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Chaos en vue dans les gares en plein week-end des vacances scolaires: seul un TGV sur deux circulera vendredi, samedi et dimanche en raison d'une grève des contrôleurs, selon la SNCF, qui compte donner la "priorité" aux trajets vers la montagne, et aux enfants. La circulation des trains sera "fortement perturbée" entre 20H00 jeudi et 8H00 lundi, a prévenu l'opérateur ferroviaire dans un communiqué. Dans le détail, le service sera réduit de moitié sur les lignes TGV Inoui et Ouigo, ainsi que pour les Intercités de jour et de nuit, a annoncé la SNCF

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00:00 Voici comment la SNCF a justifié son choix de privilégier, de préserver les trains qui vont vers les Alpes.
00:07 « On va d'abord traiter les trains les plus pleins.
00:10 Ce n'est pas une surprise que pendant les vacances de février,
00:13 les trains les plus pleins, ce sont les trains à destination des Alpes.
00:17 Notre priorité a été d'assurer l'ensemble des trains à destination des Alpes.
00:23 Quand je parle de ces TGV, ce sont bien les TGV qui vont directement dans les vallées alpines. »
00:29 Olivier Petit, si en fait c'est une surprise, les trains les plus pleins sont ceux qui vont vers les Alpes,
00:34 et dans le même temps on sait que seuls 10% des Français vont au ski en hiver,
00:38 comment justifier cette décision de la SNCF ?
00:41 « Alors on est pendant les vacances d'hiver.
00:44 Les vacances d'hiver, c'est un moment qui est important en termes de vacances et évidemment pour les Alpes.
00:51 Sur l'année, si on parle de Savoie-Mont-Blanc-Tourisme, c'est à peu près 68 millions de nuités.
00:59 Rien que sur les vacances d'hiver, c'est 35% de ce volume, c'est 14 millions de nuités sur 4 semaines.
01:06 De nuités touristiques totales, 1,7 million à peu près dans l'hôtellerie. »
01:12 Mais ça, la SNCF s'en fiche complètement, ce n'est pas son problème à la limite.
01:14 « Alors il faut que ces touristes aillent sur leur lieu de villégiature.
01:19 On entendait Monsieur Krakowicz dire que les trains sont complets.
01:24 Oui, les trains sont complets parce que le flux est très concentré.
01:27 Si on veut pouvoir aller skier, c'est pendant ces 4 semaines de vacances d'hiver.
01:33 Et en plus, c'est du samedi au samedi, donc les créneaux sont vraiment très spécifiques. »
01:36 À votre connaissance, est-ce que des stations des Alpes ont fait pression sur la SNCF
01:40 pour que les trains soient maintenus à destination des Alpes ?
01:44 « Non, il y a de la pression, de la réflexion de la part d'élus, de territoire, de station très certainement.
01:51 Mais il y a une logique économique aussi qui fait que quitte à annuler des trains,
01:56 autant pas annuler ceux qui sont déjà complets. »
01:58 Pourquoi annuler ceux qui vont vers les Pyrénées ?
02:01 « Ça, c'est une bonne question à laquelle je n'ai pas la réponse. »
02:04 On se doute que dans les vacances de février, peut-être que les Alpes pèsent plus lourd que les Pyrénées.
02:10 « On a effectivement des flux qui sont beaucoup plus importants
02:12 parce que lorsqu'on regarde le territoire, sur les Alpes, comme je vous le disais,
02:17 c'est 14 millions de nuitées sur ces quatre semaines.
02:22 Si je prends la Bretagne, qui est aussi un territoire très touristique, c'est 5 millions de nuitées.
02:28 Ces vacances d'hiver, c'est 20 % de l'activité de Savoie-Mont-Blanc-Tourisme.
02:33 Cette même période en Bretagne, c'est 4 % de l'activité touristique de la Bretagne.
02:38 Donc on a une pression qui est très très forte vers la montagne. »
02:41 « Brissana, qu'on skie aussi dans les Pyrénées, sauf alors de ma part, il y a de la neige en plus cette année.
02:45 Est-ce que vous l'avez un peu mauvaise ? »
02:47 « On l'a pas un peu mauvaise, on l'a très mauvaise, monsieur,
02:49 compare les Alpes avec la Bretagne en termes de tourisme, festival. »
02:55 « Je l'entends, mais on oublie complètement l'Occitanie, on oublie complètement l'Aquitaine,
03:01 on oublie les Hautes-Pyrénées, la Riège, les Pyrénées-Orientales.
03:05 Et comme vous le dites, il n'y a que 10 % des Français qui skient.
03:10 Le reste peut aller dans les autres destinations.
