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Le député Rassemblement national, du Nord Sébastien Chenu réagit après la prise de parole du président Emmanuel Macron au salon de l'Agriculture. Il s'en est pris samedi au RN, et dénoncé un "projet de décroissance et de bêtise" qui consisterait à "sortir de l'Europe".

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Transcription
00:00 [Générique]
00:09 Bonjour, ravie d'être avec vous ce dimanche dans "Questions politiques",
00:13 l'émission de politique du dimanche sur France Inter, diffusée sur France Info, la télé,
00:18 et en partenariat avec le journal Le Monde.
00:21 Jamais de mémoire, une ouverture du salon de l'agriculture n'avait été si chahutée.
00:27 Des sifflets ininterrompus des agriculteurs qui chargent les forces de l'ordre devant le regard,
00:34 médusés des chèvres et des vaches, tandis que les familles restent à la porte.
00:39 Un président obligé, lui, de changer ses plans après l'annulation d'un débat XXL,
00:46 un échange improvisé en bras de chemise avec quelques représentants syndicaux
00:51 et une déambulation vaille que vaille sous les huées.
00:55 De cette séquence, on retient l'attaque virulente contre le RN,
00:59 un projet de décroissance et de bêtise, dénonce Emmanuel Macron.
01:04 Ce matin, Jordane Bardella a arpenté à son tour les allées du salon.
01:09 Le RN, qui depuis le début de la crise se revendique porte-voix des campagnes,
01:14 mais avec quelles mesures concrètes, quelle vision européenne, quel avenir pour la PAC ?
01:19 Sébastien Chenu, député du Nord, vice-président du RN,
01:24 est notre invité ce dimanche dans "Questions politiques", en direct et jusqu'à 13h.
01:29 "Questions politiques"
01:30 "Élodie Forêt sur France Inter"
01:35 Bonjour Sébastien Chenu.
01:37 Bonjour Madame.
01:38 Merci d'avoir accepté notre invitation.
01:40 A mes côtés pour vous interroger Nathalie Saint-Cricq de France Télévisions
01:44 et François Sfresos du journal Le Monde.
01:47 Bonjour.
01:48 On va revenir évidemment longuement sur la crise agricole,
01:51 mais d'abord on commence avec les images de la semaine, ce qui nous a marqués.
01:56 Sébastien Chenu, à vous, c'est une photo de votre circonscription.
02:00 Oui, c'est une photo de l'entreprise Valdun, dans ma circonscription, à Trissain-Léger.
02:06 Valdun, c'est le dernier fabricant de roues de train.
02:09 Son actionnaire principal chinois a choisi de se faire la malle
02:15 en portant avec lui les brevets, la technologie, le savoir-faire des ouvriers de Valdun.
02:20 Et les ouvriers, les employés, ils sont sur deux sites, les Frencouk près de Dunkerque
02:25 et je l'ai dit, Trissain-Léger près de Valenciennes, dans ma circonscription,
02:28 se retrouvent évidemment dans la difficulté.
02:30 J'ai voulu poser cette photo d'abord parce que nous sommes dans cette actualité brûlante
02:35 où il a fallu trouver un repreneur.
02:37 Moi, je me suis beaucoup investi.
02:39 Pas le seul, je pense que tous les services de l'État...
02:42 Le gouvernement aussi.
02:43 Oui, oui, non mais se sont investis.
02:45 Mais ça pose une question.
02:47 À qui elle sert cette mondialisation ?
02:49 À qui elle sert si à la fin, notre industrie n'est pas protégée ?
02:53 Notre industrie est laissée entre les mains d'investisseurs
02:57 qui, une fois qu'ils ont ce qu'ils veulent, repartent
03:00 et laissent à l'abandon les ouvriers de Valdun.
03:02 Ça pose la question de cette mondialisation.
03:05 Ça pose la question de la protection de notre industrie
03:09 à un moment où beaucoup d'entreprises stratégiques
03:11 ont été d'ailleurs achetées par des puissances étrangères dans notre pays,
03:14 où on a laissé, le gouvernement a laissé des entreprises stratégiques.
03:18 Je crois qu'il y en a à peu près 130 dans des secteurs stratégiques
03:20 qui ont été achetées par des puissances étrangères.
03:23 À un moment où il y a une faillite d'entreprises record dans notre pays.
03:27 Oui, à qui sert cette mondialisation ?
03:29 Je me tourne vers Nathalie Saint-Cricq.
03:31 Votre image de la sémaine, Nathalie.
03:33 Alors moi, je vais revenir sur l'hommage à Misak Manouchian.
03:37 D'abord parce que je trouvais que la cérémonie était assez belle.
03:41 Ensuite parce que je trouvais que c'était une forme de réparation.
03:43 C'est rare que j'emploie exactement les mêmes mots que Fabien Roussel.
03:46 Mais il a considéré effectivement que c'était une réparation.
03:49 Au Mont-Valérien, il n'y a pas de communistes.
03:51 Enfin, il y en a dans la clerière.
03:52 Il y en a eu dans la clérière des fusillés, mais pas dans le bâtiment.
03:55 Au Panthéon, il n'y en avait pas.
03:56 Et puis c'était des juifs apatrides et tout ça.
03:59 Et c'était aussi, d'une certaine manière, dans le discours du chef de l'État,
04:02 non pas un hymne à l'assimilation, mais quand même à l'intégration.
04:06 Il n'y avait pas du tout d'aveuglement ou d'ingénuité sur ce qui s'est passé.
04:12 On a reparlé du pacte germano-soviétique.
04:13 Donc on sait très bien que les communistes se sont engagés après.
04:16 Et puis il y avait aussi cette volonté d'assimilation.
04:19 Et c'est-à-dire que tous les parallèles avec aujourd'hui
04:21 peuvent sembler un petit peu fantaisistes parfois.
04:24 C'était simplement des gens qui adoraient, qui admiraient la France à cette époque,
04:28 dans la France qui rayonnait.
04:29 Et c'était quelque chose qui, pour une fois, faisait plaisir.
04:32 Enfin, pas une fois. Qui était agréable à voir parce qu'il y avait des gens jeunes
04:38 et qui ont accepté de se battre pour un pays dont ils n'avaient même pas la nationalité
04:43 au nom de la Révolution française, du siècle des Lumières et des valeurs qu'on pouvait porter.
04:47 Sébastien Chenu, vous avez assisté à cette cérémonie aux côtés de Marine Le Pen.
04:51 Vous étiez à l'aise avec cet hommage à M. Macron, à l'idéal communiste,
04:56 c'est ce qu'a dit Emmanuel Macron.
04:57 On peut séparer les choses.
04:59 Oui, j'ai assisté à cet hommage car évidemment Manouchian, c'est la résistance.
05:03 C'est la résistance. C'est pas le communisme uniquement, c'est d'ailleurs pas uniquement non plus l'Arménie.
05:09 C'est la résistance de gens qui se sont reconnus dans ce que la France portait de plus beau
05:13 et qui l'ont payé de leur vie.
05:15 Il y a eu un malaise quand même sur votre participation.
05:18 Non, il n'y a pas de malaise, madame.
05:19 Si, il y a eu un malaise qui a été exprimé sur votre participation
05:22 parce qu'au fond, ils ont été traqués quand même par la police vichysse.
05:26 Le Rassemblement National a quand même des origines d'extrême droite.
05:29 Donc, est-ce que vous les gommez complètement ?
05:32 En fait, par rapport à votre héritage, où vous situez-vous aujourd'hui ?
05:35 Je précise que le malaise a été exprimé par le comité de soutien aux Manouchians.
05:39 M. Sakoun a dit qu'il respectait non seulement les institutions,
05:43 que l'ORN était à ce titre invité et qu'il en respectait la présence.
05:47 C'est par rapport à votre devoir de mémoire, par rapport à votre propre mouvement ?
05:50 Pour le reste, si vous voulez qu'on parle de la mémoire, alors il faut tout dire, madame.
05:53 Il faut tout dire. Alors, il faut regarder aussi les autres.
05:57 Alors, il faut, madame Saint-Cricq l'a rappelé, les communistes ne sont entré…
06:01 Bien sûr.
06:01 Non mais laissez-moi aller jusqu'au bout de mon propos parce que c'est toujours comme ça.
06:04 C'est-à-dire qu'en fait, nous, on nous demande de se justifier.
06:07 Mais donc, je vais dire ce que j'ai à dire.
06:09 Les communistes se sont engagés à partir de 1941.
06:12 D'ailleurs, les héros communistes ne sont que des héros post-1941,
06:15 c'est-à-dire après 1942 en réalité.
06:18 Je note aussi que plus récemment, pas la semaine dernière,
06:22 mais il y a 15 jours à l'Assemblée nationale,
06:25 les élus communistes se sont abstenus sur une résolution concernant l'Arménie.
06:29 Donc, vous voyez, on peut faire le tri, mais moi, je n'ai pas de leçon à recevoir.
06:32 Je vous le dis simplement. Vous nous dites qu'il y a un héritage.
06:35 En 72, quand le Rassemblement National, enfin le Front National est créé,
06:38 ils rassemblent des gens qui ont fait des choix différents pendant la guerre.
06:42 Pourquoi est-ce que ces gens se sont mis ensemble en 72 ?
06:45 Parce que la menace, c'était l'Union soviétique, madame.
06:47 Parce que c'était l'URSS communiste, c'était ça.
06:50 Et que les gens qui n'étaient pas gaullistes à droite,
06:52 certains avaient fait les mauvais choix pendant la guerre, comme beaucoup de Français,
06:55 d'autres avaient fait les bons choix, comme Georges Bidot, comme beaucoup de Français,
06:59 et beaucoup de Français avaient été attentistes,
07:00 et il y avait beaucoup de Français qui, attentistes, s'étaient retrouvés dans le Front National.
07:04 La menace en 72, c'était l'URSS.
07:07 Donc, vous retrouviez effectivement des gens qui n'avaient pas été résistants,
07:10 des gens qui l'avaient été, et à parité.
