Camille Regneault, de son nom de scène Kami, est triple championne de France de breaking, vice-championne du monde, et en route pour les JO ! Chloé Wary, autrice de bande dessinée, met en scène les cultures urbaines dans son dernier album Rosigny Zoo.
Une rencontre au sommet entre breakdance et BD, avec démonstration et dessin en direct qui a eu lieu le 8 février 2024 au Forum des images.
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Le Forum des images : au centre de Paris, bat le cœur du 7e art !
Rencontres exceptionnelles, cours de cinéma et conférences, festivals… un concentré du meilleur de ce qui se passe toute l’année au Forum des images.
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00:00:00 Merci beaucoup Anne, bonjour à toutes et à tous.
00:00:11 Bonjour Camille, bonjour Chloé.
00:00:14 Merci d'être avec nous ce soir pour parler de break, de culture hip hop, de bandes dessinées,
00:00:20 de mouvements, de collectifs et de beaucoup d'autres choses.
00:00:24 Alors Camille, vous êtes triple championne de France de breaking et vice championne du
00:00:28 monde.
00:00:29 Alors on va vous voir performer dans quelques instants en vidéo.
00:00:32 Mais avant cela, j'aimerais que Chloé Ouari, vous nous disiez ce qui vous, qui êtes autrice
00:00:40 de bandes dessinées et footballeuse, ce qui vous a fait aimer cette discipline, ce sport,
00:00:47 cet art.
00:00:48 Dans Rossini Zou, votre dernière bande dessinée publiée chez Flubb Lubb, on suit plusieurs
00:00:52 personnages, quatre personnages principaux, parmi lesquels Okhmeh qui est danseur, breaker,
00:00:58 un b-boy.
00:00:59 A l'origine de ce choix et plus largement je crois de votre goût pour le break, il
00:01:03 y a une rencontre.
00:01:05 Est-ce que vous pouvez nous raconter comment est-ce que vous avez rencontré cet art ?
00:01:09 C'est exactement comme ce que vous disiez, c'est grâce à Medoun, en fait, Medoun Top,
00:01:16 qui est un b-boy qui vit à Montreuil.
00:01:19 En fait, il a fait une impro un jour sur Instagram, filmé par une libraire.
00:01:23 Donc il y avait déjà le livre, danse, il se passait quelque chose en vidéo.
00:01:29 Et en fait, il a fait une impro sur la lettre à Élise de Beethoven, suite à mon livre
00:01:34 Beethoven sur scène, en fait, où déjà j'essayais un peu de convoquer mes références
00:01:39 plus rap, hip hop, qui venaient un peu se confronter à la culture classique que je
00:01:45 découvrais dans ce livre là.
00:01:47 Et donc c'est comme ça que je l'ai rencontré et qu'on a sympathisé, en fait, et que petit
00:01:53 à petit, il m'a sensibilisé à son univers, à son jargon, à sa manière d'être, de
00:02:01 danser, de comment est-ce que pour lui la danse, en fait.
00:02:03 Oui, c'est ça, parce que je vous entendais dire que c'était au-delà de le voir danser,
00:02:07 c'était sa façon d'être, c'est-à-dire la façon qu'il avait marché, son aura, qu'il
00:02:12 y avait quelque chose qui excédait le moment de la danse.
00:02:15 Oui, c'est ça.
00:02:16 Vraiment, il y a un truc qui émane, une attitude, un truc qui fait que tout de suite, moi, j'ai
00:02:21 réalisé aussi que pour moi, c'était évident que c'était quelqu'un que j'allais dessiner,
00:02:25 en fait.
00:02:26 Et donc, il y a beaucoup de facettes de sa personnalité, de son physique et de sa manière
00:02:33 de se positionner, en fait, quand il s'engage dans les choses qui ont beaucoup nourri le
00:02:38 personnage d'Okmeh.
00:02:39 Et c'est comme ça, en fait, que petit à petit, j'ai aussi un peu appris à comprendre
00:02:45 ce qui se passait dans le break, les JO qui arrivaient, la DN Hip Hop, tout ce qui était
00:02:50 un petit peu remis en question.
00:02:53 Et comment est-ce qu'en fait, les puristes là-dedans, comment est-ce qu'il y avait débat,
00:02:59 en fait ? Et ça, c'était passionnant à voir, cette effervescence de nouvelles choses.
00:03:04 On va évidemment parler de ça, de la DN Hip Hop, aussi de la façon dont vous avez mis
00:03:09 en dessin la danse.
00:03:11 Comment est-ce qu'on chope le mouvement ? Dans quelle position est-ce qu'on dessine les
00:03:16 danseurs et les danseuses en train de performer pour rendre quelque chose de cette énergie
00:03:21 qu'il y a dans le break ? Camille, vous allez nous raconter comment vous êtes devenue danseuse.
00:03:28 Mais avant cela, j'aimerais qu'on vous regarde performer.
00:03:32 [Musique]
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00:04:30 Et puis allez, parce que c'est trop bien quand même de regarder ça une petite deuxième.
00:04:39 [Musique]
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00:04:51 [Musique]
00:04:57 Alors, pour arriver à cela, avant d'arriver à cela, il faut des heures et des heures
00:05:03 d'entraînement, évidemment.
00:05:05 Mais avant qu'on parle justement de cet entraînement, qu'on parle aussi peut-être de ces vidéos,
00:05:09 de la façon dont vous vous regardez quand vous voyez danser, j'aimerais qu'on remonte
00:05:13 un tout petit peu le temps et que vous nous racontiez comment est-ce que vous vous êtes
00:05:19 mise à la danse, au break.
00:05:22 Je crois que vous faisiez déjà de la gym en compétition et il y a eu un déclic à
00:05:26 un moment à 15-16 ans.
00:05:27 Est-ce que vous pouvez nous raconter ce moment-là ?
00:05:29 Alors, oui, c'est exactement ça.
00:05:31 En fait, je faisais de la gym en niveau.
00:05:33 J'étais en sport et études de gym et je devais avoir, je dirais, 13-14 ans quand j'ai
00:05:40 découvert le mouvement hip-hop.
00:05:42 Mais d'abord, c'était par la musique, par le rap.
00:05:44 J'ai écouté beaucoup de rap.
00:05:46 Vraiment, j'aimais cette musique.
00:05:48 Et en fait, en m'intéressant ensuite à la culture hip-hop, j'ai vu qu'il y avait d'autres
00:05:53 choses que le rap.
00:05:54 J'ai vu qu'il y avait le graph, qu'il y avait de la danse.
00:05:57 Et parmi la danse, j'ai découvert le break.
00:05:59 Et tout de suite, pour moi, c'était un coup de foudre parce que ça ressemblait un petit
00:06:05 peu à la gym dans le sens où j'aimais vraiment faire des choses qui étaient super impressionnantes,
00:06:12 qu'on a l'impression qu'elles sont infaisables.
00:06:14 C'est un challenge que vraiment j'aimais bien, que je retrouvais dans le break.
00:06:19 Mais il y avait aussi une liberté.
00:06:22 Un renouvellement.
00:06:23 Un renouvellement.
00:06:24 Et on pouvait vraiment exprimer sa créativité parce qu'il n'y a aucune règle.
00:06:29 Dans le break, on a le droit de tout faire.
00:06:31 Et même au contraire, plus on est différent, mieux c'est.
00:06:35 C'est vraiment quelque chose qui m'a tout de suite parlé.
00:06:37 Je voulais vraiment faire du break à 15 ans.
00:06:41 Je voulais vraiment faire du break.
00:06:43 Mais malheureusement, à l'époque, j'habitais en Picardie, à Saint-Quentin.
00:06:49 Et il y avait absolument personne qui faisait du break.
00:06:53 Et à cette époque-là, il ne faut savoir qu'il n'y avait pas YouTube,
00:06:57 il n'y avait pas Internet.
00:06:59 Il n'y avait pas autant de façons d'apprendre.
00:07:02 Donc j'avais trouvé une cassette vidéo qui parlait du hip-hop.
00:07:07 Et dans cette cassette, au fond, on voyait des gens qui faisaient du break.
00:07:11 Donc je mettais "pause" sur la cassette, j'essayais d'apprendre les mouvements.
00:07:13 C'était vraiment super compliqué.
