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Marc Noizet, président de SAMU-Urgences de France répond aux questions de Lionel Gougeot.
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NewsTranscription
00:00 7h-9h, Europe 1 Matin.
00:03 Soyez les bienvenus sur Europe 1 à 7h12, Lionel Gougelot vous recevez Marc Noiset, président de Samu Urgences de France.
00:10 Bonjour Marc Noiset.
00:11 Bonjour.
00:12 Merci d'être en ligne ce matin sur Europe 1.
00:14 Alors je le disais, un groupe de députés et d'organisations syndicales ont saisi hier la présidente de l'Assemblée Nationale
00:19 pour obtenir la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire sur l'état des services d'urgence dans les hôpitaux.
00:25 C'est une initiative qui survient après un dernier drame survenu à l'hôpital de Toulouse où un patient s'est suicidé aux urgences psychiatriques
00:32 alors qu'il était "stocké" pardonnez-moi l'expression, en zone d'attente sur un brancard sans prise en charge.
00:38 Les initiateurs de cette demande parlent de surmortalité aux urgences.
00:43 Est-ce que c'est vraiment le cas Marc Noiset ? Est-ce qu'on risque sa vie aux urgences ?
00:48 Alors oui c'est le cas, malheureusement.
00:51 On peut dire aujourd'hui que le fonctionnement d'un certain nombre de services d'urgence,
00:56 ce n'est pas la totalité mais généralement les plus gros services d'urgence,
00:59 est en grande difficulté pour des raisons que nous avons déjà répétées depuis des années,
01:04 ça fait dix ans, ce n'est pas nouveau, mais la situation commence à s'aggraver.
01:08 Et nos services d'urgence deviennent dangereux pour des raisons où les conditions matérielles et humaines pour accueillir nos patients
01:15 ne permettent pas d'assurer une sécurité valable pour ces patients.
01:19 Et un travail qui est nommé par ce collectif, un travail qui a été piloté par La Pitié,
01:29 a été publié dans le JAMA qui est une grande revue internationale,
01:34 et qui montre dans une centaine de services d'urgence que quand vous avez plus de 75 ans
01:40 et que vous passez une nuit sur un brancard aux urgences,
01:43 à 30 jours vous avez 46% de risque de décéder supplémentaire que celui qui a eu la chance d'être dans un lit.
01:51 - Faute de puissance.
01:52 - Oui, je veux dire, au-delà des événements graves que l'on peut constater dans la presse en ce moment,
01:57 eh bien il y a un travail scientifique qui a été montré dans une centaine de services d'urgence au mois de décembre 2022,
02:03 et qui montre cette mortalité.
02:05 - Alors donc l'objectif de cette commission d'enquête Marc Nozé, ce serait quoi ?
02:09 Il faudra donc un état des lieux précis de la mortalité provoquée par les dysfonctionnements de certains services d'urgence.
02:14 Je crois avoir lu que vous aviez estimé le nombre de 150 décès liés à une trop longue attente avant une prise en charge, c'est bien ça ?
02:22 - Alors nous on avait fait un recensement pendant deux mois, en décembre 2022 et janvier 2023,
02:28 et effectivement on en avait recensé une cinquantaine que l'on pouvait estimer à être 150 sur toute la France,
02:34 dans la mesure où tous les départements n'avaient pas participé.
02:36 Donc cette commission d'enquête elle demande à ce qu'il y ait une analyse de la situation,
02:41 pour voir effectivement, pour mesurer effectivement la dangerosité.
02:44 Alors nous n'avons pas co-signé ce papier, parce que nous ne sommes pas politisés,
02:49 mais je ne suis pas persuadé qu'il y ait besoin d'une commission d'enquête.
02:53 Tout est sur la table depuis des mois, et je peux vous dire qu'il y a un certain nombre de rapports d'éminents personnes,
02:58 que ce soit du monde médical ou du monde politique, qui ont montré ce problème là et cette dangerosité.
03:04 - Est-ce que vous ressentez vous aussi, Marc Nozet, ce même risque finalement,
03:08 dans le service de l'hôpital de Mulhouse, où vous travaillez ?
03:12 - Mais ce risque il s'est produit monsieur, il s'est produit dans mon service aussi, il y a quelques temps,
03:18 où effectivement nous avons eu aussi, malheureusement, une patiente décédée, suite à une attente longue.
03:26 Alors je ne peux pas dire que le décès soit associé, mais en tous les cas, comme je le dis régulièrement,
03:30 en 2024 en France, on ne peut pas mourir dans un couloir hospitalier, c'est clair.
03:35 L'hôpital doit offrir d'autres conditions pour accueillir les patients et pour pouvoir les accompagner dans ces moments-là.
03:41 Au-delà du fait que l'insuffisance parfois des moyens matériels et humains
03:45 peut amener à une insuffisance de surveillance et de prise en charge, et peut participer au décès.
