On a réuni Abdoulaye Kanté, Brigadier-Chef de police et Samia El Khalfaoui, tante de Souheil El Khalfaoui, jeune homme de 19 ans tué par un policier lors d’un contrôle routier dans le quartier de la Belle de Mai en 2021.
Depuis, elle milite pour abroger l’article L435-1 du Code de la sécurité intérieure.
Depuis, elle milite pour abroger l’article L435-1 du Code de la sécurité intérieure.
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00:00 Mon neveu a été abattu le 4 août 2021 à Marseille à la suite d'un contrôle routier.
00:05 Effectivement, comme vous le dites, il n'avait pas son permis de conduire.
00:08 Il y a eu un... Il avait un... Donc le policier, lorsqu'il a entendu le policier dire que la voiture allait aller à la fourrière,
00:17 il a pris peur et il a enclenché une marche arrière pour partir. À moins d'un mètre, il a reçu une balle dans le cœur. Il est mort.
00:25 — Qui a fait l'enquête ? — L'IGPN. — Donc... L'IGPN, donc je peux vous dire que...
00:29 — Il n'a pas été mis en garde à vue, monsieur. À l'époque, il s'agissait du procureur RIPE. Il n'a pas été mis en garde à vue.
00:36 — Je vais vous expliquer juste quelle est la procédure. Quand un policier fait usage de son arme, OK,
00:41 quand un policier fait usage de son arme, c'est qu'il s'est cadré par la loi, l'article 122-5 du code de procédé pénal
00:47 et l'article L435-1 du code de sécurité intérieure, qui... — Pour les refus d'obtempérer, c'est tout le temps le 435 qui vous sert.
00:55 — Pas que. Mais bon, c'est un cadre de loi. On n'est pas aux États-Unis. — Oui, il vous sert à vous extraire.
01:00 — On n'est pas aux États-Unis. Je peux vous dire que voilà, c'est cadré. Là où je pense qu'il faudrait peut-être encore une fois nuancer,
01:04 c'est que quand un policier a commis une erreur et s'est avéré, bien entendu, il faut qu'il soit jugé et sanctionné.
01:12 Ça, la question ne se pose même pas. Maintenant, quand il y a une action de police, dans le cadre d'une action de police,
01:16 avant de mettre tout de suite en détention un policier, il faut qu'il y ait un minimum d'étapes pour qu'aucun policier
01:21 ne se satisfait de la mort d'un jeune homme. Aucun policier ne se lève le matin en disant que je vais tuer une personne.
01:27 Quand un policier fait usage de son arme, il faut savoir que tout de suite, l'IGPN est saisi de l'enquête pour vérifier
01:34 si le policier qui a fait usage de son arme rentre bien dans ce champ de ces deux articles. Et c'est-à-dire qu'en gros,
01:40 il est placé en garde à vue. Il est entendu dans les locaux de l'IGPN. — Il n'a pas été placé en garde à vue.
01:44 — Ils sont pris en compte par les locaux de l'IGPN. — Mais ne me dites pas quelque chose qui est faux.
01:49 — Vous avez vu le dossier de Montdeveu ? Il n'a pas été placé en garde à vue, monsieur. Il n'a pas été placé en garde à vue.
01:56 La garde à vue, elle permet quoi ? Moi, je suis tout à fait d'accord avec vous. Chaque policier devrait être en garde à vue.
02:01 Pourquoi ? Parce que lorsqu'ils ne sont pas mis en garde à vue, ils peuvent entre eux élaborer un scénario.
02:07 C'est ce qui a été le cas dans l'affaire de Montdeveu, monsieur. Le procureur Ibbe a même demandé à ce que celui qui tire,
02:15 le tireur, ne soit auditionné qu'en dernier, après que tout le monde ait été vu à l'IGPN.
02:21 Il se trouve qu'ils ont tous confirmé sur leur procès-verbaux avoir échangé. Il y a des preuves qu'ils ont échangé en texto,
02:28 qu'ils se sont vus au commissariat avant de se voir à l'IGPN. Donc ne me dites pas que c'est systématique. C'est faux.
02:34 — Mais parce que vous ne connaissez pas les fonctions de l'IGPN. Et c'est ça que je trouve dommage. C'est pour ça que je vous dis
02:37 que vous avez des rapports annuels qui sont à la vue du public... — Donc vous dites qu'ils ne se sont pas concertés avant...
02:44 — ...que le policier a été mis à l'écart dès le début. — Non mais attendez. Vous me parlez d'un dossier auquel j'ai même pas accès.
02:49 — Oui, mais c'est vos vérités qui ne vont pas. — Je suis désolé, mais c'est très facile, parce que vous avez votre version.
