Son EP "Lifat Mat" est disponible partout
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00:00 30 ans de musique, c'est long.
00:01 Eh oui, tonton !
00:03 Il a révolutionné le business aussi dur.
00:05 C'est ce qu'on me mettait pour "Je m'endorme".
00:07 "The Footprint", c'est pas qu'un succès commercial,
00:09 les gens, ils se rendent pas compte.
00:10 "The Proud Pile", on est nous-mêmes, attention,
00:11 faut respecter nous-mêmes.
00:13 Ouais, je vais commencer par celui-là,
00:15 parce que c'est le commencement.
00:17 C'est la Genèse.
00:18 Ce disque, c'est ma berceuse, en fait.
00:21 C'est ce qu'on me mettait pour "Je m'endorme".
00:23 Une icône, en fait.
00:28 Une icône chez nous, en Algérie,
00:30 et aussi au Maghreb, et aussi en France,
00:32 parce qu'il a fait aussi des belles choses en France,
00:34 il a fait des gros albums, etc.
00:36 Et j'ai une anecdote qui est marrante,
00:37 c'est que c'est un artiste que mes parents,
00:39 ils écoutent beaucoup, ils écoutaient beaucoup.
00:41 Quand on a gagné les Victoires de la Musique,
00:43 il était juste derrière moi, dans le public.
00:45 Et donc, dans toutes ces images-là,
00:47 il y a Ydir derrière moi,
00:49 et c'est un symbole incroyable.
00:51 C'est un exemple pour moi.
00:53 C'est grâce à ce genre de disque un peu ancien aussi
00:54 que toi, t'as pu créer de la musique avec DJ Mehdi aussi ?
00:58 Ben exactement, moi, ces disques-là,
01:00 ils font partie des disques que je pouvais trouver
01:02 dans les disques de mes parents.
01:04 Et puis, quand j'ai commencé à composer,
01:05 à être vraiment un professionnel de la musique,
01:08 j'ai pris tous ces disques,
01:10 et on les a tous décortiqués avec DJ Mehdi,
01:12 pour comprendre la technique déjà.
01:14 Le shahbi, le raï, la musique habile,
01:17 c'est des musiques très riches.
01:18 Et on a samplé aussi plein de titres,
01:21 dont un qui est devenu un énorme classique,
01:24 qui est "Tonton Djoubled".
01:25 "Je voulais rester à la cité, mon père m'a dit..."
01:27 Cette idée vient en vrai de grâce au disque de mes parents.
01:30 C'est comme ça qu'on a fait cet énorme tube.
01:33 Et tu vois, je trouve ça beau,
01:35 parce que là, tu parles d'un disque que tes parents t'ont fait découvrir.
01:37 T'étais au concert de Tif,
01:38 t'as fait un RT-concert avec Flen et Danil.
01:42 C'est un peu toi qui mets aujourd'hui en avant ces artistes-là.
01:44 Il y a quelque chose de lié, je trouve, tu vois.
01:45 Ben oui, c'est important.
01:47 Moi, je pense que c'est des gens
01:49 qui n'ont peut-être pas grandi avec cette musique, naturellement,
01:52 parce que c'est pas de leur génération.
01:54 Mais le fait d'avoir entendu du Rimka dans leur jeunesse,
01:56 ben ils ont eu quelques bribes au moins de ça.
01:58 Et au moins, ils ont le chemin pour y aller.
02:01 La musique qu'ils font, en fait, c'est ma démarche de départ, quoi.
02:04 Et c'est ça qui est beau.
02:05 Et c'est pour ça qu'ils méritent mon soutien.
02:08 Cette technique-là, je la tire du rap américain, en vérité.
02:12 C'est-à-dire que la musique afro-américaine était tellement riche,
02:15 il y avait tellement d'artistes afro-américains
02:18 que les premiers rappeurs ont commencé à sampler
02:21 tous ces disques de soul, de funk.
02:24 Et moi, je me suis dit, on a une culture très riche.
02:27 Et c'est cette démarche-là que j'ai prise, en fait.
02:30 Et de voir tous ces artistes-là aussi suivre ce pas-là,
02:32 c'est une fierté.
02:34 Et c'est aussi un devoir pour moi de les accompagner là-dedans.
02:37 L'histoire avec Tchif, elle est incroyable.
02:39 C'est un artiste que j'ai rencontré au Bled, en fait,
02:41 lors d'un concert que je faisais à Alger.
02:44 Et puis, c'est un jeune rappeur qui a réussi à se faufiler dans les loges
02:47 et qui est venu dans ma loge et qui est venu me faire des couplets comme ça, en direct.
02:50 Et voilà, je me suis pris d'amitié avec lui.
02:53 Et il m'avait promis, il m'a dit "je te promets, RMK,
02:56 qu'un jour, je viendrai en France pour rapper".
02:58 Et il a tenu sa promesse.
03:00 C'est incroyable, quoi. C'est un truc de ouf.
03:02 Ah oui, ça, c'est...
03:11 Ça, c'est un disque...
03:14 Déjà, c'est mes premiers succès.
03:16 C'est aussi grâce à ce disque que je fais encore la musique aujourd'hui.
03:19 Ce qui m'a donné l'espoir de me dire que j'avais une carrière devant moi.
03:23 Ça m'inspire tellement de souvenirs,
03:31 de super souvenirs, parce que cet album-là, c'est pas que l'album du 113.
03:35 C'est l'album de tout un collectif. C'était aussi l'album de la Mafia qu'infrit.
