• il y a 6 mois
Pendant près de 20 ans, la secte du Temple du Peuple, fondée par le pasteur Jim Jones, a fait de nombreuses victimes. De l'utopie au drame, retour sur l'une des plus grandes tragédies du XXᵉ siècle.

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▬▬▬ SOMMAIRE ▬▬▬

00:00 : Introduction
00:27 : Les débuts de Jim Jones
04:09 : Le Temple du Peuple à Ukiah
06:46 : L'âge d'or
11:57 : Jonestown
16:44 : La chute
22:25 : Passage à l'acte
24:37 : Épilogue
27:00 : Conclusion

▬▬▬ SOURCES ▬▬▬

- Jacques Gutwirth, « Le suicide-massacre de Guyana et son contexte », Archives de sciences sociales des religions, vol. 47, no 2,‎ 1979
- Tim Reiterman, Raven : The Untold Story of the Rev. Jim Jones and His People, New York, Dutton, 1982
- John R. Hall, Gone from the Promised Land, 1987
- Jeff Guinn, The Road to Jonestown, Simon & Schuster, 2006
- Rebecca Moore, Understanding Jonestown and the Peoples Temple, Praeger, 2018
- Kenneth Wooden, The Children of Jonestown, New York, McGraw-Hill, 1981
- Charles Krause, Guyana Massacre: The Eyewitness Account, New York, Berkley Publishing, 1978
- Phil Kern et Doug Wead, People's Temple, People's Tomb, Plainfield, NJ, Logos International, 1979

▬▬▬ À VOIR AUSSI ▬▬▬

- The Sacrament, film de 2013, librement adapté de l'histoire du Temple du Peuple

▬▬▬ MUSIQUE ▬▬▬

Black Swan - Quincas Moreira
Cantus Firmus Monks - Doug Maxwell
Court and Page - Silent Partner
Drizzle to Downpour - Silent Partner
Leoforos Alexandras - Dan Bodan
Maestro Tlakaelel - Jesse Gallagher

___________________________________

Deux frères, une passion : l'Histoire.
Anecdotes, légendes, folklore, venez découvrir ou redécouvrir l'histoire de France et d'ailleurs.

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#Secte #JimJones #Manipulation

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Amusant
Transcription
00:00 L'histoire que l'on va vous raconter aujourd'hui fait froid dans le dos.
00:04 C'est une histoire d'emprise, de manipulation, de secte, de suicide et de folie.
00:12 C'est l'histoire du Temple du Peuple.
00:15 Cette histoire, c'est également celle du pasteur Jim Jones.
00:34 Jim Jones est né en 1931 dans un Indiana rural et pauvre.
00:39 Il est élevé seul par sa mère, une ouvrière syndicaliste.
00:44 Sa mère est souvent absente à cause de son travail et le jeune garçon est confié à
00:49 des voisins.
00:50 L'une d'entre elles l'emmène au catéchisme.
00:53 Le gosse n'est pas convaincu et durant son adolescence il se cherche une religion.
00:59 Il s'intéresse aux différents mouvements religieux sans forcément trouver le bon.
01:04 Au même moment, il commence à prêcher aux autres enfants de son âge.
01:08 Qu'est-ce qu'il peut bien prêcher ?
01:10 Eh bien un mélange de ses connaissances religieuses, politiques et morales.
01:15 Il part souvent à Richmond, une ville avec une forte population noire.
01:20 Rapidement, Jim Jones rajoute une dimension sociale à ses prêches.
01:25 Il travaille dans un hôpital et ne fait pas payer les soins aux personnes les plus pauvres.
01:30 A l'âge de 19 ans, il épouse une infirmière, Marceline Baldwin, qui sera sa compagne jusqu'à
01:37 la fin de ses jours.
01:38 Le couple aura 6 enfants dont 5 adoptés.
01:42 En 1952, Jim Jones devient pasteur et s'intéresse de plus en plus au marxisme.
01:49 Un an plus tard, il fait une collecte de 20 000 dollars pour créer un centre de loisirs
01:55 sans distinction de couleur ou de religion.
01:57 Un type bien ce Jim Jones !
02:02 L'histoire ne fait que commencer.
02:04 La volonté du pasteur d'établir une église accueillant des noirs et des blancs ne fait
02:14 pas l'unanimité.
02:15 Il décide en 1955 de fonder son propre mouvement religieux, le Temple du Peuple, basé à Indianapolis.
