• il y a 8 mois
Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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Transcription
00:00 *Musique*
00:03 Je peux vous le dire, ce soir Agnès m'a appris à respirer au cinéma.
00:06 Et pas qu'au cinéma.
00:08 Et si Agnès Jaoui nous touche autant,
00:11 si je l'aime aussi profondément,
00:14 c'est parce que personne n'a écrit ou joué aussi bien qu'elle
00:19 les sentiments immobles.
00:22 Il a trouvé les mots de Jamel Debbouze vendredi dernier
00:24 pour remettre le César d'honneur à Agnès Jaoui,
00:27 laquelle a dégainé son ukulélé pour dire toute sa reconnaissance.
00:31 *Musique*
00:50 Agnès Jaoui, c'est donc désormais cette César,
00:52 scénariste acclamée, réalisatrice confirmée,
00:55 mais d'abord actrice au goût immodéré pour le jeu,
00:58 comme elle le confirme à nouveau dans "La vie de ma mère"
01:00 où elle incarne une femme bipolaire qui débarque dans la vie de son fils,
01:03 William Lepguil, après deux ans de silence radio.
01:06 *Musique*
01:24 Agnès, nous voici exactement une semaine après "Les Césars",
01:28 maintenant que la poussière et l'émotion sont retombées,
01:32 est-ce que vous êtes encore dans l'enchantement de ce moment ?
01:34 - Ça commence à passer, il y a des phrases qui reviennent,
01:37 et puis des "Ah zut, j'aurais dû dire ça", "Ah j'aurais fait ça",
01:40 bon voilà, des choses comme ça.
01:43 J'étais très touchée, et puis évidemment ce qu'a dit Jamel était...
01:48 Bon voilà, et puis comme vous le savez peut-être, on était très liés.
01:51 - William, vous n'étiez pas dans la salle vous ?
01:53 - Non, non, non.
01:54 - Bien entendu, vous étiez devant votre poste à regarder la consécration de votre maman, j'espère ?
01:58 - Oui, c'était magnifique, c'était bouleversant.
02:01 - Bon, Agnès est donc votre maman de cinéma, conséquemment vous êtes son fils,
02:06 est-ce que vous pensez que vous avez tous les deux une aire de famille ?
02:09 - Bah, je pense, quand même. - Moi aussi je pense.
02:12 - Moi aussi je pense. Je me reconnais...
02:14 Enfin d'ailleurs, je l'avais castée déjà pour un film qu'il n'a pas pu faire,
02:19 et je le trouve... Tu veux boucher tes oreilles ?
02:21 - Oui, allez !
02:22 - Je le trouve évidemment très drôle, mais pas seulement.
02:26 Je sais pas, je sens toute l'émotion et toute la sensibilité qu'il y a derrière,
02:32 c'est drôle, c'est toujours...
02:34 - Et vous, cette filiation, William ?
02:36 - Bah ouais, ouais, carrément, c'est même une...
02:39 Mais aussi, c'est de l'admiration.
02:42 Moi, il y a un esprit de justice aussi chez Agnès que je trouve incroyable, quoi.
02:46 J'ai l'impression d'être absolument tout le temps d'accord avec ce qu'elle dit.
02:50 - Agnès, on vous retrouve avec un nouveau rôle de mère,
02:56 après le dernier des Juifs, de Noé Debré.
02:59 Deux rôles de mère coup sur coup, deux mères juives un peu présentes.
03:03 Qu'est-ce qui se passe, là ?
03:04 Pourquoi il y a d'un seul coup toutes ces mères qui arrivent au cinéma ?
03:08 Vous qui saisissez toujours l'esprit du temps, qu'est-ce que ça raconte, ça ?
03:12 - Alors moi, ça raconte le fait que je vieillis
03:15 et que je ne vais pas me mettre à jouer des petites filles.
03:18 C'est une sorte de logique.
03:20 Mais c'est vrai que c'est toujours très, très curieux.
03:23 Les concordances comme ça, les moments où...
03:28 où vous recevez des rôles qui ne se ressemblent pas,
03:34 parce qu'ils n'ont rien à voir.
03:37 Je joue deux mères juives fort différentes.
03:40 Mais je ne sais pas, c'est toujours un drôle de truc.
03:44 Bientôt, je vais jouer dans deux films différents une cantatrice.
03:49 Et donc un au Brésil. C'est trop bizarre.
03:52 Pourquoi ? Je ne sais pas comment expliquer ça du tout.
03:57 - Et entre vos deux fils de cinéma, entre William et Michael Zindel,
04:01 dans "Le Dernier des Juifs", lequel est votre préféré ?
04:04 - Je vais bien sûr vous le dire.
04:07 Il se trouve que... - Il est vache.
04:10 - C'est deux amours sur pattes.
04:13 Dans les deux cas, je suis incroyablement chanceuse.
04:17 - "La vie de ma mère", c'est le film de Julien Carpentier,
04:20 celui dont on parle en ce moment.
04:22 Il voulait le monter depuis 10 ans.
04:24 Et depuis 10 ans, il pensait à vous.
04:26 C'était vous et personne d'autre pour jouer la mère.
04:28 Qu'est-ce qui vous a touché là-dedans ?
04:30 Cette persévérance ou les qualités très délicates du scénario ?
04:33 - C'est plein de choses.
