34 Et c'est nous en France qui allons donner des leçons aux Belges sur comment ils doivent faire.
05:38 Non, une loi équilibrée, c'est une loi qui avance sur les soins palliatifs.
05:41 Le président de la République a pris un engagement et on souhaite qu'il y ait
05:44 cet accès universel aux soins palliatifs, mais bien au-delà, une infusion, je dirais,
05:47 de la culture palliative dans tout le milieu hospitalier.
05:50 Mais il faut en face qu'il y ait cet équilibre avec une aide à mourir
05:53 parce que les soins palliatifs ne peuvent pas tout.
05:55 - Pourquoi ça a mis si longtemps à venir en France ?
05:57 Car on le voit bien dans les sondages, plus de 80% des Français sont favorables
06:01 à une aide à mourir qui se rapproche peut-être de la situation belge.
06:05 Et pourtant, ça fait des sondages où ils disent ça depuis des années, des années,
06:09 et ça ne bouge pas tellement dans ce doux pays de France.
06:12 - On vient de parler d'une opposition d'une partie des soins palliatifs,
06:14 donc ça peut être une explication. Je pense qu'il y a aussi eu un manque de courage politique.
06:18 Je le dis très sincèrement. Il faut reconnaître les avancées.
06:21 C'est la première fois que nous aurons un projet de loi sur l'aide à mourir.
06:24 Si nous en sommes là aujourd'hui, c'est parce qu'il y a aussi d'anciens présidents
06:27 qui ont trahi leurs engagements sur le sujet.
06:29 - Merci Jonathan Denis qui ne mâche pas ses mots, président de l'association
06:33 pour le droit de mourir dans la dignité.
06:35 Dans un instant, ce sont les derniers jours pour Parcoursup.
06:39 Où en sont les futurs bacheliers, mesdames, messieurs ?
06:42 Il y a des quiz, des tests un peu partout pour les accompagner. On verra ce que ça vaut.
06:45 - Éric Brunet et Agnès Bonfillon.
06:50 RTL midi jusqu'à 3.
06:52 [SILENCE]