02:24 Ce mouvement est au départ composé en grande majorité de blancs, avant de gagner en notoriété
02:30 dans les quartiers noirs de la ville.
02:31 Jim Jones pratique le communalisme, c'est à dire qu'il s'engage à subvenir aux
02:37 besoins de tous les membres de son église si ceux-ci cèdent leur possession matérielle
02:43 au Temple du Peuple.
02:44 Vous commencez à sentir un petit côté secte ? C'est normal.
02:48 Pour recruter de nouveaux adeptes, le pasteur n'hésite pas à engager des détectives
02:53 privées et à faire passer les informations qu'il reçoit pour des intuitions divines.
02:59 Malin.
03:01 Escroc.
03:02 Mais malin.
03:04 Mais dans le même temps, il continue à organiser des sous populaires, des soutiens scolaires
03:10 et des soins médicaux gratuits.
03:11 Il multiplie les actions contre la ségrégation raciale.
03:15 En 1959, le Temple du Peuple intègre l'Église chrétienne des disciples du Christ.
03:23 Une église importante qui compte plus de 2 millions de fidèles.
03:26 Jim Jones souhaite avoir plus de familles noires dans son église et va les chercher
03:32 à Cuba.
03:33 Il fait venir 40 familles qui ont l'avantage d'être formées au communisme.
03:39 Indianapolis, c'est bien.
03:41 Mais Jim Jones a une vision.
03:44 Celle d'une attaque atomique sur les villes d'Indianapolis et de Chicago.
03:49 Il cherche alors un autre endroit où installer son église.
03:53 Il voyage au Guyana, à Hawaii, au Brésil et enfin en Californie.
03:59 C'est finalement à Ukiah, en Californie, que le Temple du Peuple part s'installer.
04:05 L'église compte alors 140 membres.
04:10 Jim Jones utilise la même approche qu'à Indianapolis.
04:16 Une partie des fidèles travaillent à l'hôpital et les autres rendent des services à la communauté.
04:21 Lui-même va animer des cours du soir qui deviennent rapidement des meetings.
04:26 Il critique le gouvernement, les catholiques et fait l'apologie de la masturbation et
04:32 du communisme.
04:33 Le mouvement prend de l'importance et se sectarise.
04:37 Doucement, mais sûrement.
04:39 Jim Jones se qualifie de prophète.
04:41 Il insiste dans ses prêches sur le fait que les personnes ne donnant pas leur bien au
04:47 Temple du Peuple seraient réincarnées en créatures inférieures.
04:51 Le prophète est arrêté pour s'être masturbé devant la police.
04:57 Il parle de l'homosexualité dans ses sermons, en indiquant que tous les hommes sont homosexuels
05:04 sauf lui.
05:05 Lui, il couche avec des hommes, mais par empathie.
05:09 On ajoute à cela de la paranoïa, puisque le Temple du Peuple s'entoure de barbelés
05:16 et est protégé par des gardes armés.
05:18 Les fidèles doivent aussi dormir le moins possible.
05:22 C'est officiellement un moyen de prouver un travail acharné pour les valeurs de l'Église,
05:27 et officieusement un moyen d'enlever leur esprit critique par la fatigue.
05:31 Jim Jones prend de nombreux médicaments et devient dépendant aux amphétamines et aux
05:38 tranquillisants.
05:39 Son comportement devient irascible et ses yeux deviennent rouges.
05:44 Il doit porter en permanence des lunettes de soleil.
05:47 Il explique aux fidèles que s'il les regardait dans les yeux, il pourrait les brûler par
05:53 inadvertance.
05:54 Côté famille, ça ne va pas mieux.
05:58 Jim Jones commence une relation avec une fidèle, Caroline Layton.
06:02 Il essaye de faire interner sa femme pour dépression.
06:05 Celle-ci tente de fuir le domicile familial, mais est dénoncée par son propre fils.
06:12 Caroline Layton tombera enceinte du pasteur.
06:15 Devant l'accumulation de tous ces problèmes, Jim Jones décide de changer d'air et de
06:22 déménager à San Francisco avec une annexe à Los Angeles.
06:26 J'en profite pour vous dire que si vous appréciez le contenu de notre chaîne, n'hésitez pas
06:31 à vous abonner.
06:32 Vous pouvez aussi vous abonner à notre compte Instagram, on y poste du contenu inédit, des
06:38 petites anecdotes historiques.
