Présentation de l'émission Dimanche en Politique avec pour invité Boris Ravignon, maire de Charleville-Mézières, alors fraîchement nommé à la tête de l'ADEME.
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00:00 Badra, tu me mettras bien le petit décompte ?
00:03 Ok.
00:05 Ça marche.
00:29 *Générique*
00:42 Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Dimanche en politique.
00:45 Aujourd'hui on reçoit Boris Ravignon, bien connu des carolomacériens,
00:49 puisqu'il est maire de Charleville-Mézières depuis plus de 8 ans,
00:53 mais aussi président de l'agglomération.
00:55 Et depuis peu, il est à la tête de l'ADEME,
00:58 l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie.
01:01 Trois mandats pour un seul homme, c'est un peu trop pour certains,
01:05 quand d'autres reprochent à cet homme de droite de longue date
01:08 de marcher en coulisses pour Emmanuel Macron.
01:10 On va donc avoir l'occasion de vous entendre sur tous ces sujets
01:13 pendant près d'une demi-heure.
01:14 Boris Ravignon, bonjour.
01:15 Bonjour.
01:16 Vous commencez donc 2023 avec un nouveau mandat,
01:20 prendre la tête de l'ADEME.
01:22 Cela représente quoi pour vous ?
01:24 Cela représente d'abord une très grande fierté.
01:26 L'ADEME, c'est l'Agence des solutions pour la transition écologique.
01:30 Vous savez, on est aujourd'hui confronté à un changement climatique
01:33 qui menace notre planète et qui menace notre mode de vie,
01:36 et même, je crois, l'existence même de l'homme sur Terre,
01:38 si nous poussons les conséquences de ce changement climatique à terme.
01:41 Donc on a une transition écologique à opérer.
01:45 On doit gagner encore en efficacité énergétique,
01:48 réduire par de la sobriété notre consommation d'énergie
01:51 et puis surtout verdir toutes nos consommations d'énergie.
01:53 Cela, c'est un chantier gigantesque
01:55 avec une planification qui s'organise sur plusieurs décennies.
01:58 Et aujourd'hui, l'ADEME est là pour apporter des solutions
02:02 aux collectivités, aux entreprises, aux particuliers aussi,
02:05 en partenariat avec d'autres associations d'entreprise.
02:07 On va bien sûr revenir en détail sur toutes ces missions,
02:10 ces chantiers que vous allez lancer tout au long de cette émission.
02:14 L'ADEME, c'est une agence nationale.
02:16 Elle est rattachée au ministère de la Transition écologique,
02:18 mais elle reste aussi méconnue du grand public.
02:21 On est allé à la rencontre des habitants de Charleville-Mézières.
02:24 Vous les entendrez tout au long de cette émission.
02:26 Et pour beaucoup, vous allez le voir, le rôle de l'ADEME est donc un peu flou.
02:30 Vous savez, madame, qui est président de l'ADEME ?
02:33 De l'ADEME ?
02:35 Alors là, écoutez, je vais vous dire que l'ADEME...
02:38 Qu'est-ce que c'est que l'ADEME ?
02:40 L'ADEME ? Non, l'ADEME. Non.
02:43 Est-ce que vous savez ce que c'est l'ADEME ?
02:45 Non plus.
02:46 Tout ce que je sais, c'est que le maire de Charleville est devenu président de l'ADEME.
02:50 Je ne sais pas ce qu'il va y faire.
02:52 Alors, Boris Ravignon, à quoi elle sert cette agence et qu'est-ce que vous allez y faire ?
02:56 Alors, cette agence, elle est pourtant effectivement derrière de nombreuses évolutions,
03:00 y compris à Charleville-Mézières.
03:02 On n'a probablement pas suffisamment expliqué la chose,
03:05 mais quand on a décidé, dans une fonderie PSA qui se trouve juste à côté de la ville,
03:09 on a décidé d'aller récupérer la chaleur qui partait dans le ciel de cette fonderie
03:13 pour constituer un réseau de chaleur, échauffer par exemple l'hôpital de Manchester
03:17 ou le quartier de Manchester,
03:19 l'ADEME nous a naturellement beaucoup aidé et a versé une subvention au projet
03:23 qui a permis effectivement de faire cette extension du réseau de chaleur.
03:26 Donc l'ADEME, elle est aussi dans la Notre-Ville, derrière le développement des bornes électriques.
03:32 149 bornes de recharge à travers toute l'agglomération.
03:35 On a eu longtemps un système d'auto-partage et là encore, on avait été aidé par cette agence.
03:40 Donc c'est effectivement une agence qui aide beaucoup les collectivités.