03:38 Autour de cet album-là, on a fait une tournée peut-être de 50 dates.
03:45 On est parti à 18 sans les techniciens que nous, nous et nos potes.
03:50 Tu vois, nous et toute la Mafia qu'infrit.
03:51 Et puis avec Médhi, avec DJ Médhi, c'est l'un des artistes,
03:56 l'un des mecs avec le qui je me suis le mieux entendu dans la musique en général.
04:01 C'est pour ça qu'on a réussi à faire de belles choses comme celle-là.
04:04 C'est-à-dire que j'ai essayé de comprendre ces démarches
04:07 qui n'étaient pas forcément des démarches classiques qu'on avait dans le rap.
04:10 Où on se contentait de rester vraiment dans les standards
04:15 de ce qui se faisait aux États-Unis.
04:16 C'était beaucoup d'artistes français copiaient ce qui se faisait aux Outre-mer.
04:20 Et puis nous, après, on est parti dans d'autres contrées.
04:23 On a essayé plein de choses.
04:24 On a essayé d'électro, on a essayé...
04:26 Justement, on a écortiqué les disques des parents.
04:28 Et tout ça, c'est ça qui fait l'histoire de ce disque-là.
04:30 C'est un mélange en vrai. C'est un mélange de plein de choses.
04:33 Même mieux serait-ce que la pochette.
04:34 La pochette est incroyable parce que c'est toute ma vie en vrai.
04:37 Tu vois, c'est le kebab où on a donc grandi.
04:40 Ça, c'est l'épicerie qui était...
04:41 Tu vois, c'est Aziz.
04:43 Elle était ouverte jusqu'à 2h du matin.
04:45 Ça, c'est la petite sœur de Papou.
04:47 C'est le petit frère d'Apé. C'est mon neveu.
04:49 Ça, c'est moi. C'est ma circoncision.
04:50 Ça, c'est un kidder. C'est un boxeur.
04:53 Et tu vois, et tout ça...
04:56 Tout ça, on a essayé de le mettre dans un disque.
04:58 C'est une partie de moi, en vrai, qu'il y a là-dedans.
05:00 - C'est un album photo, en fait, pour toi, cette pochette-là, déjà.
05:03 - Ouais, c'est même...
05:05 Je dirais même que c'est un album de famille.
05:07 Tu vois, à l'époque, les gens qui ont fait cette pochette,
05:10 c'était Thibaut Delongeville, qui a l'origine du K54 aujourd'hui,
05:14 et Alex Wise, qui est un grand, maintenant, graphiste reconnu.
05:19 Et ces mecs-là, ils sont venus en immersion dans le quartier.
05:22 Ils sont restés peut-être 3 jours, tu vois,
05:24 pour réaliser cette pochette.
05:26 4 000 photos à trier, quoi, pour en tirer ça.
05:29 - Tu sais que c'est une pièce rare, ça, aujourd'hui, ça.
05:30 Ça se vend cher, ça, maintenant.
05:32 - Ouais, ça se vend très cher, je sais,
05:33 parce que c'est pas un disque qu'on a repressé.
05:35 C'est un disque qui est resté...
05:38 Un bon moment qui n'était plus dans le commerce jusqu'à aujourd'hui.
05:41 Il n'est plus dans le commerce, mais...
05:43 C'est quelque chose auquel je suis en train de remédier.
05:47 Mais c'est assez salement soupeux, je pense qu'on va régler ce problème-là.
05:51 Solar, très, très grand, très grand artiste, rappeur du 9/4,
05:56 il faut le préciser.
05:58 Peu de gens le précisent, mais c'est un grand de chez nous.
06:00 "J'ai tenu tête au maître, au prêtre, au traître,
06:03 au focus, encore texte, qui danse, encore le fond, qui jersey..."
06:05 Malgré tout, tu vois, même si on n'a pas fait la même musique,
06:08 c'est un mec qui nous a inspirés, parce que c'est le premier espoir
06:11 qu'on a eu de se dire "c'est possible".
06:13 Et le fait que nous, on savait qu'il venait du 9/4,
06:17 qu'il venait du 9 Saint-Georges, qu'il était pas loin de chez nous, etc.
06:20 Et il nous a grave inspirés, tu vois.
06:22 Jimmy, ouais, j'aime bien Jimmy aussi, je connais bien Jimmy.
06:25 Jimmy, j'aime bien, c'est un petit frère.
06:32 J'ai rencontré il y a pas trop longtemps, peut-être deux ans que je le connais,
06:36 on s'est rencontrés en festival et tout.
06:38 Et il y a toute une scène suisse comme ça qui est en train d'évoluer.
06:42 Et ça me rappelle un peu la Belgique.
06:44 Au début, les Belges étaient un peu négligés, on va dire.
06:48 Leur musique, on calculait pas trop les Belges.
06:50 Et puis, à force de travail,
06:53 aujourd'hui, il y a beaucoup d'artistes belges,
06:55 les Hamza, tellement qu'on éclot,
06:59 et qui sont devenus très importants, même sur la scène francophone.
07:03 Et je pense que les Suisses, ils ont un coup à jouer.
07:06 Il y a aussi un petit label que je suis en Suisse qui s'appelle Batmob.
07:09 C'est vraiment encore tout petit, petit.
07:11 Mais je le dis, si on exclut, c'est un label à suivre,
07:15 parce qu'il y a des pépites là-dedans.
07:17 Ah, le S, ouais.
07:20 S-E-H.
