• il y a 9 mois
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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce mercredi, il s'intéresse à l'hommage national qui va être rendu à Robert Badinter.

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Transcription
00:00 - Édito politique sur Europe 1 avec le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:03 - Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:06 - Vincent, à midi Emmanuel Macron va rendre hommage Place Vendôme à Robert Badinter,
00:11 Place Vendôme au ministère de la Justice que l'avocat a occupé au début des années 80.
00:16 Le président va sans nul doute évoquer l'abolition de la peine de mort,
00:19 c'est le grand oeuvre de Robert Badinter qu'au fond plus personne véritablement ne remet en question.
00:24 - Oui, l'opinion reste partagée sur la peine capitale mais il est vrai
00:27 qu'aucune proposition politique sérieuse ne remet en cause son abolition.
00:30 On aurait tort pourtant de croire que le discours prononcé par Robert Badinter de 17 septembre 1981 appartient au passé.
00:37 En se replongeant dans ce texte de haute tenue et d'une très grande profondeur,
00:41 on trouve une résonance tout à fait frappante avec un autre débat de société qui divise les consciences,
00:46 un débat qui s'annonce dans les semaines qui viennent, celui de la fin de vie.
00:50 Auditionné en 2008 sur la loi Léonettier, Robert Badinter n'avait pas caché ses réserves sur toute aide active à mourir.
00:56 Marie de Henzel dans le Figaro rapporte des formules tout à fait claires de Robert Badinter, je le cite,
01:01 "Faire la loi à partir d'une émotion collective justifiée est né d'une situation extraordinaire.
01:05 Alors qu'on pourrait très bien éviter toute poursuite, ne me paraît pas devoir être l'oeuvre d'un législateur."
01:10 L'avocat, après une rencontre avec le président de la République, avait confié en 2017, toujours à Marie de Henzel,
01:16 "Je ne pense pas qu'Emmanuel Macron ira jusqu'à légaliser l'euthanasie, en tout cas de mon vivant."
01:21 - Oui, mais une loi sur l'euthanasie, à tout le moins le suicide assisté,
01:24 c'est pourtant ce qui se profile de façon éminente.
01:27 - Oui, et on peut voir une contradiction entre un pouvoir qui va s'incliner tout à l'heure avec émotion devant la figure de Robert Badinter,
01:33 et qui dans quelques semaines s'apprête à enfreindre les notions fondamentales qui traversent son discours sur l'abolition.
01:39 La profondeur de vue de l'avocat fait en effet se rejoindre son refus de la peine de mort et les questions que pose l'euthanasie.
01:46 Comment autoriser à la médecine ce qui doit soigner, ce que l'on refuse, à la justice qui doit punir ?
01:52 Dans son discours, celui qui était à l'orga de Dessaux pointe deux éléments qui interdisent à un homme de prononcer le verdict de la mort.
02:00 Le premier élément, c'est que dans l'ordre judiciaire, la possibilité de l'erreur est toujours présente, il n'y a pas d'infabilité absolue.
02:07 On peut considérer qu'il en va de même dans l'ordre médical.
02:09 Le second élément, c'est ce que Badinter appelle la justice d'élimination, dont on connaît le début, mais jamais la fin.
02:16 "Quand on accepte une justice d'élimination, dit-il, il faut que les responsables politiques mesurent dans quelle logique de l'histoire on s'inscrit.
02:23 On pourrait prolonger le raisonnement en remplaçant la formule justice d'élimination par médecine d'élimination.
02:29 Les Pays-Bas, le Canada, la Belgique, nous montrent que les exceptions d'euthanasie des premiers jours s'installent de plus en plus dans cette logique d'élimination,
02:37 avec une question que la société impose désormais aux plus vulnérables, est-ce que je veux continuer à vivre ou est-ce que je veux mettre fin à ma vie ? "
02:44 Il y a quand même une grande différence, Vincent, la peine de mort est décidée par un jury d'assises, l'euthanasie, ce sera par celui qui va la subir.
02:52 - Oui, sur le papier, c'est un acte autonome, mais comment mesurer la liberté de discernement de celui qui souffre,
02:59 qui est frappé par une dépression sévère ou par un mal incurable ? Je vous cite encore Robert Badinter.
03:04 "Devons-nous accepter un service d'assistance au public ouvert 24h/24 pour ceux qui auraient pris une décision de se suicider ?
03:10 Et l'ancien garde des Sceaux poursuit "Ma réaction première n'y serait pas favorable, j'aurais trop la crainte d'une forme d'incitation,
03:18 je n'ose pas dire de provocation au suicide."
03:21 Nul ne peut retirer la vie à autrui, c'est le principe moral que laisse le discours de Robert Badinter sur la peine capitale.
03:29 Il ne faudra pas l'oublier, au moment où 43 ans après 1981, l'État s'apprête à autoriser sous une autre forme l'administration de la mort.
03:37 L'édito politique, l'édito éthique, même on peut dire ce matin sur Europe 1. Merci Vincent Trémolet de Villers à la une du Figaro.

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