03:43 Elle doit aujourd'hui, et c'est une des priorités à partir de 2023,
03:46 aider aussi les entreprises à faire ce travail de verdir leur consommation d'énergie.
03:52 Et puis elle aide, en lien avec l'Agence Nationale de l'Habitat,
03:55 les particuliers qui font des travaux d'isolation chez eux.
03:58 Donc elle est dans beaucoup d'endroits, mais elle a manifestement encore un déficit de communication à combler.
04:03 Donc vous l'avez dit, beaucoup de chantiers aussi qui auront des conséquences sur notre territoire.
04:07 On va y revenir, mais d'abord on va s'arrêter sur votre nomination, Boris Ravignon.
04:13 L'ADEME, c'est l'une des agences publiques les plus importantes.
04:16 Elle compte plus de 1000 salariés répartis sur tout le territoire.
04:20 On l'a dit, vous assurez aujourd'hui cette fonction, en plus de vos mandats de maire de Charleville-Mézières
04:24 et de président de l'agglomération. Un choix qui laisse perplexe certains de vos administrés. On écoute.
04:31 Est-ce que vous pensez qu'il peut à la fois être maire de Charleville et président de l'ADEME ?
04:37 Non, parce que je pense que ça fait beaucoup de travail.
04:41 Et qu'à la ville de Charleville, il y a déjà énormément, énormément d'être maire.
04:45 Même s'il travaille bien, même s'il est très occupé, je pense que c'est trop.
04:50 Je n'admets pas qu'on cumule les mandats.
04:52 Mais oui, certainement. De toute façon, ces gens-là, ils peuvent tout faire.
04:57 Alors, est-ce que vous pouvez vraiment tout faire, Boris Ravignon ?
05:01 Alors d'abord, moi c'était une des conditions pour que j'accepte cette proposition,
05:06 que j'accepte cette responsabilité de la présidence de l'ADEME.
05:08 C'est une des conditions pour que je puisse rester maire de ma ville et président de l'agglomération.
05:12 Les deux mandats sont liés. Pourquoi ?
05:15 D'abord parce que j'y suis terriblement attaché.
05:18 C'est la ville où je suis né, où j'ai grandi, où je me suis toujours investi en politique.
05:22 Et les travaux, les chantiers qu'on a commencé à engager, j'ai à cœur de pouvoir les poursuivre.
05:27 Et puis ensuite, parce que je suis persuadé qu'aujourd'hui, avec le travail qu'on a réalisé,
05:32 c'est utile à ma mission de président de l'ADEME d'être et de rester un élu local.
05:37 La transition écologique, c'est quoi ?
05:40 Je parlais tout à l'heure d'étendre le réseau de chaleur, de la mobilité électrique,
05:43 où on peut parler des mobilités douces, développer le vélo dans la ville de Charles-Vismesière.
05:48 Tout ça, c'est un travail qui se fait sur le terrain, qui rencontre forcément des résistances, des difficultés.
05:53 Il y a des discussions à avoir sur le terrain.
05:55 Et quand on est un élu local justement investi, eh bien on est au contact, au courant de ces difficultés.
06:00 Et je crois que c'est très utile quand on est à Paris, dans la discussion avec les ministres de tutelle,
06:05 avec les administrations centrales, de savoir quelles sont les difficultés concrètes auxquelles nous sommes confrontés.
06:09 Donc je suis persuadé...
06:10 Et votre semaine, vous allez l'organiser comment concrètement ?
06:13 Alors concrètement, la semaine, elle s'organise de manière très simple.
06:16 J'ai pris l'engagement, bien sûr vis-à-vis de l'exécutif et du Parlement,
06:20 d'être un président pleinement à sa tâche à l'ADEME.
06:24 Ce que je fais, j'y suis quatre jours par semaine.
06:27 Et le soir, sur mon temps libre, le week-end, le vendredi en partie,
06:32 je suis dans les Ardennes, ici avec mes collègues de la ville de Charville-Mézières, mes collègues de l'agglomération.
06:38 On n'est pas seul, quand on est maire ou président de l'agglomération à travailler,
06:42 eh bien on organise la gestion des collectivités.
06:45 Ça se passe très bien.
06:46 Mais c'est suffisant sur votre temps libre ?
06:47 À mes heures.
06:48 Sur les réseaux sociaux, il y a ce hashtag qui circule aussi, #mairedudimanche.
06:53 Est-ce que vous pouvez être maire uniquement sur votre temps libre ?
06:56 J'ai ma permanence que je maintiens, qui se déroule tous les vendredis matins.
07:00 Donc moi, je continue à recevoir tous mes administrés.
