Tous les samedis et dimanches à 18h15, Pierre de Vilno reçoit un invité au cœur de l'actualité politique pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment. Ce soir Olivier Dussopt, secrétaire général exécutif de Renaissance et député de l’Ardèche.
Retrouvez "Les invités d'Europe Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-europe1-week-end
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00:00 - Heureux Pinsoir Week-end, Pierre de Villeneuve.
00:03 - Notre invité politique ce soir est secrétaire général exécutif de Renaissance et député de l'Ardèche.
00:09 Bonsoir Olivier Dussopt. - Bonsoir.
00:10 - Qu'est-ce que vous fichez là ? - Qu'est-ce que je fiche ? Je réponds à votre invitation.
00:13 - Non mais je sais pas, mais qu'est-ce que vous fichez là en tant que secrétaire général exécutif de Renaissance ?
00:17 On vous a connu ministre, c'est quoi ? C'est un lot de consolation ?
00:20 - Non pas du tout. Le président de la République et Stéphane Séjourné, le secrétaire général de Renaissance,
00:24 m'ont demandé de m'impliquer plus dans le parti.
00:26 Je suis moi-même président d'un parti qui s'appelle Territoire de Progrès, qui est un parti de la gauche de la majorité associé à Renaissance.
00:31 - Qui a encore beaucoup de personnes... - Oui, oui, ne vous inquiétez pas pour nous.
00:36 - ... jusqu'à gauche de la Mocronie, on a l'impression que ça fond comme le soleil.
00:40 - Ne vous inquiétez surtout pas pour nous. - Vous allez m'en parler.
00:42 - Et par ailleurs, Renaissance, je m'occupais des fédérations départementales.
00:46 Aujourd'hui, je prends en charge ce poste de secrétaire général exécutif pour assurer à la fois le bon fonctionnement du parti,
00:50 la préparation des élections européennes, la coordination avec nos partenaires.
00:53 - Est-ce que vous êtes le suppléant de Stéphane Séjourné parce que lui est ministre et du coup il n'a pas trop le temps de s'occuper de ça ?
00:58 - Stéphane Séjourné est ministre des Affaires étrangères, donc souvent au déplacement, ce qu'on attend de lui, c'est sa mission.
01:03 Moins facile à joindre parce que c'est le lot des déplacements.
01:05 Nous travaillons ensemble depuis longtemps au sein de Renaissance et donc nous sommes un binôme tous les deux et je l'accompagne, je l'aide.
01:11 - Vous reportez à lui ? C'est votre chef ? - C'est le chef de tout le parti.
01:15 Mais j'ai une grande autonomie, c'est bien comme ça.
01:17 - Oui, alors du coup, comment ça se passe ?
01:20 Quelle est votre feuille de route aujourd'hui ? Quel est votre quotidien ?
01:24 Vous vous levez le matin, vous allez à votre bureau, c'est qui ce que vous occupez de quoi ?
01:27 - Je suis d'abord député de l'Hardèche. Je suis député de l'Hardèche, je le suis depuis 2007.
01:31 - Donc vous êtes en circonscription une grande partie de votre temps.
01:33 - Je suis député de l'Hardèche depuis 2007, c'est mon quatrième mandat, j'ai eu la chance d'être maire d'Anneau-Nez pendant dix ans.
01:37 J'ai eu la chance aussi d'être membre du gouvernement pendant six ans.
01:39 Aujourd'hui, mon quotidien se partage entre ses fonctions de député pour porter la voix de l'Hardèche,
01:44 pour participer au vote des lois, et puis ses fonctions qui sont des fonctions partisanes,
01:48 avec la volonté d'une part de bien préparer les élections européennes, c'est important,
01:53 en lien avec notre candidate Valérie Ayé, qui était aujourd'hui au Salon de l'Agriculture, nous étions ensemble,
01:59 en lien avec l'ensemble des partenaires de la majorité, le MoDem, Horizons, Agir, Territoires de Progrès,
02:03 mais aussi le Parti Radical et tous ceux qui participent à cette majorité présidentielle.
02:07 Et puis c'est de préparer aussi un certain nombre d'étapes, plus lointaines,
02:10 mais un parti se doit aussi d'anticiper sur les élections municipales dans deux ans,
02:14 parce que les candidats ça se prépare, ça se forme, ça s'accompagne, tout comme les échanges internes.
02:19 - On commence par les européennes, parce que ça arrive, effectivement,
02:22 mon confrère Gilles Boulot de TF1, c'est pas qu'il a été désagréable,
02:27 mais il a quand même fait remarquer à Valérie Ayé qu'elle avait douze mois de retard sur tous les autres candidats,
02:31 est-ce que c'est la bonne candidate ? Bon j'imagine que vous allez me répondre oui, parce qu'il n'y en a pas d'autres.
