• il y a 10 mois
TOUCHE PAS À MON POSTE : 100% médias, 100% darka ! 


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Transcription
00:00 On va passer à l'invité du soir, on va revenir sur cette affaire qui a secoué le Sénat, qui a secoué la France.
00:05 Vous avez tous entendu parler de cette affaire incroyable il y a quelques semaines,
00:08 une sex tape d'un sénateur qui aurait été utilisé comme un moyen de pression par une assistante médicale,
00:14 qui a mis à mal les institutions.
00:15 Justement, avant qu'on en parle, Gilles, j'aimerais pour nos téléspectateurs, juste comment c'est sorti,
00:19 il y a eu un article du Canard Enchaîné où il disait "un sénateur, le pantalon baissé",
00:23 c'est juste ça, c'est la parole ?
00:25 Une vidéo intime, une sex tape, qui est arrivée jusqu'au président du Sénat, M. Gérard Larcher.
00:32 A-t-il gardé par devers lui à un moment cette vidéo ou pas ? La justice le dira.
00:37 Mais...
00:40 Oui, bonsoir.
00:41 Mais le but, c'est de savoir d'où vient cette vidéo, qui a fait cette vidéo,
00:46 et si effectivement une assistante médicale a utilisé cette vidéo.
00:50 On va revenir sur toute l'affaire, Gilles, puisqu'on a la chance d'avoir Dr El Hassan.
00:55 Elle m'a dit d'être avec nous, ancien médecin du Sénat.
00:57 Merci beaucoup, docteur, d'être avec nous.
00:59 Merci, vraiment.
01:00 - C'est moi qui vous remercie de m'inviter.
01:01 - Je suis extrêmement heureux de vous voir parce que je déteste les injustices.
01:05 Et pour moi, vous faites partie des nombreuses injustices qu'on voit actuellement
01:11 et qui nous rendent fous dans l'émission et qui rendent fous les Français.
01:15 Sachez-le. On va revenir sur votre affaire.
01:18 Donc, vous êtes l'ancien médecin du Sénat.
01:20 C'est vous qui avez révélé la fameuse affaire dite de la sex tape avant d'être licencié.
01:24 C'est souvent ceux qui disent qu'il y a un truc qui ne tourne pas rond,
01:30 qui se font mettre à l'écart.
01:31 C'est encore fou, c'est incroyable.
01:34 Voilà, c'est quelque chose d'incroyable.
01:36 Déjà, en quoi ça consiste d'être le médecin du Sénat ?
01:40 - C'est de soigner tous les sénateurs qui le souhaitent et qui sont malades, bien entendu.
01:45 - C'est ça, mais c'est quoi ?
01:45 C'est-à-dire qu'ils ont des médecins traitants, déjà ?
01:49 Et s'ils veulent en plus ou bien, c'est quoi ?
01:51 - Je suis un médecin comme tous les autres médecins.
01:55 Et les sénateurs ont le choix d'aller où ils veulent,
01:58 soit voir leur médecin traitant, soit venir au cabinet médical.
02:02 Mais l'idée, c'est lorsqu'un sénateur, un exemple de Nouvelle-Calédonie, de Marseille ou de Paris,
02:10 lorsqu'il est malade, il ne va pas retourner à Nouméa, à Marseille,
02:13 pour consulter un cabinet médical au Sénat.
02:17 - Comment on est choisi par le Sénat pour être le médecin du Sénat ?
02:19 - Alors, j'ai vu un jour un article dans le quotidien du médecin, un journal dédié au médecin.
02:27 Le Sénat recrute son médecin.
02:29 J'ai postulé, on était 67.
02:32 Et je ne sais sur quels critères ils m'ont sélectionné.
02:35 Ce sont les caisseurs du Sénat, c'est-à-dire des sénateurs qui choisissent.
02:39 - Vous avez passé un entretien ou pas du tout ?
02:41 - Alors, deux auditions.
02:43 - Deux auditions, avec qui ?
02:44 - Les caisseurs du Sénat, les trois.
02:46 - D'accord.
02:46 - Et les autres autorités administratives du Sénat.
