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Explorez les profondeurs : Aventure marine avec le commandant Cousteau ! est une série documentaire télévisée qui a été diffusée de 1968 à 1975. L'émission a été créée et animée par le célèbre océanographe Jacques Cousteau. Cousteau et son équipe ont emmené les téléspectateurs dans une odyssée sous-marine, explorant les profondeurs de l'océan et découvrant les créatures marines étonnantes qui y vivent.

L'émission était un énorme succès et a contribué à sensibiliser le public à l'importance de l'océan. C'était également l'une des premières émissions à utiliser la photographie sous-marine pour capturer des images de la vie marine dans son habitat naturel.

L'émission a été saluée pour sa beauté, son éducation et son esprit d'aventure. Cousteau était un conteur passionné, et il a partagé son amour de l'océan avec des millions de téléspectateurs. L'émission a également contribué à inspirer une nouvelle génération d'explorateurs et de scientifiques océaniques.

L'héritage d'Explore the Deep : Undersea Adventure with Commandant Cousteau continue d'exister aujourd'hui. L'émission est toujours considérée comme un classique, et elle continue d'être diffusée sur des chaînes du monde entier. Le travail de Cousteau a contribué à protéger l'océan et à inspirer les gens à explorer ses merveilles.

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Voyages
Transcription
00:00 Un jour, un homme est parti sur la mer. Il devait ressembler à celui-ci, qui va sur son radeau vers
00:11 une maigre pêche près des côtes de Tunisie. Un jour, un homme est parti sur la mer et la
00:17 grande aventure a commencé.
00:19 C'est la fin de la série. Merci.
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00:58 Quelques milliers d'années plus tard, d'autres hommes ont regardé notre planète depuis la Lune.
01:03 Pour ces hommes de l'espace, la Terre, c'est d'abord la mer.
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01:11 Notre monde, le voici, un vaste océan.
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01:19 70% de la superficie totale du globe.
01:22 Alors pas étonnant que l'histoire des hommes, depuis Noé et son arche, soit la longue découverte de cette mer qui nous entoure.
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01:32 Comment la raconter cette histoire ? La mer, les hommes, les bateaux. En voici un, en plein Pacifique.
01:39 Avec à son bord, un homme de la voile, Jean Campistron. Il n'a qu'une passion, la mer.
01:49 Pour moi, c'est un monde à part. Ce sont deux dimensions. C'est une palette de couleurs. Ce sont des odeurs.
02:00 C'est une piste d'hommes libres. C'est un lieu d'évasion. Et en même temps, c'est une arène où on se mesure avec les éléments, c'est-à-dire avec la vérité.
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02:18 C'est ce qu'ont dû ressentir les premiers marins, les hommes qui sont partis les premiers sur la mer ?
02:23 Je pense pas. Je pense pas. Je pense que les premiers hommes sont partis parce qu'il y avait nécessité de partir.
02:33 Je crois qu'ils ont utilisé la mer par nécessité. Les premiers hommes devaient avoir besoin de franchir un des trois.
02:42 Ils devaient avoir besoin de manger. Ils devaient avoir des ambitions guerrières, coloniales. Et je crois que ça se limite à ça.
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03:00 À 20 000 kilomètres de là, au bord de la Méditerranée, un autre homme a rêvé à cette enfance de la marine. Alain Bombard, bien sûr.
03:09 L'histoire de la marine commence par l'histoire des rapports entre l'homme et la mer. Et la marine n'est venue que de ce que Kipling appelait "l'insatiable curiosité".
03:20 En fait, il y a eu d'abord l'homme qui vivait sur la terre et puis qui brusquement rencontre l'élément liquide.
03:26 Alors immédiatement, il y a une espèce de symbiose, une espèce de vie en commun, une espèce de collaboration.
03:33 Alors que dans toutes les civilisations primitives, qui étaient basées sur l'économie de cueillette, c'est-à-dire qu'on prenait sans rien rendre,
03:40 une seule population n'a jamais connu la famine. À l'intérieur, il y a eu des moments où, parce qu'il avait fait froid, parce qu'il avait trop plu,
03:47 parce qu'il n'y avait pas eu de soleil, on a manqué de gibier et surtout on a manqué de vivre végétaux frais sur le bord de la mer, jamais.
03:55 Et les populations primitives qui vivaient en nomade au bord de la mer comme à l'intérieur des terres ne s'y sont pas trompées.
04:03 Ils n'ont jamais quitté le bord de mer. C'est-à-dire que la mer, dès le départ, a été la féconde.
04:08 Au fond, on l'appelle la mer en français. C'est presque symbolique. On pourrait l'appeler la mer M-E-R-E, car ça a été la mater, la mater à la latine.
04:16 D'où tout est né. D'où tout est né. Et puis bien sûr, la pêche côtière, c'est jusque là où l'homme peut aller avant de perdre pied.
04:25 Et immédiatement vient la curiosité insatiable de l'homme qui va plus loin. Et c'est le premier bateau, c'est le tronc d'arbre,
04:31 c'est le tronc d'arbre creusé pour ne pas être mouillé dedans et c'est le début de l'histoire de la marine.
04:36 Quand vous pensez à l'histoire de la marine, qu'est-ce qui vous vient à l'esprit ? Quels sont les bateaux et les hommes qui vous viennent à l'idée ?
04:44 Personnellement, les bateaux polynésiens, les drakars, les bateaux arabes, les bateaux égyptiens et enfin, ces bateaux français de haut bord du XVIIe et du XVIIIe siècles.
05:08 Puis ensuite, toute la génération des clippers. Pourquoi ces bateaux ? Pourquoi est-ce qu'ils vous intéressent plus que les autres ?
05:16 Parce que chacun des bateaux dont je parlais marque une époque dans l'histoire de l'humanité et en particulier dans l'histoire de l'architecture navale.
05:24 On ne peut pas considérer qu'il y a une chronologie absolue en matière d'architecture navale, étant donné par exemple que les bateaux polynésiens
05:33 avaient plusieurs siècles d'avance sur tous les autres bateaux.
05:38 Elles étaient si parfaites, ces pirogues polynésiennes, qu'elles ont traversé les siècles.