00:07:16 Et puis je me suis dit qu'il fallait que je rencontre des personnes
00:07:19 parce que ce serait vraiment compliqué pour moi d'apprendre toute seule.
00:07:22 Juste avec cette base de cassette.
00:07:24 Et au fur et à mesure, j'ai rencontré des personnes qui faisaient de la danse hip-hop,
00:07:27 mais pas du break, qui faisaient de la danse debout, qu'on appelle du "popping".
00:07:30 Et du coup, j'ai commencé finalement par le pop,
00:07:33 qui est une danse hip-hop qui se danse uniquement debout.
00:07:36 Et en 2008, j'ai intégré une compagnie de danse professionnelle.
00:07:42 Donc là, je suis devenue vraiment danseuse professionnelle.
00:07:45 Et dans cette compagnie de danse, il y avait un breaker.
00:07:48 - Qui est dans la salle ce soir. - Qui est dans la salle ce soir.
00:07:51 Et quand je le voyais danser, je me disais "waouh, je suis dégoûtée".
00:07:57 C'était vraiment ça que je voulais faire. C'était mon rêve de faire du break.
00:08:01 Et à l'époque, je crois que j'avais 23 ans, quelque chose comme ça.
00:08:04 Et je me suis dit "c'est trop tard".
00:08:06 C'est trop tard, en plus je venais de la gym, donc à 18 ans, on se dit que notre carrière est finie.
00:08:10 Donc pour moi, le break, c'était pareil.
00:08:13 Donc je me disais "oh, c'est mort".
00:08:15 Et en fait, le spectacle dans lequel on était, il a énormément tourné.
00:08:18 Donc on est resté ensemble très longtemps.
00:08:21 On a fait le tour du monde et au bout d'un moment, je me suis dit
00:08:24 "franchement, c'est mon rêve de faire du break, j'ai pas envie d'avoir des regrets".
00:08:28 Donc à 26 ans, je me suis décidée, je me suis dit "je me donne un an".
00:08:33 J'y arrive tant mieux, j'y arrive pas, au moins je ne regretterai rien.
00:08:36 Donc à l'année de mes 26 ans, j'ai fait que de m'entraîner en break.
00:08:39 J'ai laissé tout le reste de côté.
00:08:41 Bien sûr, je continuais à faire les spectacles, etc.
00:08:45 Mais je ne m'entraînais vraiment qu'en break.
00:08:48 Et à mes 27 ans, j'ai commencé les battles.
00:08:51 Au début, j'ai perdu.
00:08:53 Il faut bien commencer par perdre.
00:08:55 Et c'était dur parce que je pensais que j'allais arriver et que j'allais gagner direct.
00:08:59 Donc quand j'ai perdu, ça m'a appris, ça apprend aussi beaucoup de leçons.
00:09:04 Et ça, c'est important de le savoir.
00:09:06 J'ai perdu et je me suis dit "bon, c'est pas grave, il faut continuer".
00:09:11 Et ensuite, j'ai continué les battles.
00:09:13 Et à la fin de cette année-là, à la fin de l'année de mes 27 ans,
00:09:16 j'ai eu mon premier titre de championne de France.
00:09:19 Donc pour moi, c'était vraiment incroyable parce que ça m'a vraiment montré que...
00:09:24 - Confortée en plus dans l'idée de...
00:09:26 En fait, je me connaissais et je savais que c'était ça qui était fait pour moi.
00:09:29 - Exactement, exactement ça.
00:09:31 Et ça m'a vraiment confirmé que tout est possible
00:09:34 parce que des fois, on se dit, on entend souvent ça "tout est possible",
00:09:37 "on peut réaliser nos rêves", etc.
00:09:39 Mais on a l'impression que c'est un peu des paroles en l'air parfois.
00:09:42 Mais là, ça m'a vraiment montré que quand on est déterminé
00:09:46 et qu'on croit vraiment en ce qu'on veut faire, on y arrive.
00:09:49 - Chloé, vous vous souvenez de ce moment où vous vous êtes dit "la bande dessinée, mais oui, c'est ce que je veux faire".
00:09:56 Vous faisiez du dessin, enfin vous avez fait du dessin depuis toute petite.
00:10:01 Et puis, à 13 ans, il y a eu des cours de bande dessinée dans l'AMJC que vous fréquentiez à Chilly-Mazarin.
00:10:09 Déjà à ce moment-là, ça a commencé à vous faire vous dire que c'était peut-être fait pour vous ?
00:10:14 - Non, ça a vraiment mis du temps.
00:10:16 J'ai mis du temps avant de me dire que ça allait pouvoir être un métier.
00:10:21 Un métier.
00:10:22 Un truc qu'on fait tous les jours et qui paye le loyer.
00:10:28 Mais en fait, c'est trop marrant parce que quand tu disais, à 23 ans, je me disais que c'était trop tard et tout.
00:10:34 Moi, c'est sur le foot que ça m'a fait ce truc-là.
00:10:37 Parce que j'ai mis du temps avant de me dire que c'était pas trop tard de s'inscrire en club, d'aller jouer.
00:10:41 Puis c'est la BD qui m'a finalement donné la force d'aller sur le terrain pour de vrai.
00:10:47 Donc c'est génial de se dire que c'est pas trop tard et que le corps, il a des ressources.
00:10:55 Et qu'on peut les mobiliser à partir du moment où on déverrouille les choses là-haut.
00:11:00 Ça glisse après.
00:11:02 Donc ça, c'est super.
00:11:03 Mais non, moi, à 13 ans, je voulais être mangaka.
00:11:06 Mais c'était vraiment parce que je trouvais ça trop cool de le dire.
00:11:09 J'osais à peine y croire.
00:11:11 C'était encore inactif.
00:11:13 - Vous avez quelque chose, je vous entendais dire que mangaka, c'est possible.
00:11:17 Parce que quand vous aviez une dizaine d'années, c'était encore un moment où le milieu de la BD était très masculin.
00:11:22 Donc il y avait beaucoup de dessinateurs, d'auteurs.
00:11:25 Mangaka, c'est des hommes, des femmes, mais c'est des mangaka.
00:11:28 - Oui, c'est ça.
00:11:29 Il n'y avait pas de...
00:11:31 C'est pas genré.
00:11:32 C'est un mot que je pouvais m'identifier à ce mot-là.
00:11:36 Donc ça, c'était agréable.
00:11:38 Et puis, en l'occurrence, les shôjo que je lisais, déjà de 1, les héroïnes étaient très...
00:11:44 Elles étaient drôles.
00:11:45 Elles étaient parfois hyper puissantes, parfois hyper fatiguées, nulles et hyper banales.
00:11:50 En fait, elles étaient le personnage principal.
00:11:52 Donc ça, c'était assez grisant à lire.
00:11:55 Et en plus, c'était dessiné par des femmes.
00:11:57 Écrit et dessiné par des femmes.
00:11:59 Et là, il y a une première projection, mine de rien.
00:12:02 Donc on se dit, ah, ok, au Japon, il y a de la BD, enfin des mangas.
00:12:07 Une catégorie des livres qui est écrite et dessinée par des femmes.
00:12:10 Donc moi, ça m'a...
00:12:11 En fait, naturellement, ça m'a encouragée à dessiner et à raconter mes propres histoires,
00:12:16 sans que je sois trop dans une espèce de projection concrète de ma vie professionnelle.
00:12:21 Parce qu'il n'y a pas d'école ni d'études pour devenir mangaka ni autrice de BD.
00:12:26 Même si maintenant, il y a des écoles d'art.
00:12:28 Mais bon, c'était flou pour moi.
00:12:31 Je n'avais pas spécialement le bon aiguillage à la base.
00:12:34 Donc il a fallu débroussailler plein de choses.
00:12:37 - Le moment où vous vous êtes dit "ça y est",
00:12:39 est-ce qu'il a fallu attendre la sortie du premier livre, du deuxième ?
00:12:43 Ou est-ce qu'il y a un moment où vous vous êtes dit "ça y est, j'y suis" ?
00:12:46 - Oui, quand mon projet de diplôme est édité pour de vrai,
00:12:51 là, il y a quand même une première barrière qui saute.
00:12:54 Je me dis "ok, en fait, mon projet de diplôme,
00:12:58 c'est un bouquin que n'importe qui peut s'acheter, je fais des dédicaces".