03:12 On a un service public aujourd'hui qui fait une préférence nationale pour une destination, c'est inadmissible. »
03:18 « Vous vous dites quoi ? Que vous êtes la cinquième roue du carrosse,
03:23 on ne s'occupe pas des Pyrénées-Orientales, personne va... »
03:28 « Nous on a l'habitude d'être le bout du monde,
03:29 et d'ailleurs les TGV qui fonctionnent le mieux sont les TGV espagnols sur notre territoire.
03:34 Donc ça c'est une habitude qu'on a pris depuis pas mal d'années.
03:37 Par contre, je n'ai pas l'impression que quand les impôts des habitants et des entreprises des Pyrénées-Orientales
03:42 payent l'immense dette de la SNCF, payent les jours de grève des contrôleurs SNCF,
03:48 on leur dit que leur argent pue et qu'ils nous disent de le garder.
03:52 Donc je pense qu'à un moment il faut remettre les choses en place,
03:55 il faut une obligation, un service minimum pendant les vacances sur l'ensemble du territoire
04:00 et ne pas faire de préférence nationale parce que c'est la porte ouverte à tout.
04:04 L'année prochaine il peut y avoir des grèves en été,
04:06 on fermera le bassin méditerranéen pour envoyer tout le monde en Bretagne.
04:10 Je crois que c'est absurde, il y a de l'emploi, il y a des investissements,
04:13 il y a des professionnels et tout un secteur économique derrière,
04:17 et c'est absurde et irresponsable de la part de la SNCF de prendre de telles positions.
04:22 Gaëtan Mélin, le ras-le-bol de Brice Sanac, en fait, on l'a beaucoup entendu hier
04:26 parmi les voyageurs notamment qu'on interrogeait,
04:29 quand il dit "est-ce qu'il y a quelque chose de scandaleux dans le fait d'avoir privilégié
04:35 les lignes qui mènent vers les vallées alpines de la part de la SNCF ?
04:39 Alors, tout d'abord, ce sont les lignes qui sont aujourd'hui les plus rentables.
04:42 Ce qu'il faut bien avoir en tête, c'est qu'aujourd'hui la SNCF assure un service
04:46 notamment sur des lignes où les TGV ne sont pas remplies,
04:50 des lignes qui sont aujourd'hui déficitaires.
04:52 Et la SNCF a besoin de lignes, notamment celles qui desservent les Alpes,
04:56 justement pour permettre le financement des autres lignes.
04:59 Donc c'est un modèle économique qui permet aujourd'hui finalement à la SNCF de s'en sortir.
05:04 Donc du point de vue de la SNCF, c'est tout à fait logique de prendre ce genre de décision.
05:09 C'est la première fois qu'elle le fait ou elle l'a déjà fait avant sans le dire et on ne s'en était pas rendu compte ?
05:12 Très probablement, on n'a pas de données sur ce qu'il aurait pu faire jusqu'à présent.
05:19 Mais encore une fois, l'objectif de la SNCF, c'est d'assurer les trains qui sont les plus pleins.
05:24 Et c'est d'ailleurs pour cela que les 48 heures de préavis qui doivent être déposées par les grévistes,
05:30 c'est bien de permettre justement à la SNCF et aux entreprises de transport d'établir un plan de transport
05:36 qui, encore une fois, privilégie certaines zones plutôt que d'autres,
05:39 et surtout certaines destinations dont les trains sont pleins.
05:43 Benjamin Brissanac a prononcé l'expression "service minimum".
05:46 On rappelle que ça n'existe pas en France, c'est une obligation de déclaration préalable 48 heures avant.
05:50 Mais on va sans doute en reparler beaucoup dans les jours qui viennent.
05:53 Oui, parce que le groupe centriste Sénat, porté notamment par leur chef Hervé Marseille,
05:57 veut déposer une proposition de loi pour interdire 60 jours par an aux services publics de transport de faire grève.
06:06 Sanctuariser des...
06:07 Voilà, en disant que pendant les vacances scolaires, on empêche de déposer un préavis de grève.
06:13 C'est une sorte de serpent de mer dans le débat public.
06:15 Ce n'est pas la première fois que ce type de proposition est faite.
06:17 Parce que, vous le disiez, il y a cette confusion sur le service minimum.
06:19 Et on avait les rodeaux montades de Nicolas Sarkozy qui disaient
06:21 "Maintenant, quand il y a une grève, on ne s'en rend pas compte".
06:23 Bon, la preuve, qu'on s'en rend compte.
06:24 Ça paraît très difficile pour deux raisons rapidement.
06:26 Un, sur le plan juridique, la jurisprudence du Conseil constitutionnel.
06:30 C'est vraisemblablement une atteinte manifeste aux droits de grève,
06:34 de dire aux cheminots "Vous ne pouvez pas, pendant les vacances de la Toussaint à Noël".
