• il y a 10 mois
Nouvelle actions des salariés de l'association GAMMES aujourd'hui à Montpellier. GAMMES c'est cette association qui gère deux centres d'accueil de jour de personnes sans abris. Les sites de Richter et Gambetta.
Au mois de décembre dernier, les salariés de GAMMES s'étaient mis en grève durant toute une journée pour dénoncer d'importantes coupes budgétaire de la part de l'Etat.
Des coupes budgétaire ayant ensuite entrainé des non renouvellements de contrats, et donc des diminution de personnels.
Ce jeudi matin, les salariés vont donc alerter une nouvelle fois l'opinion publique en allant distribuer les petits déjeuners à leurs bénéficiaires devant les locaux de la DDETS, la Direction Départementale de l'Emploi, du Travail et des Solidarités, située dans le quartier Antigone.

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Transcription
00:00 - Mathin, au 04 67 58 6000, l'État doit-il donner plus de moyens aux associations qui viennent en aide aux plus démunis
00:06 ou doivent-elles faire appel à plus de bénévoles ? En gros, est-ce qu'elles doivent se débrouiller ?
00:10 - Ça revient un peu à ce que vous posez cette question-là, effectivement.
00:13 Vous êtes presque 200 à avoir voté depuis l'après-midi, 192 exactement.
00:18 Vous êtes 52% à dire que c'est à l'État de donner plus de moyens financiers et vous êtes 48%.
00:24 Donc c'est assez logique à dire que c'est aux associations de se débrouiller avec des bénévoles.
00:28 - Et on en parle ce matin, vous nous appelez au 04 67 58 6000, on en parle parce qu'on reçoit Clara Toubol,
00:32 qui est éducatrice spécialisée à l'association GAM, Guillaume.
00:35 - Bonjour Clara Toubol. - Bonjour Guillaume et merci pour l'invitation.
00:38 - Merci à vous d'être venue. GAM, c'est une association qui gère à Montpellier
00:43 deux centres d'accueil de jour de personnes sans-abri à travers deux sites,
00:46 il faut le rappeler, Richter et Gambetta.
00:48 On avait déjà parlé de vous au mois de décembre, puisque vous aviez fait une journée de grève.
00:52 - Tout à fait, le 21 décembre, exactement, devant nos locaux.
00:55 - Au moment du solstice d'hiver. Et de nouveau une grève aujourd'hui, on va en reparler.
01:00 Mais en fait c'est un problème qui dure depuis, on l'a bien compris, depuis plusieurs mois, voire peut-être un peu plus.
01:05 - Disons que le problème effectivement est assez ancien.
01:09 Après on peut dire qu'il y a eu une espèce d'élément déclencheur courant du mois de décembre,
01:13 quand notre direction nous a annoncé en réunion d'équipe que certains contrats,
01:17 trois CDD et deux avenants, ne seraient ni reconduits ni renouvelés,
01:22 mettant en avant des raisons budgétaires, étant donné que notre service est subventionné majoritairement par l'État.
01:28 L'État n'a pas reconduit ces subventions, ce qui met donc fin à des contrats,
01:33 ces contrats concernant des salariés en poste sur l'accueil de jour,
01:37 celui de Gambetta et également celui de Richter.
01:39 - Parce que vous ne faites que de l'accueil de jour ?
01:41 - Pas du tout.
01:41 - Mais là en l'occurrence, à portée sur les activités liées à l'accueil de jour.
01:45 Vous êtes combien de salariés à GAM ?
01:46 - On est... Alors GAM c'est un groupe assez tentaculaire sur la ville de Montpellier,
01:50 on est des centaines de salariés en l'occurrence.
01:52 - Mais là pour ce qui concerne les accueils de jour...
01:54 - Pour ce qui concerne les accueils de jour, on doit être une trentaine.
01:56 - Une trentaine ?
01:57 - A peu près.
01:57 - Avec à peu près donc...
