• il y a 8 mois
L'écrivain, Nathan Devers à propos de l'«aide à mourir» : «On est en train de légiférer sur notre rapport à la mort».

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Transcription
00:00 Déjà, je suis d'accord avec vous sur ce point,
00:01 c'est que c'est un sujet grave au sens de important,
00:04 ce n'est pas une décision qu'on prend à la légère.
00:06 Et il me semble que ce genre de débat a quand même plus de hauteur
00:10 que des débats technocratiques auxquels nous avait souvent habitué le gouvernement.
00:13 Là, on est quand même dans ce qu'on pourrait appeler une forme de grande politique.
00:16 Encore une fois, quelles que soient nos positions sur le sujet,
00:19 ça veut dire qu'on est en train de légiférer sur notre rapport à la mort.
00:22 C'est une question qui est très importante et qui est d'emblée philosophique.
00:26 On ne peut pas être dans une sorte de bassesse de vue pragmatique, nectocratique
00:30 quand on réfléchit à ça.
00:31 – Rapport à la mort personnelle et à l'accompagnement aussi de cette mort.
00:34 – Et à l'accompagnement de la mort, exactement.
00:36 Alors ensuite, sur le sens des mots.
00:37 Le problème, c'est que les mots désignent aussi bien des pratiques,
00:40 des types de pratiques qui existent aujourd'hui dans la médecine,
00:42 mais ensuite, on peut voir aussi leur sens originaire.
00:44 Euthanasie, c'est un concept qui, étymologiquement,
00:47 désigne le fait d'avoir une bonne mort.
00:49 Ça veut dire désigne le fait qu'il puisse y avoir une éthique
00:51 qui s'applique aussi à la manière de mourir et pas seulement à la manière de vivre.
00:54 C'est-à-dire, plus fondamentalement, l'idée que la mort n'est pas seulement
00:57 un événement subi, mais que c'est aussi un événement
01:00 sur lequel un individu peut avoir prise, d'une manière ou d'une autre.
01:03 Alors ça, encore une fois, je pense qu'il faut avoir un débat vraiment critique.
01:08 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a des moyens médicaux
01:10 d'interrompre la mort plus facilement, etc.
01:13 Ça n'exclut pas toute question bioéthique.
01:15 Il y a ce célèbre chapitre dans "La carte et le territoire" de Welbeck
01:18 où le père du personnage est en train de dîner avec son fils
01:22 et il lui dit "je vais aller me faire mourir dans une clinique en Suisse"
01:25 et il y va et le fils va dans la clinique, il est furieux
01:28 et d'ailleurs il se met de mémoire à frapper les gens de la clinique
01:30 parce qu'il apprend que son père s'est fait tuer presque comme on va à l'hôtel.
01:33 Là, il ne s'agit pas du tout de ça.
01:35 Là, on parle d'individus qui sont atteints de maladies qui sont irréversibles,
01:39 qui ont des souffrances qu'ils ne peuvent pas faire passer
01:42 par des simples médicaments, des souffrances incurables aussi,
01:45 et qui sont en plein discernement.
01:47 Donc là, la question, c'est vraiment dans ces cas-là,
01:49 est-ce qu'on estime que la vie biologique, quand elle est réduite à ça,
01:53 et quand elle devient même insupportable sur le plan sensoriel,
01:57 sur le plan affectif, quand ça devient un cauchemar de vivre
01:59 et que pour l'individu lui-même, il préférerait l'écourter,
02:02 est-ce que là, la mort peut être un événement choisi ?
02:04 Il me semble que c'est ça la question.
02:06 Et à cet égard, je trouve ça vraiment important d'ouvrir cette perspective-là
02:12 et de ne pas dire que la mort est seulement un événement qu'on subit
02:15 dans les chambres froides, des hôpitaux, quand plus rien n'est possible, etc.
02:18 [Musique]
02:21 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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