07:04 Il y a 40 personnes tous les vendredis matins qui viennent me voir.
07:07 Et j'y suis très attaché.
07:09 J'ai gardé ce lien.
07:11 Et je crois aujourd'hui que je suis tout à fait capable de gérer ces différents mandats.
07:15 Et là encore, je pense qu'ils sont utiles l'un à l'autre.
07:17 Alors, ce qu'il me dit des mandats, vous venez de le dire, vous l'assumez, vous le défendez même.
07:20 Mais cela a soulevé des questions dès votre nomination officielle par les parlementaires.
07:26 On voit ça avec vous, Clément Barbé. Bonjour.
07:28 Bonjour Leïla.
07:29 Expliquez-nous comment cela s'est déroulé, Clément.
07:31 Eh bien, Boris Ravignon, il vous a fallu convaincre, tenter de convaincre les parlementaires des commissions de l'aménagement du territoire
07:37 et du développement durable du Sénat et de l'Assemblée Nationale.
07:40 On commence par le Sénat.
07:42 Et le moins que l'on puisse dire, c'est que votre nomination a du mal à passer.
07:45 Notamment à gauche, lisons ce tweet du sénateur de la Gironde, sénateur socialiste Hervé Gillet.
07:50 Audition au Sénat de Boris Ravignon, candidat à la fonction de PDG de l'ADEME.
07:54 Quelle question peut-on être à la fois maire, vice-président d'une métropole et PDG d'un grand opérateur national ?
08:01 Bilan, les sénateurs votent en majorité contre votre nomination.
08:04 16 voix contre, 10 voix pour.
08:06 Et à l'Assemblée Nationale, Clément, la tournure était là un peu plus politique.
08:09 Oui, alors on va voir avec l'exemple avec ce député.
08:12 Il s'appelle Nicolas Thierry. Il est député Europe Écologie-Les Verts de la Gironde.
08:17 Et lui, il vous reproche les positions de votre parti, Les Républicains, les positions de son parti.
08:23 Il les juge incompatibles avec l'objectif de neutralité carbone.
08:28 On va regarder les comptes, cette fois à l'Assemblée Nationale.
08:31 19 voix pour, 17 voix contre.
08:34 On fait les comptes. Sénat + Assemblée, ça donne 29 voix pour, 33 voix contre.
08:40 Une majorité de parlementaires ont donc voté contre votre nomination.
08:44 Sauf que pour s'opposer à une nomination du président de la République,
08:47 les parlementaires doivent réunir au moins 3/5e des suffrages.
08:50 Donc, passé de justesse, Boris Ravignon. Est-ce que c'est la Constitution qui a sauvé cette nomination ?
08:55 Non, je crois que ce qui a sauvé cette nomination, c'est la cohérence de la proposition.
09:00 Les votes ont été au Sénat comme à l'Assemblée Nationale très politiques.
09:04 Je suis aussi issu d'une famille politique, Les Républicains.
09:08 Mais je suis, dans cette famille des Républicains, un des rares à avoir soutenu Emmanuel Macron
09:13 dès le premier tour de l'élection présidentielle.
09:15 Je crois qu'effectivement...
09:16 C'est ce qui explique pour vous ces voix contre ?
09:18 Je sais qu'effectivement, pour un certain nombre de parlementaires,
09:21 à l'Assemblée comme au Sénat, ça a été aussi...
09:24 Et au Sénat, le groupe LR est extrêmement important.
09:26 Eh bien, ça a été un des motifs d'opposition.
09:29 Alors, la politique, j'en fais tous les jours et c'est la règle du jeu.
09:34 Je crois malgré tout que les explications et le projet que j'ai présenté au Sénat
09:39 a permis aussi de rassembler...
09:41 Vous savez qu'on n'a pas la majorité...
09:43 La partie présidentielle n'a pas la majorité ni à l'Assemblée ni au Sénat.
09:47 Il y a malgré tout un certain nombre de parlementaires dans les deux assemblées
09:50 qui, je crois, ont cru dans le projet que je présentais
09:53 et qui ont permis effectivement que le seuil des 3/5e ne soit pas atteint.
09:57 Et donc, la nomination proposée par le président de la République a pu être validée.
10:01 Alors, il y a aussi une autre question, Boris Ravignon,
10:03 qui s'est posée pendant cette audition devant les parlementaires.
10:06 C'est le risque de conflit d'intérêts.
10:08 Carl Adem octroie des financements aux collectivités.
10:11 On va essayer de comprendre cela avec vous, Clément.
10:14 Pour bien comprendre, expliquez-nous comment cet argent est distribué.
10:18 Regardons cette carte de la région Grand Est.
