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  • il y a 7 mois
Emmanuel Macron s'exprime à l'issue de la conférence de soutien à l'Ukraine qui réunissait à Paris une vingtaine de dirigeants internationaux, deux ans après le début de la guerre déclenchée par la Russie
Transcript
00:00 Merci beaucoup pour votre présence ce soir.
00:02 Nous avons donc réuni 27 Etats,
00:05 dont 21 chefs d'Etat et de gouvernement,
00:08 ce soir à Paris,
00:10 suite à l'analyse qui est la nôtre
00:13 et à ce que j'avais exprimé il y a maintenant quelques jours
00:17 aux côtés du président Zelensky dans cette salle même,
00:21 à savoir le changement de posture à nos yeux de la Russie.
00:27 Je constate d'abord qu'il y a une idée de vue sur ce constat,
00:30 celui que la Russie poursuit la guerre,
00:33 réitère ses objectifs de conquête territoriale
00:35 et a adopté une attitude plus agressive,
00:38 non seulement en Ukraine,
00:39 mais contre nous tous en général.
00:42 Et cette attitude de la Russie, ce danger accru,
00:45 ce durcissement russe,
00:47 je l'ai caractérisé tout à l'heure
00:49 dans mon propos introductif, je n'y reviendrai pas,
00:52 je pourrai éventuellement détailler
00:53 dans le cadre de vos questions,
00:55 mais je vous fais l'objet d'un consensus,
00:57 d'une unanimité entre tous les Etats
00:59 qui étaient présents ce soir.
01:02 Nous avons entendu ensuite la demande du président Zelensky
01:06 au début de notre réunion d'amplifier notre soutien.
01:09 Et nous avons la conviction en effet que la défaite de la Russie
01:12 est indispensable à la sécurité et la stabilité en Europe.
01:17 Et au fond, ce qui se joue aujourd'hui
01:20 est évidemment d'une part le cadre des opérations en Ukraine,
01:24 c'est-à-dire la possibilité pour l'Ukraine
01:26 de résister à toute nouvelle offensive russe,
01:30 de résister à toute aléa dans les mois qui viennent,
01:32 mais également la possibilité pour les Européens
01:36 de définir leur propre sécurité collective.
01:39 Concept souvent brandi, notion souvent avancée,
01:43 c'est maintenant une réalité.
01:44 La question est de savoir si nous sommes capables ou pas.
01:47 Ma conviction est oui.
01:48 C'était l'un des objectifs de la réunion de ce soir.
01:52 Nous sommes résolus en effet à faire tout ce qui est nécessaire
01:55 aussi longtemps que nécessaire,
01:57 et c'est pour moi le point essentiel de ce soir.
02:00 La 1re partie de notre discussion a été sur, au fond, faire plus.
02:06 Et il y avait un large consensus pour faire ensemble
02:10 encore davantage et plus vite,
02:13 avec d'abord un point sur les financements.
02:18 Plusieurs d'entre nous avons déjà signé des accords bilatéraux
02:20 avec l'Ukraine.
02:21 Nous avons invité tous les autres à suivre ce mouvement.
02:25 6 sur 32 Etats qui s'étaient engagés à Vilnius
02:29 ont aujourd'hui signé des accords bilatéraux.
02:32 Il est important de poursuivre ce mouvement
02:34 et d'accroître les financements qui sont les nôtres.
02:37 Et je le dis pour nous, Européens,
02:39 quand on regarde aujourd'hui la réalité des chiffres,
02:41 elles furent appelées ce soir,
02:42 30% des financements sont européens,
02:45 nous devons faire davantage.
02:47 C'est ce qui a conduit au choix de la France, de l'Allemagne
02:51 et de quelques autres.
02:52 Cela doit être suivi des faits.
02:55 Déployer donc davantage de financements bilatéraux,
02:57 déployer aussi davantage de financements européens,
02:59 c'est le sens de la décision que nous avons prise
03:02 au sein de l'Union européenne avec la Facilité européenne de paix
03:05 et l'accord de février, début de ce mois, à Bruxelles.
03:10 Mais il y a plusieurs pistes aussi qui sont sur la table
03:12 que la France soutient.
03:14 Celle, par exemple, de la Première ministre d'Estonie,
03:18 qui propose d'avoir des émissions communes de dettes
03:22 pour financer nos initiatives militaires de soutien à l'Ukraine
03:26 et donner de la visibilité à nos industriels.
03:29 Le consensus est là, en tout cas, pour dire que nous devons
03:32 déployer, mobiliser davantage de financements,
03:35 comme la France l'a fait ces derniers jours,
03:37 et donner de la visibilité sur plusieurs années aux Ukrainiens.