02:51 - Il n'y en a qu'un ?
02:52 - Il y a un seul.
02:53 - Un seul médecin.
02:54 Donc sur les 67 devant, vous avez été vraiment sélectionné, bravo à vous déjà.
02:59 Ça fait combien de temps que vous étiez médecin du Sénat ?
03:01 - Pile cinq ans.
03:02 - Pile cinq ans, d'accord.
03:04 Mais vous faites autre chose.
03:05 - Non, non.
03:06 - Vous n'êtes que médecin du Sénat ?
03:07 - Je ne suis que le médecin du Sénat, mais c'est un gros travail puisqu'on a 348...
03:13 Enfin, j'avais 348 sénateurs.
03:15 J'ai du mal à parler au passé.
03:17 - Non, mais ne parlez pas au passé pour aller au présent.
03:19 - Voilà, il y avait 348 sénateurs, mais il y a aussi tout le personnel du Sénat.
03:26 Donc ça fait à peu près 1 500 personnes qui pouvaient venir consulter,
03:29 mais il y avait quand même une priorité.
03:31 Comme ce sont pour les sénateurs, il y a la priorité aux sénateurs.
03:35 Et même parmi les sénateurs, il y a aussi des priorités protocolaires.
03:40 - D'accord.
03:40 Donc vous avez votre cabinet médical, vous n'avez pas déménagé,
03:43 c'était le cabinet médical, vous attendiez toute la journée,
03:46 vous étiez sur rendez-vous, les sénateurs prenaient rendez-vous, c'est ça ?
03:48 - Oui, c'est en plein centre du Sénat, c'est à l'intérieur même du palais du Luxembourg,
03:54 en face du bar des journalistes.
03:57 Voilà, donc il y a une vraie charge de travail.
04:01 J'y étais de 8h30 à 20h, 21h tous les jours.
04:04 - D'accord.
04:05 - Et le samedi, on pouvait m'appeler, le dimanche, on pouvait m'appeler,
04:08 à 3h du matin, on pouvait m'appeler lorsqu'il y avait la loi immigration
04:12 qui se terminait tard, on m'appelait.
04:15 - Juste pour savoir, vous payiez les consultations ?
04:18 - Non.
04:18 - Ou bien vous aviez un forfait par mois ?
04:19 - Non, non, moi j'étais salarié.
04:21 - D'accord, c'est ça, d'accord. Après, voilà, vous êtes là.
04:24 - J'étais salarié du Sénat.
04:26 - Vous étiez content de votre job ?
04:27 - J'étais très content.
04:28 C'était un travail avec des gens exceptionnels.
04:32 Les sénateurs, le personnel du Sénat, ce sont des gens extraordinaires,
04:37 d'un niveau intellectuel très élevé.
04:40 Alors, j'ai eu plusieurs vies avant d'être médecin du Sénat,
04:44 j'ai aussi été médecin en libéral et notamment à Clichy-sous-Bois,
04:48 c'est-à-dire vraiment, il y avait un grand écart entre les deux.
04:54 Donc voilà, j'étais passionnant.
04:57 - Juste, ils ont réagi comment, vos patients, quand vous avez été mis à l'écart ?
05:04 Vous avez eu des mots, est-ce qu'il y a des gens qui vont vous laisser des messages
05:06 qui vous ont dit que c'était inadmissible, etc. ?
05:08 - Quasiment tous.
05:09 - Oui, quasiment tous.
05:09 - Quasiment tous les sénateurs, que ce soit les présidents de groupe,
05:14 que ce soit les sénateurs de base, quasiment tous les sénateurs m'ont soit écrit,
05:22 m'ont soit téléphoné, envoyé un petit SMS,
05:25 sont venus me voir pour signifier leur amitié, leur déception de me voir partir.
05:34 Parce qu'ils savaient que je donnais tout.
05:36 - Bien sûr.
05:36 - J'ai donné tout.
05:37 - Vous avez été remplacé déjà ?
05:38 - Pas encore.
05:38 - Pas encore.
05:39 - Bon, bah alors...