06:40 Je fais ce rappel maintenant avant que l'histoire ne devienne beaucoup plus glauque.
06:47 Que ce soit à Los Angeles ou à San Francisco, le temple du peuple s'impose comme un mouvement
06:55 de plus en plus important.
06:56 Un autobus du temple fait le tour des quartiers pauvres de Los Angeles et convertit de plus
07:02 en plus de fidèles.
07:03 Jim Jones réussit à sortir de prison de nombreux membres de l'église.
07:08 Il va même recevoir le soutien de personnalités telles que Jane Fonda ou Angela Davis.
07:14 En 1976, le pasteur s'intéresse de plus en plus à la politique.
07:19 Il favorise l'élection de George Moscon à la mairie de San Francisco.
07:24 Ce dernier le récompensera en le nommant à la commission des logements publics.
07:28 Les médias ne parlent qu'en positif de la secte, de l'église.
07:33 Pour l'instant, ce n'est qu'une simple église.
07:36 Théatiquement, du moins, parce qu'en coulisses, les choses avancent.
07:40 Jim Jones renforce sa domination sur ses membres.
07:44 Il se fait appeler dad et soumet de jeunes fidèles à des rapports sexuels souvent non
07:51 consentis.
07:52 Jim Jones utilise également une pratique courante dans les mouvements sectaires, la
07:57 punition publique.
07:59 Au début, il s'agissait de confessions, de critiques constructives, de remises en
08:04 question.
08:05 Rien de bien méchant.
08:07 Sauf qu'au fil du temps, les punitions corporelles sont apparues.
08:10 La victime pouvait recevoir des coups de bâton ou devoir se battre avec une autre personne
08:16 punie.
08:17 Jim Jones fait signer à tous les membres de la secte des documents indiquant qu'ils
08:22 ont déjà violé un enfant ou qu'ils souhaitent tuer le président des Etats-Unis.
08:26 Il peut ainsi les faire chanter et les garder sous son emprise.
08:31 Il leur fait même signer d'autres documents, vierges, au cas où le pasteur voudrait ajouter
08:37 d'autres éléments.
08:38 C'est en 1972 qu'un article à charge paraît dans le San Francisco Examiner.
08:44 Jones envoie 150 fidèles manifester devant les bureaux du journal et harceler le journaliste
08:51 Lester Kinsolving.
08:52 Ce n'est plus seulement le pasteur qui se politise, mais le temple du peuple.
08:59 Des alliances avec toutes les minorités vont voir le jour.
09:02 Les mouvements noirs, les associations juives, homosexuelles, ainsi que les black muslims.
09:08 En 1976, au nouvel an, Jim Jones organise une réunion avec les membres de la Planning
09:15 Commission, en gros les haut-gradés du temple du peuple.
09:19 Il leur sert une coupe de vin.
09:21 Puis il leur dit que la boisson a été empoisonnée.
09:25 Il ne reçoit aucune opposition et révèle que cela était un test de loyauté.
09:31 Nous verrons plus tard qu'il ne s'agissait pas d'un acte anodin.
09:35 Le temple commence à avoir des soucis avec le fisc américain.
09:39 En effet, la secte n'est pas exemptée de taxes, car l'administration estime qu'il
09:45 ne s'agit pas uniquement d'un mouvement religieux.
09:47 Des millions de dollars vont être déposés dans des comptes en Suisse et au Panama.
09:53 Jim Jones prépare doucement, mais sûrement, son exil.
09:58 Et celui du temple avec.
10:00 Dès 1973, il se cherche un plan de secours.
10:04 Au Canada, en Jamaïque ou au Guyana.
10:09 C'est le Guyana qui est choisi.
10:11 La langue est l'anglais, la population est majoritairement noire et le pays est socialiste.
10:18 C'est donc l'endroit parfait et des terres agricoles sont achetées.
10:23 Le pays est également propice à la corruption.
10:27 Jim Jones ne lésine pas sur les millions et parvient à faire entrer illégalement plusieurs
10:32 centaines de personnes.
10:33 Il ordonne même à une membre de la secte d'avoir des relations avec l'ambassadeur
10:38 du Guyana aux Etats-Unis.
10:40 Celle-ci va tomber amoureuse et aura un enfant.
10:43 Le nouveau terrain que le pasteur Jones est en train de construire va s'appeler "Joneston".
