• il y a 10 mois
C'est la plus importante station d'épuration de la métropole de Montpellier, mais elle commence à être vieille et il va falloir y faire de grands travaux.
Maera entre dans un vaste chantier de 4 ans et sa capacité de traitement des eaux usées va quasiment doubler.

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Transcription
00:00 - France Bleu et Ronds, nous sommes le 13 février, c'est mardi aujourd'hui, nous recevons René Revol.
00:04 C'est le maire de Grabel et le président de la régie des eaux à la métropole de Montpellier, Guillaume.
00:08 - Bonjour René Revol. - Bonjour.
00:10 - Merci d'être venu nous rejoindre une nouvelle fois en studio.
00:12 On va parler avec vous de Mahera, une des 13, c'est pas la seule,
00:16 une des 13 stations d'épuration de la métropole.
00:19 Il y en a 13 au total, mais c'est la plus importante.
00:22 - Oui, il y en a 12 qui sont des petites stations qui relient des petites communes,
00:26 qui sont une sorte de petite archipel autour de Montpellier.
00:29 Et sur le cœur de Montpellier, des villes autour,
00:32 il y a une grosse station qui représente 80% de la population,
00:36 avec 5 villes extérieures à la métropole qui sont également raccordées à Mahera,
00:41 de Assas jusqu'à Palavas.
00:44 - Et pourquoi on parle de Mahera ce matin ?
00:45 Parce que vous, quand je dis vous, la métropole rentre et lance,
00:49 a lancé il y a quelques jours, ça a d'ailleurs déjà commencé,
00:52 on a vu 4 grandes grues s'installer sur le site,
00:57 lancent un vaste et grand chantier de rénovation qui va durer 4 ans,
01:01 c'est pas rien 4 ans quand même, ce sont des gros travaux là.
01:03 - C'est un très gros chantier que porte la Régie des eaux,
01:06 sur commande de la métropole, 165 millions d'euros,
01:10 et il faut comprendre que c'est important,
01:13 vous savez si vous croisez des gens dans la rue,
01:15 vous leur dites d'où, quand vous prenez votre douche ce matin,
01:18 j'imagine que ceux qui nous écoutent soit ont pris leur douche,
01:20 soit vont prendre leur douche,
01:21 - Ou sont en train de le faire.
01:22 - Ou sont en train de la prendre, et ils se disent d'où vient l'eau.
01:25 Beaucoup de gens le savent maintenant,
01:27 ça vient de la nappe du Lae, qui est au nord du Lae,
01:31 et c'est une eau très précieuse,
01:32 voilà les gens sont très attentifs à l'eau qui rentre.
01:34 Par contre si vous vous baladez dans la rue,
01:36 vous demandez aux gens quand vous tirez votre chasse d'eau,
01:39 où est-ce que ça va, la majorité des gens ne le savent pas.
01:41 Alors c'est très important.
01:42 - Ou alors ils s'en moquent.
01:42 - Ou ils s'en moquent, ou ils s'en foutent, c'est ça.
01:44 - Alors que pourtant...
01:45 - Alors que c'est un enjeu d'environnement,
01:47 c'est un enjeu sanitaire, c'est un enjeu fondamental,
01:50 et les grandes villes doivent particulièrement veiller à cela.
01:53 Donc Maéra récupère toutes les eaux usées.
01:55 Alors c'est assez simple le processus d'une station d'épuration,
01:58 même si techniquement c'est un gros chantier.
02:00 Voilà, d'un côté il y a du liquide,
02:02 de l'autre côté il y a du solide qui sont séparés,
02:04 il faut les purifier.
02:05 Alors d'un côté la purification du liquide aboutit à de l'eau
02:09 qui n'est naturellement pas potable,
02:10 mais qui est comme de l'eau brute si vous voulez,
02:12 qui peut être utilisée,
02:13 vous pensez que pour nettoyer les rues,
02:15 dans toutes les villes de France, à part Paris et une ou deux autres villes,
02:18 et bien on utilise de l'eau potable.
02:19 C'est une aberration.
02:20 Donc on va utiliser cette eau-là pour arroser les stades,
02:23 arroser les golfs, arroser tout ce que vous voulez,
02:25 qui n'est pas fondamental.
02:27 Et puis ça permet d'économiser par la même la ressource en eau,
02:30 c'est ce qu'on appelle la réutilisation des eaux.
02:32 Actuellement, on envoie 28 millions de mètres cubes dans la mer,
02:36 la mer n'a pas besoin de ces 28 millions de mètres cubes,
02:37 elle monte toute seule avec le changement climatique.