07:13 Donc, aujourd'hui, expliquez que nous n'avons pas soldé un héritage,
07:17 que Marine Le Pen a soldé de la façon la plus...
07:19 Non, c'est pas du tout ça.
07:20 Tranché qu'il soit...
07:21 Comment vous vous situez par rapport à votre héritage ?
07:24 L'héritage, il a été tranché.
07:26 Nous sommes un parti totalement républicain, les Français l'ont tranché.
07:29 D'ailleurs, finalement, ce sont les Français qui tranchent.
07:32 Il n'y a personne qui doit donner des brevets,
07:34 personne ne doit trier les bons et les mauvais élus,
07:37 dire qu'un tel et un tel n'est pas légitime,
07:39 ce qu'a tenté de faire le président de la République.
07:42 Les Français, ils ont tranché.
07:43 Et je vais plus loin.
07:44 Personne n'a instrumentalisé la Shoah,
07:48 les épisodes les plus tragiques de notre histoire,
07:50 au radour sur glane pendant une campagne électorale,
07:53 personne n'a à faire ça dans le monde politique.
07:55 Alors attendez, juste deux petits points.
07:57 Quand vous dites "les gens qui ont fait les mauvais choix",
08:00 vous comprenez quand même que ça va peut-être un petit peu plus loin que faire le mauvais choix ?
08:03 Le choix de la collaboration ou d'être dans la milice ?
08:06 Mais Madame, c'est un choix tragique,
08:08 c'est un choix scandaleux,
08:09 je n'ai pas de mots assez forts pour le dire, évidemment.
08:11 Mais c'est un mauvais choix au sens premier du terme.
08:14 C'est le plus mauvais des choix.
08:16 Mais tout le monde n'a pas été, vous savez, pour reprendre,
08:18 je crois que c'est Aragon qui dit "je ne veux être ni un exemple ni une excuse".
08:23 Donc personne n'a à donner des leçons d'exemplarité ni d'excuses aux uns ou aux autres,
08:29 et surtout pas le parti communiste aujourd'hui.
08:31 Est-ce que puisque vous êtes régulièrement énervé ou exaspéré
08:34 par cette façon de vous renvoyer au passé,
08:36 ne serait-il pas souhaitable aujourd'hui
08:39 de faire ce qu'on appelait un devoir d'inventaire ?
08:41 Au moment où l'histoire de la Francisque de François Mitterrand est apparue,
08:45 à un certain nombre de moments dans l'histoire des partis politiques,
08:48 les gens ont dit "ça c'est pas possible, c'est plus nous, c'est pas nous".
08:52 Moi, quand j'ai commencé à travailler,
08:54 meeting de Nice, ça doit être en 90,
08:57 il y a un Waffen-SS, Franz Schoenhuber, qui était sur la tribune.
09:00 Madame, ce que vous exigez de nous, vous l'exigez peu des autres.
09:04 C'est-à-dire que vous nous demandez un droit d'inventaire,
09:06 mais moi je suis tout à fait d'accord, vous savez.
09:07 Moi je viens de l'UMP, les Républicains,
09:10 je n'ai aucun problème avec ça, mais Marine Le Pen l'a fait.
09:13 La réalité c'est que Marine Le Pen, en rompant avec Jean-Marie Le Pen,
09:17 pour ces raisons-là, pour des propos qui étaient liés à ses commentaires sur la Seconde Guerre mondiale,
09:22 en rompant, a dit "je ne veux pas supporter, accepter ce discours-là".
09:27 Elle a fait la rupture la plus forte qui soit, je crois, dans un mouvement politique,
09:32 avec non seulement son fondateur, qui était aussi accessoirement son père.
09:36 Donc aujourd'hui, essayer de nous faire porter un chapeau qui est un peu large,
09:40 et de nous ramener à l'histoire de l'extrême-droite de notre pays,
09:43 c'est évidemment aller largement au-delà de ce qu'est aujourd'hui le Rassemblement national.
09:48 Sa partie, républicain, souverainiste.
09:50 Je crois que personne ne peut nous faire le procès
09:53 d'avoir des propos qui ne soient pas parfaitement républicains.
09:56 Et ceux qui le font, le font pour de mauvaises raisons,
09:58 qui sont celles d'instrumentaliser l'histoire de notre pays à des fins politiciennes,
10:03 comme l'a fait le Président de la République d'ailleurs, entre les deux tours.
10:06 Car moi, voir le Président de la République déambuler au radour sur Glane,
10:09 plein de sous-entendus, je trouve que ce sont des méthodes,
10:12 largement contestables dans une démocratie.
10:15 On va passer à ce qui vous a marqué François Espresso cette semaine.
10:18 Alors c'est évidemment le Salon de l'agriculture hier,
10:21 et cette image d'Emmanuel Macron, né à 9h du matin,
10:25 et il rentre dans une colère par rapport à l'invitation lancée au soulèvement de la terre,
10:31 au fond qui...
10:33 Qui a été un peu contactée malgré le travail.
10:35 Voilà, en fait, l'Élysée lance cette invitation,
10:38 lui il dit "je ne l'ai jamais lancée, on ne saura jamais",
10:40 mais on sait que cette invitation fait capoter l'initiative de l'Élysée,
10:44 qui était d'essayer d'organiser un grand débat national au Salon de l'agriculture.
10:49 Et à partir de cette colère, en fait, on se demande
10:52 comment va se passer la journée,
10:54 et est-ce qu'il va arriver à faire le Salon de l'agriculture
10:58 comme il l'avait fait les autres années.
11:00 Et alors finalement, la journée s'étire,
11:03 il y a sans arrêt des va-et-vient, des mouvements avec la foule, des manifestations.
11:08 Il arrive quand même à faire son débat,
11:09 il arrive à déambuler,
11:11 il arrive à rester 13 heures exactement comme l'année dernière,
11:14 mais il n'arrive pas en revanche à désamorcer,
11:17 ce qu'en fait renvoie l'image,
11:19 c'est qu'il a été non pas un facteur d'apaisement,
11:21 mais un facteur au fond de colère, de tension dans cette crise.
11:25 Et je pense que c'est inquiétant pour lui,
11:28 vis-à-vis évidemment de ses adversaires,
11:30 parce que c'est cette journée de tension qui reste,
11:32 mais aussi au sein de son propre camp,
11:34 c'est-à-dire qu'il y a une autorité présidentielle qui est un peu mise à mal,
11:38 parce que les dernières initiatives ne contribuent pas à l'apaisement.
11:42 Alors il ne faut pas être dupe,
11:43 on est quand même dans une situation syndicale
11:46 où tous les syndicats sont en campagne,
11:47 il y a l'LDES européenne,
11:49 il y a une récupération politique,
11:50 mais le fait est que le président de la République
11:52 s'est quand même mis lui-même en difficulté dans cet épisode.
11:56 [Musique]
11:59 - Il y a des gens qui sont là avec un projet politique,
12:01 c'est de servir le Rassemblement national,
12:03 et de mener une campagne politique.
12:05 L'agriculture française, elle mérite mieux que la mauvaise politique,
12:08 et elle mérite mieux que leur projet de décroissance et de bêtise,
12:12 qui consiste à expliquer aux gens
12:14 que la solution ce serait de sortir de l'Europe.
12:16 Le Rassemblement national, c'est parti du Frexit.
12:18 - C'était donc hier au salon de l'agriculture,
12:21 on l'a dit, une ambiance très tendue,
12:23 et le chef de l'État qui le dit de façon assez claire,
12:27 plusieurs fois au cours de sa visite,
12:29 ceux qui ont provoqué ce chahut, cette forte tension,
12:33 sont liés au RN, portent le projet politique du RN.
12:36 D'abord, qu'est-ce que vous lui répondez Sébastien Chenu ?
12:39 - Quel fiasco ! Quel fiasco !
12:41 Lorsque Emmanuel Macron va quelque part,
12:44 qu'il oppose les Français les uns aux autres,
12:46 il l'a fait avec Manouchian, il le fait avec les agriculteurs,
12:49 et qu'il n'est pas capable d'unir notre pays.
12:51 - Mais d'abord sur son accusation, peut-être,
12:53 sur le fait que ce soit des gens qui sont en lien avec vous,
12:56 qui ont provoqué ce chahut.
12:58 - Emmanuel Macron n'assume aucune de ses responsabilités,
13:00 ça devient même un marqueur de sa politique.
13:02 Il ne les assume pas lorsqu'il s'agit de dire
13:05 qu'il n'avait pas invité les soulèvements de la terre,
13:07 un débat à l'Elysée.
13:08 Pire, il pourrait même se défausser sur ses conseillers,
13:11 ce qui, à mon avis, est le pire des comportements
13:13 lorsqu'on est un chef de l'État.
13:14 Emmanuel Macron n'assume pas ses responsabilités,
13:16 puisque bientôt, la crise agricole,
13:20 c'est la faute du RN,
13:22 la guerre en Ukraine, c'est la faute du RN,
13:24 la crise dans l'école, c'est la faute du RN.
13:28 Préparons-nous à ce que d'éventuels problèmes
13:31 que nous ne souhaitons pas aux Jeux Olympiques
13:33 soient évidemment de la faute du RN.
13:35 Tout ça montre un président de la République perdu,
13:38 qui n'assume rien, qui fait de la politique politicienne,
13:42 qui a utilisé sur le dos des agriculteurs ce salon
13:45 pour essayer de lancer une campagne européenne.
13:48 Formal, on l'a vu, ça ne lui a pas porté chance.
13:51 - Vous avez des liens avec la coordination rurale,
13:53 avec ceux qui ont beaucoup été parmi ceux
13:55 qui ont provoqué le chahut hier ?
13:57 - Madame, nous avons des liens avec toutes les organisations
14:00 syndicales, agricoles, et c'est notre devoir que d'en avoir.