01:58 - Un peu moins d'une trentaine je dirais.
02:00 - Un peu moins d'une trentaine, donc trois contrats CDD non renouvelés, deux autres.
02:03 - Et deux avenants, non reconduits.
02:05 - Donc ça veut dire que c'est un vrai impact quand on ne renouvelle pas des contrats comme ça ?
02:08 - Tout à fait, c'est un réel impact bien évidemment en premier sur les bénéficiaires,
02:12 mais également sur les travailleurs sociaux qui sont honnêtement dans un état d'épuisement et d'inquiétude.
02:18 - Comme peuvent l'être aussi vos bénéficiaires qui veulent vivre à la rue,
02:22 puisque c'est en fait vous accueillez cette population-là.
02:24 - Exactement.
02:25 - Et c'est une fréquentation, vous me donniez les chiffres Clara Toubbala avant de rentrer dans ce studio,
02:29 et incroyable les chiffres que...
02:31 - Tout à fait, c'est-à-dire que proportionnellement à la ville de Montpellier,
02:35 on est considéré comme un des plus gros accueils de jour, particulièrement le site de Gambetta.
02:39 - De France ?
02:41 - De France oui, tout à fait.
02:42 - Vous avez raison.
02:43 - Et on accueille entre 300 et 450, 470 personnes par demi-journée,
02:50 c'est-à-dire que voilà, les nombres concernent les personnes qui prennent leur petit-déjeuner.
02:54 Mais on propose bien d'autres services, notamment un pôle hygiène avec un service de douche,
02:59 de bagagerie, de recharge de téléphone.
03:01 On a également une domiciliation postale.
03:05 De mon côté, moi je travaille sur ce qu'on appelle le SAO,
03:07 c'est un service d'accueil et d'orientation.
03:10 J'accompagne, selon une grille d'évaluation, des personnes majoritairement sans-abri, démunies d'hébergement.
03:16 - Et vous me donniez un autre chiffre aussi tout à l'heure,
03:20 que je pense qu'on peut également donner à nos auditeurs et téléspectateurs,
03:23 c'est le nombre de passages au centre d'accueil annuel qui est considérable.
03:28 - C'est considérable, surtout que les chiffres que j'ai en ma possession ce matin
03:31 concernent le site de Richter, qui est bien plus récent que le site de Gambetta.
03:35 Donc les chiffres concernent, sur l'année 2023, on a comptabilisé
03:40 énormément de passages, 45 456 hommes et plus de 8000 femmes.
03:46 - Plus de 50 000 passages par année.
03:48 - C'est considérable, et vraiment cela considère simplement l'année 2023 pour un site récent.
03:52 - Et on n'est que sur deux sites encore une fois.
03:54 - Exactement. - Et vous n'êtes pas les seuls j'imagine.
03:56 - Alors on n'est pas les seuls mais c'est vrai que...
03:58 - En accueil de jour en tout cas vous êtes un peu la vitrine,
04:00 mais on peut aussi imaginer tous ces centres d'hébergement d'urgence aussi.
04:03 - Justement, ça fait également partie des motifs de notre grève, de notre mobilisation.
04:08 On s'inquiète énormément étant donné que les structures d'hébergement d'urgence
04:13 sont de moins en moins nombreuses, qu'il n'y a pas d'ouverture de place
04:16 contrairement à ce que peut annoncer le gouvernement.
04:18 Et donc nous en tant que professionnels on s'interroge si les personnes
04:22 n'ont pas accès à l'hébergement d'urgence la nuit.
04:24 Que les lieux d'accueil de jour ferment, où vont les gens ? Très clairement.
04:28 Quel lieu pour ces personnes ?
04:30 - On va continuer à parler de ça, on va quand même rappeler aussi, Vivian,
04:33 que le standard est ouvert et que c'est maintenant qu'il faut nous appeler
04:35 ou pour répondre à la question, ou pour nous donner votre sentiment
04:39 par rapport à la situation très compliquée que vivent ces associations aujourd'hui.