02:39 - Ça devient une hérésie environnementale d'envoyer 28 000 mètres cubes.
02:41 - Oui, mais bon, dans tous les bordures de mer,
02:45 c'est ce qui se fait à peu près partout,
02:47 c'est mieux que d'envoyer les égouts.
02:48 Il vaut mieux envoyer de l'eau purifiée.
02:50 Mais bon, réutiliser cette eau, c'est l'évidence.
02:53 Bon voilà, donc on va le faire,
02:54 il faut créer un réseau pour faire ça, c'est un sacré boulot.
02:57 Deuxièmement, les boues qui sont dans la station,
03:00 eh bien il faut les purifier également,
03:02 et ces boues, elles rentrent dans ce qu'on appelle un digesteur,
03:04 puis après ça se transforme en gaz avec un gazomètre,
03:08 et on crée du méthane.
03:09 - Alors on va réexpliquer tout ça,
03:11 parce que l'idée c'est de réutiliser tout ça,
03:12 mais je crois que Vigie a une question.
03:13 - Oui, parce qu'en fait on parle de Maréa depuis tout à l'heure,
03:15 mais elle est où Maréa, cette station d'épuration ?
03:16 - Elle est au sud de Montpellier, sur l'Ath.
03:19 - D'accord, à l'Ath.
03:20 - À l'Ath, et de là, il y a un émissaire qui va en mer,
03:22 et qui va 10 km en mer,
03:24 et qui rejette l'eau à ce niveau-là.
03:26 - Ces travaux sont engagés aujourd'hui en aérovol
03:29 et pour une durée de 4 ans,
03:30 je le rappelle parce que Maréa a 20 ans,
03:32 elle commence à vieillir,
03:33 elle est, excusez-moi pour l'expression un peu "ras la gueule",
03:36 elle est à 100% de sa capacité.
03:38 L'idée dans les 4 ans qui viennent,
03:40 enfin à échéance 4 ans, donc 2028,
03:43 2027 ou 2028,
03:44 c'est de quasiment doubler sa capacité de traitement.
03:47 - Presque, pas complètement,
03:48 puisqu'on passe de ce qu'on appelle les équivalents habitants,
03:50 puisqu'il faut compter aussi les collectifs, l'hôpital, etc.,
03:53 qui est aujourd'hui 450 000,
03:56 on va passer quasiment juste à 700 000, 695 000.
03:59 Ce qui signifie qu'on aura un instrument
04:01 qui est tout à fait adapté,
04:02 non seulement à l'existant,
04:04 mais qui nous prépare au développement de cette région.
04:06 Je vous rappelle quand même qu'arrive,
04:08 sur la métropole de Montpellier,
04:09 6 000 à 7 000 habitants chaque année.
04:11 - Un peu plus je crois, plutôt 10 000, non ?
04:13 - Non, non, entre 6 et 7 000.
04:15 C'est un peu ralenti.
04:16 - Ah oui, c'est un peu ralenti.
04:17 - Avec le prix de l'immobilier qu'on a ici,
04:20 c'est un peu normal, ça se ralentit.
04:21 - Sauf que ça s'accumule, les nouveaux...
04:22 - Voilà, donc...
04:24 Mais il faut accueillir cette population,
04:26 il y a un développement,
04:28 il faut le maîtriser ce développement,
04:29 mais il faut être prêt,
04:30 et là, avec Mahera,
04:31 on est prêt pour les 25 ans qui viennent, sans difficulté.
04:34 - Et alors, je ne voudrais pas noyer,
04:35 sans vouloir faire de mauvais jeu de mots,
04:37 nos auditeurs sous les chiffres,
04:38 mais par exemple, actuellement,
04:40 Maria va passer de 4 m3/s,
04:42 aujourd'hui, à 7 m3/s en 2019.
04:44 - Oui, c'est quand le début est maximum.
04:46 Vous savez, c'est quand il y a une période de pluie,
04:47 parce que vous avez une partie du réseau qui est unitaire,
04:50 qui prend les eaux pluviales,
04:52 une partie qui est séparative,
04:53 dans laquelle il n'y a que les eaux usées.
04:54 Et donc la partie unitaire se remplit,
04:56 elle a beaucoup diminué.
04:57 Il y a 10 ans, elle représentait les 2/3
05:00 de ce qui arrivait sur Mahera,
05:01 la partie unitaire,
05:03 et maintenant, elle ne représente plus qu'un tiers.
05:04 Donc ça signifie que le poids hydraulique baisse.
