• il y a 10 mois
Juan a un TDAH, trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité, il nous explique comment ce trouble impacte son quotidien.
Transcription
00:00 Les tâches que j'ai du mal à faire dans mon quotidien,
00:02 c'est globalement les tâches administratives.
00:04 Je pense que c'est la chose la plus dure pour moi.
00:06 Répondre aux messages également,
00:08 c'est quelque chose qui m'effraie particulièrement.
00:10 Salut Frèche, moi je m'appelle Juan Tandéro Tourné
00:13 et je suis TDAH,
00:15 donc j'ai un trouble du déficience de l'attention
00:18 avec ou sans hyperactivité,
00:20 et dans mon cas, sans hyperactivité.
00:21 J'ai été suivi par une psychologue à l'époque.
00:24 J'ai été diagnostiqué comme ça avec 20, 30, 40 séances,
00:28 je les compte même plus sur 2-3 ans,
00:30 et jusqu'à ce qu'on me diagnostique au final le TDAH.
00:33 C'est un trouble qui se remarque chez beaucoup de personnes,
00:35 notamment jeunes, donc avant l'âge de 12 ans,
00:37 parce que c'est des enfants qu'on considère comme hyperactifs,
00:41 très impulsifs, très colériques également.
00:43 Et ce n'était pas forcément mon cas,
00:44 moi j'étais plus dans mon monde,
00:48 la tête un peu dans les nuages, comme on dit chez les enfants.
00:51 J'avais certaines facilités à l'école,
00:53 mais j'étais très facilement distrait par d'autres choses.
00:55 En fait, c'est des signes évocateurs aussi du "trouble".
00:59 Le diagnostic prend du temps,
01:00 et ne peut se faire qu'avec des professionnels de santé.
01:03 Chez certains adultes, le trouble disparaît,
01:05 moi ce n'était pas mon cas,
01:06 et d'ailleurs on m'a diagnostiqué à l'âge adulte,
01:08 on ne m'a pas diagnostiqué quand j'étais enfant.
01:10 Parce que, pas de trouble assez évocateur,
01:12 parce que j'ai réussi à m'intégrer scolairement,
01:14 même si j'ai souvent été en souffrance,
01:16 je n'arrivais pas forcément à me concentrer,
01:18 ou je mettais plus de temps que les autres à faire les choses, etc.
01:21 J'avais des facilités scolaires qui me permettaient tout le temps
01:23 de compenser ces choses-là.
01:25 Une fois qu'on m'a diagnostiqué ça, j'avais 18 ans,
01:28 mon TDAH a continué de grandir, d'évoluer,
01:32 et a muté dans mon quotidien.
01:34 On va dire qu'avec la vie d'adulte de manière générale,
01:37 c'est quelque chose d'assez complexe.
01:39 Tout d'abord parce qu'on est très facilement distrait en tant qu'adulte,
01:44 on est amené souvent à avoir ce qu'on appelle des "paralysies cognitives".
01:51 On va souvent être débordé par nos émotions,
01:54 parce qu'on est soumis à la dysrégulation émotionnelle dans ce trouble-là.
01:58 Et c'est très compliqué parfois d'agir pour nous.
02:01 On réfléchit énormément,
02:03 et dites-vous qu'on est submergé par nos pensées au quotidien.
02:06 Parfois, si on a plus de 2, 3, 4 événements dans la journée,
02:09 qu'on a une journée assez chargée,
02:10 c'est très compliqué pour nous de faire les choses en temps et en heure correctement.
02:16 Les tâches que j'ai du mal à faire dans mon quotidien,
02:18 c'est globalement les tâches administratives.
02:20 Je pense que c'est la chose la plus dure pour moi.
02:22 Répondre aux messages également,
02:24 c'est quelque chose qui m'effraie particulièrement.
02:26 Mettre mes idées en place correctement sur certaines réflexions, sur certains sujets.
02:31 J'ai toujours eu des amis qui m'ont soutenu et une base solide.
02:35 On va dire qu'on me comprend parce qu'on a l'habitude que je sois comme ça.
