• il y a 9 mois
Toutes les émissions de Clique sont à voir gratuitement et en intégralité sur myCANAL : https://can.al/CliquemyCANAL


Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ ! 

Category

📺
TV
Transcription
00:00 – Tête à clics du jour, c'est Jean Macier,
00:01 c'est le premier streamer politique en France et depuis 8 ans,
00:05 il fait des lives sur Twitch dans lesquels il commente,
00:07 explique ou encore interview des politiques.
00:09 – Je vous demande d'accueillir Jean-Luc Mélenchon.
00:13 – Christiane Thauvira.
00:14 – Bonsoir François Hollande.
00:16 – Le 20 mars dernier, son live Twitch sur le vote de la motion de censure
00:20 à l'Assemblée nationale a été le plus vu au monde.
00:23 – Streaming sessionnel cet après-midi puisque nous allons suivre en direct
00:28 à l'Assemblée nationale à partir de 16h, les débats puis le vote
00:32 sur deux motions de censure déposées contre le gouvernement
00:35 en application de l'article 49 aligné à 3 de la Constitution du 4 octobre 1958.
00:40 – Bonsoir Jean Macier. – Bonsoir.
00:42 – Salut Jean. – Merci beaucoup d'être avec nous.
00:44 – Ça me tenait à cœur que tu sois là, je te le dis.
00:46 – Je suis très heureux, merci Mollody.
00:47 – J'ai été très touché par ta vidéo, pour plein de raisons, comme Magla.
00:50 – Comme tu l'as dit tout à l'heure, merci Magla.
00:52 – Avec plaisir, c'est normal, merci d'avoir pris la parole là-dessus.
00:54 – C'est normal, c'est normal.
00:56 – Jean Macier, vous êtes le premier streamer politique en France,
00:58 la politique c'est toute votre vie, c'est votre passion,
01:00 mais vous n'êtes pas là pour nous parler de ça aujourd'hui,
01:02 mais parce qu'il y a une semaine, vous avez révélé avoir fait
01:05 une grosse dépression à cause de votre bipolarité,
01:07 déjà c'est quoi la bipolarité ?
01:09 – Bipolarité c'est une maladie qui affecte l'humeur
01:12 et qui provoque une alternance entre des phases de dépression
01:16 et des phases de manie ou d'hypomanie,
01:18 qui est un peu l'inverse de la dépression,
01:19 c'est des phases d'euphorie, c'est des phases de surproductivité
01:22 ou de surcréativité en ce qui me concerne,
01:24 et c'est une maladie qui touche quand même beaucoup de gens,
01:27 je crois un pour cent des Français est concerné par la bipolarité.
01:30 – Comment ça se manifeste, comment vous avez été diagnostiqué ?
01:32 – J'ai été diagnostiqué après un long parcours d'errance,
01:35 malheureusement diagnostique, c'est le cas pour la plupart des gens
01:38 qui sont atteints par ce trouble,
01:40 ça se manifestait par des dépressions qui se succédaient année après année,
01:44 je faisais des phases dépressives et on avait énormément de mal
01:46 à les guérir avec des traitements classiques antidépresseurs,
01:49 et c'est ça qui a fini par mettre la puce à l'oreille
01:52 de plusieurs professionnels de santé qui se sont dit,
01:54 j'ai été très bien pris en charge et qui m'ont posé un diagnostic.
01:57 – Tu as été hospitalisé ?
01:58 – Et là j'ai été hospitalisé trois ans après le diagnostic
02:01 parce que j'ai fait un épisode dépressif particulièrement difficile
02:04 qui m'a emmené tellement profondément qu'on a estimé,
02:07 avec encore une fois les médecins qui m'entourent,
02:09 que là c'était utile et nécessaire même de m'hospitaliser.
02:13 – Le jour où tu es sorti, tu as tenu à faire un stream ?
02:16 – Le jour où je suis sorti, j'ai été invité de ma propre émission Backseat,
02:19 je ne pouvais pas l'animer moi-même, je ne suis pas encore aujourd'hui,
02:21 je n'ai pas la force suffisante pour animer moi-même l'émission,
02:24 mais j'ai été invité dans l'émission puisque c'était l'occasion pour moi
02:27 de parler à mon public.