03:42 A côté de cela, le consensus a été fort aussi pour dire
03:45 que nous devons aller encore plus fort
03:48 sur une économie de guerre.
03:50 Nous le faisons en France depuis 2 ans.
03:52 Nous l'avons réussi sur certaines composantes.
03:55 La France, par exemple, mène cette coalition pour l'artillerie
03:58 avec de vrais résultats et une économie de guerre
04:00 qui s'est organisée, forcée de constater qu'aujourd'hui,
04:03 nous tous, Européens, non-Européens, d'ailleurs,
04:05 qui soutenons l'Ukraine, avons encore des marges de manoeuvre
04:08 et nous devons aller plus vite et plus fort sur cette thématique.
04:12 La priorité des priorités est la question des munitions.
04:15 Nous l'avons largement mobilisé pour ce qui est
04:17 du domaine de l'artillerie,
04:19 coalition sur laquelle nous avons, comme vous le savez,
04:22 justement, ce rôle d'impulsion.
04:26 Mais nous sommes tous engagés autour de la table
04:28 à aller au bout des stocks qui sont encore disponibles,
04:31 à identifier les pays tiers qui sont mobilisables
04:34 dans les différentes catégories de munitions
04:36 et à aller vers aussi toutes les solutions nouvelles proposées
04:40 pour aller solliciter des pays tiers,
04:42 en même temps que nous avons tous pris conscience
04:45 de la nécessité de faire face à la rareté
04:47 de certaines composantes, en particulier les poudres.
04:51 2e élément, ce sont les systèmes de défense solaire
04:54 sur lesquels, là aussi, nous devons mobiliser davantage
04:56 et qui font partie des besoins ukrainiens.
04:59 Et 3e élément, ce sont tous les missiles et bombes
05:03 à moyenne et longue portée qui sont extrêmement importantes
05:06 pour les Ukrainiens et sur lesquels les besoins sont là.
05:11 Vous le savez, la France en a livré plusieurs.
05:13 Et donc, nous avons là aussi pris des décisions concrètes.
05:16 Au total, nous avons aujourd'hui 8 coalitions capacitaires
05:19 qui existent.
05:21 Nous avons acté de renforcer sur ces 8 coalitions capacitaires
05:26 la dimension munitions
05:28 et d'avoir une impulsion immédiate sur ce sujet,
05:31 de redonner une impulsion à la coalition défense solaire,
05:36 sur laquelle un besoin a été explicité
05:38 par le président ukrainien,
05:40 et de créer ce soir une 9e coalition,
05:44 une coalition pour les frappes dans la profondeur,
05:48 et donc missiles et bombes de moyenne et longue portée.
05:54 Nous allons organiser cette coalition
05:56 à partir de ce soir pour mobiliser toutes les bonnes volontés,
06:00 les Etats qui ont des capacités, qui ont commencé
06:02 ou sont prêts à livrer des équipements nouveaux.
06:06 Nous avons ensuite, dans un 2e temps de la discussion,
06:09 abordé la nécessité de faire différemment.
06:13 En effet, nous voyons bien que nous sommes
06:15 à un moment critique du conflit
06:17 qui nous impose de prendre l'initiative.
06:20 Nous sommes à un moment où l'Ukraine est soumise
06:23 à une très forte pression et qui nous impose
06:26 de ne pas simplement être en réaction,
06:29 mais à aider l'Ukraine, justement, à prendre des initiatives,
06:33 et un moment où il y a des incertitudes stratégiques
06:37 qui sont là.
06:39 Sur la capacité américaine à décider
06:41 d'une aide supplémentaire,
06:42 sur le résultat aussi des élections américaines,
06:46 et sur la nécessité, donc, de recréer
06:51 un engagement stratégique de notre part,
06:53 une mobilisation plus forte aux côtés de l'Ukraine
06:57 pour montrer que l'ensemble des alliés qui sont prêts à le faire,
07:02 c'est le cas de la France, seront là résolument
07:06 aussi longtemps que nécessaire et quoi que cela exige.
07:12 Ceci nous a conduits,
07:13 après une discussion très stratégique et prospective,
07:18 à nous mettre d'accord sur 5 catégories d'action
07:23 sur lesquelles il y a un consensus
07:25 pour prendre de nouvelles initiatives.
07:28 Le cyberdéfensif,
07:31 la coproduction d'armements, de capacités militaires,
07:35 de munitions en Ukraine,
07:39 la défense de pays menacés directement
07:41 par l'offensive russe en Ukraine,
07:42 en particulier la Moldavie,
07:45 la capacité de soutenir l'Ukraine à sa frontière
07:48 avec la Biélorussie avec des forces non militaires,
07:52 et les opérations de déminage.
