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00:00 Bienvenue à tous, nous sommes à BIG, l'événement entreprises organisé par BPI France,
00:05 la banque partenaire du développement des entreprises et des startups,
00:09 en compagnie de Sébastien Petit Huguenin, le président directeur général de Paprec,
00:15 une entreprise familiale qui se trouve être le leader français du recyclage des déchets.
00:21 Bonjour Sébastien Petit Huguenin.
00:23 Bonjour Emmanuel.
00:24 Vous pouvez nous présenter en quelques mots Paprec qui a été créé il y a une trentaine d'années par votre père.
00:29 Je disais c'est une entreprise familiale et dont le secteur est aujourd'hui majeur
00:34 dans le questionnement par rapport à la problématique de l'environnement.
00:40 Alors Paprec, c'est une société que mon père a créée en 94, donc on va fêter l'année prochaine nos 30 ans.
00:46 Il a démarré de rien à la Courneuve et aujourd'hui on est 15 000 personnes.
00:51 On est présent dans 10 pays, même si la France reste vraiment le cœur de l'activité de Paprec.
00:55 On va faire 2,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires et donc une vraie success story de croissance familiale à la française
01:03 dans un métier qui est celui de l'environnement.
01:04 Notre métier c'est vraiment l'économie circulaire des déchets, donc recycler les déchets pour en faire des matières premières,
01:10 mais aussi quand on ne peut pas les recycler, faire de l'énergie ou faire du biogaz.
01:15 C'est ça le métier de Paprec.
01:17 Alors justement, le grand public n'est pas directement en relation avec Paprec.
01:21 Ce sont les collectivités locales, les entreprises, mais néanmoins, j'allais dire que ça touche notre vie quotidienne ce que vous faites.
01:29 Alors c'est très important parce que le recyclage, c'est un facteur de souveraineté.
01:33 Il faut bien comprendre que plutôt que d'importer des sources énergétiques, plutôt que d'importer des matières premières,
01:39 quand on recycle nos déchets, en fait, on se rend maître de ce dont on a besoin pour produire.
01:45 Et ça peut être aussi, puisque ça fait vraiment partie des problématiques du moment, la base d'une relocalisation.
01:51 Donc il ne faut pas enfermer ces matières premières sur le territoire, mais des nouvelles industries qui veulent se recréer en France.
01:57 Elles peuvent commencer par ce qui se fait de mieux et ce qui s'est de mieux en termes économiques et environnementales,
02:02 c'est d'utiliser les matières premières issues du déchet pour produire.
02:05 Alors, est ce que vous pouvez nous donner un exemple qui est un peu emblématique, justement, de ce de cette économie circulaire sur laquelle vous travaillez?
02:13 Alors, on va prendre un exemple qui est un peu décrié, mais comme ça, je pense que ce sera bien emblématique.
02:17 Aujourd'hui, on sait faire des bouteilles en plastique, en PET à 100% à partir de matières recyclées qu'on fabrique en France.
02:23 Aujourd'hui, on a une usine qui fait fournir aujourd'hui Danone, L'Oréal, Nestlé.
02:31 Et on a été les premiers en Europe à savoir faire des bouteilles comme ça.
02:34 Et à cette occasion là, on divise par 10 l'impact carbone.
02:37 On n'utilise plus de matières fossiles. On n'utilise plus le pétrole pour faire du plastique.
02:42 On utilise les déchets que vous mettez dans votre poubelle jaune. Ça redevient une bouteille.
02:46 À travers le tri qui se fait dans les centres de tri.
02:50 Alors, Paprec est le leader de ce métier du tri. On tri la poubelle jaune d'un Français sur 4.
02:54 Et puis après, une fois qu'on a fait le tri, on rentre dans une autre usine à nouveau de Paprec dans laquelle on va laver,
03:01 filtrer et assainir le produit de façon à ce qu'il soit parfait.
03:06 On met l'eau des bébés dans les bouteilles qu'on produit.
03:09 Donc, on est devant un produit qui doit vraiment être parfait d'un point de vue qualité.