10:20 Sachez qu'en 2021, l'ADEM a participé à près de 600 projets en région Grand Est
10:25 et a distribué pas moins de 89 millions d'euros, notamment aux collectivités.
10:30 Exemple concret et récent, à Charleville-Mézières, dans votre ville,
10:34 en juin 2022, l'ADEM a versé plus de 47 000 euros à la commune de Charleville-Mézières
10:41 pour participer aux projets de Voie verte.
10:43 Un autre exemple, et ce sera le dernier, il concerne le centre hospitalier intercommunal Nord-Arden.
10:49 Cette fois, c'est pour financer des investissements.
10:51 Un peu plus de 300 000 euros, centre hospitalier, dont vous êtes le président du conseil de surveillance.
10:56 Merci beaucoup, Clément, pour ces explications.
10:58 Alors, Boris Ravignon, on le répète, vous êtes aussi maire de Charleville-Mézières,
11:01 président de l'agglomération.
11:03 La question, elle est simple.
11:04 Est-ce que vous allez continuer à signer les demandes de financement à l'ADEM
11:08 en tant que maire de Charleville-Mézières et président de l'agglomération ?
11:11 Bien sûr que non. Je crois qu'effectivement, cette question de conflit d'intérêt,
11:16 elle se traite très simplement.
11:18 Je, comme maire et président de l'Ardènes-Métropole,
11:21 ne signerai plus les demandes de subvention à l'ADEM.
11:25 Et comme président de l'ADEM, je n'aurai jamais à connaître des décisions
11:29 relatives à Charleville-Mézières, à l'agglomération, et même plus largement aux Ardennes.
11:35 Je crois qu'aujourd'hui, effectivement, ce sujet doit pouvoir se traiter.
11:39 J'ai à l'ADEM un directeur général délégué qui peut prendre les décisions importantes,
11:45 en l'occurrence à ma place, et un premier vice-président à l'agglomération,
11:49 une première adjointe, des gens qui peuvent porter et qui pourront,
11:52 sans risque de conflit d'intérêt...
11:53 Donc vous allez être complètement détaché de ces demandes de subvention-là ?
11:57 Mais oui, ça évitera qu'il y ait le moindre soupçon sur le fait, justement, d'être partial.
12:02 On ne peut pas, on le dit, être juge et parti.
12:04 Eh bien, je ne serai jamais juge et parti sur ces dossiers.
12:07 Alors, une dernière question avant d'entrer en détail sur les chantiers que vous allez mener.
12:12 Il y a aussi eu cette question sur votre rémunération.
12:15 Vous avez choisi de donner à des associations caritatives vos émoluments de mer. Pourquoi ?
12:21 Alors, j'ai pris en l'occurrence deux engagements.
12:23 Le premier, c'est d'abord de revoir ma rémunération de président de l'ADEM,
12:28 puisqu'elle était de 156 000 euros pour mon prédécesseur.
12:32 Et je me suis étonné qu'elle puisse être supérieure à celle des ministres qui sont tutelles de l'agence.
12:39 Donc, aujourd'hui, la rémunération que je vais percevoir, elle est de 30 000 euros annuels inférieurs.
12:45 Et donc, elle sera de 126 000 euros par an pour le président de l'ADEM,
12:48 parce que je trouve qu'il n'est pas logique dans l'organisation de l'État
12:52 que la responsabilité d'un opérateur, président d'un opérateur comme l'est l'ADEM,
12:57 permette de gagner davantage que les ministres qui ont la charge politique, de la politique à conduire.
13:02 Donc, ça c'est le premier point.
13:04 Et puis le second, c'est que percevant un salaire au niveau de l'ADEM,
13:08 je ne voyais plus l'utilité de percevoir des indemnités de maire et de président.
13:13 Moi, je me suis engagé en politique pour agir, pour faire des choses, pour vivre mes convictions
13:17 et essayer de les traduire dans la réalité, pas pour faire fortune.
13:20 Donc, aujourd'hui, c'est logique, me semble-t-il, de reverser mes indemnités de maire au CCS de Charleville-Mézières,
13:26 qui vient en aide aux plus démunis de la ville.
13:28 Et puis, j'ai annoncé hier et fait voter hier au Conseil communautaire,
13:32 que mes indemnités de président de l'agglomération, elles seraient reversées au Restos du Coeur.
13:36 Donc, finalement, est-ce qu'on peut dire que vous êtes un maire bénévole aujourd'hui ?
13:39 Je suis un maire qui, effectivement, ne prend pas ses indemnités,
13:42 parce qu'il a par ailleurs une rémunération qui le permet de vivre convenablement.