00:13:03 C'est super bizarre, les premières dédicaces.
00:13:07 Tu as presque honte et peur de signer dans ton propre livre.
00:13:12 - Oui, j'oublierai jamais la sensation que ça fait.
00:13:16 Et je pense que c'est ce qui m'encourage à écrire "Saison des roses".
00:13:21 Et à partir de "Saison des roses",
00:13:23 une fois que ce livre sort, je n'ai plus besoin de chercher de travailler ailleurs.
00:13:28 - "Saison des roses" qui est couronné à Angoulême par "Le Fauve Révélation".
00:13:31 C'est aussi une confirmation, on parlait du titre de championne.
00:13:34 Ça aussi, c'est quelque chose qui fait que j'aime ce que je fais.
00:13:37 Il y a une reconnaissance, je le vois chez les lecteurs et les lectrices en librairie,
00:13:41 dans la presse, et il y a une reconnaissance professionnelle avec un prix.
00:13:46 Il y a aussi ce truc-là qui confirme, j'imagine aussi, une passion qui vient de loin.
00:13:50 Puisque vous le disiez, c'est ce que vous aimiez dessiner.
00:13:53 - Oui, c'est vrai que ça rassure beaucoup.
00:13:56 Je ne me suis pas trompée, je ne suis pas là pour rien.
00:13:59 J'ai l'impression qu'on est aussi en train de me dire "c'est bon, tu es à la bonne place".
00:14:04 Donc ça fait plaisir.
00:14:07 Et après, j'ai eu un peu du mal à réaliser.
00:14:12 C'est assez bizarre quand tu reçois un trophée.
00:14:15 C'est incroyable et en même temps tout est si démesuré.
00:14:19 Et en fait, c'est après, c'est sur le long terme que je vois que ça a changé les choses.
00:14:26 Puisque derrière, j'ai beaucoup de sollicitations de structures culturelles, scolaires,
00:14:32 pour continuer à parler des livres.
00:14:35 Et donc tout ça, ça amène une espèce de...
00:14:39 Ça rend concret en fait.
00:14:42 Je parle de mon livre, on me propose de faire des ateliers autour de mon livre,
00:14:45 autour des thèmes de mon livre.
00:14:47 Ça devient un truc pédagogique et ça encourage à en faire d'autres.
00:14:52 - On va parler de transmission parce que je pense que Camille,
00:14:56 vous avez aussi des choses à dire là-dessus.
00:14:58 Mais je reste juste un instant sur la bande dessinée.
00:15:01 Et si j'évoquais la MJC de Chilly Mazarin, ce n'était pas tout à fait de façon innocente.
00:15:06 Mais parce que dans Rossigny-Zou, on a donc cette MJC qui est détruite,
00:15:10 comme l'a été celle de Chilly Mazarin en 2015.
00:15:13 Sauf que dans Rossigny-Zou, c'est dans la perspective d'accueillir les Olympiades.
00:15:17 On va parler aussi des JO tout à l'heure.
00:15:20 Et c'est une catastrophe cette destruction.
00:15:22 Parce que justement, au-delà de ce qu'on y pratique comme discipline artistique, sportive,
00:15:27 une MJC, c'est aussi le lieu du collectif, un lieu de débat, d'échange.
00:15:32 En tout cas, ça l'a été pour vous.
00:15:34 Et c'est très important parce que c'est aussi ce qui nourrit vos livres.
00:15:38 Ce débat, cette réflexion, l'œil qu'on porte sur les décisions qui sont prises dans notre ville.
00:15:42 Avoir un regard politique aussi sur ce qui nous entoure.
00:15:46 Ça, c'était quelque chose d'important aussi qui se jouait dans ce lieu-là.
00:15:49 - Oui, complètement.
00:15:51 Moi, c'est un lieu où j'ai appris énormément de choses.
00:15:54 En fait, les cours de BD, et puis juste aller manger une crêpe
00:16:00 et juste faire l'inauguration d'une expo.
00:16:04 Bref, il y avait un tel échange et une telle...
00:16:09 C'était complètement différent qu'à la maison.
00:16:11 Il y a des nouvelles perspectives, des gens qui pensent autrement que tes parents.
00:16:20 Et là, tu commences à déconstruire un peu.
00:16:22 Tu te dis "Ah ok, peut-être que tout le monde ne pense pas comme tes parents
00:16:28 et peut-être que tes parents n'ont pas raison sur tout.
00:16:30 Et toi, qu'est-ce que tu en penses un peu ?"
00:16:32 Et c'est là où tu commences un peu à faire une autocritique de tout.
00:16:40 Du regard que tu vas porter sur la société, sur tout un tas de choses.
00:16:47 Et donc, ça déconstruit et en même temps, ça reconstruit autre chose.
00:16:52 Et ça, c'est génial parce qu'il y a aussi les rencontres
00:16:57 avec des gens complètement différents, des origines différentes.
00:17:01 Et ça, c'est hyper enrichissant parce qu'on sort d'une espèce de microcosme
00:17:08 de l'entre-soi familial où finalement, la discussion est peu présente.
00:17:15 Le dialogue, le débat, ce n'était pas quelque chose qu'on avait l'habitude de faire.
00:17:22 Et donc là, c'est intéressant parce que ça fait mûrir,
00:17:28 ça fait se poser des questions, ça fait réfléchir.
00:17:31 Et moi, c'est ça qui m'intéresse aussi dans l'écriture des personnages.
00:17:35 C'est de mettre en scène des jeunes qui se posent des questions
00:17:40 et qui s'interrogent sur quelles vies ils ont envie de mener,
00:17:45 quel sens ils donnent à ça et du coup, quels engagements ils vont prendre par rapport à ça.
00:17:50 - Et on va parler de ce qu'implique la destruction de ce lieu
00:17:54 pour les différents personnages de votre bande dessinée.
00:17:57 Mais j'aimerais, Camille, puisqu'on parlait tout à l'heure de la culture manga,
00:18:01 des animés aussi, je crois, Chloé, que vous en regardiez beaucoup.
00:18:05 J'aimerais bien que vous nous parliez de ce Pikachu qui est à vos pieds
00:18:08 et qui est à côté de vous sur cette photo.
00:18:12 - Alors, Pikachu, c'est vraiment ma mascotte.
00:18:15 En fait, ma couleur préférée, c'est le jaune.
00:18:18 Les chaussures, voilà.
00:18:20 Ma compagnie de danse s'appelle Yeyello.
00:18:23 C'est vraiment ma couleur préférée.
00:18:25 En fait, quand j'étais plus jeune, je donnais des cours de danse.
00:18:29 C'est un peu comme ça que j'ai commencé d'ailleurs.
00:18:31 J'ai donné des cours de danse et il y a une de mes élèves à la fin de l'année
00:18:34 qui m'a offert Pikachu parce qu'il était jaune.
00:18:36 Et de là, je l'ai vraiment trouvé trop mignon.
00:18:40 Je me suis dit, lui, je vais l'emmener partout.
00:18:42 Et sinon, à côté de ça, je regarde énormément d'animés, ça c'est sûr.
00:18:47 Je peux même dire que j'ai plus des personnages de manga
00:18:52 qui m'ont inspiré dans la vie que des personnes réelles.
00:18:55 Donc, c'était vraiment une inspiration pour moi énorme.
00:19:00 - Vous faites le lien justement avec le break.
00:19:02 Est-ce qu'il y en a un qu'on peut faire justement avec cette culture manga ?
00:19:05 - Pour moi, le break, ça ressemble énormément à tout ce qu'on trouve dans les cultures manga.
00:19:12 Il y a d'ailleurs énormément de b-boys, donc les gens qui font du break.
00:19:16 On appelle ça des b-boys pour les garçons et b-girls pour les filles.
00:19:19 Il y a énormément de b-boys et de b-girls qui regardent des animés,
00:19:25 qui jouent aux jeux vidéo.
00:19:26 Et forcément, dans les animés, on retrouve quand même souvent l'envie de se dépasser.
00:19:33 Il y a un dépassement de soi, d'aller au bout, de ne pas se mettre des barrières dans la tête,
00:19:39 d'aller plus loin.
00:19:41 Et ça, c'est vraiment quelque chose qui motive.
00:19:43 - Il y a peut-être quelque chose, et on en parlera après Chloé,
00:19:47 parce que vous allez nous faire la joie de dessiner en direct dans quelques instants.