03:13 Vous trier les poubelles jaunes d'un Français sur 4. Voilà, ça, c'est concret.
03:17 Et ça vous montre à quel point, finalement, on est en relation indirecte avec vous.
03:22 Il y a un autre aspect de Paprec qui est important. Je crois que votre père qui a fondé le groupe y tenait beaucoup.
03:27 C'est l'insertion de personnes qui peuvent être en difficulté par rapport à l'emploi, qui sont en situation de précarité.
03:34 C'est d'ailleurs pas un hasard si votre siège historique est en Seine-Saint-Denis.
03:37 Alors, c'est ça. En fait, quand mon père a créé Paprec, lui, il était militant de l'inclusion.
03:43 Et 45 premières personnes de Paprec avaient déjà 19 nationalités différentes.
03:49 À la Courneuve, on est au cœur du "melking pot" français.
03:52 On a eu toutes les vagues d'immigration qui sont déposées, etc.
03:55 Et Paprec représente ce modèle d'intégration par le travail réussi.
03:59 La méritocratie est une valeur qui est essentielle dans notre parcours et à la base de la réussite de Paprec.
04:04 Il y a l'idée que c'est d'abord la motivation et l'implication des équipes.
04:08 C'est eux qui font gagner Paprec tous les jours.
04:09 Et c'est sur ça que s'est construite l'entreprise.
04:12 L'inclusion, bien évidemment, autour de la diversité des cultures, mais aussi de la diversité des âges.
04:17 Aussi les gens qui ont ou qui n'ont pas de diplôme, les hommes et les femmes.
04:20 Aujourd'hui, les barrières de l'inclusion, il y a bien évidemment ce qui est visible.
04:24 On va chercher des gens aujourd'hui de cultures différentes.
04:26 Mais il faut aussi lutter contre le fait que quand vous avez moins de 30 ans, vous ne servez pas à rien.
04:31 Et quand vous avez plus de 50, vous n'êtes pas bon à foutre à la poubelle.
04:34 Nous, on recrute des gens qui ont 60 ans et plus.
04:36 Ça, ça fait partie de notre politique.
04:37 On souhaite offrir des parcours professionnels.
04:39 Les gens qui finissent leur carrière chez Paprec, souvent, on leur demande de nous accompagner pendant quelques années.
04:44 On ne passe pas de 100% d'activité professionnelle à zéro.
04:47 Souvent, c'est bien de le décroître sur plusieurs années.
04:50 On a plein de programmes, des programmes de berceau pour aider les femmes à gérer la parentalité et l'ascension professionnelle.
04:56 On croit dans une société dans laquelle le travail est un vecteur d'inclusion et dans lequel le parcours de chacun peut être reconnu.
05:02 On peut progresser dans l'entreprise à son mérite et pas juste à ce qu'on était bon à l'école à 20 ans.
05:07 C'est vrai qu'historiquement, c'était quand même des métiers qui étaient parfois un peu dévalorisés.
05:11 Mais je vois que dans votre activité aujourd'hui, il y a vraiment des éléments tout à fait stratégiques par rapport à la volonté de réussir la transition écologique.
05:22 En particulier, par exemple, la production d'énergie.
05:24 Vous êtes un acteur, vous l'avez dit, de la production d'énergie et donc aussi de la transition vers une énergie décarbonée.
05:32 Est ce que vous pouvez nous donner justement un ou deux projets sur lesquels vous travaillez en ce moment ?
05:36 Alors absolument. Nous, on travaille sur une trentaine de grands projets autour de l'énergie en France.
05:42 Donc, de façon simple, quand on brûle les déchets, toute la partie biogène, toute la partie qui est issue de la croissance d'une plante,
05:50 c'est une partie qui a capté du CO2 pendant la croissance de la plante.
05:53 Et donc, quand on la brûle et qu'on fait de l'énergie avec, en fait, on est neutre en carbone.
05:58 C'est le cycle du carbone qui se continue.
06:00 Et donc, dès qu'on amène de la biomasse et dès qu'on amène ce type de produit là,
06:04 en fait, on fait de la vapeur d'eau et l'électricité qui peuvent servir à irriguer notre économie.