13:45 Et je crois que, dans le contexte dans lequel on est aujourd'hui, c'est plutôt rare,
13:49 et ça me semble plutôt sain que l'engagement politique ne soit jamais teinté d'une forme d'intérêt financier.
13:57 Ce n'est pas ça qui m'a motivé jamais dans un cas des choix que j'ai faits.
14:01 Je veux juste rappeler que, quand j'ai été élu en 2014 à la ville de Charleville-Mézières,
14:05 j'ai divisé par deux les indemnités du maire et réduit d'un tiers celles du président de l'agglomération,
14:09 parce que je les trouvais déjà excessives.
14:11 Alors, on va avancer, on le disait, on va entrer dans notre troisième partie
14:15 sur les missions menées par l'ADEME, mais aussi sur ce que cela implique dans la région.
14:20 Mais d'abord, on est allé vous demander quel sujet vous préoccupe le plus en matière de transition écologique,
14:26 et il y en a un qui revient régulièrement, c'est l'énergie. On écoute.
14:29 C'est très important, l'énergie. Le problème, c'est qu'on a des centrales nucléaires, on les a fermées,
14:35 et il faut attendre qu'on les rouvre pour que ça aille mieux. On espère.
14:38 Parce que, vu les prix qu'ils sont en train de nous faire, ce qui serait bien,
14:42 c'est que nos centrales marchent et qu'on ne paye plus l'électricité au prix privé.
14:46 Avec l'électricité qu'il faudra partout, il va falloir qu'ils s'interrogent sur ça, justement.
14:52 Aura-t-on les moyens de tout mettre en électrique ?
14:55 Oui, les moyens de produire. Alors, Boris Ravignon, vous êtes ouvertement pro-nucléaire.
15:00 C'est inédit d'ailleurs à l'ADEME, une maison qui est traditionnellement branchée sur les énergies renouvelables.
15:05 L'avenir énergétique de la France, pour vous, il est nucléaire ?
15:09 Alors, d'abord, ça n'est pas à l'ADEME, ni même au président de l'ADEME,
15:14 de définir la politique énergétique de notre pays.
15:16 Pour ça, il y a un gouvernement et il y a surtout un parlement
15:19 qui va être saisi très prochainement d'un projet de loi de programmation sur l'énergie.
15:23 Donc, les choix énergétiques, c'est des choix extrêmement importants sur les décennies qui viennent
15:27 et qui reviennent naturellement à la représentation nationale.
15:29 Mais, quand on est élu local, il nous arrive d'avoir des combats et effectivement des convictions.
15:34 Ma conviction, c'est que le nucléaire a sa place dans le mix, ce qu'on appelle le mix énergétique,
15:39 c'est-à-dire l'ensemble des sources d'énergie que nous utilisons pour fournir à la société,
15:44 aux entreprises, aux particuliers, l'énergie dont nous avons besoin.
15:47 Ça ne veut pas dire que je sois hostile aux énergies renouvelables, bien au contraire.
15:53 On a, et on sait aujourd'hui, notamment grâce aux travaux de l'ADEME,
15:57 qui sont des travaux de prospective, d'anticipation,
15:59 on essaie d'éclairer les choix à faire sur les décennies à venir.
16:02 On sait qu'il va falloir faire plusieurs choses.
16:04 Il va falloir d'abord être beaucoup plus sobre.
16:06 On vient de le faire pendant tout l'hiver, d'ajuster nos températures,
16:11 de réfléchir à savoir si on a besoin de chauffer toutes les pièces de l'appartement ou de la maison.
16:15 Ça, c'est un réflexe de sobriété.
16:17 C'est un message qui est passé, effectivement, cet hiver.
16:20 Mais il va falloir, naturellement, poursuivre et étendre à tous les domaines,
16:25 à la mobilité comme à la consommation d'autres ressources.
16:29 Et puis, il y a ensuite la question du développement des énergies renouvelables.
16:32 Elle a raison, l'ADEME, quand elle dit qu'on va avoir besoin de beaucoup d'électricité.
16:36 C'est vrai que la transition écologique, elle va, en fait,
16:40 elle doit réduire notre consommation d'énergie, mais augmenter la proportion d'électricité.
16:44 Parce que, par exemple, quand on va changer de véhicule et qu'on passe sur un véhicule électrique,
16:48 on consomme, effectivement, un peu plus d'électricité.
16:50 Quand, dans la maison, on enlève sa chaudière à gaz ou au fuel,
16:53 on passe sur une pompe à chaleur qui utilise un peu d'électricité.
16:56 Donc, on a besoin, effectivement, de plus d'électricité.