07:21 Ça me parle parce que déjà, humainement, c'est un type avec qui je m'entends bien
07:30 et c'est quelqu'un qui connaît très, très bien le rap français.
07:33 Il sait ce qui s'est passé auparavant, il s'est renseigné,
07:35 et il connaît très, très bien.
07:36 Il a même sorti des couplets que moi, j'avais oublié de moi-même.
07:39 T'imagines, c'est que le mec, il est vraiment très, très calé là-dessus.
07:42 Et je pense que c'est un artiste qui a encore une belle carrière devant lui.
07:46 C'est les démarches que j'aime, les démarches vraiment marquées.
07:49 C'est-à-dire qu'à un moment donné, il faut essayer d'apporter quelque chose
07:52 de différent de ce qui se passe dans le paysage actuel.
07:56 Et lui, c'est ce qu'il a essayé de faire.
07:58 Il a amené une autre imagerie, il a amené une voix naziare comme ça,
08:02 qui n'est pas facile de base à écouter.
08:03 Et puis finalement, quand tu rentres là-dedans, c'est une drogue.
08:07 - Dans sa discographie, si tu devais garder peut-être un titre ou un album,
08:10 toi, tu penses à quoi tout de suite ?
08:12 - Là, tout de suite, je pense à Morpheus.
08:13 C'est juste incroyable.
08:23 Et le clip, il est tout con.
08:24 En fait, il est dans une chambre d'hôtel, il est en train de manger un filet de bœuf.
08:29 Et toute l'imagerie, tu vois, il a ses bagues, il a son truc.
08:32 Et ça, franchement, c'est quelque chose qu'on ne voyait pas dans le rap français.
08:37 Dandy italien, mafieux, ça, ça me parle.
08:42 Cet album-là, en fait, Travis Scott, il est très chaud.
08:47 Parce que pour moi, c'est le fils héréditaire de Kanye West
08:51 et de toute la folie de Kanye West, en vrai.
08:55 - "Please don't wake me up, I feel it creeping.
08:57 Controlling how you move, a lucid dreaming."
09:00 - Incontestablement, c'est l'un des meilleurs albums de 2018, Asyl.
09:04 Dans les prises de risques, dans la sonorité.
09:06 Moi, je suis un mec, je me prends beaucoup la tête sur l'après-enregistrement,
09:10 l'après-recording.
09:11 Être un bon artiste, c'est pas seulement être un bon interprète ou un bon auteur.
09:17 C'est aussi aller jusqu'au bout de l'étape, de la finition totale du morceau.
09:22 Et là-dedans, on a de la réale qui est juste incroyable.
09:25 Et puis même, la première fois que je l'ai écoutée,
09:27 ce que j'ai vraiment kiffé dans cet album-là,
09:29 c'est que le fait qu'il n'ait pas nommé les feats,
09:32 ça ne te conditionne pas dans une écoute.
09:34 Donc, tu l'écoutes vraiment comme une oeuvre.
09:37 Et moi, souvent, je dis que la voix, c'est un instrument de plus sur la musique.
09:42 Et le fait qu'il ait invité des mecs comme Drake,
09:45 et tous ces mecs-là, en fait, ils sont juste...
09:47 Ils viennent intervenir dans le projet comme des instruments de musique.
09:51 Et ça, je trouve ça vraiment...
09:53 La réale de ces disques, elle est juste incroyable.
09:57 D'ailleurs, je ne pense pas qu'il réussira à faire aussi bien.
09:59 - Toi, on a pensé quoi d'Utopia ?
10:01 - Ça va.
10:02 Il y a des titres qui vont rester,
10:04 mais ce n'est pas un album que je réécouterai du début à la fin.
10:07 Il y a des albums comme ça qui rentrent dans notre patrimoine musical.
10:12 Celui-là, il en fait partie.
10:13 Utopia, il en fera pas partie.
10:19 On repart dans la préhistoire du rap, là.
10:22 Mais je kiffe, moi, je kiffe venir parfois dans des vieilles boutiques comme ça de...
10:28 De vinyles, c'est rare.
10:29 J'ai peu de temps, maintenant, je le fais de moins en moins,
10:31 mais j'aime pour me réécouter des trucs, parce que 30 ans de musique, c'est long.
10:36 Et donc, parfois, sur la route, il y a des choses qui nous ont marqués,
10:40 mais sur lesquelles on revient un peu.
10:42 Et donc, le fait d'avoir comme ça cette bibliothèque,
10:46 comme ça, ça rafraîchit vraiment, même par rapport au niveau de l'écoute.
10:50 - Parce que tu continues de t'intéresser à tout ce qui sort aussi aujourd'hui.
10:54 - C'est ça, et ça me prend aussi beaucoup de temps d'écouter tout ce qui se passe
10:57 aussi aujourd'hui dans le paysage, parce que j'écoute ce qui se passe en France,
11:01 j'écoute ce qui se passe au States, j'écoute ce qui se passe aussi maintenant en Europe,
11:05 parce qu'il se passe plein de choses maintenant en Europe,
11:07 en Italie, en Espagne, en Allemagne.
11:09 Il y a des Luciano, il y a des Morade, il y a des Gali.
11:12 - On n'a pas connu ça, nous, à notre époque.
11:18 C'était pas comme ça, tu vois, il y avait un, peut-être deux artistes.
11:21 C'est ça que je cherchais depuis tout à l'heure.
11:23 Ça, c'est l'album qui m'a formé, c'est l'école des Shaolins, celui-là,
11:27 c'est la formation ultime.