14:03 Moi, je ne fais pas le reproche au président de la République
14:05 d'avoir mis sur sa liste la dernière fois
14:07 le président des jeunes agriculteurs, M. De Serles.
14:10 Je ne lui dis pas "mais vous avez un lien politique
14:15 avec des représentants syndicaux".
14:17 - Mais on a des liens. - La coordination rurale, on sait.
14:19 Mais ils ont le droit en plus, c'est totalement...
14:21 La question est, quel est le droit ?
14:23 - Moi, je n'enferme pas.
14:24 Non mais parce que derrière, il y a une espèce de procès
14:26 qui est fait à la coordination rurale
14:27 pour délégitimer leurs paroles.
14:30 "Ah, vous êtes proche du RN, votre discours est proche du RN,
14:33 donc quelque part, vous êtes manipulé ou manipulable."
14:35 La coordination rurale n'est ni manipulée, ni manipulable.
14:39 Pas plus, pas moins d'ailleurs que les autres.
14:41 - Oui, mais c'est banal. - Oui, mais ils le revendiquent.
14:44 Pas plus, pas moins que les autres.
14:45 La FNSEA, historiquement, a eu des liens avec la droite.
14:49 Il y a même eu des ministres de l'Agriculture
14:51 dans les gouvernements de droite.
14:52 Le président de la FNSEA, je crois, était,
14:54 au moins qu'on puisse dire, très proche d'Emmanuel Macron
14:57 à une certaine époque.
14:58 Tout ça n'est pas très grave dans une démocratie.
15:01 On entretient des relations avec les corps intermédiaires,
15:04 avec les syndicats.
15:05 Il y a eu quand même, hier,
15:08 des groupes qui ont organisé la violence
15:11 et qui n'étaient pas la majorité des agriculteurs non plus.
15:14 Donc il y a quand même eu aussi une mise en scène
15:16 assez liée à la proximité des élections syndicales
15:20 et à la proximité des élections européennes.
15:23 Il y avait quand même aussi une volonté de faire monter la violence
15:25 et de montrer que le dialogue était impossible, en fait.
15:28 En tout cas, il y avait une volonté de faire comprendre à Emmanuel Macron
15:31 que les politiques qu'il mène...
15:33 Ça, vous ne le désavouez pas, ça.
15:35 Qu'est-ce que vous entendez ?
15:36 Que le RN, derrière...
15:37 Non, pas du tout.
15:38 Je veux dire qu'il y a eu quand même une mise en scène
15:40 de la portée de la violence et de la colère.
15:42 Les agriculteurs sont des gens libres et indépendants.
15:44 Ils ont choisi de dire à leur façon
15:47 ce qu'ils pensent des mensonges d'Emmanuel Macron,
15:49 des fake news aussi.
15:50 Car je rappelle, Emmanuel Macron a développé
15:53 un certain nombre de fake news durant toute la journée.
15:55 Je vous donne la première, je les ai notées.
15:57 L'Europe ne peut pas réduire sa production agricole.
15:59 Mais les élus d'Emmanuel Macron, au Parlement européen,
16:03 ont voté toutes les directives qui réduisent la production agricole,
16:07 les surfaces d'exploitation agricole,
16:09 ou lorsqu'Emmanuel Macron dit "les revenus ont augmenté".
16:12 Non mais d'accord, ils ont augmenté de 11%
16:13 et en moyenne, c'est 1800 euros le revenu d'un agriculteur.
16:17 Comment voulez-vous que les agriculteurs ne soient pas...
16:20 Bien sûr, mais ne soient pas hérissés en entendant ça.
16:22 Résultat, vous avez un président bunkerisé,
16:26 qui termine par des échanges informels très loin des agriculteurs.
16:30 Oui d'accord, mais il peut passer du temps sans voir personne.
16:32 Les halls ont été vidés des agriculteurs et des visiteurs.
16:36 Il a discuté avec ceux qu'il a rencontrés.
16:38 Sur le fond des mesures, il a proposé quand même des choses hier, Emmanuel Macron.
16:43 Commençons par une mesure qui a été un peu la mesure phare hier,
16:45 c'est les prix planchers.
16:47 Juste avant, vous allez voir, c'est un petit peu décalé,
16:49 mais avoir un mot, puisque avant hier soir, c'était les Césars,
16:53 pour Raphaël Kenard qui a rendu un très bel hommage aux agriculteurs dans notre pays.
16:58 Et je trouve que ça fait du bien aussi d'entendre ça,
17:01 d'entendre des gens qui, parfois éloignés, rendent un très bel hommage.
17:04 Sur les annonces du gouvernement, il y a beaucoup à dire.
17:06 D'abord, il y a aussi ce qui n'a pas été fait, ce qui n'a pas été tenu,
17:09 ce qui hérisse les agriculteurs.
17:11 Et puis il y a effectivement les débats d'aujourd'hui et probablement de demain.
17:14 Les prix planchers en font partie.
17:15 Alors les prix planchers, justement, à l'Assemblée nationale,
17:17 vous étiez prononcés pour les prix planchers.
17:21 Qu'est-ce que vous en pensez ?
17:22 Est-ce que c'est une solution qui est viable ?
17:23 Est-ce que vous la soutiendrez si ça va au bout ?
17:26 Alors, les prix planchers, nous, nous avons soutenu et proposé cela il y a déjà fort longtemps.
17:32 Fixer des prix planchers, c'est-à-dire ne pas vendre en dessous du prix de revient.
17:38 À l'époque, le gouvernement, le ministre de l'Agriculture,
17:41 n'ont pas eu de mots assez durs pour dire que ceci n'était pas faisable, scandaleux.
17:46 Si on rentre dans le fond du sujet, une des contestations sur les prix planchers,
17:51 c'est de dire qu'au fond, le prix plancher, ça risque aussi de devenir un moment affrippant.
17:54 Bien sûr.
17:55 Et qu'au fond, il y a aussi le rappel de tout ce qui s'est passé,
17:58 où au moment où il y avait des prix planchers,
18:00 enfin, il y avait des quantités de lait, de beurre invendu absolument.
18:05 Donc, est-ce que tout ça ne montre pas que les solutions sont extrêmement difficiles ?
18:11 Il n'y a pas de solution simple,
18:13 notamment parce qu'on est articulé entre le niveau national et le niveau français.
18:16 Et d'ailleurs, au niveau européen aussi.
18:18 Il y a plein de contradictions à résoudre.
18:19 Et est-ce qu'au fond, le sujet agricole, ce n'est pas la somme de toutes ces contradictions ?
18:23 Et que ça mérite plusieurs choses.
18:24 Et au niveau européen, dans la PAC, les eurodéputés RN n'avaient pas voté ce prix plancher, notamment pour le lait.
18:29 Les eurodéputés ont voté la PAC sur les prix planchers.
18:33 Effectivement, il ne faut pas que le prix plancher devienne le prix plafond.
18:35 Et donc, ça doit se travailler par filière.
18:37 C'est aussi ce que nous avons proposé.
18:39 C'est aussi ce qui nous a été refusé.
18:41 Que de temps perdu.
18:43 Est-ce qu'on se rend compte que ce gouvernement,
18:45 enfin ce président, qui est là depuis 7 ans,
18:47 qui insulte ses opposants matin, midi et soir,
18:50 qui, lorsque nous faisons des propositions,
18:52 car la démocratie, c'est faire des propositions,
18:54 nous nous faisons renvoyer dans nos cordes en disant
18:56 "Mais enfin, vous êtes des démagos, c'est impossible à mettre en place, c'est scandaleux",
19:00 qui ne prend pas en compte les propositions que nous faisons,
19:02 pour y revenir ensuite, quelques temps après.
19:04 Que de temps perdu.
19:06 Bien sûr, ce n'est pas simple.
19:07 Qui dit que c'est simple ?
19:08 Rien n'est simple.
19:09 Le contexte européen a aussi été impacté par la guerre en Ukraine,
19:12 par tout ce qui se passe sur le cours des CEREA.
19:15 Donc, est-ce qu'au fond, il ne faut pas admettre que tout ce sujet est d'une énorme complexité ?
19:20 L'idée, alors, sur le grand débat national,
19:23 c'était peut-être très mal venu, parce qu'il y avait un invité trop,
19:27 mais est-ce qu'il n'y a pas un moment,
19:29 l'idée qu'il faudrait mettre tous les acteurs autour de la filière,
19:31 enfin de la filière autour d'une table,
19:33 et de montrer vers quoi on veut aller collectivement.
19:37 Est-ce que ce n'est pas ça la bonne solution ?
19:38 D'accord, mais enfin, ça fait 7 ans qu'ils sont aux manettes.
19:40 Ils ne l'ont pas fait.
19:41 Est-ce qu'on peut confier la résolution des problèmes aux gens qui les ont créés,
19:46 ou pire, qui ont encouragé une certaine...
19:48 Mais vous-même, vous avez beaucoup bougé, vous avez beaucoup bougé au RN.
19:50 Non, mais vous étiez au départ pour la défense d'une agriculture très productiviste,
19:55 et puis maintenant, vous êtes plutôt dans la défense du petit.
19:57 Ils se sont laissés entraîner.
19:58 Pire, ils ont encouragé un modèle de décroissance au Parlement européen.
20:02 Ils ont voté tout ce qui est tourné vers un modèle de décroissance.
20:07 Alors aujourd'hui, évidemment, ça coince.
20:09 Mais les prix planchers, ce n'est pas la seule solution.
20:11 Le contrôle des marges, c'est quand vous vous rendez compte que les industriels,
20:16 eux, ont été largement bénéficiaires en milliards d'euros ces dernières années.
20:19 Nous, on a demandé à ce qu'il y ait pu y avoir non seulement un contrôle des marges,
20:23 mais probablement une contribution également.
20:25 L'étiquetage, c'est une autre voie qui n'a pas été explorée par le gouvernement.
20:30 L'origine score.
20:31 Là, le gouvernement propose de mettre en place un origine score,
20:34 qui est justement de situer dans chaque produit alimentaire d'où viennent les différents aliments.