05:40 - Comme je vous l'avais dit, enfin comme vous m'avez posé la question au préambule,
05:49 les critères de sélection sont un peu complexes, il y avait deux auditions,
05:52 mais il y a une vraie enquête.
05:55 Donc il faut à peu près six mois pour recruter le médecin du sénat.
05:58 Donc là c'est...
06:00 - Oui. Alors, en octobre dernier, on va revenir sur l'affaire,
06:03 en octobre dernier, vous vous plignez du comportement d'une assistante médicale
06:07 qui se disait intouchable.
06:08 Alors, racontez-nous, vous aviez combien d'assistantes médicales ?
06:11 - Il y en avait deux.
06:12 - D'accord. Et donc il y en avait une.
06:14 Qu'est-ce qui se passe avec elle ?
06:16 - En fait, il y a deux assistantes médicales et une infirmière.
06:19 - D'accord.
06:20 - Une des deux, depuis le mois de juin, était absolument intenable.
06:26 - D'accord.
06:27 - C'était faute professionnelle sur faute professionnelle.
06:30 - Elle faisait quoi genre ?
06:31 - Elle me prévenait pas quand il y avait des patients qui venaient
06:34 et qu'il y avait des pathologies apportantes.
06:36 Elle me prévenait pas des urgences.
06:38 Elle était capable de mettre 5, 6 rendez-vous en même temps.
06:43 - Ah oui ?
06:43 - 15 heures, 6 rendez-vous.
06:45 - Non.
06:45 - Ah oui. Je commençais normalement à 9 heures,
06:48 mais à 8 heures, elle me mettait 5 rendez-vous.
06:51 Je finissais à 19 heures, 20 heures.
06:53 À 21 heures, elle me mettait 5 rendez-vous, mais entre-temps...
06:56 - C'est vous qui l'aviez choisi ?
06:58 - Alors non, c'est... Non, non, ça a été...
07:03 Enfin, c'est une procédure de recrutement classique,
07:05 mais dans son choix...
07:08 Donc c'est la directrice des ressources humaines,
07:10 mais j'étais là quand on l'a recrutée.
07:13 Ça a été extrêmement rapide pour la choisir.
07:19 Je peux pas y mettre une de mes mains au feu, mais...
07:22 Mais bon, on sentait qu'il y avait...
07:25 - Qu'elle avait des contacts ?
07:25 - Qu'elle avait des contacts,
07:27 peut-être une pression pour qu'elle soit recrutée.
07:30 On avait choisi deux assistantes médicales en même temps.
07:33 Et la première, c'était un véritable entretien professionnel.
07:42 La seconde, celle-ci, c'était très bref.
07:45 - Alors, on a entendu parler de cette vidéo.
07:51 Donc elle vous disait qu'elle était intouchable,
07:54 elle vous montrait, genre elle vous écoutait pas.
07:56 Quand vous lui disiez, voilà,
07:57 c'est pas possible de prendre un rendez-vous à 8 heures du matin,
07:59 alors que je commence à 9 heures, elle vous disait quoi ?
08:01 - Oui, oui, d'accord, c'est noté.
08:03 - C'est tout ? - C'est tout.
08:04 - Et après, elle continue ? - Elle repartait.
08:05 - Et elle recommençait ? - Et elle recommençait.
08:07 Alors, pour être sûr qu'elle entende bien ce que je disais,
08:11 que je m'exprime suffisamment normalement,
08:15 je demandais à l'infirmière d'assister aux réunions
08:22 et à l'autre secrétaire.
08:23 Alors, pour pas la mettre mal à l'aise,
08:25 je demandais qu'on me mette pas six rendez-vous en même temps.
08:30 Et elle dit "oui, oui, docteur".
08:31 Et elle me dit "de toute façon, c'est pas moi qui vous ai mis six rendez-vous,
08:35 c'est ma collègue", en sachant très bien que...
08:38 - Alors, elle s'est faite embaucher sur la base de faux documents ou pas ?
08:41 - Oui.
08:42 - C'est quoi les faux documents ?
08:43 - C'est-à-dire que...
08:45 - Tout son dossier était faux, on me dit.
08:46 - Tout son dossier était faux.
