Lauren Bastide libère la parole sur la santé mentale, avec son nouveau podcast et newsletter « Folie Douce ». Interconnexion entre psychisme et féminisme, injonction au bonheur… Comment le patriarcat pèse-t-il sur notre bien-être émotionnel et cognitif ? Rencontre.
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00:00 La santé mentale, c'est un tabou énorme,
00:02 puisque ça revient à parler de ses émotions.
00:05 On est dans une société où on ne parle pas des émotions,
00:08 on n'apprend même pas à les nommer.
00:10 C'est quelque chose qui devrait faire partie, pour moi,
00:12 des apprentissages qu'on transmet aux enfants à l'école.
00:15 Parler de santé mentale, ça veut dire parler de tristesse,
00:24 ça veut dire parler de honte,
00:28 ça veut dire parler de vulnérabilité, de peur,
00:31 de moment où on n'est plus apte à affronter le monde.
00:34 Et c'est complètement lié au fonctionnement patriarcal,
00:38 mais aussi productiviste, capitaliste de la société,
00:41 où on a une injonction permanente à performer.
00:44 La colère, l'exaltation, l'excitation,
00:48 ce n'est pas très bien d'accepter, en fait, pour une femme.
00:51 Il faut plutôt qu'on soit sage, qu'on croise les jambes
00:54 et qu'on sourit gentiment.
00:56 C'était important pour moi de montrer l'exemple.
00:59 Et je sais, aujourd'hui j'ai 42 ans,
01:02 je sais qu'il y a beaucoup de femmes,
01:04 notamment des femmes plus jeunes que moi,
01:07 qui me considèrent un peu comme un modèle.
01:09 Et je trouvais ça aussi important de dire à toutes ces jeunes femmes
01:12 que moi aussi, j'ai mes coups de mou, j'ai mes failles
01:16 et que je ne suis pas peut-être aussi lisse
01:20 que je l'ai prétendue pendant longtemps.
01:22 J'arrive beaucoup mieux qu'avant à nommer les moments,
01:25 les coups durs que je peux traverser,
01:27 une période d'anxiété, de déprime ou de fatigue.
01:30 Maintenant, je suis capable de l'identifier.
01:32 C'est ça, souvent, la première difficulté.
01:35 Et surtout de la verbaliser de façon non-violente
01:38 à l'intention de mes proches.
01:40 Probablement, vous avez autour de vous des personnes
01:43 qui ont traversé une dépression, un deuil très difficile,
01:47 qui ont des troubles du comportement alimentaire,
01:49 des troubles obsessionnels,
01:50 mais ce sont des choses qui sont cachées, qui sont tues,
01:52 qu'on ne partage même pas parfois avec son cercle le plus proche.
01:55 Pour moi, on changera la société
01:57 le jour où on sortira de ce schéma de pensée viriliste
02:01 et patriarcale qui considère qu'il faut être fort,
02:03 invincible pour avoir une valeur dans la société.
02:06 Moi, je crois en la valeur de la vulnérabilité,
02:09 du soin, de l'écoute et de l'émotion.
02:12 [Musique]
02:14 Merci.
02:15 [SILENCE]