06:36 Et puis, politiquement, pour ça, il faut, non pas un consensus, parce que ça fait débat,
06:41 mais en tout cas, une dynamique politique, il faudrait que ce soit assumé par le gouvernement.
06:44 On voit mal en l'État, compte tenu de l'aspect éruptif du climat social,
06:48 le gouvernement pousser ce type de proposition.
06:50 Ça se fait en Italie.
06:51 En Italie, ils ont pris cette décision, justement, d'instaurer des jours particuliers
06:56 pendant les vacances scolaires, durant lesquels les grévistes ne peuvent pas se déclarer grévistes.
07:01 Est-ce que, in fine, le risque, ce n'est pas qu'à un moment,
07:04 les voyageurs se détournent totalement du train et se disent "De toute façon, je ne prends pas le train,
07:08 puisque, à tous les coups, il y a une grève et je ne suis jamais sûr d'arriver à l'heure, au bon endroit".
07:13 C'est sûr que ce n'est pas favorable pour ce moyen de transport.
07:16 Aujourd'hui, si je reste effectivement sur les Alpes, le train, c'est 16% des touristes qui utilisent le train pour s'y rendre.
07:25 Donc, sur les volumes que ça représente, c'est très significatif.
07:30 Sur des vacances qui s'organisent très longtemps à l'avance, qui coûtent cher,
07:34 les vacances au ski, dans les Alpes, c'est 900 à 1 000 euros par personne.
07:39 Et il faut pouvoir l'anticiper avant.
07:41 Et vous le disiez à juste titre, c'est un samedi, un samedi.
07:44 Donc, on a une capacité de rebondir ou d'alternative qui est très compliquée.
07:49 Et effectivement, il faut pouvoir privilégier des moyens de transport qui soient fiables.
07:53 - Brissanac, on imagine que vous, des dates sanctuarisées où on n'aurait pas le droit de faire grève, vous signez dès demain.
07:59 - Oui, et surtout, il faut qu'on change un peu de logiciel dans ce pays.
08:03 Je ne pense pas qu'on gagne en permanence ces combats sociaux en emmerdant les gens,
08:08 en emmerdant les Français, en emmerdant les personnes qui se lèvent le matin et qui n'ont pas le choix,
08:12 et qui ne peuvent pas faire grève.
08:13 Dans mon entreprise, moi, je ne peux pas faire grève.
08:15 Dans mon secteur d'activité, on ne peut pas faire grève, parce que si on fait grève, il n'y a rien qui rentre.
08:19 Et je crois surtout, voilà, on doit changer de logiciel.
08:22 Et enfin, je pense que le bassin méditerranéen et le sud de la France, on doit aussi se révolter.
08:26 J'ai vu une étude qui montre qu'il n'y a quasiment aucun ministre qui vient de la ligne en dessous de Lyon.
08:32 Et quelque part, il faut aussi qu'il y ait un cri du cœur, un cri du cœur des acteurs, des acteurs économiques du territoire,
08:38 qui disent « nous aussi, on existe, nous aussi, on participe au développement économique.
08:42 On a des belles régions à défendre et il n'y a pas que Paris, la Bretagne et les Alpes ».
08:46 – Vous qui représentez l'UMIH, c'est-à-dire les métiers de l'industrie de l'hôtellerie dans les Pyrénées-Orientales,
08:51 vous avez déjà des patrons qui vous rapportent des annulations de séjour à cause de la grève à la SNCF
08:57 et des trains qui ne viennent pas jusqu'aux Pyrénées-Orientales ce week-end ?
09:01 – Oui, et le problème, c'est que c'est la triple ou quadruple cause.
09:04 Nous avons eu le conflit avec les agriculteurs, que nous avons soutenus, on est leurs ambassadeurs.
09:08 Et malgré tout, ça a impacté nos activités, ça a impacté les déplacements.
09:12 Il y a eu une grève qui s'est arrêtée hier côté espagnol, qui a bloqué l'autoroute au niveau de Béziers,
09:17 ce qui faisait un blocus total sur le territoire des Pyrénées-Orientales.
09:22 Et maintenant la SNCF, je veux juste rebondir sur une chose, c'est votre collègue tout à l'heure qui disait
09:27 qu'il y a des lignes qui sont rentables et qui permettent de financer les lignes qui le sont moins,
09:32 ciblant un peu le bassin méditerranéen.
09:34 Je voudrais simplement rappeler à cette personne que les lignes ont été financées
09:37 par les impôts de tous les Français, les 65 millions de Français,
09:40 et qu'aujourd'hui, quelle est la destination qui ne bénéficie pas d'un TGV ?
09:45 C'est Perpignan. Le train n'arrive pas à vitesse TGV, alors qu'on est en train de réfléchir
09:51 à mettre des lignes TGV entre des villes de province.
09:53 Et alors que Sagar était le centre du monde pour Salvador Dali.

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