11:29 Et ce qui est fou dans ce disque, c'est que Nass a un jeune rappeur à l'époque,
11:39 il a déjà les meilleurs compositeurs qui composent pour lui sur ce projet-là.
11:43 Il se retrouve, il y a des DJ premiers, des Pit Rock.
11:45 À l'époque, pour recadrer la situation, c'est les meilleurs beatmakers des États-Unis.
11:50 C'est les plus gros hitmakers, c'est les mecs les plus respectés,
11:53 dans la rue, dans le métier.
11:56 Et Nass, il est arrivé comme une tornade, tu vois.
11:59 C'est un disque aussi qui représente plein de choses,
12:01 c'est tout le Queen, c'est toute l'époque de New York où, entre eux,
12:08 ils ont pris le leadership pendant dix ans du rap,
12:12 et pas seulement du rap US, du rap mondial.
12:16 C'est-à-dire que c'était l'exemple à suivre, c'était le rap de New York.
12:21 Et cet album-là, il est mythique, il représente énormément de choses.
12:24 Autour de cet album-là, il y a trop de choses,
12:26 il y a les Mob Deep avec qui j'ai collaboré.
12:29 -T'as toujours été très New York, de toute façon.
12:37 -Oui, toujours.
12:38 Toujours, même souvent, quand on me demande entre Tupac et Biggie,
12:42 je penche un peu vers Biggie,
12:43 même si j'ai énormément écouté Tupac et que j'ai un énorme respect pour lui,
12:48 mais New York, pour moi, c'est ce qui m'a forgé, c'est ce qui m'a fait.
12:52 -Pour toi, le meilleur rappeur all-time, c'est forcément un New Yorkais ?
13:02 -Ouais.
13:03 Ouais, je pense, c'est un New Yorkais,
13:05 parce que l'essence même de cette musique,
13:09 elle démarre plus ou moins de New York, on va dire.
13:11 La première fois que je vais à New York, le premier taxi où je monte, c'est du rap.
13:14 Première boutique où je rentre, il y a du rap.
13:17 N'importe où, tu peux aller dans New York, la ville, elle baigne dans le rap.
13:20 Et c'est la première fois que je vois aussi des papas de 50 piges écouter du rap.
13:25 Je me suis dit "Putain, il y a des gens qui vivent le rap comme moi je vis le rap",
13:28 et ça m'a ouvert vraiment sur la création aussi.
13:32 -C'est lequel, le rappeur all-time, alors ?
13:34 C'est Nas ?
13:35 -J'aurais aimé dire Nas, mais j'hésite, en fait.
13:40 Parce que moi, je me base pas sur le côté commercial et réussite, en fait,
13:44 quand je pense au meilleur rappeur.
13:45 Je pense à celui qui a le plus à porter.
13:47 Je pense que c'est plus Jay-Z qui a le plus à porter que Nas,
13:49 dans le sens où il a révolutionné le business aussi du rap.
13:54 Et sans le business du rap, peut-être qu'on n'aurait pas autant perduré,
13:58 qu'on n'aurait peut-être pas pris autant cette place dans l'industrie musicale,
14:04 parce qu'au tout départ, il faut bien que les gens se mettent ça en tête,
14:08 on était une niche, on était vraiment...
14:10 Et le fait que cette musique-là vienne des ghettos et des quartiers difficiles,
14:13 des quartiers populaires, ça nous stigmatisait encore plus,
14:17 et ça nous mettait vraiment à part de tout ce qui pouvait se faire autour.
14:21 -Ouais, ouais.
14:22 -Ça, c'est magnifique, non ?
14:23 -C'est le classique ultime, tu vois.
14:32 D'ailleurs, c'est l'une des rares fois où Jay-Z, je l'ai vu en difficulté,
14:36 parce que Eminem, ce qu'il a fait sur ce disque, c'est incroyable.
14:40 Même si je penche vers New York, tout ce qui a été fait à L.A.,
14:50 tout le travail qui a été fait par Dre,
14:54 même le noyau N.W.A., tout ce qui en a écoulé,
14:58 Eazy et toute la bande, c'est parce que ça existait
15:02 que New York était aussi fort.
15:04 Et l'un des précurseurs et l'un des mecs qui a le plus réussi
15:07 à tenir New York sur la carte du rap, c'est Jay-Z, frère.
15:12 Ouais, celui-là, c'est... -Ah bah oui.
15:15 -The Legend.
15:17 Michael, le grand. Le grand Michael Jackson.
15:25 C'est mes grands frères et mes grandes sœurs qui m'ont fait découvrir Michael Jackson.
15:29 C'est les musiques qu'eux, ils écoutaient.
15:30 Donc moi, quand je découvre Michael Jackson,
15:33 c'est la première musique que j'aime,
15:37 où je me dis, cet artiste-là, je kiffe.
15:39 Quand t'es jeune, t'écoutes de tout, t'écoutes de la merde, t'écoutes plein de choses.
15:42 Moi, j'ai grandi dans les années 80, y avait l'eurodance,
15:45 y avait des trucs dégueulasses à écouter, tu vois.
15:48 Et le fait d'avoir grandi, d'avoir kiffé ça,
15:51 ça m'a aussi conditionné pour le reste,
15:53 parce que c'est un putain de disque super bien produit,
15:55 Quincy Jones, à l'époque où il fait cet album, c'est la légende ultime.
16:00 Et même, je pense que sans Quincy, y a pas de Michael Jackson.
16:04 C'est aussi l'oeuvre de Quincy Jones.