00:19:52 Mais je fais le lien aussi par rapport justement au mouvement.
00:19:56 Et on va vous voir dessiner.
00:19:57 Ensuite, on verra d'autres planches de Rossini Zou
00:19:59 où vous représentez les danseurs en train de performer.
00:20:03 Il y a quelque chose qui rappelle aussi le manga
00:20:06 et cette énergie qu'on peut retrouver dans les mangas et dans la représentation.
00:20:10 Si vous voulez bien, Chloé, allez...
00:20:13 Non, non, mais...
00:20:15 Et donc, Camille, je vous invite à rester ici
00:20:20 et prendre votre plus belle position assise.
00:20:24 - Ah ouais, sur un fauteuil ?
00:20:26 - Ah ouais, vas-y.
00:20:28 - Merci.
00:20:29 - Mets-toi à l'aise.
00:20:33 - C'est super stressant que tu regardes en même temps.
00:20:48 - Oui, c'est ça.
00:20:49 - Mesdames et Messieurs, mon nom est...
00:20:52 DJ...
00:20:54 DJ...
00:20:56 - DJ...
00:20:58 - DJ...
00:21:00 - DJ...
00:21:02 - C'est super stressant.
00:21:03 - Oui, c'est ça.
00:21:04 - C'est super stressant.
00:21:05 - Oui, c'est ça.
00:21:06 - C'est super stressant.
00:21:07 - Oui, c'est ça.
00:21:08 - C'est super stressant.
00:21:09 - Oui, c'est ça.
00:21:10 - C'est super stressant.
00:21:11 - Oui, c'est ça.
00:21:12 - C'est super stressant.
00:21:13 - Oui, c'est ça.
00:21:14 - C'est super stressant.
00:21:15 - Oui, c'est ça.
00:21:16 - C'est super stressant.
00:21:17 - Oui, c'est ça.
00:21:18 - C'est super stressant.
00:21:19 - Oui, c'est ça.
00:21:20 - C'est super stressant.
00:21:21 - Oui, c'est ça.
00:21:22 - C'est super stressant.
00:21:23 - Oui, c'est ça.
00:21:24 - C'est super stressant.
00:21:25 - Oui, c'est ça.
00:21:26 - C'est super stressant.
00:21:27 - Oui, c'est ça.
00:21:28 - C'est super stressant.
00:21:29 - Oui, c'est ça.
00:21:30 - C'est super stressant.
00:21:31 - Oui, c'est ça.
00:21:32 - C'est super stressant.
00:21:33 - Oui, c'est ça.
00:21:34 - C'est super stressant.
00:21:35 - Oui, c'est ça.
00:21:36 - C'est super stressant.
00:21:37 - Oui, c'est ça.
00:21:38 - C'est super stressant.
00:21:39 - Oui, c'est ça.
00:21:40 - C'est super stressant.
00:21:41 - Oui, c'est ça.
00:21:42 - C'est super stressant.
00:21:43 - Oui, c'est ça.
00:21:44 - C'est super stressant.
00:21:45 - Oui, c'est ça.
00:21:46 - C'est super stressant.
00:21:53 - Oui, c'est ça.
00:22:02 - C'est super stressant.
00:22:13 - Oui, c'est ça.
00:22:23 - C'est super stressant.
00:22:36 - Oui, c'est ça.
00:22:46 - C'est super stressant.
00:22:56 - Oui, c'est ça.
00:23:06 - C'est super stressant.
00:23:16 - Oui, c'est ça.
00:23:26 - C'est super stressant.
00:23:36 - Oui, c'est ça.
00:23:46 - C'est super stressant.
00:23:56 - Oui, c'est ça.
00:24:06 - C'est super stressant.
00:24:16 - Oui, c'est ça.
00:24:26 - C'est super stressant.
00:24:36 - Oui, c'est ça.
00:24:46 - C'est super stressant.
00:24:56 - Oui, c'est ça.
00:25:06 - Oui, c'est ça.
00:25:16 - Oui, c'est ça.
00:25:26 - Oui, c'est ça.
00:25:36 - Oui, c'est ça.
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00:26:16 - Oui, c'est ça.
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00:26:46 - Oui, c'est ça.
00:26:56 - Oui, c'est ça.
00:27:06 - Oui, c'est ça.
00:27:16 - Oui, c'est ça.
00:27:26 - Oui, c'est ça.
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00:27:56 - Oui, c'est ça.
00:28:06 - Oui, c'est ça.
00:28:16 - Oui, c'est ça.
00:28:26 - Oui, c'est ça.
00:28:36 - Oui, c'est ça.
00:28:46 - Oui, c'est ça.
00:28:56 - Oui, c'est ça.
00:29:06 - Oui, c'est ça.
00:29:16 - Oui, c'est ça.
00:29:26 - Oui, c'est ça.
00:29:36 - Oui, c'est ça.
00:29:46 - Oui, c'est ça.
00:29:56 - Oui, c'est ça.
00:30:06 - Oui, c'est ça.
00:30:16 - Oui, c'est ça.
00:30:26 - Oui, c'est ça.
00:30:36 - Oui, c'est ça.
00:30:46 - Oui, c'est ça.
00:30:56 - Oui, c'est ça.
00:31:06 - Oui, c'est ça.
00:31:16 - Oui, c'est ça.
00:31:26 - Oui, c'est ça.
00:31:36 - Oui, c'est ça.
00:31:46 - Oui, c'est ça.
00:31:56 - Oui, c'est ça.
00:32:06 - Oui, c'est ça.
00:32:16 - Oui, c'est ça.
00:32:26 - Oui, c'est ça.
00:32:36 - Oui, c'est ça.
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00:32:56 - Oui, c'est ça.
00:33:06 - Oui, c'est ça.
00:33:16 - Oui, c'est ça.
00:33:26 - Oui, c'est ça.
00:33:36 - Oui, c'est ça.
00:33:46 - Oui, c'est ça.
00:33:56 - Oui, c'est ça.
00:34:06 - Oui, c'est ça.
00:34:16 - Oui, c'est ça.
00:34:26 - Oui, c'est ça.
00:34:36 - Oui, c'est ça.
00:34:46 - Oui, c'est ça.
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00:35:06 - Oui, c'est ça.
00:35:16 - Oui, c'est ça.
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00:35:56 - Oui, c'est ça.
00:36:06 - Oui, c'est ça.
00:36:16 - Oui, c'est ça.
00:36:26 - Oui, c'est ça.
00:36:36 - On parlait, il y a un instant, du collectif, de ce qui se jouait, du fait qu'évidemment on apprenait aussi beaucoup des autres.
00:36:46 C'est aussi une dimension qui vous a plu, Chloé. Vous avez été en résidence, notamment à Ville-Tanneuse, pendant la réalisation de cet album.
00:36:54 Vous avez fait des expositions qui mêlaient justement exposition et performance.
00:37:00 Cette dimension collective, c'est vraiment quelque chose d'essentiel et qui a participé de votre amour pour cette discipline ?
00:37:08 - Oui, clairement, le fait de pouvoir célébrer ça en masse avec du monde, de pouvoir communiquer, moi justement, à ce public hyper concerné,
00:37:24 ce que j'étais en train de dessiner et toute l'émotion que je pouvais ressentir en allant les voir, mais discrètement, sans qu'ils sachent vraiment ce que j'étais moi en train de cogiter et de cuisiner dans ma tête.
00:37:38 Et de pouvoir ensuite exposer ça, les faire danser en résonance avec les planches, c'était assez incroyable de faire se rencontrer réellement le battle.
00:37:52 Et les prémices de Rosy Nizou. C'était magnifique. J'ai construit ça avec Médoune, qui lui a son association.
00:38:04 Et ce qui est dingue, c'est que le battle qu'on a monté, qu'on a appelé ça "Battle Zoo", c'est venu...
00:38:15 En fait, le battle a d'abord existé en vrai avant d'exister dans le livre. C'est-à-dire que moi, je n'avais pas encore tous les plots, tous les turning points de ma BD.
00:38:28 Et cet événement-là, il est venu inscrire quelque chose, moi, dans ma tête, que j'ai ensuite remodelé, refaçonné pour la réutiliser dans le livre.