07:55 Sur ces 5 axes, un consensus s'est détaché
08:00 pour agir ensemble, faire davantage,
08:03 avec une volonté de garder un cadre clair,
08:06 que je veux ici rappeler en 3 points très simples.
08:09 La Russie ne peut ni ne doit gagner cette guerre
08:13 quand elle est l'unique agresseur
08:14 et celle qui en a décidé le début et la conduite.
08:18 Le 2e point, la Russie, de fait, aujourd'hui,
08:21 menace notre sécurité collective
08:23 par ses actions en Ukraine
08:25 et ses attaques multiples hybrides à notre égard.
08:29 Et le 3e point, nous voulons maîtriser
08:31 notre communication et évidemment éviter toute escalade,
08:36 rappel étant fait que nous ne sommes pas en guerre
08:38 avec le peuple russe,
08:39 mais que nous ne voulons simplement pas
08:41 les laisser gagner en Ukraine.
08:43 Sur ces 5 points, nous allons donc poursuivre,
08:45 en même temps que sur les 1ers sujets
08:47 de notre travail commun,
08:50 en nous coordonnant très étroitement
08:52 donc avec les Ukrainiens.
08:53 Sur tous ces sujets, nous sommes convenus
08:56 que les ministres français de la Défense
09:00 et des Affaires étrangères
09:02 inviteraient tous leurs collègues ici présents,
09:04 ainsi que tous ceux qui sont partenaires potentiels
09:09 et qui sont en état de contribuer à ces actions
09:11 et qui sont désireux de le faire, de s'y joindre,
09:14 les réuniront pour pouvoir décliner opérationnellement
09:17 les initiatives qui ont été prises ce soir.
09:20 Ceci redit notre détermination à tous,
09:26 plus encore qu'hier, quelques jours après les 2 ans
09:30 au début de cette agression russe,
09:32 de soutenir l'Ukraine,
09:34 de permettre à l'Ukraine, justement,
09:37 de négocier dans les meilleures conditions
09:39 la paix et le retour à sa souveraineté pleine et entière
09:41 et à son intégrité territoriale,
09:43 et notre volonté, concrètement,
09:46 de bâtir notre sécurité collective.
09:49 Je vais maintenant répondre à toutes vos questions.
09:52 -Bonsoir, M. le Président.
09:54 Agnanus Bum de Bloomberg, 2 très petites questions
09:57 sur les propos du Premier ministre slovak
10:00 qui, avant cette conférence d'aujourd'hui,
10:02 évoquait la possibilité d'envoyer des troupes
10:04 au sol occidental en Ukraine.
10:06 Est-ce que cela a été discuté aujourd'hui ?
10:08 Qu'est-ce que vous en pensez et qu'en est-il ?
10:11 Et 2e question sur la proposition de la République tchèque
10:14 d'envoyer des centaines...
10:16 Enfin, de sourcer, pardon, des centaines de milliers d'obus
10:18 qui seraient achetés, donc, des munitions
10:21 qui seraient achetées à des acteurs non européens.
10:23 Est-ce que la France pourrait participer à cette initiative ?
10:25 Les Néerlandais ont indiqué vouloir y mettre
10:27 une centaine de millions d'euros.
10:29 Et qu'est-ce que vous pensez de cette initiative-là ?
10:31 Est-ce qu'on ne pourrait pas passer par des fonds européens ?
10:34 Merci.
10:35 -Sur la 1re question, tout a été évoqué ce soir
10:39 de manière très libre et directe.
10:41 Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer
10:43 de manière officielle, assumée et endossée
10:47 des troupes au sol, mais en dynamique,
10:51 rien ne doit être exclu.
10:54 Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie
10:56 ne puisse pas gagner cette guerre.
10:58 Je le dis ici avec à la fois détermination,
11:01 mais aussi avec l'humilité collective
11:02 que nous devons avoir quand on regarde
11:04 les 2 années qui viennent de s'écouler.
11:06 Beaucoup de gens qui disent "jamais, jamais" aujourd'hui
11:08 étaient les mêmes qui disaient "jamais, jamais des tanks",
11:11 "jamais, jamais des avions",
11:12 "jamais, jamais des missiles de longue portée",
11:14 "jamais, jamais ceci" il y a 2 ans.
11:16 Je vous rappelle qu'il y a 2 ans,
11:18 beaucoup autour de cette table disaient
11:21 "Nous allons proposer des sacs de couchage et des casques".