10:49 La presse se méfie de plus en plus du temple.
10:53 En 1977, le journaliste Marshall Kilduff enquête sur la secte et publie plusieurs articles
11:00 à charge ainsi que le témoignage de nombreuses victimes.
11:03 Un témoin raconte qu'un enfant de 12 ans est mort faute d'avoir été soigné.
11:09 Les fidèles avaient posé une photo de Jim Jones sur l'enfant en guise de soin.
11:15 Ça n'a pas marché.
11:18 De nombreuses plaintes sont déposées contre le peuple et contre Jones pour tentative d'homicide,
11:26 usage de drogue et détournement de mineurs.
11:28 Mais le procureur de San Francisco n'ordonne aucune enquête.
11:33 Il faut dire qu'il a été nommé grâce à Jim Jones.
11:37 En juin 1977, le déplacement de la secte à Jonestown est entamé.
11:44 Jones et plusieurs centaines de personnes font le voyage.
11:48 Un voyage définitif.
11:50 Seuls quelques membres restent à San Francisco, notamment ceux qui rapportent un salaire élevé.
12:01 Jonestown se situe au Guyana, 11 000 hectares au milieu de la forêt, à la frontière avec le Venezuela.
12:09 En 1977, le campement passe de 50 personnes à 1 200, et les conditions vont clairement se compliquer.
12:18 Les cuisines ne sont pas adaptées, les ressources non plus.
12:22 Le point d'eau potable le plus proche est à 11 km du camp.
12:26 Les millions du peuple sont entreposés dans des paradis fiscaux et ne sont donc pas dépensés en nourriture.
12:33 Enfin, un quart des habitants ont plus de 50 ans, et un tiers sont des enfants.
12:39 Il y a donc peu de travailleurs, et ceux-ci sont surmenés.
12:43 Le pavillon central de Jonestown est au centre de la ville.
12:49 Le pasteur y prononce ses sermons.
12:51 Il y a également des haut-parleurs diffusant ses discours dans tout le campement.
12:57 Il y parle de communisme, de persécution et d'apocalypse nucléaire.
13:04 Classique.
13:05 Tous les habitants doivent d'ailleurs apprendre le russe, en cas de déménagement en Russie.
13:11 Les journées sont chargées, très chargées.
13:15 6h30, 18h, travail, avec une heure de pause déjeuner.
13:22 Ensuite, jusqu'à 23h, il faut participer à une des activités obligatoires.
13:30 Jouer avec les enfants, cours de socialisme, réunion de planification, regarder un film, etc.
13:38 Tout cela dans le but de maintenir les habitants dans un état de fatigue constant et de les empêcher de réfléchir.
13:46 Les membres du temple doivent envoyer régulièrement des lettres à leurs proches, toutes identiques.
13:52 Ils vantent les mérites de Jim Jones, ne parlent jamais des conditions de vie dans le camp et demandent de l'argent.
13:58 Les jeunes femmes célibataires indiquent qu'elles vont se marier avec un docteur.
14:03 Cela rassure les parents.
14:06 Le pasteur les entraîne également à répondre aux interviews et éviter ainsi d'en dire trop.
14:11 Nous sommes clairement dans une secte.
14:14 Rien de nouveau.
14:15 Un tournant beaucoup plus violent va arriver en août 1977.
14:22 Jim Jones tire des coups de feu dans la jungle et prétend avoir échappé à un sniper.
14:27 Il réveille la ville et leur annonce que la CIA est en route pour les attaquer.
14:32 Pendant six jours, la ville est en état de siège.
14:36 En tout cas, c'est ce que croient les fidèles.
14:39 Après cet événement, Jones réveille souvent les habitants en pleine nuit.
14:44 Il leur parle apocalypse et suicides révolutionnaires.
14:48 En 1978, il commence même à leur donner du jus de fruits qu'il prétend empoisonner.
14:54 Le pasteur leur demande d'écrire leurs peurs les plus profondes.
14:59 Et il les réalise comme punition s'ils remettent en cause les ordres.
15:04 Les enfants désobéissants ont aussi leur punition.
15:07 Ils reçoivent des décharges électriques, sont enfermés dans un puits pendant des heures,
15:13 doivent manger du piment rouge ou se l'insérer dans le rectum.
15:18 On pourrait penser que de nombreux fidèles tenteraient de s'échapper, mais ce n'est pas le cas.