03:50 Mais moi je ne parle pas de la cause de la mort, mais je ne parle simplement de son côté inattendu.
03:55 Encore une fois, le couloir n'est pas un endroit pour mourir dans un hôpital.
03:58 C'est la raison pour laquelle, je vous dis, la commission d'enquête très bien,
04:01 parce que c'est une prise en compte du monde politique de cette dangerosité,
04:05 mais tous les éléments sont sur le bureau du ministre,
04:08 et encore, il y a dix jours, rencontrant madame Vautrin,
04:11 je lui demandais de déclarer l'aval des urgences comme étant une grande cause nationale hospitalière.
04:16 Le but c'est véritablement de prendre conscience que cette dangerosité, on peut la traiter,
04:21 et on fait des propositions concrètes pour pouvoir changer ça.
04:24 - Alors, les propositions concrètes, c'est quoi ?
04:27 C'est des services alternatifs aux urgences,
04:31 ou alors, à l'intérieur même de l'hôpital, augmenter le nombre de lits et donc des moyens ?
04:36 - Alors ça, on adorait, on adorait augmenter les moyens,
04:39 mais vous savez qu'aujourd'hui on a une problématique de recrutement de paramédicaux.
04:43 Et les hôpitaux ont beau faire du job dating, etc.,
04:48 malheureusement, nos infirmières aujourd'hui ne sont pas sur le marché de l'emploi.
04:52 Inutile de dire "il faut rouvrir des lits", oui, il faut en ouvrir.
04:55 Vous savez, notre nouveau ministre délégué, M. Valtoux, s'est déplacé à Toulouse
05:00 et a fait un certain nombre de propositions.
05:02 J'aimerais bien qu'il fasse les mêmes propositions, pas pour Toulouse,
05:05 mais pour tous les hôpitaux où le service d'urgence est en difficulté.
05:08 Je veux dire, les mesures qu'il a nommées seraient valables pour n'importe quel service
05:13 qui a une problématique d'encombrement.
05:16 Et nous, nous demandons déjà qu'on prenne à bras le corps ce sujet.
05:20 Donc c'est la raison pour laquelle il faut déclarer cette grande cause.
05:23 La deuxième chose, c'est de changer le financement.
05:25 Aujourd'hui, il y a un financement incitatif qui est de l'ordre de 200 millions par an
05:29 pour essayer de faire en sorte que les hôpitaux s'organisent mieux sur leur hospitalisation.
05:33 Eh bien, il faut arrêter cet financement incitatif pour mettre un financement au résultat.
05:38 Et pour ça, simplement déclarer tous les jours, comme indicateur de qualité et sécurité,
05:43 le nombre de patients qui sont le matin à 8 heures sur un brancard et qui attendent une hospitalisation.
05:48 Je veux dire, les patients, les utilisateurs de l'hôpital ont le droit de savoir là où ils vont,
05:54 si la situation est sécuritaire ou si elle est dangereuse.
05:57 Et je peux vous dire que si on déclarait ça et on le rendait public,
06:00 eh bien ça donnerait un autre regard sur l'hôpital et ça obligerait la gouvernance de l'hôpital,
06:04 qu'elle soit direction ou qu'elle soit médicale, de prendre à bras le corps ce sujet,
06:08 parce que c'est simplement une problématique de changement profond de pratique
06:12 et d'utiliser les moyens hospitaliers pour proposer de manière équilibrée
06:17 une place pour les patients qui sont programmés et pour les patients qui viennent des urgences.
06:21 - Parce qu'il y a un terrible paradoxe finalement Marc Noiset,
06:23 c'est que de plus en plus de gens ont recours aux urgences
06:27 et finalement dans le contexte que vous décrivez, les gens vont finir par avoir peur d'aller aux urgences.
06:32 - C'est un vrai risque. Aujourd'hui, ils ne disent pas qu'ils ont peur d'aller aux urgences,
06:37 mais nous on entend très bien à la régulation, régulièrement ils nous disent
06:41 "Ah non, non, mais ce sont tous les patients en G, parce que c'est ceux qui attendent le plus longtemps aux urgences."
06:44 Ils nous disent "Ah non, non, mais moi je suis déjà venu dans votre service et vous savez,
06:48 je suis resté 15 heures sur un brancard, je ne veux pas revivre ça."
06:51 Évidemment on peut les comprendre. Donc effectivement, il faut qu'on change ça
06:55 et ce sont encore une fois des mesures de pratique, ce sont des mesures d'organisation,
06:59 c'est de la gestion de flux, donc il faut se mettre au travail et on a besoin que le ministre tape du poing sur la table
07:04 et mette tout le monde au pas pour qu'on s'attelle à cette tâche.
07:07 - Merci Marc Noiset, président de SAMU Urgences de France.
07:10 Je retiens donc votre appel à ce que le gouvernement décrète comme grande cause nationale
07:15 la situation des urgences dans les hôpitaux de France.
07:18 Merci, bonne journée à vous.