11:25 Et aujourd'hui, ils disent "Il faut faire plus vite et plus fort
11:27 pour avoir des missiles et des tanks",
11:29 ayant l'humilité de constater qu'on a souvent eu
11:31 6 à 12 mois de retard.
11:33 C'était l'objectif de la discussion de ce soir.
11:35 Donc tout est possible, si c'est utile,
11:38 pour atteindre notre objectif.
11:41 Pour ce qui est ensuite de la proposition de Schenck,
11:44 elle est totalement cohérente avec ce que nous avons fait
11:47 et ce que nous menons sur l'artillerie.
11:50 Nous avons d'ailleurs sollicité des Etats non membres
11:52 de l'Union européenne pour arriver à des solutions
11:54 qui sont les nôtres.
11:56 Et donc nous participerons à cette initiative.
11:57 Là aussi, nous allons rentrer dans le détail
12:00 dans les 10 jours à venir,
12:01 mais nous sommes totalement ouverts à cela.
12:03 Le seul objectif, c'est l'efficacité
12:05 pour aider les Ukrainiens.
12:07 -Bonsoir, M. le Président.
12:12 Oscar Tessonneau.
12:13 Je veux lancer un nouvel hebdomadaire
12:15 avec des personnes en situation de handicap mental.
12:17 Donc ça montre comment la stratégie TND
12:19 avance depuis 2018
12:21 et qu'il est possible d'entreprendre,
12:23 quand on est autiste, 10 ou TDAH.
12:25 Aujourd'hui en France.
12:26 Ma première question va porter sur les importations
12:30 et les exportations en Russie actuellement,
12:32 puisqu'on voit qu'un ensemble d'acteurs économiques
12:37 exportent, donc européens,
12:38 exportent toujours des produits en Russie,
12:41 notamment dans le secteur alimentaire,
12:43 et un ensemble d'acteurs du secteur militaire aussi,
12:47 puisque le FIDARO a fait un papier ce matin
12:49 pour expliquer comment des armes russes
12:53 contenaient des éléments fabriqués en Occident,
12:56 et ce qui fait qu'il y a une réelle difficulté, parfois,
12:59 à différencier les armes occidentales
13:02 offertes aux Ukrainiens et les armes russes
13:05 sur les territoires de guerre.
13:07 Donc aujourd'hui, est-ce que vous pensez
13:10 que les sanctions sont assez conséquentes
13:15 contre l'ensemble des acteurs économiques occidentaux
13:17 qui continuent à exporter du matériel militaire
13:19 ou différents types de denrées en Russie ?
13:23 Et enfin, j'aimerais avoir un dernier mot, peut-être,
13:25 lié à mon média, sur toutes les familles qui se battent
13:28 pour que leurs enfants soient scolarisés
13:30 et qu'ils aient la meilleure éducation possible.
13:33 -D'abord, merci beaucoup pour la démonstration concrète
13:38 du fait que l'inclusion n'est pas qu'un mot,
13:40 mais une réalité,
13:41 et que des initiatives très concrètes,
13:43 entreprenariales, professionnelles,
13:45 la plus grande exigence sont possibles,
13:47 et je vous félicite pour cela.
13:49 Sur ce qui est de la scolarisation des enfants
13:52 en situation de handicap, je veux dire ici
13:54 que nous avons augmenté de plus de 40%
13:56 la scolarisation des enfants en situation de handicap
13:58 depuis 2017.
14:00 Nous avons augmenté de 60% le budget
14:02 de cette politique publique,
14:04 qui représente aujourd'hui plus de 3 milliards d'euros
14:07 pour la nation chaque année.
14:09 On n'est pas au bout, pour autant.
14:11 Et si nous avons permis d'avoir beaucoup plus de postes
14:14 disponibles, si nous avons créé plus de postes,
14:17 justement, d'accompagnants pour les enfants
14:19 en situation de handicap à l'école,
14:21 l'une des difficultés qui est la nôtre
14:23 est de prendre en compte le temps périscolaire
14:25 pour ces accompagnants afin de leur permettre
14:27 d'avoir un salaire complet.
14:29 Et c'est tout le travail que j'ai demandé à la ministre
14:30 pour pouvoir fidéliser ces personnels.
14:33 Nous les avons stabilisés,
14:34 nous leur avons donné un cadre beaucoup plus stable,
14:37 nous avons réussi dans beaucoup de cas
14:39 à mieux les rémunérer,
14:40 nous avons maintenant un défi sur le temps périscolaire
14:42 pour beaucoup d'entre eux,
14:43 mais vous avez raison, aujourd'hui,
14:45 même si c'était de manière incidente dans votre popo,
14:47 de souligner l'importance de cette politique
14:50 à laquelle j'attache caractère essentiel.
