Interview confession de personnalités politiques et médiatiques sur des sujets environnementaux
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00:00 [Générique]
00:20 [Sonnerie de porte]
00:22 [Bruit de porte]
00:24 [Bruit de porte]
00:26 - Bonjour Philippe. - Bonjour.
00:27 - Vous allez bien ? - Très bien, merci.
00:29 - Allez-y, je vous emmène. - Philippe Denessé, entrepreneur de l'année,
00:31 révolutionne le secteur du confort thermique intelligent,
00:34 résolument tourné vers l'expérience utilisateur.
00:36 Ce visionnaire à la tête d'Intuis, groupe déjà très ancré dans la transition écologique,
00:41 accélère son envol pour conjuguer haute performance et exigence.
00:45 Son but ? Gagner en confort tout en réduisant son impact environnemental.
00:49 Simplicité, responsabilité et innovation sont les piliers d'Intuis
00:53 où l'excellence et le savoir-faire français s'inventent à la manière intuitive.
00:58 Justement, votre déclic à vous en écologie, c'est quoi ?
01:02 - Aussi loin que je puisse me souvenir, pour moi, la sensibilité la plus proche
01:05 que j'ai pu avoir sur le sujet, c'est l'eau qui coule,
01:07 c'est-à-dire les robinets qui continuent de couler sans qu'on utilise l'eau,
01:11 ce bien précieux dont on parle beaucoup maintenant.
01:14 J'étais très agacé, très énervé par le fait de laisser des robinets couler.
01:19 Ça se trouvait dans des hôtels, dans des lieux qui n'étaient pas à la maison.
01:24 J'ai toujours trouvé ça incompréhensible.
01:28 - Enfin, vous rêviez de devenir quoi ?
01:32 - J'ai toujours eu une âme de bâtisseur.
01:35 Je dirais que ce que je rêvais d'être, c'est un architecte.
01:39 Quelqu'un capable de concevoir des ensembles dans lesquels on puisse vivre,
01:43 et bien vivre surtout.
01:44 - Est-ce que vous vous souvenez de votre tout premier geste écolo ?
01:48 - Mon tout premier geste écolo, c'était justement fermer un robinet.
01:52 C'est un peu lié à cet agacement.
01:55 Fermer un robinet qui coule sans raison, c'était ça, mon premier geste écolo.
01:59 - Et à contrario, on a tous un péché en écologie, lequel soit le vôtre ?
02:05 - Aujourd'hui, je dirais que mon péché, c'est d'être toujours assez intraitable
02:10 avec la question des sachets plastiques.
02:12 Je n'ai jamais compris pourquoi, mais je n'ai jamais pu me résoudre
02:17 à l'idée qu'on ne puisse plus utiliser des sachets plastiques.
02:20 Je trouve que c'est pratique.
02:22 Et je trouve que derrière, c'est le fait d'une mauvaise utilisation de ces produits
02:27 qui rend le comportement des gens, ou l'obligation de ne plus en utiliser,
02:33 pour moi, assez insoutenable.
02:36 Donc je continue de demander ou de pouvoir les utiliser.
02:39 - Une loi, une invention, un livre, qu'est-ce que vous auriez aimé inventer ?
02:46 - Ce que j'aurais aimé inventer, c'est la pyramide du Louvre.
02:50 Je trouve que l'association de tous les matériaux dans ce lieu magique,
02:54 la pierre, le verre, fait un résultat assez extraordinaire.
03:01 C'était beaucoup d'écrits à l'époque, mais j'étais déjà fan dès le départ.
03:04 Et j'ai trouvé que pouvoir inventer la pyramide du Louvre,
03:08 ça aurait été quelque chose d'extraordinaire.
03:10 - Un accomplissement dont vous êtes particulièrement fier ?
03:13 - Pour moi, aujourd'hui, l'accomplissement dont je suis le plus fier,
03:19 c'est de voir dans mon entreprise des gens retrouver le sourire.