02:28 On en parlait tout à l'heure avec Magla de la proximité avec son public,
02:31 ce qui fait le sel de la créativité sur Internet,
02:34 c'est le lien très puissant qu'on a avec notre public,
02:37 et moi je voulais, après un mois et demi d'absence,
02:39 m'exprimer pour dire à mon public la vérité
02:41 de pourquoi je n'ai pas été là pendant un mois et demi.
02:43 – Justement vous y étiez cinq jours par semaine, pendant huit ans,
02:47 pourquoi c'est aussi difficile d'arrêter de streamer, d'accepter ?
02:51 – On est nos propres bourreaux, c'est difficile,
02:53 c'est une activité qui nous passionne, c'est une activité pleine de plaisir,
02:56 en plus Magla et moi on fait partie des rares qui ont la chance
02:58 d'en faire une activité principale dans notre vie,
03:01 mais c'est aussi une activité qui peut nous bouffer,
03:04 parce que le rapport avec le public n'est pas toujours évident,
03:06 parce que le rapport aux statistiques n'est pas toujours évident,
03:08 on est des producteurs de contenu et on a toujours, c'est vrai,
03:11 l'œil sur l'algorithme, l'œil sur les statistiques de ce qu'on fait,
03:14 donc on se fabrique des difficultés, c'est vrai.
03:16 – Et c'est ça qui est difficile avec vous, votre boss, c'est un algorithme.
03:22 – C'est nous, nos limites aussi, c'est dur des fois de se mettre des propres limites.
03:25 – Bien sûr, c'est extrêmement difficile, savoir gérer sa vie privée,
03:28 sa vie publique aussi,
03:29 puis personne n'a fait d'études pour devenir influenceur,
03:32 comme on dit, ou créateur de contenu sur Internet,
03:34 et on doit apprendre à gérer la notoriété,
03:36 on doit apprendre à gérer la pression,
03:38 on doit apprendre à gérer le harcèlement dont a parlé tout à l'heure Magla,
03:41 personne ne sait gérer ça, personne ne nous a appris à le faire.
03:43 – Là, tous les deux, vous êtes extrêmement successfuls
03:48 dans vos domaines différents, vous êtes parmi les plus influents,
03:51 est-ce que vous avez encore la pression des chiffres ?
03:53 Est-ce que quand une vidéo marche moins bien que l'autre, ça vous affecte ?
03:56 – Oui, c'est terrible mais oui.
03:59 – Je pense toujours, après c'est...
04:01 Maintenant, j'essaie d'apprendre à me mettre le recul,
04:03 parce que je me rends compte à quel point ça peut me bouffer,
04:05 et je me dis, déjà j'ai la chance, comme tu l'as dit,
04:07 j'ai la chance de faire ce métier, c'est merveilleux,
04:10 pourquoi est-ce que je me mets une pression alors que je suis là ?
04:13 Et j'ai cette chance, c'est trop bien,
04:14 OK, si ça a été vu par 100 000 personnes,
04:18 c'est déjà énorme,
04:20 mais c'est toutes ces personnes qui ont vu, qui ont passé un bon moment,
04:22 qui ont appris, par exemple,
04:24 qui ont peut-être changé un avis sur quelque chose,
04:26 et du coup, j'essaye, c'est dur,
04:27 parce qu'il y a toujours ce petit moment où tu te dis,
04:28 "Ouh là, est-ce que ça vient de moi ?"
04:29 J'ai vachement ce côté très anxiété sociale,
04:31 je me dis, peut-être que c'est ma faute,
04:33 peut-être que j'ai fait quelque chose qui a moins plu,
04:35 et en fait, non, c'est juste des algorithmes,
04:37 et puis ça arrive, et puis c'est pas grave.
04:39 – À quel moment, Jean, vous avez décidé d'en parler,
04:41 justement, que votre parole, elle devait être publique,
04:43 de partager votre expérience en tout cas ?
04:45 – Assez rapidement, en réalité, j'ai toujours eu un rapport
04:47 à mon public très transparent,
04:48 et j'avais déjà eu l'occasion, il y a plusieurs années maintenant,
04:50 il y a cinq ans, je crois, d'être invité dans une émission sur YouTube
04:53 pour parler de ma dépression.