14:55 Pour ce qui est de votre question,
14:56 nous avons eu ce débat ce soir,
14:57 et vous me permettez de revenir sur un point
14:59 que je n'ai pas évoqué dans mon propos introductif,
15:01 qui est celui des sanctions.
15:03 Il y a eu aussi l'unanimité pour dire que les sanctions,
15:05 aujourd'hui, avaient des points de fuite,
15:08 celles que vous avez évoquées.
15:10 Plusieurs rapports ont mis en lumière le fait
15:13 que des matériels russes avaient encore,
15:15 pour quelques entreprises, des composants
15:17 directement venant de pays
15:20 qui avaient imposé des sanctions,
15:22 européens ou alliés,
15:23 ou utilisant, en tout cas, des capacités pour les produire.
15:27 Pour autant,
15:29 je crois que nous sommes toujours en situation
15:30 de les différencier de nos propres équipements
15:33 et de nos propres matériels.
15:35 Ceci va nous conduire à sanctionner davantage
15:38 les compagnies et les pays
15:40 qui facilitent ce contournement des sanctions.
15:43 Il suffit de voir les chiffres de commerce
15:46 et d'augmentation du commerce avec certains pays
15:49 qui sont au fond des voies de passage,
15:51 ou les chiffres que certaines entreprises utilisent
15:53 avec ces pays pour avoir une ligne assez claire.
15:57 Et donc, qu'il s'agisse des équipements militaires,
16:00 de certains composants technologiques
16:02 ou du gaz, voire du pétrole,
16:06 il y a des mécanismes de contournement
16:08 qui sont assez clairement identifiés,
16:10 sur lesquels l'accord a été trouvé ce soir
16:12 pour accroître, en effet, les réponses.
16:19 -Claire Colquette pour Politico.
16:20 M. le Président, vous avez évoqué la proposition estonienne
16:23 d'un grand emprunt pour soutenir la défense européenne.
16:27 Est-ce que vous pensez que vous cheminez vers un accord
16:30 avec les frugaux qui étaient là ce soir,
16:32 notamment avec le chancelier allemand Olaf Scholz ?
16:34 On sait que les Allemands ne sont pas pour
16:36 des grands emprunts de ce type.
16:38 Et par ailleurs, on voit des articles de presse
16:41 qui évoquent peut-être des discussions
16:43 sur la livraison de Mirage en Ukraine,
16:45 de Mirage français.
16:47 Est-ce que vous pouvez nous dire si cela va se concrétiser ?
16:50 Merci.
16:51 -Aujourd'hui, nous n'avons pas de discussion sur des Mirages,
16:54 mais nous avons une formation qui est en cours de pilote.
16:57 Ensuite, nous regardons les capacités
16:59 qui pourraient être utiles.
17:00 Il y a dans les 8 coalitions existantes,
17:02 à laquelle nous avons ajouté ce soir une 9e coalition
17:06 sur les missiles longue portée,
17:07 une coalition qui existe en matière, justement, d'aviation
17:12 et qui est une coalition d'États-F16.
17:14 Elle existe, elle est là.
17:16 Nous n'avons pas d'E-F16, comme vous le savez,
17:17 puisque nous avons nos propres capacités,
17:19 mais nous regardons sur nos propres capacités
17:21 ce qui serait utile pour la défense du sol ukrainien.
17:23 Pour le moment, en tout cas,
17:24 dans le cadre de cette coalition existante,
17:26 nous formons des pilotes et nous allons continuer.
17:29 J'ai connu un monde où l'Allemagne et la France
17:32 se mettaient d'accord pour convaincre les frugaux.
17:34 Et dans ce monde-là, d'ailleurs, l'Allemagne n'était pas considérée
17:37 comme un pays frugal, à proprement parler.
17:40 Je note, et c'est la beauté des moments que nous vivons,
17:44 que l'Estonie, qui était en effet l'un des pays frugaux,
17:46 a fait une proposition d'emprunt commun.
17:50 Je m'en félicite et je la partage.
17:53 Et je pense que si nous avions la capacité ensemble
17:56 de mettre en place exactement ce que nous avons fait
17:58 en franco-allemand d'abord, puis en européen à l'été 2020,
18:03 pour répondre à la crise Covid, sur la crise,
18:05 sur la guerre en Ukraine, ce serait pertinent.
18:08 Qu'est-ce que c'était ? C'était de dire,
18:11 nous apportons avec nos budgets nationaux une garantie commune
18:14 qui permet à la Commission d'émettre une dette
18:17 pour financer une dépense exceptionnelle
18:19 qui nous touche tous.
