• il y a 9 mois
Rediffusion: semaine du 12 février 2024
- Sans commentaire: bord de l'Aire
- 20 ans de Canal Onex
- Coupures, une pièce de théâtre aux spectacles Onésiens

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02:46 Il y a 20 ans, les Onésiens découvraient des reportages centrés sur leur commune, à travers la chaîne de télévision Canal Onet.
02:56 C'est le conseiller administratif de l'époque, René Longer, qui avait initié cette aventure.
03:02 Aujourd'hui, et déjà il y a 20 ans, les gens avaient de la peine quelque part d'avoir accès aux nouvelles locales.
03:09 Et ce n'est pas du tout quelque chose qui vient d'en haut pour être diffusé auprès de là-bas.
03:15 C'était que les gens puissent mieux connaître ce que font les autres, créer des liens dans le quartier par rapport au projet de la commune,
03:23 projet des associations, la vie sportive, la vie culturelle.
03:27 On s'est dit que ça animerait la connaissance des personnes de ce qui se passe dans leur environnement.
03:33 Après avoir convaincu une majorité du conseil municipal, fallait-il encore, vis-à-vis de l'Office fédéral de la communication, l'OFCOM, garantir l'indépendance rédactionnelle.
03:43 Quant au financement, il était assuré pour deux tiers par Télé Onessa, propriétaire du réseau câble onésien, et un tiers par la commune.
03:51 L'idée c'était qu'il y ait une rédaction indépendante de la commune.
03:55 Et on a toujours garanti le statut rédactionnel, parce que moi ça ne m'intéressait absolument pas d'avoir la voix de son maître,
04:01 ou d'avoir une télévision téléguidée par une quelconque autorité qui peut passer un message,
04:07 même si elle était objective pour l'autorité, elle aurait été ressentie comme en partie de la propagande par les destinataires.
04:16 Donc moi ça me paraissait essentiel pour des raisons juridiques, mais surtout éthiques et aussi d'animation,
04:22 que les onésiens et les onésiens qui regardent ça se disent "mais là il y a un professionnel, une équipe professionnelle,
04:28 qui a des critères professionnels pour décider ce qui est intéressant et ce qui n'est pas".
04:33 Et c'était, parfois moi j'aurais fait d'autres choix, mais ça ne m'appartenait pas, je ne suis pas journaliste,
04:39 et les élus n'avaient aucun journaliste qui pouvait dire "moi j'aurais fait autrement".
04:43 C'était confiance au professionnel, et ça a très bien marché pour moi en tout cas.
04:47 Les gens étaient contents je crois, réellement.
04:49 À raison de cinq reportages par semaine, de magazines, d'émissions spéciales, parfois en direct,
04:56 l'équipe de Canalone a informé la population locale durant plus de douze ans.
05:01 Tout le monde qui entreprenait quelque chose, qui faisait une activité,
05:05 qui pouvait intéresser un groupe substantiel de téléspectatrices et téléspectateurs,
05:10 avait une chance d'y passer. Et ça je trouvais très rassurant.
05:13 Ça domestiquait aussi quelque part, ça démocratisait un média qui pouvait paraître élitaire.
05:19 Et là non, c'était la télévision de tout le monde.
05:21 Et ça, vraiment là, moi j'étais très content, je trouvais ça extrêmement positif,
05:26 et j'ai regretté pour des raisons auxquelles je n'ai pas été associé du tout,
05:30 à un moment donné ça s'est arrêté quoi.
05:32 C'est en 2017 que les représentants du conseil administratif en place ont remis les commandes à Léman Bleu.
05:38 Moi ça ne m'a pas paru très logique et pas très cohérent,
05:42 parce que je n'ai pas du tout été consulté ou impliqué dans la décision, moi j'en ai pris acte.
05:47 Je pense que c'est surtout la population qui a été frustrée, plus que moi quelque part.
05:51 Moi j'ai amené quelque chose qui a fonctionné, et tout à coup ça a été enlevé.
05:55 Je ne suis pas sûr qu'il y ait eu beaucoup d'explications pour dire pourquoi.
05:58 Forcément ça laisse un souvenir ambivalent, parce qu'on se dit pourquoi ça a été arrêté,
06:03 parce qu'on est encore plus aujourd'hui dans une période où les gens se méfient,
06:07 où il y a des fake news partout, où on pense que les élus sont tous des gens
06:12 qui travaillent pour eux et pas pour les autres, etc.
06:14 Et on s'est privés d'un outil de transparence quelque part aussi.
06:19 Un média local indépendant qui formait des journalistes, des employés de commerce
06:24 et engagait des jeunes pour certaines opérations, n'a eu que d'autres choix,
06:28 malgré le soutien d'une grande partie de la population, de cesser de diffuser.
06:33 On peut parler de gâchis, car le choix des élus de l'époque de payer la télévision cantonale
06:38 L'Aimant Bleu pour réaliser des publics reportages s'est avéré contraire à la loi fédérale
06:43 sur la radio et la télévision LRTV. Au final, L'Aimant Bleu a renoncé au mandat.
06:49 Aujourd'hui, c'est une poignée de citoyens onésiens qui ont créé l'association Réseau Net,
06:54 qui mandate TV Onet pour réaliser des reportages.
06:57 Toutefois, les cotisations dont est la publicité ne couvrent de loin pas les frais.