16:58 Et cette électricité, elle va nous être fournie dans les années qui viennent par notre parc nucléaire existant.
17:04 Il y a des choix, des propositions de nouvelles centrales.
17:06 - Il va être renforcé, justement. - Tout à fait.
17:08 - On va s'y arrêter. - Et un développement massif des énergies renouvelables.
17:11 - Mais sur le nucléaire, puisque vous parliez de ce projet de loi,
17:14 cette relance nucléaire qui est voulue par Emmanuel Macron, elle est en train de s'accélérer.
17:19 Vous en avez parlé, il y a une volonté de construire de nouveaux réacteurs nucléaires.
17:23 Dans les Ardennes, il y a bien sûr la centrale de Chaux et ses deux réacteurs.
17:26 L'an dernier, les élus ardennais se sont portés volontaires pour accueillir de nouveaux réacteurs.
17:32 Est-ce que ça pourrait se concrétiser dans le département, Boris Ravignon ?
17:35 - Alors, on croit savoir que sur les premières implantations, notre site ne serait pas retenu.
17:41 On a un sujet sur le site de Chaux qui est celui du volume, du débit de la meuse,
17:48 notamment à certains moments de l'année.
17:49 Et là, on est d'une certaine manière rattrapé par les conséquences du changement climatique.
17:54 Les étiages, donc le moment où les eaux de la meuse sont basses,
17:57 font que la source froide qui permet le refroidissement de la centrale est peut-être à certains moments insuffisante.
18:03 Et il est arrivé dans le passé qu'on doit fermer la centrale de Chaux pour justement,
18:07 à cause de cette pénurie d'eau finalement et d'eau froide.
18:11 Donc on a aujourd'hui un travail à réaliser sur le fait de permettre à ce site
18:17 d'avoir encore sécurisé son approvisionnement en eau froide pour pouvoir imaginer des développements ultérieurs.
18:22 Mais ça reste un combat que je soutiens.
18:26 Je pense qu'effectivement ce site, il pourrait être développé.
18:29 Et donc, avec mes collègues, on avait signé un courrier au président de la République.
18:34 On continue à assurer le service à prévent de cette démarche.
18:38 Là encore, je crois que le nucléaire a toute sa place dans les choix à titre personnel,
18:42 dans les choix énergétiques que nous avons à réaliser.
18:44 Mais là, ça n'exclut pas, il ne faut pas opposer développement et relance du nucléaire,
18:49 développement des énergies renouvelables. On doit tout faire en réalité.
18:53 Alors un projet, vous venez de le dire, de nouveau réacteur qui pourrait se concrétiser dans les Ardennes.
18:57 Ce qui est concret pour l'instant dans le département Boris Ravignon,
19:00 c'est ce projet de réindustrialisation verte annoncé par le ministre de l'économie Bruno Le Maire.
19:06 Il était en visite dans le département début janvier. On y revient avec Romain Novicki.
19:10 Deux semaines seulement après sa nomination à la tête de l'ADEME,
19:17 Boris Ravignon reçoit Bruno Le Maire sur ses terres ardennesses qui lui tiennent tant à cœur,
19:21 jusqu'à l'écharpe de mer, toujours en évidence.
19:24 De vieilles connaissances, deux sarcosistes de la première heure
19:30 qui se retrouvent au milieu des lieux locaux dans cette usine.
19:33 Anonsystem, un sous-traitant automobile qui a su prendre le virage écologique.
19:38 Ici, fini le thermique, machines et ouvriers produisent désormais des pièces pour voitures électriques.
19:44 Rien de mieux pour séduire le ministre de l'économie et son portefeuille, déjà conquis par les Ardennes.
19:50 Je pense que c'est très important de prendre un département pilote,
19:56 qui est un département qui a beaucoup souffert économiquement,
19:59 qui est un magnifique département, qui a une tradition industrielle très ancienne
20:03 et qui peut se projeter dans l'avenir grâce à cette industrie verte.
20:07 Faire du département un territoire test du verdissement des industries françaises,
20:12 un coup de maître pour le maire de Charleville-Mézières.
20:15 Parmi les expérimentations, l'accompagnement financier des industries,
20:19 la formation et qualification des jeunes à ces métiers,
20:22 ou encore favoriser le savoir-faire local et européen avec des aides ciblées.
20:26 Objectif, déployer ce plan dans tout le pays pour faire de la France la première nation décarbonée d'Europe.
20:33 Mais cette politique aura-t-elle les moyens de son ambition ?
20:36 C'est la question que se posent les industriels ardennés.
20:39 L'inquiétude aujourd'hui c'est le timing, on avance un peu à marche forcée.