03:22 C'est peut-être l'indicateur le plus prégnant pour moi,
03:25 quand je me balade dans mes usines, c'est de voir leur regard le matin,
03:28 leur regard tel qu'ils étaient quand je suis rentré dans l'entreprise,
03:31 et ce qu'ils deviennent.
03:33 Pour moi, c'est l'indicateur le plus prégnant,
03:36 et les voir sourire, c'est le meilleur accomplissement.
03:39 - Et à contrario, est-ce que vous avez un sentiment d'inachevé ?
03:42 - Alors, le sentiment d'inachevé, oui, dans différentes expériences,
03:46 dont la dernière, c'est de ne pas avoir forcément été jusqu'au bout
03:50 d'un développement que j'aurais aimé conduire.
03:54 C'était en fait de la croissance externe,
03:58 avec la possibilité de déployer un réseau de distribution de matériaux.
04:01 J'aurais aimé aller jusqu'au bout et en faire beaucoup plus que ce qui a été fait.
04:05 - Et justement, une ambition pour demain ?
04:07 - L'ambition pour demain, c'est pour l'essentiel,
04:10 de pouvoir construire à partir de l'outil industriel que je dirige,
04:14 des outils vertueux, des équipements vertueux,
04:17 surtout pour l'habitat, puisque c'est aussi mon savoir-faire
04:20 et mon métier aujourd'hui, et faire en sorte qu'on puisse vivre
04:24 dans une société vraiment décarbonée,
04:28 et pouvoir produire nous-mêmes tous les équipements en France
04:33 pour y parvenir.
04:35 - Et donc, seulement 3 ans après votre arrivée,
04:37 la stratégie a porté ses fruits,
04:39 et c'est là que vous avez reçu le prix de l'entrepreneur de l'année.
04:42 C'est quelque chose que vous attendiez, comment ça s'est passé ?
04:46 - Alors, absolument pas, je ne l'attendais pas du tout.
04:49 C'était une surprise, une fierté aussi, il faut reconnaître.
04:53 Pas connu tellement dans ce monde-là,
04:55 donc c'était par rapport à la rapidité, effectivement, une vraie surprise.
05:00 Et moi, je l'ai vécu surtout par ce qu'a été cette expérience
05:03 de 2 ans et demi, 3 ans, où le travail qui a été réalisé,
05:07 c'est un travail de transformation, c'est un travail collectif.
05:10 - Mais vos pères disent que vous avez réinventé l'industrie française.
05:16 - Oui, alors c'est beaucoup d'honneur,
05:19 mais je n'aurai pas cette prétention, c'est beaucoup plus humble que ça.
05:23 Mais en tout cas, j'ai voulu, parce que c'était mon ambition,
05:26 redonner un petit peu ces lettres de noblesse à une industrie,
05:29 une entreprise qui avait beaucoup de savoir-faire,
05:32 des produits fantastiques, des gens avec des véritables compétences.
05:36 Donc leur redonner un peu cette fierté.
05:38 - C'est un risque, j'imagine, qui vous a mis une énorme pression aussi.
05:41 - Oui, bien sûr.
05:42 - Comment on conduit à cette taille, à une transformation à si grande échelle ?
05:46 - Alors, moi, j'ai mené beaucoup de transformations dans les entreprises
05:50 que j'ai dirigées, c'est d'ailleurs un peu mon dada.
05:53 Reprendre une entreprise où tout va bien, c'est pas tellement ce que j'aime faire.
05:58 En l'occurrence, quand on parle de transformation,
06:00 on l'associe souvent, en France en particulier, à des sujets de restructuration.
06:04 Ça va mal, donc coupons les coups.
06:06 Et moi, je fais le pari qu'une entreprise, si elle a des forces, bien sûr,
06:09 c'est quand même une condition des parts, et elle en avait,
06:12 qu'on peut les identifier, c'est plutôt une transformation positive.