04:55 Donc je fais déjà partie des rares personnes qui en parlent,
04:58 j'ai décidé d'en parler parce que j'ai compris aussi
04:59 que j'avais une responsabilité.
05:01 Les personnes qui me regardent, ce sont des jeunes,
05:03 et les jeunes, aujourd'hui, vont mal.
05:04 La santé mentale des jeunes, tous les signaux sont au rouge,
05:07 un jeune sur deux souffre d'anxiété,
05:09 un baromètre est tombé il y a quelques jours seulement
05:11 qui nous dit que 7% des jeunes ont des pensées suicidaires,
05:13 c'est grave.
05:14 Et si j'ai une responsabilité, et tout à l'heure, Magla en a parlé
05:17 du fait d'avoir une grande responsabilité quand on a de la notoriété,
05:20 c'est de parler pour ces personnes-là,
05:22 c'est d'essayer de faire passer le message à ces personnes
05:25 qu'il ne doit pas y avoir de tabou avec la maladie,
05:27 que c'est normal d'aller voir un psy quand on a des problèmes psychologiques
05:30 de la même manière que c'est normal d'aller chez le dentiste
05:31 quand on a mal aux dents.
05:32 – Un ami payant.
05:34 – Pardon ? – Un ami payant.
05:35 – Un ami payant, d'une certaine manière, oui,
05:36 mais c'est important de parler,
05:37 et je sais que dans les familles, il y a encore des tabous,
05:39 il y a encore des parents qui ne veulent pas que leur enfant
05:41 aille chez le psy, parce que le psy, c'est pour les fous,
05:43 ces idées-là, elles existent encore aujourd'hui dans les familles.
05:46 – Il y a une vraie défiance vis-à-vis de la psychiatrie.
05:47 – Il y a une défiance énorme vis-à-vis de la psychiatrie,
05:49 et il y a des jeunes qui sont en retard diagnostique à cause de ça,
05:52 parce que papa ou maman traine des pieds, veut pas,
05:55 et puis c'est un peu la honte sur la famille que le psy ou la petite
05:57 aille chez le psy.
05:58 – Il y a un sujet aussi avec la politique,
06:00 c'est que je connais plein de gens qui sont dans la politique,
06:05 qui sont sur les réseaux, et depuis quelques temps,
06:08 la violence, elle a été décuplée, notamment sur Twitter,
06:11 quand on s'intéresse à la politique, on se prend que des invectives,
06:14 des clashs, des invectives, des petites phrases,
06:17 et finalement ce n'est plus de la politique,
06:18 c'est de la com', de la contre-com', de l'agression et de la défense.
06:22 Quand on est, comme toi, passionné de politique,
06:24 est-ce qu'il n'y a pas un moment où tout ce nuage de négativité,
06:28 il ne tape pas au cerveau aussi ?
06:29 – Si, il y a une toxicité du débat politique sur Internet,
06:31 notamment de la part de certains militants très passionnés,
06:34 qui me touche évidemment, mais j'ai aussi la distance critique et le recul,
06:37 comme je suis un observateur de la vie politique,
06:39 je ne suis pas un participant du débat public,
06:41 je sais que la politique, c'est le clivage, par définition,
06:44 la politique, c'est le dissensus dans la société,
06:46 donc c'est normal que la politique, ce soit un truc qui serre les mâchoires
06:49 et qui fronce les sourcils,
06:50 pour autant, ça devient anormal à partir du moment où on s'en prend à des personnes,
06:54 les attaques à Dominem, il y en a encore beaucoup trop sur Internet,
06:57 et c'est quelque chose qui, effectivement, je suis d'accord avec toi,
07:00 est une acidité qui ronge le débat public
07:02 et qui rend impossible la construction d'un commun.
07:05 – Il y a aussi le rapport à soi, au narcissisme,
07:08 quand on lit des commentaires dirigés vers soi,
07:11 est-ce qu'on est toujours indemne, malgré tout le succès que vous avez tous les deux ?
07:14 Est-ce que ça vous touche encore ?
07:16 – Je pense que ça te touche toujours, parce que tu restes humain
07:20 et que tu te dis toujours "OK, c'est vers moi".