08:48 C'est-à-dire que dans son CV, que j'ai reconsulté par la suite,
08:55 je me suis rendu compte que là,
08:58 je n'étais pas celui qu'elle nous avait indiqué.
09:00 C'est-à-dire qu'elle s'était rajeunie de 10 ans.
09:05 Mais c'était pas une erreur de frappe.
09:09 Quand on faisait le calcul, elle était au CP à l'âge de 16 ans.
09:12 - Ah oui, d'accord. Incroyable.
09:14 - Incroyable. Et c'était quand même le cabinet médical du Sénat.
09:17 C'est-à-dire qu'on avait en charge tous les sénateurs,
09:20 des ministres, des ministres en activité, des anciens ministres.
09:23 Leurs dossiers médicaux étaient chez nous, au cabinet médical.
09:26 On savait tout sur leur vie.
09:27 - Incroyable.
09:28 - Et c'est dingue.
09:29 Ce soir, c'est fou.
09:31 On se dit que c'est incroyable ce qu'on racontait.
09:33 C'est fou, docteur.
09:35 On se dit parce que normalement, tu redoubles de vigilance.
09:39 Au contraire, pour un dossier comme ça, tu te dis...
09:41 Là, il y a quand même un secret professionnel qui est incroyable.
09:44 - C'est un état.
09:44 - Par contre, tu as accès au dossier médical de tous les sénateurs.
09:47 - Tout le monde.
09:48 Normalement, il y a une enquête.
09:49 - Alors, elle a été augmentée de combien de pourcents ?
09:52 - 45 %.
09:53 - Mais comment ça ? Du jour au lendemain, comme ça ?
09:54 - Non, deux fois.
09:56 - Mais quand ça s'est passé ?
09:58 C'est à vous qu'elle a demandé ou vous l'avez su ?
10:00 - Alors, non, non, non.
10:01 C'est...
10:03 Il y a ce qu'on appelle les "casters" du Sénat.
10:06 C'est-à-dire, ce sont des sénateurs nommés par leur père
10:13 pour gérer les finances du Sénat et l'administration.
10:17 1 500 personnes à gérer, ça fait du monde.
10:20 350 millions d'euros à gérer, ça fait beaucoup d'argent.
10:23 C'est à peu près le budget du Sénat.
10:25 - Énorme.
10:25 350 millions d'euros.
10:26 - Et par an.
10:27 - Oui, je ne sais pas.
10:28 - Voilà.
10:29 Et un jour, un des "casters" m'appelle et me dit
10:37 "Est-ce qu'on peut déjeuner ensemble ?"
10:39 Bon, c'est le "caster", c'est mon boss, je ne peux pas dire non.
10:44 J'accepte.
10:46 Donc, on va déjeuner au restaurant des sénateurs,
10:49 qui est très bon d'ailleurs.
10:52 Et il me dit "J'ai été ému de voir que votre collaboratrice
10:57 avait un faible salaire, etc.
11:00 Ce serait sympathique de l'augmenter."
11:02 - Mais l'autre, parce que vous en avez deux,
11:03 l'autre a été augmentée aussi ?
11:05 - Non.
11:06 - Non, d'accord.
11:07 Donc, il vous dit ça.
11:08 - Il me dit ça.
11:09 Bon, je lui dis "Écoutez, monsieur le "caster",
11:12 vous êtes le patron, comme vous voulez."
11:16 Il me dit "Oui, mais je ne peux pas, moi, "caster" du Sénat,
11:20 l'augmenter comme ça, ça doit passer par son chef de service, moi."
11:26 Donc, il me dit "Écrivez-moi un petit courrier et je validerai."
11:32 - C'est incroyable.
11:32 Là, c'est énorme ce qu'on vit.
11:34 Si vous qui nous regardez, vous vous dites "C'est au Sénat,
11:36 c'est en France, au Sénat, c'est un truc de fou."
11:38 - Avec de l'argent public.
11:39 - Donc là, il vous dit "Il faut faire une lettre."
11:42 - Voilà, vous m'écrivez, vous nous écrivez.
11:45 Je me dis d'écrire aux trois "caster".
