• il y a 8 mois
Raphaël Glucksmann, député européen, était l’invité du Face à Face sur BFMTV-RMC.

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Transcription
00:00 Si vous sortez du marché unique, la France s'effondre.
00:02 C'est le Venezuela Chavez, la France, si on sort du marché unique.
00:05 Par contre, une fois que vous avez un marché unique
00:07 où il y a la libre circulation des marchandises,
00:09 il faut les mêmes règles partout.
00:10 Il faut que les mêmes lois s'appliquent partout.
00:12 Donc il faut plus de cohérence européenne.
00:16 Est-ce que ça va nous tirer vers le haut ou est-ce que ça va nous tirer vers le bas ?
00:17 Mais ça va nous tirer vers le haut.
00:19 Regardez, vous prenez toute la concurrence déloyale,
00:22 par exemple avec la cerise espagnole ou l'italienne.
00:24 L'enjeu, c'est quoi ?
00:26 C'est est-ce qu'on va supprimer l'ensemble des règles
00:28 ou est-ce qu'on va mettre les mêmes règles partout
00:30 pour qu'il n'y ait plus de concurrence déloyale ?
00:31 Quand vous avez un contournement de la loi EGalim,
00:33 parce qu'en Europe, il n'y a pas des mêmes normes,
00:35 ce qu'il faut porter, c'est une politique agricole et alimentaire commune
00:39 à l'échelle européenne.
00:40 En fait, aujourd'hui, l'Europe est à la croisée des chemins.
00:43 On a fait l'Europe à moitié.
00:44 On a fait un marché unique.
00:45 Et ce marché, je suis désolé,
00:47 mais c'est le levier de puissance qu'on a aujourd'hui.
00:49 C'est quasiment le seul.
00:49 On est le premier marché du monde parce qu'il est intégré.
00:52 Et donc aujourd'hui, l'enjeu, c'est quoi ?
00:53 C'est de transformer ce marché en ensemble de règles cohérentes.
00:58 C'est pareil sur la concurrence fiscale.
00:59 Là-dessus, vous dites au fond, comme Emmanuel Macron,
01:02 qui finit par dire qu'il faut un EGalim,
01:03 non pas seulement français, mais européen.
01:05 Et c'est ce que nous, on portera.
01:06 Mais simplement, Emmanuel Macron,
01:07 quand il envoie au Parlement européen des gens
01:09 pour négocier la politique agricole commune,
01:11 il envoie des gens qui vont négocier au nom des lobbies agro-industriels
01:15 et qui bloquent toute évolution.
01:17 Donc si vous voulez une politique agricole commune
01:18 qui serve réellement...
01:19 Donc il dit d'un côté ce qu'il ne fait pas de l'autre ?
01:20 Mais ce n'est pas une surprise pour vous,
01:22 je suppose, Emmanuel Macron, ça lui arrive souvent.
01:24 Après, la question là, aujourd'hui,
01:25 c'est de savoir si on a menti aux agriculteurs,
01:28 si on leur a dit "on va s'occuper du problème des Galims,
01:31 on va s'occuper de la PAC",
01:32 et qu'en réalité, on ne le fait pas.
01:33 Et donc, ce qu'il faut, c'est porter une réforme
01:35 de la politique agricole commune.
01:36 Vous ne pouvez pas avoir une politique...
01:38 Vous savez, c'est quand même 30% du budget européen.
01:40 C'est des subventions massives.
01:42 Vous continuez à défendre cette Europe, Raphaël Gluckman,
01:44 qui a condamné, notamment, regardez,
01:46 même la France, Bercy, s'était rendu compte
01:49 des entourloupes des centrales d'achat.
01:51 La manière dont, en effet, les grands distributeurs
01:55 contournent la loi Egalim et vont négocier leurs prix ailleurs.
01:58 Bercy, lui-même, a pointé du doigt
02:00 le problème de la centrale d'achat de Leclerc,
02:02 qui, en réalité, allait négocier ses prix en Belgique.
02:05 Et vous savez quoi ? C'est la juridiction européenne
02:08 qui a condamné Bercy et qui a donné raison à le voir.
02:10 Vous voulez que ça change ?
02:12 Vous voulez que ça change, ça ?
02:13 Mon problème, ce n'est pas moi, c'est les gens qui vous écoutent.
02:15 Les gens qui nous écoutent veulent que ça change.
02:17 Eh bien, il faut une majorité de gauche au Parlement européen
02:20 parce que nous avons lutté contre ça.
02:21 Vous allez aller contre la juridiction européenne ?
02:25 Vous allez aller contre la Cour de justice de l'Union européenne ?
02:27 La juridiction, ce n'est pas les lois de Moïse gravées dans le marbre.
02:33 C'est le produit d'un rapport de force politique.
02:36 Vous voulez une Europe qui protège ?
02:38 Eh bien, vous devez vous saisir de votre bulletin de vote
02:41 et aller aux élections parce que ça joue là-dessus.
02:43 Vous savez, c'est comme la France.
02:45 L'Europe, c'est ce qu'on en fait.
02:46 Et donc, c'est les majorités politiques qui décident
02:48 des orientations politiques prises par l'Union européenne.
02:51 Et si vous voulez que cela change, si vous voulez qu'on aussi…
02:53 Il y a une autre chose qui est très peu dite,
02:56 c'est qu'en fait, la politique agricole commune,
02:58 elle a complètement changé à partir du moment
03:00 où on l'a alignée sur les objectifs de l'OMC.
03:02 C'est-à-dire qu'on a découplé les subventions.
03:04 Et en réalité, ce qu'on a fait, c'est qu'on a empêché
03:08 la politique publique de répondre aux crises sociales
03:12 et de répondre aux catastrophes.
03:14 Donc en fait, quand vous avez par exemple une année
03:15 avec des excellentes productions,
03:18 vous ne pouvez pas moins subventionner
03:20 et vous ne pouvez pas plus subventionner
03:21 quand vous avez une année difficile.
03:22 Donc c'est inadapté à la réalité.
03:23 Bien sûr. Et ça, c'est le produit du dogmatisme néolibéral
03:26 qui a dominé les politiques européennes pendant 30 ans.
03:28 Mais ce dogmatisme-là, il est le produit de quoi ?
03:31 Il est le produit qu'on envoie des majorités conservatrices
03:33 qui vont défendre la politique agricole commune
03:35 telle qu'elle est, aussi injuste qu'elle soit,
03:38 au Parlement européen.
03:39 Et donc, c'est pour ça que ces élections, elles sont fondamentales.
03:41 En fait, si vous voulez, si vous avez à la tête de l'Europe
03:44 Jacques Delors ou Barroso,
03:45 eh bien, ce n'est pas la même Europe.
03:47 De la même manière qu'en France,
03:48 quand vous avez une majorité politique,
03:50 les politiques, elles changent.
03:51 Et vous ne voulez pas quitter la France
03:52 parce que les politiques ne vous conviennent pas.
03:54 Donc vous dites, on ne va pas quitter l'Europe
03:55 parce qu'aujourd'hui, l'Europe telle qu'elle est dirigée...
03:58 Mais on va la changer !

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