20:42 J'évoquais tout à l'heure les différences d'investissement,
20:44 500 milliards pour les Etats-Unis dans le cas du projet IRA,
20:46 200 milliards pour l'Allemagne, 10 milliards chez nous.
20:49 Le compte n'y est pas forcément et aujourd'hui on est quand même un peu inquiet
20:54 par rapport au risque de délocalisation.
20:57 Tous sont encore en tête, les fiascos Clément Bayard et Cycle Mercier.
21:01 Mais cette fois-ci, Boris Ravignon pourrait changer la donne.
21:05 Une oreille locale, l'autre nationale.
21:08 L'ancien camarade de promotion d'Emmanuel Macron à l'ENA pourrait surfer sur la vague verte
21:13 et lancer enfin la revanche d'un des départements les plus pauvres de France.
21:17 Alors Boris Ravignon, pourquoi les Ardennes choisis comme département pilote ?
21:23 D'abord parce que je crois qu'il y a un socle industriel qu'on reconnaît tous
21:27 qui aujourd'hui a déjà fait un certain nombre de mutations.
21:30 La forge, la fonderie se sont mobilisés pour créer par exemple des plateformes technologiques
21:35 comme Platinum 3D qui leur permettent et la fabrication additive,
21:40 technologie en fait, dans la forge vous prenez de la matière et puis vous en enlevez
21:45 pour obtenir des pièces. Là on ajoute avec des lasers juste la matière dont on a besoin.
21:51 Donc c'est un procédé beaucoup plus économe en énergie et en matière.
21:57 Et donc ils ont déjà commencé à se moderniser et ça Bruno Le Maire qui a déjà visité ces sites
22:03 le sait, le connaît. Et je crois que c'est finalement le bon endroit pour tester,
22:08 acclimater ce qu'on a à faire. Le verdissement de l'industrie dont on parle là c'est quoi ?
22:12 C'est aujourd'hui essayer de voir comment sur ces industries on peut réduire les consommations d'énergie
22:17 mais surtout on peut faire que ces consommations d'énergie qui sont du gaz, du fuel,
22:22 aujourd'hui on passe sur des énergies renouvelables ou des énergies décarbonées.
22:27 Et ça ouvre tout un champ d'opportunités parce qu'on va avoir besoin de nouveaux équipements,
22:34 on va investir dans les bâtiments. Donc il y a derrière sur le bâtiment,
22:38 dans la fabrication de ces équipements pour les énergies renouvelables,
22:41 des perspectives économiques tout à fait claires.
22:43 Pour le territoire et pour vous c'est une poursuite finalement de ce qui a été engagé.
22:47 Ça n'a rien à voir avec votre nomination à la tête de l'ADEME justement ?
22:50 On est plus sur une coïncidence qu'autre chose.
22:54 Effectivement le sujet de la décarbonation de l'industrie c'est un des gros sujets aujourd'hui qui est confié à l'ADEME.
23:00 Donc je pense que le déplacement du ministre de l'économie et des finances tombait à point nommé.
23:06 Un heureux hasard pour vous.
23:08 C'est effectivement un hasard qui fait très bien les choses.
23:11 Et c'est bien qu'un engagement personnel qui est le mien puisse s'inscrire dans un cadre plus global
23:17 qui est celui du verdissement de l'industrie.
23:20 Il n'y a pas d'avenir en dehors de cela.
23:22 Il faut bien comprendre qu'on doit avoir une industrie qui, pour perdurer,
23:27 va éliminer le carbone et atteindre la neutralité carbone.
23:31 Donc ça, qu'on commence dans les Ardennes où on a vécu tant de restructurations et de difficultés
23:37 pour justement être à la pointe de ces changements et de ces progrès,
23:40 je pense que c'est effectivement important.
23:42 Une revanche pour le territoire comme on l'entendait pour vous.
23:45 Cette émission touche bientôt à sa fin.
23:47 Avant de la refermer, quelques questions plus politiques.
23:49 Boris Ravignon, un mot sur la nomination de Franck Leroy à la tête de la région, le départ de Jean Rottner.
23:55 Alors, moi, je me réjouis de l'arrivée de Franck à la tête de la région du Grand Est.
23:59 C'est un ami et c'est, je crois, un élu profondément emprunt de la cohésion régionale.
24:06 C'est quelqu'un qui, je crois, va faire du bien à notre région.
24:09 C'est quelqu'un de très consensuel, qui travaille dans le consensus et dans la collégialité.
24:13 J'ai eu le plaisir de travailler avec lui.
24:15 Et il était à l'époque en charge des sujets, justement, de transition écologique.