00:38:38 C'est vraiment un échange entre ce qui se passe vraiment dans la médiathèque, avec des danseurs, avec l'assaut.
00:38:45 On vient occuper une structure institutionnelle, on vient proposer notre énergie, notre quelque chose de très...
00:38:55 C'est assez indiscipliné, en fait, finalement. Même s'il y a énormément de discipline dans le fait de s'entraîner, de modeler son corps, de l'exercer tout le temps.
00:39:07 Là, il y avait une énergie qui dépassait le cadre calme et posé et structurant de la médiathèque.
00:39:16 Donc, il y avait quelque chose où on brisait une espèce d'interdit. Et ça, c'était sublime.
00:39:21 Et c'est ça que j'adore à la base aussi dans tout le mouvement hip-hop, sans même le savoir à la base.
00:39:26 Mais j'ai compris que cette subversivité-là, c'était ce qui m'intéressait.
00:39:31 Et c'était ça, en fait, l'élément un peu déclencheur aussi dans la tête de mes personnages.
00:39:37 C'était que tout d'un coup, tu fais un pas de côté dans les choses, dans le système, en fait.
00:39:44 Mais vous disiez, sans le savoir à la base, en parlant de la culture hip-hop,
00:39:48 c'est aussi en travaillant sur ce livre que vous vous êtes vraiment plongée dans cette culture,
00:39:53 que vous vous êtes documentée, que vous avez justement pris conscience de toute cette dimension,
00:39:58 ce qui entourait peut-être des choses que vous connaissiez déjà,
00:40:01 mais sans savoir justement dans quel cadre et dans quelle culture ça s'inscrivait.
00:40:04 D'où ça venait, quel héritage. Ouais, c'est clair.
00:40:08 Je pense que c'est un peu comme ce que tu disais.
00:40:12 Moi, c'est d'abord le rap, en fait. C'est la musique qui nous conduit à nous intéresser à tout ça.
00:40:16 Et là, encore plus, via le break, on se rend compte que le hip-hop dans les années 80-90,
00:40:22 c'était quelque chose qui a porté une génération et qui a porté une nouvelle parole politique.
00:40:29 On célébrait la vie, le fait d'être ensemble,
00:40:36 le fait de ne pas forcément vouloir rentrer dans une espèce de schéma de vie très capitaliste,
00:40:47 très axé sur la consommation, le fait de convenir à un certain schéma, un certain modèle.
00:40:53 Et donc tout ça, je trouve que c'est une espèce d'essence, d'énergie qui porte beaucoup.
00:41:02 Je trouve que ça me donne envie d'écrire des histoires vraiment qui sont animées par d'autres choses
00:41:08 que juste l'idée d'aller s'insérer dans un milieu.
00:41:14 Il y a quelque chose de plus profond qui remet en question énormément de constructions.
00:41:21 Ça me plaît d'interroger ça et d'aller creuser dans ces trucs-là.
00:41:26 Et oui, toute la culture hip-hop, c'est tellement énorme que quand on met le nez dedans, c'est d'une richesse.
00:41:34 C'est assez incroyable.
00:41:37 Je conseille "A qui profite le sal" d'ailleurs de Benjamin Neveille là-dessus, qui est vraiment hyper pertinent.
00:41:47 Camille, c'est aussi quelque chose qui vous porte, le fait de vous inscrire dans cette culture hip-hop,
00:41:53 au-delà du plaisir pris qu'on sent quand vous en parlez, à danser, à être avec les autres, à être au sol,
00:41:58 à justement mêler cette discipline très sportive avec de la créativité.
00:42:03 Et c'est vrai qu'on n'est pas revenu sur les mots, mais c'est ça qui est passionnant aussi avec le break,
00:42:07 c'est que c'est à la fois du sport, mais c'est aussi un art.
00:42:10 Et on va parler aussi de ce que vous faites avec votre compagnie, des spectacles.
00:42:14 Mais voilà, est-ce que vous vous sentez justement portée plus largement, comme par tout ce que disait Chloé ?
00:42:19 Oui, forcément, pour moi, la culture hip-hop, c'est ma vie.
00:42:23 Ça a vraiment tout changé pour moi.
00:42:27 Et en fait, c'est quelque chose que maintenant, naturellement, je ne me dis pas, je fais partie de la culture hip-hop.
00:42:35 Je sens que c'est en moi, c'est comme ça que j'ai vécu, en fait, de mes 14 ans jusqu'à maintenant.
00:42:42 C'est ça qui m'a bercée. Donc pour moi, oui, c'est quelque chose d'incroyable et qui m'a appris aussi énormément,
00:42:48 parce que c'est vraiment une culture de partage.
00:42:53 Et c'est du partage que connaît tout. Par exemple, si je prends pour le break,
00:43:00 c'est le fait de voyager, de rencontrer des personnes qui nourrissent la danse,
00:43:05 mais qui nous nourrit aussi nous en tant que personnes, qui nous apprend énormément de choses.
00:43:10 Il faut savoir que dès qu'on va quelque part, que ce soit n'importe où dans le monde,
00:43:15 on peut dire "bon, là, je vais dans tel pays, dans telle ville.
00:43:20 Est-ce que vous pouvez me donner les spots où il y a du break ?"
00:43:23 Il y a forcément quelqu'un qui va me répondre. Je vais forcément rencontrer des gens qui font du break sur place.
00:43:29 Enfin, ça, c'est un truc que je ne sais pas si vous pouvez vous en rendre compte,
00:43:34 mais c'est vraiment un truc incroyable de pouvoir aller partout dans le monde
00:43:38 et rencontrer des gens par le biais de la culture.
00:43:41 Et on peut du coup comprendre comment ils vivent, comprendre leurs aspirations dans la danse,
00:43:47 parce que le mouvement en France, ce n'est pas les mêmes inspirations qu'en Asie ou qu'en Amérique.
00:43:53 J'ai pu rencontrer aussi des gens, par exemple, au Mexique, qui étaient extrêmement forts.
00:44:00 Et bien sûr, c'est des choses qu'on sait, qu'il y a la frontière, qu'ils ne peuvent pas facilement aller aux États-Unis, on le sait.
00:44:06 Mais là, de rencontrer des gens vraiment qui le vivent, qui sont extrêmement forts en break,
00:44:10 qui ont juste 30 minutes de voiture à faire pour aller faire des battles incroyables aux États-Unis,
00:44:14 mais qui ne peuvent pas y aller. Enfin voilà, c'est des choses qu'on voit de nos propres yeux
00:44:20 et qui nous forgent et qui nous font vivre des histoires incroyables.
00:44:25 Chloé, vous parliez du capitalisme, du monde dans lequel on vit.
00:44:30 Et je reviens sur la destruction de la MJC dans "Rosinizou" et de la façon dont vos personnages,
00:44:39 Oukmé notamment, mais tous les personnages, ont à se battre quelque part et en tout cas à trouver leur place dans cette société.
00:44:49 À savoir si on réussit mieux en s'opposant à des choses qui sont en cours
00:44:55 ou bien en intégrant le système et en essayant de changer les choses de l'intérieur.
00:45:00 Oukmé, par exemple, on lui propose d'intégrer le comité olympique.
00:45:04 Et on voit à quel point ça ne fait pas du tout l'unanimité autour de lui.
00:45:09 Et comment est-ce que ce n'est pas si évident que ça de faire des choix.
00:45:14 Et comment est-ce que quand on décide de détruire, en l'occurrence vous parliez de partage, un lieu de partage, un lieu de vie.
00:45:22 Comment est-ce qu'on fait pour réparer ? Est-ce que c'est possible de réparer ça ?
00:45:26 Et comment est-ce qu'on maintient ce lien ? En tout cas, vous explorez ça dans votre bande dessinée
00:45:31 et la façon dont, encore une fois, on doit faire des choix et comment est-ce qu'on doit faire chacun
00:45:36 avec ses aspirations, ses contradictions, la contradiction même qu'il y a au sein du système.
00:45:42 C'est tout ça que vous racontez dans cette bande dessinée.
00:45:46 Oui, et puis en fonction aussi de ses besoins et de sa réalité économique aussi.
00:45:55 C'était un gros point aussi. Je l'exploite peut-être un peu plus dans le personnage de Will.
00:46:02 Mais pour Okhme, c'est clair que ce n'est pas si simple pour lui.