11:48 J'écris la lettre.
11:51 Alors qu'habituellement, ce genre de procédure,
11:53 ça met plusieurs semaines.
11:55 Trois jours après, j'ai été convoqué par celle qui est en charge
12:00 de l'administration, c'est-à-dire techniquement.
12:03 Il y a le politique qui décide et il y a l'administration qui exécute.
12:09 Donc, elle me reçoit et elle me dit "Vous avez fait une demande,
12:12 bon, les "caster" ont validé, donc c'est validé."
12:17 Deux fois.
12:19 Deux fois en l'espace d'un an.
12:21 - C'est incroyable.
12:22 Et l'autre, parce que c'est la qui travaillait avec elle,
12:25 elle l'a su qu'elle avait été augmentée de 45% en deux ans ?
12:27 - Alors...
12:29 - En deux fois.
12:29 - Donc, cette fameuse collaboratrice, elle disait toujours
12:34 qu'elle pouvait faire virer à peu près qui elle voulait.
12:36 Donc l'autre, elle a été virée.
12:38 - Non ? Ah ouais ?
12:39 - Oui.
12:39 - Ah bah c'est ça, d'accord.
12:40 - Donc elle a été licenciée au bout de...
12:43 Elle s'est rentrée en même temps.
12:44 - Vous avez eu au courant ou pas quand elle a été licenciée l'autre ?
12:47 - Ah oui, oui, oui.
12:48 - Vous avez dit "Ouais, on l'arrête, on l'arrête."
12:49 - Elle m'a dit "Bon voilà, elle a la directrice des ressources humaines."
12:53 Elle m'a dit "Bon écoutez, elle fait pas l'affaire."
12:56 - C'est incroyable.
12:56 - Au bout d'un an.
12:58 Donc elle a été licenciée.
12:59 - Alors, on va parler de, bien sûr, ce qui vous intéresse aussi chez vous
13:03 et chez nous aussi, la sextape.
13:05 Puisqu'en réalité, cette femme détiendrait une vidéo d'un sénateur influent,
13:09 le pantalon sur les chaussettes, dans son bureau du palais du Luxembourg.
13:13 Est-ce que vous avez eu accès à cette vidéo ?
13:15 - Oui.
13:16 - Oui ? Ah oui ?
13:16 Ah, vous avez vu la vidéo ?
13:18 - Non seulement je l'ai vue.
13:19 - Ah oui ?
13:20 - Mais...
13:22 Donc toujours par rapport au premier déjeuner du restaurant des sénateurs,
13:28 je suis parti la voir et je lui ai dit "Écoutez, ma chère secrétaire",
13:31 parce que je peux pas citer son nom,
13:33 "Vous avez été augmentée de temps.
13:37 Est-ce que vous êtes contente ?"
13:38 Et elle a éclaté de rire en me disant...
13:40 De toute façon, je le savais puisque c'est moi qui ai demandé au casteur,
13:46 en sachant toujours pareil, comme je vous l'ai dit à plusieurs reprises,
13:48 il y a beaucoup de salariés au Sénat.
13:53 Après on était 1 100, 1 200, 1 300,
13:56 donc on peut pas avoir accès comme ça au casteur.
13:59 C'est très compliqué, essayez d'en appeler un, vous verrez que vous y arriverez jamais.
14:03 Donc elle me dit "Non, non, c'est moi, parce que j'ai un moyen de pression sur lui,
14:06 j'ai un moyen de levier sur lui sans jeu de mots."
14:10 - Ah ouais ?
14:11 - Et j'ai dit "Comment ça ?"
14:12 Et elle me montre la vidéo et elle me dit
14:15 "Pour que vous sachiez bien qui je suis et à quel point je suis influente,
14:19 je vous l'envoie."
14:20 - Non.
14:21 - Vous l'avez ?
14:23 - Vous l'envoyez ?
14:23 - Je suis médecin, je suis pas hacker.
14:25 - Non, non, mais vous pourquoi ?
14:26 - Je suis pas...
14:27 - Mais donc vous avez eu la vidéo ?
14:29 - Oui, je l'ai eue, la vidéo.