06:15 C'est-à-dire que, pourquoi ça a marché ?
06:17 Parce qu'une fois que j'avais identifié que le sujet commerce était central,
06:21 dans une boîte d'ingénieurs où on avait plutôt la tendance à être un peu nombriliste,
06:25 d'avoir cette exposition et cette dynamique commerciale
06:28 pour exposer qui nous étions et comment on pouvait développer ce commerce,
06:33 ça a permis justement de financer un petit peu toute cette recroissance.
06:36 Cette croissance.
06:37 Mais justement, est-ce que ça n'a pas été difficile aussi d'embarquer les collaborateurs,
06:41 les équipes à conduire ce changement ?
06:43 Bien sûr, c'était un peu un pari, j'avoue, et qui dépendait bien sûr de la volonté de chacun.
06:48 Donc, bien sûr, dans toute transformation, il y a à la fois une nécessité d'apporter du sang neuf,
06:54 ce que j'ai fait, et puis de capitaliser aussi sur les gens qui avaient une réelle expertise en interne,
06:58 et de faire en sorte que les gens travaillent ensemble.
07:00 Pour moi, le secret d'une réussite et d'une transformation positive,
07:05 c'est de faire en sorte que les gens travaillent ensemble.
07:07 C'était une entreprise extrêmement cloisonnée, où les gens se connaissaient à peine,
07:10 et c'était même un modus vivendi de les faire travailler de manière cloisonnée.
07:13 Et mon pari, c'était de dire, bon, on va travailler ensemble.
07:16 Et ma plus belle surprise, c'était de découvrir que sur un sujet commercial,
07:23 on pouvait mettre des ingénieurs, des gens de la finance, des gens du marketing,
07:26 ce qui était aussi une surprise pour les gens, dire, mettons, sujet commerce,
07:29 qu'est-ce qu'un ingénieur vient faire là-dedans ?
07:31 Et d'avoir une vision 360, d'avoir une vision extrêmement transversale,
07:35 ça a porté beaucoup de fruits, puisque ça a permis de créer la sensibilité
07:38 pour des gens dans l'entreprise qui n'avaient pas conscience
07:41 de la conséquence des gestes, des actions qu'ils menaient,
07:44 d'en prendre conscience et de faire en sorte que maintenant,
07:46 on fonctionne comme une équipe de rugby.
07:47 C'est-à-dire qu'on a vraiment une sensibilité extrêmement forte.
07:49 Avec plus de transversalité.
07:51 Exactement.
07:52 Et justement, le cœur de métier aujourd'hui, c'est le confort thermique.
07:57 Comment ça se décline ?
07:59 Alors aujourd'hui, on a une offre globale, on dessine une offre globale
08:03 qui va du radiateur électrique, qu'on a eu tendance dans le passé
08:08 à traiter de grippe, ce qui n'est pas du tout la réalité, il faut dire les choses.
08:13 Aujourd'hui, le radiateur, c'est un électrique, c'est un objet technologique
08:18 de haute performance jusqu'à la thermodynamique.
08:21 La thermodynamique, c'est la pompe à chaleur,
08:23 donc des objets extrêmement complexes, des objets issus
08:26 d'un savoir-faire d'ingénieur.
08:28 Et j'ai la chance d'avoir beaucoup d'ingénieurs dans l'entreprise
08:31 qui créent des choses extraordinaires.
08:33 En passant par les chauffe-eau thermodynamique aussi,
08:36 donc ça c'est l'ampleur de notre offre.
08:37 Donc des solutions qui permettent d'être à la fois respectueux de l'environnement
08:42 et de faire en sorte qu'on ait suffisamment chaud
08:45 et un air suffisamment rafraîchi aussi à l'intérieur d'un bâtiment.
08:48 Un confort thermique.
08:49 Un confort thermique, oui.
08:50 Et donc tous ces métiers, que ce soit le radiateur, la pompe à chaleur,
08:53 le ballon thermodynamique, on est sur des marchés en très forte croissance.