05:43 Les voici aujourd'hui à Tahiti, guerres différentes, servies par les mêmes joyeuses équipes de robustes pagailleurs.
05:50 Ils enfourchent sur leur masse embarcations qu'ils ont creusées, assemblées, avec le même amour, la même lente obstination, qui ignore notre temps, notre précipitation.
06:00 Un témoignage précieux sur la naissance de la navigation.
06:03 Le tronc d'arbre s'est un jour transformé en coque, longue et fine, qu'un balancier équilibre parfaitement.
06:11 L'homme s'est senti tout à coup léger et libre.
06:18 Alors, il a voulu partir plus loin.
06:24 Il lui fallait quelque chose de plus lourd, de plus solide.
06:30 Cette pirogue de haute mer, pour les expéditions au-delà de l'horizon.
06:35 A peu près convenablement reconstituée, sous son toit protecteur, c'est une sorte de monument national pour tous les Tahitiens,
06:42 comme tout un Salmon, qui la fait revivre et qui veille sur elle jalousement.
06:47 Cette pirogue, c'est une pirogue d'ancien temps, que nos ancêtres utilisaient pour leur voyage dans les îles.
06:56 On pourrait mettre facilement 80 bonhommes là-dessus, c'est-à-dire une trentaine de rameurs et 50 passagers.
07:04 Ils partaient avec des petits cochons, par exemple, des ourous. Ils partaient avec tout cela.
07:10 Bien sûr, ils partent à plusieurs, mais ils n'arrivent pas tous. Quelques-uns arrivent, mais les autres se perdent en main.
07:18 Quel voyage ! Les Maoris, pense-t-on, étaient partis de l'Inde au 3e siècle avant Jésus-Christ, vers les îles Tonga et Samoa.
07:30 Deux siècles plus tard, on les retrouve aux îles de la Société, à Tahiti,
07:35 d'où ils rayonnent vers Hawaï, à 2300 milles marins, c'est-à-dire 4200 kilomètres,
07:42 vers la Nouvelle-Zélande, où ils arrivent au 15e siècle après un voyage de 3800 kilomètres.
07:48 Ils atteindront même l'île de Pâques, à 4100 kilomètres.
07:57 Notre ami Campistron continue à évoquer le passé de la marine. Très loin dans le temps, très loin du Pacifique.
08:06 J'ai dessiné des bateaux à travers l'histoire.
08:11 Ici, vous avez le plus ancien bateau retrouvé. C'est un bateau égyptien de la flotte du Pout.
08:19 Il est remarquable de penser qu'il y a 3000 ans, l'homme était capable de réaliser, de dessiner des coques et des ensembles aussi merveilleux, aussi esthétiques.
08:29 C'est un bateau qui fait une vingtaine de mètres de long et qui pouvait contenir plus d'une centaine de passagers.
08:36 Le plan de voilure signifie que ce bateau naviguait dans des régions où il y avait peu de vent.
08:45 La flotte du Pout, c'était les bateaux envoyés par le Pharaon vers le pays légendaire de Pout, le Soudan, ou même l'Inde, pense-t-on.
08:55 Les temples disent qu'ils rapportèrent l'or, l'ivoire, les épices.
09:02 Mais les égyptiens n'étaient pas vraiment des marins. Ils n'allèrent pas bien loin, guère au-delà de ces paresseuses remontées d'une île.
09:13 Au-delà d'une île, il y avait cette petite mer qui leur semblait si grande.
09:19 Perdue dans le passé, de loin d'un peuple de marins phéniciens, crétois, allait au-devant de l'inconnu.
09:27 On avait beau avancer, avancer, on voyait rien de l'autre côté. Il y avait en plus les courants, il y avait les vents.
09:34 D'où cette grande légende, la mer est bonne ici, elle est généreuse ici, mais d'une part, elle renferme des monstres, car on sentait des animaux énormes.
09:43 Je pense à la tête des hommes rencontrant le premier requin de 6 mètres.
09:47 Ça a dû être la révélation d'une espèce d'enfer qui se trouvait quelque part, car il n'était pas habituellement sur la cause et on le rencontrait, donc il venait de quelque part.
09:54 Et puis alors cette notion de la terre plate, et donc cette eau qui devait tomber quelque part, et la grande cataracte du bout de la mer.
10:03 Puis vinrent les Grecs. Dans la légende, ou peut-être dans l'histoire, Ulysse se promène, on ne sait trop où, au milieu des sirènes et des tempêtes.
10:13 Un très grand navigateur, un Grec de Marseille, Pythéas, ose affronter l'Atlantique. Il sera le premier marin à voir la banquise.
10:21 Et combien de batailles fameuses, comme Salamine, où la flotte perse est détruite.
10:28 Mais surtout, quel est sort du commerce sur la mer ?
10:32 Ici, à Délos, au cœur de l'archipel des Cyclades, les ruines du port témoignent, sous le soleil grec, de la puissance maritime et commerciale d'Athènes.
10:53 Ici, dans ces entrepôts, ces magasins, ces quais, des centaines d'esclaves débarquaient chaque jour pour être vendus, au milieu d'un affairement incroyable.
11:03 Dans une ruelle du port, nous avons retrouvé un témoignage bien émouvant pour l'histoire.
11:09 Un jeune archéologue français, Philippe Fresse, nous avait dit, pour voir ce qu'était la marine grecque, c'est ici qu'il faut filmer.
11:18 En effet, nous voilà dans une maison pas très loin du port.
11:22 Une maison, comme vous le voyez, avec encore des stucs très, très bien conservés.
11:27 Et sur ces stucs, des graffitis que l'on peut dater de la fin du 2e siècle, début du 1er siècle.
11:34 Leur était donc très facile, avec des pointes de couteaux ou des petits outils, de dessiner, à la fois des animaux un peu fantastiques, de graver leur nom,
11:44 mais surtout de dessiner ces bateaux que vous voyez très distinctement, avec une voile très, très grande, un mat très haut,
11:53 une coque qui semble posséder, de chaque côté, une rangée de rames.