18:22 Je crois qu'aucun pays européen peut dire
18:24 que l'attitude russe aujourd'hui
18:27 et la guerre d'agression en Ukraine ne le touchent pas.
18:30 Et donc je pense que c'est exactement une situation
18:33 de ce qu'on appellerait un choc géopolitique
18:36 totalement symétrique qui justifie des mesures d'exception.
18:40 Je soutiens donc la proposition de la Première ministre estonienne.
18:44 -Philippe Ricard, Prochornelle Le Monde.
18:49 Bonsoir.
18:51 A propos de l'envoi éventuel de troupes au sol,
18:54 vous dites que ça a été évoqué.
18:56 Est-ce que vous pouvez préciser par quel pays ça a été évoqué ?
18:58 Quels sont les pays qui envisageraient de le faire
19:01 à titre bilatéral ?
19:03 Et pourquoi la France n'y est pas favorable à ce stade ?
19:06 Merci.
19:08 -Je n'ai absolument pas dit que la France n'y était pas favorable.
19:10 Je ne lèverai pas l'ambiguïté des débats de ce soir
19:13 en donnant des noms.
19:14 Je dis que ça a été évoqué parmi des options.
19:16 Je vous ai dit les 5 points sur lesquels
19:19 il y avait un consensus qui s'était établi.
19:22 Si ces points, d'ailleurs, étaient totalement mis en oeuvre,
19:24 il ne faudrait pas exclure qu'ils nécessitent
19:25 des sécurisations qui justifient ensuite
19:28 quelques éléments de déploiement.
19:30 Mais je vous ai dit de manière très claire
19:32 ce sur quoi la France maintiendra sa position,
19:35 qui est une ambiguïté stratégique que j'assume.
19:38 Rien ne doit être exclu pour poursuivre l'objectif
19:41 qui est le nôtre.
19:42 La Russie ne peut et ne doit gagner cette guerre.
19:45 -Bonjour, monsieur le président.
19:51 C'est Martin Baloucher pour la radio publique tchèque.
19:53 Je vais revenir vers l'initiative tchèque
19:56 qui a été aujourd'hui présentée par le Premier ministre tchèque.
19:59 Le quotidien britannique, il a évoqué le Financial Times,
20:03 il avait évoqué une somme de plus d'un milliard d'euros
20:09 pour le financement, justement, de ces munitions,
20:12 de ces capacités d'obus.
20:15 Et quel, justement, financement, en fait,
20:19 est-ce qu'on cherche pour cette aide à l'Ukraine ?
20:25 Et donc, on parle de quel horizon
20:27 est-ce qu'on pourrait fournir cette aide à l'Ukraine ?
20:30 Est-ce qu'on parle de plusieurs semaines, des mois ?
20:33 Merci beaucoup.
20:34 -Je serai très prudent sur les chiffres,
20:35 qu'il s'agisse de nombre de munitions ou d'argent,
20:37 puisque ceux qui ont pu s'engager ces derniers mois sur ce sujet
20:41 ont été rattrapés par la réalité.
20:43 Nous produisons, nous, le maximum de munitions que nous pouvons.
20:46 Nous avons fait plus que tripler nos capacités.
20:49 Notre volonté est de mobiliser chez nos partenaires
20:51 et tous ceux que nous trouvons des capacités supplémentaires.
20:54 Et d'ailleurs, il se trouve que plusieurs Etats
20:56 qui étaient autour de cette table
20:58 ont fait les mêmes démarches que la République tchèque.
21:00 Et donc, ce soir nous a permis de mutualiser ces efforts
21:03 et donc, dans les 10 prochains jours,
21:05 nous allons mettre tous ces efforts autour de la table
21:06 car nous avons démarché beaucoup de pays européens, non européens,
21:10 qui ont des munitions disponibles.
21:12 Parce que c'est ça, à très court terme.
21:14 Il faut que ce soit des munitions qui soient disponibles
21:16 dans vos stocks.
21:17 Et donc, ça, c'est le 1er point.
21:19 Et donc, nous mobiliserons des financements bilatéraux
21:21 comme multilatéraux sur la table.
21:23 La question, je dirais, est de rang 2.
21:26 C'est maintenant une question de disponibilité
21:28 de ces munitions.
21:29 La 2e chose, c'est de produire plus nous-mêmes.
21:32 On en a déjà triplé.
21:34 Avec les Ukrainiens sur leur sol
21:35 et avec tous les partenaires possibles.
21:37 Et là, nous devons sécuriser en particulier la poudre,
21:40 qui est vraiment ce qui manque aujourd'hui.