02:53 Et je peux comprendre que vous avez subi un drame et que derrière, c'est que votre vérité. Mais derrière...
02:59 — Ah non, pas du tout. Mais non, pas du tout. — Mais bien sûr que si. Et après, moi, ce qui me dérange, c'est que cette espèce de systématisation,
03:04 cette associalisation qui accouche souvent de choses qui sont... — Donc selon vous, l'article 435-1 ne pose pas de problème.
03:10 — Mais écoutez, bien sûr que non. Combien de policiers... — Vous savez que l'IGPN, l'année qui a suivi la mise en place de l'article 435-1,
03:18 ils ont déclaré que les tirs des policiers avaient doublé. Vous le savez, ça.
03:24 — Ils ont doublé par rapport à quoi, à votre avis ? Par rapport à quoi ? Qu'est-ce qu'ils ont fait ? — Ah, donc d'une année à l'autre...
03:27 — Mais qu'est-ce qu'ils ont fait ? Non mais justement... En fait, il faudrait peut-être à un moment donné... — D'accord.
03:31 — ...je pense aussi peut-être essayer d'être rationnel, dans le sens où quand le policier... Le policier, c'est même pas dans l'ADN français
03:39 de faire usage de son arme. Je peux vous dire que... — Ah bah si, ça le devient, monsieur.
03:42 — Mais là, c'est encore de la stigmatisation qui... Mais c'est faux. — Non, c'est pas de la stigmatisation.
03:46 — Mais c'est totalement faux, parce que je vous dis un truc. Pourquoi ? — Monsieur, il y a eu un cas par mois sur les deux dernières années.
03:50 Vous trouvez pas... C'est de l'idéologie, ça ? — Mais là, c'est de l'idéologie. Je peux vous dire... Mais bien sûr, parce que je peux vous dire
03:53 qu'aujourd'hui, à votre avis, quand on... — En 10 ans, en Allemagne, il y a un cas. En France, tous les mois, il y a un cas.
03:57 Et vous trouvez ça normal. Vous trouvez ça normal que la 435-1... Écoutez, non, je suis pas d'accord. Même l'avocat des policiers,
04:07 maître Liénard, qui quand même en défend énormément, lui-même dit qu'en fait, le législateur a mis entre les mains des policiers
04:17 une loi incompréhensible. Pourquoi elle est-elle incompréhensible ? Parce qu'en fait, il y a effectivement ce qui était autrefois
04:24 le cadre de la légitime défense, donc la proportionnalité et la nécessité. — Et la riposte. Face à un danger réel.
04:31 — Mais aujourd'hui... OK. Aujourd'hui... — Un véhicule qui est par une arme par destination. — Très bien. Oui, oui.
04:35 — Donc qu'est-ce qu'on fait, alors, de ce cas-là ? — Alors attendez. Qu'est-ce que...
04:37 — Est-ce qu'on pense à notre collègue, par exemple ? Je prends l'exemple... — La 435-1. — On a notre collègue Eric Monroi,
04:41 qui est mort il y a quelques années. — La 435-1 a ajouté quelque chose. Aujourd'hui, le policier doit décider en une fraction de seconde
04:48 s'il va y avoir un danger futur. — Qu'est-ce qu'on doit faire quand on a face à nous un véhicule...
04:54 — Il faut revenir à la loi telle qu'elle était avant 2017. — Non mais c'est facile de dire de revenir à la loi telle qu'elle est venue.
05:00 Notre société devient de plus en plus violente. Aujourd'hui, le respect de l'autorité, il est totalement perdu.
05:04 Vous, là, vous me dites... — Et à votre avis, pourquoi ? — Mais est-ce que c'est normal de ne pas respecter les policiers
05:08 ou même des professeurs, des médecins ? — À votre avis... Alors là, on parle de la police.
05:11 — Non mais j'élargis parce que ça représente tout ce qui est le corps étatique. — À votre avis, pourquoi en fait
05:16 les policiers ne sont pas respectés dans les quartiers populaires, par exemple ? — Mais parce qu'ils ont une méconnaissance,
05:21 les jeunes qui sont là-bas. — Non, c'est faux, monsieur. — Alors je vais vous dire. Moi, j'y vais à la fois dans les quartiers.
05:25 — Moi aussi, j'ai grandi dans les quartiers. — Je suis issu des quartiers. Je travaille.
05:28 Et aussi, je vais voir des jeunes aussi pour dialoguer avec eux. Et je peux vous dire que bien beaucoup ne sont pas contre la police.
05:34 Pourquoi ? Parce qu'ils font beaucoup, on va dire, un focus sur les réseaux sociaux.