24:19 Donc, je sais que comme président de l'ADEME, sur un certain nombre de sujets,
24:22 j'aurai l'occasion aussi de retrouver Franck Leroy.
24:24 Dans les jours qui viennent, on va signer un premier accord qui a été préparé par mon prédécesseur,
24:27 préparé par le prédécesseur de Franck, mais c'est nous qui allons le signer
24:30 en coopération entre la région Grand Est et l'ADEME.
24:34 C'est la représentation aussi de la Champagne-Ardennes.
24:36 C'est la première fois qu'un président champardonné est à la tête de la grande région.
24:39 Mais c'est la preuve que cette grande région, elle est une chance pour notre territoire.
24:43 La région Grand Est, tellement critiquée par les identitaires alsaciens,
24:48 à longueur de journée, et pour des motifs tout à fait, honnêtement,
24:53 ridicules et, je crois, à bien des égards, méprisables.
24:58 Elle est, en réalité, une région qui fait du bien à l'Alsace, aux Alsaciens.
25:02 Elle investit plus en Alsace que ne le faisait la région Alsace auparavant.
25:06 Elle investit aussi plus en Lorraine que le faisait la région Lorraine,
25:09 et plus en Champagne-Ardennes que ne le faisait la région Champagne-Ardennes.
25:11 C'est ça la réalité des faits et des chiffres.
25:13 Et je crois que ces réflexes identitaires qui existent doivent porter une très grande méfiance.
25:20 Je sais que Franck Leroy est vigilant.
25:23 Il a réservé un certain nombre de déplacements tout de suite à la région Alsace.
25:26 Il faut maintenir cette région ensemble.
25:28 Et en tout cas, moi, à la place que j'occuperai partout dans les années qui viennent,
25:33 je continuerai à défendre cette idée.
25:35 Une dernière question sur les années qui viennent, sur votre avenir politique.
25:37 Boris Ravignon, je rappelle que vous êtes un proche d'Edouard Philippe.
25:40 Vous êtes toujours LR, mais vous aviez soutenu Emmanuel Macron lors de la dernière présidentielle.
25:44 L'ADEME, c'est aussi un tremplin politique pour vous. Votre horizon, c'est 2027.
25:48 Moi, je n'ai jamais raisonné comme ça.
25:50 J'ai toujours cherché à mener des combats où je pouvais agir.
25:53 Lorsque j'ai été candidat à la ville de Charles-Adél Mizere,
25:56 c'était pour réveiller cette ville, la transformer, la développer, l'embellir.
26:00 Et je crois que depuis huit ans, c'est en partie ce que nous avons fait.
26:04 J'ai été renouvelé dans mon mandat en 2020,
26:07 parce que je pense que les Carolo-Macériens ont perçu cette envie,
26:10 cette ambition que j'avais pour ma ville.
26:12 Aujourd'hui, à l'ADEME, j'y arrive pour agir et pour être utile à cette agence
26:17 qui est le pivot de la transition écologique que nous devons réaliser.
26:20 Ce sera le mot de la fin.
26:22 Merci beaucoup, Boris Ravignon, d'avoir accepté notre invitation.
26:26 Vous pouvez retrouver cette émission en replay sur notre site internet,
26:30 grandest.france3.fr.
26:32 Merci à tous ceux qui ont participé à sa réalisation.
26:35 Merci à vous de nous avoir suivis.
26:37 Je vous souhaite un très bon dimanche sur France 3.
26:39 [Musique]
27:06 [Musique]
27:08 [Musique]
27:10 [Musique]
27:12 - Je vais prendre un pilier. - Mon pilier ?
27:14 Le pilier des cartes.
27:16 - Tu vas faire ça, d'accord ? - C'est bon.
27:20 - C'est bon. - Je vais te faire un pilier.
27:22 - C'est bon, ça ? - Oui, c'est bon.
27:25 - Allez-y. - C'est bon, c'est bon.
27:27 - C'est bon, ça ? - Oui, c'est bon.
27:30 - C'est bon. - C'est bon, c'est bon.
27:32 - C'est bon ? - C'est bon, c'est bon.
27:34 - C'est bon, c'est bon. - Ca va ?
27:36 - Oui, c'est bon. - OK.
27:38 - C'est bon. - OK, c'est bon.
27:40 - C'est bon. - OK, c'est bon.
27:42 - C'est bon. - OK, c'est bon.
27:44 - C'est bon. - OK, c'est bon.
27:46 - C'est bon. - OK, c'est bon.
27:48 - C'est bon. - OK, c'est bon.
27:50 - C'est bon. - OK, c'est bon.
27:52 - C'est bon. - OK, c'est bon.
27:54 - C'est bon. - OK, c'est bon.