00:46:07 Okhme pour repartir sur les JO.
00:46:09 Oui, bien sûr. Bien vu. Smart.
00:46:13 Oui, c'est marrant parce que les petits jeunes qui coachent au début,
00:46:18 ils sont hyper enthousiastes à l'idée que tout d'un coup Okhme pourrait percer.
00:46:23 Il y a vraiment une dimension où est-ce que mon tuteur ne pourrait pas devenir une star, une légende ?
00:46:31 Il y a un petit peu tout le côté paillettes, le côté exposition, diffusion à la télé,
00:46:37 des trucs qu'il faut un peu rêver à un certain âge et qui sont finalement,
00:46:43 quand on approche la trentaine, qui sont un peu aussi remis en question
00:46:47 sur ce qu'il y a vraiment derrière quand on gratte.
00:46:50 Est-ce que ça fait vraiment sens pour moi ? Est-ce que c'est là-dedans que je vais m'épanouir ?
00:46:56 Et donc Okhme, il est dans ces questionnements-là.
00:46:59 Surtout qu'en plus, là, le dilemme, c'est que ce n'est pas n'importe qui qui vient le recruter.
00:47:07 C'est aussi un ami d'enfance, un ancien.
00:47:10 Donc c'est pour ça que ce n'est pas simple pour lui.
00:47:14 Et donc tout le long du livre, on va suivre un peu justement son tiraillement
00:47:20 jusqu'à ce qu'on comprenne que finalement, le choix final sera peut-être guidé par d'autres choses,
00:47:26 par d'autres croyances qui peut-être ne font de lui finalement pas le champion olympique
00:47:35 que les gamins voyaient en lui.
00:47:38 Mais ce n'est pas grave, en fait, il a d'autres victoires.
00:47:42 Il a une autre manière de célébrer, en fait, peut-être ce en quoi il croit.
00:47:48 Mais bon, en fait, oui, ce qui m'intéressait, c'était de montrer cette étape-là.
00:47:54 Comment est-ce qu'on... Quel choix on fait ? A quoi on renonce ?
00:47:59 Et puis comment est-ce qu'on est bien, en fait ? Comment on est raccord ?
00:48:04 Camille, j'évoquais les Jeux olympiques.
00:48:08 Et si le quartier dans Rosigny-sur-Seine, si la ville est en train de se transformer,
00:48:13 c'est justement parce qu'il y a ces Olympiades qui approchent.
00:48:18 Le fait que le breaking devienne une discipline olympique,
00:48:22 très concrètement, qu'est-ce que ça change pour vous ?
00:48:26 Est-ce que c'est justement... On parlait de partage tout à l'heure et de transmission.
00:48:29 C'est l'occasion de faire connaître à plus de monde encore cette forme d'art.
00:48:36 Comment est-ce que vous, vous voyez ça ?
00:48:40 Déjà, au début, c'était quelque chose qu'on n'a jamais envisagé,
00:48:45 puisque ce n'est pas nous qui avons demandé d'entrer au comité.
00:48:49 Ce n'est pas nous qui avons demandé d'être aux Jeux olympiques.
00:48:52 C'est le comité qui est vraiment venu vers le break.
00:48:55 Donc c'est quelque chose que personne n'espérait.
00:48:57 Et forcément, comme on l'a expliqué, ça a un peu divisé les avis,
00:49:04 parce que ça fait un petit peu peur pour certains points.
00:49:08 D'un autre côté, il y a aussi des compétiteurs.
00:49:12 Pour les compétiteurs, c'est quelque chose d'incroyable.
00:49:16 Il y a aussi l'aspect financier, comme Alena en a parlé.
00:49:20 Le fait que ça ouvre la place à pouvoir vivre de sa passion.
00:49:26 Parce qu'il faut savoir que vivre uniquement du battle,
00:49:30 c'est pratiquement impossible aujourd'hui pour un breaker.
00:49:33 Il faut forcément avoir quelque chose à côté,
00:49:36 que ce soit dans le milieu de la danse ou même un métier "normal".
00:49:41 Un vrai travail !
00:49:45 Donc c'était aussi l'opportunité pour certaines personnes d'avoir des sponsors,
00:49:50 de pouvoir s'entraîner à fond et de vivre uniquement de ça.
00:49:54 Il y a plusieurs points par rapport à ça.
00:49:59 Il y a eu beaucoup de discussions aussi, beaucoup de frayeurs.
00:50:02 De perdre l'essence.
00:50:08 Sur ça, je n'ai jamais été trop inquiète sur la perte de l'essence.
00:50:13 Je sais que dans tous les cas, tout ce qui existe déjà aujourd'hui dans l'underground,
00:50:19 tout le système de battle qui existe déjà en dehors des Jeux Olympiques,
00:50:24 qu'il y ait les Jeux Olympiques ou pas, ça continuera d'exister.
00:50:27 C'est quelque chose de certain.
00:50:29 Ça ne va pas mourir et ça ne va pas se transformer.
00:50:32 Pour moi, je l'ai plus vu comme un nouveau battle qui s'ajoutait à la liste des battles qui existait déjà.
00:50:39 Et comme une nouvelle opportunité pour ceux qui aiment le battle,
00:50:45 ceux qui sont compétiteurs.
00:50:50 Et comme on le disait tout à l'heure, l'important c'est d'être en accord avec soi-même.
00:50:57 Il y a des danseurs qui étaient un peu contre l'arrivée du breaking aux Jeux Olympiques.
00:51:04 Pour eux, ça dénature complètement la discipline.
00:51:07 Ils se sont écartés, ils ne sont pas pris part à ce projet-là parce que ça ne les correspondait pas.
00:51:14 Et il y a d'autres danseurs qui étaient super contents et ils voulaient tenter l'expérience.
00:51:20 Donc ils se sont lancés dedans.
00:51:22 L'important c'est d'être en accord avec soi-même et d'être en accord avec soi-même.
00:51:28 Tout à l'heure, quand je vous disais que c'était peut-être un moyen de faire en sorte que d'autres personnes encore puissent aimer cette forme d'art,
00:51:37 alors qu'on parlait justement des Jeux Olympiques, du breaking en tant que discipline olympique.
00:51:43 On parlait de votre compagnie tout à l'heure.
00:51:46 J'aimerais que vous puissiez nous dire un mot de ce travail avec la compagnie et de la complémentarité de toute la partie battle,
00:51:54 de la partie compétition et sa complémentarité avec le spectacle, le fait d'être sur scène et d'être dans une création plus artistique.
00:52:04 Il y a aussi de l'art dans les battles, mais en tout cas d'être dans quelque chose qui relève davantage de la performance et du spectacle.
00:52:09 Pour moi, ça a toujours été très important de faire les deux parce qu'il y a plusieurs catégories de danseurs.
00:52:16 Comme je vous l'ai dit, il y en a qui ne font que de la danse, il y en a qui ne font que des battles, il y en a qui ne font que de la création.
00:52:21 C'est des fois même rare d'avoir des danseurs qui font du battle et de la création parce que c'est quand même deux mondes assez différents.
00:52:29 Mais pour moi, c'était vraiment très important de faire les deux parce que je trouve que les deux se nourrissent.
00:52:35 Le fait de faire des battles, ça me permet de me pousser et de toujours chercher des nouveaux mouvements, toujours essayer d'aller plus loin.
00:52:43 Pour moi, ça nourrit aussi mon travail en création parce que quand je fais du travail en création, je peux me ramener des mouvements incroyables.
00:52:52 Je trouve ça super bien. Et le fait de travailler sur des spectacles, forcément, ça travaille sa façon d'être sur scène, son charisme.
00:53:05 Et ça, c'est quelque chose aussi de très important quand on arrive en battle, qu'on est à l'aise avec la scène, qu'on est à l'aise avec le public, qu'on est à l'aise avec ce qui se passe.
00:53:12 Qu'on est à l'aise aussi, comme je disais, pour s'adapter à tout moment parce qu'en création, on s'adapte beaucoup.
00:53:18 Donc pour moi, c'était vraiment deux choses qui se nourrissent. Je ne les ai jamais opposées.
00:53:24 Pour moi, ce n'est pas de monde différent du tout.
00:53:28 Et c'est peut-être aussi parce que j'ai travaillé en création en tant qu'interprète.
