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Jean-François Copé, ancien président de l'UMP, était l'invité politique de franceinfo le mercredi 14 février 2024.

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00:00 * Le 18/20 France Info, Jean-François Aquiline *
00:05 - Bonsoir à vous Jean-François Copé. - Bonsoir.
00:07 - "Il était une âme qui crie, une force qui vit et arrache la vie aux mains de la mort",
00:11 déclaration du président Emmanuel Macron dans son discours hommage à Robert Badinter sur la place Vendôme.
00:16 Au final, Jean-François Copé, quel sera son héritage à vos yeux ?
00:20 - Moi je crois que quand on a la dimension qui a été celle de Robert Badinter,
00:25 chaque Français a son idée personnelle en fait.
00:28 Pour ce qui me concerne, sans hésiter, c'est l'abolition de la peine de mort.
00:32 J'avais voilà 18-19 ans, c'est la première fois que j'ai rencontré d'une certaine manière,
00:37 jeune étudiant, le personnage Badinter.
00:40 Et c'est évidemment ce qui restera d'abord,
00:43 même si on ne peut pas oublier non plus l'histoire assez à la fois tragique et exceptionnelle...
00:49 - Oui, la lutte contre l'antisémitisme. - ...de Robert Badinter.
00:51 Et puis surtout, il en fut victime, comme beaucoup de Juifs français et étrangers,
00:56 dans cette terrible période de l'occupation.
00:58 - Jean-François Copé, je rappelle que vous êtes le maire "Les Républicains" de Maux,
01:02 vous appartenez à cette grande famille de la droite, on va dire classique.
01:06 - De gouvernement, de gouvernement. - De gouvernement, absolument.
01:09 - En opposition à l'extrême droite ou l'extrême gauche.
01:11 - Nicolas Sarkozy qui s'est pourvu en cassation après sa condamnation à 6 mois ferme en appel
01:16 dans l'affaire Big Malion, qui porte sur les dépenses excessives de la campagne présidentielle perdue de 2012.
01:21 Vous trouvez la peine sévère ?
01:24 - Bon, moi je ne commande jamais une décision de justice, mais ce n'est pas une formule de style.
01:29 Il se trouve que cette affaire Big Malion, qui est celle des comptes de campagne de Sarkozy...
01:34 - Vous avez été mis hors de cause à l'époque.
01:36 - Alors oui, il faut peut-être rappeler ça quand même, c'est que j'ai été celui qui a été au départ
01:41 la cible absolue d'un certain nombre de médias, notamment Le Point, qui m'a sali à travers la plume de Gisbert
01:49 de manière absolument ignoble, que j'ai fait condamner d'ailleurs.
01:52 Et puis aussi, il faut bien le dire, certains responsables politiques, et notamment Sarkozy,
01:56 qui a essayé jusqu'au bout, y compris d'ailleurs dans le procès en appel, de me mettre en cause,
02:02 alors que la justice, qui a fait des investigations complètes, comme pour tout,
02:06 eh bien m'a très très vite totalement innocenté.
02:09 Je n'ai même jamais été mis en examen dans cette affaire, c'est tout le paradoxe.
02:12 Vous savez, quand vous êtes soupçonné médiatiquement, vous en prenez plein la figure
02:17 dans un niveau de violence extrême, et je dois dire que de ce point de vue,
02:21 j'ai eu vraiment mon lot, et puis quand ensuite vous êtes totalement innocenté,
02:26 ben voilà, ça ne fait pas beaucoup de lignes dans les journaux.
02:28 Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que la condamnation qui concerne Nicolas Sarkozy,
02:34 eh bien elle est assortie d'une peine dont le quantum est loin d'être anodin,
02:40 puisqu'il s'agit de six mois fermes.
02:43 Voilà, je crois qu'il est en cassation maintenant, c'est son affaire,
02:45 ça n'est certainement plus la mienne depuis bien longtemps,
02:48 mais j'ai regretté naturellement qu'il ait eu ce réflexe indigne,
02:52 alors que la justice m'avait innocenté, jusqu'au bout de continuer à me mettre en cause
02:57 directement ou indirectement avec ses amis, et j'ai trouvé que c'était vraiment pas digne.
03:01 Il pèse toujours à vos yeux, dans la famille notamment de la droite, de gouvernement ?