02:35 - En fait, j'ai souhaité dire que vous dites qu'elle a douze mois de retard, elle a surtout cinq ans d'avance.
02:40 - Qu'est-ce que vous voulez dire ?
02:41 - Elle a cinq ans d'avance parce que Valérie Ayé est députée européenne depuis 2019.
02:45 - Donc ça lui donne une meilleure place ?
02:47 - Non mais je m'explique, elle est présidente du troisième groupe au Parlement européen, le groupe Renew,
02:52 elle est classée parmi les députés les plus actifs, elle a porté des rapports.
02:56 Avant d'être députée européenne, elle était conseillère départementale dans le département de la Mayette,
03:00 vice-présidente du département en charge du budget.
03:02 C'est une jeune femme...
03:03 - Je n'ai jamais dit qu'elle ne connaissait pas le sujet, j'ai dit que c'était une sombre inconnue
03:06 face à tous les autres qui sont en lice.
03:08 - Je vais vous renvoyer la balle. D'abord, si vous considérez que quand on est présidente du troisième groupe
03:14 du Parlement européen, on est une sombre inconnue...
03:16 - Non mais pour les électeurs, je dis du sobre, pour les électeurs !
03:19 - Laissez-moi aller au bout.
03:20 Ça signifie qu'une partie des médias ne portent peut-être pas suffisamment d'attention à ce qui se passe au Parlement européen.
03:26 Et ce qui se passe au Parlement européen est absolument majeur dans le quotidien des Français,
03:30 et si le fait d'être président du troisième groupe au Parlement européen
03:34 ne suffit pas à être suffisamment connu aux yeux de tel ou tel,
03:38 ça veut dire qu'on ne s'y intéresse pas assez.
03:40 - Je peux vous renvoyer la balle en disant que le gouvernement ne s'occupe pas de toutes les affaires des Français
03:45 et pourtant, pour gérer les affaires courantes, nous aussi on gère les affaires courantes,
03:48 on parle des sujets importants.
03:50 - Nous sommes à 100 jours aujourd'hui d'une élection européenne.
03:54 Je préfère mille fois que nous fassions confiance et que nous nous engageons derrière Valérie Riez,
03:58 qui est une députée européenne active, qui a passé 5 ans de mandat à travailler,
04:02 à porter des dossiers, à défendre la voix de la France en Europe,
04:05 plutôt qu'à faire le pari uniquement de la scène médiatique.
04:08 On entend souvent, et je ne vous le dis pas à vous, mais globalement,
04:12 depuis que je fais de la politique, c'est-à-dire depuis presque 20 ans,
04:15 on nous dit "mais attendez, vous sortez toujours les mêmes visages"
04:19 et lorsqu'on met en avant un visage peut-être moins connu, on nous dit "ça n'est pas assez connu".
04:24 Faisons le choix du travail. Le choix du travail est le choix d'une élue locale, en Mayenne je l'ai dit,
04:29 elle l'a dit elle-même, d'une famille d'agriculteurs en Mayenne,
04:32 avec ce mandat de conseillère départementale.
04:34 Je vais vous faire remarquer quelque chose que peut-être vous n'avez pas vu,
04:38 mais quand on regarde les différentes têtes de liste aux élections européennes,
04:41 pour celles qui sont connues, têtes de liste du Parti Socialiste, de la France Insoumise,
04:45 du Rassemblement National, de ELR,
04:47 ce sont uniquement des députés européens ou des nouveaux candidats
04:50 qui n'ont été élus, quand ils ont été élus, que sur des scrutins proportionnels, des scrutins de liste.
04:55 Valérie Ayé est la seule à avoir été élue sur son nom,
04:57 à être allée devant les électeurs directement, à s'engager à l'échelle de son canton.
05:02 C'est quelque chose de remarquable et d'important pour moi qui suis élue en Ardèche.
05:05 Il y a plusieurs façons de faire de la politique individuelle, je ne vais pas vous le dire,
05:09 mais j'ai l'impression qu'on propulse Valérie Ayé sur un schéma, sur un narratif, comme on dit en français,
05:17 c'est diaboliser le Rassemblement National.
05:19 Non, ce n'est pas notre objectif, notre objectif est d'abord de porter le projet européen du Président de la République.
05:24 En 2017...
05:25 J'ai l'impression qu'on la compare tout de suite à Vardela en disant "ben voilà, regardez..."
05:29 Ça serait une folie de dire que le Rassemblement National n'est pas devant dans les sondages
05:35 avec un projet qui n'est pas un projet européen que nous devons combattre.
05:39 Mais alors, comment est-ce que...
05:40 Pardonnez-moi, je l'explique.
