Quatre personnes sont mortes après une avalanche intervenue dans le massif du Sancy, au Mont-Dore (Puy-de-Dôme), dimanche 25 février. Trois autres ont survécu et sont légèrement blessées.
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00:00 [Musique]
00:05 On en parle avec Joël Maturin, le préfet du Puy-de-Dôme.
00:07 Bonjour et merci d'être avec nous ce matin.
00:10 Éric Messnier a été pendant 18 ans membre des pelotons de gendarmerie de Haute-Montagne.
00:14 Il est également là. Bonjour.
00:15 Merci d'être avec nous.
00:17 Et puis nos deux envoyés spéciaux, Alizé Boissin est à Vichy
00:20 parce que c'est de là qu'étaient originaires deux des quatre victimes
00:24 qui ont péri dans cette avalanche survenue hier après-midi au Mont d'Or.
00:27 Le Mont d'Or où l'on retrouve Naoufelle El-Kawafi ce matin.
00:31 Naoufelle, les victimes, on le sait maintenant, étaient des personnes de montagne expérimentées
00:37 et notamment David Vigouroux qui était guide de Haute-Montagne, originaire lui-même du Cantal.
00:42 C'était même, on peut le dire, une figure du Mont d'Or.
00:45 Absolument, il a été très connu ici, d'où l'émotion palpable très importante.
00:52 Rendez-vous compte, c'est l'avalanche la plus meurtrière ces 30 dernières années.
00:56 On est justement aux côtés d'une habitante.
00:57 Joël, racontez-moi, vous me parliez tout à l'heure de l'émotion,
01:00 c'est toute la ville qui est endeuillée.
01:02 Automatiquement, ce genre de drame, ça marque.
01:07 En ce matin, je pense que les monts d'Oriennes ne se sont pas réveillés
01:11 avec autant de plaisir qu'un jour ordinaire.
01:15 Simplement, la montagne, même moyenne, peut être dangereuse.
01:21 Il faut que tout le monde ait conscience.
01:23 Les alpinistes, ils étaient accompagnés d'un guide qui était très connu ici.
01:26 Oui, tout à fait, il avait une très bonne réputation.
01:29 Ça a été certainement un manque de chance.
01:33 Le mentonnet jeu n'était pas stable.
01:35 Il y avait énormément de vent hier.
01:37 Je pense qu'ils ont dû être surpris par le vent qui s'est mis à souffler plus fortement
01:45 en fin de matinée, début après-midi.
01:47 Je ne sais pas à quelle heure ils étaient partis pour leur excursion,
01:52 mais automatiquement, on avait pluie, vent, neige.
01:56 C'est ça qui est surprenant, c'est les conditions météo qui étaient terribles hier.
01:59 La météo, elle change tout le temps.
02:01 Je dis souvent qu'on peut avoir les quatre saisons dans la même journée.
02:04 On peut passer du grand beau soleil presque chaud, même en hiver,
02:08 à un gros coup de neige qui va recouvrir absolument tout.
02:14 Et puis après, ça passe à la pluie.
02:16 La neige cette année, malheureusement, il n'y a pas que chez nous.
02:21 Je comprends que les gens soient très tentés d'aller visiter une massif qui est magnifique,
02:28 mais il n'y a pas beaucoup de neige et elle n'est pas bien stable.
02:31 Prudence, donc, pour l'émotion qu'on comprend ce matin à Mandor.
02:36 Beaucoup de choses dans ce témoignage sur lequel on va revenir dans quelques instants.
02:40 Mais d'abord, Joël Maturin, est-ce que les victimes ont toutes été identifiées ?
02:45 Et que pouvez-vous nous dire ce matin ?
02:48 Oui, les victimes ont été identifiées.
02:51 Les familles ont été prévenues hier soir.
02:55 Et c'est une très grande émotion pour notre territoire parce qu'elles viennent du territoire.
03:00 Certaines victimes viennent du club alpiniste de Vichy.
03:04 Nous avons nous-mêmes au sein du SAMU de Clermont-Ferrand une victime.
03:09 Et donc, ce sont des personnes du territoire.
03:12 Le guide professionnel qui était fondateur des guides de montagne d'Auvergne
03:17 a perdu la vie dans cette tragédie.
03:20 Pour notre territoire, c'est une très grande émotion.
03:23 C'est un tristet pour les familles.