16:06 Comme pour 113, Prince de la Ville, DJ Mehdi fait partie de l'oeuvre intégrante.
16:11 C'est pas que le disque du groupe.
16:14 Je le vois comme ça un peu, moi.
16:15 Ce disque, il a une histoire de fou, parce qu'il y a des morceaux qu'ils ont mixés,
16:19 je crois que c'était Billie Jean, je suis pas sûr, mais je veux pas dire de bêtises.
16:23 Ils l'ont mixé 80 fois pour avoir la version finale qu'ils ont pas prise.
16:28 Ils sont revenus au troisième mix.
16:30 Et finalement, c'est le troisième mix sur les 80 qui a fini sur la bande.
16:35 Ça se fait plus aujourd'hui.
16:39 Faire des disques comme ça, aujourd'hui, ça coûterait...
16:42 On peut pas, on peut plus.
16:43 C'est plus rentable, quoi.
16:45 - T'as jamais mixé 80 fois un morceau, toi ?
16:47 - Jamais, ça m'est jamais arrivé.
16:50 Après, ça nous est arrivé, par exemple, quand on du bled,
16:53 c'était difficile de trouver le bon équilibre.
16:56 On l'a mixé peut-être trois ou quatre fois.
16:59 Donc, ça nous arrive vraiment de passer énormément de temps sur de la prod
17:03 pour obtenir ce qu'on veut.
17:05 C'est bizarre, nous, on imagine le titre d'une manière.
17:08 Et tant qu'on n'y arrive pas à cette image-là, qu'on a du titre,
17:12 ça peut durer des heures et des heures encore de travail, quoi.
17:14 - Il y a un disque qui...
17:16 Surtout un homme qui te parle, je pense.
17:18 - Ouais, le grand Aznavour.
17:19 - "Emmenez-moi au bout de la terre"
17:24 - Chanteur à texte, super chanson, super bien écrite.
17:27 Ça, ça inspire, parce que quand t'es rappeur, au bout d'un moment,
17:31 tu peux pas raconter que ce qui se passe en bas de chez toi.
17:34 Et puis, même si tu le racontes,
17:35 il y a tellement de manières différentes de le faire.
17:38 Et même, tu peux même le faire de manière poétique.
17:41 Et ce mec-là, il faut recadrer les choses.
17:43 C'est un mec issu de l'immigration arménien qui arrive en France
17:48 à l'époque où les gens étaient tous grands, blonds.
17:50 C'était ça, les stars de l'époque.
17:52 Les grands bruns, Elvis Presley, grands, costauds.
17:55 Et puis, lui, il est arrivé, petite taille,
17:57 petite tête d'Arménien, comme ça, qui arrive sur Paname.
18:00 Ça m'a inspiré beaucoup.
18:01 Et puis, même, c'est des disques qui sont énormément écoutés.
18:04 Les disques de Charles Aznavour, les gens le savent peut-être pas,
18:09 mais il est très, très écouté dans les quartiers Charles Aznavour.
18:11 - T'as beaucoup parlé de ça, de disques qui parlent d'immigration.
18:14 C'est des morceaux qui t'ont touché, des disques qui t'ont touché particulièrement.
18:17 J'ai l'impression.
18:18 - Oui, bien sûr, parce qu'en fait, c'est des points de repère pour nous.
18:22 Moi, quand mes parents sont arrivés en France,
18:24 ils avaient ni amis, ni famille, ni personne.
18:26 Donc, il fallait qu'ils fassent leur chemin.
18:30 Et par la suite, ils nous ont éduqués comme ça,
18:32 à dépendre de personnes, à être autonome, à faire avec peu, à se faire discret.
18:38 Et donc, voilà, et d'avoir des repères comme ça, c'est incroyable.
18:42 C'est vraiment des disques, des artistes qui nous ont donné vraiment la marche à suivre.
18:49 Je chante des fois du Aznavour, tu sais.
18:51 - Laquelle, par exemple ? - Par exemple, "Je me voyais déjà".
18:53 - Je me voyais déjà en haut de l'affiche.
18:57 - C'est une chanson que ça parle à tous les artistes du monde, tu vois.
19:00 Il raconte son rêve d'artiste, tu vois.
19:03 Il dit "Je me voyais déjà en haut de l'affiche", tu vois.
19:05 Mais chaque artiste s'est déjà imaginé tout en haut, tu vois.
19:09 C'est des chansons qui paraissent bateaux, mais elles sont tellement bien écrites,
19:13 elles sont tellement... que l'émotion, elle passe directement, tu vois.
19:16 Oui, le grand Snoop. - Bah oui.
19:19 - Oui, Snoop Dogg. Snoop Dogg, Bob Marley aussi.
19:22 Ah, Bob Marley, putain.
19:23 Ce disque-là, il est important, en vrai, dans la West Coast,
19:25 parce que c'est l'aboutissement, en fait.
19:28 C'est l'aboutissement de 10 ans, de N.W.A. jusqu'à Dre.
19:33 Il y a eu The Chronique avant, mais celui-là, c'est l'avènement de la West Coast, en vrai.
19:37 C'est ce disque-là qui a fait connaître la West Coast mondialement.
19:41 Au début, c'était un style régional, Californie.
19:50 Ils ont touché les États-Unis, un peu l'Europe,
19:52 là où les pays où le rap était écouté.
19:55 Et puis, grâce à "Who Am I", des petites comme ça, ça a explosé, tu vois.