12:01 Ou celui-là encore, avec sa voile à nouveau, une coque très élancée, qui se perd au milieu des signatures ou d'autres graffitis moins lisibles.
12:16 Qui étaient ces marins qui gravaient dans le plâtre les maladroites et précieuses images de leurs bateaux ?
12:22 Un homme les a rencontrés au fond de l'eau, en allant à la recherche des épaves de Méditerranée.
12:29 C'est Jacques-Yves Cousteau.
12:31 Quand nous avons trouvé le crâne d'un des marins qui était encore conservé sous la vase, ça, ce sont des moments d'émotion intense.
12:42 Mais le moindre objet usuel, par exemple un peigne, un jeu, des osselets avec lesquels il jouait, ça fait immédiatement revivre la vie à bord.
12:57 On imagine les gens sur la plage à vent en train de jouer par beau temps.
13:05 Puis aussi la façon très astucieuse dont ils organisaient le chargement des amphores, les amphores imbriquées les unes dans les autres,
13:12 façon d'avoir absolument aucune possibilité de jouer au roulis.
13:16 Tout ça est très, très remarquable.
13:19 Vas-y !
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13:59 Par ses campagnes de plongée, comme celle de Madia en Tunisie, ou devant l'île grecque d'Anticythère,
14:06 le commandant Cousteau a contribué à renouveler l'idée que l'on se faisait de la marine ancienne.
14:12 D'abord, qu'ils étaient beaucoup plus évolués que nous ne croyons.
14:16 Leur navire était très perfectionné.
14:19 Par exemple, les clous de cuivre qui fixaient le doublage de plomb sur la coque,
14:28 étaient soigneusement environnés de plomb, la tête de ces clous était environnée de plomb,
14:32 de façon à garantir contre les effets de galvanoplastie, les effets électriques, entre le cuivre et le plomb.
14:39 Je crois qu'ils n'expliquaient pas le phénomène, mais ils le connaissaient.
14:43 Donc voilà un exemple qui nous montre que les anciens étaient beaucoup plus avancés,
14:49 beaucoup plus perfectionnés que nous ne pensions.
14:52 Ensuite, par exemple, le fait que les phéniciens utilisaient le contre-courant profond du détroit de Gibraltar
14:58 pour sortir de la Méditerranée contre le vent, en immergeant à 200 mètres une encre flottante,
15:04 c'était quand même pour nous une révélation.
15:09 Il y a comme ça toute une série de... d'abord la taille aussi des bateaux.
15:15 Amadia, le bateau faisait 40 mètres de long et faisait trois fois le tonnage d'un calypso.
15:21 Le navire d'Anticitaire également.
15:24 En conséquence, ce que j'en ai déduit de ces explorations, c'est une admiration pour les navigateurs antiques.
15:31 Voici le plus remarquable bateau de guerre de l'Antiquité grecque.
15:35 Il s'agit d'une galère authentique. Elle comprenait 200 rameurs.
15:40 C'est un chiffre absolument considérable.
15:42 On commence à voir apparaître les formes de voiles extrêmement modernes et propulsives.
15:47 Et ces bateaux, dont les carennes sont merveilleuses, comme on peut bien le voir,
15:50 étaient capables de remonter quand même au vent.
15:54 Ici, vous avez la Corbita latine.
16:03 Le bateau de commerce et de transport de Rome, de la flotte de commerce de Rome,
16:10 qui a une influence considérable en Méditerranée pendant plusieurs siècles.
16:15 On commence à voir apparaître ici cette petite voile à l'avant,
16:21 qui va avoir un effet directionnel.
16:24 On voit aussi la possibilité de réduire la toile par panneau entier au-dessus des verres.
16:32 Tous ces navires de Rome arrivaient ici, à Ostii, le grand port de la métropole impériale.
16:38 Aujourd'hui complètement à l'intérieur des terres,
16:41 les ruines d'Ostii évoquent pourtant bien ce qu'était la marine de commerce romaine.
16:46 Écoutons Attilio Cucari, historien italien.
16:50 Il faut évidemment faire un petit effort d'imagination
16:53 et penser à cette zone couverte par des arcades remplies de colonnes.
16:59 Dans ces colonnades, dans cet espèce de couloir couvert,
17:03 il y avait des magasins, appelons-les comme ça, ou des agences de navigation.
17:07 Voilà une qui peut très bien s'approcher comme souvenir à la France.
17:11 Voilà une "navi narbonensis", c'est-à-dire une agence de commerce
17:16 qui avait ses échanges avec la Gaule.
17:19 Voilà les mosaïques, qui n'est pas seulement un document, mais aussi un exemple d'art.
17:25 Un mosaïque d'époque impériale, où est représenté un bateau de commerce romain
17:31 caractérisé par sa poupe à col de cygne.
17:35 C'est la tête d'un cygne qui est toujours présente sur le bateau de commerce,
17:40 le bateau marchand romain.
17:43 Le double timon, par exemple, le double gouvernail,
17:47 organisé et formé par deux grands rames, un des deux côtés du bateau.
17:51 La grande voile, le mât soutenu par quatre oubains, simplement.
17:56 Un gréement très simple et très essentiel.
17:59 Et à côté, c'est un marchand d'animaux pour le cirque,
18:02 un importateur d'animaux d'Afrique pour les jeux de cirque.
18:06 Et voilà encore à côté, encore un souvenir de France.
18:09 Très probablement, cette mosaïque représente la bouche du Rhône,
18:15 avec sa sortie à la mer, dans la mer, n'est-ce pas ?
18:20 Et au sommet du dessin de la mosaïque, voilà le pont du Rhône,
18:26 le pont en bois du Rhône, qui traversait d'un côté à l'autre de la fleuve.
18:32 Si on le voit un peu attentivement, si on le regarde un peu attentivement,
18:36 on se rend bien compte que la mosaïque est en perspective.
18:39 On voit très bien la partie de plancher en bois
18:43 et les deux côtés qui protégeaient le passage du pont.
18:48 Oui, les bateaux romains remontaient les fleuves, remontaient le Rhône,
18:52 très bien, comme on peut voir très bien, peut-être mieux encore,
18:56 dans la mosaïque qui suit, qui est peut-être une des plus intéressantes
19:01 de cette zone dans laquelle nous sommes maintenant.