08:57 Comment l'entreprise s'adapte à ces évolutions ?
08:59 Est-ce que vous sentez réellement une demande de la part du particulier,
09:02 du consommateur ?
09:03 Comment vous vous adaptez à ces changements ?
09:07 Alors oui, il y a une demande forte.
09:09 Dans ces deux années de transformation,
09:11 on a réussi en même temps à réaliser une croissance entre 20 et 25 %.
09:14 Donc ça montre que c'est des chiffres qui parlent d'eux-mêmes.
09:17 Je dirais que le vrai pari, c'est de se dire que nous sommes
09:20 des producteurs français, c'est-à-dire qu'on fabrique
09:24 depuis le territoire exclusivement.
09:27 Et vous sentez qu'il y a une vraie valeur ajoutée ?
09:29 Il y a une vraie valeur ajoutée.
09:30 Il y a une sensibilité croissante.
09:31 Et moi, c'est un peu mon tas.
09:34 Je souhaite effectivement qu'on puisse revaloriser ou faire renaître
09:38 cette industrie française et créer cette sensibilité d'achat
09:42 auprès des particuliers.
09:43 Aujourd'hui, je dirais qu'il y a une intention d'achat des Français
09:46 qui est réelle.
09:47 On parle de 65-70 %.
09:48 Le passage à l'acte, c'est autre chose.
09:50 C'est bien en retrait.
09:51 Mais c'est de réussir à convaincre les consommateurs que le premier
09:56 geste écologique, c'est d'acheter en France.
09:58 Avant, le radiateur, c'était plutôt un produit qu'on cherchait
10:02 à cacher, notamment dans une maison.
10:04 Aujourd'hui, c'est quelque chose qu'on expose, qui se voit,
10:06 qui se montre.
10:07 Comment vous expliquez cette évolution ?
10:09 C'est un objet de décoration de plus en plus.
10:14 Ça va de pair avec la manière de concevoir son habitat,
10:20 son chez-soi.
10:21 Je pense que ça s'est énormément développé au moment du Covid,
10:24 où les gens ont vécu chez eux.
10:26 Un moment où les gens se sont beaucoup investis dans le
10:29 réaménagement, la rénovation, les travaux en interne.
10:32 Il y a eu cette découverte de la volonté d'embellir un petit peu
10:36 son chez-soi.
10:37 Le radiateur, c'est un produit qu'on voit, qui fait partie
10:40 presque des meubles.
10:41 C'est pour ça qu'on parle d'un objet de décoration.
10:43 Je pense que ça a été un vrai déclic aussi, sur cette volonté
10:47 d'en faire un objet à part entière dans l'écosystème d'un logement,
10:52 d'une habitation.
10:53 Au-delà, même dans tout ce qui n'est pas habitation,
10:56 tout ce qui est tertiaire, bureaux, industrie, ça devient aussi
10:59 un objet qui rentre dans le milieu.
11:02 On parle d'efficacité, de design de matière.
11:06 Aujourd'hui, est-ce que les composants, est-ce qu'il y a une
11:09 dimension écologique dans la fabrication ?
11:12 Est-ce que c'est quelque chose que vous prenez en considération
11:14 dans votre outil de production ?
11:16 Comment vous évoluez dans votre gamme de produits par rapport
11:19 à tous ces sujets ?
11:21 Oui, complètement.
11:22 C'est sûr que l'origine des matériaux, des équipements,
11:25 des composants qu'on utilise, il y a une forte sensibilité
11:28 à leur provenance et à la manière dont ils sont fabriqués.
11:31 Si je prends un exemple de radiateurs, nos radiateurs haut de gamme,
11:34 par exemple, sont fabriqués à partir de matériaux nobles,
11:37 comme la pierre de lave, le verre.
11:40 On a une énorme sensibilité à utiliser des matériaux
11:43 qui soient composantes écologiques avancées.
11:47 Avec un circuit 100% français ?
