Sauf surprise, les Américains auront droit à un nouveau duel entre Joe Biden et Donald Trump à la Présidentielle du 5 novembre prochain. L'ancien et l'actuel Président américain sont sortis vainqueurs du "Super Tuesday". Le candidat Républicain a particulièrement brillé puisqu'il a remporté 14 des 15 États en jeu. Pour en parler, Yannick Mireur, spécialiste des USA et des questions internationales, auteur de "Populisme smart" chez VA éditions.
Regardez L'invité de RTL Midi du 06 mars 2024 avec Agnès Bonfillon et Eric Brunet.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL midi.
00:05 Agnès Bonfillon, Éric Brunet.
00:07 Merci beaucoup. Ils l'appellent "Super Tuesday" pour une raison.
00:11 C'est un grand mot.
00:13 Donald Trump, que vous venez d'entendre, pour qui le "Super Tuesday" n'a jamais aussi bien porté son nom,
00:19 car le candidat à l'investiture républicaine a remporté 14 des 15 États américains qui étaient en jeu.
00:27 Et sauf surprise, il faut bien le dire, les Américains auront donc droit à un nouveau duel Biden-Trump à la présidentielle du 5 novembre prochain.
00:37 En tout cas, les voyants semblent au vert pour Donald Trump, en dépit de ses déboires judiciaires.
00:41 Pour en parler avec nous ce midi, Yannick Mirreur, bonjour.
00:44 Bonjour.
00:45 Vous êtes spécialiste des États-Unis et des questions internationales, auteur de "Populisme Smart" chez VA Édition.
00:53 Qu'est-ce qui pourrait empêcher Donald Trump de se présenter maintenant ?
00:58 Peu de choses. Il y a les procédures judiciaires, comme vous le savez, mais encore une fois, par les jeux du système judiciaire,
01:04 des appels et leur mise en œuvre, s'il devait être condamné d'ailleurs, ne serait pas un empêchement en majeur,
01:12 ni pour se présenter, voire même en cas d'élection, ce serait encore plus compliqué, mais toujours possible malgré tout,
01:17 de l'être en cas de condamnation.
01:19 Donc la voie est ouverte et il faut bien dire que la probabilité aussi, je devance peut-être un peu votre question,
01:25 mais la probabilité d'une élection de M. Trump est tout à fait sérieuse.
01:29 Oui, car les sondages nous disent, là on a parlé à l'instant des primaires américaines,
01:34 mais les sondages nous disent qu'il a même quelques points d'avance sur Joe Biden dans la perspective d'une présidentielle, d'un vote.
01:42 Oui, alors ça, vous savez comment...
01:44 Ça bouge.
01:45 Il faut être prudent, d'abord parce qu'il y a 50 États et deuxièmement parce qu'il y a un double système,
01:49 qui est toujours quelque chose qui fait...
01:51 Quand on écoulait beaucoup d'encre tous les 4 ans aux États-Unis et à l'étranger, à savoir le vote populaire,
01:56 et puis le vote des grands électeurs par État, c'est un sujet qu'on connaît un petit peu mieux depuis 2000...
02:02 Oui, mais en tout cas, ce qu'on sait, c'est qu'il n'est pas du tout hors-jeu.
02:06 Il est bien dans le jeu, il est bien dans le match, et même plutôt en avance sur la petite base que l'on connaît.
02:13 Mais alors, la question importante, c'est, est-ce qu'on en sait beaucoup sur le programme de Donald Trump 2024 ?
02:21 On entend beaucoup de choses, surtout sur l'international, notamment sur la guerre, les Russes, les Ukrainiens, ce mur au Mexique...
02:32 Qu'est-ce que l'on sait exactement ?
02:35 Vous voyez bien que ceci étant dans le contexte global d'une relative, je ne devrais peut-être pas distérie,
02:41 mais certainement d'une polarisation, et l'une des leçons de ce Super Tuesday, c'est la polarisation continue
02:47 qui s'intensifie au sein de la société américaine et de l'électorat américain.
02:51 Dans ce contexte-là, le programme est relativement secondaire quand même.
02:55 Il faudra bien cependant que M. Trump en produise un.
02:59 Pour l'instant, les événements très intenses, aussi au plan international, suffisent pour alimenter, si je puis dire, son discours public.
03:07 Le buzz et l'appareil d'outils médiatiques dont il peut disposer, fake news incluse, il faudra voir.
03:16 Mais qu'est-ce qu'on sait déjà sur les grands sujets importants ?
03:23 Il y a quand même des obsessions qui apparaissent jour après jour dans ses discours.