19:04 C'est toujours le pavé d'une agence de commerce.
19:09 C'est deux bateaux romains.
19:13 Celui de droite est le plus grand, comme importance, comme tonnage de bateau de l'autre,
19:19 et est en train de décharger la marchandise sur le bateau plus petit, sur la gauche,
19:25 qui va transporter ce qu'il a reçu jusqu'à Rome.
19:30 A observer encore que l'homme qui décharge a sur ses épaules, sur son dos, un amphore,
19:37 qu'on peut considérer, sans ironie, le conteneur de l'époque.
19:42 On n'a jamais retrouvé d'autres récipients que des amphores
19:46 dans lesquels placer l'huile, le grain, la farine, le blé, tout.
19:51 Tout était transporté par moyen des amphores.
19:55 Et notre plongeur retrouve curieusement les gestes fixés voici 2000 ans par la mosaïque.
20:02 Au début de l'ère chrétienne, les amphores seront remplacées par les tonneaux de bois,
20:06 invention gauloise, et du coup, on ne retrouvera plus rien dans les épaves.
20:12 Marénostrôme, notre mer.
20:22 Orgueilleuse et implacable affirmation de la puissance de Rome.
20:27 Mais combien avait-il fallu de batailles navales pour que règne la Pax Romana, la paix romaine ?
20:34 Contre Carthage, contre les rebelles de Marc-Antoine à Axiom,
20:39 contre les pirates qui pendant longtemps infestèrent les grandes lignes commerciales.
20:45 C'est avec ces navires que Rome écrasa tous ses adversaires.
20:50 Les birèmes, les trirèmes, énormes galères actionnées par les centaines de rameurs.
20:56 Mais comment ? L'histoire nous dit que les Romains n'étaient pas de très bons marins.
21:01 Leur secret, ils avaient inventé l'infanterie de marine.
21:06 Pas de manœuvre savante. Le lourd vaisseau abordait l'ennemi,
21:11 et les redoutables légionnaires avançaient, l'épée haute, et écrasaient tout.
21:17 Ainsi rouleront les flottes de Rome.
21:24 L'empire de Byzance qui lui succédera ne construira pas des bateaux très différents.
21:31 Pour arriver à un type de navire vraiment nouveau, il faut sauter quelques siècles,
21:36 aller vers le nord, vers la Scandinavie, le pays des Vikings.
21:41 C'est un bateau extraordinaire, c'est le bateau d'Oseberg.
21:45 Le bateau d'Oseberg, des Vikings, qui est vraiment le symbole de cette voile du nord
21:51 dont on a tant parlé, de ces marins exceptionnels
21:54 qui ont peut-être découvert l'Amérique bien avant Christophe Colomb.
21:58 Sur le plan esthétique, je crois que ce sont parmi les plus beaux bateaux
22:02 qui n'ont jamais été dessinés au monde.
22:05 Le voici, le Knur, le bateau Viking.
22:11 La copie d'un vaisseau trouvé dans une tombe au Danemark.
22:14 Long de 17 mètres, large de plus de 2 mètres, il file aujourd'hui pour nous dans un fjord danois.
22:21 24 hommes du nord ont revêtu le costume de leurs ancêtres
22:24 et revivent pour nous ce grand moment de leur histoire.
22:27 Avec eux, l'un des meilleurs spécialistes des Vikings, Régis Boyer.
22:32 C'est une reproduction exacte aux détails près d'un bateau de guerre
22:38 capable de voguer au 9e, 10e siècle.
22:41 Ils sont exactement dans le costume de l'époque,
22:45 un costume qui est véridique dans les moindres détails.
22:48 Et nous sommes partis pour une aventure.
22:51 Voici le chef, il est à l'avant de son bateau.
22:54 Il tient son épée qui est authentique.
22:57 Et puis voici ses hommes.
22:59 Par exemple, vous voyez cet homme en braie.
23:02 Ce sont des vêtements celtiques que les Scandinaves ont adoptés.
23:05 Celui-ci est peut-être plus intéressant.
23:07 Il a une très belle tunique de parade.
23:11 Il a aussi des reproductions de bijoux Vikings authentiques
23:16 et en particulier le fameux marteau de Thor.
23:19 Il porte à la ceinture la redoutable dague
23:22 avec laquelle on donnait le coup de grâce.
23:25 Des guerriers, des commerçants, qui étaient-ils ces Vikings?
23:29 Le mot lui-même veut dire "hommes des baies",
23:32 les hommes qui descendirent des fjords de Norvège, de Suède ou du Danemark
23:36 aux alentours du 8e siècle.
23:38 Sans doute avaient-ils le même visage, le même regard bleu et froid,
23:42 la même obstination, l'intégral.
23:46 Des prédateurs. Ils n'avaient rien.
23:49 Là-bas, des moines opulents, de riches fermiers avaient tout.
23:54 Alors ils se sont glissés le long des côtes de l'Europe.
23:57 De la Russie à l'Espagne, une rumeur de terreur s'est répandue comme la peste.
24:03 Ils arrivent.
24:05 Ils sont tous les deux en colère.
24:08 Ils ont été tués.
24:10 Une rumeur de terreur s'est répandue comme la peste.
24:13 Ils arrivent.
24:15 Les longs bateaux silencieux remontent les fleuves.
24:18 Ils arrivent.
24:20 À bord des knœurs, chacun a fu de sa dague.
24:23 Encore quelques instants et ce sera la curée.
24:26 Jusqu'ici, personne ne sait qu'ils sont là.
24:28 Quand on les verra, il sera trop tard.
24:31 Il n'y avait pas à l'époque de moyens de parade contre lui.
24:34 Il va très vite.
24:36 Il vire pratiquement sur place.
24:39 Il a un tyrandeau si faible qu'il peut circuler, comme vous le voyez ici même,
24:43 dans un fond d'eau ridicule.
24:45 Il marche à la rame, il marche à la voile, il marche à la godille.
24:49 On le transporte. L'équipage suffit à le transporter pour passer d'un chenal à un autre.