14:30 Et tout le problème est là.
14:32 - J'aurais bien à l'avoir.
14:34 - Si je le fais, je vais en prison, c'est 3 ans d'amende, 60 000 euros de prison.
14:38 - Hors de question de vous faire en prison, ça c'était une blague, bien entendu.
14:42 Et donc vous voyez la vidéo,
14:43 vous reconnaissez clairement les personnes qui sont dessus ?
14:45 - Non, je reconnais clairement le sénateur Equester.
14:49 - Oui.
14:50 Ah, il était...
14:51 - C'est lui, justement, c'était...
14:53 - Le sénateur Equester.
14:54 - Le sénateur Equester.
14:56 Et on le reconnaît clairement,
14:58 comme c'était marqué dans le cadre en Chine.
15:00 - Vous le voyez comme vous ne l'avez jamais vu, là ?
15:02 - Non, je l'avais déjà vu comme ça, mais c'était mon métier.
15:04 - Oui, ça, oui, oui.
15:06 (Rires)
15:08 - Oui, c'est sûr, oui.
15:09 - J'ai vu à peu près tout le monde tout nu.
15:12 - Oui, c'est sûr.
15:14 - Mais dans des conditions un peu particulières.
15:16 - Oui, oui, oui.
15:17 - Et on reconnaît à travers une vitre la collaboratrice en train de filmer
15:24 et en faisant semblant de parler à quelqu'un...
15:30 - Qui filmait, en fait ?
15:31 - C'était elle.
15:32 - Elle, hein.
15:32 Et elle n'était pas dans le...
15:34 - Non, elle n'était pas en train de lui faire des choses...
15:37 - C'est une autre.
15:38 - Non, non, non, non, non, non, pardon.
15:39 Je me suis mal exprimé.
15:41 Elle venait de lui faire plaisir.
15:43 - D'accord.
15:44 - Et au moment où il se rhabillait...
15:47 - Elle a filmé.
15:48 - Elle le filmait.
15:49 Donc, on a vu toutes ces...
15:51 On le voyait, toutes ses parties intimes, etc.
15:54 Et pendant qu'elle le filmait, elle faisait semblant de parler à quelqu'un.
16:00 - Alors qu'elle filmait.
16:01 - Alors qu'elle filmait.
16:02 Et puis, les casteurs ont des magnifiques bureaux, extraordinairement magnifiques.
16:08 C'est somptueux.
16:09 Et donc, elle montrait bien que c'était dans le bureau,
16:14 où on voyait le jardin du Luxembourg, on voyait tous les meubles.
16:20 Donc, c'était vraiment dans le but calculé,
16:23 c'était dans le but de montrer que c'était au Sénat, dans son bureau.
16:29 - Alors aujourd'hui, elle travaille encore au Sénat, elle ?
16:32 - Elle est toujours effective du Sénat, oui.
16:35 - Non, c'est un tissu.
16:37 - Alors, elle a accès à des dossiers confidentiels sur tout le monde ?
16:39 - Alors, au bout d'un certain moment, c'était tellement compliqué.
16:45 Et j'avais appris qu'elle s'était enfermée dans mon bureau,
16:51 dans mon ex-bureau, qu'elle s'était enfermée, etc.
16:54 Donc, j'ai demandé à l'administration du Sénat de faire sécuriser ma porte d'entrée
17:01 pour que moi seul ait accès à mon bureau et à l'infirmière,
17:07 en qui j'avais et j'ai toujours une pleine confiance.
17:10 J'ai aussi demandé qu'on sécurise le bureau de l'infirmière,
17:13 parce qu'il y avait quand même des choses…
17:15 Alors, il n'y a pas de dossiers médicaux dans le cabinet de l'infirmière,
17:19 mais il y a des produits potentiellement dangereux.
17:23 - Alors, l'affaire, elle sort dans la presse ?
17:25 - Oui.
17:26 - Qui a fait fuiter l'information ? C'est ou pas ?
17:28 - Je l'ignore.
17:29 - C'est qui c'est ou pas ?