15:23 Jonestown est en plein milieu d'une forêt et tout le monde se surveille.
15:28 Quand un habitant doit quitter le campement pour X raisons,
15:32 les membres de sa famille sont retenus en otage pour éviter qu'il s'échappe.
15:37 Tout est surveillé. Les lettres, les poubelles, les appels téléphoniques.
15:42 Les passeports et affaires personnelles sont confisqués.
15:46 Bref, on ne peut pas s'enfuir.
15:49 Les rares personnes qui ont tenté l'évasion étaient blanches.
15:53 Les noirs se retrouvaient avec des conditions souvent plus favorables qu'aux États-Unis.
15:58 Surtout les personnes âgées.
16:00 Ils n'avaient donc aucune raison de partir.
16:03 Par contre, cela n'empêche pas l'agacement.
16:06 Au sein même de la famille du pasteur.
16:09 Sa femme Marceline et ses enfants souhaitent le tuer.
16:14 C'est radical.
16:16 Ils prévoient de faire passer ça pour un rappel de Dieu.
16:20 Mais ils n'osent pas passer à l'acte.
16:22 De toute façon, John se fait diagnostiquer la coccidioidomycose,
16:29 appelée aussi fièvre du désert.
16:31 Il ne lui reste que quelques mois à vivre.
16:35 L'histoire du Temple du Peuple va véritablement basculer le 18 novembre 1978.
16:43 Avant de parler du 18 novembre 1978 précisément,
16:52 on fait un petit retour en arrière.
16:55 En juillet 1977, Joseph Freitas, un procureur de San Francisco,
17:01 lance une enquête de 6 semaines sur le Temple du Peuple.
17:03 Il demande l'aide du FBI, de la douane et de la sécurité sociale.
17:08 Rien de concluant.
17:10 Un événement va changer la donne.
17:12 C'est l'affaire John Victor Stone.
17:16 Grace Stone est la conseillère psychologique du Temple.
17:20 Son mari Tim Stone en est l'avocat principal.
17:25 John Victor Stone est leur fils.
17:28 Vous vous rappelez, Jim Jones a fait signer de fausses déclarations à tous les membres de la secte.
17:34 Et bien Tim Stone a signé un document indiquant qu'il était stérile,
17:39 et que le père de l'enfant était Jim Jones.
17:43 Vous voyez arriver le problème ?
17:45 En 1977, les deux parents prétextent un voyage à New York pour quitter la secte.
17:51 Ils deviennent de grands opposants au peuple,
17:54 et bien que divorcés, ils demandent le retour de leur fils.
17:58 La justice américaine émet un mandat d'arrêt contre Jones.
18:02 S'il remet les pieds aux Etats-Unis, il sera immédiatement arrêté.
18:06 Les Stone vont alors créer l'association Familles Inquiètes,
18:10 dans le but de rapatrier les membres du Temple, partis sans l'accord de leur famille.
18:15 Voyant que les procédures américaines ne suffisent pas,
18:18 les Stone portent plainte auprès du gouvernement Guyanien.
18:22 Des inspecteurs vont vouloir mener l'enquête à John Stone,
18:26 mais sont chassés par des coups de feu.
18:28 Le gouvernement Guyanien va alors demander l'arrestation de Jones en septembre 1977.
18:34 Là, on rigole plus du tout.
18:37 Ça devient très sérieux.
18:39 Tout au long de l'année 1978, le procès Stone contre Temple du Peuple bat son plan.
18:46 Une interview de Gene Jones est tellement remaniée par le Temple
18:50 que les journaux refusent de la diffuser.
18:53 De nombreuses lettres de fidèles envoyées aux Etats-Unis
18:56 indiquent qu'il vaut mieux mourir que d'être harcelé.
18:59 Une ancienne fidèle va même raconter au Congrès
19:02 les simulations de suicides collectifs organisées régulièrement à Jones' store.
19:08 Mais elle n'est pas prise au sérieux.
19:10 Une journaliste, Kathy Hunter, se rend au Guyana dans le but de visiter le Temple.
19:16 Mais la secte lui en veut pour des articles à charge.
19:20 Elle doit rester dans son hôtel, qui est évacué chaque nuit pour des alertes à la bombe.
19:26 Parlons maintenant de Leo Ryan, le représentant californien au Congrès des Etats-Unis.
19:33 La plupart des membres de la secte viennent de sa juridiction.
