• il y a 10 mois
C'était une demande du collectif "Ras le vol" : une proposition de loi a été déposée au mois de janvier pour permettre aux commerçants de diffuser l'image de ceux qui voleraient dans leur magasin. Une pratique aujourd'hui interdite.

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Transcription
00:00 Bonjour Jérôme Jean, cela fait plus d'un an maintenant que vous militez pour que cette pratique soit autorisée à afficher les voleurs,
00:05 que ce soit en photo ou alors en vidéo, pourquoi pas sur les réseaux sociaux ?
00:08 Pourquoi selon vous ce serait une bonne chose ?
00:10 Pour trois raisons essentielles, tout d'abord parce que ça peut être dissuasif de savoir que si on vole dans un magasin,
00:17 on se retrouve diffusé sur les réseaux sociaux ou dans la vitrine du magasin, c'est jamais agréable.
00:21 Parce qu'aussi ça peut informer les autres commerçants, ça permet de savoir quel est le visage de celui qui a volé dans tel ou tel commerce,
00:28 parce qu'aujourd'hui, que ce soit à Lille ou ailleurs, on est victime de bandes organisées et très bien organisées.
00:34 Et puis la dernière raison, c'est qu'on ne peut pas laisser impunis ces gens-là,
00:39 et que ça permet aussi à la police et à la gendarmerie de récupérer des informations que les gens qui voient les photos peuvent leur transmettre.
00:46 Donc c'est vraiment important.
00:47 Vous dites laisser impunis ces gens-là, ces vols à l'étalage, aujourd'hui quand ils sont filmés avec caméra, vidéo, surveillance, vous avez une preuve,
00:53 la police déjà ne peut pas s'en servir aujourd'hui pour retrouver le voleur, le faire condamner, vous n'êtes jamais indemnisé ?
00:59 Alors jamais indemnisé non, parce qu'il n'y a pas de vol avec violence, il n'y a pas de cambriolage,
01:04 donc si vous commencez à indemniser les commerçants en France, ça va coûter 8 milliards d'euros.
01:09 C'est énorme !
01:10 Uniquement pour les vols à l'étalage ?
01:11 Uniquement pour les vols à l'étalage, qui sont comme le ministère de l'Intérieur a rappelé, en augmentation de 14,77%.
01:18 Donc non, il n'y a pas d'indemnisation.
01:20 Maintenant la police aujourd'hui, ce n'est pas qu'elle ne veut pas le faire, c'est qu'aujourd'hui il faut qu'elle ait des moyens pour pouvoir le faire.
01:25 Les policiers et les gendarmes avec lesquels nous discutons régulièrement dans les commerces en France, nous disent ce qu'ils voudraient, mais ils ne peuvent pas.
01:31 S'ils commencent à intervenir pour une doudoune volée ou un pantalon volé, qu'est-ce que vous allez faire lorsqu'il y a une violence conjuguelle ?
01:36 Écoutez, on ne va pas pouvoir venir monsieur ou madame, parce qu'on est en train de récupérer une doudoune qui a été volée dans un commerce.
01:41 C'est un problème de moyens tout simplement.
01:44 Vous avez cité ce chiffre, 14% d'augmentation en 2022 de ces vols à l'étalage, ça fait 42 000 délits grosso modo recensés par les forces de l'ordre.
01:52 Le gouvernement l'an dernier a déjà créé un dispositif pour lutter justement contre ces vols à l'étalage.
01:56 C'est une amende forfaitaire délictuelle, c'est quand on est pris en flagrant délit, on doit payer une amende pour éviter ensuite de passer devant la justice.
02:04 Ça, ce n'est pas suffisant, ça ne marche pas.
02:05 C'est une bonne première mesure.
02:07 Et d'ailleurs, elle est très bien appliquée à Lille, vous me donnez l'occasion d'en parler ce matin.
02:11 Les forces de police sont très efficaces dans le centre-ville de Lille sur ce sujet.
02:15 Je tiens à le saluer ce matin parce qu'ils ont des résultats au niveau national qui sont très intéressants et qu'on ne retrouve pas partout.
02:21 Donc, elle fonctionne déjà bien.
02:22 Mais ça veut dire qu'il y a un voleur qui rentre dans votre magasin, il faut que vous puissiez l'intercepter, l'interpeller, l'arrêter et que la police arrive pour venir récupérer.
