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00:00 (Applaudissements)
00:08 Madame la Présidente,
00:10 Monsieur le Premier ministre, Monsieur le garde des Sceaux,
00:12 Madame la ministre Aurore Berger,
00:14 toutes les victoires féministes sont des combats
00:18 qui semblaient perdus d'avance,
00:20 menés par des femmes qui ont moins regardé
00:22 pourquoi elles pouvaient perdre que comment elles pouvaient gagner.
00:28 (Applaudissements)
00:32 Je vous remercie.
00:36 Il y a un an et demi,
00:37 quand j'ai proposé à mes collègues au Sénat
00:39 de mettre en voie une proposition de loi transpartisane
00:43 pour introduire le droit à l'IVG dans la Constitution,
00:46 beaucoup m'ont dit,
00:48 "Oui, mais tu sais, n'est-ce pas, que c'est impossible ?"
00:52 Jamais, jamais, le Sénat ne votera
00:55 pour introduire le droit à l'IVG dans la Constitution.
00:58 La semaine dernière encore,
01:00 beaucoup pensaient que ce Congrès était inaccessible,
01:03 que le conservatisme serait plus fort.
01:06 Et pourtant, nous sommes là.
01:08 Et c'est une magnifique leçon que nous nous donnons à nous-mêmes,
01:11 nous, les féministes.
01:13 Nous sommes si fortes.
01:15 Et si on ne lâche rien, à la fin, on gagne.
01:19 (Applaudissements)
01:27 Du 17 janvier 1975, l'histoire a retenu Simone Veil.
01:31 Je voudrais ici formuler un vœu.
01:33 Que du 4 mars 2024, l'histoire ne retienne pas un nom.
01:38 La démonstration que nous avons faite avec Mathilde Panot,
01:42 avec Aurore Berger, avec Laurence Rossignol,
01:44 avec Dominique Vérien, avec Laurence Cohen,
01:47 avec Elsa Schalk, avec ces femmes qui ont choisi dans ce combat,
01:51 comme en 1975, l'intérêt général,
01:54 par-dessus toute autre considération,
01:56 c'est que la victoire ne pouvait être que sorore et collective.
02:00 (Applaudissements)
02:06 Elle est celle de toutes celles et ceux qui se sont mobilisés,
02:10 célèbres, connues ou anonymes.
02:13 Celle des militantes et des associations féministes
02:15 qui n'ont jamais rien lâché,
02:17 qui nous ont fait confiance, qui ont mobilisé sans répit.
02:19 Merci. Bravo.
02:21 (Applaudissements)
02:25 Celle de toutes ces personnes qui ont relayé nos appels,
02:28 interpellé leurs élus, marché, écrit, pris la parole.
02:32 Celle des femmes, des filles, des petites filles,
02:34 des nièces de sénateurs qui ont convaincu avec leurs mots
02:38 leurs pères, leurs oncles, leurs maris.
02:40 Chacune, chacun de vous qui, à votre niveau, avez agi,
02:46 soyez fiers de ce que nous avons fait ensemble.
02:49 Le 4 mars 2024 est désormais gravé dans la grande histoire
02:53 des droits humains et des droits des femmes,
02:55 comme un tournant historique.
02:57 Alors que des siècles durant,
02:59 l'exercice par les femmes de leur droit,
03:01 inhérent à la condition humaine de choisir leur vie,
03:05 alors que le simple exercice de ce droit
03:07 leur a fait risquer la mort,
03:08 alors que pendant des siècles, l'avortement a été honteux,
03:11 caché, secret, tu,
03:14 un mot que l'on chuchotait la peur au ventre.
03:16 Il s'inscrit aujourd'hui, noir sur blanc,
03:19 au plus haut où nous pourrions l'inscrire,
03:21 dans la Constitution.
03:23 Par cet acte d'une portée juridique et politique
03:27 sans précédent, la République française reconnaît aujourd'hui,
03:31 solennellement, que le droit à l'avortement
03:33 n'est plus une option.
03:34 C'est une condition de notre démocratie,
03:37 qu'il n'ait pas de sociétés pleinement démocratiques,
03:41 libres et égalitaires,
03:43 qui ne s'interdisent d'interdire aux femmes
03:45 de maîtriser leur destin.
03:46 Qu'il n'ait pas de sociétés pleinement démocratiques,
03:49 libres et égalitaires,
03:51 sans la garantie du droit des femmes à disposer de leur corps.
03:54 Que la République française, désormais,
03:56 ne sera plus jamais la République sans le droit à l'avortement.
04:00 (Applaudissements)
04:04 Et c'est un message pour toutes les Françaises et les Français
04:07 qui tiennent tant à ce droit
04:09 et qui réclamaient massivement son introduction dans la Constitution.
04:13 Un message pour toutes celles qui ont connu le temps
04:15 où le prix du choix pouvait être l'exclusion,
04:18 la prison ou la mort.
04:20 Qui ont connu l'humiliation de la clandestinité,
04:23 la douleur des curettages sans anesthésie,
04:25 les cintres et les aiguilles.
04:27 Un message à celles qui ont pleuré de joie, de soulagement,
04:31 le 17 janvier 1975.
04:36 Jamais vos filles, vos petites filles, vos nièces
04:39 ne connaîtront cela.
04:40 Nous sommes à jamais libres.
04:43 Vous avez définitivement gagné.
04:46 (Applaudissements)
04:52 C'est aussi un message à tous les anti-choix
04:55 et à tous les anti-droits.
04:57 Vous n'avez cessé depuis 1975 de rêver d'un jour
05:00 où vous pourriez nous reprendre ce droit.
05:03 Entendez depuis le Parlement, la République entière,
05:06 vous dire, et vous le dire sans trembler,
05:09 cet horizon a disparu.
05:11 Vous avez définitivement perdu.
05:13 Plus jamais, nous ne reviendrons sur le droit à l'IVG.
05:16 Jamais.
05:18 (Applaudissements)
05:23 Mais c'est aussi un message pour le monde entier.
05:26 Un message aux Américaines, aux Argentines,
05:29 aux Hongroises, aux Polonaises, aux Allemandes,
05:32 aux Iraniennes, aux Marocaines,
05:33 à toutes celles qui, dans le monde, vivent toujours ou de nouveau
05:37 le martyr des cintres, la douleur des tricoteuses,
05:39 l'angoisse de la clandestinité,
05:41 la peur de la prison et le risque de la mort.
05:44 À toutes celles qui craignent de les revivre,
05:47 à toutes celles qui se battent pour acquérir,
05:49 conserver ou élargir leurs droits,
05:52 nous sommes inconditionnellement avec vous.
05:55 Le recul des droits sexuels et reproductifs dans le monde
05:58 n'est pas une fatalité.
06:00 Vous pouvez gagner. Nous pouvons gagner.
06:03 Car ensemble, unis et solidaires, notre pouvoir est sans limite.
06:08 Nous pouvons renvoyer le patriarcat,
06:11 l'obscurantisme religieux, la domination masculine
06:14 dans le cimetière des idées réactionnaires.
06:17 Nous sommes si fortes.
06:19 Et si le pire n'est jamais incertain,
06:22 le meilleur, lui, est toujours possible.
06:25 (Applaudissements)
06:30 Et ce combat, qui semble perdu d'avance,
06:33 c'est notre victoire de demain. Je vous remercie.
06:36 -Je vous remercie, madame la présidente.