• il y a 9 mois
Transcription
00:00 J'ai une maman poule incroyable,
00:02 qui j'aime énormément,
00:04 mais qui est très maman poule,
00:07 et du coup j'ai été beaucoup chuté, je pense.
00:10 Donc vraiment à l'inverse du personnage que je fais.
00:13 Maman ?
00:15 Mon fils !
00:17 Tu veux une tonne de mignons ?
00:19 Comment t'es sorti là ?
00:21 Par la porte, figure-toi.
00:22 Tu devrais essayer.
00:23 Allez, j'ai les dents, c'est avec ta maman.
00:24 Je ne savais pas quoi faire.
00:26 Ça va, c'est gérable.
00:27 Mais tu sais comment ça se termine parfois.
00:29 C'est l'histoire d'une mère et son fils.
00:34 Donc la mère est bipolaire,
00:36 et son fils est fleuriste.
00:39 C'est Pierre, c'est moi qui le joue.
00:41 Ça fait deux ans qu'ils ne se sont pas vus.
00:44 Il l'a placée en hôpital psychiatrique,
00:48 et elle s'est échappée.
00:50 L'objectif de mon personnage,
00:52 ça va être de la ramener à l'hôpital,
00:54 et ça va être plus difficile que ça n'en a l'air.
00:57 C'est un personnage qui ne ressemble pas à ce que j'ai fait auparavant,
01:02 qui est plus taiseux, plus rude.
01:06 Quand Julien Carpentier, le réalisateur, me l'a proposé,
01:09 j'ai été très enthousiaste.
01:11 Parce que ce qui est excitant dans le métier d'acteur,
01:16 c'est d'aller faire plein de choses différentes.
01:20 Et du coup, je l'ai préparé en grande partie avec Julien,
01:25 en ayant plein de conversations avec lui.
01:28 Le film ne raconte pas un épisode de sa vie particulièrement,
01:32 mais lui, il a grandi avec une mère bipolaire.
01:35 Pour moi, le fait de parler avec lui,
01:37 d'avoir des conversations,
01:39 était quand même très enrichissant.
01:42 C'était un peu une mine d'or pour moi,
01:45 parce que j'avais le personnage en face de moi.
01:48 Et voilà, c'est de cette manière-là que j'ai travaillé.
01:51 J'ai travaillé avec Julien, tout seul chez moi,
01:54 et ensuite sur le plateau avec Agnès,
01:57 qui est quand même une immense actrice,
02:00 et qui vous aide aussi à mieux jouer.
02:03 Et moi, je ne doute de rien, je la ramène à la clinique.
02:06 Maman !
02:07 Elle n'a pas marre de me foutre la honte, sérieusement.
02:10 Papa !
02:12 Arrête !
02:14 Désolée.
02:15 Tu te rends compte de ce que tu fais, là ?
02:17 Tu crois que c'est facile ?
02:19 Tu penses que c'est cool d'avoir une mère comme toi, en fait ?
02:21 Ce qui était très intéressant, je trouvais,
02:24 dans ce personnage-là, dans la vie de ma mère,
02:27 c'est que c'est un fleuriste,
02:29 donc ce n'est pas commun, quoi.
02:31 C'est aussi un chef d'entreprise.
02:33 Et il a une espèce de rigueur, mais aussi de fantaisie.
02:38 Et la fantaisie, elle vient de sa mère.
02:41 Donc c'était un peu ça que le métier du personnage réunissait.
02:46 Il y a cette chose-là dans la bipolarité,
02:51 c'est que ça peut être héréditaire.
02:54 Les enfants ont parfois, souvent, peur
02:58 que la maladie se développe aussi pour eux.
03:00 Et donc ce qui peut développer chez la personne
03:02 une espèce d'envie de contrôle très, très, très fort.
03:06 Donc c'était ça, le chef d'entreprise.
03:09 Et les fleurs, c'est la poésie de sa mère, je pense.
03:12 Et ta boutique, elle s'appelle comment ?
03:15 Judith Flowers.
03:19 Judith, comme moi ?
03:24 Ça me touche.
03:27 Il m'envoie en même.
03:29 Et puis j'ai mis aussi un immense portrait de toi
03:32 sur l'adventure.
03:34 Ça te moque de moi ?
03:36 Oui.
03:37 Non mais elle s'appelle Judith Flowers ?
03:40 Non, pas du tout.
03:41 Ah non plus, d'accord.
03:42 Mon personnage, c'est un fils qui a été…
03:49 Comment dire ?
03:51 En gros, la vie lui a demandé d'être un parent,
03:55 pour son parent, à un très jeune âge.
03:58 Ce qui est injuste, pour plein de raisons.
04:01 Et donc il a voulu bien faire.
04:06 Et à un moment donné, en fait, ce fils-là a décidé
04:10 de s'occuper de lui-même plutôt que de s'occuper de sa mère.
04:14 En ne la voyant plus du tout,
04:17 en la mettant dans un hôpital psychiatrique.
04:21 Et il y a beaucoup de culpabilité, j'imagine,
04:23 enfin je pense, qui découle de ça.
04:27 En fait, cette maladie psychiatrique,
04:29 qui est la bipolarité,
04:30 c'est aussi des choses que je pense qu'on vit,
04:33 que tout le monde est amené à vivre,
04:36 par exemple avec la grande vieillesse,
04:38 quand nos parents sont trop vieux
04:41 et que la société nous demande, en gros,
04:44 de les placer dans un EHPAD.
04:47 Là, il y a de la culpabilité.
04:49 Mes parents ont vécu ça,
04:51 et je les ai vus vivre ça,
04:52 et je voyais la douleur que ça leur faisait
04:55 de ne pas avoir la capacité de s'occuper
05:00 à la place d'autres gens, de leurs parents.
05:03 Moi, je n'ai pas demandé qu'il soit sur mon dos tout le temps.
05:06 Moi non plus, je n'ai rien demandé, je te jure.
05:08 Bon, on se fait chier là.
05:13 On peut mettre de la musique ou ça non plus ?
05:14 On n'a pas le droit.
05:15 ♪ ♪ ♪

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