11:49 Un circuit 100% français pour ce qui concerne ces produits-là.
11:52 Nous sommes les seuls à fabriquer des produits tels que
11:55 les pompes à chaleur certifiées Origine France garantie,
11:58 qui est un label extrêmement fort, beaucoup plus fort
12:00 que le Made in France, parce qu'il est certifié,
12:02 parce qu'on certifie la provenance des produits.
12:05 Ce qui ne veut pas dire que 100%, quand on parle d'une pompe
12:08 à chaleur, 100% des composants ne viennent pas de France,
12:11 puisqu'il y a toute la dimension électronique qu'on n'a pas encore
12:14 réussi à relocaliser en France, on sait pourquoi.
12:17 Mais pour le reste, ce sont des produits qui, à plus de 60-70%,
12:20 sont de provenance française.
12:23 L'approvisionnement, est-ce que c'est un point sensible ?
12:26 C'est compliqué. Au niveau des matières,
12:29 est-ce qu'il y a de la disponibilité ? Est-ce que le marché est toujours tendu ?
12:32 Comment vous voyez les choses aussi dans les prochaines années ?
12:35 C'est un sujet qui a été extrêmement prégnant
12:38 dans l'année qu'on vient de passer, avec toute la tension
12:41 sur l'approvisionnement des composants électroniques, j'en ai parlé,
12:44 et puis de tout ce qui a été raréfication
12:47 suite à la reprise après le Covid.
12:50 Je parle de produits comme les compresseurs, par exemple,
12:53 qui est le moteur d'une pompe à chaleur, qui s'est raréfié
12:56 dans sa disponibilité et qui nous a beaucoup pénalisé
12:59 dans notre capacité à servir le client.
13:02 Donc des délais d'approvisionnement extrêmement importants.
13:05 Malheureusement, ça nous a pénalisé, mais ce n'est pas lié
13:08 à un déficit de l'offre ou de la demande,
13:11 c'est plus lié à la difficulté de s'approvisionner
13:14 auprès des fournisseurs qui étaient aussi
13:17 en surdemande par rapport à ces produits.
13:20 L'énergie, son prix explose.
13:23 Comment, en tant qu'industriel, on s'adapte à cette situation ?
13:26 Il y a deux choses dans la question.
13:29 Lorsqu'on produit, avec ce souci et cette sensibilité
13:32 d'être moins consommateur d'énergie, tout en gardant
13:35 ce niveau de confort, notre moto nous fait plus de confort,
13:38 moins d'énergie, donc les innovations sont sans cesse orientées
13:41 vers ce souci de moins de consommation d'énergie.
13:44 Et après, dans la manière de produire, pareil,
13:47 il y a l'outil industriel lui-même avec la volonté
13:50 d'être extrêmement optimisant dans la manière
13:53 de consommer l'énergie.
13:56 - Et vertueux. - Vertueux aussi, bien sûr.
13:59 - Vous avez par exemple, j'imagine, renégocié vos contrats énergie.
14:02 - Tout à fait. - Vous optimisez l'outil de production.
14:05 Est-ce qu'il y a un énergie manager dans l'entreprise ?
14:08 - Il y a des attributions sur la gestion des achats d'énergie,
14:11 avec un directeur achat qui, en particulier,
14:14 travaille sur ces sujets d'achat d'énergie.
14:17 Et je dirais que les impacts les plus vertueux
14:20 sont très liés à notre manière de produire,
14:23 de manière toujours optimisée,
14:26 en évitant essentiellement le gaspillage.
14:29 Je dirais que pour moi, le sens essentiel
14:32 des économies énergiques, c'est d'abord d'éviter le gaspillage.
14:35 - Vous êtes un fervent défenseur de la réindustrialisation.
14:38 Qu'est-ce que ça veut dire ? Est-ce que c'est possible ?
14:41 Est-ce que c'est une lueur d'espoir et on n'y arrivera pas ?