21:42 Parce qu'il faut vous représenter qu'en fond,
21:44 il y a 2 ans, nous vivions dans un monde
21:46 où très peu de gens anticipaient le retour d'une guerre continentale
21:50 avec une telle intensité sur le sol.
21:53 Et donc, on vivait tous dans des pays
21:54 où on avait beaucoup moins de stocks de munitions
21:57 et on avait des industries qui n'étaient pas du tout
22:00 à ce rythme de production.
22:02 Et donc, dans tous nos pays, nous avions des capacités,
22:05 des disponibilités de poudre pour ces munitions
22:07 qui ne sont pas du tout ce dont on a besoin aujourd'hui.
22:09 Donc, c'est vraiment un pivot complet
22:11 de cette économie de guerre.
22:12 Donc, si je puis dire, les finances suivront.
22:16 La question, c'est où sont les munitions disponibles,
22:20 avec qui, comment on mutualise nos efforts
22:22 et ensuite, comment on produit davantage ?
22:25 Je vous en prie.
22:27 Juste à vous.
22:28 -Merci, M. le Président.
22:29 Francesco Fontemaggi de l'agence France Presse.
22:32 Le président Zelensky a dit aujourd'hui
22:33 qu'à ce stade, seul 30% du million d'obus
22:36 promis par l'Union européenne avait été livré.
22:40 Est-ce qu'après les décisions,
22:42 les nouveaux efforts qui ont été décidés ensemble ce soir,
22:46 vous pouvez nous dire si, collectivement,
22:48 vous pouvez lui donner un calendrier
22:50 des nouvelles étapes pour atteindre ce million d'obus ?
22:52 Est-ce qu'il y a une échéance ?
22:54 -C'est ce que je disais à votre collègue.
22:55 C'est une très bonne question.
22:57 C'est pour ça qu'il faut toujours faire très attention
22:58 quand on s'engage.
23:00 Et la France, depuis le 1er jour,
23:03 nous avons très longtemps été plus discrets que les autres,
23:05 surtout à chaque fois qu'on s'est engagés
23:08 sur des capacités et une date, on les a tenues,
23:11 parce que derrière, il y a eu une guerre.
23:13 Et donc vous ne nous avez pas, nous, entendu,
23:15 nous engager sur des millions, des milliards
23:17 qu'on ne savait pas tenir.
23:19 Bon.
23:20 La réalité, c'est qu'en fait, à très court terme,
23:21 vous ne pouvez donner que les munitions
23:23 que vous avez en stock
23:25 et/ou les munitions que vous produisez en flux tendu.
23:29 Il est forcé de constater que nous n'avions pas ce million.
23:32 Donc c'était sans doute un engagement imprudent.
23:35 Aujourd'hui, les initiatives que nous avons lancées,
23:38 France, plusieurs autres,
23:39 complétées par la proposition de la République tchèque,
23:42 lesquelles, d'ailleurs, se recoupant,
23:43 vont être toutes mises autour de la table,
23:45 et dans 10 jours, nous aurons une réponse claire
23:47 avec un agenda sérieux.
23:49 C'est ça, ce qu'il faut.
23:50 Moi, j'ai toujours privilégié ce point.
23:51 On verra d'ailleurs ce qu'on rend public
23:52 et ce qu'on rend pas public.
23:54 Parce que, je dis ça, c'est tout à fait normal
23:56 qu'on vous rende compte par transparence
23:59 et parce que c'est ce qu'on souhaite tous.
24:01 Mais il y a aussi un temps, comme c'est une guerre,
24:03 les premières personnes à qui on doit donner de la visibilité,
24:06 ce sont les autorités, les forces armées ukrainiennes.
24:08 Donc d'ici 10 jours, on y verra beaucoup plus clair.
24:12 Est-ce qu'il y a d'autres questions ?
24:13 J'en prends encore une. Je vous en prie.
24:16 Vous avez un micro à votre droite également.
24:19 -Oui, bonjour. James André pour France 24.
24:21 Je voudrais savoir quel est le degré d'inquiétude
24:24 quant à l'engagement des Etats-Unis et de l'OTAN.
24:26 On le voit, les Américains ont effectivement
24:27 60 milliards d'aides à destination de l'Ukraine
24:29 qui sont bloquées et surtout des déclarations très inquiétantes,
24:32 notamment de Donald Trump.
24:33 Difficile de prévoir l'issue des élections américaines.
24:36 Est-ce que... Vous en avez parlé dans votre propre liminaire.
24:39 A quel point est-ce qu'on est inquiet
24:41 et est-ce qu'on est en train de poser les bases
24:42 d'une potentielle suite sans les Américains ?