05:42 Juste, on termine l'incise parce qu'elle est importante pour les auditeurs.
05:45 Comment est-ce que vous expliquez que le Rassemblement National soit aussi élevé dans les études d'opinion pour les électeurs ?
05:53 Ce que je dis c'est que nous allons nous battre pour faire en sorte qu'ils soient moins élevés...
05:55 Mais est-ce que ça vous étonne ? Est-ce que déjà ça vous étonne ?
05:57 Non, parce que nous sommes dans une période qui est une période de grandes difficultés.
06:00 Donc c'est quoi ? C'est le fameux vote contre ?
06:02 Non, non, non, de difficultés parce qu'il y a de l'inflation, parce qu'il y a des inquiétudes géopolitiques,
06:06 qu'il y a une guerre sur le territoire européen, que c'est la première fois que ça arrive,
06:10 et le Rassemblement National, comme le Front National avant, c'est une lettre qui a changé mais les mêmes idées.
06:15 A toujours fait campagne sur la peur...
06:16 Donc pour vous le RN c'est le FN ?
06:18 Totalement, et d'ailleurs j'ai même du mal à dire RN, je dis encore FN de manière très régulière.
06:22 Vous n'êtes pas le seul.
06:23 Mais ils ont du mal à faire campagne sur autre chose que la peur et l'angoisse.
06:27 Nous ce que nous voulons montrer dans cette campagne, c'est que lorsqu'on regarde ce qui s'est passé depuis 2019,
06:32 dernière élection européenne, en 2017 Emmanuel Macron avait été élu, c'était, je le rappelle,
06:36 le seul candidat à faire campagne au présidentiel en disant combien l'Europe est importante.
06:40 En 2019 il y a des élections européennes.
06:43 Si en 2019, je vous avais dit dans ce studio, dans 5 ans à la fin du mandat,
06:47 nous aurons traversé une crise sanitaire avec le Covid, nous aurons traversé, pas encore tout à fait...
06:53 Je vous aurais dit c'est un film de fiction.
06:55 Une crise inflationniste et une crise énergétique, et si j'avais ajouté "il y aura une guerre sur le continent européen",
07:02 vous m'auriez dit "et moi aussi, c'est un film de science-fiction".
07:05 Par contre ce qui n'est pas de la fiction, c'est que sans l'Europe, nous n'aurions pas pu traverser ces crises.
07:10 Sans l'Europe, nous n'aurions pas pu être vaccinés comme nous l'avons été.
07:13 Nous n'aurions pas pu, et j'ai été ministre du budget dans cette période,
07:15 financer les aides aux entreprises, le chômage partiel et le plan de relance comme nous l'avons fait.
07:20 Sans l'Europe, nous serions à la merci de Vladimir Poutine.
07:23 Et donc dans cette campagne, notre objectif, c'est de dire ce que nous avons pu faire grâce à l'Europe
07:27 et ce que nous pourrons faire grâce à l'Europe.
07:29 Et face à nous, il y a le Rassemblement national, il y a LFI,
07:32 qui, quand on regarde leur position sur les affaires géopolitiques,
07:35 sont tous alignés sur Vladimir Poutine.
07:37 Et qui sont tous alignés sur une forme de défaite à l'avance de l'Europe.
07:40 Et donc nous, nous disons que nous avons besoin d'Europe,
07:42 à la fois pour faire face aux crises, mais aussi pour être suffisamment forts demain,
07:45 face aux menaces qui sont face à nous.
07:47 - Olivier Dussopt, vous avez justement dit à l'instant que vous avez été ministre du budget,
07:50 vous avez vraiment le nez dans les comptes publics,
07:53 c'est comme ça qu'on les appelle maintenant les ministres des comptes publics,
07:55 la France est à l'os, Bruno Le Maire le répète depuis quelques temps,
07:59 et là, d'une certaine manière, cette petite musique, soit on ne l'entend pas, soit on ne veut pas l'entendre,
08:03 mais aujourd'hui, il faut satisfaire les agriculteurs, les forces de l'ordre, les hôpitaux,
08:08 il faut aider l'Ukraine, toujours, avec de l'argent,
08:12 peut-être pas des troupes au sol comme ça a été évoqué en début de semaine,
08:15 mais en tout cas avec des armes.
08:17 Comment est-ce qu'on va faire, pardonnez-moi, je vous ai plusieurs fois posé la question
08:21 lorsque vous étiez ministre, mais comment est-ce qu'on va faire sans augmenter les impôts ?
08:24 - Nous allons le faire en réalisant des économies.
08:27 Et le gouvernement a pris un certain nombre de décisions.
08:29 - Les 10 milliards ?