20:39 Pourquoi est-ce que lorsque nous proposons cela,
20:41 parce que nous n'inventons pas ça dans nos têtes,
20:43 nous inventons ça parce que nous dialoguons avec les professionnels du secteur
20:46 et nous considérons qu'il faut aller vers des chemins sur lesquels nous ne sommes pas allés,
20:51 essayer, trouver des solutions.
20:53 Pourquoi est-ce que ce gouvernement balaye ça, si ce n'est pour des raisons totalement idéologiques ?
20:56 Vous le voterez si l'origine score est mis en place ?
20:59 Il y a quand même des avancées.
21:00 Juste, vous le voterez l'origine score si ça passe par voie légale ?
21:04 On va voir ce qui est présenté.
21:05 Je vous donne un autre exemple.
21:06 Les négociations commerciales avec les industriels, avec l'agroalimentaire, ont lieu une fois par an.
21:11 Est-ce qu'on ne pourrait pas décider que ça puisse avoir lieu, par exemple,
21:13 vous parliez tout à l'heure de réunir les gens autour d'une table,
21:15 avoir lieu deux fois par an ou à des dates différentes ?
21:18 C'est envisagé.
21:19 C'est envisagé, mais aujourd'hui on a l'impression qu'ils ont trouvé des solutions pour tout.
21:24 La réalité, c'est que les agriculteurs ne seraient pas en colère
21:27 s'ils avaient travaillé sur les pensions de retraite.
21:30 Ça fait deux ans que les pensions de retraite des agriculteurs doivent entrer en vigueur.
21:34 Ça fait deux ans.
21:35 Il en faut peut-être encore deux, vous me direz, pour que ça arrive.
21:37 Sur la taxation, sur les droits de succession pour les agriculteurs, où en sommes-nous ?
21:41 Vous allez me dire "c'est fait".
21:42 On ne va rien vous dire.
21:43 On ne va rien vous dire, c'est prévu.
21:45 On vous dit simplement que les choses qui ont été faites pour l'instant…
21:48 Le plan d'être fruits et légumes ?
21:49 Le plan éco-phyto sur lequel on a juste mis les doigts pause pour quelques jours ?
21:52 Le plan fruits et légumes, il y a je ne sais pas combien de mois ?
21:54 Non, non, le plan pause, attendez, on peut présenter ça aussi comme un plan pause.
21:57 Mais quand on veut substituer des choses non dangereuses à des choses qui le sont,
22:01 on peut mettre le plan pause qui a été fait.
22:02 Pour le glyphosate, les néonicotinoïdes, ce n'est pas complètement aberrant.
22:05 Pour ce qui est des mesures prises pour l'instant, on a eu au hasard les saisonniers
22:11 qui peuvent rentrer dans les secteurs qui sont considérés comme secteurs en tension
22:15 pour venir aider ceux qui ont du mal à recruter.
22:17 Le GNR, toutes ces choses, l'Agercher…
22:20 Non, Madame.
22:21 Non, d'accord.
22:22 Non, mais Madame, allons-y.
22:24 Le GNR, même chose.
22:26 On a proposé au gouvernement lors de la loi de finances, l'hiver dernier…
22:30 C'est le gasoil non routier.
22:31 Le gasoil non routier qui bénéficiait d'une exonération fiscale.
22:34 Nous avons proposé de maintenir cette exonération fiscale.
22:37 Le gouvernement a dit non.
22:39 Ils ont voté contre le maintien de cette exonération fiscale.
22:42 Aujourd'hui, machine arrière, le gouvernement, la majorité est d'accord.
22:47 Mais écoutez, lorsqu'on propose…
22:48 Mais quand ils font quelque chose, vous ne pouvez pas dire que…
22:50 D'accord, d'accord.
22:51 Ils vous ont copié et que finalement…
22:53 Non, mais il faut qu'il soit…
22:54 Non, mais moi, je me réjouis pour les agriculteurs que le GNR bénéficie encore d'une exonération fiscale.
22:58 Mais enfin, sincèrement, d'abord, ce n'est pas une victoire.
23:00 C'est toujours ce qui sortira un peu moins de leur poche.
23:03 Mais ce n'est pas quelque chose qui rentre en plus dans leur poche.
23:05 Mais si vous voulez, ces gens sont des amateurs, Madame.
23:08 Au mieux, ce sont des amateurs.
23:09 Au pire, ce sont des gens qui…
23:11 Vous ne vouliez pas sortir la PAC dans le temps, Monsieur Chenu ?
23:13 Non, nous souhaitons qu'elle soit renationalisée, la PAC.
23:16 C'est-à-dire que nous considérons que 9,5 milliards peuvent être mieux dirigés par filière, par les gouvernements nationaux.
23:22 Mais en baissant la contribution de la France à l'Europe, vous allez aussi baisser les aides de la PAC qui, aujourd'hui, permettent aux agriculteurs de vivre.
23:28 Non, Madame, parce que nous souhaitons une PAC qui soit renationalisée, parce que nous considérons que l'argent qui est utilisé pour la PAC,
23:34 les mêmes sommes peuvent être mieux utilisées par les gouvernements nationaux qui peuvent mieux les flécher vers leur filière.
23:40 Mais vous voyez, sur toutes ces solutions, ils sont responsables depuis 7 ans.
23:45 Et en réalité, bien avant, puisqu'on retrouvait déjà les mêmes aux commandes bien avant.
23:49 Vous avez parlé du GNR, nous avons parlé des prix planchers.
23:53 Mais tout ça, on aurait pu éviter de faire souffrir la profession agricole.
23:56 Mais vous faites attention, au fond, le monde a bougé aussi.
23:58 Il y a eu la guerre en Ukraine, il y a eu des tensions sur les cours des trucs.
24:03 Il y a une difficulté… Voilà, donc il faut une adaptation en permanence.
24:08 Et ce qui est quand même très troublant, c'est qu'on n'arrive pas à avoir un débat national un peu apaisé sur la question.
24:14 Parce que chacun y va de sa solution et que personne n'arrive à trouver…
24:18 Non, parce qu'il y a une hypocrisie.
24:19 Et je vous donne deux exemples.
24:21 Parce que le président de la République dit qu'il s'oppose ici au Mercosur
24:25 et que le Mercosur continue à être négocié au Parlement européen.
24:28 Certains négocient, mais pour l'instant, il a dit que c'était niais et que c'était bloqué.
24:31 D'accord, mais ce n'est pas lui qui décide visiblement, puisqu'il a accepté que ce soit la Commission européenne qui négocie pour la France.
24:35 Il y a même des pays, je pense à l'Allemagne par exemple, qui poussent pour le Mercosur.
24:39 Donc à partir du moment où on accepte de tout laisser, de laisser tous les pouvoirs à la Commission…
24:43 Et vous, vous faites quoi ?
24:44 Je viens sur un autre exemple.
24:46 On nous dit "c'est fini sur les normes, vous allez voir, il y aura beaucoup moins de normes qui vont impacter".
24:50 Et qu'est-ce qu'on apprend ? Le permis de conduire pour les tracteurs va être instauré pour les agriculteurs.
24:57 Est-ce qu'on ne se moque pas des gens à un point qui fait que la confiance s'écroule ?
25:02 Évidemment que les agriculteurs n'ont pas confiance dans ce gouvernement qui vient leur dire…
25:05 Et vous avez posé des amendements sur ces permis tracteurs, parce que les écologistes et les communistes vont vraiment travailler dessus.
25:11 Nous nous y opposons. C'est pour ça qu'il nous faut des députés européens le 9 juin.
25:15 C'est pour ça qu'il faut qu'avec Jordan Bardella, un maximum de parlementaires rassemblés en national…
25:18 Vous pouvez voter comme les écologistes au Parlement européen sur cette histoire de permis tracteur ?
25:22 Mais Madame, nous on s'opposera au fait qu'il y ait un permis tracteur pour les agriculteurs.
25:26 Ça a été concocté par les écologistes. Le gouvernement visiblement ne s'y est pas opposé jusqu'à présent.
25:31 Alors les européennes justement ?
25:33 Sur les grands groupes comme la distribution, on en a parlé tout à l'heure.
25:37 Ou alors des entreprises comme Lactalis dont on a vu qu'elles dominent totalement le marché et qu'elles font ce qu'elles veulent.
25:42 Est-ce que vous pensez qu'il faut rentrer en guerre pour le coup ?
25:46 C'est-à-dire être assez violent avec la grande distribution et avec tous les intermédiaires qui font qu'au finish les agriculteurs…
25:51 En tous les cas, il faut être plus exigeant sur la transparence. Nous avons demandé qu'il y ait une transparence sur les marges.
25:55 Ça c'est prévu aussi.
25:57 Tout est prévu, formidable.
25:58 Mais je ne vous dis pas…
25:59 Raison pour laquelle nous avons utilisé notre droit de tirage d'ailleurs pour une commission d'enquête sur la souveraineté alimentaire française.
26:06 Savoir qui profite, qui obtient, quelles sont les modalités.
26:10 Et je pense que tout ça va nous éclairer et nous permettra ensuite d'être très exigeants vis-à-vis de ceux qui,
26:15 je l'ai dit tout à l'heure, dans l'industrie agroalimentaire par exemple, sont largement bénéficiaires même en période de crise agroalimentaire.
26:23 On a bien compris que ce serait le sujet des européennes, l'agriculture.
26:26 L'un des sujets.
26:27 L'un des sujets.
26:28 Le Parlement européen ou le RN siège dans le groupe Identité et Démocratie aux côtés notamment des Allemands de l'AFD, Alternative for Dutchland,
26:38 dont des membres, le conseiller notamment d'Alice Weidel, la coprésidente, ont participé à cette fameuse réunion secrète à Potsdam pour travailler un plan de remigration d'étrangers et de citoyens non assimilés.
26:51 Marine Le Pen était très en colère en janvier.