14:44 Ou au contraire, vous sentez vraiment une dynamique
14:47 sur ces sujets ?
14:50 - Alors moi, je suis un fervent partisan
14:53 de la souveraineté industrielle, effectivement.
14:56 Je pense que ce qui s'est passé dans les 40 dernières années
14:59 et qui était un peu un pari, montre ses limites aujourd'hui.
15:02 On est le pays qui est le plus désindustrialisé en Europe.
15:05 Pour ce qui nous concerne, ce n'est pas un vocable
15:08 que j'aime utiliser parce qu'on n'a jamais délocalisé
15:11 notre production, ce qui est une prouesse
15:14 parce qu'on le doit, et je le dois à mes prédécesseurs,
15:17 d'avoir fait le choix vraiment de ce pari industriel en France.
15:20 Moi, je crois énormément à ce pari,
15:23 à cette vision des choses pour l'avenir.
15:26 D'abord, encore une fois, parce que la proximité,
15:29 faire vivre les territoires, c'est le premier geste écologique.
15:32 Il ne faut pas oublier que je pense que maintenant,
15:35 dans quelques années seulement, l'impact écologique
15:38 dans l'achat d'un produit sera la mesure essentielle
15:41 au-delà du prix, et produire localement,
15:44 c'est la première des réponses à ce défi.
15:47 Et on montre aujourd'hui que face à une concurrence asiatique,
15:50 parce que pour nous, la concurrence principale,
15:53 c'est la concurrence asiatique, on est capable d'être compétitif.
15:56 C'est ce qu'il faut aussi réussir à prouver aux Français,
15:59 c'est que quand on fait l'achat d'un produit,
16:02 ce n'est pas juste le prix d'achat au départ,
16:05 c'est toute la durée de vie d'un produit.
16:08 - Oui, c'est son circuit aussi. - C'est son circuit.
16:11 Les possibilités de réparabilité, recyclabilité,
16:14 tout ça fait partie de la vie d'un produit.
16:17 Et le fait d'éduquer les consommateurs en considérant
16:20 la totalité de ce cycle de vie, ça fait aussi partie
16:23 de nos responsabilités. Et là, on démontrera
16:26 assez facilement qu'on est plus écologique que les produits
16:29 qui, en apparence, sont au meilleur marché.
16:32 - Mais aujourd'hui, pour fabriquer ces produits,
16:35 il faut de la main-d'oeuvre. Est-ce que vous êtes aujourd'hui
16:38 dans une filière sous tension ? Comment vous arrivez
16:41 pour justement rester compétitif, attractif,
16:44 recruter des collaborateurs suffisamment pour répondre
16:47 aussi à la dynamique du marché ? - Ça, c'est une excellente question
16:50 parce que c'est la difficulté majeure qu'on a,
16:53 c'est d'arriver à convaincre. Aujourd'hui, on embauche
16:56 à peu près 200 personnes par an. Le fil conducteur,
16:59 le driver principal, c'est le sens qu'on peut donner
17:02 à nos métiers. Je pense que les plus jeunes,
17:05 notamment, sont assez sensibles à cette notion de sens
17:08 dans le travail qu'ils vont choisir. Donc, c'est un levier
17:11 extrêmement important. Là où les choses pêchent aujourd'hui,
17:14 c'est que les compétences qui existaient il y a une quarantaine
17:17 d'années n'existent plus à travers des écoles de formation,
17:20 par exemple. Il y a beaucoup de filières de formation
17:23 qui ont disparu. Donc, nous, notre parti pris, le parti pris
17:26 que j'ai choisi, c'est d'inciter les collaborateurs
17:29 qui travaillent chez nous, notamment en usine,
17:32 à faire une référence de leur environnement.
17:35 On fait le pari que c'est nous-mêmes qui allons les former.
17:38 Il y a des métiers très techniques.
17:41 - Pour avoir une certaine forme de transmission ?