19:37 Ils souhaitent donc se rendre au Guyana avec journalistes et avocats,
19:41 médecins et membres des familles inquiètes.
19:44 Le groupe arrive à Georgetown, la capitale du Guyana, le 14 novembre 1978.
19:52 On se rapproche de la date fatidique.
19:55 Jim Jones refuse la visite, déclarant qu'il s'agit d'une opération de propagande.
20:01 Mais sous la pression des autorités guyanaises, la visite est acceptée,
20:06 mais ne devra durer qu'un seul jour.
20:09 La visite a lieu, Jim Jones et son équipe montrent leurs projets agricoles et leur chorale.
20:15 Ils les autorisent même à parler librement aux habitants.
20:19 Le journaliste de NBC, Don Harris, reçoit un message signé par un couple.
20:25 "Aidez-nous à sortir de Georgetown."
20:29 C'est assez clair.
20:30 Lorsqu'il en parle à Jones, celui-ci ne répond pas.
20:34 Un autre couple, les Parks, souhaitent quitter immédiatement Georgetown.
20:40 Le pasteur tente de les convaincre de rester quelques jours de plus,
20:44 histoire que leur départ ne soit pas associé à la visite.
20:49 Sans succès.
20:50 Leo Ryan est impressionné par l'endroit,
20:53 et estime que Georgetown peut continuer à exister sans problème.
20:58 Il indique tout de même que les personnes qui le souhaitent seront rapatriées immédiatement.
21:03 À ce moment-là, Don Sly, un fidèle, tente de poignarder Leo Ryan,
21:09 avant d'être interrompu par l'avocat de la secte, Mark Lane.
21:14 Mark Lane, un grand avocat américain qui ne fait pas partie du temple du peuple.
21:20 Il est simplement leur avocat.
21:22 Jones est témoin de l'agression.
21:24 Il ne bouge pas le petit doigt.
21:27 Un autre fidèle du temple dira plus tard
21:30 que c'est probablement Jones qui a demandé à Sly de tuer Ryan.
21:35 À la fin de la journée, les visiteurs accompagnés de 16 traîtres
21:40 quittent Georgetown pour l'aéroport.
21:42 Ils sont accompagnés au dernier moment par Larry Layton,
21:47 qui veut lui aussi quitter le camp.
21:49 Ryan est méfiant.
21:52 Larry Layton n'a pas donné l'impression de vouloir vraiment quitter la secte.
21:57 Et pour cause, ce dernier avait prévu de détourner l'avion et de le faire s'écraser.
22:02 Mais il n'y a que son plan qui tombe à l'eau.
22:05 Il y a en effet deux avions.
22:08 Qu'à cela ne tienne, Layton sort un flingue et commence à tirer.
22:12 Au même moment, six soldats de Georgetown arrivent et tirent à tout va.
22:17 Un des avions part seul.
22:19 Leo Ryan est tué.
22:21 Un déserteur et trois journalistes également.
22:26 Jim Jones a compris.
22:28 Le temple du peuple s'est terminé.
22:31 Les Etats-Unis ne laisseront jamais passer la mort de Leo Ryan.
22:35 Et le gouvernement du Guyana ne va pas le soutenir.
22:39 Il va donc mettre en œuvre son projet de suicide collectif.
22:44 Vous prenez une marque de limonade bon marché
22:46 et vous la mélangez avec du cyanure de potassium.
22:49 Les parents doivent empoisonner leurs enfants.
22:52 Ces derniers pouvant être réfractaires.
22:55 Après avoir effectué cet acte ignoble,
22:58 les parents n'avaient plus de volonté de vivre.
23:00 Ils prenaient aussi le poison.
23:03 Jim Jones prononce un dernier discours
23:05 vantant les mérites du suicide révolutionnaire.
23:09 Mais contrairement aux autres sermons,
23:11 une fidèle afro-américaine, Christine Miller,
23:15 s'oppose à Jones et implore la survie du temple.
23:19 Elle est huée par les autres fidèles et doit céder.
23:22 On ne sait pas exactement si tous les membres de la secte
23:25 étaient volontaires pour le suicide.
23:28 Certains ont pu être drogués plus tôt dans la journée
23:31 et d'autres forcés d'avaler le poison.
23:34 Lorsque les autorités du Guyana arrivent sur les lieux,
23:37 ils découvrent les cadavres de 914 membres du temple du peuple,
23:42 dont 304 enfants.