02:40 Pour le coup, ça a souvent fait de la peine à des gens.
02:42 On croit que je les ignore, on croit que j'ai du mal à aller vers eux, etc.
02:46 Alors que pas du tout, en fait, c'est juste que je suis dans ma bulle,
02:50 je suis concentré qu'à certains moments.
02:53 Après, socialement, je n'ai jamais eu de difficultés liées à mon trouble
02:56 à proprement parler pour sociabiliser.
02:58 Je suis quelqu'un de très sociable et ça, c'est quelque chose
03:02 qui m'a quand même extrêmement avantage dans mes relations.
03:05 Quand on apprend à me connaître, il n'y a pas de souci.
03:08 Globalement, quand on a un TDAH, il y a un package qui va avec.
03:12 Chez moi, la dépression en fait partie,
03:15 la dysrégulation émotionnelle également avec un trouble anxieux.
03:19 C'est quelque chose qui est compliqué.
03:21 Beaucoup de personnes souffrent de ça.
03:24 Ce n'est pas le cas au quotidien, je vous rassure.
03:26 Moi, maintenant, aujourd'hui, ça va, tout va bien, etc.
03:28 J'ai appris à vivre avec mon trouble et j'ai appris à m'adapter.
03:32 On m'a déjà proposé de me mettre sous traitement.
03:34 Je n'ai jamais voulu prendre de médicaments dans le sens où
03:36 j'arrive à vivre avec mon trouble et ça fait partie de moi.
03:39 Et au final, j'estime ne pas en avoir besoin au quotidien.
03:42 C'est vrai qu'on voit énormément de diagnostics de TDAH ces derniers temps,
03:45 que ce soit sur TikTok, sur Instagram.
03:47 Je pense que les gens cherchent avant tout à combler une souffrance,
03:51 un besoin de savoir ce qui se passe,
03:54 un besoin de savoir pourquoi on est comme ça.
03:56 Ça peut être potentiellement dangereux pour certaines personnes
03:59 dans le sens où elles pensent avoir un trouble,
04:01 donc elles pensent pouvoir se guérir peut-être d'une manière
04:04 en consultant telle ou telle personne.
04:06 Mais personne ne peut poser un diagnostic sauf,
04:09 je le répète, un professionnel de santé.
04:10 On ne peut pas en vouloir à des gens qui vont mal
04:14 d'essayer de comprendre ce qu'ils ont.
04:15 Après, concernant les critères de diagnostic,
04:18 et ça c'est important de le préciser,
04:19 on ne sait pas exactement d'où vient ce trouble.
04:21 Il ne faut pas avoir honte d'être TDAH,
04:24 c'est une fierté.
04:25 Moi, je suis très fier d'être TDAH.
04:26 C'est quelque chose qui peut être formidable
04:29 dans notre conception de la vie,
04:31 dans notre conception des choses
04:33 et dans notre manière de voir la réalité.
04:37 Il faut absolument que vous assumiez ce que vous êtes,
04:41 c'est très important,
04:43 et vous pouvez apprendre à vivre avec le trouble.
04:45 En lui-même.
04:46 Bien évidemment que j'aurais préféré être une
04:49 "personne neurotypique" sans avoir mes fluctuations d'émotions.
04:53 Finalement, c'est ce que je suis et c'est ça qui est beau,
04:56 on est tous différents.
04:57 Chacun est comme il est et vous pouvez vous faire aider
04:59 si jamais ça ne va pas.
05:01 Il faut le rappeler, il y a des associations qui existent,
05:04 il y a des personnes qui peuvent vous aider,
05:06 donc des soignants, des psychologues, des psychiatres,
05:09 des médecins qui sont extrêmement qualifiés.
05:10 Si jamais vous souffrez trop, vous pouvez même être mis
05:12 sous traitement, il y a plusieurs traitements
05:14 qui existent aujourd'hui pour aider à compenser ce trouble-là.
05:17 Donc allez-y, assumez-vous, soyez fiers,
05:20 et surtout, vous n'êtes pas seul.

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