03:25 On voit que même en moyenne montagne, un drame pareil,
03:29 ça démontre encore que la montagne peut tuer, malheureusement.
03:33 Les circonstances précises seront confirmées par une enquête.
03:37 La procuratrice de Clermont-Ferrand a ouvert immédiatement une enquête judiciaire.
03:42 Mais pour l'instant, nous sommes vraiment tous dans l'émotion.
03:45 Je vais me rendre tout de suite d'ailleurs auprès des habitants du Mont-d'Or,
03:49 auprès du maire, avec la sous-préfète qui a travaillé hier soir,
03:54 très tard encore avec le maire, pour accompagner les équipes et apporter mon soutien.
03:59 Monsieur le préfet, les quatre victimes sont quatre hommes ?
04:03 Oui. Nous avons donc le guide qui malheureusement a perdu la vie,
04:08 un membre qui était du SAMU de Clermont-Ferrand
04:12 et deux personnes qui sont issues du club d'alpinistes de Vichy.
04:18 Les familles ont été prévenues. Pour l'instant, nous sommes dans l'émotion.
04:23 Quel âge ?
04:25 Le guide avait 50 ans.
04:29 Pour ce qui concerne les autres, je n'ai pas à ce moment l'âge précis pour vous les donner.
04:35 Le guide que nous connaissons très bien, il avait la cinquantaine d'années
04:39 et c'était les personnes qui étaient autour de la quarantaine et le cinquantant ans,
04:43 qui étaient des personnes aguerries, qui connaissaient bien la montagne.
04:47 Le guide connaissait bien sa montagne, connaissait bien sa vallée du Val d'Enfer.
04:51 Les circonstances étaient manifestement imprévisibles avec ce glissement du montonneigeux.
04:57 C'est vrai qu'il a neigé pendant quatre jours 50 cm, puis ensuite en redoutes très rapides,
05:02 donc neige très instable. Les circonstances le diront.
05:07 Ils étaient a priori bien équipés, ils avaient l'ensemble des équipements nécessaires,
05:13 mais on n'a pas pu éviter ce drame.
05:16 Heureusement, je tiens à le souligner, il y a eu une mobilisation très forte.
05:19 Je souligne aussi l'engagement de M. le maire avec les équipes, les gendarmes, les pompiers.
05:26 Heureusement qu'il y a eu cette mobilisation.
05:29 L'hélicoptère n'a pas pu être utilisé, puisque les conditions d'intermédiaire
05:33 n'ont pas permis l'utilisation de l'hélicoptère, mais malheureusement.
05:37 Néanmoins, il y a eu quand même un engagement très rapide.
05:39 On a pu trouver les trois personnes survivantes qui vont bien.
05:44 J'ai eu des nouvelles, elles ont été vues au CHU de Clermont-Ferrand.
05:48 Évidemment, elles sont choquées, il va falloir les accompagner, mais elles vont bien.
05:53 Éric Messnier, on vient de l'entendre, il a beaucoup neigé sur les massifs ces derniers jours,
05:58 50-60 cm peut-être plus, sur un sol sur lequel il n'y avait pas de sous-couche de neige.
06:05 Autrement dit, la situation était dangereuse.
06:09 Alors, dangereuse, il faudra vraiment qu'on aille grenouiller dedans.
06:14 Mais ce qui était intéressant de voir, c'est qu'il y a quelques années,
06:17 la nivologie a toujours été très compliquée.
06:20 Entre le moment de la formation des cristaux de neige dans un nuage,
06:23 sa température, la vitesse de chute, comment elle arrive sur Terre, etc.
06:28 Et puis après, tout ce qu'il y a sur zone, l'orientation, le vent, la température, etc.
06:34 Aujourd'hui, ça a toujours été très compliqué pendant des années.
06:38 Aujourd'hui, on est heurté à un réchauffement climatique avec des zones qui sont de plus en plus courtes,
06:43 avec des réchauffements où on peut avoir 15 degrés une journée,
06:46 et le lendemain, on peut avoir -5, -10 avec 4 jours de neige.
06:49 Ça change tout le dispositif et toute l'étude du manteau neigeux qu'on connaît jusqu'à maintenant.
06:53 Il va falloir vraiment faire plein de recherches,
06:56 parce que sur ces petites stations de moyenne montagne,
06:59 on va prendre des deltas de température qu'on n'avait jamais connues jusqu'à maintenant,
07:03 surtout pour la pratique du ski, surtout pour la pratique de la montagne et de la haute montagne.