23:45 La dernière personne à avoir été tuée
23:47 est l'infirmière Annie Moore.
23:49 Elle s'est tirée une balle dans la tête
23:51 après avoir écrit une lettre se terminant par
23:54 "Nous sommes morts parce que vous ne nous savez pas laisser vivre en paix."
23:59 Il n'y a que 20 survivants,
24:02 des fidèles qui se sont cachés
24:03 quand ils ont compris ce qu'il se passait.
24:06 Jim Jones lui-même fait partie des victimes,
24:09 si on peut le considérer comme tel.
24:12 Il s'est fait tirer dessus,
24:15 probablement sur son ordre.
24:17 914 morts,
24:19 c'est la plus grande perte civile américaine de l'histoire
24:23 avant le 11 septembre.
24:25 Dans la même soirée à Georgetown,
24:27 la représentante du peuple Sharon Amos
24:31 se tue également après avoir égorgé ses trois enfants.
24:35 Le temple du peuple encore présent à San Francisco
24:42 perd son statut d'organisation religieuse et caritative.
24:46 Sans blague.
24:48 Les comptes déposés dans les paradis fiscaux
24:51 sont récupérés et versés aux familles des victimes.
24:54 On pourrait croire les drames terminés,
24:56 mais pas tout à fait.
24:58 Lors d'une conférence de presse en mars 1979,
25:01 le responsable des relations publiques du temple,
25:04 Mike Prox, prend la parole.
25:07 "Je ne peux pas me désolidariser des personnes qui sont mortes,
25:10 et je ne le veux pas.
25:12 Ils n'étaient pas des fanatiques manipulés ou sectaires.
25:16 Le temple n'était pas une secte.
25:18 Puis, ils se tirent une balle dans la tête."
25:22 Sa déclaration est tout de suite moins convaincante.
25:26 En 1983, Lawrence Mann,
25:28 ambassadeur des Etats-Unis au Guyana,
25:30 tue sa femme, ancienne fidèle, leur fils, et se suicide.
25:36 Dans la même année,
25:38 Richard Cordell,
25:40 dont la femme et les quatre enfants étaient à Johnstone,
25:42 se tue également.
25:44 Toujours la même année,
25:46 Tyrone Mitchell,
25:48 dont les parents et les quatre sœurs sont aussi morts au Guyana,
25:50 fait une fusillade dans une école,
25:52 tuant une petite fille et en blessant 13 autres.
25:56 Il se suicide à son tour.
25:58 Les Mittle,
26:00 un des couples partis avec le groupe de Léo Ryan,
26:02 avant la fusillade de l'aéroport,
26:04 doit changer de nom.
26:06 Ils sont très engagés contre le temple du peuple
26:08 et les sectes en général.
26:10 Ils sont assassinés tous les deux en 1980.
26:14 On ne sait toujours pas par qui, ni pourquoi.
26:18 Les survivants de Johnstone ont sans surprise
26:20 beaucoup de mal à réintégrer la société.
26:22 Certains choisissent de vivre entre eux,
26:24 dans un premier temps.
26:26 Il leur faudra 15 ans pour accepter de témoigner.
26:30 L'Amérique cherche des coupables,
26:32 mais pas facile quand ceux-ci se sont tous suicidés.
26:35 Le Guyana peut difficilement être tenu responsable
26:37 de ce massacre presque 100% américain.
26:41 Jim Jones était un pasteur socialiste.
26:45 L'église et le socialisme se sont renvoyés la faute.
26:49 Certains pasteurs noirs estiment aujourd'hui
26:51 que les églises noires de l'époque
26:53 ont leurs responsabilités.
26:55 Elles ont laissé au temple du peuple
26:57 le soin d'aider la communauté.
26:59 Ce n'était pas un sujet facile à traiter.
27:03 J'aurais pu prendre d'autres exemples
27:05 de sectes meurtrières.
27:07 L'ordre du Temple solaire,
27:09 le siège de Wako,
27:11 Charles Monson
27:13 ou encore le Evans Gate.
27:15 Ces sujets sont fascinants,
27:17 tristement fascinants.
27:19 En tout cas, si vous avez apprécié cette vidéo,
27:23 n'hésitez pas à vous abonner,
27:25 à partager et à commenter.
27:27 On se retrouve bientôt
27:29 pour une nouvelle histoire
27:31 et à la prochaine.
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