26:54 Elle l'a dit publiquement et pourtant mardi elle a déjeuné avec Alice Weidel.
26:59 C'est d'ailleurs Alice Weidel elle-même qui en a parlé sur Twitter au début.
27:02 On a l'impression que vous ne comptiez pas les bruiter.
27:04 Est-ce que vous avez un peu honte de ces alliés allemands ?
27:07 Non mais pas du tout.
27:08 D'abord, qu'est-ce que c'est qu'un allié ?
27:09 Un allié c'est quelqu'un qui partage avec vous des objectifs à un moment donné dans un cadre donné.
27:14 Nous partageons des objectifs avec des alliés très différents qui sont les objectifs de voir les nations reprendre leur part de souveraineté
27:21 dans ce qui concerne les échanges européens, stopper l'immigration extra-européenne.
27:28 Ça ce sont des objectifs qui sont partagés.
27:30 Mais il y a des lignes rouges peut-être ?
27:32 Et bien justement, parce qu'il y a une ligne rouge que nous ne souhaitons pas franchir,
27:35 notamment sur la remigration, nous avons Marine Le Pen à exprimer de façon très claire à Alice Weidel
27:41 qu'elle était tout à fait défavorable en ce qui la concerne à cette politique de remigration.
27:47 Quand on a des alliés, je vais vous donner un exemple très parlant, on ne cherche pas des clones,
27:52 on ne cherche pas des gens qui vous ressemblent et qui sont d'accord avec vous, surtout,
27:55 parce que dans les politiques intérieures des pays, on pourrait d'ailleurs regarder,
27:58 avec la ligue italienne, on n'est pas d'accord, surtout dans les politiques intérieures qu'ils mènent.
28:02 Mais regardez Mme Metzola, la présidente du Parlement européen, elle vient des rangs du PPE.
28:07 Elle a été élue par les socialistes, elle a été élue par les macronistes, elle a été élue par les républicains français.
28:13 Non, Mme Metzola, je termine ce propos, il est important, elle est hostile à l'avortement.
28:18 Est-ce qu'on fait porter sur les partis politiques qui ont élu une présidente du Parlement européen ?
28:23 Non, on ne l'a pas élue, Mme Metzola. Est-ce qu'on fait porter sur les épaules de ces partis le poids de cet engagement ?
28:31 Si on reste quand même sur cette histoire de remigration, l'AFD, dans le programme européen actuel,
28:35 il y a cette phrase "la remigration doit être mise en place et développée au niveau national et européen".
28:40 Nous ne nous souscrivons pas à cette proposition de l'AFD qui est destinée à ses électeurs,
28:49 mais à laquelle nous ne souscrivons pas à cette proposition.
28:55 Est-ce que dans le cadre des élections européennes et du prochain scrutin,
28:58 vous n'auriez pas intérêt à vous rapprocher davantage de Georgia Meloni, quitter ce groupe où l'AFD est un partenaire un peu encombrant ?
29:07 Est-ce que vous allez recomposer vos alliances ou pas ?
29:10 Ce sont les Français qui vont recomposer les alliances.
29:12 Ce sont les Français qui vont envoyer des députés européens et qui vont choisir à qui ils font confiance.
29:17 Donc à partir de là, nous verrons effectivement avec qui nous souhaitons travailler.
29:21 Mais est-ce que vous avez au périn un rapprochement avec Georgia Meloni ou pas ?
29:24 Non, parce que Georgia Meloni a souhaité prendre un chemin qui ne nous convient pas,
29:27 tant sur l'immigration que sur une certaine forme de soumission à l'Union européenne.
29:31 Peut-être le chemin de l'exercice du pouvoir par rapport à la conquête du pouvoir ?
29:34 Non, parce que Georgia Meloni attend de l'Union européenne un plan de relance de plusieurs dizaines de milliards d'euros
29:40 et que l'Union européenne lui a dit qu'elle allait le négocier.
29:44 On touche là à un point très intéressant sur votre comportement.
29:48 Pendant très longtemps, le Rassemblement national a dit qu'on allait sortir de l'Union européenne, de l'euro, on allait faire un clash.
29:56 Et là, vous êtes dans une politique bien plus compliquée, où au fond, vous ne la quittez pas,
30:01 mais vous essayez de la dynamiter quand même de l'intérieur.
30:04 Et Georgia Meloni, quand elle a essayé de faire ça, notamment sur l'immigration,
30:09 elle s'est aperçue que ce n'était pas possible et qu'elle avait intérêt à se protéger derrière l'Europe.
30:12 Et vous, comment est-ce que vous allez dire à vos électeurs que vous pouvez être à la fois nationaux et dans l'Europe ?
30:21 On n'arrive pas bien à comprendre.
30:23 En fait, on comprend que vous êtes beaucoup moins caricaturel qu'avant, mais on ne comprend pas non plus la ligne suivie.
30:29 Comme je l'ai dit tout à l'heure, les choses changent, l'histoire amène les positions à évoluer.
30:34 Et celle de l'Union européenne ne manquera pas d'évoluer.
30:37 Elle ne manquera pas d'évoluer parce que, d'ailleurs, elle évolue déjà sur un certain nombre de points, et on le voit.
30:41 Nous passons, nous sommes depuis deux mois et pour six mois, en présidence belge, avec des enjeux qui sont excessivement importants.
30:48 Un enjeu budgétaire.
30:50 Le coût du soutien à l'Ukraine, par exemple, est une problématique budgétaire pour l'Union européenne,
30:55 qui doit voir si elle lève ou pas un impôt européen.
30:58 L'enjeu migratoire, le pacte des migrations.
31:02 L'enjeu environnemental.
31:04 Nous avons dit, est-ce qu'on va vers une politique de décroissance ?
31:07 C'est le pacte vert de Madame van der Leyen, qui coûte, je crois, à la fin, 650 milliards d'euros à l'Union européenne.
31:14 Donc il y a des enjeux sur lesquels il va y avoir des réponses.
31:17 Est-ce que l'Europe peut maintenir des réponses qui sont, il faut toujours moins de souverainisme,
31:23 et redonnez-nous des pans entiers de votre souveraineté nationale,
31:26 une défense européenne, un impôt européen, ou est-ce qu'il faut, au contraire, redonner aux nations des marges de manœuvre ?
31:32 Nous, nous pensons qu'il faut redonner aux nations des marges de manœuvre.
31:34 Et nous sommes de plus en plus nombreux à le penser.
31:38 - Votre première mesure, c'est un referendum pour renationaliser la politique d'immigration.
31:41 - Bien sûr. - C'est un clash avec l'Europe, ça.
31:43 - Je reviens sur vos... - Oui, alors ?
31:44 Bien sûr qu'il faut avoir des clashes avec l'Europe pour montrer qu'on n'accepte pas tout.
31:48 - Mais ça veut dire que vous sortez... - Si la France...
31:50 - ... contreprend de l'Europe ? - Ah non, pas du tout.
31:51 Non, mais vous savez que des traités, ça se renégocie.
31:53 Vous savez qu'il y a même des directives qui ne s'appliquent pas.
31:56 Vous savez qu'il y a aussi des traités qu'on peut renégocier sans sortir de l'Union européenne.
32:01 Je pense par exemple à Schengen.
32:03 Vous savez que, je vous donne une directive intéressante qui n'a pas été appliquée.
32:08 C'était celle, par exemple, sur le contrôle technique des deux roues.
32:11 Il y avait une directive qui devait faire en sorte qu'il y ait un contrôle technique des deux roues.
32:15 La France a dit, sous la pression des deux roues, des utilisateurs des deux roues,
32:19 bon, ben, finalement, on ne va pas l'appliquer.
32:21 Donc, on peut avoir effectivement des clashes, qui sont parfois des mini-clashes,
32:25 comme celui que je viens de vous donner, ou des clashes qui sont plus importants.
32:29 Mais sur le mercosur, moi, j'aimerais que la France se fasse entendre davantage,
32:33 plutôt qu'être dans une position de soumission permanente.
32:37 Monsieur Chenu, je reviens sur vos alliés.
32:39 Alors, vous ne m'avez pas trop répondu sur le fait que vous siégeriez ou pas avec l'AFD.
32:42 Un autre allié, qui est vraiment un ami de Marine Le Pen,
32:45 Matteo Salvini, qui est le patron de la Ligue,
32:48 il a fait parler de lui aussi cette semaine, après la mort de l'opposant russe, Alexei Navalny.
32:53 Voici ce qu'il dit.
32:54 C'est aux médecins et aux juges russes de faire la lumière sur sa mort.
32:58 Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
33:00 Je crois que Marine Le Pen a expliqué très clairement.
33:02 Elle a dit "le pouvoir russe a une responsabilité dans la mort de Navalny".
33:06 Je pense que c'est très clair.
33:08 Marine Le Pen l'a dit cette semaine dans les médias.
33:11 Le pouvoir russe a une responsabilité.
33:12 Elle a même ajouté "c'est une faiblesse incroyable pour un pouvoir en place
33:16 que d'enfermer ses opposants politiques".
33:17 Et pourquoi au Parlement européen ?
33:19 C'est léger comme condamnation de dire que le pouvoir politique...
33:22 Qu'on l'envoie au diable dans l'Antarctique et qu'on voit qu'il est torturé.
33:27 Simplement parce qu'il pense autre chose.
33:30 C'est exactement ce que nous disons.
33:32 C'est tout à fait ce qu'on a dit quand Marine Le Pen dit que le pouvoir russe a une responsabilité dans la mort de Navalny.
33:38 Mais c'est pas qu'il a une responsabilité.
33:40 Il a une responsabilité.
33:41 Il a une responsabilité dans la mort de Navalny.
33:44 Je ne sais pas si on peut être plus clair.
33:45 Et pourquoi au Parlement européen vous n'avez pas voté les résolutions qui condamnaient la répression,
33:51 les conditions de détention d'Alexandre Navalny à plusieurs reprises ?
