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Ancienne babysitter du fils de Gérard Miller, Émilie témoigne sur BFMTV de l'agression sexuelle qu'elle a subi sous effet de l'hypnose du psychanalyste. Comme elle, 41 femmes ont affirmé avoir été abusées par Gérard Miller

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Transcription
00:00 – Pouvez-vous nous raconter ce que vous avez vécu avec Gérard Miller ?
00:04 – Eh bien j'avais 17 ans, c'était l'été de mes 17 ans,
00:07 et donc je travaillais dans une colonie cet été-là,
00:10 et j'ai eu comme petit colon le fils cadet de Gérard Miller,
00:15 qui avait à cet âge-là à peu près 4-5 ans.
00:17 Et quand Gérard Miller est venu chercher son enfant dans la colonie,
00:21 il m'a repéré, en tout cas il est venu vers moi,
00:24 me demandant si je pouvais faire un babysitting pour lui pendant les vacances d'automne,
00:31 donc deux semaines, et il était convenu que je dorme chez lui
00:35 puisque j'habitais en banlieue loin, du lundi au samedi matin,
00:39 que je rentre chez moi pour le week-end et que je revienne pour partir à la campagne
00:44 sur la deuxième semaine, toujours pour garder son fils cadet.
00:49 Ce qui est arrivé, donc je me suis rendue chez lui le lundi,
00:52 j'ai fait une semaine de babysitting avec son petit garçon,
00:56 j'ai rencontré ses deux aînés, son ex-femme,
00:59 nous sommes allées sur un tournage d'une des émissions radio à laquelle il participait,
01:05 et à la fin de la semaine, le vendredi soir, alors que rien ne s'était passé de spécial,
01:11 qu'il aurait pu me mettre en alerte,
01:14 il me propose le vendredi soir de regarder un film avec lui,
01:18 un film qui s'appelait "Batman", et j'accepte parce que je n'avais vraiment pas été mise en alerte,
01:24 et que ce soir-là, il me dit "je reste à la maison, est-ce que ça vous fait plaisir ?"
01:30 J'étais dans une petite chambre chez lui, il n'y avait pas de portable à cette époque-là,
01:34 donc ça me paraissait un moyen de me divertir.
01:38 On regarde le film, et dans le film, il y a une scène d'hypnose,
01:40 et à la suite de cette projection, il me dit "ah, vous avez vu, il y a une scène d'hypnose,
01:45 est-ce que ça vous intéresserait qu'on pratique l'hypnose ensemble,
01:50 et que je vous montre de façon vraiment naïve ?"
01:54 Je dis "oui, pourquoi pas", et là il me dit "allez, longez-vous sur le canapé, un divan,
01:59 et puis vous allez fermer les yeux et sentir des points de chaleur sur votre corps,
02:04 vous allez me les indiquer, et je vais venir apposer mes mains sur ces points de chaleur."
02:09 Et là, je commence à me dire que c'est quelque chose qui n'est pas normal,
02:14 mais je réponds quand même, effectivement je lui montre trois points de chaleur,
02:18 et je me dis "je vais montrer des endroits osseux, donc mon genou, mon épaule, et ma pommette",
02:24 et il appose ses mains, il me demande si je ne sens pas un point plus haut, près de mon cœur,
02:31 et là, une porte claque, donc quelqu'un qui était dans la maison, il sursaute.
02:35 Et en fait, ce sursaut a agi pour moi comme un effet d'alarme,
02:39 et je me suis assise et je lui ai dit "on va s'arrêter là".
02:44 Je suis allée dans la chambre que j'occupais depuis le lundi,
02:49 et je me suis enfermée parce que c'était une chambre qui était sécurisée,
02:51 où je pouvais m'enfermer à clé.
02:53 Et voilà, la nuit s'est passée, je n'avais pas de portable, je ne pouvais contacter personne,
02:58 donc j'étais un peu tout seul, ce n'était pas à l'époque où c'était possible de contacter de l'extérieur,
03:02 donc j'étais un peu tout seule avec moi-même, mais je me suis dit qu'en tout cas,
03:05 je n'allais pas revenir, la proximité de ce voyage à la campagne pendant une semaine a commencé à me faire très peur.
03:12 Donc le samedi matin, je suis allée le retrouver dans son bureau,
03:16 je lui ai demandé de régler ma semaine de babysitting,
03:19 et je lui ai dit que je ne reviendrai pas.
03:22 Le dimanche soir, je suis rentrée chez moi, et il a rappelé chez moi pour me demander de revenir,
03:28 mais ma mère n'a pas voulu passer le téléphone,
03:31 et donc à partir de là, je n'ai plus de contact avec Gérard Miller.
03:35 – Est-ce que vous considérez aujourd'hui que quelque chose de répréhensible,
03:38 pénalement en particulier, s'est passé à ce moment-là ?
03:42 – Alors, en fait, je suis désolée parce que j'y ai réfléchi,
03:46 je pense qu'il y a une pièce qui s'appelle "Le mariage de Figaro"
03:50 qui pointe le droit de cuissage,
03:53 qui est le droit que le Seigneur prend sur ses employés de leur lever la jupe et de les toucher, etc.