24:53 Éventuellement, on peut le rouler sur des rondins pour le déplacer.
24:58 Il est pratiquement insaisissable.
25:01 Les Vikings s'embusquaient dans une petite île à l'embouchure d'une rivière,
25:05 la Loire, la Seine, la Tamise.
25:08 Ils surgissaient au moment venu, lorsque les populations locales étaient le moins prévenues contre eux,
25:14 c'est-à-dire un jour de fête, un dimanche, un jour de très mauvais temps.
25:18 Ils surgissaient à toute vitesse. Ils débarquaient de ce bateau de guerre.
25:22 Ils faisaient leurs coups de main. Ils mettaient le feu partout.
25:25 Et vite, ils se rembarquaient. Et avant que les populations aient le temps de se ressaisir, ils avaient disparu.
25:29 L'arme absolue, la terreur personnifiée, l'ancêtre du blitzkrieg.
25:34 (Cris de la foule)
25:37 Est-ce que d'autre part, au fond, leur férocité n'était pas, après tout, à l'unisson de la férocité du temps ?
25:51 Non, d'ailleurs, il faut un peu détruire une autre légende aussi.
25:54 Ils n'étaient pas plus féroces, et probablement moins d'ailleurs, que leurs contemporains, les Hongrois ou les musulmans,
25:59 qui, sur d'autres points du globe, commettaient les mêmes déprédations, mais peut-être avec un peu moins de succès qu'eux.
26:04 Seulement, il ne faut pas oublier que presque tous les témoins dont nous disposons pour les connaître,
26:09 ce sont les clercs, les moines apeurés de tous nos couvents et abéis détestés et incendiés par les vikings,
26:16 qui ont donc écrit des pages atroces avec des exagérations grandiloquentes.
26:20 Ce sont des gens qui vivaient dans des pays pauvres, qui avaient à se défendre contre un climat, un sol extrêmement ingrat,
26:26 qui auraient pu végéter, vivoter, et qui se sont battus contre les éléments qui ont eu le courage de sortir de leur milieu,
26:35 de partir à l'aventure, d'aller chercher ailleurs ce qu'ils ne trouvaient pas chez eux.
26:53 Prêt à monter sur le saile ? Prêt à tirer et à brasser ?
26:59 Le rond à l'envers, allez !
27:02 Prêt à faire le rond en bas ?
27:07 C'est une voile rectangulaire qui est faite de longs laits parallèles de couleur vinaigre.
27:22 Elle se manœuvre extrêmement simplement par un système de haubans à gauche et à droite,
27:26 et de poulies en bois qui le viennent de descendre un instant.
27:29 Ces voiles étaient en draps grossiers tissés à la maison,
27:40 avec le poil des moutons mérinos, si célèbre à l'époque et qu'on retrouve encore aujourd'hui en Islande.
27:46 Et vous voyez tout de suite la vitesse avec laquelle on manœuvre.
27:50 Et maintenant on va passer tout devant le lait.
27:52 La rame, c'était l'attaque, c'était la guerre.
27:58 La voile, c'est le voyage, c'est la découverte.
28:02 Les Vikings ont d'abord rejoint l'Ecosse puis l'Irlande.
28:07 A la fin du IXe siècle, ils partent vers l'Atlantique.
28:11 Comment est-ce qu'elles faisaient pour s'orienter, pour naviguer ?
28:17 Quels étaient leurs moyens de navigation ?
28:19 C'est là, certainement, le problème le plus passionnant et le plus irritant que pose la navigation des Vikings.
28:26 D'autant qu'ils étaient capables de se diriger pendant de très très longues périodes de temps
28:31 et sur des itinéraires très longs, avec une précision qui confond l'admiration aujourd'hui.
28:37 Ils disposaient certainement de divers instruments dont nous ne savons rien.
28:41 Ils n'avaient évidemment pas de boussole.
28:43 Le plus vraisemblable est certainement qu'ils se repéraient, d'après la tradition orale,
28:48 sur des détails tout à fait matériels et banals qui étaient transmis et que connaissent encore les pêcheurs aujourd'hui.
28:54 Mais enfin, si vous voulez, la dernière théorie à la mode, ces derniers temps,
28:58 consiste à parler de la pierre solaire Saul-Arshteyn, dont voici un exemplaire,
29:04 qui est un cristal, qui est un quartz à double diffraction.
29:11 Ce cristal a la vertu de permettre de déceler l'emplacement exact du soleil,
29:19 même par temps très couvert, très nuageux.
29:22 Alors on le met devant l'œil, ainsi, et on le promène dans le ciel,
29:27 et au moment où il passe devant le soleil, il s'éclaire, une sorte de ligne lumineuse se dessine.
29:37 À ce moment-là, on connaît l'emplacement précis du soleil,
29:41 et donc on est censé savoir retrouver sa direction par rapport à l'emplacement du soleil.
29:46 En 874, les Vikings traversent tout le nord de l'Atlantique et atteignent l'Islande, à 1000 km de la Norvège.
29:56 Une des raisons de notre admiration, c'est qu'ils sont capables de tenir plusieurs semaines en mer,
30:01 avec des vivres extrêmement réduites, du poisson séché, du beurre salé, des algues séchées, de la viande fumée,
30:09 en quantité extrêmement petite et une réserve d'eau très, très limitée.
30:13 Il faut conclure qu'ils étaient capables de supporter des traversées longues et pénibles,
30:18 en se nourrissant au minimum et en buvant très peu, il n'y a pas d'autre explication.
30:22 Ils vont encore plus loin, la soif de l'aventure chevillée au corps.
30:27 Ils atteignent le Groenland, la grande île glacée au nord de l'Atlantique.
30:32 Un épisode tragique de l'histoire.
30:35 Des milliers de colons vikings s'installent au Groenland.
30:39 Le plus célèbre explorateur polaire français, Paul-Emile Victor, nous dit leur destin.