04:42 - Alors la question c'est, l'État doit-il donner plus de moyens aux associations
04:45 qui viennent en aide aux plus démunis ?
04:47 Ou doivent-elles faire appel à plus de bénévoles ?
04:49 04 67 58 6000, on veut vous entendre, prenez la parole puisqu'on vous la donne.
04:53 04 67 58 6000, appelez-nous tout de suite.
04:56 - Alors Clara Toubaul, l'État vous dit quoi ?
04:58 Hop, hop, t'as terminé, je ferme les robinets, débrouillez-vous.
05:00 C'est ça en fait quelque part ?
05:02 - C'est l'idée, le souci si vous voulez, c'est que là notre deuxième mouvement
05:05 nous amène ce matin, dans quelques heures, à réaliser un petit déjeuner
05:10 en bas des bureaux de la DETS.
05:12 Donc la DETS est à côté de vos locaux et il s'agit...
05:14 - Un petit quartier en Tigone à Montpellier.
05:16 - Tout à fait, il s'agit de la délégation de l'État qui est présente dans le département.
05:20 Nous devions rencontrer les représentants de la DETS
05:23 afin d'échanger notamment quant à ces questions de financement.
05:27 La rencontre a été annulée il y a à peine deux jours.
05:29 Cette rencontre n'aura pas lieu.
05:31 - C'est vous qui l'aviez demandé ?
05:33 - Tout à fait. - Vous l'avez accordé ?
05:35 - On nous l'avait accordé. - Et une fois qu'ils ont eu connaissance de votre journée,
05:37 ils ont dit "bon bah si vous faites ça, on s'en reçoit pas".
05:39 - Ils ont mis d'autres motifs en avant,
05:41 mais très sincèrement on ne peut pas s'empêcher aussi d'y voir une couche supplémentaire de mépris.
05:46 En fait nous n'avons pas d'interlocuteur.
05:48 Très clairement nous n'avons pas d'interlocuteur.
05:50 Donc on compte organiser un petit déjeuner en bas des bureaux de la DETS
05:54 pour vraiment alerter, attirer le regard sur l'aspect essentiel de nos missions,
05:58 notamment celle de l'accueil de jour,
06:00 et aussi faire prendre conscience de la quantité des personnes qui sont là,
06:04 et de leur existence en fait.
06:06 - En espérant ou en espérant pas une réponse immédiate ou à plus grand terme ?
06:12 - On l'espère. - On n'a pas d'interlocuteur.
06:14 - C'est ça, tout à fait. - Vous vous êtes du coup obligé à cause de ces coupes budgétaires,
06:18 parce que c'est la question qu'on pose ce matin à nos auditeurs,
06:20 vous êtes obligé de faire appel à des bénévoles.
06:22 - Non non, non plus, j'imagine qu'il faut le prouver.
06:24 - On a toujours fait appel à des bénévoles.
06:26 Il n'est pas question, je pense ce matin, de remettre en question
06:28 l'importance du bénévolat, ni même la qualité de ce qu'apportent les bénévoles.
06:32 Par contre, à mon sens, il s'agit vraiment de bien distinguer l'apport des travailleurs sociaux et ceux des bénévoles.
06:40 Un bénévole, par définition, n'a pas d'engagement.
06:42 C'est-à-dire qu'il vient quand il peut venir, il vient s'il souhaite venir,
06:48 et on dépend de leur présence.
06:50 Si on n'a pas de bénévoles, par exemple, étant donné qu'on a de moins en moins de travailleurs sociaux sur l'accueil de jour,
06:54 on n'ouvre pas.
06:55 - Et dernière chose importante avant de prendre Karim, qui nous appelle ce matin,
06:58 il faut faire le distinguo entre une association comme la vôtre,
07:01 et d'autres associations dites caritatives, style Restos du Coeur, Secours Populaire,
07:05 ça n'a rien à voir.