00:53:36 Et en tant qu'interprète, j'ai toujours utilisé mon vocabulaire propre.
00:53:41 J'ai eu de la chance de travailler avec des chorégraphes qui voulaient travailler avec des danseurs hip-hop.
00:53:46 Mais vraiment avec des danseurs hip-hop, pour qu'on utilise notre vocabulaire.
00:53:52 Parce qu'il faut savoir que dans la création, dans le milieu du spectacle, il y a eu beaucoup de chorégraphes qui ont voulu un peu s'approprier la danse hip-hop.
00:54:04 Mais en prenant ce qu'ils aimaient et en jetant ce qu'ils n'aimaient pas et en transformant un peu la façon de danser des danseurs hip-hop.
00:54:11 Et c'est aussi pour ça qu'il y a beaucoup de danseurs hip-hop qui ont rejeté la création.
00:54:16 Parce qu'ils avaient l'impression de perdre leur âme tout simplement.
00:54:19 Et moi, j'ai vraiment eu de la chance de travailler avec des chorégraphes qui me laissaient m'exprimer avec mon vocabulaire.
00:54:24 Donc je n'ai jamais eu à faire d'autres choses, d'autres danses que je ne maîtrisais pas.
00:54:29 Donc pour moi, ça c'était super bien.
00:54:31 Et c'est pour ça aussi que quand j'étais chorégraphe, j'ai voulu aussi faire des spectacles en utilisant vraiment le vocabulaire hip-hop.
00:54:39 Parce qu'en fait, je trouve que le vocabulaire hip-hop, il est d'une richesse incroyable.
00:54:45 Et parfois, il est un peu mis de côté.
00:54:48 On a l'impression qu'on a besoin d'aller chercher d'autres inspirations ou d'autres choses pour faire des spectacles.
00:54:53 Alors que faire un spectacle totalement hip-hop, ça n'a pas été tant fait que ça finalement.
00:54:59 Parce qu'on pioche à droite, à gauche des autres inspirations.
00:55:02 Mais vraiment faire un spectacle en n'utilisant que le vocabulaire hip-hop, je pense que c'est quelque chose d'important.
00:55:07 On va regarder un extrait de l'un de vos spectacles.
00:55:10 Mais juste un mot, Chloé, parce qu'on parle de scène, on parle de performance.
00:55:14 Alors, ce n'est pas forcément naturellement la place d'une autrice ou d'un auteur de bande dessinée d'être sur scène.
00:55:21 On vous a vu dessiner tout à l'heure en direct.
00:55:26 C'est une chose que vous faites, j'allais dire régulièrement, en tout cas, ça vous arrive de le faire.
00:55:32 Qu'est-ce qui se joue dans ces moments-là ?
00:55:35 Tout à l'heure, vous disiez pendant les battles, ça ne sert à rien d'essayer de croquer,
00:55:41 il vaut mieux garder l'énergie et pour ensuite essayer de retranscrire quelque chose de l'émotion qu'on a ressenti sur le moment.
00:55:47 Quand on est sur scène, que ce soit pour dessiner pendant une rencontre, pendant un concert ou pendant une cérémonie,
00:55:54 là, il faut y aller et il faut dessiner sur le moment.
00:55:58 Qu'est-ce qui vous plaît là-dedans ? Et qu'est-ce que finalement le fait d'être dans une certaine forme de performance,
00:56:05 d'obligation d'aller vite dans le dessin, est-ce que ça a un impact quelconque sur votre création ?
00:56:13 Ou est-ce que peut-être vous n'en faites pas encore suffisamment pour que ça ait un réel impact ?
00:56:18 J'ai entendu des auteurs comme Charles Berberian, qui sont des habitués lui et d'autres des concerts dessinés,
00:56:24 qui disaient que ça a changé vraiment son rapport au dessin, dans une certaine forme d'immédiateté dans sa pratique.
00:56:30 Ensuite de la bande dessinée, d'une recherche du rythme différent,
00:56:34 parce qu'il y a en tête cette rythmique du dessin en direct pendant que la musique se joue.
00:56:41 C'est une question très très longue, pardon.
00:56:44 En fait, tout à l'heure j'étais en train de bosser sur un truc et je me disais "putain c'est dingue,
00:56:48 quand je passe de mon brouillon à la planche finale, je perds un truc".
00:56:52 Parce que quand je dessine au brouillon, en fait je suis libre.
00:56:56 Il y a un truc où je me dis "c'est pas grave si je rate", parce que c'est pas l'objet final.
00:57:02 Donc je m'autorise vachement plus de... c'est plus jeté.
00:57:07 Il y a un truc moins contrôlé, plus émotionnel peut-être.
00:57:12 Et donc, quand je fais mes storyboards, il y a ça.
00:57:16 Et quand je me mets à faire le propre, je suis un peu dans un stress de "bon ok là c'est la dernière".
00:57:21 - Voilà l'erreur. - Ouais, donc tu maîtrises ton trait.
00:57:25 Et je travaille à la table lumineuse, donc il y a mon brouillon et il y a ma feuille toute propre par-dessus.
00:57:31 Et donc j'ai une espèce de modèle en transparence, même si c'est brouillon, j'ai déjà une trace.
00:57:37 Donc je suis même plus dans une espèce de création spontanée, je suis dans une espèce de recopiage de mon propre trait.
00:57:44 Et donc il y a un truc moins vivant, j'ai l'impression que je perds vraiment quelque chose.
00:57:48 Et quand on est en performance comme ça, forcément il y a un truc où le résultat sera immédiat.
00:57:55 Donc on réfléchit moins et on dessine plus.
00:58:00 Il y a un truc où je suis moins stressée du résultat parce que ce qui compte c'est l'énergie, le moment.
00:58:06 Et j'ai tous mes outils avec moi et j'aurais presque eu envie de recommencer instantanément.
00:58:12 On change de pose, on fait un truc et ça dure longtemps.
00:58:15 Et dans les concerts dessinés, c'est ça qui est bien, il y a plusieurs morceaux et on avale le truc, on les enchaîne.
00:58:23 Et du coup il y a un rythme, il y a un truc qui s'installe.
00:58:27 C'est carrément plus libéré que quand on fait des planches.
00:58:37 Donc oui, je pense que j'ai des choses à apprendre de ces expériences-là pour essayer de réinjecter ça quand je fais mes planches.
00:58:45 Et du coup de garder une espèce de spontanéité.
00:58:51 Parce que là, c'est bien, le feutre ça met du mouvement et tout, donc ça fait peut-être moins contrôlé, moins figé.
00:58:57 Mais moi je vois bien que mon storyboard est mieux que mes planches finales.
00:59:02 Donc ça m'embête quand même.
00:59:05 J'ai envie de le voir.
00:59:07 C'est marrant parce que c'est un peu le problème aussi des breakers.
00:59:15 On a souvent ce truc, à l'entraînement on danse d'une façon, on est libre.
00:59:20 Si on rate, on s'en fout un peu.
00:59:23 Et il y a vraiment quelque chose qui se passe.
00:59:28 Et des fois c'est très très dur de retrouver ça en battle, de danser.
00:59:32 C'est vraiment ça à chaque fois qu'on essaie de faire danser en battle comme à l'entraînement.
00:59:37 Et là quand t'arrives à faire ça, c'est jackpot.
00:59:40 Mais c'est vraiment quelque chose de très compliqué.
00:59:43 Justement Chloé, vous parliez des outils.
00:59:46 Un mot peut-être des outils.
00:59:49 On vous a vu utiliser les feutres, bien vérifier la couleur.
00:59:53 On a vu que certains avaient déjà été bien utilisés.
00:59:57 Vous entendez dire dans un podcast, désolé je vais encore faire une citation.
01:00:01 J'espère que cette fois vous l'assumerez totalement.
01:00:04 Vous disiez dans un podcast que finalement ces couleurs,
01:00:08 avec lesquelles vous faites évidemment les habits des personnages,
01:00:13 mais ce qui est caractéristique aussi chez vous,
01:00:16 ce sont ces ciels qui sont toujours extrêmement colorés.
01:00:20 Vous disiez que finalement les couleurs c'était votre filtre,
01:00:23 le filtre que vous aviez pour redessiner la réalité.
01:00:27 Oui, c'est vrai.
01:00:30 C'est bon Chloé.