20:00 Tout le monde connaît ce disque, même 25 ans, 30 ans après,
20:05 il y a énormément de personnes qui connaissent les morceaux de cet album.
20:08 Mais t'es quand même plus Illmatic que Doggy Style ?
20:11 51 %, on va même dire -50,01 pour Nas,
20:20 et 49,9 pour Snoop.
20:22 Plus souvent, on me compare à Snoop, tu vois.
20:24 Ça se fait pas, tu vois.
20:26 C'est mon gars, on se connaît pas, mais c'est quand même mon gars, tu vois.
20:30 Il était venu à Paname, il a fait le concert que de ce disque.
20:35 C'est l'un des plus beaux concerts que j'ai vus à Paname.
20:37 Il est venu avec une trentaine de musiciens.
20:39 C'était un moment de partage incroyable.
20:41 Et c'est ça aussi qu'on aime dans la musique, c'est le partage.
20:43 Souvent, on est enfermés dans nos studios, on est entre nous, on est machin,
20:46 mais à la finalité, c'est que ces moments-là, on va les partager avec tout le monde.
20:51 Et ce mec-là, il l'a compris.
20:52 Sa musique, elle est très généreuse.
20:54 Moi, je l'ai découvert avec Deep Cover.
20:56 C'était lui et Dre en duo, et il est arrivé avec une voix comme ça,
21:03 casquette Raiders, Teddy Raiders, Kaira, il arrive en Kaira,
21:09 là où tout le monde était avec des baguilles, des machins.
21:11 Même le style vestimentaire, il l'a cassé, tu vois.
21:14 Ce qu'ils ont fait au rap, c'est trop, frère.
21:16 Ils ont fait l'amour au rap.
21:18 -Je savais que tu parlais de Bob Marley, alors.
21:19 Tu avais des choses à me dire sur Bob Marley.
21:20 -Bob Marley, c'est le mec qui m'a poussé à avoir une meilleure écriture.
21:26 Parce que quand je voyais la puissance de ce qu'il écrivait,
21:28 je voyais que j'étais largué, en fait.
21:30 Dans les premiers textes que j'écrivais, voilà, on raconte plein de quotidiens,
21:33 on raconte plein de choses, mais d'écrire des messages forts,
21:36 c'est pas donné à tout le monde.
21:37 Vraiment, les chansons qu'il a faites, pour moi, c'est l'hymne des humains, en fait.
21:47 C'est l'un des mecs qui a rassemblé le plus de types différents en auditeurs.
21:53 Moi, j'ai vu des rockers s'écouter Bob Marley,
21:55 j'ai vu des pères de famille étrangers, j'ai vu des Français,
21:59 j'ai vu des... C'est vraiment très, très varié.
22:02 Et même des gens issus d'autres genres musicals,
22:08 comme le classique, comme... Respect Bob Marley.
22:11 C'est un super humain, dans le sens où son humanité aussi,
22:14 elle se ressentait dans sa musique.
22:16 Tu vois, c'est ça, c'est là que je parle de ça, la puissance de la musique.
22:20 Souvent, je parle de la puissance de la musique, c'est l'émotion que ça procure.
22:24 Et ce mec-là, en émotion, il y a très peu de gens que j'ai écoutés dans ma vie entière,
22:31 et j'ai écouté des milliers de disques qui ont réussi à me procurer autant d'émotion que Bob Marley.
22:36 Ben ça, Marvin Gaye.
22:38 Gainsbourg, Gainsbourg incroyable.
22:44 Je fais des trous, des petits trous, encore des petits trous.
22:46 Eminem.
22:52 Top 3, top 3 all time, Eminem. Attention, faut respecter Eminem.
22:55 - Top 3 all time ? - Ouais, top 3 all time.
22:58 - Derrière Nas et Jay-Z ? - Ouais, c'est un beau classement.
23:03 Jay-Z, Nas, ça se tient, c'est pas mal, ça, non ?
23:06 J'aime bien.
23:08 - On met Snoop en 4 ? - Ouais, non, 3 à 3, Xeco.
23:12 Eh oui, tonton, tonton Snoop, quand même.
23:17 Non, ça, j'ai écouté aussi, parce qu'en vrai, Marvin Gaye, même Diana Ross,
23:23 ce disque-là, il était important pour moi, parce que c'est DJ Mehdi qui m'a fait découvrir ce disque.
23:27 Moi, j'écoutais un peu de funk, j'écoutais, mais très peu.
23:38 Et grâce à ce disque-là, il m'a dit, passe au-dessus des a priori, viens, on écoute ce disque.
23:45 On a écouté, j'ai trouvé incroyable, et ce disque-là m'a emmené à d'autres disques, en fait.
23:49 C'est ce disque-là qui m'a ouvert sur la Saoul.
23:51 Marvin Gaye, je passais avec Artis, Mephild, etc., etc.,
23:54 et j'ai rebondi d'artiste en artiste jusqu'au jazz, qui était une musique inconnue pour moi.
23:59 J'écoutais du Miles, j'écoutais plein, plein, plein, plein de choses.
24:02 C'est la porte d'entrée sur la Saoul, pour moi.
24:05 Ouais, celui-là, c'est un classic shit, ça, après.
24:14 On parle de l'avènement de New York, du leadership de New York sur le rap US.
24:18 Ce disque-là, il en fait partie, parce que c'est la première fois
24:24 qu'on réunissait presque tous les styles de rap dans un disque.
24:28 Tous les styles de New York, et chaque mec qui était à l'intérieur de Method,
24:32 à Reckwon, Inspected Deck, Reza, ODB, c'est que des cinglés.