33:55 Vous savez comment fonctionne.
33:56 Mais on est, j'allais dire, on va le répéter très longtemps parce que ce sont des axes qui sont utilisés contre nous.
34:03 Que les résolutions du Parlement européen en général ou sont des prétextes pour faire de la politique politicienne
34:09 ou en général dépassent largement le cadre du titre qui est proposé.
34:14 Donc sur Navalny c'était le cas.
34:15 Mais ça ne dépassait pas vraiment.
34:16 Si, largement.
34:17 Et c'était probablement un prétexte.
34:18 Pourquoi ?
34:19 Et c'était davantage un prétexte d'utilisation de Navalny pour pouvoir tenir un autre discours.
34:23 Mais il n'y a pas d'ambiguïté vis-à-vis de ce pouvoir russe dont on voit chaque jour qu'il s'éloigne.
34:29 Emmanuel Todd je crois disait que c'est une démocratie autoritaire.
34:33 Eh bien de moins en moins une démocratie, de plus en plus autoritaire.
34:36 Donc effectivement il n'y a pas d'ambiguïté là-dessus.
34:39 Alors dans ce contexte-là, soutenir l'Ukraine, est-ce que c'est un combat existentiel, au-delà du soutien à l'Ukraine,
34:45 un combat existentiel pour les démocraties, pour la France et pour l'Union européenne ?
34:49 Nous on a toujours soutenu les résolutions pour l'Ukraine.
34:52 Je les ai reprises parce que je pense qu'il faut être très clair.
34:56 On a voté la résolution condamnant l'invasion.
34:58 On a voté les résolutions sur l'accueil des réfugiés.
35:03 On a voté les résolutions sur les fonds financiers.
35:08 On n'a pas voté celles sur les fonds financiers sans garantie
35:10 parce que la Cour des comptes européennes nous disait qu'il y avait un problème probablement de corruption.
35:16 Mais on a toujours été au rendez-vous lorsqu'il a fallu soutenir l'Ukraine.
35:19 La seule ligne rouge que nous mettons et que nous assumons, et on peut avoir un désaccord,
35:23 c'est qu'elle ne vienne pas impacter l'économie française ou la sécurité des Français.
35:30 Ça veut dire que vous êtes prêt à soutenir dans le futur,
35:33 à condition par exemple qu'il n'y ait pas l'épisode des poulets ukrainiens ?
35:37 C'est-à-dire que, si vous voulez, moi je me souviens de ce que disait Bruno Le Maire.
35:42 Bruno Le Maire disait "Nous allons faire effondrer l'économie russe".
35:45 J'ai regardé les chiffres dernièrement.
35:47 Non seulement l'économie russe n'est pas effondrée,
35:49 mais il semblerait qu'elle ne se porte pas si mal que cela.
35:52 Donc on voit bien qu'il y a un certain nombre de sanctions qui ne touchent pas leur objectif.
35:55 Si l'objectif n'est pas touché et que, en conséquence, ou en parallèle,
36:00 ce sont les Français qui eux voient leur électricité, leur agriculture fortement impactée,
36:05 oui, on ne va pas accompagner.
36:07 Ça veut dire qu'il faut arrêter les frais ?
36:09 Il faut arrêter les frais ? Il faut arrêter les livraisons d'armes ?
36:12 Il faut continuer. Nous avons voté, d'ailleurs, sur la fabrication des obus,
36:15 nous avons voté la résolution des armes qui soient évidemment défensives.
36:20 Je sais bien maintenant que ça ne veut pas dire grand-chose "défensives".
36:22 Ah si, c'est se protéger. Et nous les avons en tous les cas votés.
36:25 Donc nous, on est dans un mécanisme qui est celui du soutien à l'Ukraine,
36:29 mais pas contre l'intérêt des Français.
36:31 Mais projetons-nous au-delà. Est-ce que l'Ukraine peut gagner une guerre,
36:37 si on reste dans l'état d'esprit d'une guerre, sans l'OTAN ?
36:41 Non. Est-ce qu'il faut donc que l'OTAN s'engage dans une guerre ?
36:45 Est-ce qu'il faut donc que l'OTAN s'engage ?
36:47 Est-ce que la France, en réalité, doit envoyer des militaires ?
36:50 Parce qu'à la fin, c'est ça. Il faut dire les choses.
36:52 Est-ce qu'à la fin, on doit envoyer des militaires français là-bas ?
36:54 Est-ce que des jeunes gens iront tomber sous les balles des Russes pour sauver l'Ukraine ?
36:59 Où est-ce qu'il y a, effectivement, la nécessité d'une négociation diplomatique ?
37:03 Eh bien, moi, je crois plutôt en cela.
37:05 En fait, vous dites qu'on n'a pas les conditions de faire une guerre à la Russie
37:10 et qu'il vaut mieux lâcher l'affaire.
37:13 Non, il ne faut pas lâcher l'affaire.
37:14 Je pense qu'à un moment, de toute façon, tout se termine toujours par une négociation.
37:17 Avec Vladimir Poutine.
37:19 Avec la Russie. Moi, je préférais que ce ne soit pas avec le régime de Vladimir Poutine.
37:23 On verra bien. Mais j'aimerais aussi que l'Union européenne,
37:25 au lieu de se donner des accents de grands diplomates,
37:29 laisse les nations gérer aussi leur diplomatie plutôt que de les empêcher ou de les encombrer.
37:35 Ça n'empêche pas, regardez, il y a eu un traité bilatéral entre l'Allemagne et l'Ukraine,
37:39 entre la France et l'Ukraine.
37:40 La France pourrait prendre davantage d'initiatives pour amener les gens autour de la table.
37:45 Il y a des tas de pays, moi, j'ai visité et j'ai rencontré des diplomates de pays,
37:49 je pense à l'Inde, je pense aux Émirats,
37:51 qui peuvent être des partenaires très intéressants dans le cadre de ce règlement,
37:55 si tant est qu'ils le veuillent eux-mêmes, si tant est qu'on leur demande,
37:58 puisqu'ils sont des pays qui dialoguent avec tout le monde.
38:00 L'Inde dialogue et avec la Russie et avec la France et avec l'Europe sans aucune difficulté.
38:06 Donc je pense qu'effectivement, on pourrait être à l'initiative de ces opérations diplomatiques.
38:10 Parce que si c'est pour une guerre de 100 ans qu'on signe, moi, je n'y soustie pas.
38:15 Mais un des objectifs de Vladimir Poutine, c'est quand même d'affaiblir l'Union européenne dans sa substance.
38:20 Mais on le sait, bien sûr.
38:22 Mais est-ce que vous, vous ne participez pas à cet affaiblissement en contestant l'Union européenne de l'intérieur ?
38:26 La défense européenne ?
38:28 Non, en contestant l'idée qu'il faille une défense européenne,
38:30 en contestant au front d'idée qu'on pourra soutenir l'Ukraine ad vitam aeternam,
38:35 parce qu'on n'en a pas les moyens, ni peut-être la volonté.
38:38 Est-ce que ce n'est pas ça quand même la plus grande difficulté ?
38:42 Madame, une Union européenne ne peut être forte que si ses nations sont fortes.
38:45 Une Union européenne faite de nations affaiblies dans leur agriculture, dans leur industrie, dans leurs économies,
38:52 ne donnera jamais une Union européenne ni combative, ni forte.
38:55 Et d'autres le savent bien, en particulier les Etats-Unis.
38:58 Donc, tant que les nations ne peuvent pas, ne savent pas se redresser,
39:01 tant qu'on ne les protège pas, tant qu'on ne protège pas leur industrie, leur agriculture,
39:05 vous n'aurez jamais une Union européenne qui pourra être combative.
39:08 Moi, je suis pour des nations fortes au sein d'une Union européenne
39:10 dans laquelle ces nations travaillent sur des objectifs communs.
39:13 Allez, on va passer à un autre thème phare de cette campagne, c'est l'immigration.
39:18 On va écouter Manuel Valls, il était sur France Inter cette semaine.
39:22 La réforme du droit du sol, qui a d'ailleurs été déjà modifiée, restreinte par la loi en 2019,
39:30 ne réglera pas ces problèmes lourds d'immigration.
39:33 Et à travers, au fond, une communication autour de cette idée de la réforme du droit du sol,
39:40 en faisant croire que l'on réglera ces problèmes à travers cette réforme,
39:43 on ouvre une boîte de pandore qui me paraît extrêmement dangereuse.
39:47 On peut avoir des politiques concernant les migrations extrêmement sévères,
39:53 nécessaires en plus aujourd'hui face à l'afflux de migrations clandestines.
39:58 On peut s'interroger sur le fait, est-ce qu'on a besoin ou non d'une migration économique
40:04 et défendre la conception républicaine du droit du sol.
40:09 Gérald Darmanin a promis que cette mesure de suppression du droit du sol à Mayotte
40:15 ferait partie d'un projet de révision constitutionnelle déposée avant l'été.
40:19 Peut-être une première question, on entend ce que dit Manuel Valls,
40:23 est-ce que c'est suffisant de supprimer le droit du sol pour arrêter cette immigration massive des Comores à Mayotte ?
40:29 Non, bien sûr que non. La fin du droit du sol que nous réclamons,
40:33 portée d'ailleurs par Marine Le Pen en 2018 à travers une proposition de loi,
40:38 a été immédiatement insultée encore une fois par la majorité.
40:40 Je vous rappelle que comme d'habitude, ce qui apparaît être une évidence aujourd'hui pour ce gouvernement,
40:46 a été combattu hier lorsque nous l'avons proposé.
40:48 Mais la fin du droit du sol n'est qu'un élément.
40:51 Je reprends les propos de Gérald Darmanin.
40:53 Le droit du sol est un élément d'attractivité de l'immigration,
40:57 ici à Mayotte comme partout sur le territoire national.
41:00 Mais évidemment à Mayotte on devrait déclarer l'état d'urgence,
41:03 c'est ce qu'a demandé d'ailleurs Jordan Bardella.