30:45 Le Groenland a été découvert en 986 par un homme qui s'appelait Éric le Rouge à cause de la couleur de ses cheveux
30:51 et qui est revenu ensuite en Islande en appelant l'île qu'il avait découverte, Groenland, la terre verte,
30:56 non pas du tout parce qu'elle était verte, mais il le dit lui-même dans la saga dite d'Éric le Rouge, d'Éric Raoult,
31:03 parce qu'un aussi joli nom y attirerait beaucoup de colons.
31:07 C'est le premier slogan publicitaire de l'histoire.
31:11 Elle était peut-être plus verte, en effet, la terre, à l'époque, qu'aujourd'hui, et encore, ce n'est pas certain.
31:18 De la fin du 10e siècle jusque vers le 16e siècle, on a eu des nouvelles des vikings groenlandais.
31:29 D'abord, et pendant plusieurs siècles, parce qu'ils assuraient eux-mêmes les liaisons entre eux et la métropole.
31:39 Et puis, je crois bien que c'était au 15e siècle, le roi de Norvège a vendu l'exclusivité du commerce avec le Groenland à des marchands de Bergen.
31:55 Au début, ces marchands de Bergen ont assuré les liaisons, mais ils se sont rendus compte que ce n'était pas du pipi de corbeau,
32:02 comme disent mes amis esquivaux et quelques autres, que c'était très difficile.
32:06 Et par conséquent, petit à petit, ils n'ont plus envoyé de bateaux et on a oublié les vikings du Groenland.
32:14 Ils sont tous morts.
32:15 Ils sont tous morts. On n'a relevé que d'infimes vestiges. Autant dire qu'ils ont disparu sans laisser aucune trace.
32:24 On est sûr, aujourd'hui, que les vikings ont découvert l'Amérique en allant jusqu'ici, au Labrador, une terre qu'ils ont appelée Vinland.
32:35 Cinq siècles avant Christophe Colomb.
32:38 Quelle épopée qui mérite bien cette grande place dans notre série.
32:42 Le Groenland, l'Islande et même des raides en Méditerranée.
32:48 Ils se sont installés en Normandie. Au détour de l'an 1000, ils vont vivre encore une grande aventure.
32:55 Une aventure comptée par la fameuse tapisserie de la reine Mathilde à Bayeux.
33:03 1066. Les vikings devenus normands s'embarquent pour l'Angleterre.
33:08 400 knurs et longs vaisseaux. Une expédition qui réussira, ce qu'on ne reverra pas de si tôt.
33:15 Mais c'est aussi toute une partie de l'histoire de la marine qui se clôt, alors que les chevaux de Guillaume le Conquérant s'élancent vers Astings.
33:33 Le monde va changer, les bateaux aussi.
33:37 Jean Campistron nous montre comment va évoluer la marine au Moyen-Âge.
33:46 Alors c'est très curieux, après avoir vu des bateaux aussi magnifiques que les bateaux égyptiens et méditerranéens,
33:52 il semble que, entre le 10e et le 12e siècle, l'homme retourne un peu en arrière.
33:59 Il cherche à faire des navires extrêmement importants pour l'époque, mais dont les qualités marines ne sont pas comparables à celles que nous avons vues précédemment.
34:09 Ici, vous avez une Carac du 12e siècle, qui est un bateau de transport.
34:13 Celui-ci est un bateau germanique qui appartenait à une Hanse, c'est-à-dire à des compagnies de navigation du nord, de la Baltique et de la mer du nord.
34:21 Comme on peut le voir, il a trois mâts, il a conservé cette brigantine à l'arrière et deux phares carrés,
34:29 mais cependant on voit bien que c'est un gros lourdot.
34:32 Paré comme pour un tournoi, avec les écus des chevaliers rangés comme sur un donjon,
34:38 tels sont ces navires que nous décrit le patron du musée de la marine, le commandant Luc Marie Belle.
34:44 Ces bateaux sont en réalité des châteaux flottants.
34:48 On a déjà bien le château arrière et le château avant de chacun.
34:52 Il s'agit là de faire les bateaux le plus grand possible pour l'époque et de dominer l'adversaire le mieux possible.
35:00 Donc on a tendance, jusqu'à aller au chavirement, à charger les vaisseaux dans les eaux de façon à dominer son ennemi.
35:09 C'est pourquoi ces bateaux ont pris de la hauteur de cette façon-là.
35:15 C'est ça, les châteaux fort flottants.
35:18 Exactement. Ils ont encore des unes rondes, ils ont tous des voiles carrés comme on avait encore là,
35:22 déjà en Angleterre dans le nord, contrairement aux voiles latines du sud,
35:26 mais autrement ce sont des forteresses flottantes.
35:29 Un bateau comme celui-ci doit avoir 50 mètres de long, il doit avoir entre 1000 à 1500 tonneaux.
35:35 C'est ce qu'on faisait à peu près de plus grand à l'époque tout de même.
35:39 En Méditerranée est apparu un nouveau type de voile.
35:44 Venu, dit-on, des jonques chinoises et que l'on a vu aussi se répandre en mer Rouge.
35:50 C'est la voile latine, appelée ainsi tout simplement pour la différencier des voiles carrées du nord.
35:58 Paradoxe, elle sera surtout utilisée par les Arabes.
36:02 C'est un progrès. Jusqu'ici, le vent poussait la voile.
36:08 Comment remonter contre le vent ?
36:11 Cette voile triangulaire, très maniable, permet de louvoyer, de tromper le vent en le prenant en zigzag.
36:19 Un pas en avant vers une plus grande liberté de manœuvre.
36:24 L'homme n'est plus tributaire de la direction du vent.
36:27 Tous les marins d'Europe adopteront bientôt ce nouveau gréement.
36:32 (musique)
36:43 Les Arabes, pour se lancer à la conquête de la Méditerranée, vont combiner les deux types de voile alors en usage.
36:50 La voile carrée, propulsive, et la voile latine.
36:54 Ainsi naîtra le Loude, dont nous voyons ici le dernier exemplaire à flot le long des côtes de Tunisie.
37:01 (musique)
37:07 Ce fossile marin promène une silhouette étonnante, avec son mât incliné à 45 degrés.
37:13 Disposition pratiquement unique dans l'histoire de la marine.