03:28 Je vais commencer par le budgétaire, puisque ça nous concerne un petit peu.
03:32 Mais c'est important quand même, ce sera dans la même veine de ce qu'il a fait lors de son premier mandat,
03:37 à savoir une baisse des taxations autant que possible pour les grandes fortunes, pour les sociétés,
03:42 pour relancer, donner priorité à la machine américaine de la croissance et à l'emploi.
03:47 Ça, c'est une chose sur laquelle d'ailleurs M. Biden n'a pas démérité, mais il peine à faire valoir son bilan jusqu'ici.
03:52 Ce sera un des grands sujets clivants qui déterminera l'issue de cette élection.
03:57 Et sur les sujets internationaux que vous venez d'évoquer, c'est dans la continuation de ce que M. Trump a mis en avant
04:06 et poursuivi pendant son premier mandat, à savoir un relatif isolationnisme américain,
04:12 non pas une complaisance, mais en tous les cas un laisser-faire par rapport au régime russe en particulier,
04:22 et un désengagement du théâtre européen, a priori, même si, encore une fois pour ceux-ci,
04:27 comme vous le savez, ce n'est pas quelqu'un qui bénéficie d'une longue expérience et d'une connaissance intime des fonctionnements de l'État,
04:32 donc il n'a pas vraiment de religion là-dessus, même s'il pourra en revanche tirer les leçons de son premier mandat
04:37 et être peut-être plus vindicatif, plus Trumpist encore qu'il ne l'a été lors des quatre années lorsqu'il a dirigé les États-Unis.
04:45 Donc ça peut aller dans un petit peu toutes les directions, mais ce qui est le plus probable pour nous
04:50 au plan international et stratégique, c'est que ce soit relativement défavorable.
04:54 - Et Yannick Miroir, on entend qu'il est beaucoup mieux préparé, Donald Trump, beaucoup mieux préparé qu'en 2016.
05:00 - Oui, sûrement. Il a déclaré lui-même d'ailleurs qu'il retenait les leçons et qu'il serait plus incisif sur certains sujets,
05:14 notamment les sujets intérieurs. Vous vous rappelez de la polémique sur l'État profond,
05:17 le fait de détricoter ou d'être hostile de manière générale à une partie de la haute fonction publique
05:24 et des structures fédérales américaines, de manière tout à fait plus que baroque,
05:30 enfin qui trahissent, sinon la lettre, en tous les cas l'esprit de la Constitution.
05:33 Donc il y a quand même un danger qu'il puisse être beaucoup plus, comment dirais-je, manipulateur, autoritaire
05:40 dans l'exercice de sa présidence, si l'il était là une deuxième fois,
05:43 pour pouvoir écarter les contre-pouvoirs classiques que tout un chacun accepte dans le fonctionnement d'un État de droit.
05:49 C'est ça le danger en réalité. Le cœur du danger, il est là, même si lors de son premier mandat,
05:56 M. Trump avait pris des orientations notamment de dureté vis-à-vis de la Chine,
05:59 qui était tout à fait cohérente et qui répondait à un réel besoin.
06:02 D'ailleurs, tout le monde s'est aligné, tout Washington démocrate et républicain s'est aligné derrière lui sur ce point,
06:08 même si ensuite sa politique a été mal conduite, mal exécutée.
06:11 Là, la deuxième fois, et M. Biden a conservé par exemple des mesures tarifaires contre un certain produit chinois.
06:17 Donc il y a une certaine continuité. Mais sur d'autres, sur l'exercice de l'État de droit aux États-Unis,
06:24 souvenons-nous quand même de son rôle le 6 janvier lors de l'insurrection,
06:27 enfin de l'attaque, de l'assaut d'une partie de la population qui était rassemblée là.
06:32 Il faut quand même aussi bien dire qu'il y avait une minorité très violente et très agissante.
06:35 Pas l'ensemble de la population, mais il y a beaucoup poussé, il y a beaucoup incité.
06:39 Donc, comment dirais-je, rien ne l'arrête en quelque sorte.
06:43 Rien ne l'arrête. Et ce qui est étonnant, merci beaucoup Yannick Mirreur,
06:46 c'est que ces événements du 6 janvier ne semblent pas avoir dissuadé des millions et des millions d'électeurs républicains de voter Trump.
06:56 En tout cas, on le rappelle, 14 des 15 États en jeu remportés par Donald Trump lors de ce super Tuesday.
07:04 Dans un instant, on parle de toute autre chose, de la folie, le thé matcha est partout.
07:11 Éric Brunet et Agnès Bonfillon.
07:14 RTL midi jusqu'à
07:16 et de la société.
07:17 [SILENCE]