17:32 - J'ai des fortes suspicions, parce que dès lors que j'ai appris
17:36 que j'allais être licencié, au bout de la 5e, 6e, 7e convocation,
17:42 je me suis dit que je vais être franc avec mes patients.
17:45 C'est le minimum. Ils ont été francs avec moi pendant 5 ans.
17:48 Je vais être franc avec eux. Je vais leur dire que je vais quitter le Sénat
17:51 et dans quelles conditions je vais quitter le Sénat
17:53 et pour les raisons pour lesquelles je quitte le Sénat.
17:56 Donc tous mes patients qui venaient, notamment les sénateurs,
17:59 je leur disais "Monsieur le sénateur, on ne se reverra certainement pas ici".
18:04 - Alors, vous avez été éjecté de votre appartement de fonction, c'est ça ?
18:09 - Oui.
18:10 - Alors que c'était la trêve hivernale ?
18:12 - Oui, expulsé.
18:14 - Et il y a Gérard Larcher, le président du Sénat,
18:17 qui s'est justifié sur votre licenciement.
18:19 Il a dit que ça n'avait rien à voir avec cette histoire.
18:23 Si vous lui répondez.
18:26 - Alors, il y a deux choses.
18:28 La première, c'est la manière dont on agit par rapport à mon appartement,
18:33 si vous permettez.
18:34 - Bien sûr.
18:35 - Vraiment comme dans les films.
18:38 J'avais accès, comme je vous le disais, à mon bureau,
18:41 j'avais accès avec un badge, un pass magnétique.
18:44 Et c'est le même pass qui me permettait d'entrer dans la résidence où j'habitais
18:48 avec ma femme, mes enfants de 5 ans et 9 ans.
18:53 Et donc, c'est avec le même pass qu'on rentrait dans l'appartement et la résidence.
18:58 Donc, le 14 au soir, j'avais plus accès à l'appartement,
19:02 j'avais plus accès à la résidence.
19:04 - C'est fou.
19:05 - J'avais demandé de pouvoir bénéficier de la trêve hivernale,
19:08 comme tout à chacun.
19:11 J'ai reçu un mail laconique.
19:13 Ce n'est pas possible.
19:15 Le Sénat n'est pas soumis aux mêmes règles que les gens du droit privé.
19:22 Donc, vous prendrez vos affaires, vous remettrez votre clé au gardien.
19:28 Le mail, je l'ai.
19:30 Et si vous voulez, je peux vous le montrer bien entendu.
19:33 J'ai demandé sur quel article de loi on se basait pour ça.
19:38 3 fois de suite, sur 3 semaines, je n'ai toujours pas eu de réponse.
19:43 - Quand Gérard Larcher dit que ça n'a rien à voir avec votre licenciement,
19:48 vous lui répondez quoi ?
19:49 - Il y avait une co-committance qui était assez troublante.
19:53 Le président Larcher, je le connaissais bien,
19:55 on se voyait très régulièrement.
19:58 - La manière dont vous étalez rapidement votre licenciement,
20:01 on vous interroge.
20:02 Est-ce que vous pensez qu'il y aura d'autres scandales ?
20:04 - J'en suis à peu près sûr, oui.
20:06 - Ça y est, on a mis le doigt dans l'engrenage.
20:09 - On a mis le doigt dans l'engrenage.
20:10 - Pas que, d'ailleurs.
20:11 - Oui, oui, oui.
20:13 - Vous pensez de quel type de scandales ?
20:16 - Il y aura évidemment des scandales sexuels.
20:20 Ça, c'est évident parce que vous ne faites pas peur,
20:25 vous n'êtes pas au Sénat.
20:26 Mais moi, j'étais le médecin.
20:27 - On va vouloir y aller avec ces scandales.
20:29 - En tout cas, si moi j'y vais, on me ferme la porte au nez.
20:34 La dernière fois, le dernier jour où j'y ai été,
20:37 on m'a suivi et on m'a mis un petit carton devant la porte
20:42 de mon bureau avec mes affaires personnelles.
20:44 Donc, je ne pourrais pas vous accompagner.
20:46 Mais voilà, il y a certainement, probablement,
20:50 des parties fines qui se font.