07:08 Et tout est confronté aujourd'hui.
07:10 Prévisible, très compliqué, aujourd'hui, carrément, complètement.
07:13 Par contre, ce qui est sûr et certain, c'est que la neige n'a jamais été aussi complexe et compliquée,
07:19 même pour les professionnels de la montagne, à l'heure actuelle.
07:22 Il va falloir qu'on mette des choses en place, il va falloir que l'on regarde comment on peut faire,
07:25 mais aujourd'hui, c'est beaucoup plus complexe qu'il y a 4, 5, 10 ans auparavant.
07:29 Il a beaucoup neigé sur tous les massifs, et je parle sur le contrôle de Marc ces derniers jours.
07:34 Des chutes de neige abondantes, on est d'accord ?
07:36 Oui, en effet, notamment sur le massif central, 50, 60 cm.
07:39 La difficulté, c'est qu'on a l'impression, on se dit, comment cette avalanche a pu se produire avec seulement 50 cm de neige ?
07:45 Sauf que, lorsque vous avez un vent qui souffle à 80, 100 km/h, le vent transporte la neige sur les crêtes et ça forme des congères.
07:51 Et en réalité, ce n'est pas 50 cm de neige qui vous tourne dessus dès lors qu'on passe sur la plaque.
07:56 Donc, ça explique le drame, en effet, dans cette partie du massif central, dans le puits de Domain.
08:01 D'autant qu'on a retrouvé les victimes sous 4 m de neige.
08:03 On voit à l'écran la situation de ce Val d'Enfer, c'est le site où évoluait la cordée.
08:08 Éric Messnier, on parle de murs à 60 degrés, à 60%, une pente à 60% dans ce Val d'Enfer.
08:17 Est-ce que c'est le phénomène de ce qu'on appelle les plaques à vent qui a pu déclencher l'avalanche ?
08:23 Les plaques à vent, ce que l'on peut aussi appeler les plaques sous le vent.
08:27 Les plaques à vent, c'est l'endroit où vous avez du vent qui vient taper sur la falaise, en tout cas sur le manteau neigeux,
08:31 et qui vient bouleverser la constitution de la neige.
08:35 Après, vous avez la plaque sous le vent qui viendra un peu de l'autre côté pour former les corniches.
08:40 D'un côté ou de l'autre, vous avez forcément une surcharge du manteau neigeux,
08:43 une capacité de créer des corniches avec beaucoup de volume de neige.
08:47 Après, vous n'êtes pas obligé d'être dessous ou dessus pour pouvoir, malheureusement, faire un phénomène de rupture.
08:53 Le point faible peut être tout en bas dans la vallée.
08:55 Par honte de choc, à l'endroit où vous avez choisi d'évoluer dans des pentes inférieures à 30 degrés,
09:01 parce que normalement c'est là où on a un risque beaucoup plus faible d'avalanche,
09:06 on peut malheureusement, par honte de choc, déclencher beaucoup plus haut et se faire prendre par une coulée.
09:12 Mais pourtant, on avait pris de la distance.
09:14 - Mais Eric, un dernier mot compte tenu de la situation et de l'état de la neige que vous avez décrit.
09:19 Est-ce qu'il faut dire à toutes les familles qui sont encore en vacances en montagne
09:23 qu'il ne faut absolument pas randonner hors piste en ce moment ?
09:26 - Oui, c'est un vrai conseil aujourd'hui de prudence et de pédagogie et d'information.
09:31 Aujourd'hui, le manteau neigeux n'est pas encore stabilisé.
09:34 On ne le connaît pas, on n'a pas de retour aujourd'hui dessus.
09:37 On est parti sur de la neige où il n'y avait rien dessous.
09:40 Et même pire, il y a des endroits où on a pu conserver quelques centimètres de glace.
09:45 Et ce poids dessus ne demande qu'à partir.
09:48 Aujourd'hui, on est dans une configuration presque de début de saison,
09:52 parce qu'on est quasiment début décembre, mais de l'autre côté,
09:56 il faut faire très attention, rester sur les pistes, sur les domaines skiables ouverts.
10:00 - Prudence en montagne, notamment avec ces vacances de février qui se poursuivent.
10:04 Merci d'avoir été avec nous ce matin.