37:17 (musique)
37:23 Un très bon bateau, qui assurera pendant des siècles le commerce et le cabotage en Méditerranée.
37:30 Si beau, si gracieux, qu'il survivra jusqu'à notre époque, vaincu seulement par le moteur.
37:36 (bruit de la mer)
37:40 Ces flottes arabes croisaient, parfois violemment, d'autres navires venus du nord de la Méditerranée,
37:45 venus de cette ville de l'eau, dont les palais montraient l'extraordinaire puissance.
37:51 (musique)
37:53 Reine du commerce, les croisades avaient fait sa fortune.
37:57 (musique)
38:02 C'était Venise, la ville de Marco Polo.
38:06 En 1271, il était parti vers la Chine, à la recherche de toutes ses merveilles, les épices, les soirées, la poudre.
38:14 Ce qui l'avait rapporté le rêve de tout un peuple.
38:19 Et ce rêve, ici, à l'arsenal de Venise, animait les milliers de charpentiers, d'ingénieurs, d'armateurs.
38:30 Dans ces immenses chantiers navals, où ils étaient ainsi à l'époque, on pouvait construire jusqu'à une galère par jour.
38:40 Des centaines de vaisseaux qui allaient sillonner la Méditerranée.
38:45 (musique)
38:51 Chacun, dans la fièvre de ce travail de fourmi, savait qu'un jour, derrière ce mur d'enceinte, quelque chose d'autre arriverait.
39:00 On irait plus loin, vers l'inconnu.
39:04 Encore fallait-il avoir les moyens de se diriger sur la mer.
39:07 L'une de ces républiques maritimes qui dominait à l'époque la Méditerranée, Amalfi, va donner au monde ce moyen.
39:15 C'est une histoire peu connue, que nous conte Plinio Amendola, historien local.
39:21 Je crois que la plus grande gloire d'Amalfi, c'est l'invention de la boussole, par notre concitoyen Flavio Gioia.
39:34 C'est un personnage légendaire.
39:39 Ce n'est pas parce qu'on n'a pas retrouvé son acte de naissance ni sa tombe, qu'on doit contester toute cette tradition,
39:45 qui veut que la boussole ait bien été inventée par Flavio Gioia.
39:52 Un savant, l'ingénieur Agadino d'Arrigo, a mis fin à l'inutile discussion sur l'invention de la boussole, par les Chinois ou les Arabes.
40:03 Les Chinois connaissaient l'aiguille aimantée, mais ne s'en servaient pas pour naviguer.
40:08 C'est ce que Marco Polo a constaté quand il est allé en Chine, qu'il naviguait surtout à proximité des côtes.
40:16 Quant aux Arabes, leur carte marine était imprécise, ce qui confirme qu'ils ne possédaient pas la boussole pour s'orienter.
40:25 A la fin du Moyen-Âge et jusqu'à l'invention du portulant, les hommes n'ont guère d'idées précises sur la forme de leur monde.
40:31 Seule l'Europe est à peu près dessinée, de la mer du Nord à l'Espagne et au Portugal, avec une vague ébauche du Nord de l'Afrique.
40:38 Alors apparaît au Portugal un personnage extraordinaire, à la fin du XIVe siècle, dont Henri de Portugal, dit Henri le Navigateur.
40:49 Vous savez, Henri le Navigateur, le mal nommé, car lui-même n'a traversé que quatre fois le détroit de Gibraltar.
40:54 Mais il était certain que l'on pouvait connaître la côte africaine, cette côte africaine dont on avait entendu parler,
41:01 par la traite de l'ivoire, etc., qui arrivait par la terre, en passant par la mer.
41:06 Et il envoie expédition sur expédition pour arriver à trouver ce qu'avait dit Hérodote,
41:11 que la mer où se trouvait l'Égypte était la même que celle où se trouvait l'Atlantique.
41:19 En fait, c'est la grande illusion du golfe de Guinée qui pénétrant profondément, donnait l'impression que l'Afrique allait se couper à cet endroit-là.
41:26 Et c'est à la recherche de ce passage que les Portugais, pendant deux siècles, vont descendre,
41:32 jusque finalement passer le Cap d'Ide, de bonne espérance, parce que c'était enfin l'endroit où la côte remontait.
41:38 Et au fond, Hérodote avait raison, les mers étaient jointilles.
41:41 16 ans plus tard, se présentait un visionnaire d'origine espagnole, d'origine probablement juive, qui s'appelait Cristobal Colón.
41:48 Alors là, change totalement notre civilisation.
41:51 Un moment capital, la rencontre, pour changer le monde, d'un homme exceptionnel et de conditions exceptionnelles.
41:58 La technique a fait un bond, la boussole, le gouvernail permettent d'aller loin sur l'océan.
42:04 Cristobal Colón, il a 46 ans, ce n'est ni un fou ni un rêveur, mais déjà un vieux marin très expérimenté.
42:11 Il connaît toutes les cartes, il a suivi avec passion les récits de Marco Polo.
42:16 Il a dit au souverain d'Espagne, il faut trois ans à vos navires pour aller aux Indes et revenir.
42:21 La terre est ronde, moi j'irai aux Indes par l'Atlantique, en dix fois moins de temps.
42:27 Toutes les richesses de ces pays fabuleux seront à vous.
42:31 Début août 1492, trois vaisseaux quittent le port andalou de Palos de Moguerre.
42:38 Deux caravels, une nef.
42:41 L'historien espagnol Martínez Hidalgo nous dit d'abord ce qu'étaient ces bateaux, qui allaient avoir tant d'importance dans l'histoire.
42:48 La caravel a son origine au Portugal et en Espagne.
42:55 C'est une version améliorée de la carac moresque, un bateau arabe à voile latine.
43:03 Ainsi la Niña, quand elle est partie, était encore une caravel à voile latine.
43:09 Quand Christophe Colomb a fait sa première escale au Canary, il a fait changer les voiles latines.
43:16 Depuis le début, elle n'avait pas été efficace par vent arrière.
43:21 Il a décidé d'adopter un gréement carré, comme sur l'autre caravel, la pinta.
43:27 Voici la pinta, avec ce gréement, mieux adaptée à la navigation sur l'Atlantique.