05:07 Mais donc la capacité totale augmente,
05:09 on passe à 7 m3/s,
05:10 et on fait un investissement,
05:12 mais c'est un investissement remarquable,
05:13 parce qu'on doit faire fonctionner en même temps la station.
05:16 C'est-à-dire qu'on détruit un bassin,
05:17 mais il faut qu'un autre bassin fonctionne, et ainsi de suite.
05:19 Tout ce travail se fait pendant ces 4 ans,
05:22 et ainsi, on va pouvoir créer une capacité beaucoup plus grande.
05:26 Non seulement une capacité,
05:27 une quantité plus grande d'absorption,
05:29 mais également un traitement de bien meilleure qualité,
05:31 si vous voulez, pour faire que l'épuration,
05:33 disons, dépollue la majorité de ce qui est dépolluable,
05:37 pour arriver à ce que je vous ai dit tout à l'heure,
05:39 c'est-à-dire de l'eau bien traitée,
05:42 et d'autre côté, un traitement de tout ce qui est solide.
05:44 - Alors on y arrive, ce traitement des solides,
05:45 il y a notamment le biométhane,
05:47 que Mahera sera en capacité de produire,
05:50 ce qui va permettre quoi ?
05:51 Ce qui va permettre de faire du chauffage.
05:53 - Oui.
05:54 - Je crois 9000 habitants dans la métropole.
05:56 - Pas habitants, 9000 foyers.
05:58 - Ah 9000 foyers, oui, c'est encore plus de gens.
05:59 - 9000 foyers, ça vous fait plus de 25 000 habitants,
06:02 c'est 2 fois et demi Grabel.
06:03 - Donc en fait, le biométhane produit par ces bouts
06:06 devient un carburant, en fait c'est ça.
06:07 - Ça remplace le gaz, nous avons du gaz dans ce pays,
06:10 qui vient soit de Russie, soit le gaz de schiste américain.
06:14 Et on est très dépendant du gaz,
06:16 donc plus vous développerez des sources de biogaz,
06:19 plus vous devrez autonome sur le plan énergétique.
06:21 On a besoin du gaz, voilà.
06:23 - Donc l'idée, c'est de produire du biométhane,
06:25 mais c'est aussi de réutiliser
06:27 70 000 m3 par jour d'eau traitée à Mareha,
06:31 vous l'avez dit, pour des usages d'arrosage,
06:33 des choses comme ça,
06:34 donc on arrête d'aller pomper dans la nappe là ?
06:36 - Alors oui, aujourd'hui on prend 30 millions de m3 par an
06:40 à l'intérieur de la nappe d'Ulès, ok ?
06:42 Alors c'est une vraie ressource extraordinaire,
06:44 et là, cette année, elle n'est pas encore à la moyenne,
06:47 malgré les quelques pluies qu'il y a eu,
06:49 en 2022 c'est la catastrophe,
06:51 mais on a cette source qui est vraiment quelque chose de très important
06:54 au niveau de ce territoire.
06:56 Si Montpellier n'avait pas cette source,
06:57 Montpellier n'aurait pas pu se développer,
06:59 il faut le savoir.
07:00 Donc il faut économiser cette ressource en eau,
07:02 avec le changement climatique.
07:04 Donc c'est une évidence qu'il faut réutiliser les eaux usées une fois traitées.
07:07 Il y a des pays qui le font plus que nous,
07:09 vous savez en Espagne c'est 18%,
07:10 les eaux usées qui sont réutilisées.
07:12 En France on est moins de 20%,
07:14 donc il y a de la marge,
07:15 on peut développer ça, et il faut le faire.
07:17 - J'ai gardé pour la fin les deux questions qu'il fait Achran et Revol.
07:19 La première, souvent Mareha a été décriée pour les nuisances olfactives
07:23 qu'elle peut provoquer.
07:24 Ça, ces travaux vont permettre de le régler ce problème-là ?
07:27 - Alors écoutez, absolument,
07:28 d'abord moi je voudrais saluer les riverains,
07:30 parce que je vais les voir régulièrement,
07:32 on débat avec eux, tout ce dossier a été construit avec eux,
07:35 et vraiment c'est très important.
07:37 Donc d'abord la station va être entièrement couverte,
07:39 et avec un système de désodorisation beaucoup plus fort.
07:41 - Plus de bassins à ciel ouvert.
07:42 - Voilà, plus de bassins à ciel ouvert,
07:44 ça c'est très important pour les odeurs.