41:05 Il aurait arrêté de financer les Comores plusieurs dizaines de millions d'euros par an.
41:10 C'est le minimum si on veut pouvoir reprendre le contrôle à Mayotte,
41:14 que nous demandent d'ailleurs les Mahorais.
41:16 Maintenant sur la fin du droit du sol à Mayotte,
41:19 je crois que c'est d'abord plutôt une victoire idéologique pour nous,
41:23 puisque nous le demandons depuis longtemps.
41:25 En un mot, vous voterez cette révision constitutionnelle ?
41:27 Oui, puisqu'on a demandé.
41:29 Maintenant je pense que le droit du sol devrait être aboli partout,
41:34 il est valable pour les Mahorais, il doit être valable pour les continentaux.
41:37 Et puis il y a quand même une menace au-dessus de la tête,
41:40 qui fait qu'il faut aller plus loin à travers la réforme de la Constitution.
41:45 Le référendum que nous proposons, c'est qu'à un moment,
41:48 le Conseil constitutionnel invalide cette réforme du droit du sol à Mayotte,
41:53 parce que cela ronde avec un principe d'égalité des territoires et des départements dans notre pays.
42:01 A propos, l'imam Madjoubi a été expulsé, grâce notamment à la loi qui a été votée il y a quelque temps.
42:08 Vous grimacez. Est-ce que vous reconnaissez quand même que c'est quelque chose de mieux ?
42:15 Ou vous considérez que c'est un gadget ?
42:17 Madame, vous attribuez des Césars, c'est un peu la période, à des gens qui ont fort peu de mérite.
42:22 Je ne suis pas un peu plus compliqué que ça.
42:24 Moi je me réjouis que M. Madjoubi ait été expulsé.
42:27 Il a été expulsé parce qu'on a retrouvé son passeport.
42:29 Donc il n'y avait pas eu besoin de laisser passer le consulat.
42:34 Si on ne l'avait pas retrouvé, la loi nous aurait montré ses limites.
42:38 Avec Schengen, M. Madjoubi, et d'ailleurs il le dit lui-même, peut revenir dans n'importe quel pays,
42:43 et revenir ensuite en France.
42:45 Donc vous voyez qu'on n'est pas à la fin de l'histoire.
42:48 Ce que je crois, c'est que, pas de triomphalisme sur un cas.
42:51 Enfin, je veux dire, quand on voit le nombre de lieux de culte qui sont salafisés,
42:56 je reprends l'excellent travail de l'anthropologue Florence Bergeau-Blacklare,
43:01 quand on voit le nombre d'étrangers radicalisés en situation d'être expulsés, qu'ils ne le sont pas.
43:08 Gérald Darmanin nous dit "j'ai augmenté de 26% les expulsions".
43:11 Ça veut dire 9 personnes.
43:13 On se dit qu'on est en train de vider l'océan avec un dé à coudre.
43:17 Donc pas de triomphalisme sur ça, c'est bien ce que devrait faire Gérald Darmanin,
43:22 parce que s'il se met à faire des tweets, il va finir par avoir mal aux doigts,
43:26 vu le nombre de gens qu'il y a à expulser de notre territoire, et pour lesquels aujourd'hui rien n'est fait.
43:31 En un mot, un autre projet de révision constitutionnelle sur la Corse.
43:35 Est-ce que vous êtes toujours contre, opposé à l'autonomie en Corse ?
43:40 Nous, on est pour que la Corse ait un statut qui prenne en compte ses spécificités.
43:45 C'est une île, il y a des spécificités, elles sont d'ailleurs aussi économiques.
43:50 On est favorable à ce qu'on puisse développer l'étude de la langue corse
43:56 sans qu'elle soit juxtaposée à la langue française, sans le bilinguisme.
44:00 Mais quand je vois que dans ce texte il y a une reconnaissance de la communauté historique, culturelle, linguistique,
44:06 je me dis qu'on va vers une reconnaissance du peuple corse,
44:10 ce qui évidemment n'est pas possible par rapport à l'unité nationale.
44:14 Et quand je vois qu'il y a des perspectives de pouvoir normatif,
44:17 on n'est plus très loin de perspectives de pouvoir législative,
44:21 ce qui effectivement meurt beaucoup.
44:23 La Corse doit rester dans la République,
44:25 on doit développer un système qui permet de traiter les difficultés auxquelles elle est confrontée,
44:33 mais la Corse doit évidemment rester dans la République.
44:35 Les Corses sont souvent répétées d'ailleurs.
44:37 Une dernière question peut-être Nathalie Saint-Éric ?
44:39 Je voudrais faire référence au César et à l'intervention de Raphaël Kennard,
44:43 parlant de son groupe agriculteur.
44:44 Est-ce que vous trouvez que la déferlante, si j'ose dire,
44:47 "me too" et de dénonciation d'un certain nombre de faits qui finalement n'ont voulu être vus par personne,
44:53 c'est une bonne chose ou vous dites "oh là là, attention, la justice c'est la justice, ça ne se fait pas ailleurs" ?
44:57 Non, moi je crois que c'est bien que les victimes parlent, garçons ou filles d'ailleurs, s'expriment.
45:02 Je pense qu'il y a des gens qui vivent des tragédies intimes qu'il faut mettre dans la lumière,
45:06 en respectant la présomption d'innocence.
45:09 On sait que ces affaires très sensibles, qu'elles soient dans le temps ou qu'elles soient dans les situations,
45:13 peuvent aussi impacter des auteurs présumés.
45:16 Et donc il faut respecter la présomption d'innocence,
45:19 mais délivrer la parole des hommes et des femmes qui ont subi ça, je pense que c'est important.
45:23 Merci Dépastien Chenu. On accueille maintenant notre deuxième invité pour le livre de la semaine.
45:29 France Inter.
45:31 Questions politiques.
45:35 Elodie Forêt.
45:38 Et nous accueillons Rémi Branco, vice-président socialiste du conseil départemental du Lot,
45:44 ancien chef de cabinet du ministre de l'Agriculture.
45:47 Stéphane Lefol, c'était sous François Hollande.
45:50 Vous publiez ce livre "Loin des villes, loin du cœur, la gauche veut-elle regagner les campagnes ?"
45:56 aux éditions de l'Aube et avec la Fondation Jean Jaurès. Bonjour.
46:01 Bonjour.
46:02 Alors qu'a commencé le salon de l'agriculture hier dans un contexte de colère agricole ?
46:06 Que Raphaël Glucksmann, tête de liste socialiste, sera cet après-midi au salon ?
46:11 Vous décrivez, vous, dans ce livre, une fracture vraiment profonde entre la campagne et la gauche.
46:16 Alors dites-nous, est-ce qu'au-delà même des agriculteurs,
46:19 est-ce que la gauche a-t-elle encore quelque chose à dire au monde rural ?
46:23 Oui, si j'ai écrit ce livre, c'est parce que ça fait trois ans que je suis désormais un élu local, rural, dans le Lot,
46:28 et trois ans que je vois progressivement la gauche disparaître de ses territoires ruraux,
46:32 à mesure en fait que cette ruralité disparaît des programmes de la gauche.
46:35 J'ai voulu adresser à travers ce livre une espèce d'appel au réveil, au sursaut,
46:38 pour que la gauche s'intéresse à nouveau à ses territoires, à l'agriculture.
46:41 Moi je suis content de voir que la gauche sera présente au salon de l'agriculture,
46:44 mais il faut qu'elle y soit massivement et avec des solutions quand même crédibles,
46:47 et qu'elle s'intéresse à nouveau à la ruralité.
46:49 Ce fossé, il est gigantesque entre, pas simplement la gauche, les élites politiques aujourd'hui de ce pays.
46:54 Si on a ce salon de l'agriculture à feu et à sang hier, c'est aussi parce qu'on en arrive à un point de déconnexion très fort
47:00 entre un pouvoir national et des agriculteurs, et le monde rural en général.
47:03 Ce qui est marrant dans ce livre, c'est que vous datez un petit peu les origines de cette fracture.
47:07 Il y a notamment un épisode que vous narrez, c'est cette proposition sur le revenu universel qu'avait fait Benoît Hamon en 2017.
47:15 Expliquez-nous pourquoi ça c'est une origine pour vous de cette fracture.
47:19 C'est vrai que c'est une proposition qui a beaucoup intéressé dans les milieux urbains,
47:22 qui a créé de la curiosité un peu en milieu rural, mais dans la ruralité,
47:25 quand on est petit artisan, agriculteur, petit commerçant, et qu'on vit de son travail et que c'est compliqué,
47:30 que c'est pas simple, on attend de la gauche qu'elle soit en appui, en soutien des gens qui travaillent.
47:35 Et là, cette proposition a donné l'impression, si vous voulez, que vous soyez agriculteur,
47:38 que vous ne fassiez rien de vos journées, que vous soyez juste en pause professionnelle,
47:42 vous allez toucher la même chose, et que quelque part, à quoi bon être agriculteur,
47:45 à quoi bon être commerçant, si c'est pour toucher finalement un revenu que j'aurai quoi qu'il arrive.
47:49 Et quand on est dans des territoires comme le mien, qui vieillissent, où on manque de bains d'oeuvre pour travailler,
47:53 pas simplement en agriculture, mais demain, pour être médecin, pour être commerçant,
47:56 quand on a une forme de désertification, on est inquiet de voir que la gauche, quelque part, elle pousse à la paresse.
48:02 Et derrière, Sandrine Rousseau, ça a été quelque part, avec son droit à la paresse,
48:06 le prolongement un peu de cette vision de la gauche, un peu en décalage avec la réalité de nos territoires.
48:11 Est-ce que c'est pas dans toute la gauche, l'espèce d'esprit de gauche générale,
48:15 quand il y a le débat entre assurance, assistance, avec un certain nombre de lignes qui doivent bouger,
48:19 c'est-à-dire, on vous aidera si vous en avez vraiment besoin, mais il faut travailler,
48:23 parce que finalement, ça touche les agriculteurs, la ruralité, mais ça touche tout le monde.