17:44 - Il y a aussi ce souci de la transmission et le fait de dire
17:47 qu'on ne peut pas compter non plus sur tout le monde,
17:50 c'est pas la peine de se lamenter sur le fait qu'une filière
17:53 de formation n'existe pas. On a la capacité à le faire.
17:56 Je dirais que peut-être la plus grande motivation
17:59 - on a une répartition des recrutements
18:02 qui va de 25 à 60 ans -
18:05 c'est de créer cette motivation supplémentaire
18:10 en voyant les autres faire, quelles que soient les compétences.
18:13 Et pour moi, c'est la meilleure école.
18:16 C'est l'école interne de formation et la motivation
18:19 avec la capacité de montrer qu'un collaborateur
18:22 qui rentre chez nous, même si c'est comme opérateur au départ,
18:25 a une possibilité de carrière très intéressante.
18:28 - Vos clients, aujourd'hui, vous êtes sur du 100% français,
18:31 plutôt haut de gamme, ce sont des architectes,
18:34 des maîtres d'oeuvre qui sont vos clients ?
18:37 - Les architectes et maîtres d'oeuvre sont plutôt des prescripteurs,
18:40 c'est une filière qu'on valorise énormément.
18:43 Le client, pour l'essentiel, c'est un installateur.
18:46 Il peut être électricien, chauffagiste.
18:49 Et on a un immense respect pour ce qu'il est,
18:52 ce qui est son savoir-faire, ce qui est aussi un autre défi.
18:55 La particularité des produits qu'on vend,
18:58 c'est de pouvoir s'adresser à un chauffagiste
19:01 qui, une grande partie de sa vie, a fonctionné
19:04 avec des produits à énergie fossile.
19:07 On va prendre l'exemple d'un chauffagiste, par exemple,
19:10 qui a installé des chaudières au gaz ou au fuel
19:13 et qui est extrêmement sourcilleux, extrêmement inquiet
19:16 de rentrer dans le monde de la thermodynamie et la pompe à chaleur.
19:19 La beauté de nos produits, c'est qu'elles s'adaptent parfaitement
19:22 au savoir-faire. J'ai fait moi-même l'expérience
19:25 de montrer à un client qui ne connaissait pas le monde
19:28 de la thermodynamie qu'il peut tout à fait et facilement
19:31 s'adapter à ce nouvel environnement. Et ça se passe très bien.
19:34 On est plébiscité parce qu'on a des produits
19:37 qui s'adaptent parfaitement au savoir-faire de ces clients.
19:40 - Aujourd'hui, vous avez un outil industriel français,
19:43 un véritable savoir-faire. Est-ce que vous exportez
19:46 vos produits dans le monde entier ?
19:49 Vous travaillez avec d'autres pays que la France ?
19:52 - Oui, on exporte une partie de notre production,
19:55 une partie qui est de l'ordre de 15 à 20 %,
19:58 que ce soit des radiateurs. On exporte même
20:01 nos radiateurs jusqu'en Australie, par exemple.
20:04 Ça peut paraître, dans l'autre sens, moins écolo,
20:07 mais on a les manières aussi d'optimiser l'impact
20:10 de carbone sur ces sujets-là. On est plébiscité
20:13 dans un certain nombre de pays. On l'a été jusqu'à,
20:16 au Japon, par exemple, qui réclame même
20:19 le drapeau bleu-blanc-rouge sur nos produits
20:22 pour valoriser aussi le savoir-faire français.
20:25 - C'est un gage de qualité. - Un gage de qualité.
20:28 Ça montre qu'on a aussi une fierté à défendre à l'extérieur.
20:31 Et puis, je dirais, en plus grande proximité,
20:34 on vend beaucoup de pompes à chaleur, chauffe-eau,
20:37 dans des pays européens. C'est le débouché assez
20:40 naturel à l'export pour nos produits.
20:43 - Merci, Philippe Bélessé, d'avoir participé à notre émission.
20:46 - Merci.
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