• il y a 8 mois
Lors du Paris-Saclay Summit, le Dr Segenet Kelemu, pathologiste végétale a évoqué la place des femmes dans la science. Citoyenne éthiopienne d’origine modeste, ayant fait ses études en Éthiopie et aux États-Unis d’Amérique, elle a consacré sa vie à la réduction de la pauvreté et au développement durable. Elle est lauréate 2014 du prix L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science, et figure parmi les 100 femmes africaines les plus influentes dans l’édition de mai 2014 de Forbes Africa. Mme Kelemu a été classée parmi les 10 femmes africaines les plus influentes dans le domaine de l’agriculture par le Journal of Gender, Agriculture and Food Security (Journal du genre, de l’agriculture et de la sécurité alimentaire).

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Transcription
00:00 Si vous n'êtes pas marié à 10 ans, c'est trop tard pour vous.
00:04 C'est Gennett Kelemou. Je suis ravie de vous accueillir.
00:14 Vous êtes une pathologiste végétale.
00:17 Vous êtes d'origine éthiopienne.
00:19 Vous êtes née à Finoté-Sélam, je crois, en Éthiopie.
00:23 Vous étiez la première femme de votre région à fréquenter l'université.
00:26 Vous êtes partie aux États-Unis pour poursuivre vos études.
00:28 Puis vous êtes retournée en Afrique
00:30 pour piloter un centre de biotechnologie de pointe
00:33 pour améliorer l'agriculture et la sécurité alimentaire en Afrique.
00:37 Comment vous êtes devenue une spécialiste mondialement reconnue
00:41 avec un parcours qui a priori était tout sauf facile ?
00:45 Et vous, est-ce que c'est la science
00:48 ou est-ce que c'est aussi l'idée de lutter contre la pauvreté
00:53 pour la nutrition et de vous orienter sur ce choix-là
00:56 parce qu'il y avait des besoins criants autour de vous ?
00:58 -J'ai une histoire assez compliquée.
01:02 Je vous pouvez imaginer, je suis née dans un pays,
01:08 une région très pauvre, sans ressources,
01:11 village où les filles sont mariées à 10 ans.
01:15 Si vous n'êtes pas mariée à 10 ans,
01:20 c'est trop tard pour vous.
01:22 Et par chance,
01:26 je n'avais pas le profil pour être mariée du tout.
01:30 On m'a dit que personne ne voudrait arranger un mariage avec moi,
01:33 aucun parent ne voudrait arranger un mariage avec moi.
01:38 Et donc, mes parents n'ont pas eu le choix que de m'envoyer à l'école.
01:40 J'étais une bonne élève.
01:44 Il y avait des filles qui grondaient dans le village
01:47 avec beaucoup de fléaux.
01:50 Nous devions cuisiner pour notre famille,
01:53 faire de l'eau du riveau,
01:57 chercher des légumes, aller chercher de l'eau.
02:00 Et ensuite, on pouvait se modeler à l'école après ça.
02:03 Donc jusqu'au lycée, je n'avais pas de chaussures
02:07 pour me rendre à l'école.
02:09 Mais en grandissant dans ce contexte,
02:14 j'ai cherché une raison d'être dans la vie.
02:19 Je savais que je devais continuer jusqu'à l'université.
02:22 Donc je me suis dit, qu'est-ce que je peux faire
02:27 pour sortir les autres de la pauvreté
02:33 et de ce mode de vie-là ?
02:37 Mes parents voulaient vraiment que j'étudie la médecine,
02:42 mais ce n'était pas pour moi.
02:45 Lorsque j'ai décidé d'étudier l'agronomie,
02:50 mon père était très contrarié.
02:54 Et il m'a dit, "Mais c'est quoi ton problème ?
02:57 "Tu n'as pas besoin d'un diplôme pour être agricultrice."
03:01 Il pensait que c'était ça pour lui.
03:03 Et en fait, ça a été une motivation pour moi.
03:07 J'étais parmi les meilleurs élèves,
03:11 ce qui m'a beaucoup aidée.
03:14 L'éducation était gratuite.
03:16 C'est très important d'avoir accès à l'éducation gratuite.
03:22 Ce sont les contribuables qui financent l'éducation
03:25 pour que chaque fille ait accès à l'école,
03:28 pour s'assurer que chaque femme soit lettrée.
03:32 C'est très important pour nos sociétés.
03:36 Lorsque j'ai terminé mes études en Éthiopie,
03:43 il y avait un concours très concurrentiel pour continuer.
03:48 J'ai pu obtenir une bourse pour continuer mes études aux Etats-Unis.
03:56 Donc je suis le fruit de l'éducation gratuite
03:59 grâce aux contribuables éthiopiens
04:02 et aux contribuables américains.
04:10 On peut créer des opportunités au niveau des continents
04:14 et au niveau des pays grâce aux politiques
04:16 pour une éducation pour tous.
04:19 Je pense que l'état d'esprit de la société a un impact
04:23 également sur l'égalité des genres,
04:25 que ce soit dans les sciences et technologies
04:26 ou dans tout autre aspect.
04:29 Donc voilà, en bref, mon histoire.
04:35 Le conseil que je donne aux jeunes filles,
04:42 si vous pouvez le faire, contre vents et marées,
04:47 allez-y, soyez leader en sciences,
04:51 soyez à la tête d'une équipe, d'une organisation.
04:56 Pour la science, c'est important.
04:59 Si j'ai pu le faire, tout le monde peut le faire.
05:03 Rester dans ces filières ingénierie, mathématiques,
05:08 physique, c'est très dur, mais vous pouvez le faire
05:11 et c'est très gratifiant d'utiliser ces connaissances
05:14 pour transformer, pour aider,
05:17 changer des vies, aider la société,
05:19 résoudre des problèmes, que ce soit en médecine,
05:22 en sécurité alimentaire, nutrition.
05:25 ...

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