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00:00 Et on parle des EHPAD, ce matin vous avez des proches dans ces établissements, comment avez-vous géré leur entrée en maison de retraite ?
00:06 Comment faites-vous pour payer les factures de loyer ?
00:09 Est-ce que vous comprenez l'inquiétude des personnels qui travaillent dans ces établissements alors que les comptes sont dans le rouge ?
00:15 On vous attend au 02 99 67 35 35.
00:19 Et pour en parler nous recevons Philippe Salmon, maire de Brue, prêtre aîné et membre du collectif breton Territoire du Grand âge en Résistance.
00:27 Bonjour Philippe Salmon.
00:28 Bonjour.
00:29 On vous recevait il y a quatre mois sur France Blanc-Amérique pour parler déjà de cette situation critique dans les EHPAD publics bretons.
00:34 Vous nous aviez dit à l'époque qu'ils étaient en danger.
00:37 Qu'est-ce qu'il en est actuellement ? C'est mieux ? C'est pire ? C'est pareil Philippe Salmon ?
00:43 La situation ne s'est pas améliorée.
00:45 C'est vrai que depuis le mois de mai où la FNADEPA avait fait une grande étude sur 1500 EHPAD qui avait répondu à cette étude,
00:57 le déficit moyen était de -143 000 euros.
01:01 Donc sur les 1500 EHPAD, vous imaginez un petit peu.
01:04 Donc ça concernait pas que la Bretagne.
01:06 Et les choses ne se sont pas vraiment améliorées depuis.
01:09 C'est-à-dire que tant qu'on n'aura pas effectivement un coup de pouce du gouvernement...
01:12 Alors il y a eu quelques coups de pouce.
01:13 Il y a eu ce qu'on appelle des crédits non reconductibles qui ont permis à certains EHPAD de passer cette difficulté.
01:20 Mais aujourd'hui on voit bien que ce sont ce que j'appelle des poncements sur une jambe de bois.
01:25 C'est-à-dire qu'on va dans le mur avec le modèle aujourd'hui tel qu'il est aujourd'hui.
01:30 Et on ne voit pas aujourd'hui malheureusement d'autres solutions que de se révéler et de faire en sorte que nous les élus,
01:39 avec les directeurs et les directrices des établissements...
01:41 Alors je précise que ce ne sont pas que les EHPAD qui sont concernés.
01:44 Il y a aussi les résidences autonomies.
01:47 On a également les maisons de retraite associatives, les services de soins à domicile qui sont aussi dans cette même situation.
01:53 - Alors pour parler de solutions, en tout cas de ce que vous demandez, Philippe Salmon,
01:57 d'abord parlons des problèmes. C'est l'inflation, c'est ça le coût de l'énergie ?
02:01 Enfin tout a augmenté depuis deux ans et il n'y a rien pour vous aider ?
02:04 - Plusieurs facteurs effectivement. Alors l'inflation, oui.
02:07 L'augmentation des fluides, l'augmentation des denrées alimentaires.
02:10 Également le manque de personnel.
02:14 C'est-à-dire qu'on a du mal aujourd'hui à recruter dans ces établissements le personnel.
02:18 Il n'y a pas assez de personnel qualifié.
02:20 Donc on est souvent obligé de faire appel à de l'intérim.
02:23 - Qui coûte plus cher. - Qui coûte beaucoup plus cher.
02:25 Et donc voilà un petit peu les raisons de ce modèle.
02:28 Mais de toute manière, ça fait déjà quelques années que les directeurs et les directrices d'établissements
02:32 tiraient les sonnettes d'alarme.
02:34 Et aujourd'hui on en est arrivé à un point où ça devient vraiment compliqué.
02:37 Il y a certains établissements qui sont à la limite de la fermeture parce qu'ils ne peuvent plus payer leurs factures.
02:42 Donc ça commence à devenir très inquiétant.
02:44 - C'est le cas à Brut ? Vous avez un établissement...
02:47 - Pour l'instant à Brut, on a la chance d'avoir une trésorerie qui nous permet d'absorber les déficits.
02:52 Mais pour vous donner un exemple, on annonçait pour 2023 un déficit de -600 000 euros quand même.
02:58 Alors pour plusieurs raisons, pour toutes les raisons qu'on a données, mais également aussi un manque de...
03:03 La directrice avait fait le choix pour ne pas trop charger en...
03:09 Comment dirais-je ?
03:11 Et le personnel, pour pas qu'il soit trop débordé,
03:14 avait fait le choix de ne pas trop remplir son établissement,
03:17 d'où aussi la baisse du...