43:34 Les voici telles qu'elles devaient être quand Christophe Colomb est parti pour son grand voyage.
43:40 C'est-à-dire la Niña et la pinta, toujours en avant, et la nef, plus lente, plus lourde, en arrière.
43:48 La nef est encore une carac médiévale, le grand navire servant au transport des marchandises.
43:55 Il avait besoin d'un équipage important.
43:59 Le gréement est rudimentaire, il fallait du monde pour le manœuvrer.
44:03 A bord de la Santa Maria, on a estimé qu'il n'y avait pas moins de 40 hommes.
44:07 L'équipage se trouvait généralement sous une grande tente, sur le pont, pas d'autre logement.
44:12 Le seul qui avait ces quartiers était l'amiral, Christophe Colomb.
44:17 Les hommes d'équipage, contrairement à ce qui a été soutenu par certains historiens amateurs de sensationnels, n'étaient pas des forçats.
44:25 C'étaient bel et bien des marins, d'excellents marins.
44:29 Après cette escale au Canary, le vrai départ a lieu, dans l'enthousiasme.
44:34 C'est cela qui est étonnant, l'impression, dès le début, de participer à un événement historique.
44:39 Colomb est très confiant. Il croit que très vite, il va trouver ce que les portugais appellent l'île d'Antilia, Antille, l'île en face.
44:47 Les cartes la mentionnent avec beaucoup de détail, bien que personne ne l'ait encore vue.
44:52 C'est une légende. À l'endroit présumé, il n'y a rien.
44:58 Du coup s'installe à bord l'étonnement, puis l'inquiétude.
45:01 Les semaines passent. De grandes zones de calme plat achèvent de décourager les hommes.
45:08 À la fin du deuxième mois, c'est la grogne. Colomb fait face, il rétablit le calme. Curieux homme en vérité. Étrange génie.
45:17 La personnalité de Colomb est complexe.
45:24 En tant que marin, il mérite une extraordinaire admiration.
45:30 Admiration pour ce premier voyage et pour les voyages suivants.
45:35 C'était vraiment un marin formidable.
45:41 Par contre, quand nous jugeons Colomb en tant que chef, colonisateur, administrateur, organisateur, il avait de grands défauts, qui devaient plus tard lui causer bien des ennuis.
46:02 Un petit exemple. Les rois catholiques avaient promis une récompense de 20 000 maravedis au premier qui crierait "Terre".
46:15 Le premier qui le fit, fut un pauvre matelot de la pinta, appelé Rodrigo de Triana.
46:22 Bien, chose incompréhensible chez un véritable chef. Christophe Colomb affirma que c'était lui le premier à avoir vu la terre.
46:32 Il fit refuser la récompense au pauvre marin.
46:37 12 octobre 1492, au mât de la pinta, le pauvre Rodrigo de Triana a donc crié "Terre".
46:46 Une île. Colomb la baptise San Salvador. Il ne sait pas où il est, mais il sait qu'il est sauvé.
46:58 Laissons un lointain descendant du comité d'accueil, l'historien haïtien Albert Mangolès, nous dire ce qui s'est passé ensuite.
47:06 C'est ici, c'est ici qu'est arrivé pour la première fois Christophe Colomb le 6 décembre 1492.
47:15 Toujours dans son esprit, découvrant le territoire fabuleux des Indes.
47:21 Et en somme, sur cet endroit qui a l'air aujourd'hui si désolé, et qu'il était d'ailleurs.
47:27 C'est ici qu'a commencé un des chapitres les plus importants de cette aventure extraordinaire qui a bouleversé en somme tout le patrimoine humain, toute l'histoire de l'humanité.
47:40 Cette découverte d'un nouveau monde. Ici, sur cette terre d'Haïti.
47:45 En 69 jours, Christophe Colomb vient de traverser l'Atlantique.
47:50 Il a découvert les Bahamas, Cuba et Haïti.
47:55 En somme, il a découvert l'Amérique.
47:58 Sans doute, il a dû planter une croix. Probablement les caravels étant amarrés, sont descendus en chaloupe, nous ne savons pas exactement.
48:12 Et ça a pu très bien être sur cette plage quelconque, banale, où cette cérémonie qui a été rapportée par tant d'historiens a eu lieu.
48:20 Planter la croix, baigner l'endroit. L'accueil a été remarquable.
48:24 D'ailleurs, il l'a toujours dit, il l'a répété, les indigènes de cette île sont accueillants, gracieux, charmants.
48:32 Et sans doute, les points où il avait touché avant avaient permis de répandre la nouvelle de l'arrivée de ces êtres extraordinaires qui voyageaient dans un esquif qui pour nous aujourd'hui est mesquin, petit, mais mettez-vous à la place des Indiens.
48:45 Ça a dû être un choc extraordinaire de voir ces énormes oiseaux avec leur voile colossale, arrivant sur la mer, les grandes croix marquées dessus, et en sortir des êtres bizarres, habillés étrangement, avec une barbe et vêtus de choses étonnantes.
49:00 Et ils les ont accueillis pourtant pas comme la tradition de tous les hommes, l'étranger, l'ennemi. Ils les ont accueillis comme des amis.
49:08 Et cette première terre des Antilles, si elle était riche de gentillesse, si elle était riche d'un beau paysage, d'accueil, elle était pauvre, finalement, de ce pour quoi on était venus.
49:20 Elle était pauvre d'or, elle était pauvre de miraculeuses richesses. Et malgré tout, il y a eu l'entêtement de ceux qui voulaient en avoir. On a réduit en esclavage les Indiens.
49:33 Et ces êtres si paisibles n'ont pas résisté à ce traitement.
49:37 C'est le début d'une longue histoire, parfois douloureuse, toujours exaltante.
49:42 Une autre histoire que nous allons vous conter.
49:45 L'homme était parti à la découverte du monde. Dans les siècles suivants, il continue, insatiable et merveilleux.
49:53 Les grands voiliers apparaissent, superbes, sur la mer. Puis viendront les monstres curacés, les paquebots, tous ces beaux navires de cette belle aventure.
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