04:35 Mais c'est vrai que quand je parle à des jeunes,
04:38 des jeunes gens, des jeunes acteurs,
04:40 dans des écoles de théâtre ou de cinéma,
04:43 je leur dis, parce que c'est mon expérience,
04:47 que ce qui fait la différence,
04:51 c'est pas le talent, c'est pas la beauté,
04:53 c'est la persévérance.
04:55 Moi, j'ai raté le conservatoire deux fois,
04:58 tous les castings, de toute façon, c'est fait pour être raté.
05:01 Mais il y a quelque chose qui fait
05:07 que certaines personnes n'en peuvent mais
05:11 et qui continuent quoi qu'il arrive,
05:13 parce que c'est le métier qu'ils veulent faire,
05:16 que ce soit comédien, réalisateur, auteur, peintre,
05:20 chef d'entreprise, d'ailleurs, enfin n'importe quoi.
05:23 Il y a quelque chose qui est plus fort qu'eux.
05:26 Et à chaque fois, je parle de l'échec,
05:30 parce qu'il fait partie de nos métiers.
05:32 Il n'y a personne qui n'a pas échoué,
05:34 même si on ne les voit que dans la lumière.
05:37 On a tous vécu des milliards d'échecs.
05:39 Et Julien Carpentier, effectivement,
05:43 il y a dix ans qu'il m'a proposé ce rôle
05:45 et j'ai vu quelqu'un qui a persévéré pendant dix ans
05:48 et moi, je suis restée fidèle
05:50 parce que j'ai aimé le projet au début
05:52 et je l'ai aimé à l'arrivée.
05:53 Ah mais j'ai plus de réglis, ça !
06:02 Arrête de toucher à tout, là !
06:04 Oh là là, mais c'est sympa ces retrouvailles !
06:08 William, vous jouez un enfant qui, d'un seul coup,
06:11 se retrouve à jouer le rôle du parent.
06:13 Donc c'est une espèce de super adulte.
06:16 Oui, c'est ça, parce que c'est ce que,
06:18 en tout cas, quand on grandit avec un parent
06:22 qui est atteint de cette maladie-là,
06:24 enfin de la bipolarité,
06:26 effectivement, on demande aux...
06:29 la vie, du coup, demande aux enfants
06:31 d'être très vite responsables et adultes, quoi.
06:33 Et donc, on saute une étape.
06:35 William, puisque vous êtes fleuriste dans ce film,
06:38 vous avez, j'imagine, une très grande connaissance
06:40 du langage des fleurs, maintenant ?
06:42 Très grande connaissance du langage des fleurs.
06:44 Si vous m'offrez des bleuets, par exemple,
06:46 ça veut dire quoi ?
06:48 Ça veut dire que vous avez des soucis de santé.
06:50 Exactement !
06:52 Et si vous offrez des camélias à Agnès ?
06:57 Je n'en ai malheureusement aucune idée !
07:01 Tout ça, c'est une imposture.
07:04 Pourquoi ?
07:05 Je fais semblant d'être fleuriste.
07:06 Ah, vous n'êtes pas vraiment fleuriste.
07:08 C'est un rôle, d'accord.
07:09 Vous y avez cru, donc c'est plutôt sympa.
07:11 Le camélia, je vous l'apprends,
07:12 c'est un gage d'admiration.
07:13 Quand on offre des camélias à une femme,
07:15 c'est-à-dire qu'on est éperdu d'admiration.
07:18 Je vous dis ça, ça pourra vous servir
07:20 dans votre vie de tous les jours.
07:22 Le film est constamment sur le fil entre...
07:25 Alors du coup, on n'est perdu qu'en mars ?
07:28 Ah bah oui !
07:29 Parce que le camélia, c'est en mars.
07:31 Ou alors des fleurs artificielles.
07:33 D'accord, merci.
07:34 C'est moins bien.
07:35 Non, des camélias, oui.
07:37 La zone d'admiration, c'est que ça mette en place...
07:40 C'est très bref, c'est comme la journée de la femme.
07:42 C'est le mi-mars.
07:43 Faut pas la rater !
07:44 Autrement, après...
07:45 Ok, merde !
07:46 Le film est sur une corde raide.
07:49 Ça se promène entre le road movie,
07:51 la comédie, le drame.
07:54 Vous avez tous les deux un timing de comédie
07:57 qui s'accorde tout à fait.
07:58 Est-ce que c'est quelque chose qui se trouve naturellement,
08:01 qui se travaille, qui se développe sur le plateau ?
08:04 Il y a effectivement un type d'acteur,
08:07 comme était Jean-Pierre,
08:09 qui joue avec vous.
08:11 C'est-à-dire, vous lui envoyez quelque chose,
08:13 il va répondre.
08:14 Vous lui envoyez quelque chose d'autre,
08:15 il va répondre à ce quelque chose d'autre.
08:17 Ils ont ce goût,
08:19 qui est pas évident à trouver,
08:21 parce que moi, je sais que pendant longtemps,
08:23 je préparais quelque chose,
08:25 et si on m'en changeait, j'étais un peu en panique.
08:28 Je me disais "Non, non, je suis bien quand je fais comme ça."
08:30 Je ne crois pas que je m'en fous,
08:32 mais c'est vrai que moi, avec William,
08:35 j'avais ce plaisir tout le temps
08:37 même de chercher à surprendre l'autre,
08:40 tout le temps.
08:41 À le planter, à le déstabiliser.
08:46 Et ça s'appelle jouer.
08:50 Mais tous les acteurs ne sont pas comme ça.
08:52 -Merci beaucoup. -Merci à vous.

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