06:09 Et on a un projet emblématique sur lequel on travaille en ce moment,
06:13 qui est le fait de basculer la centrale énergétique de Cordemey.
06:17 Vous savez, en France, on a surtout des usines qui font du nucléaire pour l'électricité.
06:21 On a deux usines, une à Saint-Avold dans l'est, une à Cordemey dans l'ouest,
06:25 qui font de l'électricité à partir de charbon, d'une ressource fossile.
06:27 Et que la France voulait arrêter, justement, ces usines de charbon.
06:30 Exactement. Eh bien, on ne va pas les arrêter.
06:32 On va les transformer dans des usines biomasse.
06:34 Donc, plutôt que d'aller chercher du carbone fossile qui est au fond du sol dans une mine de charbon,
06:39 on va utiliser la biomasse des arbres qu'on va transformer avec un procédé innovant
06:45 qui est développé par EDF et par Paprec en des pellets de bois qui vont pouvoir être brûlés.
06:50 Et on va pouvoir réutiliser cet actif.
06:51 Et ce qui est très intéressant, c'est qu'on va être complémentaire avec les nouvelles énergies,
06:55 en particulier l'éolien et le solaire. Mais dans le Grand Ouest, c'est beaucoup la partie éolienne
07:00 parce que l'éolien, c'est intermittent. Ça marche quand il y a du vent.
07:03 Eh bien, quand il n'y aura pas de vent, on pourra démarrer notre centrale biomasse
07:06 et du coup, avoir un mix énergétique décarboné avec du pilotable Cordemey avec la biomasse
07:12 et puis les éoliennes. Et il faut bien imaginer que les énergies ne se combattent pas les unes avec les autres.
07:17 Si on fait les choses de façon intelligente, elles se complètent.
07:21 C'est pour quand ce projet?
07:22 Alors, on espère. Nous, ça prend deux ans et demi de construire l'usine et on espère du coup,
07:28 dans trois ans, être au démarrage. Après, il y a encore plein de barrières réglementaires
07:33 et d'autorisations administratives à obtenir. Mais on est extrêmement confiant.
07:38 Et l'appel du président, on l'a fait.
07:40 D'autant que le président de la République s'est engagé sur le sujet.
07:42 Exactement. C'était une très belle, une très belle surprise.
07:46 Et je suis sûr que tous les acteurs vont faire pour que ce projet voit le jour.
07:50 Tout dernier mot. Aujourd'hui, on le voit dans cette édition 2023 de BIG.
07:55 La question de l'intelligence artificielle traverse toutes les interrogations des entreprises.
07:59 Est ce que pour votre secteur aussi, il y a des utilisations, il y a des usages?
08:04 Est ce que vous essayez justement de transformer ou de faire évoluer votre activité avec l'intelligence artificielle?
08:10 Alors absolument, l'intelligence artificielle et en particulier au travers de la partie reconnaissance d'images.
08:15 C'est déjà partie des choses qu'on développe. En fait, c'est assez simple pour recycler.
08:20 Il faut trier les déchets en amont et ça arrive qu'on se trompe.
08:23 Et donc, c'est très intéressant parce qu'aujourd'hui, on crée chez Paprec des algorithmes qui reconnaissent les images,
08:29 qui permettent de trouver les erreurs de tri et donc ça aide les chaînes de tri ensuite à être plus productives.
08:35 Est ce qu'on peut les piloter grâce à ça? Et puis, ça aide aussi à faire un retour aux utilisateurs,
08:39 donc les entreprises qui nous confient leurs déchets. Peut être demain, pourquoi pas les particuliers pour venir leur réexpliquer
08:45 dans une démarche pédagogique quels sont les produits qui doivent être triés et quelles sont les erreurs de tri
08:49 qu'il vaudrait mieux ne pas reproduire. Merci beaucoup, Sébastien Petit-Huguenin,
08:54 invité ici chez BIG pour Capital Big, l'événement entreprise de BPI France.