07:02 Si la Commune n'envisage pas un quelconque financement,
07:06 il est fort probable que les onésiens n'auront plus un regard sur les événements de la Commune.
07:11 Hier soir, la compagnie La Poursuite du Bleu a présenté son spectacle "Coupure" au spectacle onésien.
07:31 Une satire politique et sociale.
07:35 Pour résumer le spectacle, "Coupure" raconte le dilemme qui est posé à un maire
07:39 qui est pris entre le bien commun et celui de sa famille,
07:43 qui est pris entre ses convictions et le bien des siens.
07:47 C'est un maire écolo très engagé qui se retrouve dans une situation impossible
07:51 où il doit accepter le déploiement d'antennes contre ses valeurs personnelles.
07:56 Ce maire écologiste se voit offrir une importante somme d'argent qui pourrait sauver son exploitation,
08:02 à condition de poser des antennes 5G sur son terrain,
08:07 ce qui va à l'encontre de ses convictions politiques.
08:11 Il comprend bien qu'innovation ne rime pas forcément avec progrès,
08:16 mais peine à céder à la corruption alors que ses voisins, eux, pourraient sans autre louer leur terrain.
08:22 Comment peut-il rester sincère face à la population ?
08:26 Le dilemme est posé dans toute sa complexité.
08:29 On peut être sincère dans un discours erroné.
08:32 On est très fort à faire de la logique dans des choses qui pourtant démarrent d'hypothèses qui sont erronées.
08:37 Je pense qu'il ne faut pas ne pas croire en la sincérité du discours, même quand il est biaisé.
08:41 C'est ça qui est intéressant, c'est qu'à un moment on ne sait plus vraiment où on habite
08:45 quand on est cet élu qui est confronté à cette réalité-là.
08:48 Les gens ont besoin de réseaux, et lui a besoin de réseaux, et ça lui coûte une récolte.
08:51 Il s'en rend compte de la difficulté que ça pose.
08:54 La pièce touche par la multiplicité des points de vue et invite le public à réfléchir à la situation.
09:00 Parmi ce public, la conseillère administrative Verte Donnet,
09:05 qui a accepté de mettre en relation son expérience avec celle relatée dans la pièce.
09:11 C'est une pièce qui nous retourne,
09:16 qui nous fait réfléchir, et qui est touchante.
09:24 On fait de la politique parce qu'on a un idéal.
09:29 Ça veut dire qu'on a une certaine vision de la société,
09:33 et on pense que d'aller dans cette direction-là, c'est ce qui est le mieux pour la collectivité.
09:41 Sinon, on ne ferait pas de politique.
09:44 Et pourtant, bien qu'élu et légitime, sa vision personnelle du monde
09:48 n'est peut-être pas celle de la majorité de la population.
09:52 Et que faire si son action de surcroît apporte un désavantage personnel ?
09:57 Être élu, c'est pourtant devoir trancher pour ce qu'on croit être le bien de toutes et tous.
10:03 En fait, on a tendance à considérer que la démocratie, c'est la moindre violence.
10:08 Mais en réalité, la démocratie, c'est un système assez violent.
10:11 Le fait de gagner une élection, ça consiste quand même à imposer à une minorité son point de vue.
10:17 C'est quelque chose de fort.
10:19 Et un truc qu'on n'accepte pas dans la vie familiale ou dans la vie de couple,
10:22 c'est-à-dire, en gros, que quelqu'un décide pour tous les autres,
10:25 on arrive à l'accepter dans la vie démocratique,
10:27 quand on sappe la décision collective,
10:29 quand on sappe le moment d'intelligence collective,
10:32 où on pose les choses ou on débat.
10:34 On se retrouve dans l'isoloir.
10:37 On a fait son choix.
10:39 On vote.
10:41 À voter.
10:43 Et après, souvent, on est déçu.
10:46 On a choisi le comédien principal.
10:49 On l'a mis là, en plein milieu, en pleine lumière.
10:51 Il nous a promis qu'il allait jouer quelque chose de spécial,
10:54 qu'il allait réinventer le rôle, le révolutionner.
10:57 Il nous l'a promis.
10:59 Mais non.
11:00 Il joue ce qu'il veut.
11:02 Alors parfois, on se dit, vous étiez dans le programme, ça ?
11:07 Un politicien se trouve donc constamment dans le dilemme
11:10 de prendre des décisions morales,
11:12 avec l'injonction de spécialistes qui ont leur vision technique des choses
11:16 et des conséquences individuelles et collectives.
11:19 Oui, il y a eu des fois où je me suis sentie seule en politique.
11:26 Mais quand je me sens seule,
11:29 je me tourne vers des personnes qui ont une certaine expérience
11:34 ou des personnes qui sont même en dehors de la sphère politique.
11:37 Puis de discuter, finalement, des choses qui me préoccupent
11:41 ou ces moments de solitude, ça m'aide.
11:45 Une pièce de théâtre qui pose donc beaucoup de questions
11:48 sur les conditions sociales, la corruption, l'idéalisme,
11:51 tout en évitant toute superficialité.
11:54 Mais il s'agit aussi et surtout d'une merveilleuse satire,
11:58 touchante, poétique, mais aussi très drôle.
12:02 Un spectacle donc à ne pas manquer.
12:06 L'ÉTUDIANTE
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