07:07 - Non, pas du tout.
07:08 - Et c'est ça le problème que vous avez aujourd'hui,
07:09 c'est que les gens s'imaginent que vous êtes une association,
07:11 comme les restos Secours Pop, Secours Kato, Emmaüs, ça n'a rien à voir.
07:15 - Ah non, non, non, en fait si vous voulez, les associations que vous venez de citer
07:19 œuvrent pour une distribution, une offre de service, une distribution alimentaire.
07:24 - Alors que vous ?
07:25 - Nous également, bien sûr, à travers le petit-déjeuner, à travers le polygène dont je vous parlais.
07:28 - Vous avez une mission sociale, sous l'autorité de l'État, ce qui n'a rien à voir.
07:32 - C'est tout à fait ça, voilà.
07:33 Donc nous on doit émettre des signalements,
07:35 on doit être formés à repérer les personnes les plus vulnérables,
07:40 donc voilà, la présence des travailleurs sociaux est indispensable.
07:43 - C'est extrêmement important, d'où cette journée d'action aujourd'hui.
07:46 - Karim Marciarg, bonjour Karim.
07:48 - Bonjour Vivian, bonjour Guillaume.
07:50 - Qu'est-ce que vous en pensez, qu'est-ce que ça vous inspire ?
07:52 - Tout d'abord, Guillaume, j'aimerais bien féliciter cette dame
07:57 pour son courage et le courage de ses collègues et tous les gens qui travaillent dans ce secteur,
08:04 d'assister les Français en difficulté.
08:07 Oui, je trouve que l'État doit mettre quand même plus de moyens,
08:11 parce que je ne comprends pas comment on peut laisser les Français en galère,
08:16 en sachant que l'argent, il part à droite, à gauche, pour des causes inutiles pour nous.
08:22 Et de l'autre côté, je me demande quand même,
08:25 la question que je pose c'est pour Macron directement,
08:29 c'est quoi la priorité, M. Macron, vous et votre gouvernement de Charleau ?
08:33 C'est les Français, c'est les démunis, c'est les retraités en galère, en souffrance,
08:39 c'est la guerre en Ukraine ou les pays africains ou aller monter la guerre en Israël ?
08:44 - Macron, Emmanuel, qu'est-ce que vous voulez répondre ?
08:47 Ah, il n'est pas là, pardon, il n'est pas là, excusez-moi.
08:49 - Il va répondre, ne vous inquiétez pas, Vivian, il y en a des oreilles qui écoutent.
08:53 - Bon, ben écoutez, on verra qu'il arrive en tout cas.
08:55 Merci de nous avoir appelés une nouvelle fois ce matin,
08:58 avec la franchise qui est la vôtre et qu'on connaît bien.
09:03 Merci de nous avoir appelés. - Et merci pour votre soutien.
09:06 - Oui, Clara, tout beau, un dernier mot pour finir, il y a vraiment un abandon de l'État aujourd'hui ?
09:10 - Ah oui, oui, il y a vraiment un abandon de l'État et en tant que travailleurs sociaux,
09:14 on a également l'impression de faire partie des oubliés de la société.
09:17 Moi, je tiens à tirer l'attention sur le caractère urgent de nos demandes
09:22 parce qu'il y a une nouvelle précarité depuis le Covid qu'on n'est pas sans ignorer.
09:26 L'inflation grandissante génère également une nouvelle forme de précarité.
09:30 Ça va aller de mal en pis. On a besoin de moyens à hauteur de nos missions
09:35 et c'est très important et on reste mobilisés.
09:37 - Merci Clara Toubaul, éducatrice spécialisée à l'association GAMM,
09:40 qui est donc en grève une nouvelle fois ce jeudi.
09:43 - Merci beaucoup pour l'invitation.
09:44 Vous pouvez réécouter cette interview en allant sur le site internet comme toujours francebleu.fr

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