48:27 C'est un courant qui a complètement submergé la gauche, ça.
48:30 Et posez-vous la question, pourquoi les Gilets jaunes, en 2018, ils n'ont pas été heureux de retrouver la gauche sur les ronds-points ?
48:35 C'est parce que pour eux, la gauche n'était pas la réponse à leur question.
48:38 Alors qu'au final, ils veulent quoi, les habitants des territoires ruraux ?
48:41 Ils veulent un hôpital qui ne s'écroule pas, ils veulent des transports fiables,
48:44 ils veulent des médecins qui soient présents, ils veulent des écoles qui restent ouvertes.
48:47 Et ça, c'est ce que Puy-l'Evêque, dans mon village, exige, mais c'est ce que Verdun exige, c'est ce que Chalonne-sur-Loire exige.
48:53 Tous les territoires ruraux, aujourd'hui, sont en attente d'égalité des territoires.
48:56 Ça avait été une des propositions de François Hollande, ça a même été le nom d'un ministère en 2012, l'égalité des territoires.
49:01 Outre que ça a finalement déçu, parce qu'on a loupé quelques virages, je pense à la désertification médicale,
49:07 ça prouve qu'il y avait vraiment une attente très forte, et elle existe encore aujourd'hui.
49:11 Alors la difficulté, c'est que le Rassemblement national a très bien compris tout ce que vous dites,
49:15 et ils sont à l'offensive sur tous ces terrains.
49:18 Et c'est d'ailleurs l'objet de votre livre, c'est que le RN...
49:20 Quand on a un homme de gauche, on essaye de récupérer, et est-ce que la bataille est encore jouable ?
49:24 Pour moi, elle est plus que jamais jouable, pour deux raisons.
49:27 La première, c'est que, sans vous faire offense aux dirigeants du Rassemblement national,
49:31 moi je croise peu de gens dans mon territoire qui me disent "sur les déserts médicaux, Marine Le Pen a complètement raison,
49:36 Bardella a tout compris au vieillissement de la population, sur l'agriculture on est fan de leur proposition".
49:41 Je ne dis pas que personne n'est d'accord, mais moi j'ai personne qui me dit "ils ont les solutions,
49:45 il faut absolument qu'ils arrivent au pouvoir".
49:46 Par contre, ce qu'ils me disent, c'est qu'aujourd'hui la gauche ne leur donne pas de solutions.
49:49 Et le macronisme, j'en parle même pas.
49:51 Et en fait, plus la gauche s'emparera de ces sujets, plus elle fera des propositions, plus ce sera crédible,
49:56 plus elle aura des chances demain d'empêcher le RN d'arriver au pouvoir.
49:59 Tant qu'elle ne dit rien, tant qu'elle est absente de ces débats, oui effectivement, on votera...
50:04 Il y aura déjà beaucoup d'abstentions, et il y aura du vote RN pour dire "secouez-vous, bougez-vous, vous ne vous intéressez pas à nous".
50:09 - Qui est la gauche, votre gauche ?
50:10 - Moi je suis une gauche qu'on a connue pendant longtemps, qui était à la fois implantée dans les territoires
50:14 et qui portait un discours national.
50:16 Aujourd'hui, vous avez deux gauches. Vous avez la gauche NUPES nationale, qui a des débats très urbains.
50:20 Et moi je ne suis pas dans un débat pro-anti-NUPES, mais qui a des débats qui intéressent.
50:24 Franchement, la question des SUV à Paris, la question de savoir s'il faut être WOC ou anti-WOC,
50:28 moi personne ne me la pose chez moi.
50:30 Moi c'est "quand est-ce que le prix du carburant il baisse ?", "quand est-ce que je peux payer les pâtes à mes parents
50:33 parce que ça coûte un bras maintenant ?"
50:34 Et donc il y a la gauche après-locale, dont je fais partie.
50:36 Et moi je me retrouve avec des gens qui me disent "mais toi, on vote pour toi, toi ça va,
50:39 toi avec ton président Serge Rigale, Delga à la région, vous vous battez".
50:43 Mais par contre au national, désolé, on ne suit pas parce qu'on ne se reconnaît pas dans ce qu'on entend,
50:47 dans ce que donne avoir la gauche au niveau national.
50:49 - Et votre thèse dans ce livre, c'est de dire que si la gauche délaisse complètement le monde rural,
50:54 c'est la porte ouverte à une victoire du RN au second tour qui va capter ces voix.
50:59 Vous en pensez quoi, vous Sébastien Chenu ?
51:01 - D'abord je pense que, et moi je suis élu dans un territoire dont je suis le premier député qui ne soit pas de gauche depuis 1958.
51:08 Donc je crois que lorsque la gauche a été au pouvoir, elle a beaucoup déçu,
51:12 c'est ce que me disent mes acteurs qui toute leur vie probablement ont voté à gauche
51:16 et qui aujourd'hui n'incarnent pas un espoir parce qu'en fait elle n'est pas en rapport avec les valeurs
51:20 que défendent les habitants.
51:22 Elle n'est pas au rendez-vous du mérite, elle n'est pas au rendez-vous du travail,
51:24 elle n'est pas au rendez-vous d'une certaine forme d'autorité,
51:26 elle n'est pas au rendez-vous de la défense du drapeau.
51:29 On est dans des délires, les ZFU, le wokisme, etc.
51:34 Et c'est vrai qu'il y a beaucoup de gens qui disent "mais en fait, ce ne sont pas nos préoccupations".
51:38 Moi je suis en désaccord avec vous quand vous dites "les gens ne sont pas d'accord avec le Rassemblement de la Sahel"
51:43 ou en tout cas ne l'expriment pas.
51:44 Ils l'expriment dans les bulletins de vote.
51:46 Vous allez dans votre secteur à Sainte-Gabelle, fièvre historique de Lionel Jospin,
51:50 Marine Le Pen est aujourd'hui majoritaire.
51:52 Donc vous êtes bien obligés de comprendre qu'il y a une adhésion à ce que nous défendons
51:56 et quand je vous entends d'ailleurs dire "il faut des services publics, il faut des transports dans nos campagnes, dans la ruralité",
52:03 c'est ce que nous défendons, c'est ce que nous portons
52:05 et on le fait avec des propositions qui sont en général extrêmement concrètes, extrêmement chiffrées.
52:09 On peut avoir des désaccords et c'est bien normal et on en aura probablement.
52:12 Mais les électeurs ont raison dans leur façon de s'exprimer à travers leurs bulletins de vote.
52:18 Ils ne peuvent plus faire confiance en une gauche qui n'existe plus.
52:21 Parlez-moi, vous avez perdu la partie dans votre famille politique.
52:24 Vous avez perdu la partie, peut-être qu'un jour les cartes seront redistribuées.
52:27 Ils ont gagné, ils vous ont tué, M. Branco.
52:30 Votre réponse Rémi Branco ? Est-ce que déjà on peut avoir un point de bascule ?
52:33 Est-ce qu'on peut repartir en arrière ?
52:35 Je pense qu'aujourd'hui ils nous ont tué dans l'image que donne la gauche au niveau national.
52:38 C'est vrai que moi mes voisins, ils n'ont pas l'impression que c'est ma gauche qui dirige le niveau national.
52:42 Simplement, on est quand même dans les territoires, pardon de le dire, vous citez Sainte-Gabelle,
52:45 mais chez moi, à Puy-l'Evêque, dans mon canton et dans le Lot, il n'y a pas un élu RN.
52:49 Donc on n'a pas perdu la bataille avec le reste de la gauche ou avec, y compris le Rassemblement National.
52:55 Par contre, on a perdu aujourd'hui la bataille des idées et de l'incarnation.
52:58 On n'incarne plus aujourd'hui pour ces territoires une solution.
53:00 Ils n'ont plus une figure, un Joseph Bovey, vraiment une figure qui représente la ruralité à gauche aujourd'hui.
53:05 Mais sans même aller jusqu'à des caricatures, parce que là on parle d'un agriculteur,
53:09 François Mitterrand, il était élu de la Nièvre.
53:11 Les habitants de la Nièvre, ils se sentaient représentés par François Mitterrand.
53:14 Prenez Lionel Jospin, puisque vous parlez de Sainte-Gabelle.
53:16 Lionel Jospin, quand il était le mercredi après-midi à l'Assemblée, il avait dans son oreille,
53:21 il savait que les habitants de Sainte-Gabelle l'écoutaient.
53:23 Donc il parlait différemment d'un élu qui est, pardon, mais un peu hors-sol ou un peu urbain.
53:26 François Hollande, il a été élu en 2012 par beaucoup d'habitants des territoires ruraux
53:30 qui se disaient, après Sarkozy, qui avait démoli beaucoup de services publics...
53:33 - Vous voulez dire qu'Anne Hidalgo ne faisait pas l'affaire par exemple ?
53:35 - Malheureusement pour elle... - Et Raphaël Glucksmann, est-ce qu'il va faire l'affaire ?
53:37 - Malheureusement pour elle, Anne Hidalgo, elle incarnait l'urbanité, voilà, tournée à son maximum.
53:43 Et Raphaël Glucksmann, vous verrez ce qu'il dira cet après-midi au Salon de l'Agriculture.
53:46 Vous serez étonné parce qu'il travaille beaucoup sur les sujets.
53:48 - On l'écoutera avec attention.
53:50 Merci beaucoup à nos invités Sébastien Chenu, Rémi Branco, je répète, votre livre,
53:56 "C'est loin des villes, loin du cœur. La gauche veut-elle regagner les campagnes ?"
54:00 Merci à toute l'équipe de Questions politiques, Corentin Bémol, Fabienne Lemoile.
54:05 La semaine prochaine, Karine Beccard sera de retour aux manettes.
54:09 D'ici là, très bon dimanche et très bonne semaine.
54:13 (Générique)

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