08:30 - Les 10 milliards d'euros, mais aussi, j'ai en tête les derniers débats budgétaires
08:34 que nous avons eus au Parlement en mois de décembre dernier,
08:36 avec le fait de tenir compte d'une croissance qui est scalée.
08:40 - Donc on mise sur la croissance ?
08:41 - Oui, il faut.
08:42 - On a eu quand même une désillusion en 2023 sur la croissance.
08:44 - Il faut, la croissance en 2023, elle s'établit à 0,9%.
08:48 - On avait prévu plus ?
08:49 - On avait prévu un tout petit peu plus de 1,
08:51 quand nos voisins, notamment en Allemagne, sont en récession.
08:53 - C'est pas une région ?
08:55 - Mais non, mais c'est pas une région, c'est de la même façon que...
08:58 - Vous conviendrez qu'à chaque fois que l'Allemagne fait mieux que nous, on le souligne ?
09:01 - Non, mais je...
09:02 - Quand c'est nous qui faisons mieux, peut-être qu'on a le droit de le souligner aussi ?
09:04 - Je vais vous dire, je trouve que c'est un peu...
09:07 On ne devrait pas à chaque fois se comparer à l'Allemagne.
09:09 - Oui, mais ça marche dans les deux sens.
09:11 - Je suis peut-être le seul de tous les observateurs, mais en tout cas...
09:13 - Je vous donne ce crédit-là, mais ça marche dans les deux sens,
09:16 et quand il y a comparaison, il faut que ça soit dans les deux sens.
09:18 Et donc, il faut évidemment faire attention aux finances publiques.
09:21 Je l'ai toujours dit quand j'étais ministre des comptes publics, je l'ai dit dans ce studio, je continuerai à le dire,
09:24 parce que c'est une question de souveraineté.
09:26 Et donc, il faut faire des choix.
09:27 Et parfois faire des choix qui sont difficiles.
09:29 Ça veut dire ne pas donner satisfaction à telle ou telle demande,
09:32 ça veut dire aussi parfois...
09:33 - Donc, il ne faut pas promettre ?
09:35 - C'est l'objectif...
09:36 - Il ne faut pas trop promettre ?
09:37 - Il faut s'engager lorsque c'est nécessaire, il ne faut pas promettre de manière inutile,
09:40 et l'objectif que poursuit Bruno Le Maire et que poursuit aussi Thomas Cazan,
09:44 le ministre délégué aux comptes publics,
09:45 notamment avec le décret de régulation autour de 10 milliards d'euros,
09:49 c'est de permettre à la fois de tenir les engagements de la France,
09:52 sur le fond, c'est-à-dire les objets, les priorités à financer,
09:55 mais aussi de tenir nos engagements financiers,
09:57 parce que c'est important aussi pour rester souverain.
09:59 - Une dernière question, Olivier Dussopt,
10:00 est-ce que vous êtes en colère contre la justice,
10:03 contre cette procédure longue de pratiquement 15 ans,
10:06 qui vous a peut-être coûté une place au gouvernement ?
10:08 - Non, ça a duré 4 ans, pas 15 ans, mais 4 ans...
10:11 - Les fers ont monté 2009, il me semble.
10:13 - Oui, mais j'ai été attaqué par un journal en ligne en 2020,
10:16 et ce que je retiens, et ce qui est extrêmement important pour moi,
10:20 c'est que le 17 janvier, le tribunal de Paris a dit que j'étais tout simplement innocent.
10:25 - Oui, mais c'était après la bataille.
10:26 - Le tribunal de Paris a dit que je n'étais coupable de rien de ce qui m'était reproché.
10:30 Le parquet financier avait classé 4 points sur 5 de l'enquête qu'il avait menée,
10:34 pendant toutes ces années.
10:35 Le dernier point restant suspens,
10:37 le tribunal a dit que tout ce que j'ai fait était légal, conforme aux droits,
10:41 et j'ajoute que le tribunal a aussi souligné que ça m'avait permis de baisser le prix de...
10:45 - Je ne remets pas du tout ça en gros,
10:46 mais ça vous a quand même coûté une place au gouvernement ?
10:48 - Je ne sais pas, je n'en sais rien, je ne veux pas penser à cela.
10:51 Je dis que j'ai été relaxé par le tribunal,
10:54 que c'est extrêmement important pour moi, parce que c'est aussi une question d'honneur,
10:57 et que pendant toute cette période d'enquête et de procès,
11:00 j'ai toujours pu compter sur le soutien et la confiance du président de la République,
11:03 dont je suis extrêmement reconnaissant.
11:05 - Vous aimez Peter Gabriel ?
11:06 - Je ne connais mal, donc...
11:07 - Ben on va écouter alors. Merci Olivier Duprête.
11:09 - Merci à vous.
11:10 [Générique de fin]