24:38 En fait, chaque mec avait son style, et c'est des styles que tu pouvais retrouver dans la rue à New York.
24:43 Et ils ont tout réuni là-dedans avec un chef d'orchestre exceptionnel.
24:47 Reza, sans Reza, il n'y a pas de Wu-Tang.
24:49 Parce que vraiment, dans sa tête, je pense qu'il a écrit l'histoire de Wu-Tang
24:54 avant même qu'elle existe, et il a tout fait pour réaliser exactement l'histoire qu'il avait en tête.
25:00 C'est un crack, frère. C'est un génie de la musique, ce mec-là.
25:02 D'ailleurs, il ne me fait pas mentir, puisqu'aujourd'hui, il réalise...
25:06 C'est lui qui fait toute la bande-son de Tarantino depuis des dizaines de films.
25:11 Tarantino, c'est l'un des plus grands.
25:13 Les bandes-son sont toujours incroyables. C'est pas pour rien. Il a Reza avec lui.
25:16 Sur certains morceaux, il y a des boucles qui n'ont pas la même gamme.
25:20 C'est un truc technique, j'explique.
25:22 Je ne sais pas s'il y en a qui me regardent, qui vont comprendre ce que j'explique.
25:26 On ne peut pas, ça n'existe pas dans la musique, de mettre deux gammes sur le même titre.
25:31 Il y a un conflit, à un moment donné. Mais Reza, il a réussi à le faire, lui.
25:35 Et puis ça sonne bizarre, il y a un truc, mais ça fonctionne, tu vois.
25:39 Et ça, ça lui a donné une identité, ça a donné une identité à Wu-Tang.
25:43 Mais c'est aussi une révolution dans le rap.
25:46 C'est pour ça qu'aujourd'hui, moi, Reza, je le trouve très sous-coté en tant que compositeur.
25:53 Quand on parle souvent des compositeurs US, des grands et tout, il est plus cité.
25:59 Alors qu'en vérité, c'est l'un des plus grands pour moi.
26:03 Non, là, vous me prenez par les sentiments, les gars.
26:06 Non, là, celui-là, c'est...
26:09 En fait, c'est le premier disque de ma vie.
26:12 Je me rappelle le jour où j'étais posé.
26:18 Ça faisait deux jours, trois jours que j'étais majeur, en vrai.
26:20 Et c'est mes premiers pas aussi dans le professionnalisme.
26:25 Parce qu'avant, on n'était qu'entre potes. On rappait, c'était une passion, comme ça.
26:29 Et puis quand il y a eu ce disque, on s'est tous investis sur ce disque.
26:32 C'est-à-dire, c'est le disque d'idéal J, mais on l'a tous vécu comme le nôtre.
26:35 C'était tellement une fierté qu'il y ait un d'entre nous qui sorte un disque
26:39 qu'on s'est tous mis à son service, tu vois.
26:42 Et chaque minute de ce disque, je la connais par cœur, comme si c'était le mien.
26:46 Et c'est aussi la pierre angulaire de la Mafia King Free.
26:49 C'est vraiment le premier disque qui allume la mèche
26:53 pour tout ce qui s'est passé avec l'énorme histoire de Mafia King Free
26:56 et tout ce qui en découle, les carrières autour, etc.
26:59 Quand j'écoute 113 et quand j'écoute l'idéal J, je me dis,
27:02 en fait, faire de la musique ensemble, ça devait être trop facile.
27:05 Ouais, on s'accordait sur tout.
27:06 Et ce qui était fort, c'est que 113, nous, on voulait pas faire du son comme l'idéal J.
27:12 Et ainsi de suite, différents types, intouchables.
27:15 Chacun avait vraiment voulu avoir son style musical.
27:18 Donc, on avait tous les mêmes beatmakers.
27:20 Mais malgré ça, on arrive à avoir chacun une musique bien distincte les uns des autres.
27:25 Mais finalement, le fond reste le même, puisqu'on a les mêmes fondations,
27:29 on a grandi ensemble, on a les mêmes éducations.
27:32 C'était des frérots, quoi.
27:35 - Est-ce que la musique électronique, ça te parle, ce petit bac ?
27:39 - Ouais, ça me parle.
27:41 D'ailleurs, Daft Punk, frère.
27:43 Tu vois, Daft Punk, c'est pas qu'un succès commercial.
27:50 Les gens ne se rendent pas compte.
27:51 C'est des putains de passionnés, des passionnés de musique.
27:54 C'est des mecs qui ont...
27:57 Je sais pas, je crois...
27:59 Ils doivent avoir peut-être 200, 300 synthés chez eux.
28:03 Ils ont tous les synthés d'époque, tous.
28:05 Des machines vieilles de 1970.
28:09 Et c'est ces machines-là avec lesquelles ont été créées les grosses œuvres.
28:13 Funk, Murda, etc.
28:16 Avec lesquelles ils ont travaillé après, par la suite.
28:18 Les mecs voulaient reproduire exactement les mêmes sonorités,
28:21 mais dans la texture, dans la qualité.
28:24 Et ce qu'ils ont fait, c'est incroyable.
28:27 Même au niveau mondial.
28:29 La French Tech, c'est ces mecs-là qu'on...
28:32 qu'ont révolutionné le truc, tu vois.
28:34 Et après, il y a peu de gens qui le savent aussi,
28:36 mais ces mecs-là étaient très inspirés par DJ Mehdi.