24:46 -Pour moi, la question n'est pas de savoir
24:47 si nous sommes inquiets ou pas.
24:48 D'abord, je vais vous dire, on a beaucoup de chance
24:51 d'avoir les Etats-Unis d'Amérique qui sont là aujourd'hui,
24:53 qui sont si engagés.
24:56 C'est un fait.
24:57 On doit remercier chaque jour l'administration américaine
25:00 d'être si engagée, les Canadiens d'être si engagés ou autres.
25:03 L'Union européenne, c'est 30 % aujourd'hui
25:05 de l'effort et de l'investissement militaire.
25:08 On a les Britanniques à nos côtés, ça fait un peu plus,
25:10 et on a la chance d'avoir des alliés,
25:11 y compris Outre-Atlantique, qui sont à nos côtés.
25:14 Deuxième chose, c'est une guerre européenne.
25:17 Et donc, nous, Européens, ça fait partie
25:18 de ce sursaut stratégique que j'évoque
25:20 et de ce que je dis depuis 7 ans.
25:24 Moi, je crois dans l'Europe.
25:26 Je crois dans une Europe de la défense.
25:28 Je pense que c'est notre sol, notre continent.
25:30 On a de la chance d'avoir des gens au bout du monde
25:32 qui sont prêts à nous aider,
25:34 mais on aurait tort de penser qu'on doit se reposer sur eux.
25:38 Troisième chose, je suis assez stoïcien en la matière.
25:42 Moi, je déplore pas ou je ne conjecture pas
25:45 sur ce qui ne dépend pas de moi.
25:47 Si l'Europe, et je dirais à fortiori
25:49 chacun de nos Etats membres, dont la France,
25:53 nous sommes souverains,
25:55 notre avenir, et si on considère que cette guerre
25:57 détermine notre avenir, ce que je crois profondément,
26:00 parce que se joue là notre sécurité comme Européens.
26:04 Est-ce que nous devons déléguer notre avenir
26:06 à l'électeur américain ?
26:08 Ma réponse est non, quel que soit son vote.
26:11 Donc, on n'a pas à attendre le résultat.
26:13 C'était le but de cette réunion d'aujourd'hui.
26:14 C'est pour ça que je l'ai voulu maintenant.
26:16 N'attendons pas de savoir quelle est l'issue de ce résultat.
26:19 Décidons maintenant, parce que le constat est clair.
26:22 C'est notre avenir, c'est l'Europe qui est en jeu,
26:24 c'est aux Européens de décider.
26:26 C'est formidable si on en a d'autres qui nous joignent,
26:27 mais ça doit être en plus.
26:30 Nous devons avoir la possibilité de faire sans.
26:33 Pas par défiance, pas par pessimisme,
26:37 pas parce qu'on aurait peur,
26:39 juste parce que c'est ce qui dépend de nous.
26:44 C'est ce qu'on doit faire.
26:45 Je suis dans cet état d'esprit.
26:48 Y a-t-il une dernière question ?
26:51 S'il n'y en a pas, c'est en soi une première
26:53 pour une conférence de presse.
26:54 Ah, peut-être une 2e question de M. Ricard.
26:56 C'est une 2e première pour une conférence de presse.
26:59 -Puisque vous insistez.
27:02 Est-il possible d'envisager qu'un pays envoie des troupes
27:05 au sol en Ukraine sans l'accord des autres au niveau européen ?
27:08 Est-ce que, par exemple, la Pologne pourrait envisager
27:11 de le faire ?
27:12 Et est-il possible de la retenir dans ce cas-là ?
27:14 Et est-ce que ça a été un des objets de la discussion ce soir ?
27:16 Merci.
27:18 -Je vais vous dire, d'abord, chaque pays est souverain.
27:19 Sa force armée est souveraine.
27:21 Il a, par sa Constitution, les voies et moyens de son engagement.
27:24 Personne ne peut engager un autre pays
27:27 de faire ce qui lui revient.
27:30 De manière sûre, il faut définir un cadre d'intervention,
27:33 et dans ces cas-là, des cadres de solidarité.
27:35 Mais ma réponse est non, personne ne peut engager personne.
27:39 Mais je vous dis simplement que l'esprit qui régnait ce soir,
27:43 c'est qu'autour de 5 actions que j'ai évoquées,
27:45 le consensus était là,
27:47 et que nous, nous sommes prêts à faire
27:50 aussi longtemps que nécessaire,
27:52 et tout ce qui est nécessaire
27:54 pour que la Russie ne puisse gagner cette guerre.
27:59 Je vous remercie pour votre attention.

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