02:31 Toutes les commerçantes et tous les commerçants qui vous écoutent ce matin ne vont pas pouvoir se transformer en agents de sécurité en attendant que la police arrive.
02:38 Donc, c'est valable pour les commerçants et les commerces qui ont des vigiles par exemple.
02:42 Où là, effectivement, c'est très efficace.
02:44 7h48, vous êtes sur France Bleu Nord et nous sommes en direct avec Jérôme Jean, président du collectif RAS Le Vol.
02:49 Jérôme Jean, diffuser l'image de quelqu'un, d'autant plus sur les réseaux sociaux, c'est aussi potentiellement livrer cette personne à une forme de vindicte.
02:56 Comment on fait pour encadrer cette pratique pour que ça ne dégénère pas ?
03:00 Je m'excuse déjà pour vos auditeurs, mais je voudrais pour les téléspectateurs de France 3 vous montrer cette image.
03:04 Voyez, elle est importante. Je vais peut-être pouvoir la lire pour vos auditeurs, ceux qui nous écoutent.
03:09 Éternissement sous vidéosurveillance, nous diffusons les images en cas de vol.
03:12 Voilà ce qu'on voit sur ce macaron qui pourrait être apposé sur des commerces, c'est ça ?
03:15 Voilà, absolument. Vous rentrez dans un commerce demain, il y a ça sur la porte, vous ne pouvez pas le rater.
03:20 Si vous volez à l'intérieur de ce commerce, c'est votre responsabilité que vous mettez en jeu.
03:24 Sachez que demain, les commerçants vont diffuser votre visage. Ils sont prévenus, c'est un jeu.
03:30 Et si ces images sont diffusées, qu'elles sont reprises par des gens qui se font insulter,
03:38 ces images qui peuvent être conservées, on ne sait pas par qui, ça va être la responsabilité de qui à ce moment-là ?
03:43 Alors ça, c'est du droit. Il sera au tribunal d'en décider.
03:48 Mais s'il vous plaît, moi aujourd'hui j'ai envie qu'on parle des commerçants qui sont victimes de vol.
03:52 Arrêtons sans cesse en France de vouloir défendre les voleurs.
03:55 Aujourd'hui, vous savez, diffuser les images des voleurs, ça ne dérange que les voleurs.
03:58 Moi, j'ai aucun problème que les voleurs vous appellent, on en discute.
04:01 Ce n'est pas de défendre les voleurs, c'est juste aussi remarquer un moment qu'il peut y avoir différents types de voleurs.
04:06 Effectivement, vous parliez de bande organisée tout à l'heure, mais avec l'inflation,
04:09 il y a peut-être aussi des gens qui n'ont plus de quoi payer pour s'acheter à manger,
04:13 qui ont une forme de honte aussi à voler. On va afficher aussi cette honte à un moment.
04:18 Je suis désolé, mais ce n'est pas aux commerçants français de régler le problème de la misère du monde.
04:23 Je pense qu'on a suffisamment d'associations, alors suffisamment, excusez-moi pour ce qualificatif.
04:27 Il y a des associations en France qui aident les gens qui sont démunis.
04:31 Ce n'est pas aux commerçants de payer. Sinon, à partir de quel moment on considère que c'est un vol ?
04:36 C'est triste aujourd'hui de voir qu'il y a des Français qui ne mangent pas,
04:38 mais ce n'est pas aux commerçants de régler ces problèmes-là.
04:40 - Une proposition qui a en tout cas été déposée le mois dernier pour dépénaliser,
04:43 pour autoriser cette pratique, diffuser l'image des voleurs. Vous avez bon espoir qu'elle soit votée ?
04:47 - Oui, ça fait un an qu'on se bat pour ça. On a enfin été écouté par un groupe de députés
04:52 qui a compris ce qui se passait, qui a compris l'ineptie du problème aujourd'hui.
04:56 On est volé dans les commerces, on n'est pas défendu.
04:58 Quand les voleurs sont arrêtés, ce qui est très rare, ils ne sont jamais condamnés.
05:01 Donc oui, effectivement, on espère vraiment que cette loi va être appliquée, votée et mise en place rapidement.

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