28:41 Très, très inspirés.
28:42 Parce que tout ce qui venait du rap et du hip-hop,
28:48 leur fenêtre, c'était DJ Mehdi.
28:52 Franchement, c'est...
28:53 Dans l'électro, pour moi, il y a eu eux.
28:55 Il y en a plein que j'aime beaucoup.
28:56 Kavinsky, qui est un très bon pote,
28:59 qui a fait un disque incroyable,
29:03 c'est devenu le CD des V12.
29:08 Si t'as pas un V12, tu peux pas le mettre, ce son de morceau,
29:15 dans ta voiture.
29:16 C'est vraiment que pour les grosses voitures.
29:18 Ça, c'est le son que j'aime, tu vois, les grosses basses, les gros trucs.
29:21 Et l'électro aussi, souvent,
29:28 ils connaissent très bien le rap.
29:29 Et quand on écoute bien et qu'on connaît bien la musique électro,
29:33 parfois, on le ressent.
29:35 Shadé, en fait,
29:37 Shadé m'a inspiré sur le nom de mon dernier EP,
29:42 où j'ai pris une boucle d'un de ses titres
29:45 pour réaliser le titre "Jour de pluie".
29:47 On se rend compte que quand on sample,
29:53 on extrait un bout d'une autre oeuvre,
29:56 mais souvent, dans ce bout,
29:58 t'as les meilleurs musiciens de la planète.
29:59 C'est ça qu'il faut se dire.
30:01 T'as peut-être les meilleurs violonistes, les meilleurs bassistes,
30:08 les meilleurs guitaristes et tout.
30:09 Donc Shadé, elle fait partie de ces gens-là, des grands.
30:13 C'est les grands de la musique, ça.
30:15 Donc quand je m'inspire d'une de ses oeuvres,
30:18 ma démarche, c'est celle-là,
30:19 c'est d'aller chercher ce qui se fait de meilleur.
30:21 Tu vois ?
30:23 Je l'ai pris une, j'ai pris un extrait d'un de ses titres
30:26 pour faire "Jour de pluie".
30:27 Et voilà, sans son oeuvre, je n'y serais pas arrivé,
30:31 mais en même temps, c'est une fierté.
30:32 Et c'est aussi un hommage à cette musique-là,
30:34 toute cette musique-là, "Soul",
30:36 où tous les gros beatmakers américains ont baigné dedans,
30:39 tous les grands rappeurs US ont baigné dedans,
30:41 ils ont tous grandi avec ces sons-là.
30:43 Tous, tous, tous, tous, ce que tu vois.
30:44 Tout ce que tu vois, la Retta Franklin,
30:46 tout ça, tous ces sons-là,
30:48 ils font partie de la culture musicale d'un rappeur aux États-Unis.
30:53 L'exercice de base, c'était de sampler de la South.
30:58 Et quand j'ai commencé à fouiller un peu partout
31:00 dans les trucs que j'écoutais auparavant et tout,
31:02 je suis tombé là-dessus.
31:03 Et quand je suis tombé là-dessus, j'ai dit "Putain, merde, incroyable".
31:07 Tu vois, ça fait...
31:08 Mobb Deep aussi l'avait samplé.
31:11 Et du coup, ça fait un double hommage,
31:18 parce que Mobb Deep aussi, c'est comme Nas.
31:21 Je vais parler de Nas, mais tu peux mettre Mobb Deep
31:23 exactement au même niveau qu'un mec comme Prodigy.
31:25 Il m'a inspiré comme personne,
31:28 les placements qu'il faisait dans les morceaux, le flow.
31:30 C'est ces mecs-là qui ont ramené le flow,
31:31 c'est les mecs du Queens.
31:32 C'est Rakim, c'est Marley Marl.
31:36 C'est tous ces mecs-là qui ont ramené le flow dans le rap.
31:38 Avant, on rappait...
31:39 On rappait comme ça, on rappait...
31:42 Tu vois, ça rappait comme ça avant, tu vois.
31:47 Avant, les mecs du Queens, tu vois.
31:50 Ils ont vraiment révolutionné le rap.
31:51 Et Alchemist aussi.
31:54 Vraiment, je tiens à...
31:55 Vraiment, grand, grand, grand hommage à Alchemist.
31:58 C'est vraiment l'un des meilleurs beatmakers de tous les temps.
32:06 Jusqu'à aujourd'hui, il est partout.
32:08 Je crois qu'il est dans l'Utopia aussi.
32:09 C'est trop, c'est trop, ce mec.
32:11 Et humainement, j'ai eu la chance de le rencontrer,
32:14 comme les Mobb Deep.
32:16 Et c'est l'un des moments de ma carrière que je retiens le mieux,
32:18 parce que c'est une force d'humanité.
32:21 Et en même temps, quand c'est le moment de travailler,
32:24 le mec, il voit plus rien, quoi.
32:26 Il n'y a plus rien autour. Il est dans sa machine.
32:28 Et il n'y a que ça qui compte.
32:30 Et donc, des fois, on se parle un peu sur Instagram et tout.
32:36 Et franchement, c'est trop cool, quoi.
32:39 Vraiment, ce mec-là, c'est...
32:41 J'ai un énorme respect pour Alchemist.
32:45 -Tu vois, on le rejoindra bientôt pour une session en studio, peut-être, non ?
32:48 -Chut !
32:50 -Colmini ! Colmini ! Colmini !
32:53 Colmini ! Colmini !
32:54 - On y va ! - On y va !
32:55 [SILENCE]