07:23 Après, je pense qu'au bout d'un certain temps, je ne sais pas pour toi par exemple,
07:26 moi maintenant, j'arrive à plus mettre un mur par rapport à ça,
07:29 au début, ça me touchait énormément, parce que je suis très sensible,
07:32 et donc ça me touchait très très vite,
07:34 en fait, je me suis dit "je ne peux pas plaire à tout le monde",
07:36 il y a des gens qui sont frustrés, qui vont évacuer cette frustration sur moi,
07:39 et en fait, c'est ce que je représente, peut-être, je suis juste un pseudo pour eux,
07:42 ils vont peut-être évacuer cette frustration comme ça,
07:44 alors je ne vais pas leur en vouloir,
07:47 je vais essayer de ne pas le voir, de ne pas y réfléchir,
07:49 et je vais me concentrer sur le positif, sur les critiques constructives aussi,
07:51 parce que c'est important de savoir se remettre en question,
07:53 mais je pense que les attaques directement qui sont faites pour te faire du mal,
07:57 il faut réussir à se mettre des oeillères, à se dire "bon, ce n'est pas contre ma personne,
07:59 cette personne ne me connaît même pas, elle ne sait pas qui je suis".
08:02 – Là où tu as dit un truc important, c'est que c'est un pseudo,
08:04 moi je fais partie des très très rares créateurs de contenu qui n'ont pas de pseudo,
08:07 c'est mon vrai prénom et mon vrai nom de famille,
08:10 d'où la transparence, d'où la sincérité de mes démarches, etc.,
08:13 mais d'où aussi peut-être la violence des insultes que je peux recevoir,
08:16 puisqu'elles me sont adressées à moi personnellement et pas à un personnage.
08:18 – Avec le même nom de famille que ses parents, donc tout de suite ça...
08:20 – En plus, oui, c'est mon vrai nom de famille, je m'appelle comme ça.
08:24 – Est-ce qu'il y a un message que vous aimeriez faire passer à la jeunesse
08:27 dont vous vous sentez responsable un petit peu ?
08:29 – Le message le plus important, c'est que si vous souffrez,
08:31 si vous ressentez des difficultés et des symptômes
08:33 qui peuvent être similaires à ceux que je décris,
08:35 de la dépression, de la schizophrénie, de l'anxiété,
08:37 tous ces mots-là, si ça vous dit quelque chose,
08:39 et que vous ressentez ça, n'hésitez surtout pas à aller
08:41 prendre rendez-vous avec un médecin psychiatre,
08:44 ce sont des spécialistes qui sont faits pour vous prendre en charge
08:46 et pour vous accompagner.
08:48 – Maghala, est-ce que tu as un conseil pour que Jean aille mieux ?
08:50 On en a parlé un petit peu avant l'émission, deux, trois petits trucs.
08:54 – Maghala m'encourage déjà beaucoup.
08:56 – Continuez d'être aussi fort.
08:58 Encore merci pour ce que tu dis, ce que tu fais, c'est important,
09:01 tu as tes contenus, tu permets l'accessibilité à la politique
09:04 à plein de jeunes et j'espère que tu as conscience
09:05 que ce que tu fais, c'est merveilleux.
09:06 – J'essaye, merci Maghala.
09:07 – Avec plaisir.
09:08 – C'est quoi ta plus grande angoisse pour 2027 ?
09:11 – Ma plus grande angoisse pour 2027, c'est que l'extrême droite gagne.
09:14 Et ça, c'est une angoisse fondamentale qui, à mon avis,
09:17 devrait nous angoisser beaucoup plus que ce qui nous angoisse.
09:19 – Tu penses que c'est faisable ?
09:21 – Ça fait partie du domaine du possible et ça l'est devenu
09:23 au cours des années 2010, qui ont été des années de dérive
09:25 vers l'extrême droite.
09:26 Il y a une démultiplication dans le domaine public de la haine,
09:30 du racisme, des choses contre lesquelles on se battait
09:33 très naturellement dans les années 80-90, j'ai l'impression,
09:36 et qu'aujourd'hui, on se bat moins contre ça.
09:39 – Sous-titrage : Le Crayon d'oreille -