03:22 - Le déficit qui s'est creusé.
03:25 - Et 600 000 euros, normalement, ces structures n'ont pas le droit d'être déficitaires, non ?
03:29 - Ah tout à fait, oui oui.
03:31 C'est pour ça qu'aujourd'hui, le collectif Territoire du Grand Hage en Résistance
03:36 a demandé aux différents établissements, alors qu'ils sont souvent gérés par des CCAS,
03:40 a demandé aux CCAS, aux CA du CCAS, de ne pas voter les budgets
03:45 s'ils se sont débudgés en déficit. Alors évidemment, c'est un élément fort,
03:50 qui ne plaît pas, évidemment, qui ne plaît pas aux autorités,
03:53 aussi bien à l'ARS qu'aux conseils départementaux,
03:56 mais c'est un moyen pour nous de faire en sorte qu'on soit écouté,
04:01 qu'on soit entendu et que ça puisse faire bouger les lignes.
04:03 - Et alors vous nous dites, Philippe Salman, il faut changer le modèle de financement.
04:06 Qu'est-ce que ça veut dire, concrètement, changer le modèle de financement ?
04:08 - C'est-à-dire que depuis quelques années, on nous promettait une loi Grand Hage
04:12 qui permettait justement de combler ces déficits et d'envisager un autre modèle
04:17 pour nos établissements. Je précise quand même que d'ici 2030,
04:21 on nous prévoit une augmentation de 50% des plus de 85 ans.
04:25 C'est le résultat du "baby boom" des années 50-60,
04:29 qui aujourd'hui se traduit par le "papy boom".
04:31 Donc ça veut dire qu'il y a urgence, non seulement à maintenir ces établissements
04:37 en bon état de marche, mais en enlevant d'autres, oui bien sûr.
04:42 Donc du coup, on se retrouve effectivement avec des déficits importants
04:47 et c'est pas le moment, quoi. C'est pas le moment d'avoir des déficits.
04:50 Au contraire, il faudrait apporter un peu plus.
04:52 Donc la loi Grand Hage qui avait été promue et qui n'a jamais été promulguée à l'époque,
04:56 c'était Jean Castex qui était le Premier ministre,
05:00 elle a été mise sous la pile, je dirais, des dossiers à traiter en priorité
05:04 et aujourd'hui on veut qu'elle soit remise au-dessus de la pile.
05:07 Alors on avait rencontré Aurore Berger pendant le Congrès des maires,
05:11 on était parti en délégation, on lui avait remis les motions de soutien
05:15 qu'avaient signées les communes,
05:20 motions de soutien en mouvement,
05:22 on a eu 300 motions de soutien.
05:25 Voilà, et on les avait... - Et pas de réponse pour l'instant du gouvernement ?
05:27 - Pour l'instant, Aurore Berger nous avait dit qu'avec Elisabeth Borne,
05:30 la première ministre de l'époque, elle souhaitait remettre sur la pile
05:34 ce dossier loi Grand Hage,
05:36 mais maintenant que ça a changé de gouvernement,
05:38 on n'a plus aucune certitude que ce dossier soit enfin ressorti
05:42 et qu'on puisse enfin l'étudier avec les autorités.
05:44 - Et c'est pour ça que votre collectif envisage maintenant une action en justice ?
05:47 - Tout à fait, c'est-à-dire qu'on avait déjà prévu depuis le début
05:51 et malheureusement les faits nous entraînent
05:56 à faire poursuivre l'état en justice
05:59 pour non-assistance à personnes âgées, dépendantes,
06:03 alors que c'est son devoir d'avoir cette assistante auprès des personnes.
06:07 Et donc aujourd'hui, on constate que ce n'est pas le cas,
06:10 c'est même l'inverse.
06:12 Les départements font ce qu'ils peuvent,
06:14 le président Chenu, président du département 35,
06:17 a signé une tribune pour nous soutenir, pour soutenir le mouvement.
06:22 Le département fait ce qu'il peut, mais il n'a pas non plus les subsides de l'état suffisantes.
06:26 Donc c'est bien l'état qui doit aujourd'hui,
06:28 à la fois abonder les efforts du département
06:32 et puis en même temps... - Faire cette loi Grand Hage.
06:34 - Et faire cette loi Grand Hage pour aider nos établissements.
06:37 - Eh bien le message est passé.
06:38 Merci beaucoup Philippe Salmon, maire de Brue,
06:40 d'avoir été l'invité de France Blaire Morique ce matin.
06:43 Vous êtes membre du collectif breton Territoire du Grand Hage en résistance.