01:00:32 C'est bien moi qui ai dit ça.
01:00:34 Vous pouvez écouter le podcast.
01:00:36 Pourquoi je disais ça ?
01:00:38 Parce qu'on me disait "oui, vous représentez la banlieue en couleurs, ça change et tout".
01:00:44 Moi j'étais là "oui, mais quand je regarde le ciel,
01:00:49 toutes ces couleurs, c'est ce qui me donne envie de dessiner.
01:00:52 Je prends mes feutres parce que c'est mon outil.
01:00:55 En même temps, ce que je dessine c'est quand même loin d'être réaliste.
01:00:58 Mes feuillages sont un peu vert fluo, vert bleu.
01:01:03 Ce n'est pas réellement les buissons qu'il y a en bas de chez moi,
01:01:07 mais ce n'est pas grave, c'est ce que j'en garde.
01:01:11 Du coup, les couleurs un peu saturées,
01:01:14 même si elles ne correspondent pas spécifiquement à ce que la ville est en soi,
01:01:21 ce n'est pas grave.
01:01:23 - On revient à la réalité de l'émotion, à la réalité de l'énergie.
01:01:26 - Exactement, c'est ça.
01:01:27 Je pense que c'est plus ça que je recherche
01:01:29 que de faire une espèce de portrait naturaliste des habitants en banlieue,
01:01:35 de l'urbain en soi.
01:01:37 C'est plus moi, comment je vis le truc, comment je le ressens.
01:01:42 Et après, ça façonne un univers qui ressemble juste à ça, et puis c'est très bien.
01:01:47 - Mais justement, le feutre, qu'est-ce qui vous plaît dans cet outil ?
01:01:54 Vous parliez de votre première bande dessinée tout à l'heure, "Conduite interdite".
01:01:57 C'est une bande dessinée en noir et blanc.
01:02:00 Le feutre, on l'a découvert en tant que lectrice et lecteur dans "Saison des roses".
01:02:04 Qu'est-ce que vous aimez là-dedans ?
01:02:06 Même d'un point de vue, j'allais dire, de la façon dont il glisse sur la page,
01:02:10 parce qu'on parlait d'énergie tout à l'heure, de mouvement.
01:02:13 Quand on est avec la plume ou avec certains outils,
01:02:16 il y a quelque chose qui crispe un tout petit peu le mouvement.
01:02:19 On a l'impression, justement, on revient à cette idée de liberté,
01:02:21 on a l'impression qu'avec le feutre, il y a ce truc qui glisse,
01:02:24 avec lequel on peut y aller, et qui aussi convoque quelque chose de l'enfance.
01:02:29 Parce que le feutre, c'est l'outil qu'on utilise quand on est enfant,
01:02:32 et qu'on dessine, et qu'on met des couleurs partout.
01:02:35 - Oui, je pense que clairement, le côté plaisir de colorier,
01:02:41 qui me ramène au tout premier dessin,
01:02:47 je pense que c'est intégré psychiquement, physiquement,
01:02:53 il y a un truc qui se passe.
01:02:55 Et après, dans le fait de sentir le feutre sur la feuille,
01:03:02 et de voir la feuille blanche se colorer, c'est un régal, vraiment.
01:03:09 Je ne sais pas trop comment expliquer,
01:03:12 je pense que le fait que j'ai un carnet,
01:03:16 que les choses soient très palpables, j'ai besoin de sentir la matière,
01:03:20 je pense qu'un peintre, avec ses pinceaux et sa peinture,
01:03:25 c'est un peu pareil.
01:03:27 Peut-être qu'il y a un truc au niveau des baskets, par exemple,
01:03:32 où tu vas sentir le sol d'une certaine façon,
01:03:35 pareil pour le bonnet, s'il faut pour tournoyer,
01:03:38 il y a un truc, ça fait partie de nos équipements.
01:03:42 C'est hyper intime, le rapport qu'on a avec nos outils, nos trucs.
01:03:51 - Camille, vos baskets jaunes, comment elles vous font ressentir le sol ?
01:03:57 - Je ne danse pas avec ces baskets, attention !
01:04:00 Parce que là, sinon...
01:04:03 Par contre, c'est vrai que les baskets, c'est crucial pour nous.
01:04:08 On a tous des baskets différentes,
01:04:12 mais on a même une façon de s'habiller différente,
01:04:15 parce que le hip-hop, c'est aussi avoir du style,
01:04:20 avoir son style, avoir sa personnalité.
01:04:23 La façon de s'habiller, c'est quelque chose de très important pour nous,
01:04:27 et quand on va à un battle, c'est super important
01:04:30 de sentir qu'on a du style, de se sentir bien dans ses vêtements.
01:04:33 Et selon notre façon de danser, on va avoir des façons de s'habiller différentes.
01:04:37 Il y a des gens qui vont utiliser beaucoup plus la souplesse dans leur danse,
01:04:41 donc ils vont avoir peut-être des habits un peu plus serrés
01:04:44 pour ne pas se coincer dans leurs vêtements.
01:04:47 Il y a des gens qui ont une danse un peu plus sautillante,
01:04:50 donc ils ont besoin de baskets pour bien réceptionner.
01:04:53 Il y a des gens qui font beaucoup de slides, de glisser au sol.
01:04:56 Donc là, ils vont avoir plutôt des matières de jogging un peu cahouèes
01:05:02 pour bien glisser sur le sol.
01:05:04 Ce sont des choses auxquelles on ne pense pas trop en tant que spectateur,
01:05:08 mais pour nous, c'est très étudié comment on s'habille,
01:05:11 même si mon pantalon est serré en bas ou pas.
01:05:14 Ça fait une plus belle forme dans mes mouvements s'il est mis de telle manière,
01:05:18 et ça joue vraiment énormément, donc c'est très important.
01:05:22 Je vois qu'il est déjà presque temps de nous quitter.
01:05:25 Je vais vous laisser la parole dans quelques instants
01:05:27 si vous avez des questions pour Camille ou Chloé.
01:05:31 Mais Camille, avant ça, j'aimerais passer un petit extrait ou le teaser de Do-Au-Mur.
01:05:35 Est-ce que vous pouvez nous en dire un mot rapide avant qu'on le regarde ?
01:05:38 Bien sûr. Alors Do-Au-Mur, c'est une création, un duo avec Bidi, qui est ici présent.
01:05:45 C'est un duo de 55 minutes autour du breaking.
01:05:51 Et comme je vous en ai parlé tout à l'heure, c'est pas mal inspiré de nos voyages.
01:05:57 Je vous ai raconté tout à l'heure l'anecdote quand on a été au Mexique
01:06:01 et qu'on a rencontré des danseurs mexicains qui ne pouvaient pas passer de l'autre côté de la frontière.
01:06:06 C'est quelque chose qui nous a beaucoup marqué.
01:06:08 On a été jouer aussi en Palestine.
01:06:11 On a fait des rencontres très touchantes et qui nous ont beaucoup touchés.
01:06:17 C'est aussi pour ça qu'on a fait ce spectacle, parce qu'il y a un mur sur scène.
01:06:21 Mais il y a aussi, comme on est breakers, on avait énormément envie de travailler avec un mur
01:06:27 parce que ça nous donnait une nouvelle façon de travailler, un nouveau socle pour créer des nouveaux mouvements
01:06:36 qui sont impossibles à faire sans mur.
01:06:40 Comme je vous disais, la créativité est très importante. On s'est dit qu'on pourrait inventer des choses pas mal.
01:06:47 On va regarder ça en tout cas, un petit extrait.
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01:08:24 [Musique]
01:08:27 Merci infiniment à toutes les deux. Merci à vous tous d'avoir été avec nous aujourd'hui.
01:08:35 Vraiment, j'ai goûté la rencontre de vos deux univers. Je trouve que ça résonne complètement.
01:08:42 Ça donne très envie de vous voir sur scène.
01:08:46 Et puis lisez ce merveilleux album "Rosy Nizou" que j'ai mal prononcé tout à l'heure.
01:08:53 Et lisez "Chloé" parce que voilà, c'est des univers fabuleux.
01:08:57 Et là, on sent que vous parlez une langue commune et c'était très beau.
01:09:02 Voilà, je suis très contente. Merci beaucoup et merci à vous.
01:09:07 Bonne soirée. Merci.
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