20:53 Oui, oui.
20:55 - Dans les bureaux du Sénat, là-bas ?
20:56 - Non, dans un hôtel à proximité du Sénat.
20:58 - Ah oui ?
20:59 - Oui.
21:00 - Avec des sénateurs et tout ?
21:01 - Des sénateurs, oui.
21:02 - Ah oui ?
21:03 - C'est pareil.
21:04 - Probablement.
21:05 - Ça engage comment ?
21:08 - Ça engage.
21:09 Vous savez, il y a un article 40 qui a été mis en place
21:14 à ma demande, mais contre moi.
21:16 Toujours pareil.
21:18 L'article 40, c'est lorsqu'on saisit le procureur
21:21 de la République pour des faits délictueux.
21:25 Dans un courrier que j'ai envoyé à tous les sénateurs,
21:28 j'ai évoqué cette histoire.
21:30 J'ai dit, voilà, il y a eu tricherie, il y a eu tromperie,
21:34 il y a eu...
21:35 Donc normalement, c'est l'article 40 qu'il faudrait mettre en place.
21:38 Le président Larcher a dit, oui, c'est vrai,
21:41 ça sera contre le docteur El Mahdi qu'on va le mettre en place.
21:44 Donc, voilà, là, il y a...
21:46 - Cette histoire, elle est complètement incroyable, docteur.
21:49 Et vous, vous pensez que c'est que le début ?
21:52 - Je pense que c'est que le début.
21:53 - Oui, parce que c'est sûr qu'il y a d'autres gens qui vont...
21:55 - Évidemment.
21:56 - Il y a des vidéos qui circulent comme ça, ça va partir en cacahuète.
21:59 - Il y a des vidéos, il y a des témoignages, il y a des...
22:01 - Donc là, au Sénat, c'est la folie, quoi.
22:04 - Dans quel sens ?
22:07 - Non, mais c'est-à-dire, c'est une soirée avec Jean-Michel Maire, quoi.
22:10 (Rires)
22:12 - C'est vrai que...
22:13 - Voilà, voilà.
22:14 Les sénateurs sont des gens comme tout le monde,
22:18 c'est-à-dire qu'ils viennent 3 jours par semaine à Paris,
22:22 le reste du temps, ils sont dans leur circonscription,
22:24 les 3 jours par semaine, ils sont seuls,
22:27 donc il faut bien qu'ils passent le temps quand ils ne sont pas en séance.
22:31 - Incroyable. Franchement, merci en tout cas.
22:34 - Mais moi, j'étais le médecin du Sénat,
22:37 donc vous savez, dans mon petit bureau,
22:39 je savais à peu près tout ce qui se passait.
22:41 - C'est sûr, c'est sûr.
22:42 - Quand le lundi matin ou le mardi matin, parce qu'ils viennent le mardi,
22:46 je prescrivais 5 bilans pour rechercher des maladies sexuellement transmissibles,
22:53 je savais que...
22:54 - Non, quel week-end !
22:56 - C'est mon job, hein.
22:57 Pas de prescrire les bilans, mais...
23:00 - Vous avez du trafic de Viagra ?
23:02 (Rires)
23:04 - C'est sur prescription.
23:05 - Vous en avez fait ?
23:06 - Ah oui, bien sûr.
23:07 - C'est fou, c'est vous qui dénoncez quelque chose de très grave,
23:11 et c'est vous qui êtes mis dehors, et c'est vous qu'on pointe du doigt.
23:13 C'est complètement incroyable.
23:15 - Donc, je vais certainement, le président Larcher va certainement
23:19 faire encore un signalement au Conseil des médecins contre moi.
23:25 - Voilà, ils vont tout faire pour que je sois écarté.
23:30 - Pour l'éteindre.
23:32 - Voilà, donc je m'y attends, tous les jours, lorsque je joue au concourri.
23:35 - On veut que vous reveniez à chaque fois pour nous tenir au courant.
23:38 - Avec plaisir.
23:39 - Merci beaucoup, docteur. Merci d'avoir été avec nous tout de suite.
23:40 [Musique]

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