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Pauline Urien, directrice de l'Association Régionale des Organismes HLM en Bretagne, invitée de France Bleu Armorique, ce lundi 5 février.

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Transcription
00:00 - L'organisme HLM breton qui parle de véritable bombe sociale, la situation n'a jamais été aussi tendue dans notre région.
00:06 - Avec de plus en plus de demandes de logements sociaux et de moins en moins de marge de manœuvre pour financer
00:10 la construction de ces logements. Bonjour Pauline Nurien.
00:13 - Bonjour.
00:14 - Directrice de l'association régionale des organismes HLM en Bretagne, il y a ce constat que vous faites et c'est du jamais vu.
00:20 Au 1er janvier 2024, plus de 96 000 demandes de HLM en Bretagne, c'est 50 % de plus qu'en 2018.
00:27 Quelles sont les raisons de cette hausse ?
00:29 - On est même là, je regardais, au 1er février, à 97 616, donc c'est vraiment du jamais vu.
00:35 Les raisons de cette hausse, elles sont sociales, sociétales, on a clairement une paupérisation de la population.
00:41 On a aussi un déficit de construction, surtout le territoire, en Bretagne il faudrait construire 23 000 logements par an.
00:48 Et on a, ces nombres de demandeurs, un changement dans la famille où on a de plus en plus de décohabitation
00:54 et de plus en plus de jeunes qui ont des difficultés soit à accéder à la propriété, soit simplement à trouver un premier logement.
01:01 - Il y a aussi ces délais d'attente de plus en plus longs pour ceux qui veulent un logement social ?
01:07 - Complètement, on est en moyenne là sur le territoire breton à 19,7 mois alors qu'on était à 12 mois il y a encore deux ans.
01:14 Et par exemple sur le territoire rennais, on a passé les deux ans, les 24 mois d'attente, ce qui est du jamais vu en Bretagne.
01:20 - Que font ces gens justement en attente d'un logement social ? Est-ce que c'est de la débrouille, c'est de la précarité en plus ?
01:26 - C'est de la précarité en plus, c'est soit des jeunes qui restent plus longtemps chez papa et maman,
01:31 soit aussi des gens qui dorment dans leur voiture, des gens qui sont dans un logement privé qui n'est pas bien réhabilité,
01:39 des gens qui sont dans des grands logements et qui souhaiteraient un petit logement,
01:44 parce qu'il faut aussi garder en tête que 79% de ces demandeurs sont avec un seul revenu,
01:51 donc c'est soit des personnes seules, donc 51% sont des personnes seules, et 28% sont des familles monoparentales.
01:57 Donc on a vraiment des personnes en difficulté financière et qui n'ont pas forcément le logement adéquat à leur typologie de famille.
02:04 - Pauline Urien, vous qui êtes directrice de l'association régionale des organismes HLM en Bretagne avec nous ce matin,
02:09 alors quelle réponse apporter à cette crise ? J'imagine que la réponse n'est pas si simple justement.
02:14 Il faut construire, vous en parliez davantage, de logement en tout cas ?
02:18 - Complètement, la réponse est multifactorielle, ce serait déjà nous nous donner davantage de marge de manœuvre,
02:24 parce qu'il faut savoir que depuis 2018, on a un gouvernement qui a plus tendance à nous mettre des bâtons dans le héros
02:30 qu'à nous accompagner pour construire toujours plus.
02:33 Donc supprimer la RLS, je ne sais pas si vous vous souvenez de la baisse des APL en 2018,
02:37 ça a impacté les organismes avec une réduction de loyers solidarité.
02:41 Donc on a dû, c'est 4 à 6% de recettes en moins par an, donc ne serait-ce que ça, ça serait nous donner un peu plus d'air.
02:49 Repasser NTVA 5.5, nos produits de première nécessité, parce que sur la plupart de nos produits on a 10%,
02:57 donc là aussi c'est nous laisser de la marge de manœuvre et surtout c'est ensemble,
03:01 continuer à dédiaboliser le logement social, parce qu'une de nos difficultés aujourd'hui dans la construction,
03:07 c'est l'acceptation du logement social, autant on n'a aucun souci à voir construire son propre logement,
03:13 autant voir construire des logements à côté pour accueillir d'autres personnes, c'est toujours plus compliqué.
03:18 Aujourd'hui on n'a pas un permis de construire qui n'est pas attaqué,
03:21 alors qu'il fallait 3-4 ans avant pour construire un logement social,
03:24 aujourd'hui on est plus sur 7-8 ans parce qu'on ne peut lancer les travaux qu'une fois tous les recours en justice tombés,
03:32 et donc tout de suite ça met beaucoup plus de temps à arriver à la construction et donc à la livraison pour nos locataires ou accédants sociaux.
03:39 - Attaqués par qui en général ? Des voisins ? - Des voisins, ouais, les riverains, souvent.
03:43 - Qui veulent une dévaluation de leur logement par exemple ?
03:45 - Alors une dévaluation, mais aussi on a envie de garder son petit précaré,
03:50 autant on a construit notre lotissement sur un champ, on aimerait bien garder le champ d'en face aussi,
03:55 face à notre jardin, donc il y a ça, et puis il faut aussi garder en tête que le logement social,
04:01 aujourd'hui 70% de la population française et bretonne peut s'y loger en fait,
04:06 un logement plus c'est 2000 euros de revenus par mois,
04:10 il n'y en a pas beaucoup qui gagnent plus de 2000 euros par mois en Bretagne,
04:14 sur tous nos demandeurs là, donc on arrive à peu près à 100 000, il n'y a que 14,5% de chômeurs,
04:20 donc il faut vraiment réussir à comprendre que le logement social aujourd'hui est fait pour tout le monde,
04:25 et qu'on ne fait pas que accueillir toute la misère du monde.
04:27 - Et on voit que la problématique est vaste, donc vous défendez ce matin,
04:33 en tout cas vous lancez à nouveau ce cri d'alarme de cette hausse immense,
04:37 50% de plus par rapport à 2018 de demandes de HLM en Bretagne.
04:41 Merci beaucoup Pauline Hurien, directrice de l'association régionale des organismes HLM en Bretagne.
04:46 Bonne journée à vous. - Merci.

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