07:45 Il y a une deuxième chose qui produit les odeurs,
07:47 c'est les camions qui tous les jours,
07:48 tchou tchou,
07:49 partent pour apporter les bouts ailleurs.
07:51 Nous on envoie notre merde ailleurs, si je peux me parler comme ça.
07:54 - C'est comme le plastique de François Vasquez.
07:55 - Voilà, comme tout,
07:57 comme les déchets, on les envoie ailleurs.
07:58 Non, il faut les traiter nous-mêmes,
08:00 et donc il n'y aura plus que 2-3 camions par mois pour les déchets ultimes,
08:05 puisque nous allons valoriser énergétiquement,
08:08 l'enquête publique commence le mois prochain,
08:10 nous allons valoriser énergétiquement l'ensemble de ces bouts,
08:14 et avec ces bouts, la station va devenir,
08:16 aujourd'hui, je fais un chèque chaque année d'un million deux cent mille pour l'électricité,
08:21 pour faire fonctionner la station, d'accord ?
08:23 Et bien quand ça sera fini en 2027,
08:25 c'est EDF qui me fera un chèque d'un million deux.
08:27 - Parce que vous allez... - On devient énergie positive, on double...
08:30 - Et plus d'odeurs en 2027. - Et plus d'odeurs en 2027, ça c'est très important.
08:33 - La deuxième question qui fait, je m'en ai revolt,
08:35 c'est un gros investissement, ces travaux, vous avez, je crois, en ouverture, j'ai oublié...
08:38 - 165 millions d'euros. - Qui paye ?
08:41 - Alors l'eau, c'est très important, j'en profite ce micro,
08:44 qui paye ? Les usagers.
08:46 Et aujourd'hui, quand vous payez votre facture d'eau,
08:49 vous payez l'eau et l'assainissement,
08:50 Montpellier-Méditerranée-Métropole a le tarif de l'eau le plus faible de toute la côte méditerranéenne,
08:56 et avec ça, pendant 6 ans de régie, vous savez qu'ils fondaient la régie en 2014-2015,
09:01 la régie des eaux a eu 6 ans, nous n'avons pas emprunté une fois jusqu'en 2022.
09:04 - Sauf que tous vos travaux seront terminés.
09:06 - Oui mais alors si vous ne les portez pas terminés... - Il y aura un impact sur la facture.
09:08 - Pardon, je voulais terminer. - L'impact sur la facture ?
09:10 Ah ben là, dans l'immédiat, nous avons une hausse sur l'assainissement de 15%, d'accord ?
09:16 Mais on arrive, même avec cette hausse,
09:18 nous arrivons à financer parfaitement sur les 4 ans ce financement-là,
09:21 nous avons eu un prêt, un prêt européen bonifié qui est excellent,
09:25 et ainsi nous pouvons assurer le maintien de ce prix jusqu'en 2030,
09:29 que nous avons avec des hausses qui seront inférieures à l'inflation actuelle.
09:33 Donc ça c'est un problème de gestion, c'est l'avantage de la régie publique.
09:36 Avec la régie publique, nous avons dégagé des excédents,
09:39 parce que nous n'avons pas d'actionnaires,
09:40 nous n'avons pas de filiales, nous n'avons pas d'impôts sur les sociétés,
09:43 et nous les élus, on n'a pas d'indemnités pour cette régie.
09:46 Donc ça signifie qu'on a un outil là qui est assez économe, performant.
09:51 Bon, il y a 7-8 ans, on critiquait la régie en disant que ça n'allait pas...
09:55 Après 6 ans, elle a très bien marché pour l'eau potable,
09:58 maintenant on est passé à l'assainissement,
10:00 et on peut parfaitement arriver à financer...
10:02 - Donc il n'y aura pas d'impact direct sur la facture des usagers de l'eau
10:05 dans la métropole de Montpellier, ça vous l'avez déjà pris en compte ?
10:08 - Exactement.
10:09 - Et donc il n'y aura pas de mauvaise surprise dans les 5 ou 6 ans qui viennent ?
10:11 - Non.
10:13 - Merci René Revol.
10:14 - Pas de quoi, merci à vous.
10:14 - Merci au président de la régie des eaux de Montpellier d'être venu nous parler de ce chantier
10:19 qui vient de débuter à Maréa.
10:20 On se redonne rendez-vous dans 4 ans pour faire le bilan ?
10:22 - D'accord.
10:23 - Bravo.
10:24 - Vous pouvez en tout cas réécouter cette interview,
10:26 si vous venez d'arriver, pas de problème, vous allez sur notre site internet francebleu.fr.
10:30 A 8h20, je ressors ma petite...

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