03:06 Je ne sais pas, parce que le moins qu'on puisse dire, c'est que beaucoup de ceux
03:11 qui en sont membres aujourd'hui parmi les républicains,
03:13 ont tourné sa page au regard des comportements qu'il a eu vis-à-vis d'eux.
03:17 Vous estimez toujours que les républicains doivent sceller un accord de gouvernement
03:20 avec Emmanuel Macron, ça a été un peu votre leitmotiv ?
03:22 D'ailleurs, pour l'anecdote, c'est marrant, parce que c'est un des rares sujets
03:25 sur lequel on a été d'accord, Sarkozy et moi, ces derniers temps.
03:28 Mais oui, je pense que c'est une folie de ne pas avoir de majorité absolue,
03:33 alors que la Ve République repose sur le principe de la majorité absolue.
03:36 Donc, je considère que le président de la République fait une faute historique,
03:39 parce qu'en réalité, il dit partout qu'il a fait un gouvernement de droite,
03:43 qu'il veut une politique de droite, que le Front National est son ennemi,
03:46 et en fait, il fait tout ce qu'il faut pour qu'il n'y ait pas de majorité absolue,
03:49 donc il ne fera pas de réforme, parce qu'elles ne seront pas adoptées au Parlement,
03:52 donc il n'y aura pas d'efficacité, et ça permettra à Le Pen de dire
03:55 "Vous voyez, ça ne marche pas".
03:56 Il est en train de construire une espèce d'alliance objective avec l'extrême droite.
04:00 En même temps, le parti LR ne veut pas non plus entrer dans le jeu, quand même.
04:05 Mais bien sûr, vous avez raison.
04:07 Mais en fait, ce n'est pas aux républicains de faire le premier pas, tout le monde le sait.
04:12 M. Macron nous explique toute la journée qu'il est le "maître des horloges".
04:16 On peut penser que c'est Dieu, normalement, si on croit en Dieu, mais lui, il dit que c'est lui.
04:19 Donc ça veut dire que c'est à lui de faire la démarche,
04:22 et de dire aux responsables des républicains, au nom de la France,
04:25 "Je vous demande de participer au gouvernement, je vous confie des responsabilités,
04:29 je change mon programme", je parle au nom d'Emmanuel Macron,
04:33 "parce que les Français ne m'ont pas donné la majorité absolue".
04:35 C'est pas ça qu'il a fait.
04:36 Et donc, on se trouve dans une situation de course folle,
04:39 où forcément, les républicains sont humiliés,
04:43 donc ils se radicalisent,
04:44 Emmanuel Macron fait comme s'il n'avait pas besoin d'eux.
04:47 Tout ça est un jeu de dupe extrêmement malsain,
04:49 dont on a vu, hélas, l'illustration tragique-comique avec la loi immigration.
04:54 La loi immigration, si elle a fait un mauvais score aux européennes,
04:57 il faudra réfléchir à tout ça, il faudra tendre la main.
05:00 Mais encore une fois, je répète, c'est à Emmanuel Macron de le faire.
05:03 Je suis persuadé que s'il reçoit les responsables des républicains
05:06 en leur proposant de modifier son projet, de l'élargir,
05:09 à cette question qu'attendent les Français,
05:12 de remettre de l'ordre, de l'ordre dans l'école, dans la rue, dans les comptes publics,
05:16 c'est quand même la moindre des choses pour un gouvernement responsable.
05:19 Sinon, c'est Le Pen qui va le faire.
05:21 Et elle le fera avec des méthodes d'extrême droite
05:24 dont on sait qu'elles n'ont rien à voir avec les valeurs qui sont les nôtres.
05:26 - Jean-François Copé, quand vous voyez la crise agricole,
05:28 le salon débute dans dix jours,
05:30 ou encore l'annonce de la grève à la SNCF,
05:32 last weekend de le départ en vacances,
05:34 que dites-vous du climat actuel ?
05:36 Le duo Emmanuel Macron-Gabriel Attal,
05:39 est-ce qu'il est à même d'apaiser les colères des Français ?
05:42 - Ça on verra bien.
05:44 Mais en tout cas, il ne faut pas mélanger les choses.