04:00 Pour moi, ça serait de cet ordre-là.
04:02 Après, pénalement, je crois que je ne suis pas en mesure de vous dire si quelque chose aujourd'hui…
04:12 – Sur le moment, en tout cas, d'après votre témoignage, il vous a touché,
04:17 et la notion de consentement est capitale dans ces cas-là,
04:22 il y a eu une question de droit de cuissage en 2024,
04:24 et même dans les années 90 lorsque vous avez vécu ce que vous nous décrivez.
04:29 Est-ce que vous estimez qu'à l'époque, vous étiez, en effet,
04:33 dans une forme de consentement à ce qu'il était en train de vous faire ?
04:36 – Pas du tout, parce qu'en fait, ce qu'il me proposait, c'était une séance d'hypnose,
04:41 et en fait, ça se transforme en une séance d'attouchement,
04:43 donc pas du tout, je n'étais pas du tout d'accord avec ce qu'il était en train de faire.
04:48 – Donc, il vous a touché sans votre consentement, à minimum ?
04:51 – Alors, il a apposé ses mains sur des parties, oui, sur des parties de mon corps,
04:55 sans que je sois consentante à ce propos-là.
04:59 – Aujourd'hui, vous estimez que vous avez eu de la chance, à l'époque ?
05:03 – Oui, peut-être que j'ai eu de la chance, oui.
05:06 – Dites-nous, peut-être, ce qui vous a décidé à prendre la parole à ce sujet ?
05:12 – Alors, en fait, c'est de la lecture du témoignage,
05:14 d'un des témoignages qui est paru sur le L,
05:17 dans lequel j'avais l'impression que mon histoire se répétait,
05:21 en fait, était écrite, c'était mon histoire par une autre voix,
05:25 et que surtout, elle était catalyseur de deux choses.
05:29 Déjà, l'histoire de la babysitter,
05:31 parce qu'il y avait une histoire de babysitting
05:34 qui avait été racontée par l'une des personnes interrogées,
05:38 et l'autre, la séance d'hypnose.
05:40 Et en fait, j'avais vraiment l'impression que se déroulait sous mes yeux
05:44 ce que j'avais raconté pendant 25 ans.
05:47 – Sur la défense de Gérard Miller, il se dit auprès de Mediapart,
05:54 par communiqué, convaincu d'avoir respecté tout embarras,
05:59 tout refus, il assure n'avoir jamais engagé une relation avec une femme,
06:03 notamment sans qu'ils soient tous deux en pleine possession de leurs moyens.
06:08 Il conteste avoir pratiqué l'hypnose au sujet des récits
06:13 de toutes ces femmes dont vous êtes.
06:16 Dans son communiqué, il écrit aussi que le seul signe de résistance d'une fille
06:19 l'aurait fait arrêter, je cite, "à l'instant même".
06:23 – Alors, sur la défense du non-consentement,
06:28 je pense qu'il y a suffisamment de témoignages dans lesquels les femmes
06:32 avaient bu, avaient été incitées à boire par Gérard Miller
06:35 pour que de fait, leur capacité à se défendre ou à consentir
06:41 soit à questionner.
06:44 Sur la dernière phrase que vous avez citée,
06:52 effectivement, je me demande dans quelle mesure ils ne s'arrêtaient pas
06:57 parce que l'image qu'il véhicule est extrêmement importante pour lui
07:00 et on le voit dans le communiqué parce qu'il ne nie pas les faits,
07:04 il se place du côté des femmes, etc.
07:07 Et moi, quand je l'ai connu, il me paraissait vraiment complètement obsédé
07:11 par le fait d'être connu, célèbre et reconnu.
07:14 – Dans les différents récits, je le disais,
07:16 il y a des récits qui relèvent de l'agression sexuelle, voire du viol.
07:20 Vous, est-ce que vous diriez que vous avez été victime de Gérard Miller ?
07:27 – Non, je dirais que j'aurais pu…
07:33 ça s'est joué vraiment à une seconde et j'aurais pu être victime de Gérard Miller.
07:40 Sur le plan sexuel, j'entends.
07:42 – Il a été très connu du grand public à un moment donné
07:46 lorsqu'il faisait partie de la bande télévisuelle de Laurent Ruquier.
07:51 Voir cet homme agir professionnellement comme bon lui semblait,
07:57 encore une fois, au regard de ce que vous en dites
07:59 et ce qu'en disent certains nombres de femmes, de plus en plus,
08:02 comment vous considériez cela ?
08:05 – C'est pour ça que j'ai toujours parlé de cette histoire.
08:07 J'ai toujours dit en fait, Gérard Miller, c'est un sale type.
08:12 Et j'ai toujours parlé de cette histoire autour de moi
08:14 parce que j'étais révoltée du fait qu'il soit sur les plateaux de télé,
08:18 qu'il porte des discours parfois ultra…
08:23 en faveur des femmes, etc.
08:25 et que ça soit en toute impunité.
08:29 Et ça, j'ai toujours été révoltée,
08:30 c'est pour ça que j'ai toujours essayé de faire entendre cette histoire.

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