05:46 On ne peut pas mettre sur le même plan l'engagement des agriculteurs
05:49 qui sont d'abord des entrepreneurs,
05:51 qui se battent face à des montagnes de problèmes
05:54 parce qu'on n'arrête pas d'en accumuler,
05:56 de sorte qu'aujourd'hui, on en a oublié la seule vraie question,
05:58 c'est est-ce qu'on veut une alimentation de qualité ou pas ?
06:00 Bon, quand même, parce que l'alimentation, ce n'est pas un bien comme les autres.
06:03 Ceux qui sont capables de produire une alimentation vraiment saine,
06:06 ce sont nos agriculteurs, compte tenu des règles qui sont fixées,
06:10 mais on ne leur donne plus les moyens de le faire.
06:12 Et en plus, on importe pendant ce temps-là, tout le monde le sait,
06:14 des produits de pays qui en réalité ne sont pas aux normes.
06:18 Donc, cette espèce d'hypocrisie met nos agriculteurs
06:21 dans une situation totalement de schizophrénie.
06:24 Mélangeons pas ça avec les contrôleurs de train de la SNCF
06:28 qui prennent les Français en otage alors qu'ils partent en vacances en famille,
06:31 qu'ils ont fait leurs réservations pour aller en vacances
06:35 et qu'ils sont en train d'utiliser cette période pour des revendications salariales
06:39 qui, honnêtement, sont quand même totalement dérogatoires
06:42 par rapport aux fonctionnaires de la fonction publique.
06:44 Donc, ce n'est pas bien.
06:46 - Mais il y a un faisceau quand même, Jean-François Copé, de conflits dans l'air.
06:50 Il y a une espèce de climat permanent.
06:52 - Oui et non.
06:54 - Non, vous l'avez connu auparavant.
06:55 - Oui et non. Vous savez, moi, j'ai...
06:57 - C'était pas réellement.
06:58 - J'ai été ministre il y a quelques années.
07:00 - C'était pas réellement.
07:01 - J'ai eu une bonne expérience politique.
07:02 Je la mets d'ailleurs au service de ceux qui veulent bien m'entendre de temps en temps
07:06 parce que c'est bien joli de parler du nouveau monde.
07:08 La vérité, c'est qu'il y a des grandes constantes et parmi celles-ci, il y a les mouvements sociaux.
07:11 Mais une fois qu'on a dit ça, on ne peut pas tous les mélanger.
07:13 Moi, vous ne me ferez pas dire que c'est la même chose,
07:15 le combat d'un agriculteur compte tenu des salaires qui leur restent.
07:19 Avec les contraintes qu'ils ont, les contrôles dans tous les sens,
07:22 avec, c'est le cas de le dire, un contrôleur de train
07:25 qui aujourd'hui exige des revalorisations, personne ne peut comprendre ça en France.
07:29 - Un dernier mot, nous parlions d'accords possibles, ou pas, en réalité avec le gouvernement.
07:33 Quand vous voyez Rachida Dati qui reste républicaine,
07:36 elle n'a toujours pas remercié, elle n'a toujours pas été exclue du parti.
07:39 Qu'est-ce que vous dites ce soir ?
07:40 - Bon, moi, je pense que Rachida Dati a fait un choix
07:44 qui était quand même assez naturel compte tenu de son parcours.
07:49 Elle aspire à être maire de Paris et à libérer Paris
07:52 de cette politique catastrophique de Madame Hidalgo,
07:55 encore ce simulacre de référendum sur les SUV, c'est aberrant.
07:59 Les médias sont quand même globalement très très gentils avec elle.
08:02 Parce que franchement, on ferait ça à droite, qu'est-ce qu'on prendrait dans la figure ?
08:05 Enfin, je ferme cette parenthèse.
08:07 Mais donc, Rachida Dati, elle est dans son parcours,
08:09 elle assume en plus de vouloir faire une culture populaire
08:12 et elle a toute la dimension pour le faire.
08:14 Voilà, tout ça est bien, tout ça est très bien.
08:16 - Merci à vous Jean-François Copé, maire les Républicains de Meaux.
08:19 Je ne sais pas s'il y a des SUV qui circulent dans Meaux.
08:21 - Oui, je peux vous dire qu'on a d'autres sujets à consulter
08:24 les habitants de ma ville de Meaux plutôt que ces sujets-là.
08:27 - Merci d'avoir participé à cette interview sur France Info.
08:30 Merci à vous. - Merci à vous.

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